La fin des haricots pour les dictateurs arabes

L’ancien dictateur égyptien Hosni Moubarak et ses deux fils, Gamal et Alaa, ont été placés en détention pour une durée de deux semaines. Les militaires qui gouvernent aujourd’hui le pays des Pharaons, soumis à de fortes pressions de la population égyptienne, ont dû s’exécuter et emprisonner celui qui était, il n’y a pas si longtemps, leur raïs et chef suprême.
Sans se réjouir excessivement de la déchéance qui frappe la famille Moubarak (et oui, même les dictateurs ont de la famille et des sentiments !), on peut dire que c’est une révolution au-delà de la révolution. Une très bonne nouvelle pour les peuples arabes et une très mauvaise pour la collection d’autocrates qui gouvernent encore le monde arabe. De Mohamed VI à Nouri Maliki, en passant par cette momie saoudite de roi Abdallah, les vandales de Syrie et du Yémen, les roitelets des taïfas du Golfe persique et cette marionnette jordanienne.
Tous doivent y passer, d’une façon ou d’une autre. Et tous sont face à un dilemme. Ou ils démocratisent les institutions de leurs Etats sclérosés par l’autoritarisme, une rude tâche pour ceux qui vivent sur les nuages et ne connaissent pas la signification réelle des mots « démocratie » et « libertés fondamentales », ou ils finissent par perdre pied et aller rejoindre leurs collègues en exil.
Ça prendra le temps que ça prendra. Une semaine, un mois, plusieurs années, qu’importe. Si les peuples arabes ont supporté pendant des décennies leurs victimaires, ils peuvent bien patienter quelques années pour contempler en direct l’effondrement de l’édifice de la répression, l’injustice et la corruption ?
Car si nous ne connaissons pas les dates du déclenchement d’une révolution d’un pays arabe précis, nous savons par contre que les germes de cette révolution sont là. Et ils ne sont pas prêts de partir.
C’est vraiment la fin des haricots pour les autocrates arabes. Mouammer Kadhafi ne pourra pas indéfiniment résister à une coalition internationale qui veut sa tête, le président monarchique de Syrie Bachar El Assad, qui gouverne un pays majoritairement sunnite avec une poignée de alaouites (ou noçaïrites, une secte chiite) ne pourra pas éternellement massacrer son peuple comme on tuerait un chien galeux, et Ali Abdallah Salah sait que la porte de sortie n’est pas loin. Pour le reste, le moment viendra.
Contrairement à ce qu’on peut croire des révolutions arabes, ce ne sont pas les monarchies qui seront les plus difficiles à déboulonner. Ce sont plutôt ces dictatures républicaines bien ancrées parce que « pays modérés » dans le conflit israélo-palestinien ou mur de contention pour, soi-disant, barrer la route aux barbus.
« Pays modérés », « compréhensifs » des intérêts des autres (Moubarak est l’un des affameurs de la bande de Gaza) et sentinelles de l’Occident pour freiner les flux migratoires qui mettent l’Europe dans tous ses états, rien de tout cela n’a plus d’importance aujourd’hui. Les peuples sont devenus plus forts que leurs gouvernants ou les désirs des pays occidentaux.
C’est pour cela qu’aujourd’hui, mercredi 13 février 2011, c’est une bonne journée pour tous les peuples du sud de la Méditerranée. L’arrestation d’un ex-dictateur puissant comme Moubarak, n’est pas quelque chose qu’on voit tout le temps. Et cela va effrayer encore plus les despotes arabes.
Ce n’est pas suffisant, certes, mais c’est déjà ça.
Ali Lmrabet
Source : Demain Online, 13/04/2011
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