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L’ONU et le Sahara Occcidental, Javier Perote

Nous ne savons pas si le Conseil de sécurité (SC) acceptera que la mission de paix pour le Sahara occidental se charge de surveiller et de signaler d’éventuelles violations des droits de l’homme de la population sahraouie. Jusqu’à présent, il ne l’a pas fait et il n’y a guère de raison de s’attendre à ce qu’il le fasse. La France est déjà intervenue pour boycotter cette possibilité.

L’ONU ne cesse de faire preuve de son inefficacité, sauf quand il s’agit d’une affaire dans laquelle il y a l’intérêt de l’un des membres permanents du Conseil. Dans le cas du Sahara, c’est toujours la France qui est derrière tous les torts. Les États-Unis et d’autres pays, en particulier les monarchies arabes appportent un soutien inconditionnel au Maroc.

À de nombreuses reprises l’ONU, qui est né comme organisation pour le maintien de la paix, la paix semble que si ce n’était pas son affaire, tout au plus de quelques-uns, lorsque ceux-ci sont concernés. A cause de cela, plutôt que d’inaction l’on pourrait parler d’arbitraire. L’ONU est devenue un outil juridique qui couvre d’une patine de légalité les abus et les actes arbitraires des puissants. Les Nations Unies, où nous sommes tous, est devenue celle d’un petit groupe, dans laquelle nous sommes en majorité des figurants.

La MINURSO, Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara occidental, est l’instrument qui a été créé en 1991 pour rendre possible la réalisation du plan de paix, comme en témoigne leur première tâche: vérifier le cessez le feu entre les belligérants.

Toute mission mission de paix des Nations Unies a comme tache principale la surveillance des droits de l’homme de la population en question, un fait tout à fait logique. Comment peut-il y avoir de paix dans un pays sans respecter les droits fondamentaux des personnes?, De quelle paix serait-on en train de parler? Évidemment, je ne parle pas de la paix des cimetières.

Déjà en 1975, lorsque la Marche Verte, l’ONU a laissé entendre un certain message caché sur où allait son attitude par rapport à la question du Sahara occidental. A cette époque, le Conseil de sécurité n’arrivait pas à décider de prendre une position claire et il n’avait même pas demandé à Hassan II d’arrêter la Marche Verte, ce qui encourageait le Maroc à poursuivre son acharnement. Quelle différence avec l’attitude que le Conseil de sécurité avait en 1990, quand Saddam Hussein envahit le Koweït! Alors là oui, le Conseil de sécurité était fort. Le jour même de l’invasion, le 2 août, il avait déjà sorti sa première résolution de condamnation et le 6, en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, a adopté une résolution très forte condamnant l’invasion et appelé toutes les nations à participer à un boycott total de toutes les relations avec l’Irak. Et ainsi jusqu’au déclenchement de la brutale Tempête du Désert avec des milliers de morts irakiens inocents, même si elle n’était plus nécessaire parce que Saddam avait déjà annoncé son retrait du Koweït.

Mais en 1975, oh, paradoxe! La Mauritanie, qui était partie intéressée dans le partage du Sahara, faisait partie du Conseil de sécurité. Mais le plus important a été les décisions du Conseil de sécurité, et depuis c’est le cas, a été l’attitude de la France, dont le président était à l’époque Giscard d `Estaing. Oui, le même qui acceptait les diamants offerts par son ami le cannibale Bocassa 1er, empereur de l’Afrique centrale, apôtre de la paix et serviteur de Jésus-Christ.

Un autre cas et non moins frappant et récent, celui de la Libye, qui en moins de quinze jours avant le début de la crise (elle a commencé le 15 Février), le Conseil de sécurité a déjà décrété un embargo contre Kadhafi et à peine un mois plus tard autorisé l’utilisation de la force. Ils disent que c’est pour protéger les droits de l’homme de la population libyenne et la défense des insurgés qui au moment de lancer leur sa protestation avaient des armes et ils les ont utilisées. L’ONU accepterait-elle que les sahraouis utilisent des armes dans leurs protestations? Pourtant ils ont enquêté à Bruxelles et ailleurs pour voir si les Sahraouis avaient des armes ou non dans le camp de Gdeim Izeik, pour disculper le Maroc. Etait-elle pire ou plus injuste la situation de ces anti-Kadhafi que celle des Sahraouis dans les territoires occupés, prisonniers dans leur pays?

Mais pourquoi ne pas protéger les droits des sahraouis? Cette question est posée par beaucoup de gens et elle n’a qu’une seule réponse: parce que personne ne veut priver le Maroc de sa capacité d’intimidation sur la population. Et il n’y a rien de nouveau sous le soleil: une population qui veut être libre ne peut être soumise par la force, et c’est ce qui fait le Maroc avec le soutien de l’ONU. Tout cela me semble d’un cynisme écoeurant.

De 1976 à 1991 il y avait dans le territoire du Sahara une véritable guerre qui est arrivée jusqu’à la mer et même jusqu’à l’air. Mais pendant tout ce temps le Conseil de sécurité n’a pas estimé que les conditions étaient propices pour intervenir en vertu du Chapitre VII de la Charte, comme dans le cas de l’Irak, malgré les atrocités commises par l’armée du Maroc qui bombardait avec des bombes de phosphore une population civile qui fuyait en quête d’asile en Algérie. Et aussi, malgré la brutale répression s’exerçait sur la population sahraouie qui n’a pas pu ou n’a pas voulu fuir à l’arrivée des Marocains. Quelques années plus tard ils découvrent la terrible réalité des prisons secrètes dans lesquelles ont vécu jusqu’à vingt ans de réclusion beaucoup de femmes sahraouies, y compris des enfants, dont on ignorait le sort et étaient considérés des disparus. Pire encore,  le régime a interdit toute mention de prisonnier, au point que l’enfant dans son école n’a pas osé dire que son père a disparu et a seulement dit qu’elle s’était enfuie en le laissant abandonné. Tout pour le délit d’être sahraoui.

Il est impossible pour le peuple sahraoui d’oublier cela! Il peut peut-être pardonner, mais oublier …

Dans cette guerre-là, dans laquelle les États-Unis et la France ont participé sans aucun gêne en soutien au Maroc, le cessez-le-feu n’a eu lieu que lorsque les deux partenaires, face à la volonté de fer du peuple sahraoui de se défendre, ont cherché une solution qui serait moins coûteuse sans pour autant sacrifier leurs objectifs. Ils avaient pensé que, une fois terminé les derniers kilomètres de murs, des mines et de barbelés qui laissaient la plus grande partie du territoire dans les mains du Maroc et le protéger contre les attaques des sahraouis, il n’y avait aucune raison de poursuivre une guerre coûteuse, alors qu’ils pourraient atteindre le même but par d’autres moyens.

Et c’est ainsi que l’on est arrivé au Plan de Paix accepté par les deux parties qui indiquait la date du cessez-le-feu et la période précédant la date à laquelle toutes les opérations militaires seont arrêtées. Malgré les accords, les mots et les signatures, le Maroc a continué de bombarder des villes comme Birlehlu et Tifariti, en détruisant les puits d’eau dans la région en plein mois d’août.

Ces actions seraient les premiers signes de mauvaise volonté du Maroc de s’attacher à l’accord accepté. Après ils mettront en application toute serait dans une gamme originale d’astuces administratives en altérant même des clauses déjà approuvées dans le but d’entraver l’application du Plan. Ils ne sont pas non plus privés de la mise en œuvre de leur arme secrète: la corruption. De hauts responsables des Nations Unies ont été étrangement complaisants avec les prétensions marocaines; le pakistanais Zia Rizvi, le conseiller juridique Ben Achour, Perez de Cuellar, Boutros Ghali, Kofi Annan, Yaqub Kahn et d’autres. Personne n’ignore la manœuvre de Perez de Cuellar qui, quelques jours avant de quitter ses fonctions de Secrétaire général, a présenté des amendements favorables au Maroc dans la liste des électeurs sans consulter le Front Polisario, mais plus tard nous avons appris qu’il avait été nommé cadre supérieur dans une entreprise de l’empire économique du roi du Maroc, ou Kofi Annan qui  lorsqu’il nomme James Baker représentant personnel lui envoie le message qu’il doit chercher une solution qui prévoit une autonomie sous souveraineté marocaine, etc, etc

Le plan de paix est devenu une tromperie de plus, un manoeuvre de ralentissement dans le but de laisser passer le temps et permettre au Maroc de s’installer solidement au Sahara Occidental. C’est la seule explication à donner aux euphémismes avec lesquels on essaie d’aviter une déclaration retentissante en faveur du référendum d’autodétermination. Comment est-il possible que, après l’accord conclu par les deux parties en adoptant le plan de paix, qu’encore après vingt ans le Conseil de sécurité demande dans toutes ses résolutions que les parties se mettent d’accord sur une solution qui soit juste, durable et mutuellement acceptable. Le plan de paix était déjà cet accord. Si nous devons maintenant chercher un nouvel accord, qui nous assure qu’après ils ne vont pas demander un nouvel accord dans le cadre de l’accord précédent et celui-ci aussi dans le cadre de l’accord et ainsi jusqu’à … Jusqu’à quand? Ce fut l’une des tactiques Moratinos à utilisé pour plaire la France, retarder la question pour fatiguer les Sahraouis. Que les parties négocient, at-il dit, qu’ils se mettent d’accord, quand il n’y avait plus rien sur lequel se mettre d’accord et il ne restait qu’appliquer ce qui a était accordé.

Ce Moratinos ne se repose pas, il vient de laisser le poste de ministre et maintenant il veut être Directeur Général de la FAO (Agence d’Alimentation) et il est parti en Guinée voir son ami Obiang (proche du Maroc) pour demander son soutien. Quelles promenades se fait avec toute une cour d’assesseurs et autres frais payés, avec notre argent bien sûr. Est-il possible que, avec cinq millions de chômeurs, le gouvernement espagnol se permette une telle calamité pour lui promouvoir à ce poste aussi délicieux? N’a-t-il pas assez avec la pension de ministre?

La même preuve de cynisme a montré la ministre Jiménez peu de temps après son arrivée au pouvoir, tel que prescrit par l’ancien ministre, et chaque fois qu’elle est interrogée sur la question du Sahara elle répond: une paix juste, durable et mutuellement acceptable. Il convient de noter que, après tant de résolutions qui répètent cette phrase personne n’a donné un exemple de ce qui pourrait être cette solution. De quoi s’agirait-il?, Pourait-il y avoir une solution autre que la restitution au peuple sahraoui de ses droits?, Y a-t-il quelqu’un qui pense que cette offre d’autonomie que le Maroc propose sur un territoire qui n’est pas le sien peut être être cette solution durable et acceptable pour les Sahraouis? Il est clair que les Marocains ne veulent donner la moindre miette de ce qu’ils ont réussi à avoir toutes ces années de négociations frauduleuses avec la nécessaire coopération de l’ONU. Mais les Sahraouis ne peuvent plus rien céder en faveur de cette supposée solution juste, durable et acceptable, etc. Ils ont déjà donné tout ce qu’ils pouvaient. Ils ont même donné plus de ce qu’ils pouvaient.

Il est scandaleux qu’à ce point, le Secrétaire général de l’ONU n’ose pas (il doit avoir un comportement exemplaire sinon il n’aura pas un deuxième mandant) envoyer au Conseil de sécurité un rapport recommandant que la MINURSO, qui est la mieux indiquée pour le faire, se charge de la surveillance des droits humains des habitants du Sahara. Quel est le but de l’ONU?  Et en revanche, il recommande que cette question soit exercée par le Haut Commissariat aux droits de l’homme, le HCONUDH, dont les possibilités d’exercer ces fonctions sont très limitées, et à un organisme marocain comme c’est le cas du nouveau Conseil National pour les Droits de l’Homme. C’est à dire, l’ONU, organisme du droit international, propose à un gouvernement dictatorial de s’aoccuper des abus et de la répression subie par un peuple que ce même gouvernement réprime. La plus grande violation des droits du peuple sahraoui est celle que le Maroc exerce en occupant sa terre par la force et en lui déniant le droit à l’indépendance.

Il semble que les faits ont été programmés dans le but inavoué de forcer les Sahraouis à se lancer dans une guerre que les jeuns sahraouis réclament depuis quelques temps. Je n’irai pas jusqu’à critiquer l’emploi intelligent de moyens plus coercitifs dans sa lutte de libération, même si je pense qu’une guerre ouverte doit être le dernier recours. C’est certain que les sahraouis vont se battre héroïquement et vont écrire des pages de gloire, mais face aux puissant médias possédés par l’ennemi (la France viendrait en aide au Maroc comme dans le passé) ils ne pourront pas faire grand chose. Une guerre apporte son lot de souffrances pour la population, beaucoup de gens meurent, il y a beaucoup de blessés, certains gravement blessés pour toute la vie. Mais il y a aussi d’autres systèmes radicaux et peut-être plus efficaces de faire pression sur les personnes directement responsables de l’irrésolution de la question, il est question d’un peu d’imagination.

Il ya quelques jours l’agence marocaine d’information retournait sur le thème récurrent d’accuser le Polisario de terrorisme. Personne n’a connaissance d’actes de terrorisme commis par les Sahraouis, et je doute que toute personne impartiale bien informée sur la cause sahraouie puisse accuser les sahraouis de terroristes dans le cas où il entament une sorte de lutte armée. Je pense que, après avoir été dépourvus de leurs terres les 25.000 km de Tarfaya, après avoir été leurs camarades qui étaient tombés sur le champ de bataille, les camarades torturés en prison jusqu’à la mort et après avoir subi les 35 années de répression continue et barbarie du Maroc, ils ont gagné le droit d’utiliser la procédure qu’ils jugent la plus adéquate pour arracher leur liberté. Mais si un jour ils font  recours à une sorte de violence, je je demande qu’ils ne le fassent pas sans discrimination, que les justes ne paient pas pour les pécheurs, et qu’ils règlent leurs comptes avec ceux /celles qui ont les véritables coupables de leurs souffrances. Ils sont nombreuses et ils sont déjà marqués en rouge dans le sémaphore de l’histoire.

Après avoir lu cette écrit, l’on comprend que je ne vois pas avec de beaux yeux la dernière partie de l’initiative que l’APDH a présenté au Congrès dans laquelle l’on prévoit la possibilité de, compte tenu de l’inefficacité de l’Espagne en tant que puissance administratrice, soit la tâche de l’administration par l’ONU elle-même. Il se trouve simplement que je ne fais pas confiance à l’ONU, je pense que depuis le début elle n’a pas fait  franc jeu au Sahara Occidental.
Javier Perote
Poemario por un Sahara Libre, 26/04/2011

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