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La fermeture de 4 usines de textile au Maroc

Pas moins de 1.500 ouvriers du textile employés par une filiale d’un groupe anglais ont été licenciés, à la veille de l’Aïd El-Adha, suite à la fermeture définitive de quatre de ses usines dans la ville de Salé (Rabat) et l’arrêt complet de ses activités dans le Royaume, a-t-on appris à Rabat. La société en question, Mornatex, filiale de “Courtaulds”, spécialisée dans la confection d’habillement pour femmes, de lingerie et de vêtements pour de grandes enseignes a décidé, soudainement, de quitter le Maroc pour “d’autres lieux plus attractifs où les responsables offrent de meilleurs avantages fiscaux”, indique-t-on. Selon les syndicalistes du secteur des textiles, les multinationales installées au Maroc profitent du laxisme et du silence des autorités compétentes pour contourner la loi et quitter le royaume sans la moindre indemnisation.
“Depuis le déclenchement de la crise internationale, plus de 50 entreprises viennent de fermer définitivement leurs portes entraînant des milliers de postes perdus et de salariés en chômages. Et ce, sans la moindre indemnisation des salariés licenciés”, a affirmé un syndicaliste à la presse. Les travailleurs qui observent un sit-in, devant les quatre usines, depuis la décision de fermeture, réclament l’intervention urgente du gouvernement auprès de la direction de la multinationale afin d’éviter un drame avec ses retombées catastrophiques sur le plan social et sur le domaine du textile marocain, dont le secteur est le plus pourvoyeur d’emplois au Maroc. Pour les 1.500 travailleurs qui ont diligenté une procédure judiciaire auprès du tribunal de première instance de Salé, “il est inacceptable que les multinationales s’enrichissent au Maroc et le quittent sans s’acquitter de leurs engagements envers les salariés”.
Le secteur de l’emploi au Maroc a enregistré des taux alarmants de baisse au cours de cette année, note-t-on. La population active en chômage au Maroc a augmenté de 4,5 % au niveau national, passant de 1.090.000 chômeurs au premier trimestre 2009 à 1.139.900 au même trimestre de 2010, soit 49.000 chômeurs en plus, selon le Haut Commissariat au plan marocain (HCP) qui précise que “le taux de chômage a enregistré une importante hausse de 10% pendant le premier trimestre de l’année 2010 contre 9,6% au cours de la même période de l’année 2009”. Par ailleurs, une dégradation marquée des exportations du secteur des textiles dont l’activité est orientée à 60 % vers l’extérieur a été constatée durant les neuf premiers mois de l’année 2010 par l’Office des changes marocain sur les indicateurs mensuels des échanges.
Cette détérioration s’est particulièrement fait sentir du coté des vêtements confectionnés dont les exportations en valeur ont reculé de 8,5 % entre les 9 premiers mois de 2009 à 2010, ce qui représente 13,2 milliards de dirhams contre 14,4 en 2009 soit 1,2 milliard de moins (environ 144 millions de US Dollars), indique l’Office des changes. L’organisme marocain signale, par ailleurs, que l’indice de la production industrielle textile a viré au rouge ces deux dernières années s’établissant à moins 2,6% en 2008 et moins 0,9% en 2009. L’activité textile qui reste en tête des produits exportés par le Maroc avec une part de 12,5% à fin septembre 2010 contre 16,9% en 2009 soit une baisse de 4,4% connaît actuellement, selon les spécialistes, une “descente aux enfers”, confirmée à chaque bilan d’étape sur les statistiques économiques et commerciales du secteur.
Le textile qui bénéficiait pendant de longues années d’une position fort avantageuse affronte depuis l’expiration de l’accord multifibres en 2005 une rude concurrence sur le marché européen de la part de produits aux coûts très bas et de qualité en provenance de l’Europe de l’est et d’Asie. Le textile est, selon des spécialistes, révélateur du retard accumulé par le tissu productif marocain en termes de modernisation des moyens de production, de restructuration et d’intégration des filières.
Le Midi Libre, 23/11/2010
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