Gdeim Izeik, une année après

ALORS QUE LE MAROC CÉLÈBRE LE 36e ANNIVERSAIRE DE LA MARCHE VERTE

On l’a surnommé le camp de la Liberté, c’était la plus grande manifestation sociale au Sahara occidental depuis 1975. Entre 15 000 et 20 000 Sahraouis y vivaient, sous des tentes à une douzaine de km de El Ayoun, capitale occupée du Sahara occidental pour protester contre la politique du Maroc et réclamer leurs droits. Lundi 8 novembre 2010 à l’aube, la barbarie marocaine a précédé le réveil des Sahraouis. Le campement a été démantelé de force par l’armée marocaine. Le bilan officiel de la tuerie demeure à ce jour méconnu même si, de part et d’autre, l’on parle de 36 morts, une centaine de détenus et autres disparus. Ce qui est sûr et même certain c’est que ce jour-là, les Marocains ont tenté un génocide. Dans un bref entretien accordé au Courrier d’Algérie en mars dernier, la militante espagnole Isabel Terraza et son ami Antonio Velazquez, témoins oculaires des événements, n’a jamais cru qu’un humain pouvait, en aucun cas, faire preuve d’une telle violence envers un autre. «Franchement moi, personnellement, il m’est trop difficile de revenir sur ce qui s’est passé ce jour-là. En un mot, c’était un génocide. Cela restera gravé dans ma mémoire tant que je serai vivante. Oui, nous étions témoins du démantèlement du camp de Gdeim Izik, moi et mon ami. Nous y étions depuis les premiers jours de son installation soit depuis le 20 octobre 2010 plus exactement. Disons que nous avons beaucoup appris bien avant l’installation du campement en dehors de El Ayoun par les jeunes sahraouis et là un fait nous a marquées », at- elle témoigné. Une année est déjà passée. Et rien n’a changé. La situation dans les territoires occupés demeure la même face à un royaume marocain qui fait fi à toutes les condamnations de la communauté internationale imposant ainsi son diktat à des populations meurtries affamées et pourchassées au quotidien.

TRENTE SIX ANS DEPUIS LA MARCHE VERTE

Depuis quelques jours déjà, les chaînes de télévisions satellitaires marocaines n’ont cessé de diffuser des vidéos, reportages et autres infos concernant ce qui est appelé communément « la Marche Verte ». Des hymnes à la gloire de l’ancien monarque Hassan II ont été également diffusés à l’occasion. Le 6 novembre 1975 est une date que les Marocains glorifient. En commémoration du 36e anniversaire, l’hériter du trône, le roi Mohammed VI a appelé dimanche l’Algérie à coopérer efficacement pour la construction d’un Maghreb nouveau qui serait un «véritable moteur de l’unité arabe» capable d’assurer la «stabilité et la sécurité dans la zone sahélo-saharienne». «Le Maroc réitère sa disposition à tout mettre en oeuvre et notamment avec l’Algérie soeur, dans le cadre de la dynamique actuelle pour la concrétisation commune des attentes des générations présentes et à venir qui aspirent à l’avènement d’un ordre maghrébin nouveau», a déclaré le roi dans un discours à la nation. Et comme à chaque occasion, l’Algérie est prise à partie par le souverain marocain estimant que le plan d’autonomie élargi proposé pour résoudre ce conflit était crédible, appelant les différentes parties à oeuvrer pour trouver une solution politique définitive négociée. Il a en outre dénoncé les pires formes de privation, de répression, d’humiliation dans les camps des réfugiés sahraouis établis à Tindouf, appelant de même au recensement des réfugiés sahraouis de Tindouf qu’il considère tout bonnement comme étant des ressortissants marocains. «Nous récusons les manipulations (…) des adversaires de notre intégrité territoriale qui ignorent (…) les appels répétés notamment ceux du Conseil de sécurité de l’ONU et du Haut- Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR), pour que celui-ci procède à un recensement garantissant à nos frères de Tindouf le droit humain à une protection juridique, et leur permettant de jouir de tous leurs autres droits», a encore souligné Mohamed VI .

LA QUESTION DU SAHARA OCCIDENTAL : UNE PATÈRE DES MAROCAINS.

Quelques instants juste après le discours de Mohamed VI adressé à ses fidèles, la réaction du gouvernement sahraouie ne s’est pas trop faite attendre. La question du Sahara occidental est une «patère» du gouvernement marocain où il accroche les difficultés et les problèmes des citoyens à chaque fois que la pression populaire se fait sentir au Maroc, a indiqué un communiqué du gouvernement sahraoui, en réaction aux déclarations du Roi du Maroc, dimanche à l’occasion de l’anniversaire de son invasion militaire du Sahara occidental en 1975. «Encore une fois, comme d’habitude depuis 1975, le gouvernement du Maroc, trouve en la question du Sahara une patère sur laquelle il accroche toutes les crises du Maroc, la mettant à profit cette fois-ci pour distraire l’opinion marocaine des problèmes et des difficultés réelles des citoyens marocains, à l’horizon des élections prévues le 25 Novembre», souligne un communiqué du ministère de l’Information sahraoui. Déplorant la fuite en avant et l’obstination de Rabat à contourner les résolutions des Nations unies et le plan de règlement de ONU-OUA, ratifiée par le Conseil de sécurité et signé par les parties au conflit en 1991, stipulant l’organisation d’un référendum à l’autodétermination du peuple sahraoui, le gouvernement sahraoui a réaffirmé que la fin de la tragédie des peules de la région «interviendra lorsque l’État marocain mettra fin à la logique de l’occupation et de l’annexion par la force». La tragédie vécue par les réfugiés sahraouis depuis 36 ans «résulte exclusivement de l’invasion militaire marocaine illégale», qui a entraîné leur exode, fuyant les grêles des bombes au napalm et au phosphore. Leur question, comme témoignent les organisations internationales présentes sur le terrain, est «une question politique, dont l’issue est liée à leur droit à l’autodétermination et à l’indépendance », rappelle le communiqué publié dimanche, dont une copie est parvenue à l’APS. Par conséquent, affirme le gouvernement sahraoui, vouloir inclure le Sahara occidental dans «la régionalisation avancée », préconisée par Mohamed VI, est «une incongruité et une mystification». Les Sahraouis n’ont rien à y voir, sachant que ce n’est autre qu’une «nouvelle tentative de contourner le statut juridique du territoire, pour autant que c’est une zone internationale en passe d’être décolonisée à travers un référendum sur l’autodétermination». À cet égard, si le Roi du Maroc soumet une «proposition unilatérale coloniale», contraire aux principes qui régissent les questions de décolonisation, le Front Polisario, «unique représentant légitime du peuple sahraoui», a défendu et défendra «le droit du peuple sahraoui au choix démocratique et transparent, à travers un référendum libre, équitable et impartiale d’autodétermination, avec toutes les options, en particulier le droit à l’indépendance et l’établissement de sa pleine souveraineté sur son territoire national », a ajouté le texte.

Farid Houali
Le Courrier d’Algérie, 8/11/2011

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