Les intérêts français au Maroc passent avant le sang sahraoui

Lors de son dernier discours à la nation, le président Nicolas Sarkozy avait qualifié «de très graves» les évènements qui se sont déroulés à Laâyoune occupée. Mais lorsqu’il s’agit d’user de son droit de veto au Conseil de sécurité contre la constitution d’une commission d’enquête internationale pour lever le voile sur les exactions marocaines contre des Sahraouis innocents, la France n’hésite pas à le faire. Révoltante hypocrisie !

Au nom de quel principe la France se déleste-t-elle de ses idéaux pour donner en pâture le peuple sahraoui aux Marocains ?

Pour les observateurs avisés, la démarche de Sarkozy n’est pas en décalage avec la politique qu’il mène pour sauvegarder les intérêts des entreprises françaises au Maroc. Ce «permis de purification ethnique» contre le peuple sahraoui a été délivré au Maroc au nom de quelques intérêts purement économiques et d’une surenchère, dont la deuxième victime n’est autre que le peuple marocain lui-même. Le royaume s’est longtemps exprimé sur son devenir affichant un obsessionnel désir d’intégration à la communauté européenne en moyennant l’ouverture inconditionnelle du champ économique aux investisseurs français.

Ces entreprises s’y sont installées selon le principe du fameux «statut avancé» et du «partenaire privilégié».

Comme l’a auparavant si bien exprimé et souhaité le candidat Sarkozy, lors de la rencontre des deux majorités gouvernantes des deux pays, le désir de la France est de «tout partager sauf les institutions».

Pas plus tard que jeudi dernier, récompensant la France de son fidèle soutien, Chami, le ministre marocain de l’Industrie, offre à la France un «Maroc, l’une des solutions pour améliorer la compétitivité industrielle des entreprises françaises», a-t-il déclaré à Paris. Faisant lui-même l’inventaire des privilèges, Chami fait état d’un Maroc très généreux : les Français ont les commandes du développement, avec une main-d’œuvre insignifiante, une fiscalité allégée, un marché local et l’absence totale d’une compétitivité conséquente face aux Espagnols qui n’ont plus la cote vu leur position vis-à-vis du problème sahraoui.

Thierry de Margerie, président d’Alstom Maroc, parle des projets français d’infrastructure lancés au Maroc : port de Tanger, ligne ferroviaire à grande vitesse, plan solaire marocain, sans oublier de préciser que le Maroc est «une économie très ouverte». Un clin d’œil certain à notre pays qui refuse à tout prix cette forme d’hypothèque économique. De son côté, Colas, un constructeur de routes et d’infrastructures, a participé à tous les grands projets d’infrastructures au royaume chérifien de plusieurs millions d’euros. Selon l’étude des missions diplomatiques françaises publiée récemment, 750 nouvelles entreprises françaises se sont implantées au Maroc en 2009. Soit 40 % par rapport au reste du monde dont la moyenne n’est que de 15 % à la même période.

En termes de revenus d’investissements, la France s’en sort au premier rang avec 8,1 milliards d’euros (90 milliards de dirhams) en 2008, contre 6,9 milliards d’euros pour la Chine (Hong-Kong non compris) et 1,9 milliard pour l’Inde, deux pays présents en force au Maroc. L’étude précise en outre que ces revenus n’intègrent pas les richesses du constructeur automobile Renault, une firme qui compte plus de 500 filiales.

Le sang sahraoui, les droits de l’homme et les libertés vaudront-ils toute cette rente ?

La France du veto a donné sa réponse.

S. M.

Le Jeune Indépendant, 20/11/2010
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