Mois : octobre 2009
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Maroc : la diplomatie autrement
C’est l’histoire d’un roi qui s’est attribué, lui-même, une image populiste au début de son règne. Roi souriant, qui conduisait seul au volant de sa 4×4, qui s’arrête sporadiquement pour faire des achats dans une boutique … au contact des gens simples. Qui même serre d’ici ou là des mains. Maintenant les autorités cherchent à le rendre distant, toute approche est suivie de code pénal.Le « Riche Roi des Pauvres » était censé faire entrer son pays dans la modernité, et c’est raté. La « première cause nationale » a bousculé toutes les prévisions. Diaboliser le Polisario n’a rien donné. Bush a disparu de la scène et les Etats-Unis ont une approche différente du conflit du Sahara Occidental. Le pays a été condamné par les ONG’s internationales pour violation des droits de l’homme. L’ONU reprend en charge le dossier sahraoui.Sur la scène internationale, le Maroc est isolé à cause de sa politique colonialiste. Les seuls pays qui soutiennent les thèses marocaines ont été dessinés par l’hebdomadaire marocain Tel Quel : »Le Matin du Sahara l’a claironné haut et fort : “Le roi du Swaziland Mswati III a réaffirmé devant l’Assemblée générale de l’ONU son soutien au Maroc dans le conflit du Sahara”. Merci, c’est très gentil de sa part, mais… c’est quoi ce pays au juste ? Un petit tour sur Google, et on apprend que l’espérance de vie des Swazilandais est la plus faible au monde (32 ans en 2009), et que les deux tiers d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté. Politiquement, ça vaut aussi le détour : c’est simple, Mswati III a interdit tous les partis politiques de son pays. Les chefs d’Etat comme ça, quand ils prennent la parole à l’ONU (quotas obligent), les délégués des autres nations se racontent des blagues ou consultent leurs sms sous la table. Bref, avec un CV pareil, personne ne vous écoute… sauf notre correspondant de la MAP à New York, pour le coup très studieux. Après Mswati III, les président de Gambie et du Népal, deux autres fervents soutiens de notre intégrité territoriale sacrée, prendront la parole. Mais avant eux, il est prévu que Barack Obama monte à la tribune. Un parfait interlude pour une pause pipi.«Les lobbies aux Etats-Unis n’apportant pas leurs fruits, Rabat change de stratégie. Et il décore Jason Isaacsson, président de l’AJC (Comité Juif américain).D’après Ibn Kafka, l’AJC n’est pas une anodine organisation communautaire, mais un membre éminent de la ribambelle de lobbies qui constituent le lobby pro-israëlien aux Etats-Unis. Il suffit de lire les titres de de leur page d’accueil: on y parle d’Iran, de la politique d’Obama vis-à-vis d’Israël, et du président brésilien Lula, coupable de rencontrer le président et fraudeur électoral iranien Ahmedinejad. L’AJC a d’ailleurs des activités en dehors des Etats-Unis, ayant demandé au Conseil supérieur de l’audiovisuel français l’interdiction d’émettre sur le satellite Eutelsat de la chaîne palestinienne Al Aqsa TV, proche du Hamas. Quant au Centre Peres pour la paix, pour lequel travaille Isaac Siboni – également décoré mais à Madrid (Isaacson l’a été à New York) mais toujours l’ambassadeur itinérant marocain Serge Berdugo, inamovible président du Conseil des communautés israélites du Maroc – il suffit de préciser qu’il est nommé en l’honneur du boucher de Qana, le prix Nobel de la paix et criminel de guerre Shimon Peres.L’option de l’alliance stratégique (du moins du côté marocain, car l’importance du Maroc aux yeux de l’Etat israëlien est sans doute relativement limitée) voulue par l’Etat marocain – bien évidemment sans aucune consultation de l’opinion publique ou des élus du peuple – se confirme, ajoute Ibn Kafka. On a eu la rupture capricieuse des relations diplomatiques avec l’Iran, la fermeture de l’ambassade marocaine à Caracas (Vénezuela), sans compter la foultitude de gestes divers depuis des années – tout ceci ne date pas de Mohammed VI, mais il est indéniable que l’on sent désormais un engagement sans faille là où on avait auparavant un jeu d’ombres.Les commentateurs israëliens qui ont daigné commenter l’événement ne s’y sont pas trompés: pour le journaliste et bloggeur israëlien Jonathan-Simon Sellem (qui précise que Jason Isaacson est “un fervent supporter et donateur à l’Etat d’Israël!“), “Mohamed VI soutient “indirectement” Israël“, et il spécule: Dans certaines maisons diplomatiques, on affirme déjà qu’Israël et le Maroc ont prévu de signer officiellement des accords dans les prochains mois. Reste à savoir quel est le moment idéal pour officialiser les fiancailles. »Ensuite, le roi préside la cérémonie de mariage de son cousin Moulay Ismaïl avec une citoyenne allemande. Un mariage politique. Le seul homme qui osera faire allusion à l’origine juive de la mariée, le dessinateur Khalid Gueddar, recevra la punition la plus sévère : Entre 3 ans et 5 ans de prison pour une simple caricature!Le journaliste Aboubakr Jamaï, dans un article publié sur Le Journal Hebdo, un autre média menacé par le régime, se demandait : « Est-il nécessaire de se prosterner devant les lobbys sionistes américains les plus radicaux pour défendre les intérêts du Maroc? Est-ce en compromettant notre intégrité morale que nous allons recouvrer notre intégrité territoriale? Quel rôle constructif peut jouer un pays dans la résolution du conflit en Palestine s’il n’a plus aucune crédibilité aux yeux de cette opinion publique arabe et internationale qui ne supporte plus l’injustice faite aux Palestiniens? Aucun. En refusant de recevoir Netanyahou en 1996, Hassan II l’avait compris. »Et pendant que le monde entier crit pour la liberté des journalistes condamnés par le Makhzen, le prince Moulay Ismail est toujours en lune de miel. Après son séjour aux Iles Maldives, un paradis sur terre, le prince passera quelques jours à Paris.Mohamed VI, descendant du prophète Mohammed, et plus directement de Hassan II, lui-même plus branché sur la torture que sur la liberté d’expression, a privilégié l’option de tout jouer pour le Sahara en détriment du bien-être du peuple marocain. -
Expectative
Par T. Hocine
Parce qu’ils s’expriment très rarement sur cette question, il est toujours important de chercher à connaître la position des Etats-Unis à l’égard du conflit du Sahara occidental. L’opportunité en a été offerte au sous-secrétaire d’Etat américain chargé des Affaires du Moyen-Orient, Jeffrey Feltman, lors de sa visite à Alger. L’on saura alors que son pays appuie « les efforts menés par Christopher Ross, envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, dans son action en faveur du processus de paix dans cette région ».
De ce point de vue, Washington fait preuve de constance pour avoir voté en faveur des résolutions du Conseil de sécurité, lesquelles, faut-il le souligner, ne font pas que reconduire le statu quo actuel, mais aussi rappeler l’essence même de ce conflit qui est une question de décolonisation. Et justement, la résolution 1871 met en avant un mécanisme devant permettre l’autodétermination du peuple du Sahara occidental. Plus que cela, le but des négociations auxquelles le diplomate américain fait référence est d’aller dans ce sens, et rien d’autre.
C’est le mandat reçu par M. Christopher. Un autre Américain, James Baker, avait reçu comme mandat, en février 1997, de remettre sur les rails le processus de paix. Celui qui avait conduit la diplomatie américaine a dû remettre son mandat pour protester contre les blocages marocains et l’incapacité de l’ONU à les surmonter.
Si une telle politique venait à persister, ce sera encore et toujours l’impasse, alors même que les termes de l’équation sont clairement posés et que le Conseil de sécurité de l’ONU a obtenu l’unanimité de ses membres en faveur de son plan de paix.
Parce que le fait est rare et qu’il mérite d’être rappelé, le Congrès US a voté en 1998 une résolution soutenant les efforts de M. Baker – alors qu’on le disait déjà en fin de mission – et aussi le droit du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination.
La question est revenue au devant de l’actualité américaine quand des parlementaires, parmi eux le défunt sénateur Edward Kennedy, ont appelé Barack Obama, qui venait de prendre ses fonctions de président des Etats-Unis, à aider à rendre justice au peuple sahraoui, au moment où le Maroc croyait pouvoir faire contrepoids, mais sa démarche n’avait aucune chance face aux partisans de l’autodétermination.
Aussi, est-il intéressant d’apprendre que les Etats-Unis sont pour un règlement définitif de ce conflit, selon l’expression de l’émissaire US à Alger, mais sans le moindre détail susceptible d’éclairer sur le processus en question. Sauf à vouloir l’insérer dans le nouveau discours américain avec cette volonté affichée de mettre fin aux injustices, et la question sahraouie en est une.
Il est en ce sens utile de rappeler que les Etats-Unis ont exclu les territoires sahraouis du champ d’application de leur accord de libre-échange conclu avec le Maroc. Ce qui est quand même important lorsque l’Europe décide contre tout bon sens de conclure avec la puissance occupante des accords de pêche incluant les eaux territoriales sahraouies. C’est quoi donc un accord définitif ?
Chroniques et actualités algériennes -
La future Maison du Maroc divise le collectif marocain
Plusieurs organismes critiquent que le centre sera dirigé par des proches de Mohamed VIBLANCA CIA – Barcelona – 26/10/2009La Maison du Maroc de Barcelone ne peut pas être la prolongation du consulat ni un instrument sous le contrôle du gouvernement marocain et, par extension, du roi Mohamed VI. L’idée est défendue par des associations d’immigrants marocains de Catalogne qui se montrent très critiques envers la manière avec laquelle on gère le premier centre culturel pour la population émigrée du Maroc. Barcelone sera le siège de la première Maison d’un total de de cinq qu’on projette d’ouvrir dans les pays avec une plus grande concentration d’immigration marocaine. Le futur centre sera placé dans le bâtiment de l’ancien institut botanique, cédé par la Mairie de Barcelone à Montjuïc.Dans le voyage récent du maire Jordi Hereu au Maroc, le ministre de la Communauté marocaine Résidante à l’Étranger, Mohammed Ameur, s’est limité à signaler que le nouveau centre pourrait être construit en 2011. Il n’a pas concrétisé le budget que destinera le gouvernement marocain, il n’a pas concrétisé quelles activités développera-t-il – au-delà qu’il comprendra de la promotion économique à tout type d’initiatives culturelles- et si dans tout ce processus on comptera avec les organismes et les associations d’immigrants marocains établis à Barcelone et à Catalogne, un collectif très atomisé- il y a plus d’une centaine d’associations et entités- et divisé.Beaucoup d’associations renient ouvertement de ce qu’ils considèrent la ligne officielle marquée par le Consulat du Maroc à Barcelone. L’association majoritaire et plus ancienne de l’immigration marocaine est Ibn Batutta. Fondée en 1994, elle est présidé par le député socialiste Mohamed Chaib, personne clef dans tout le processus de la Maison du Maroc. Le député, qui a fait partie de la délégation qui accompagna Hereu au Maroc la semaine passée, est membre du Conseil Consultatif du Maroc pour les questions en rapport avec les Marocains à l’étranger.Chaib rejette de plan les accusations de dirigisme qu’on lui reproche dans tout ce qui concerne à la Maison du Maroc : « Ce sont deux institutions qui propulsent le projet, le Gouvernement du Maroc et la Mairie de Barcelone. Il faut laisser que les deux administrations travaillent et on ouvrira ensuite la participation à tout le monde « , signalait à des questions de ce journal. Chaib a ajouté que la Fédération d’Organismes de la Communauté d’Origine marocaine (FECOM) soutient l’initiative de la Maison du Maroc.Tout le contraire pensent différents entités, certaines d’elles avec poids comme l’Association de Travailleurs Immigrants marocains à l’Étranger (ATIME), et d’autres comme Llum le Nord et d’Adib Biladi. Un groupe d’associations est arrivé à constituer une commission de suivi de de tout ce qui est relatif à la Maison du Maroc. « Nous ne sommes pas contre l’idée, mais ne partageons pas comment elle est faite. Ils ne cherchent pas le consensus. Il y a beaucoup d’associations et nous voulons être des acteurs non des observateurs « , soutient Hassan Jeffali, président d’Adib Biladi.La crainte que la Maison du Maroc soit un instrument entre les mains du gouvernement marocain est partagée par d’autres associations et considèrent que le rôle de la Mairie de Barcelone ne doit pas se limiter à céder le bâtiment en régime de concession : « Ils doivent le protéger pour garantir la participation ». Toutefois, l’Hôtel de ville barcelonais a laissé clair le fait que sa collaboration dans le projet sera limitée à la cession du bâtiment et Hereu lui-même l’a laissé entendre lors de sa visite à Rabat. Si le secteur critique à la Maison du Maroc maintient que le projet est trop tutelé par les socialistes grâce à l’influence du député Chaib, celui-ci répond que derrière les opposés se trouve CiU.Kamal Ben Brahim, président d’ATIME à Barcelone, ajoute une autre critique à la représentativité du député Chaib de la Communauté marocaine dans tout le processus de la Maison du Maroc : « La Communauté marocaine ne se sent pas représentée par lui parce qu’il est délégué avec les votes de la population catalanne, non par les votes des Marocains ». Ben Brahim signale, en outre, que le Ministère pour la Communauté marocaine à l’Étranger ne prête aucun type d’aide aux problèmes réels des émigrés : « La crise passe une facture sérieuse à des personnes qui depuis beaucoup d’années se trouvent en Catalogne. Beaucoup travaillaient dans la construction et sont actuellement dans le chômage « .Il explique que dans le bureau d’ATIME à Poble Sec ils sont de plus en plus nombreux les personnes touchées qui décident d’emmener de retour au Maroc ses femmes et fils parce qu’elles peuvent ainsi louer les chambres de l’étage dans lequel ils résident : « Soit ils retournent au Maroc soit ils vont en France, où les choses ne vont pas tellement mal », commente-t-il. -
Recrudescence de la répression contre les activistes sahraouis
INTERVIEWBouchraya Beyoun, délégué du Front Polisario en Espagne : « Recrudescence de la répression contre les activistes sahraouis ».24/10/2009 MARTA CAMBRONEROVous vous êtes réuni avec plusieurs politiciens et syndicalistes pour expliquer la recrudescence du conflit dans le Sahara Occidental. Qu’est-ce qu’il s’est passé ?Il y a deux semaines, le Maroc a commencé une escalade de répression et harcèlement contre des activistes des Droits Humains jusqu’au point de vouloir présenter sept d’entre eux devant un tribunal militaire parce qu’ils ont simplement visité les campements de réfugiés sahraouis. Le gouvernement marocain dit que c’est un attentat contre la sécurité nationale. La situation est très grave. Ils ont blindé le territoire. Les observateurs sont menacés pour qu’ils n’entrent pas aux campements et ceux qui se trouvent à l’intérieur on leur a confisqué les passeports pour qu’ils ne puissent pas sortir.Mais ceci est contraire au Droit International.
C’est pourquoi nous nous sommes réunies avec le mouvement de solidarité avec le Sahara, avec des syndicats et des représentants politiques, pour informer de la situation et demander leur soutien. Nous cherchons des voix qui sont unies dans une condamnation internationale, que ce soit du mouvement solidaire comme de la société civile, pour exiger des garanties légales pour ces personnes qui doivent affronter un tribunal militaire. L’appui depuis l’Espagne est le plus important, parce que le conflit du Sahara est encore une matière ratée dans l’histoire de sa démocratie. Dans l’ONU, figure comme responsable moral, politique et juridique.Pourquoi croyez-vous que le Maroc a décidé d’augmenter la répression ?Nous croyons qu’elle est destinée à empêcher le processus de négociations qu’a entamé, il y a une année, le nouveau représentant de l’ONU pour la question du Sahara Occidental, Christopher Ross. Nous avons un certain espoir que cet homme puisse proposer une solution pour le peuple saharaui et cela n’intéresse pas le Maroc. L’occasion que nous avons maintenant nous ne pouvons la rater parce que nous croyons qu’il n’y aura pas un autre représentant de l’ONU après celui-ci.Dans quel sens les négociations avec l’ONU pour la résolution du conflit durant cette dernière année ont-elles avancé?Ross a convoqué Marocains et sahraouis à Vienne le mois dernier. Nous évaluons cette rencontre de manière très positive. Depuis l’ONU, on a clairement laissé entendre que le status juridique du territoire reste à définir, que toutes les propositions sont sur la table et qu’on travaillera avec les parties pour obtenir une solution juste, définitive et acceptée, qui garantisse aux sahraouis le droit à l’autodétermination et qui soit dans les résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies. -
Pour la liberté de caricaturer et de s’associer!
C’est aujourd’hui, 23 octobre 2009, que le caricaturiste Khalid Gueddar passe, à 9 heures puis à 13 heures, devant les tribunaux marocains.Pour un dessin où figure un membre de la famille royale, il risque de trois à cinq ans de prison.En réalité, les autorités marocaines reprochent surtout à Khalid Gueddar d’avoir publié en France, sur le site Bakchich.info, une bande dessinée qui raconte avec humour les aventures du monarque Mohamed VI.Le site rend compte en video du rassemblement qui s’est tenu hier matin devant l’ambassade du Maroc à Paris et publie la liste des associations et personnalités qui ont pris fait et cause pour le dessinateur.Quelques dessinateurs ont eux aussi apporté leur soutien à Khalid Gueddar et notamment Plantu à la Une du Monde datée du 22.100.2009.Les autorités marocaines ont bloqué jeudi la distribution du quotidien français Le Monde qui a publié, dans son édition datée du jeudi 22 octobre, une caricature irrespectueuse de la famille royale. Le Monde daté du vendredi 23 octobre sera également interdit à la vente au Maroc pour des raisons similaires, indique l’AFP. Dans son numéro du 22 octobre, Le Monde a publié à la « Une » un dessin du caricaturiste Plantu montrant une main sortant de l’étoile du drapeau marocain et tenant un crayon dessinant un personnage coiffé d’une couronne.L’escalade montée contre la liberté de presse est accompagnée d’une autre contre la liberté d’association au Sahara Occidental. Sept des principaux activistes des droits de l’homme ont été arrêtés à Casablanca pour être jugés par un tribunal militaire. C’est la peine de mort qu’ils risquent pour avoir visité les camps de réfugiés sahraouis en Algérie. -
Voyage au cœur du Sahara
Les coopérantes Agurne Huldain et Olaia Sagredo racomptent leur expérience après le voyage réalisé aux territoires sahraouis occupés.ARRASATE-DV. Avec un goût aigre-doux, comme les difféérentes saveurs que le thé laisse dans la bouche, elles sont revenues de leur voyage dans les territoires occupés du Sahara Occidental, deux membres de Nubi et Iesbaa, Agurne Juldain et Olaia Sagredo. Leur séjour d’une semaine leur a servi à récolter personnellement les durs témoignages des victimes qui subissent quotidiennement la répression marocaine. « La vérité est qu’après tout ce qu’on a vu et entendu, nous nous sentons impuissants pour faire quelque chose. Ils nous ont montré l’importance de permettre au monde de connaître la situation qu’ils vivent quotidiennement. Comme chaque fois, nous sommes de plus en plus nombreuses les personnes qu’allons les visiter dans leur propre pays, ils nous ont montré combien il est important pour eux de crier leur histoire au reste du monde », déclare Agurne Juldain, de Nubi Elkartea.SensibilisatiónL’expérience vécue leur servira à réaliser en 2010 une campagne de sensibilisation afin de permettre de connaître ici la souffrance que les sahraouis supportent dans les territoires occupés. « Pendant tout notre séjour là-bas nous avions beaucoup de peur; malgré le fait que nous étions des touristes, la police a soupçonné que nous sommes deux journalistes basques et depuis le premier moment notre arrivée à El Aaiún, nous sentions une persécution continue, avec la tension et la peur que cela fait porter face à notre inexpérience dans le sujet, parce que c’était la première fois que nous voyagions là-bas. Derrière nous il y avait environ dix policiers en civil et trois voitures, et nous savons, – mais le problème est que nous n’avons pas de preuves – qu’au moins dans deux occasions ils ont pénétré dans notre chambre d’hôtel, quand nous étions dehors », indique Olaia Sagredo, de Iesbaa.« Comme anecdote, nous voulons souligner qu’au lendemain de notre arrivée, nous avons connu Paco, un monsieur canarien à qui le Gouvernement marocain a accordé un espace à 50 kilomètres de Dakhla pour construire une urbanisation de luxe. Paco nous a invitées à aller voir l’espace et nous avons accepté enchantées, puisque nous pourrions toujours soutirer quelques informations à propos de ce type de concessions que le Gouvernement marocain fait aux étrangers, d’un terrain qui n’est pas le sien. A ce moment-là, Paco reçu un appel et nous a dit que nous ne pouvions pas aller, parce qu’il s’est passé quelque chose avec son chauffeur. Deux jours après, quand il était déjà de retour à Las Palmas, il nous a appelées pour nous dire que l’appel qu’il avait reçu était du Gouverneur de Dakhla pour lui demander d’où il nous connaissait et qu’il ne voulat pas le voir avec nous, puisqu’ils soupçonnaient que nous étions deux journalistes basques et qu’ils nous filaient depuis El Aaiún, commente Juldain.SéjourPendant leur séjour au Sáhara Occidental, les cooperantes ont fait diverses rencontres avec les membres d’associations qui luttent pour le respect des droits de l’homme. Ainsi, entre autres, elles ont pris rendez-vous dans la ville de Dakhla, avec Bachir Azman et Rachid Sghyar, des membres de l’Association Sahraouie des Victimes de Graves Violations des Droits de l’homme (ASVDH); à Boujdour, elles ont eu l’occasion de bavarder avec Sultana Khaya, activiste et défenseuse des droits de l’homme au Sahara Occidental et l’un des symboles de la résistance sahraouie; elles ont aussi pris contact, à El Aaiun, avec le président de l’ASVDH, Brahim Dahan; et à Smara, elles ont repris les différents témoignages de mineurs qui ont été arrêtés et torturés pour avoir revendiqué la liberté et le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. -
Le Maroc opte pour la fuite en avant
Il y a deux semaines la résolution de la IV Commission de l’Assemblée Générale des Nations Unies rappelait « la responsabilité de l’Organisation des Nations Unies à l’égard du peuple du Sahara occidental » et réitéré son droit inaliénable à l’autodétermination en tant que territoire non-autonome.
Comme réponses à cette résolution adoptée à l’unanimité, le Maroc fonçait dans sa politique de terreur et de violation des droits de l’homme contre la population sahraouie. La police marocaine a arrêté sept activistes par le simple fait de l’être et de défendre les droits de l’homme. Disparitions, tortures, prisons sur des prisonniers politiques et oppression dans les territoires sahraouis, c’est cela la politique pratiquée par le Maroc. La politique de la terreur.
Chaque jour qui passe, la situation de la population sahraouie devient pire. Plus de 34 ans dans une situation d’oppression et d’indigence, cela fait beaucoup d’années. Les uns, exilés loin de chez eux; les autres, intégrés par la force au Maroc. Les premiers, en vivant, grâce à l’aide humanitaire, dans des conditions d’exile difficiles, et les autres soumis à la dictature marocaine qui leur empêche le droit à la liberté d’expression, de manière accablante.
Les forces de sécurité marocaines ont empêché à quelques citoyens sahraouis et à des défenseurs des Droits de l’homme, entre lesquels se trouvait le président de CODAPSO, Hmad Hamad, d’assister au jugement de Mohamed Berkane. L’acte a eu lieu dans le Tribunal d’Appels d’El Aaiun.
Au jugement ont assisté deux observateurs espagnols, Ruth Sebastian García et Simplicio del Rosario. Malgré la grève de la faim menée par Berkane, il est entré dans la salle en demandant la liberté et l’indépendance pour le peuple sahraoui et le Front Polisario. Des assistants au jugement ont confirmé à la presse qu’il était en bonne santé.
Le tribunal marocain a condamné Berkane à une année de prison. Mohammed Berkane a été arrêté le 16 septembre dernier après sa participation à une manifestation pacifique dans le Quartier Ma’atala d’El Aaiun, capitale du Sahara Occidental. Selon des sources de la presse, les observateurs espagnols qui se sont présentés au jugement de Berkane ont été fustigés par les forces marocaines de sécurité, avec leur amphitryon, Hmad Hamad, dont la maison a été visitée pour leur dire qu’ils « ne devaient pas assister au jugement du séparatiste ».Le climat dans le Sahara est maintenant plus tendu que jamais. L’arrêt des sept activistes à Casablanca le 9 octobre a chauffé encore plus l’atmosphère. Maintenant, dans l’attente du jugement d’un Tribunal Militaire, la mobilisation civile pour protester contre cette mesure est des plus grandes des derniers temps. Le délit qu’ils attribuent à ces sept activistes des Droits de l’homme est d’attenter contre l’intégrité du territoire, un délit qui risque la peine de mort.Le 30 avril 2009, la MINURSO a été empêchée par le Maroc et la France de contrôler la situation des droits de l’homme dans le territoire. La population sahraouie attend, actuellement, que la communauté internationale ne reste pas indifférente aux appels du président sahraoui.Toute escalade risque d’être dangereuse pour toute la région. La population civile sahraouie ne restera pas les bras croisés face à la répression quotidienne. Tôt ou tard, elle réagira pour répondre le silence des médias et de l’ONU.La confiance entre les parties devra attendre longtemps encore et le fossé de la méfiance ne fait que gagner du terrain.
La confiance entre les parties devra attendre longtemps encore et le fossé de la méfiance ne fait que gagner du terrain. -
Coup dur à la liberté de presse au Maroc
Un journaliste arrêté pour parler de la santé du roi
La Justice marocaine a joué à nouveau un honteux scandale juridique, en condamnant le directeur de la publication Al Michaal et deux de ses rédacteurs à une année de prison sans garantie et trois mois de prison respectivement. La police n’a même pas attendu que l’on présente un recours, et Dris Chahtan a été conduit manu militari à la prison de Salé dans la capital. Les deux rédacteurs, Rachid Mhamid et Mustafá Hairan, n’ont pas encore allés en prison.
Pedro Canales. Rabat, 20-10-2009Les organisations internationales de défense des libertés publiques sont consternées. Dans différents pays européens et au Maroc même, un vaste mouvement de solidarité avec les journalistes condamnés est né. Reporters Sans Frontières a émis un dur communiqué de dénonciation et exige la libération immédiate des journalistes.Le coup donné au droit à l’information dans le royaume de Maroc est dévastateur. Le « crime » des journalistes condamnés a été uniquement et exclusivement d’écrire dans leur journal que le communiqué royal sur la santé de Mohamed VI, dans lequel on informait d’une indisposition provoquée par rétrovirus et de la nécessité de garder cinq jours de convalescence, avait suscité de la « préoccupation » dans l’opinion publique. Le verdict a été émis en l’absence des avocats défenseurs qui ont abandonné la salle en protestation contre l’absence de garanties judiciaires.La sentence a été prononcée sur la base de quelques articles du Code de la presse qui prévoit des peines de prison pour des délits d’opinion. Quelque chose qui dans un pays démocratique est intolérable. D’autres processus de la même nature sont prévus ce mois-ci. Le président du Syndicat National de la Presse Marocaine (SNPM), Yunes Meyahed, a demandé aux Autorités de réviser la sentence contre Dris Chahtan.« Au Maroc la personne du Roi est sacrée » répètent constamment les apologistes du régime. Jusqu’au point que la véritable devise de la nation est Roi, Patrie, Dieu. La personne du monarque et par extension celle de toute sa famille, est au-dessus de tout, intouchable, on ne peut écrire sur elle, ni analyser critiquement ses actes ou comportement institutionnel. Seule la flatterie est permise et largement rémunérée.Selon la Constitution marocaine, qui n’a pas été élaboré par une Assemblée Constitutive, mais dictée par le Sultan, tous les pouvoirs sont concentrés dans la personne du Roi. La division entre Législatif, Exécutif et Judiciaire, est simplement formelle. Aucun des trois pouvoirs constitués a de l’autonomie. Toutes les prérogatives retombent sur le souverain. À cela on ajoute la concentration monopolisée du pouvoir économique et financier aussi entre les mains royales. Dans de telles circonstances la population ne dispose même pas du droit à l’information.« Ce qui nous fait le plus mal, se plaint un journaliste à El Imparcial, c’est que les gouvernements européens, parmi eux celui de Rodriguez Zapatero, acceptent cette situation et font fi des violations des libertés au Maroc. En plus, le gouvernement espagnol a décoré les généraux marocains, comme Mizian, Bensliman ou Laanigri, dont la fonction a été et continue d’être celle de couper les droits et les libertés ».
EL IMPARCIAL -
Le Maroc choisit l’escalade
34 ans après le lancement de la Marche Verte, la communauté internationale refuse de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le territoire du Sahara Occidental. La dernière résolution de la IV Commission de l’ONU a réitéré que la question du Sahara occidental est une question de « décolonisation » et a réaffirmé le droit inaliénable du peuple sahraoui à « l’autodétermination ».
« Réaffirmant le droit inaliénable de tous les peuples à l’autodétermination et à l’indépendance, conformément aux principes énoncés dans la Charte des Nations Unies dans sa résolution 1514 (XV) du 14 décembre 1960, qui contient la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux », la résolution a rappelé à cet égard, « la responsabilité de l’Organisation des Nations Unies à l’égard du peuple du Sahara occidental ».Le Maroc minimise l’importance de cette instance internationale « dont le rôle n’est pas aussi décisif que l’on pourrait croire » selon Le Matin, le journal officiel du palais royal dans son éditorial du 15 octobre.L’Intifada dans les territoires occupés déjouant l’espoir porté sur le statu quo, Rabat choisit l’escalade en effectuant un grand déploiement policier et militaire dans le Sáhara Occidental avec pour objectif d’empêcher que des manifestations de solidarité avec les sept militants des droits de l’homme sahraouis arrêtés le 8 octobre pour avoir visité les campements de réfugiés à Tindouf (Algérie).Ne trouvant aucun argument pour les condamner, les activistes sahraouis sont accusés « d’espionnage pour l’ennemi » et les frontières du Sahara Occidental fermé aux militants sahraouis.Le plan d’autonomie mort, l’annexion échouée, la condamnation des organisations internationales des agissements contre la presse indépendante et la répression exercée contre les sahraouis, le régime marocain se trouve isolé. Dernier recours : se prosterner devant les lobbys sionistes américains les plus radicaux pour lui porter du secours. Ainsi, le roi Mohamed VI a le décoration, le 9 octobre, d’Issaacson, leader de l’AJC rentre dans ce cadre.Au niveau intérieur, la société marocaine est déçue par les agissements du pouvoir. Les espoirs soulevés par l’avènement du roi Mohamed VI se sont avérés imaginaires.Les citoyens sahraouis des territoires occupés se sont levés contre la corruption et la précarité. Ainsi, plus de 100 personnes ont investi les batiments vides d’un quartier résidentiel pour revendiquer du logement. La visite du ministre de l’intérieur marocain à la ville de Laayoune rentre dans le cadre de l’organisation de la nouvelle escalade contre les sahraouis. -
Tolérance, dites-vous ?
Par T. HocineDepuis quelques jours, une intense campagne de promotion d’un concert occupe les médias lourds d’un pays occidental. Jusque-là, rien d’anormal, et même des chanteurs connus sont annoncés. Il faut tout de même préciser qu’il s’agit d’un « concert pour la tolérance » et que cela se passe au Maroc. Sauf à vouloir la précéder et poursuivre la mystification, les médias en question, et là on ne parlera pas des initiateurs car ceux-là ont beaucoup à dire quant à la tolérance dont il est question, auraient été plus avisés de tendre l’oreille du côté de l’ONU qui traitait le Maroc de puissance occupante du Sahara occidental, et qui rappelait avec vigueur le droit du peuple de ce territoire à l’autodétermination.L’ONU reste tout de même la référence en restituant avec exactitude la mémoire des noms et des faits mondiaux. Ne pas pouvoir toujours défendre ses idéaux est une autre question. Mais visiblement, là n’est pas la préoccupation de ces médias même s’ils se font les complices d’une puissance qui prive tout un peuple de ses droits les plus élémentaires. Ou encore, interroger les éléments les plus en vue de ce pays, victimes de l’intolérance. Pour rester dans le cadre de ce conflit à titre d’exemple, toutes les aberrations sont permises, comme le fait de ne pas qualifier le territoire en question, c’est-à-dire interdiction est faite d’aller utiliser les cartes de géographie les plus banales. Contre toute logique, interdiction est faite de parler du Sahara occidental comme l’indiquent tous les documents de l’ONU que l’on ne pourrait accuser de parti-pris. Il y a un lexique bien déterminé imposé à la corporation.La seule liberté autorisée est celle qui consiste à défendre l’occupation et le déni de justice. C’est accepter de travestir la réalité telle que constatée par les organisations internationales. Tous ceux qui veulent briser ce carcan ont été privés de liberté. L’intolérance est aussi constatée par différentes ONG de défense des droits de l’homme, avec ces barrières interdisant tout simplement tout débat autour d’une série de sujets bien déterminés. Comme le souverain et sa famille. Ceux qui croyaient pouvoir le faire se sont exposés aux pires sanctions, se rendant compte à quel point la liberté dont ils jouissaient était factice. Que dire alors de ces Sahraouis qui viennent de rencontrer d’autres Sahraouis vivant dans les camps de réfugiés en Algérie ? Eux voulaient savoir et connaître ceux qui ont été chassés en 1975 de leur territoire par l’envahisseur marocain. L’intolérance les conduit tout droit devant un tribunal militaire, rien que cela. Et dire qu’avec tout cela, l’on va chanter la tolérance. Cela ne fait pas sérieux. C’est de la mystification. L’accepter, c’est s’en faire les complices. Cela devient du parti-pris, et les Sahraouis au moins, eux, en savent quelque chose.EL WATAN, 18/10/2009