L’«eurotite», maladie incurable

Par Ahmed Meskine

L’euro, devenue une monnaie appauvrissant de plus en plus des catégories sociales, contrairement au destin que lui réservaient ses concepteurs? L’euro en tout cas en phase de remise en cause malgré les nombreuses perfusions germano-français. L’euro qui avale sur son passage, vers une croissance difficile des pays fragiles comme la Grèce mais aussi d’autres paraissant assez fort pour supporter tous les vents comme l’Italie. La France, quant à elle, se met à l’épreuve de l’austérité en essayant de gagner quelques miettes pour sauver la République et les prochaines élections, mettant la droite en péril. Le prix de l’arrogance et du gaspillage, celui aussi d’un libéralisme qui s’est oublié sur le panthéon de la morale pensant que la consommation est le seul atout d’une économie. Et en toile de fonds une devise, le marché, toujours le marché. Le marché de plus en plus loin, de moins en moins sûr. Le marché avec ses prix, comme un délinquant, ne recule devant rien d’autre, que la perte du gain. Où sont donc les prix Nobel d’économie et autres stratèges du capitalisme qui ont préconisé des modèles exportables avec en prime une démocratie de façade. Fin de règne de théories et de calculs où le quantitatif l’emportait souvent sur la raison.

Des taux et des classements d’indicateurs censés donnait l’image parfaite d’un Occident civilisateur aux valeurs douteuses protégeant quelques guerres pour s’approprier plus de richesses, toujours plus de richesses. Combien jette-t-on de nourriture et d’autres biens, devenus «non conformes à la consommation», alors que le reste du monde a faim et soif, au point où des peuples entiers disparaissent pour laisser place à des terres sans hommes? La solution? Il n’y en a point. Le bout du rouleau est déjà là, comme sont déjà là les «indignés», mouvement de révolte tranquille, qui pointent du doigt les banquiers alliés des systèmes et sur lesquels repose la sortie de crise. Ou alors la fin de tout. Le chômage et la perte de tous les avantages de la modernité qui mesurait le bonheur par des chiffres, de simples chiffres muets quand il s’agit de définir le bonheur en dehors de la consommation. Retour à la case départ, à l’échange inégal du temps où l’on traitait l’économie politique d’imparfaite pour traiter certaines questions d’avenir, lui préférant le quantitativisme criminel. Celui qui distribue les revenus en fonction du travail de chacun et non pas en fonction de ses besoins. L’euro donc, enfant légitime du libéralisme, né des entrailles du profit résistera-t-il aux maladies infantiles ou n’était-il qu’un coup pour rien qui a fait perdre à l’Histoire tant de bons moments?

 
Le Carrefour d’Algérie, 12/11/2011
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