Mois : juin 2009

  • Les charognards en temps de crise


    Le Maroc dépense trop au Sahara Occidental. C’est ce qu’on entend tous les jours dans les médias marocains. Selon TelQuel, numéro 368, 1200 milliards de dirhams dépensés depuis le début du conflit, 3% de PIB perdu chaque année… .

    La rapport du magazine Forbes n’est pas du même avis. Au contraire, selon ses chiffres pour l’annéee 2008, Le maroc est largement dans ses frais le coût du conflit serait largement amorti avec les recettes des phosphates et des richesses halieutiques sahraouies. Ce qui explique les sentiments d’amour profond que le Maroc ressent pour la population et le territoire sahraouis.

    MAGAZINE FORBES

    Mohammed VI, septième plus riche roi au monde avec 2,5 milliards de Dollars

    Sans faire de bruit, le souverain alaouite a amassé, depuis qu’il a succédé en 1999 à son père Hassan II, une importante fortune, qui fait de lui l’un des plus riches monarques de la planète. C’est ce que révèle le magazine spécialisé américain Forbes, dans sa dernière édition.

    Mohammed VI est à la tête d’un joli magot s’élevant à 2,5 milliards de dollars américains et pointe à la septième place des rois les plus aisés du monde sur une liste comprenant quinze souverains, selon un dossier publié par le magazine spécialisé américain Forbes. Cette publication, spécialisée dans l’évaluation des fortunes des plus grandes célébrités, précise que le monarque chérifien occupe par ailleurs la première place du classement relatif à l’accroissement des richesses pour l’année 2008, qui l’a vu atteindre ce montant de 2,5 milliards de dollars.

    Cette augmentation importante est attribuée, par la même source, à la hausse importante des prix du phosphate sur les marchés mondiaux de matières premières. Il y a lieu de signaler que le Maroc, qui détient près de la moitié des réserves mondiales, en est l’un des plus grands exportateurs. Au cours de l’année écoulée, Rabat a extrait pas moins de 28 millions de mètres cubes de phosphate, ce qui fait de ce pays le troisième producteur mondial après la Chine et les États-Unis.

    Cela a permis au Maroc d’enregistrer des recettes estimées à 2,8 milliards de dollars, soit neuf fois plus que l’année précédente. Dans l’article consacré à Mohammed VI sous le titre “Le roi de la roche”, le magazine Forbes affirme que sa fortune est appelée à s’accroître davantage durant les prochaines années en raison de la fort probable augmentation des revenus du Maroc issus du phosphate, qui est devenu une matière très précieuse. Il n’en demeure pas moins que la dette extérieure publique du Maroc a enregistré une importante augmentation de 10% par rapport à 2007 pour atteindre la somme de 134,2 milliards de dirhams (16,6 milliards de dollars ou 11,9 milliards d’euros). Cela représente 20% du PIB et 39% des recettes courantes de la balance des paiements.

    En dépit de cela, l’accroissement des rentrées d’argent du Maroc se répercute inévitablement de manière favorable sur la fortune personnelle de Mohammed VI. Par ailleurs, cette source indique également que l’entretien et la maintenance des douze palais royaux, répartis sur tout le territoire marocain, nécessitent une dépense quotidienne évaluée à un million de dollars. Pour revenir au classement des quinze rois les plus riches du monde, Forbes place en première position le roi Bhumibol Adulyadej de Thaïlande, crédité de 30 milliards de dollars. Il a perdu cinq milliards de dollars par rapport à l’an dernier. Il est suivi de près par le sultan de Brunei, Haji Hassanal Bolkiah, avec pas moins de 20 milliards de dollars. La troisième place revient au cheikh Khalifa ben Zayed des Émirats arabes unis avec 18 milliards de dollars, qui est talonné par le roi Abdallah Ibn Abdelaziz d’Arabie saoudite, dont la fortune est estimée à 17 milliards de dollars. La cinquième place est occupée par le cheikh de Dubaï, Mohammed bin Rashid Al-Maktoum, avec 12 milliards de dollars, soit 6 milliards de moins qu’en 2008. Alors que la crise économique mondiale a eu des répercussions généralement négatives sur les fortunes des rois, à quelques exceptions près comme c’est le cas de Mohammed VI, qui a vu ses revenus augmenter contrairement aux autres.

  • L’empire français vu par Newsweek


    Pourquoi il est si difficile de sortir de l’Irak, d’Afghanistan…ou des Iles Comores?

    Ils sont comme les Açores, la Martinique ou Puerto Rico. Selon le magazine Newsweek, « les petites enclaves de Ceuta et Melilla, dans la côte marocaine, font toujours partie de l’Espagne et, par conséquent, de l’Union européenne. Des immigrés du plus profond de l’Afrique font de longs voyages et centaines de kilomètres, et même des milliers, à travers le désert pour essayer de sauter les murailles dans l’espoir de trouver l’asile ».

    De plus, dans le graphique, selon la revue américaine, l’Espagne a jusqu’à sept colonies présumées dans son territoire, dans lesquelles vivent plus de trois millions d’habitants : les Îles Canaries, Ceuta, Rocher de Vélez de la Gomera, le Rocher de Houceima, Melilla, les Îles Chafarines et les Îles Baléares.

    Dans un article, intitulé « Le fardeau de l’empire » et publié dans l’édition de juin, son auteur, Christopher Dickey, soutient que les empires, lorsqu’ils se voient comme des conquistadors, des occupants libérateurs, des forces de pacification ou des constructeurs de nations, sont des pièges qui consomment une « énorme quantité de ressources » militaires, économiques et politiques et, dans beaucoup de cas ils sont une partie du prestige de ceux qui le construisent ».

    La thèse de Dickey se base sur le fait que ce qui avait un certain sens stratégique au XIXe siècle a cessé de l’avoir au XXIe dans un monde de missiles nucléaires et d’Internet.

    L’article dédie quelques lignes à l’Espagne et aux villes autonomes de Ceuta et de Melilla quand il repasse les « vestiges d’anciens empires » qui peuvent se trouver « dans tout le monde ».

    Ainsi, pour Dickey, ce sont les Français qui offrent le cas d’étude le plus compliqué et le plus instructif potentiellement en atrophie du passé et ambitions du futur. Le soleil ne se couche jamais sur ce que Paris appelle « confettis de l’empire » : A partir de la Polynésie Française, Nouvelle Calédonie et Wallis Futuna dans le Pacifique Sud à Saint-Pierre et Miquelon au large de la côte de Terre-Neuve. En effet, la plus longue frontière française n’est pas avec l’Allemagne ou l’Espagne, mais, grâce à la Guyane Française, avec le Brésil. « Il s’agit d’étendre notre influence » affirme sans ambages, si c’est en privé, un haut fonctionnaire au ministère français des Affaires Etrangères.

    Mais est-ce vrai? Les traités équitables ont plus de sens si vous pouvez les obtenir. Au mois de mai, le président Nicolas Sarkozy a inauguré une nouvelle base militaire française à Abou Dhabi, similaire dans le principe, si ce n’est pas dans l’échelle, aux installations américaines au Qatar et au Bahreïn, plus loin sur la côte. Il se vante de ses mérites comme une démonstration du changement français pour forcer sa vision. Le Camp de la Paix, comme on l’appelle, vise à démontrer que la France est prête à défendre Abou Dhabi et d’envoyer ce signal à l’Iran à moins de 300 kilomètres. Mais, plus qu’une démonstration de force, c’est une vitrine pour les grands tickets de systèmes d’armes françaises que Paris tient à vendre dans la région. Contrairement à d’autres bases françaises d’outre-mer, il n’y a pas d’histoires de revendications françaises de souveraineté. Abu Dhabi veut diversifier sa dépendance à l’égard des forces de sécurité. Et, ce qui est certainement la plus grande rupture avec le passé, Abou Dhabi est en train de payer la note.

    La Guadeloupe et la Martinique, dans les Caraïbes, sont plus typiques. Elles sont considérées comme partie intégrante du territoire nationale de la France, comme les EEUU. Pourtant, malgré des subventions massives financées par les contribuables français, elles ont été le théâtre de beaucoup d’agitation au cours des derniers mois que Sarkozy a reporté une visite prévue à plusieurs reprises. Les habitants de ces îles ne se battent pas pour l’indépendance, rappelez- vous, juste pour de meilleures initiatives de Paris pour compenser le coût de la vie plus cher dans ces marchés minuscules qui sont devenus dépendants des importations d’un continent éloigné.

    Au total, les possessions de la France d’outre-mer ajoutent 2.6 millions de personnes a sa population et 120 mille kilomètres carrés de terres à son territoire, et donne à la France le troisième plus grand domaine de l’exclusivité de droits maritimes. Ils produisent du minerai de nickel et de la morue, ils ont fourni des zones d’essais d’armes atomiques dans le passé et sont les bases pour les rampes de lancement pour les explorations spatiales. Pourtant, quels que soient les avantages, les responsabilités et les coûts sont plus importants. « Au cours des années 1980 et même dans les années 1990, certains de ces arguments portaient un poids réel», déclare Robert Aldrich, auteur de « La Grande France: Une histoire d’expansion de la France d’outre-mer ». Aujourd’hui, cependant, ils sont surtout une ponction sur le budget, pour un coût estimé à € 16,7 milliards de dollars par année. »D’une certaine façon », dit Aldrich, « ils sont comme de vieux bijoux de famille, peut-être ils n’ont pas autant de valeur monétaire, mais une certaine valeur sentimentale ».

    Sentimental, en effet. Dans la seconde moitié des années 1980, la Nouvelle-Calédonie était au bord de l’insurrection totale. Plus tôt dans l’année, la contagion de propagation rapide de l’agitation de la Guadeloupe, à mi-chemin dans le monde entier, à l’île française de Réunion à l’Océan Indien. Pas découragée, Paris a poussé en avant ce ressort pour faire de la Mayotte, une île minuscule entre Madagascar et le Mozambique, le 101e département de la République Française. Les résidents seront taxés, et recevront des allocations d’aide sociale, surtout la dernière, tout comme dans la métropole. Ils seront pleinement représentés dans le Parlement français et seront en mesure de voter à toutes les élections, y compris celles de l’Europe, car ils seront considérés comme des Européens, aussi. Et finalement, ils devront respecter l’ensemble les lois et règlements de la France et l’Europe,

    La raison apparente qui a poussé Paris à prendre cette décision c’est parce que c’est ce que les gens de Mayotte veulent. Lorsque l’ensemble de l’archipel des Comores ont voté sur leur avenir en 1974, les autres îles se sont prononcées pour l’indépendance. Mayotte s’est prononcé pour… la dépendance. Et dans le référendum de mars dernier, le peuple a voté massivement pour des liens encore plus étroits. Dans un magnifique morceau de rhétorique excessive, la ministre française de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie a dit que tout le spectacle était dans la »réaffirmation des valeurs qui forgent, aujourd’hui comme hier, l’unité de notre République et notre démocratie éternelle. »

    Il est clair que la vieille «mission civilisationnelle» demeure. Cependant, culturellement, les résultats pourraient être tâchés d’anomalies. Parmi les quelque 180.000 Mahorais, presque tous sont des musulmans, et la polygamie est très répandue. Mais la polygamie va à l’encontre de la loi sur Mayotte comme c’est le cas en France. Le problème de l’immigration clandestine en provenance des autres îles des Comores à Mayotte, quant à lui, est énorme. Environ un tiers de la population est considérée, comme les appellent les Français, clandestins. Nombreuses sont les femmes enceintes qui risquent leur vie pour que leurs enfants soient nés « en France » et être candidat à la citoyenneté. Le taux de natalité est telle que les dans les 15 prochaines années, la population pourrait atteindre les 300.000. Déjà, le service de maternité de l’hôpital principal de Mayotte est le plus occupé en France, avec 20 bébés nés par jour. Les perspectives d’emploi pour les enfants qui y grandissent sont minces. Sur les 4.000 qui entrent sur le marché du travail chaque année, seulement 1.000 arrivent à trouver du travail. Et puis, il y a la position de la République Islamique des Comores, qui gère les autres îles. Il peut être l’un des gouvernements les plus instables au monde, mais il affirme que la Mayotte fait toujours partie de son territoire, de même que l’Organisation des Nations Unies.

    En effet, les tentatives faites par les Français pour expliquer pourquoi la France veut de la Mayotte relèvent du surréalisme. Les critiques de la Gauche dénoncent, apparemment sans aucun sens de l’ironie, que les Français veulent exploiter la Mayotte pour ses gousses de vanille et de l’huile aromatique de l’arbre d’ylang-ylang. Si le véritable motif était de garder la valeur stratégique du Canal de Mozambique, il est étonnant que la France n’ait jamais procédé à la construction de la base prévue en Mayotte dans les années 1970.

    En fait, ce qui a du sens stratégique global pour l’amiral Mahan dans le 19ème siècle, quand il a conseillé de saisir des points d’appui dans des pays étrangers, n’est pas si logique aujourd’hui. Dans un monde de missiles, armes nucléaires et des terroristes inspirés de cutters de l’Internet, la projection de l’influence politique est au moins aussi important que la projection de force. L’idée de l’empire n’est plus plausible, sa réalité n’est plus crédible. Le problème n’est pas seulement que les anciens impérialistes n’avaient pas de stratégie de sortie, mais c’est que, dans certains endroits, il n’y a pas de sortie du tout.

    Newsweek, 22/06/2009, Christopher Dickey, chef de bureau de Newsweek à Paris et rédacteur régional du Moyen-Orient (http://www.newsweek.com/id/201753)

  • Le Sahara Occidental ne fera jamais partie du Maroc

    Le peuple sahraoui qui célèbre aujourd’hui l’anniversaire du soulèvement populaire de Zemla contre le colonialisme espagnol aura accompli ce jour 39 ans de lutte pour recouvrer sa liberté et son indépendance. D’abord contre le colonialisme espagnol, puis cotre le colonialisme marocain, ce peuple aura sacrifié toute une génération et continué le même objectif à donner davantage de sacrifices sur l’autel de la liberté.

    Déniant aux sahraouis leur droit à l’autodétermination, l’Espagne avait élaboré un document faisant état de l’intégration des populations sahraouies dans la métropole espagnole dans ce qu’elle avait appelé à l’époque « L’Union Hispano-Sahraouie »

    Ces mesures avaient suscité des réactions spontanées devant aboutir à une insurrection populaire réprimée dans le sang par la légion étrangère espagnole, qui sera connue plus tard sous le nom de « L’Intifada de Zemla ».

    Le 17 juin 1970, des manifestants conduits par Mohammed Bassiri amènent une pétition au gouverneur général du Sahara espagnol, à El Aaiun. Alors que la manifestation se disperse, la police tente d’arrêter les meneurs ; les manifestants résistent, le gouvernement fait intervenir la légion étrangère espagnole qui tire sur la foule, faisant 11 morts. Des centaines de personnes sont arrêtées dans les jours suivants, dont Bassiri, qui disparaît en prison, vraisemblablement assassiné ou torturé à mort.

    Mohamed Sidi Brahim Bassiri payera de sa vie à l’image d’autres militants sahraouis, le tribut de la liberté et de l’indépendance.

    L’Intifada de Zemla en 1970 sera la dernière tentative pacifique pour le recouvrement des droits du peuple sahraoui à la liberté et à l’indépendance et le prélude, trois années plus tard, au déclenchement de la lutte armée sous la conduite du Front Polisario.

    Après 39 ans, la lutte du peuple sahraoui se poursuit malgré le piège du cessez-le-feu et du processus de paix entamé sous les auspices des Nations Unies. Un cessez-le-feu qui a permis au Maroc de prendre le souffle après la lourde défaite militaire imposée par l’armée de libération sahraouie. Aujourd’hui, malgré la tentative de déviation du conflit de sa vraie nature, un problème de décolonisation, la cause sahraouie est plus que jamais renforcée par la légalité internationale et une nouvelle génération de jeunes combattants décidés à reprendre la flamme et à arracher leurs droits coûte que coûte. Ils ont juré que le Sahara Occidental ne fera jamais partie du Maroc, à l’instar de Tindouf et de la Mauritanie.

  • Les africains se révoltent au Maroc

    Le Conseil consultatif des droits de l’Homme (CCDH) et le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) au Maroc célèbrent jeudi la journée mondiale du réfugié, sous le thème « Vraies personnes, vrais besoins ».

    La journée mondiale du réfugié, célébrée le 20 juin de chaque année, est une occasion pour faire le point sur la situation des réfugiés, au niveau international et local et d’explorer les mécanismes de protection déployés par les acteurs dans ce domaine, indique mardi un communiqué du CCDH.

    La rencontre devrait connaître la participation du président du CCDH, M. Ahmed Herzenni et du représentant du bureau de l’UNHCR au Maroc, M. Yoannes Van Der Klaw, ainsi que d’autres acteurs concernés.

    Le Maroc a ratifié la Convention internationale relative au statut des réfugiés le 7 novembre 1956 et le Protocole de 1967 relatif au statut des réfugiés le 20 avril 1971.

    Le Royaume est le premier pays arabe à avoir ratifié la convention de Genève et à avoir mis en place un dispositif y afférent, à savoir le décret Royal du 29 août 1957, fixant les modalités d’application de la Convention relative au statut des réfugiés.

    La réalité sur le terrain est différente :

    Selon une dépêche de l’agence Afrik.com, datée du mardi 16 juin, des réfugiés subsahariens au Maroc ont fait un sit-in, lundi, à Rabat devant les locaux du Haut Commissariat des Nations Unies (HCR), indique Aufait. Ils demandent leur réinstallation dans d’autres pays que le Maroc, où il y a plus de chances d’intégration et de vie décente. Pour l’instant, le HCR ne s’est pas exprimé sur cette situation. (Mardi 16 Juin – 12:54)

    Mobilisation devant le HCR à Rabat lundi 15 juin 2009 pour demander la réinstallation

    Nous, réfugiés au Maroc, venons nous rassembler pacifiquement devant le HCR pour solliciter notre réinstallation suite à ces raisons suivantes :

    – Plusieurs années de souffrances, d’expulsions, de refoulements et d’arrestations arbitraires… Un contexte extrêmement difficile où le HCR montre ses faiblesses et son inefficacité dans sa mission initiale de sauvegarde et du bien-être des réfugiés.

    – La non obtention des documents administratifs permettant l’identification de la personne protégée, autorisant son accès au marché de l’emploi et de la libre circulation.

    – Conditions sanitaires déplorables.

    – Accès à l’éducation non acquis.

    – Une intégration vouée à l’échec qui n’entraîne que la négation des Droits de l’Homme.

    C’est pourquoi, nous demandons à Monsieur Johannes Van Der Klaauw, directeur du HCR à Rabat, de faire face à ses responsabilités et de nous accorder la réinstallation.

    Rassemblement de Tous les Réfugiés au Maroc (RTRM)

  • Le Maroc craint la démocratie

    La fraude des dernières élections montre le blocage politique d’un règne incapable de se réformer.

    Dans son discours au Caire, le 4 juin, Barack Obama a dénoncé les leaders qui plaident pour la démocratie au Moyen Orient et la violent une fois arrivés au pouvoir, mais il n’a pas osé mentionner ceux du Maghreb, une région qui n’a pas connu la stabilité depuis plus de 50 ans à cause des croisades expansionnistes marocaines. La dernière d’elles, l’invasion barbare du Sahara Occidental et la tentative d’extermination de ce petit peuple qui aspire à s’exprimer librement sur son avenir. Le président Obama a oublié de parler de ce régime sanguinaire bâti sur les cadavres des deux peuples marocain et sahraoui.

    Le peuple marocain aspire au changement. Les Marocains pensaient qu’avec le décès de Hassan II et l’image d’un monarque réformateur comme Mohamed VI, le pays se dirigeait vers la démocratie. Hélas, les dix as de pouvoir de ce jeune monarque n’ont rien changé. La persistance de la répression, la violation des droits de l’homme, la restriction des libertés de la presse, la fraude électorale…sont des signes de la nature du système. Le Maroc n’est pas une monarchie absolue, c’est une oligarchie, dont les membres, pour défendre leurs intérêts, craignent les changements.

    Le roi du Maroc et ses acolytes ne veulent pas partager le pouvoir avec les partis politiques. Après avoir reçu d’interminables demandes de réformes, les autorités de Rabat organisèrent les élections législatives de 2007 dont les résultats étaient un fiasco pour le régime. Le PJD, le parti islamiste les a remportées. Ces élections étaient un pas important pour certains, une réforme cosmétique, pour d’autres. Il a fallu inventer un nouveau parti présidé par un intime du roi pour faire un coup d’état aux islamistes et reprendre l’initiative sur le terrain. Pour cela, il n’y a rien de mieux que les élections communales du 12 juin pour présenter un nouveau faux visage de la société marocaine. Pendant la campagne électorale, les services de sécurité dans toutes les villes marocaines ont reçu des directives pour serrer la surveillance des discours du vendredi dans les mosquées et informer des Imams qui font de ce discours une tribune pour la promotion d’un des candidats islamistes.

    Les agents d’autorité ont pris la peine d’inscrire des personnes, à leur insu, dans les listes électorales. Or, le taux d’inscription à ces listes est présenté par l’Etat comme un indicateur de l’engagement des Marocains.

    Le peuple marocain qui a remis son habit de deuil face à la dérive totalitaire qui se produit sous ses yeux, n’a pas jugé utile de se joindre à cette mascarade d’élection destinée à promouvoir un ancien tortionnaire du Ministère de l’Intérieur et un guignol d’origine sahraouie dressé pour être un fidèle chien de garde. Cérémonie considérée à juste titre comme un non-événement. Un gâchis politique marqué par l’obscurantisme aveuglant et le refus de composer avec l’adversaire politique, surtout l’adversaire sahraoui, auquel on a voulu mépriser aux yeux du peuple marocain pour justifier la violence et la politique du fait accompli au Sahara Occidental.

    Les dernières élections communales ont été un échec politique pour un roi qui n’a pas su établir un mécanisme de contrôle de la concentration des pouvoirs et des violations des libertés individuelles et publiques. Bref, tout ce que caractérisait le régime précédent est toujours palpable au Maroc : Esprit d’intolérance et d’exclusion, absence de ligne politique claire, restauration du culte de la personnalité, l’utilisation des fonds de l’Etat pour faire des « dons » au peuple sous le recours à des subterfuges pour masquer ses objectifs principaux, notamment : tailler le cadre institutionnel du pays à son profit et positionner en ordre utile ses lieutenants en vue de truquer les élections, etc…

    La pire crainte du régime marocain est l’opinion du peuple marocain sur le conflit du Sahara Occidental. Sous la couverture de « l’intégrité territoriale », la loi punit toute opinion en faveur de laisser tomber le Sahara ou se prononcer en faveur de l’autodétermination de la population sahraouie. Toute liberté d’opinion risque de cultiver une opinion contraire à l’occupation militaire de cette ancienne colonie espagnole. Le seul moyen de maintenir cette fausse « unanimité » ou « consensus national » est la fraude électorale et la main forte.

  • Maroc : Tel père, tel fils

    L’histoire des partis politiques marocains, depuis l’indépendance est jalonnée de partis créés par des proches du makhzen, puis minés par les dissensions et les rivalités -y compris celles entre différents décideurs, car rien ne serait plus erroné que de présenter le makhzen comme un centre de pouvoir monocolore et monolithique, car rien ne dérange tant la monarchie que le risque d’être confronté à des blocs politiques homogènes, fussent-ils proches d’elle.

    Dans les élections communales de 2009, l’histoire se répète, puisque le PAM, parti créé autour de la personne d’un ami d’enfance de Mohammed VI et ancien élève du collège royal, s’est ainsi allié au RNI, créé en 1977 par le beau-frère (Ahmed Osman, époux de Lalla Nezha) du Roi d’alors, feu Hassan II, lequel Osman était également ancien élève du collège royal, le FDIC, de Réda Guédira, ami d’enfance et conseiller de Hassan II en 1963. Sans oublier le MP, dont sa création fut facilitée par Mohamed V en 1959 pour contrer l’Istiqlal, etc…

    Après dix ans de règne quasi-absolu du roi Mohamed VI, l’histoire se répète. Si Hassan II craignait les coups d’Etat militaires, Mohamed VI a sorti le moyen d’écraser les islamistes et les écarter du débat politique qui lui permettra de recadrer le débat public et verrouiller le système politique marocain. Les naïfs qui s’attendaient à une transition démocratique vont devoir patienter encore quelques années.

    La victoire électorale du PAM est un coup que l’on peut considérer comme un chef d’œuvre en matière de fraude et de manipulation de la scène politique au Maroc. En effet, personne n’a oublié les défections, appelées « transhumance » par l’administration, les fusions, les scissions, départs en fanfare, défaites électorales faisant suite à des triomphes, polémiques médiatisées avec le Makhzen, etc. Un coup de théâtre on ne peut plus grossier, mais El Himma a démontré que seul le roi existe en tant qu’acteur politique à part entière dans ce pays, seuls ceux qui se rangeront sous sa bannière pourront avoir un espace d’action relatif, toujours à l’ombre du roi. Les élites opportunistes sont agglutinées autour de lui, comme des mouches autour du nouveau pot de confiture, qu’ils trouvent plus alléchant que les pots habituels.

    Tous les ingrédients d’une mascarade flagrante et le folklore qui va avec se sont réunis dans cette ascension fulgurante du PAM et de son leader le plus abracadabrant. Sa montée, son modus operandi et surtout sa dynamique très agressive et méthodique présageaient qu’il y a derrière ce parti un projet : Un remake du passé pur et simple. El Himma, un apprenti Driss Basri, mais « légitime » cette fois car « élu démocratiquement. »

    La tendance générale, qui commençait à être relayée par la presse allait tout droit vers l’unique réforme fondamentale qui changerait la donne politique au Maroc : Revoir le statut constitutionnel du roi. Aussitôt compris aussitôt contrattaqué. Le PAM est là pour écraser tous ceux qui osent parler de limiter les compétences de la monarchie.

    La boucle est bouclée, le système est verrouillé pour u mois 10-15 ans. Entre-temps, on calmera la foule avec une parodie de réforme constitutionnelle qui survolera le fond, on alimentera le débat public par des polémiques futiles à titre de diversion, en attendant l’issue du problème du Sahara Occidental.

    C’est l’occasion idéale pour que les démocraties hypocrites de l’Union européenne saluent encore les « progrès réalisés par le roi en matière de démocratie, droits de l’homme et transparence » et ainsi continuer à spolier les richesses naturelles de la population sahraouie.

  • Qui a dit que la Françafrique était morte?

    Selon M. Giscard d’Estaing, Omar Bongo « ne représentait pas à lui seul la Françafrique » mais « ce qui est vrai c’est qu’il était un des derniers à la représenter et donc sa disparition marque d’une certaine manière la fin de la Françafrique », a-t-il aussi déclaré.

    Les autres membres sont plus discrets que le défunt qui était connu par sa « spontanéité ». Le vrai pilier de la Françafrique est le Maroc qui a participé dans presque toutes les expéditions militaires françaises contre l’Afrique (Congo, Côte d’Ivoire, etc.)

    Selon un article publié le 21/11/2005 par le magazine Jeune Afrique, Omar Bongo était l’ami de Bourguiba et, surtout, de Hassan II, et il était presque le parrain de Mohammed VI. Et en tant que bons alliés, Bongo, lors de la conférence des chefs d’état et de gouvernement de l’OUA, qui se tint à Libreville du 2 au 5 juillet 1977, le Gabon, favorable aux thèses marocaines, interdit l’accès de son territoire à la délégation sahraouie. Plus récemment, et toujours sous les directives de Paris, il a réitéré, à chaque fois, le soutien « ferme » et « constant » de son pays à la proposition d’autonomie au Sahara Occidental comme solution au conflit. La France est allée encore plus loin, lors de la dernière réunion du Conseil de Sécurité de l’ONU, pour empêcher la surveillance des droits de l’homme par la MINURSO, sans oublier l’agression militaire contre les troupes du Front Polisario en 1977.

    Jean-Pierre Tuquoi, journaliste au Monde et spécialiste du Maghreb, dans son livre « Majesté, je dois beaucoup à votre père », nous offre des détails croustillants sur cette complicité basée en partie sur du chantage. Hassan II aussi avait beaucoup de secrets enterrés avec lui. Majesté, je dois beaucoup à votre père et, si vous le souhaitez, tout ce qu’il m’a donné, je m’efforcerai de vous le rendre “, les propos sont de Jacques Chirac à Mohammed VI un certain 25 juillet 1999, jour de l’enterrement de Hassan II. Hassan II aussi avait contribué dans les campagnes de Jacques Chirac. Sinon comment expliquer tout cet acharnement des gouvernements français contre le peuple sahraoui?

    Contrairement à ce qu’affirme l’ancien président français, la Françafrique n’est et ne sera pas morte en Afrique tant que des hommes comme Bongo pourront gouverner les africains. C’est le problème de la continuité des dictatures africaines à travers et malgré les changements de régime. Une différence de personne ne fait pas une différence de systèmes. Bongo est mort, mais sa famille est là pour assurer la continuité au grand dam des populations qu’ils affament, torturent, assassinent, spolient, violent et déciment. Hassan II est mort, mais Mohamed VI est encore en très bonne santé et plus vif que jamais sur son Jet-Ski. En quoi Mohamed est-il bien différent de son père? En quoi sera Ali Bongo différent de son père? Ils sont là pour montrer que les intérêts de la France sont et resteront prioritaires.

    Les dictateurs africains sont mortels, mais pas au même rythme que le système qui les sert et qu’ils transmettent.

  • L’Algérie, une puissance régionale

    D’après les dernières statistiques publiées, hier, par le Sipri (Institut international de recherche pour la paix de Stockholm), les dépenses d’achat d’armements globales de l’Algérie ont atteint, en 2008, un montant record de 5,2 milliards de dollars. Dans son rapport annuel 2009 des tendances en matière d’armements et de sécurité internationale, le Sipri précise que les dépenses ont enregistré la plus forte hausse de ces dix dernières années et sont en hausse de 18% par rapport à l’année 2007. L’Algérie est, note le Sipri, parmi les pays qui ont fortement contribué à l’accroissement des dépenses militaires mondiales, atteignant le montant record de 1.464 milliards de dollars, avec une augmentation de 45% sur 10 ans. Par rapport à l’année 2007, ces dépenses ont fait un bond de 4%. « L’Algérie, avec ses grandes réserves de pétrole et de gaz, est une puissance régionale en Afrique du Nord. Elle a développé son influence politique en devenant le principal allié des Etats-Unis dans la guerre mondiale contre le terrorisme », relève-t-on du le rapport du Sipri.

    Dans cette optique, la menace terroriste que représente l’activité du GSPC, devenu Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et le climat géopolitique sont, selon le Sipri, les deux facteurs qui ont incité l’Armée nationale populaire (ANP) à toujours acheter plus d’armements. Les Etats-Unis, leader mondial Les Etats-Unis se sont adjugé de loin la plus forte part du total. En effet, l’accroissement le plus important (+58%) a été constaté aux Etats-Unis, avec une hausse de 219 milliards de dollars sur dix ans. La Chine et la Russie ont triplé en dix ans leurs budgets militaires annuels, les portant respectivement à 42 et 24 milliards de dollars. « D’autre part, les guerres d’Irak et d’Afghanistan ont donné lieu à 903 milliards de dollars de dépenses militaires supplémentaires de la part des seuls Etats-Unis », souligne le rapport. Le hit-parade des pays leaders en 2008 étaient, selon le Sipri, les Etats-Unis, la Chine, la France, la Grande-Bretagne, la Russie, l’Allemagne, le Japon, l’Italie, l’Arabie saoudite et l’Inde. Des pays comme l’Inde, l’Arabie saoudite, l’Iran, Israël, le Brésil, la Corée du Sud, l’Algérie et la Grande-Bretagne ont aussi contribué à la montée des dépenses militaires dans le monde.

    C’est le genre d’information qui nous réconforte, nous les sahraouis. La force de notre allié est la nôtre. C’est cette force qui a permis au peuple sahraoui de résister à 34 ans de guere et de politique génocidaire du régime marocain et c’est avec cette force que nous allons réaliser notre rêve d’édifier notre entité sahraouie.

    La puissance de l’Algérie est non seulement militaire, mais aussi politique, ce qui lui a permi d’empêcher l’anéantissment du mouvement sahraoui de la part du Maroc et de ses alliés, les EEUU et la France, et de vaincre le terrorisme dont certains ont voulu utiliser pour soumettre l’Algérie à leur conditions et à leurs ambitions.

    Ensemble, avec notre allié stratégique, nous avons pu affronter tous les complots colonialistes et préserver les acquis de notre lutte de libération nationale. Et c’est ensemble que nous poursuivrons notre combat jusqu’au retour de notre peuple à sa terre sacrée, le Sahara Occidental ou République Arabe Sahraouie Démocratique.

  • Les amis de Mohamed VI

    L’organe officiel de la monarchie marocaine, Le Matin, dans ses pages d’aujourd’hui, rend « hommage à un grand et fidèle ami du Maroc ». Avec le décès du Président Hadj Omar Bongo, « le Maroc perd un grand ami, loyal et fidèle, dont la solidarité avec le Royaume, dans toutes ses causes, en premier lieu l’intégrité territoriale du Royaume, aura été constante, indéfectible et permanente ».

    On sent la vive émotion à Rabat qui pleure sur une crapule de plus qui disparaît de la planète. Pour le régime marocain, « le président gabonais compte parmi les grands leaders africains, cette génération de bâtisseurs africains charismatiques, qui vont marquer de leurs empreintes l’histoire du Continent africain ». Il était surtout le symbole de tout ce que l’Afrique dénonce depuis plus de 30 ans, la Françafrique, ces relations incestueuses, mafieuses entre quelques gouvernements africains et la France.

    Ami de tous les gouvernements français depuis De Gaulle, Omar Bongo, n’a jamais cessé d’être l’Agent des Services secrets français. Le clan Bongo gardait solidement les rênes du pouvoir avec l’appui total des militaires français stationnés au Gabon en totale harmonie avec les bases du Sénégal, du Djibouti et à partir desquels les coups les plus tordus sont opérés pour contrôler les peuples d’Afrique, sécuriser les pillages de richesses africaines par les multinationales et maintenir les vassaux de gouvernants en place contre des peuples assoiffés de liberté et humiliés par la faim. Les cas les plus récents sont ceux de l’agression de la Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo et d’incessants sauvetages d’Idriss Deby du Tchad, sans oublier la Guinée Equatoriale, dont le président Obiang Nguema, avec Bongo et Mohamed VI forment l’équipe de la Françafrique. Mais, en Guinée Equatoriale, ce sont plutôt les autres pays qui sont visibles dans ce petit pays. Ainsi c’est le Maroc qui joue l e rôle de sous-fifre, protégeant le régime de Nguema pour les intérêts de la France. Les Marocains sont bien visibles dans le pays et ils sont les gardes rapprochés du président équato-guinéen. Ils ont toujours joué un grand rôle pour ce pouvoir de Malabo, et ce, depuis la prise de pouvoir par un coup d’Etat en 1979, par l’actuel président Obiang, grâce à sa décision de retirer la reconnaissance de la République Arabe Sahraouie Démocratique.

    Quant au Gabon, la résidence de Bongo est bien connue de tous les marocains pour être située dans un des quartiers les plus huppés, celui des résidences de diplomates et bourgeois résidant sur la nouvelle Avenue Mohamed VI, près de la Grande Mosquée.

    Bongo, Sassou-Nguesso, Obiang Nguema, sont les amis du roi marocain Mohamed VI. Sa dernière tournée en Afrique en est la preuve. Au mois d’avril, la délégation royale composée de presque 300 personnes a visité la Guinée Equatoriale et le Gabon, au moment où le roi Mohamed VI venait de bouder la réunion arabe extraordinaire à Doha et le sommet économique à Kowait dominé notamment par la situation à Gaza.

    Cette tournée de sa majesté démontre que le Maroc est le pilier principal de la Françafrique. D’ailleurs, Jacques Chirac avait avoué que Hassan II lui avait demandé de veiller sur son fils.

    Celui-ci, en digne fils de son père, veille sur les intérêts de la France sans se soucier des effects de celle-ci sur les peuples africains qui vivent dans la misère. Loin de là, il s’est érigé en chien de garde pour freiner toute tentative de ces peuples pour lutter contre cette misère.

    Isolé en Afrique à cause de sa politique expansionniste, le Maroc court derrière quelques régimes sanguinaires esclaves de l’Elysée qui, en échange d’accords économiques, acceptent de retirer ou geler la reconnaissance de la RASD (Sahara occidental)

  • Sahara Occidental : C’était le 8 juin 1976


    C’était le 8 juin 1976, la première attaque des forces du Front Polisario contre Noukchott. Le choix de la capitale mauritanienne comme objectif militaire n’avait pas seulement des raisons militaires; il ne s’agissait pas de frapper le principal ennemi, mais le frère qui avait trahi « le sang et les serments », écrit Baba Miské. Et ce n’est pas n’importe quel endroit de la capitale qui était visé, mais symboliquement la maison de Mokhtar Ould Daddah, ce bureau même où le jeune leader sahraoui avait eu un an auparavant, une si fraternelle discussion avec lui. El Ouali Mustafa Sayed était venu proposer simplement l’unité des deux pays, qui aurait après la libération du Sahara, permis à presque toute la communauté hassanophone de se retrouver au sein d’une fédération. Mokhtar répondit à celui qu’il appelait son « jeune frère  » que ce serait là son plus cher désir. Ce qu’Ould Daddah ne dit pas, c’est qu’il avait signé le pacte de trahison avec l’ennemi commun, le Maroc, et qu’il s’apprêtait à tenir les pieds du Sahara Occidental pour aider Hassan à l’égorger. Le temps n’a jamais atténué l’indignation d’El Ouali.

    L’alignement mauritanien sur Rabat effectué par Ould Daddah est considéré comme une réelle et douloureuse trahison. Dans une de ses allocutions, El Ouali s’interrogeait  » pourquoi? Pourquoi ? Pourquoi cette trahison ? Par cupidité ? Mais nous aurions largement partagé nos richesses. Par ambition ? Pour agrandir ses domaines d’un bout de plus de notre Tiris ? Mais nous étions prêts à lui offrir la présidence d’un Etat fédéral, englobant tout le Sahara, au lieu du morceau que lui laisse Hassan II et qu’il n’aura de toute façon pas. Pourquoi vendre ainsi ses frères et ouvrir la voie à l’annexion de son propre pays? ».

    Pour El Ouali, la trahison était également grave à l’égard des deux peuples frères. Et c’est au nom des deux que le châtiment devait être infligé. Lorsqu’il dirige les forces de l’ALPS contre Nouakchott, se portant à la tête des troupes, c’est le prix de cette trahison qu’il vient réclamer à Ould Daddah. Aux yeux des Sahraouis, les revendications, marocaine et mauritanienne, débouchant, grâce aux accords de Madrid sur la double invasion de leur patrie, ne sont pas mises sur le même pied. Les Sahraouis savent depuis notamment l’opération Ouragan-Ecouvillon qu’ils n’ont pas grand chose de bon à attendre du trône marocain. En ce qui concerne les Mauritaniens, tout les rapproche d’eux. Hommes du désert comme eux, les Mauritaniens partagent une même culture, ils parlent la même langue, le hassania (la langue des Beni Hassan), dérivé de l’arabe classique et émaillé de mots berbères.

    Le 5 août 1979, est signé à Alger un accord de paix entre le Front Polisario et la Mauritanie. Par cet accord, notamment,  » la République islamique de Mauritanie déclare solennellement qu’elle n’a et n’aura pas de revendications territoriales ou autres sur le Sahara Occidental; (elle) décide de sortir définitivement de la guerre injuste du Sahara Occidental suivant les modalités arrêtées en commun accord avec le représentant du peuple sahraoui, le Front Polisario. Le Front Polisario décide solennellement qu’il n’a et n’aura pas de revendications territoriales ou autres sur la Mauritanie. Neuf jours plus tard, le 14 août, le Maroc envahit la « zone mauritanienne » du Sahara Occidental.

    Depuis la reconnaissance de la République Arabe Sahraouie Démocratique par la République Islamique de Mauritanie en 1984, les relations entre les deux pays se sont renforcées, surtout après le cessez-le-feu en 1991 qui a favorisé un échange de visites important de la population des territoires occupés et des Campements en direction de la Mauritanie et vice-versa. Les relations entre les peuples sahraoui et mauritanien ont connu un nouvel essor avec la création par des intellectuels, des responsables de la société civile ainsi que des hommes politiques mauritaniens de la Ligue Mauritanienne de Soutien au Peuple Sahraoui, présidée par M. Mohamed Fall Mila. Cette ligue, contribuera sûrement au renforcement de cette relation qui unit nos deux peuples frères et voisins.