Des murs entre les hommes

Hier, à la librairie «Résistances», était invitée une conférencière qui a fait des recherches sur les MURS, la construction de murs…
Elle en a tiré un livre de photos lesquelles sont exposées à la librairie Résistances jusqu’à la fin du mois. Voici un compte-rendu du livre (que je n’ai pas eu entre les mains mais que j’ai l’intention de me procurer). Vous trouverez un compte-rendu de Jean Philippe Raud Dugal ici
 
J’ai eu le temps, avant la conférence, de voir les photos impressionnantes des « murs » ! Les photos sont extraordinairement parlantes sur cette façon que l’homme-blanc ou riche du XXIe siècle a de vouloir absolument se sentir en sécurité, ou celle que l’homme des siècles précédents avait de vouloir absolument délimiter son territoire et empêcher l’ »autre » d’y entrer.
Les plus belles (car elles sont très esthétiques) sont les plus « douloureuses » : les bières de différentes couleurs clouées sur le mur de séparation entre le Mexique et les USA, représentation symbolique de tous les migrants morts sur cette frontière, les amas de croix de bois sur un autre endroit du même mur, etc… Les dessins faits par les Palestiniens sur le mur de séparation construit par les Israéliens. On apprend au passage qu’à l’instar de MAM qui veut exporter le savoir-faire policier français, Israël exporte son savoir-faire en matière de construction de murailles sécurisées puisqu’il semble que ce soit une succursale d’une boîte israélienne qui ait construit le mur de la honte du Sud des États-Unis.
Autre photo impressionnante : celle de cette muraille de sable vue d’avion, faite en plein Sahara, pour séparer le Sahara Occidental des autres pays du Maghreb.
La conférence a commencé et Alexandra Novosseloff a dit que les images parlaient d’elles-même. Pour sûr ! Ce qui m’a frappé dans son court récit, c’est la date de début de construction du mur entre Mexique et USA : 1994 ! Alors que le Mexique entrait dans l’ALENA impliquant la libre circulation des marchandises (et du fric) entre Canada, USA et Mexique ! Plutôt paradoxal : on laisse passer tout sauf les personnes ! Vade retro Mexicanos ! On ne veut pas de traîne-savattes chez nous… ou alors vous acceptez d’être précarisés, mal payés, mal traités etc. Immigration « choisie » grâce à ce p… de mur ! J’ai dû mal poser ma question sur ce paradoxe car la conférencière m’a expliqué l’immigration clandestine des Latino-Américains comme si je n’en avais jamais entendu parler !!!
Ensuite, elle a abordé le mur de séparation entre Israéliens et Palestiniens… en n’abordant que le problème de la sécurité… tout en précisant que le mur ne suffisait pas, mais qu’Israël avait dû se doter de mesures de flicage draconiennes pour séparer vraiment les terres palestiniennes des terres israéliennes par les check-points entre autres. En bonne conférencière universitaire, elle s’est bien gardée de prendre parti.
Profitant de ça, un type que je connais – il a été Journaliste Reporter d’Images à France 2 – a commencé à « la ramener » et à affirmer qu’il y avait des trous dans le mur. Israël laissait passer des Palestiniens pour qu’ils puissent aller voir leur famille arabe-israéliennes logées de l’autre côté, impliquant que les Israéliens étaient très aimables de laisser passer les Palestiniens. La conférencière lui a fait remarquer mollement que le mur seulement ne suffisant pas à assurer la sécurité, la vie des Palestiniens s’était trouvée compliquée par les check-points et autres mesures. Elle a oublié de signifier qu’en Israël, les Palestiniens n’ont pas le droit d’emprunter les mêmes routes que les Israéliens… Elle n’a pas dit qu’à certains endroits où il y avait de l’eau, le mur empiétait énormément sur les terres palestiniennes, faisant en sorte qu’elle ne soient plus arrosées mais ça n’était pas son fait. Elle parlait des murs. Le caméraman, ayant pris la parole, ne l’a plus lâchée. Il avait séjourné 8 ans en « Palestine » (alors que c’était en Israël, où il a dû être le cameraman du bureau de f2 à l’époque) qu’il savait de quoi il parlait etc… et les « murs » du XXIe siècle se sont perdus dans cet échange ridicule et frustrant.
Du coup, je me suis levée et je suis partie. Donc je ne pourrais vous raconter la fin de la conférence.

Cependant le «lièvre» soulevé par Alexandra Novosseloff et Franck Neisse m’a interpelée : pourquoi, à l’époque où l’information circule à une vitesse grand V grâce à Internet, où le fric va de banque en banque, de pays en pays, ni vu ni connu, où les avions vont de plus en plus vite permettant aux riches hommes d’affaires de faire leurs affaires avec l’Extrême-Orient ou l’Inde… pourquoi l’être humain s’échine-t-il à dresser des murs entre les pauvres et les riches, entre les affamés du Sud et les nantis du Nord, à les surélever comme à Ceuta et Mellila pour freiner l’immigration africaine, à recréer des frontières suite à un conflit mal géré ? A quoi sert l’ONU, incapable de faire tomber ces murs ? Va-t-il y en avoir un de plus en Côte d’Ivoire ?
Et surtout : comment peut-on être aussi « primitif » pour construire des murailles (même symboliques souvent) de nos jours ?

Je n’ai pas la réponse.
Alexandra Novosseloff et Franck Neisse, Des murs entre les hommes, La Documentation Française, 2007.
Source : Ruminances, 24/012011
Visited 1 times, 1 visit(s) today

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*