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Relations algéro-marocaines : La normalisation en marche ?

Apparemment les relations algéro-marocaines sont en train de connaître une période de réchauffement. En attestent les déclarations allant dans ce sens de hauts responsables des deux pays. Mieux, le meilleur indicateur de ce «dégel», après de longues périodes de brouille, est incontestablement l’échange de visites au niveau ministériel dans le but évident de booster les relations bilatérales.

Depuis presque deux mois maintenant on assiste en effet à un chassé-croisé des ministres de deux pays. C’est donc dans ce cadre que le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, effectue depuis hier une visite de cinq jours dans ce pays voisin. Au cours de cette visite, qui s’inscrit dans le cadre « du renforcement et du développement des relations de coopération entre les deux pays dans les domaines de l’agriculture, de l’agro-industrie et du développement rural », a indiqué un communiqué de ce département ministériel, Rachid Benaïssa aura certainement d’importants entretiens avec son homologue marocain, Aziz Akhennouch.
Avant cette visite de Benaïssa d’autres ministres algériens ont séjourné au Maroc dans le cadre justement de la dynamisation des rapports entre le deux pays. Il s’agit d’Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau et d’El Hachemi Djiar, ministre de la Jeunesse et des Sports. Des visites qui se sont soldées par la signature d’accords bilatéraux, comme c’était le cas pour le mémorandum de coopération dans le domaine des ressources en eau. Des ministres marocains ont également rendu la pareille à leurs homologues algériens. El Hachemi Djiar, ministre des Sports, a en effet reçu son homologue marocain, Moncef Belkhayat, à Alger au mois de mars dernier.
Au début du même mois Youcef Yousfi, ministre de l’Energie et des Mines, a eu des entretiens à Alger avec la ministre marocaine de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’environnement, Amina Benkhadra. Cet échange de visites est un signe qui ne trompe pas. Les deux pays confirment ainsi leur volonté de transcender tous les différends qui ont jusque-là miné leurs rapports pour aller de l’avant car il y va de leurs intérêts communs.
Le ministre des Affaire étrangères, Mourad Medelci, a, à maintes fois, déclaré ces derniers temps, qu’« un nouveau climat positif » est petit à petit en train de s’instaurer entre les deux pays . Pour le chef de la diplomatie algérienne cette volonté commune de Rabat et d’Alger de relancer leur coopération devra certainement donner lieu à « une avancée positive ». Ce réchauffement s’est aussi traduit par la dernière déclaration du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Effectuant une visite dans la wilaya de Tlemcen à la mi-avril le chef de l’Etat, et alors qu’il inaugurait le tronçon ouest de l’autoroute Est- Ouest, a souligné qu’« il n’y a pas de problème entre l’Algérie et le Maroc ». Il a ajouté que « Le problème du Sahara occidental est un problème onusien. Le Maroc est un pays voisin et frère. Il faut coopérer et nous devons coopérer (avec lui) ». Un message fort vite compris par le gouvernement marocain, ce d’autant que le président de la République s’exprimait alors qu’il se trouvait dans une région frontalière avec le Maroc. « Nous considérons que ce sont de bons propos » a tenu à souligner avant-hier le porte-parole du gouvernement marocain, Khaled Naciri, qui cela dit en passant, a ajouté que cela mérite d’« être traduit sur le terrain ». L’allusion à la nécessité de la réouverture des frontières terrestres entre les deux pays, une revendication sans cesse remise sur le tapis par la partie marocaine, est à peine voilée. Mais sur ce plan l’Algérie demeure relativement inflexible. « L’ouverture de la frontière n’est pas à l’ordre du jour et nous n’avons mandaté personne pour discuter de cela » a récemment indiqué Mourad Medelci. Mais le chef de la diplomatie algérienne à tout de même laissé entrevoir une possible solution à cette question puisque, comme il l’a réitéré à plusieurs fois, « les frontières entre les deux pays ne peuvent rester indéfiniment fermées ».
Et sur ce plan tout dépend de l’attitude du gouvernement marocain qui doit découpler la question des relations bilatérales de l’affaire du Sahara occidental, comme ll doit aussi accepter, comme le lui demande l’Algérie, de mettre à niveau l’ensemble des relations entre les deux pays. C’est dire que la normalisation de relations est un long processus qui a tout de même été entamé.
Par : Kamal Hamed

Le Midi Libre, 27/04/2011
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