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Coopération antiterroriste

Pourquoi l’Algérie coopère-t-elle si assidûment avec les Etats-Unis et la Grande Bretagne en matière de terrorisme mais pas avec la France, du moins à un niveau officiel ? La logique aurait voulu que ce soit plutôt avec cette dernière aussi que la coopération se développe. Certes, on voit mal des politiques français venir officiellement féliciter nos dirigeants d’une quelconque efficacité, dans ce domaine ou dans un autre d’ailleurs. Tout comme on voit mal nos politiques solliciter l’expertise française. 
 
Pourtant, la réalité impose cette coopération, et elle existe de fait : les services de sécurité des deux pays sont en relations étroites depuis longtemps, les responsables se connaissent et, souvent, le courant semble bien passer en raison de la langue et de la proximité géographique, culturelle ou historique. Contrairement aux deux autres puissances, concernées d’assez loin par la question, la France est souvent directement impliquée par les actes de terrorisme dans une région qui demeure, quoi qu’on dise, sous son influence. 
 
C’est au niveau politique que le problème se pose. On pense ici, à tort ou à raison, que le phénomène sécuritaire ne peut être isolé du reste. A l’inverse des relations commerciales ou culturelles, dont l’incidence sur la souveraineté paraît minime pour un pays qui dispose de fortes réserves de devises, les relations qui touchent à la sécurité interpellent des niveaux de sensibilité plus importants. L’Algérie préfèrerait coopérer avec des puissances censées être plus neutres, parce que géographiquement plus éloignées, simple illusion qu’accentue la différence des langues. 
 
Mais la France, comment voit-elle cet intérêt accru des Anglo-saxons pour son ancienne colonie ? L’absence de commentaires officiels sur les ballets diplomatiques américains et anglais qui s’organisent régulièrement à Alger, sans que la France y prenne part, traduit-elle une belle indifférence de l’Elysée ou bien serait-ce l’expression d’une réserve inquiète ? 
 
L’Algérie entend très clairement jouer le rôle d’une puissance régionale, qui aurait pour support son rôle sécuritaire dans la stabilité régionale, mais les récents événements de Libye contredisent cette prétention. On peut même avancer l’idée d’une « humiliation», les différents propos tenus sur notre pays par Alain Juppé en tout cas l’incarnent parfaitement. Certains experts vont jusqu’à prédire qu’il y aurait vengeance. Autrement dit, l’Algérie se «vengerait», et plus tôt qu’on ne le croit, de l’affront qui lui aurait été fait à l’occasion, par la France. On ne sait quel crédit accorder à ces analyses, mais elles suffisent à attester que tout ne va pas pour le mieux entre les deux pays – du moins dans ce domaine.
 
Les Débats, 26/10/2011
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