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Ben Ali refugié chez les… voilées

Pragmatiques, es Américains répètent toujours qu’ils n’ont pas d’ennemis éternels et se frayent en douceur une place dans notre vie, dans nos espaces. A l’inverse, les Français pourraient dire en ce qui les concerne qu’il n’y pas d’amis éternels. Paris a ainsi apporté à Ben Ali, l’ami fidèle de 23 ans, le même type de soutien que Washington avait à l’époque apporté au chah d’Iran, lui aussi chassé par son peuple. Mais Ben Ali ne veut apparemment pas aller se reposer auprès des pharaons, il préfère se rendre en Arabie saoudite, côtoyer le voile qu’il interdisait en Tunisie sœur, pourtant championne indétrônable du fameux haik el-mremma. 
La France s’apprête donc à changer d’hôtes tunisiens et à troquer les opposants de Ben Ali qui vivent chez elle contre les hommes du système, les nouveaux exilés. Paris ne perd pas le nord, une fois irréversible la chute du régime de Ben Ali, elle proclame son soutien déterminé au peuple tunisien et prend la mesure la plus… juteuse : elle bloque les mouvements financiers qu’elle juge suspects concernant les avoirs tunisiens en France. On bloque le nerf de la guerre ? 
Pour leur part, les Etats-Unis semblent plus à l’aise face aux développements en Tunisie, puisque le président Obama à manifesté tôt la sympathie des Etats-Unis à la rue tunisienne. Ce qui pousse à s’interroger s’il y a vraiment divergence entre Paris et Washington, sachant que le président Sarkozy affirmait récemment que la France veut travailler «main dans la main» avec les Etats-Unis et que Obama disait que Paris était devenu le meilleur copain de l’Amérique. Que deviendra la Tunisie sœur dans tout cela ? Continuera-t-elle à tenir sa petite place traditionnelle dans une françafrique en perte de vitesse et qui volontairement ou non cède du terrain à une Amérique dont les ambitions s’affirment au grand jour dans la région. Pour le moment, le peuple tunisien ne semble pas près de se laisser phagocyter par quiconque et n’accepte de mesures que l’application à la lettre de sa Constitution. Les informations disent que les dignitaires du régime Ben Ali quittent le pays, et que les opposants en exil commencent à rentrer, ce qui peut faciliter une solution purement nationale. Chose sans doute espérée dans la région puisqu’une Tunisie libre favorisera le Maghreb des peuples. 
M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr
Le Jeune Indépendant, 16/1/2011
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