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L’indépendance et ses revers

Il y a cinquante ans, l’Assemblée générale des Nations unies avait adopté la fameuse résolution dite 1514 portant sur le droit des peuples coloniaux à l’autodétermination. Près de quatre-vingts pays sont aujourd’hui indépendants en vertu de ce texte historique.

Un demi-siècle après, les choses ont évolué. Il ne reste à travers la planète que quelques territoires aspirant encore à leur libération ; ils n’ont toujours pas bénéficié de cette loi. Il s’agit, entre autres, du Sahara occidental et de la Palestine.Il est vrai que cette résolution était imposée par le cours de l’Histoire. Les peuples coloniaux, dont les Algériens, avaient déjà entamé le processus de décolonisation. Certains pays, sous protectorat à l’image de la Tunisie et du Maroc, avaient, eux, accès à l’indépendance des années plus tôt. 
Les données étaient donc réunies pour que les empires, notamment britannique et français, acceptent enfin de redonner leur liberté aux peuples qui en étaient privés. Un demi-siècle après, les aspirations des peuples qui réclamaient leur indépendance ne se sont pas forcément concrétisées. Les indépendances ont souvent été confisquées par ceux-là mêmes qui luttaient pour la libération de leur pays. Il suffit de voir l’état de ces pays pour s’en rendre compte.A des exceptions près, la majeure partie des pays colonisés, qui aspiraient à l’indépendance, vivent dans des situations déplorables sur le double aspect politique et économique. Si ce n’est pas une guerre civile, comme c’est le cas en Somalie ou en République démocratique du Congo, ce sont des coups d’Etat ou des élections truquées, comme le démontre la situation en Côte d’Ivoire.
Sur le plan économique, il est évident que le désastre est de mise. S’appuyant souvent sur une matière première pour vivre, la majeure partie des anciennes colonies dépendent dangereusement des aléas des marchés internationaux. C’était le cas, dans un passé récent, de la Côte d’Ivoire qui avait sombré dans la guerre civile, alors que les prix du cacao avaient dégringolé sur le marché international. Ces échecs ne signifient pas pour autant que la responsabilité incombe seulement aux pays fraîchement libérés. Ils ont certainement beaucoup de choses à se reprocher. Mais ils n’assument pas toute la responsabilité. 
Les legs des anciens colons y sont pour beaucoup dans cette situation de déliquescence dans laquelle se trouvent aujourd’hui nombre de ces anciennes colonies. Les politiques adoptées à l’époque, à l’instar de la volonté des anciennes puissances coloniales de diviser les peuples sous domination, sont autant de raisons de penser que ces dernières avaient laissé des cadeaux empoisonnés aux peuples dont elles venaient de se séparer. Pis, le nombre de personnes lettrées dans les anciennes colonies était tellement insignifiant – le cas de l’Algérie est éloquent – qu’il n’existait pratiquement pas d’élite capable de gérer les affaires de leurs pays. Ce qui avait favorisé l’esprit tribal, souvent nocif à toute évolution.Cela n’est que le revers de la médaille. La médaille elle-même est très belle.
Elle s’appelle l’indépendance.
Par Ali Boukhlef
La Tribune d’Algérie, 15/12/2010
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