Mois : mars 2012

  • Pambazuka News, édition spécial élection au Sénégal (II) : Les responsabilités de la gauche

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    Pambazuka news (Ed. française) ISSN 1753-6847
    CONTENU: 1. Chroniques, 2. Plaidoyers & campagnes, 3. Courrier
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    Sommaire de cette édition
    Le 26 février, les Sénégalais sont allés voter pour contraindre Abdoulaye Wade à un second tour pour lequel il affrontera Macky Sall le 25 mars. L’expérience démocratique sénégalaise fait ainsi face à un nouveau tournant décisif. Un moment de rupture dont Pambazuka News va aider ses lecteurs à saisir les enjeux. A partir d’aujourd’hui, une édition française consacrée aux enjeux de cette élection vous parviendra les mardis et les jeudis, en plus du bulletin traditionnel du lundi, avec des informations factuelles, des analyses, des interviews d’acteurs porteurs d’idées de changement.
    CHRONIQUES
    Urgences et responsabilités histoires de la gauche sénégalaise
    Un premier tour entre enseignements et prévisions
    Trois scénarios avant que Wade ne dégage i
    Parler moins et agir pour un Sénégal en marche dans une Afrique debout
    PLAIDOYERS & CAMPAGNE
    L’opposition des Assises nationales aux côtés de Macky Sall
    COURRIER
    Le Sénégal insulté
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    1 Chroniques
    URGENCES ET RESPONSABILITÉS HISTORIQUES DE LA GAUCHE SÉNÉGALAISE
    Mamadou Ndoye
    La gauche sénégalaise s’est engagée avec Macky Sall dans le second tour de la présidentielle, mue par cette logique qui est de faire «dégager» Abdoulaye Wade. Mais si l’impératif de changement reste fort, la réflexion reste aussi impérieuse sur les ruptures que cette gauche doit porter pour inscrire un éventuel nouveau régime dans une nouvelle ère de gouvernance démocratique.
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    UN PREMIER TOUR ENTRE ENSEIGNEMENTS ET PRÉVISIONS
    Mamadou Ly
    Les résultats électoraux dans leur globalité constituent une importante base de mesure afin d’identifier et d’interroger les comportements des électeurs, ainsi que les motivations qui les sous-tendent. En repérant les espaces géographiques qui contiennent et structurent le comportement électoral, l’étude des résultats électoraux au Sénégal s’articule autour d’une combinaison de réflexions théoriques, culturelles, historiques, politiques et spatiales. cartographie_senegal.pdf ( http://www.pambazuka.org/images/articles/227fr/cartographie_senegal.pdf )
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    TROIS SCÉNARIOS AVANT QUE WADE NE DÉGAGE !
    Contraint à aller au second tour, Abdoulaye Wade se trouve devant une situation où les forces de changement ont une mission «historique» à accomplir. L’unité qui tend vers cet aboutissement s’impose avant tout.
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    PARLER MOINS ET AGIR PLUS POUR UN SÉNÉGAL EN MARCHE DANS UNE AFRIQUE DEBOUT
    Sékou Diabaté
    « Wade dégage ! » ne saurait être un programme en soit ! il ne devrait pas constituer une sorte de « cache sexe » devant le manque criant d’un frémissement programmatique et surtout d’engagements aux côtés du peuple au sujet de ses doléances et revendications, y compris de la diaspora.
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    2 Plaidoyers & campagnes
    L’OPPOSITION DES ASSISES NATIONALE AUX CÔTÉS DE MACKY SALL
    Le cadre est fixé, dans lequel l’opposition sénégalaise va apporter son soutien à Macky Sall pour le second tour de la présidentielle. Il s’agit de la Charte de gouvernance démocratique signée par les partis politiques et la société civile à l’issue des Assistes nationales.
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    3 Courrier
    LE SÉNÉGAL INSULTÉ
    Christophe Aubrun
    Le Sénégal insulté Il s’est produit, le 26 février dernier, un évènement si choquant, et en même temps si douloureux pour les amoureux de la démocratie qu’il est de mon devoir de citoyen de le dénoncer.
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  • Occident-Russie: fraîcheur dans les relations

    par Kharroubi Habib
    L’élection présidentielle que vient de remporter Vladimir Poutine en Russie a été, semble-t-il, émaillée d’irrégularités selon l’opposition russe dont les accusations ont été cautionnées par des observateurs étrangers ayant pris part à l’opération de contrôle du scrutin. Bien entendu, l’opposition russe dénonce la validité des résultats de cette élection présidentielle. Faut-il pour autant en conclure que Poutine n’a gagné que parce que ses partisans ont fraudé ? C’est aller trop vite en besogne et oublier que tous les sondages effectués en Russie autour de cette élection présidentielle ont annoncé la victoire inéluctable du candidat Poutine. 
    Il est vrai qu’après le mouvement de protestation citoyenne initié en Russie contre la fraude ayant entaché les élections législatives, la cote de popularité de Vladimir Poutine s’est sérieusement tassée. Pas au point cependant de donner corps à l’éventualité de sa défaite à l’élection présidentielle. Ce que d’ailleurs l’opposition ne s’est pas aventurée à prédire. Poutine n’avait pas besoin de frauder les urnes pour gagner. Présenter sa victoire comme résultat d’une fraude généralisée est l’argument réducteur sur lequel s’appuie l’opposition russe pour ne pas s’expliquer sur les autres raisons qui ont été la cause de sa déconfiture face à Poutine. 
    En Occident, Poutine n’a pas bonne presse. Pas seulement pour son penchant autocratique. On le présente comme un nostalgique de l’ex-URSS. Une nostalgie qui lui aurait fait opter pour des relations avec l’Occident qui, selon certains «experts» de ce camp, fleurent le temps de «la guerre froide». Ce retour à un passé décrié que lui imputent ces «experts», en est-il vraiment seul responsable ? Depuis la chute du mur de Berlin et l’effondrement du camp de l’Est, l’arrogance occidentale à l’égard de la Russie à qui toute ambition d’être considérée comme grande puissance a été déniée, s’est manifestée de façon humiliante pour le nationalisme russe. Poutine a construit sa popularité en flattant le patriotisme de la Russie profonde. Et cela en s’opposant à toutes les initiatives occidentales convergeant vers l’isolement de la Russie. 
    Le retour à la «guerre froide» dans les rapports russo-occidentaux est le fait de l’Amérique et de l’Europe au travers d’une politique de «containment» de l’Etat russe. Un simple regard sur la mappemonde le confirme au vu des implantations de forces militaires occidentales dans des zones qui étaient autrefois sous contrôle de l’ex-URSS et que la Russie continue à considérer comme appartenant à son aire d’influence. Ce n’est pas pour ses penchants autocratiques que Vladimir Poutine n’est pas en bonne odeur en Occident. Cependant l’inénarrable Boris Eltsine en a été pourvu à un degré plus haut, qui lui a été toléré parce qu’il ne s’est pas avisé de faire une politique étrangère visant à réhabiliter la Russie dans son rang de grande puissance au poids devant compter dans les affaires internationales. 
    Le parti pris occidental contre Vladimir Poutine trouve son origine pour l’essentiel dans le fait qu’à l’occasion de crises internationales cruciales, le nouveau président russe a démarqué son pays des démarches occidentales et fait ainsi constater que les années d’arrogance envers la Russie sont terminées et qu’il faut par conséquent compter avec elle. Face à cette réalité, les Occidentaux s’accrochent à l’espoir d’un mouvement de contestation anti-Poutine en Russie s’inspirant des révoltes du «Printemps arabe», quitte à donner le coup de pouce qu’il faut à ses initiateurs. Pas sûr cependant que le citoyen russe simple se laisse embarquer dans l’aventure. 
  • Instabilité au Sahel

    par M. Khalfaoui, (ancien officier supérieur de l’ANP) 
    Situation
    Depuis les années 1980, période durant laquelle Kadhafi décida de déstabiliser le Sahel en entrainant et armant les touaregs du Mali et plus tard ceux du Niger avant de les renvoyer chez eux se battre pour une amélioration des conditions de vie pour les uns, le rejet des pouvoirs centraux avec une idée séparatiste pour les autres, les armes venant essentiellement de Libye n’ont pas cessé de circuler dans ces contrées. Aujourd’hui, suite à la chute du ‘’ Guide’’ libyen, les touareg qui luttaient au sein de ses brigades fuient vers le Niger avec armes et bagages et s’ajoutent ainsi aux anciennes inquiétudes de Niamey et Bamako. S’agissant du terrorisme et du banditisme, on peut les situer depuis l’époque des sinistres GIA. Belmokhtar, dit Laouar qui était leur pourvoyeur en armes et munitions sillonnait le désert depuis l’Azawad jusqu’au Nord algérien. Aqmi, nouvelle appellation du GSPC (groupe salafiste pour la prédication et le combat) depuis son affiliation à al Qaida en janvier 2007, s’est manifestée au Sahel dès sa création par des actes de terrorisme et de grand banditisme ciblant des casernes militaires et les étrangers en particulier exigeant des rançons pour leur libération. A cela s’ajoutent les filières de trafics transfrontaliers en tous genres.
    Evolution de la menace
    Preuve de vie diffusée le 30 septembre 2010, représentant les sept otages enlevés au Niger quelques jours plus tôt. / AFP
    L’instabilité au Sahel pose de sérieuses appréhensions qui semblent récurrentes en ce qui concerne la question touareg. En effet, depuis 1963, date de la première fronde de ces populations au Nord-Mali, brutalement réprimées, leurs manifestations pacifiques restèrent étouffées jusqu’en 1990, lorsque Iyad Ag Ghali, chef du Mouvement populaire pour la libération de l’Azawad (MPLA) au Mali, déclencha la rébellion armée, en menant des attaques sur Menaka et Tidermène. Un mois après, le Front de libération de l’Aïr et de l’azawak (FLAA) de Ghissa Ag Boula frappait à Tchin-Tabaradène au Niger. La suite est connue. A la même année et sur initiative de l’Algérie, les chefs d’Etats Malien, Nigérien, Algérien, et le colonel Kadhafi, se réunirent à Djanet pour examiner les revendications de cette population qui rejeta, en 1958, la proposition coloniale de création d’un Etat saharien. Depuis, et malgré les entraves et les interférences de cetaines puissances, régionale et extrarégionale, l’Algérie ne s’est plus départie de son rôle de médiateur entre les mouvements Azawad1 et les pouvoirs centraux de Bamako et de Niamey, honorant ainsi ses responsabilités régionales. En effet, dés les années 1990, des dispositions urgentes d’intégration ont été mises en application, en commun accord des parties au conflit, et un plan de développement de l’Azawad, soutenu par le PNUD et d’autres bailleurs de fond, était en voie de réalisation. Mais, la question touareg semble ressurgir régulièrement avec d’autres mouvements armés2 pour d’autres revendications ou, tout simplement pour rejeter les accords de paix. Au même moment, l’Algérie se trouvait engagée dans une lutte armée, sans relâche, également. Les services de sécurité ont eu à combattre le MIA, l’AIS, les GIA, le GSPC et depuis 2007, Al qaïda du Maghreb islamique(Aqmi). En Mauritanie, la situation n’est pas bien meilleure. Depuis l’apparition de Aqmi, l’armée est engagée dans la traque de ces terroristes agissant sur son territoire. 
    En plus de la gestion des nouveaux mouvements armés qui nécessitent la mobilisation de forces de sécurité, et malgré la nouvelle situation en Libye, le Mali et le Niger sont confrontés à un double effort, celui du développement du Nord en particulier et celui d’une lutte contre les groupes armés de Aqmi qui opèrent dans la région. Si le traitement de la question Azawad favorise le dialogue parce que les revendications de survie ont le mérite de la clarté, le mouvement terroriste Aqmi impose la confrontation par les armes. Situation autrement plus exigeante pour nos voisins du sud et serait plus ‘’complexe’’ si les groupes terroristes trouveraient des dispositions favorables chez certains touareg. 
    Concertation des pays du champ
    A la lecture de la liste des pays participants à cette concertation : Algérie, Niger, Mali et Mauritanie dits « pays du champ », tenue les 7 et 8 septembre 2011, et qui n’est pas la première du genre, on est frappé par l’absence de la Tunisie, la Libye et le Maroc. Ne sont-ils pas concernés par les menaces qui se profilent au Maghreb ? ne sont-ils pas sensibles aux menaces qui pèsent sur la région ? ou espèrent-ils tirer les dividendes ? Certes, les pays du champ sont aussi les pays touchés par la décision de création de l’O.C.R.S.3décision qui, d’ailleurs concernait, d’une manière ou d’une autre, la Libye dans son Extrême-sud et peut faire donc de cette puissance régionale, désormais, un allié objectif. 
    Une réunion pareille, excluant ces mêmes pays, s’est tenue à Alger en 1993. On l’appela « Réunion des ministres des affaires étrangères des pays sahélo-sahariens » et de laquelle notre pays n’a tiré aucun bénéfice, au contraire l’inimitié des pays voisins fut dangereusement exprimée à l’époque par Kadhafi et le Roi Hassan II. Dans toutes les stratégies de luttes, chacun des protagonistes cherche à regrouper autour de sa cause le plus de soutiens possibles sinon le plus de sympathisants en vue d’isoler l’adversaire. Les pays du champ semblent opter pour l’exclusivité des réponses aux menaces apparentes. 
    Les soutiens traditionnels et objectifs de l’Algérie dans la région, Mali et Niger, classés parmi les pays les plus pauvres au monde et engagés dans le difficile développement du Nord conformément aux différents plans de paix, seront-ils en mesure de coopérer intensément à la sécurité de nos frontières communes ? A l’ouest et à l’est, la politique de bon voisinage semble avoir déserté la zone, respectivement depuis « la guerre des sables » en 1963 et l’avènement d’un certain Kadhafi en 1969. 
    Par contre, chez nos voisins, l’évolution se présente autrement, plus favorable. En effet, si la rébellion libyenne se trouve dans le collimateur de certains pouvoirs, sa protection par le peuple et son soutien par l’UE (Union européenne) sont fortement dissuasifs. Ses richesses et son saut dans le 3ème millénaire permettent l’optimisme, malgré les frictions entre certaines tendances politiques et religieuses, débats inhérents à toute révolution. Quant au Maroc, le Conseil de coopération des monarchies du Golfe vient de lui ouvrir grand les portes et attend de lui l’identification des domaines d’aides qu’il souhaite, sans restriction. Les USA, par la voix de son secrétaire d’Etat H. Clinton qui déclare « La question du Sahara Occidental trouve sa solution au sein du Maroc », rassure la monarchie dans sa politique d’occupation. 
    Aujourd’hui, Aqmi a ses refuges au Mali et en Algérie. Demain, et bien que les hauts responsables de l’OTAN rejettent cette éventualité, elle pourrait s’installer en Libye. Et si Aqmi est capable de déstabiliser l’Algérie, le Maroc pourrait être tenté de soutenir ses arrières. Hassan II disait « à chacun son Polisario ». L’histoire peut se répéter. 
    Les déclarations des ministres des affaires étrangères du Mali et du Niger, assorties de réserves, ainsi que celle du représentant de l’UE à l’issue de cette réunion, donnent une lecture d’une concertation inachevée : «Le Niger propose de rendre la présence sur le terrain du comité d’état-major opérationnel des armées des pays du champ plus effective et plus visible.» en termes plus simples : on ne voit rien sur le terrain. Le Mali qui abonde dans le même sens que notre pays, ne manque pas de prévenir sur les éventuelles failles: « La responsabilité de maintenir la sécurité est d’abord fondamentalement du ressort des pays voisins, mais en sollicitant l’aide des partenaires sur le plan du renseignement, de l’observation, de la formation.» Les appréhensions des deux pays sont claires et rappellent le principe de feu A. Boussouf « Minimum de confiance pour un maximum de sécurité ». Le sous-entendu est assourdissant, elles méritent beaucoup d’attention. Trouveront-ils un apaisement dans l’intervention du représentant de l’UE, manuel Lopez Blanco, qui déclare « la concertation régionale doit se consolider et même s’élargir. La sécurité et le développement au Sahel sont une priorité et un enjeu d’intérêt commun pour les pays de la région et pour l’UE qui s’est dotée d’une stratégie intégrée et régionale pour aider ces pays à faire face à l’insécurité et aux défis du développement ». Déclaration qui ne souffre d’aucune ambigüité et qui, à son tour, pourrait espérer l’adhésion de nos voisins. 
    Le schéma de la situation tragique en Afghanistan prend des contours de plus en plus précis au Sahel et, quitte à se répéter, le seul allié déterminant et objectif pour l’Algérie sur cette question est sans conteste la Libye débarrassée du Guide. Une réunion internationale sur le terrorisme est prévue au mois de mars 2012,dans un des pays du champ du Sahel. Les attitudes et les mentalités orthodoxes devraient, elles aussi, se conformer aux exigences de sécurité. 
    Comment ce GSPC, au moment où les services de sécurité algériens lui assenaient le coup de grâce, se transforme-t-il subitement en branche d’Al Qaïda ? Pourquoi Aqmi a-t-elle choisi la Kabylie pour ses refuges en Algérie ? Pourquoi la région Azawad au Mali ? Que retient-on d’une certaine Qaïda sinon un Irak occupé par les anglo-saxons, un Afghanistan déchiré, un Pakistan dont la souveraineté est souvent bafouée par l’armée US… Selon quel agenda fonctionne Aqmi ? Que retiendra t-on d’Aqmi ? L’OTAN serait-elle devenue le bras armé de l’ONU ? Comment expliquer la présence de plus en plus nombreuse des armées étrangères sur les terres arabes ? Aujourd’hui elles s’invitent au Sahel. 
    Cette situation de tension permanente piège la société en la maintenant en l’état et décourage les meilleurs volontés à l’investissement. A cela s’ajoutent les ravages de la corruption, qui devraient inciter le pouvoir à s’élever au dessus des considérations égoïstes pour poser un regard serein sur l’état de la Nation en ces temps de bouleversement. Le monde bipolaire n’existe plus et le Mouvement des pays non alignés a perdu son sens et son effet, pour ceux qui n’ont pas encore reçu l’information. La Ligue arabe s’est neutralisée. Les armes, à elles seules, n’emportent pas la décision. Le Soudan est divisé en deux, l’URSS malgré son armée rouge et son KGB a implosé. 
    Le Grand Sud ne brûlera pas

    Tout, autour de nous, change. Notre pays gagnerait à quitter ce carcan qu’impose un système ankylosé, au profit d’un renforcement du front intérieur et d’une nouvelle approche avec tous nos voisins sans exclusion conformément au principe du « Maghreb des peuples » cher à notre Révolution. 
    Si les conditions économiques de l’Azawad exacerbent l’irrédentisme touareg, l’Algérie dont le soutien aux efforts de stabilisation de nos voisins du sud est à saluer, ne peut perdre de vue la nécessité de l’implication des populations de cette région dans les exigences du développement. Enfin, la traque des terroristes de Aqmi auxquels s’ajoutent aujourd’hui, des éléments armés ayant fuit la Libye ou ayant opéré un repli tactique est une question de devenir de la Nation. Sur le plan tactique, la neutralisation de ces derniers, action urgente dans le cadre de la dynamique de changement que vit la région, peut trouver une réponse naturelle chez le nouveau pouvoir libyen. 
    Notre diplomatie devrait retrouver son envergure d’arme stratégique, persuasive voire dissuasive, dans ce nouvel ordre mondial et dans l’adaptation au présent des pouvoirs arabes car le spectre afghan et celui du Soudan réduit dans ses dimensions, rodent au Sahel. L’action militaire est sans doute nécessaire, et si on accepte de réfléchir autrement, d’autres mesures d’accompagnement ou une thérapie parallèle, plus efficaces, doivent être mises en œuvre dans le contexte du Monde arabe, celui que les révolutions sont en train de façonner. Car un déploiement pareil serait ullusoire, naïf dans un monde arabe paralysé qu’on continue à inhiber conformément au 3émeprincipe4 d’occupation proposé par N. Machiavel, et en lui interdisant toute forme d’émancipation suscpetible de réévaluer ses intérêts régionaux sous une autre norme, une norme plus juste. L’un des plus grands génies que l’humanité a enfanté, Albert Einstein, affirme : »Si nous ne changeons pas notre façon de penser, nous ne serons pas capables de résoudre les problèmes que nous créons avec nos modes actuels de pensée ».
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    1 – Azawad désigne le Nord du Mali. Pour une simplification de l’écriture et une facilité de lecture, dans le texte le terme remplace : Nord-Mali et Nord-Niger 
    2 – Deux nouveaux mouvements sont apparus en 2007. Le Mouvement national pour la justice MNJ au Niger et le « Groupe du 23 mai » au Mali. 
    3 – O.C.R.S. organisation commune des régions sahariennes. Conformément à la loi n° 57-27 du 10 janvier 1957, cet espace devient français… Cette ambition coloniale se heurta aux pouvoirs malien, nigérien et à la révolution algérienne. Les accords d’Evian, en 1962, consacrent l’indépendance de l’Algérie, principal ancrage de l’OCRS, et enterrent ainsi ce projet. 
    4 – « Lorsque les pays que l’on acquiert sont accoutumés à vivre avec leurs lois et en liberté, il y a trois manières de les tenir : […] ; la troisième, les laisser vivre sous leurs lois en en tirant un revenu et en y créant un pouvoir restreint qui vous en garde l’amitié. En effet, ce pouvoir étant créé par ce prince il sait qu’il ne peut exister sans son amitié et sa puissance et doit tout faire pour le maintenir » N. Machiavel. Le prince
    Source: La Nation, 4/3/2012
  • MAROC : Le livre qui fait peur au Roi

    L’Union internationale des éditeurs (UIE) a demandé aux autorités marocaines de respecter leurs obligations internationales en matière de liberté d’expression, après la censure du grand quotidien madrilène El País, pour avoir publié, les bonnes feuilles d’un livre écrit par Catherine Graciet et Eric Laurent, intitulé «Le Roi prédateur», selon un communiqué de l’UIE, cette dernière a condamné cet acte de censure et demande aux autorités marocaines de respecter leurs obligations internationales en matière de liberté d’expression, en autorisant la distribution du livre au Maroc. 

    « En interdisant ce numéro de El País qui publiait les bonnes feuilles du livre intitulé «Le Roi prédateur », les autorités marocaines prennent à contrepied le vent de liberté qui souffle, actuellement, sur la région », a déclaré Olivier Bétourné, président des Éditions du Seuil et membre du comité liberté de publier de l’Union internationale des éditeurs (UIE). Celle-ci qui condamne la censure de ce journal, prend, par ailleurs, les devants, en invitant le Maroc à autoriser la distribution au Maroc du livre «Le Roi prédateur». « Ce livre est, certes, fort critique du roi du Maroc et de sa cour, mais il est écrit de bonne foi et est le fruit d’un travail d’enquête exceptionnel », a précisé le communiqué. « À défaut, si la distribution du livre venait à être interdite, l’UIE considérerait que le Maroc contreviendrait à ses obligations internationales en matière de liberté d’expression et de liberté de publier, notamment au titre des articles 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques », a averti le communiqué. 
    Pour sa part, Bjorn Smith-Simonsen, président du Comité liberté de publier de l’UIE a ajouté que « l’UIE saisit cette occasion pour rappeler à toutes les parties prenantes que le groupe de travail du Conseil des droits de l’homme des Nations unies sur l’Examen périodique universel (EPU) examinera, prochainement, à Genève la situation des droits de l’homme au Maroc, lors de sa prochaine session au mois de mai ». L’Union internationale des éditeurs (UIE) est l’ONG qui représente les éditeurs au plan international. Créée en 1896, à Paris, elle a pour mission de promouvoir et de protéger l’édition. L’UIE est une association professionnelle disposant d’un mandat dans le domaine des droits de l’homme. L’UIE, à l’heure actuelle, compte 65 membres dans 53 pays, rappelle- t-on.
    M. B.
    Le Courrier d’Algérie, 5/3/2012
  • Le message, par Djilali BENYOUB

    Le terrorisme a encore frappé. À Tamanrasset. L’attentat kamikaze est signé Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) qui en est à son second acte après la revendication de l’enlèvement des trois humanitaires dans le camp des réfugiés sahraouis à Tindouf en octobre 2011. Ainsi se distingue le Mujao de sa matrice, Aqmi, qui a abandonné l’attentat kamikaze pour verser dans l’industrie lucrative de l’enlèvement des étrangers. 
    C’est peut-être sur les procédés que les deux organisations criminelles divergent ou alors c’est que le Mujao a voulu marquer sa présence en osant frapper là où aucun autre groupe terroriste ne s’est aventuré. 
    Manière également de se rapprocher de la secte nigériane Boko-Haram qui a fait de l’attentat et des massacres le principal socle de sa doctrine alors que sa création remonte à l’automne dernier qu’il inaugura avec l’enlèvement des trois Occidentaux. 
    En portant l’action à Tamanrasset, ce groupe terroriste, qui s’inscrit dans la droite ligne d’Al-Qaïda, veut certainement porter atteinte à une ville symbole de la lutte antiterroriste dans la région du Sahel.
     
    Le message est adressé aux pays du Sahel qui ont uni leurs efforts autour du Cemoc pour lutter contre Aqmi qui a bénéficié de la confusion en Libye pour se procurer des armes et des explosifs.
     
    Ce défi a été encouragé par les tensions en Libye et au nord du Mali, et bien entendu, la passivité et la lenteur de certains pays de la région à inscrire la sécurité du Sahel dans leurs priorités. D’où les failles dans le contrôle des immenses frontières dont des pans entiers sont sous le contrôle des groupes d’Aqmi, des narcotrafiquants et autres trafiquants d’armes dont le marché a connu un boom avec la crise libyenne.
     
    Reste, cependant, posée la question de savoir comment ce nouveau groupe terroriste composé des anciens d’Aqmi et probablement du renfort de Boko-Haram ait pu atteindre Tamanrasset alors que toute la zone est traversée par des turbulences depuis plus d’une décennie ? 
    La lutte contre le terrorisme ne devrait pas s’accommoder d’états d’âme et de calculs. La preuve, le Mujao vient de cibler la ville qui abrite l’état-major du Sahel. Tout un symbole. 
    Liberté, 4/3/2012
  • Aqmi a encore frappé

    Un attentat à la voiture piégée a eu lieu, hier, vers 7 heures du matin, contre le siège de la brigade de la Gendarmerie nationale de Tamanrasset, faisant au moins 23 blessés, selon un premier bilan communiqué par la Protection civile. Le bilan provisoire établi par les services hospitaliers de la ville fait état de 15 gendarmes, 5 éléments de la Protection civile et 3 civils blessés. Les premières indications provenant de témoins oculaires, précisent qu’il s’agit d’un attentat perpétré par un kamikaze, au volant d’une Toyota Station, et qui s’est fait exploser en fonçant contre la brigade de gendarmerie, dont le siège est situé au quartier Tahagart, dans le centre de Tamanrasset. 
    Selon un correspondant de presse, joint, hier, en fin d’après-midi, l’attentat aurait fait plus de 30 blessés parmi les gendarmes, dont un sous-officier de faction, qui a été très grièvement blessé, précisant que la déflagration a également provoqué d’importants dégâts au bâtiment situé sur l’artère principale de la ville, ainsi qu’aux autres bâtisses et demeures adjacentes, dont les vitres ont volé en éclats et les façades ont été fissurées et gravement endommagées. Un officier du commandement de la Gendarmerie nationale de Chéraga, à Alger, qui a refusé de commenter l’attentat, affirme seulement que le bilan aurait pu être plus lourd si le kamikaze avait pu terminer sa course, laquelle se dirigeait vers l’entrée principale des locaux administratifs pour s’y incruster, et si le kamikaze n’avait pas été stoppé au milieu de la cour de la brigade. Au début de l’après-midi, soit quelques 5 heures après l’attentat, un groupe armé a revendiqué l’opération. Il s’agit de la «Djamaât Tawhid wal Djihad fi garb Ifriqia», soit le groupe du djihad en Afrique de l’Ouest, caricaturalement transcris en «Mouvement d’unicité et du Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao)», par la presse occidentale, et qui s’était fait connaître lors du rapt des trois humanitaires de Hassi Rabouni, à Tindouf. «Nous vous informons que nous sommes à l’origine de l’explosion (…) ce matin à Tamanrasset dans le Sud algérien», a indiqué le groupe sans donner d’autres indications. Si le modus operandi de l’attentat semble pointer du doigt Al Qaïda au Maghreb – le même mode opératoire a été adopté dans des attentats similaires à Si Mustafa, Thénia, Boumedès, Naciria et ailleurs au nord de l’Algérie -, pour le moment, la seule indication à portée de main est celle de ce curieux communiqué du non moins curieux groupe qui se fait appeler « Djamaât Tawhid wal Djihad fi garb Ifriqia ». C’est la seconde fois que ce groupe, la «Djamaât Tawhid wal Djihad fi garb Ifriqia», fait parler de lui. La première fois, c’était il y a quelques mois, avec le rapt de deux Espagnols et 1 Italienne, Ainoha Fernandez de Rincon, Enric Gonyalons et Rossella Urru, enlevés des camps de Hassi Rabouni, à Tindouf. Et comme pour l’attentat d’hier, la revendication du groupe Tawhid wal Jihad en Afrique de l’Ouest était aussi venue du Mali. S’agit-il là d’un sous-groupe qui opère pour le compte d’Aqmi ? Est-ce un nouveau groupe autonome, qui agit à partir du Sahara et du Sahel, avec des inclinaisons vers l’Ouest-Mali, Mauritanie, Sénégal et Burkina Faso ? On serait tenté de le penser, car aussitôt après le rapt des trois humanitaires à Tindouf, les services de sécurité algériens avaient suivi avec une grande rigueur les pistes de l’Afrique de l’Ouest, la Mauritanie, le Sénégal et le Burkina-Faso, et des réunions avaient été tenues avec ces trois pays. D’autres sources parles de ce groupe comme une dissidence d’Aqmi, qui, sans entrer en guerre avec elle, la complète et pousse plus vers l’Ouest. Hier, jusqu’à la fin de journée, aucun site proche d’Al Qaïda, n’avait diffusé d’informations, ni de communiqué sur l’attentat de Tamanrasset.
    Fayçal Oukaci
    Le Courrier d’Algérie, 4/3/2012
  • La grosse ficelle

    Par Kamel Amghar 
    Au mois d’octobre de l’année dernière, trois humanitaires européens (une Italienne et deux Espagnols) ont été enlevés au camp de réfugiés de Rabouni, près de Tindouf, par un commando terroriste se revendiquant d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). C’est le premier kidnapping visant des étrangers dans cette zone. La diplomatie marocaine, extrêmement hostile au Polisario, saute immédiatement sur l’occasion pour évoquer la complicité des responsables sahraouis dans ce rapt très médiatisé outre-mer. Dans les semaines qui ont suivi, de nombreux journalistes ont largement spéculé sur cette supposée connivence entre le service de sécurité du camp et les ravisseurs. 
    Exploitant cette ébullition médiatique, le Makhzen pousse sa propagande un peu plus loin pour impliquer tout l’organigramme de la République arabe sahraouie et démocratique (Rasd) qui lutte depuis 1975 pour l’indépendance de ce territoire annexé de force par les forces royales marocaines suite au retrait espagnol de la région. Cet activisme marocain vise maladroitement à présenter les résistants du Polisario comme des terroristes ou des alliés d’Al Qaïda afin de fragiliser leurs positions dans les négociations informelles, toujours en cours, entre les deux parties. Malgré toutes les assurances des responsables de la Rasd, le Maroc et ses relais en Occident entretiennent savamment la suspicion et persévèrent dans cette cabale pour discréditer leurs vis-à-vis. A supposer que des agents de sécurité du camp aient vraiment livré les otages, cela engendre naturellement de lourdes responsabilités pour les autorités sahraouies. Mais de là à comparer le Polisario et la Rasd à Al Qaïda, la ficelle est manifestement trop grosse. Si l’on doit juger les choses de la sorte, des accusations similaires peuvent être portées contre de nombreux Etats comme le Niger, le Mali, la Mauritanie, l’Egypte, la Tunisie, l’Algérie et même le Maroc, où des enlèvements et des attentats pareils ont eu lieu à un moment ou un autre. 
    Le conflit du Sahara occidental, justement considéré par les instances internationales (UA, ONU) comme une question de décolonisation, constitue un sérieux obstacle à l’expansionnisme marocain. Prenant tardivement conscience de ce fait, le roi Hassan II, après des décennies de fuite en avant, était d’ailleurs acquis à l’idée d’un référendum d’autodétermination, tel que suggéré par l’Assemblée onusienne. L’intronisation ultérieure de Mohamed VI a été accompagnée d’un recul scandaleux sur ce dossier. Ne voulant pas renoncer à ce bout de territoire spolié, le nouveau souverain lui suggéra l’autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine. Une option rejetée dès le départ par les représentants légitimes du peuple sahraoui mais que les alliés du Maroc (la France et les Etats-Unis, notamment) s’efforcent de maintenir sur la table des négociations. S’accrochant à ce triste épisode de l’enlèvement des trois humanitaires, Américains et Français exercent sur les autres pays du Maghreb, en particulier, et l’ensemble de la communauté internationale, de manière générale, d’énormes pressions dans le but d’entacher le combat des Sahraouis pour la liberté et l’indépendance. 
    Lors de sa récente tournée dans la région, la première responsable du département d’Etat US, Hillary Clinton, a laissé entendre que la lutte antiterroriste dans la région du Sahel devrait être étendue aux territoires sahraouis occupés. «Nous avons beaucoup discuté de la question sécuritaire, notamment au Sahel. Nous voulons élargir cette coopération à d’autres pays de la région», dira-t-elle à l’issue de son entretien avec le conseiller du Roi et son ancien chef de la diplomatie, Taieb Fassi Fihri. Une façon, à elle, de donner carte blanche aux services de sécurités marocains dans leur triste œuvre de répression du mouvement indépendantiste. Comme en Palestine, les puissants de ce monde peuvent toujours «taxer» de terrorisme la résistance et la lutte pour la liberté, mais sans jamais parvenir à en éteindre la flamme. Toutes les consciences encore libres de ce monde savent distinguer entre les deux. La cause des Sahraouis, comme celle des Palestiniens, est juste. Aucun mensonge ne peut attenter à sa légitimité.
  • Attentat à la voiture piégée à Tamanrasset

    Par Hamid Fekhart 
    Un attentat à deux nouveautés qui, les deux, donnent froid dans le dos : à Tamanrasset qui n’a jamais connu ce genre de barbarie même durant la décennie noire et, pis encore, revendiqué par un groupe terroriste étranger. 
    Il s’agit d’un attentat à la voiture piégée perpétré hier contre le groupement de Gendarmerie nationale qui a fait 23 blessés, selon ce même corps qui a rapporté que la déflagration a causé des blessures à 15 gendarmes en poste, 5 éléments de la Protection civile et à 3 citoyens qui étaient de passage. 
    Cet immonde attentat, le premier commis dans la ville de Tamanrasset, a été perpétré à 7h45 par un terroriste à bord d’un véhicule tout terrain de marque  » Toyota Station  » qui a ciblé l’entrée principale du groupement de la GN, a-t-on encore précisé. Toutes les victimes ont été évacuées vers l’hôpital de la ville de Tamanrasset et leur situation est hors de danger, à l’exception d’un gendarme gardé sous observation médicale, rassure la Gendarmerie nationale. L’explosion a causé d’importants dégâts au bâtiment situé sur l’artère principale de la ville et aux constructions et habitations voisines dont des vitres ont volé en éclats et des façades ont été lézardées. Le bilan aurait pu être plus lourd si la Toyota Station, n’avait pas été stoppée au milieu de la cour de la brigade. 
    Les appréhensions d’Alger se confirment. Ce qui donne encore plus froid dans le dos est le fait que cet acte barbare soit signé par une organisation terroriste étrangère. En effet, dans la même journée d’hier, le  »Mouvement Unicité et Jihad en Afrique de l’Ouest » (Mujao) l’a revendiqué, dans un message rendu public par l’AFP (Agence française de presse). 
    « Nous vous informons que nous sommes à l’origine de l’explosion, ce matin, à Tamanrasset dans le sud de l’Algérie », a indiqué le  »Mujao », un groupe islamiste apparu en 2011 et qui prône le djihad en Afrique de l’Ouest, dans son message. A en croire des experts, cette organisation terroriste, qui, le 12 décembre 2011, avait rendu publique une vidéo montrant des hommes armés encadrant deux femmes, une Italienne et une Espagnole, ainsi qu’un Espagnol, enlevés le 23 octobre dans la région de Tindouf, serait une dissidence d’Aqmi dirigée par des Maliens et des Mauritaniens. 
    Dans une autre vidéo visionnée en décembre 2011 à Bamako, six membres du  »Mujao » enturbannés, dont la plupart ont la peau noire, ont exposé leur idéologie, se référant à Oussama Ben Laden, chef d’Al-Qaïda, et à des figures historiques de l’islam en Afrique de l’Ouest subsaharienne… Cette revendication aussi surprenante qu’inattendue, vient donc affirmer les appréhensions d’Alger quant à une propagation du terrorisme international dans la région du Sahel, concrétisée par une alliance « diabolique » entre la nébuleuse Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), et les groupuscules islamistes activant sur le sol africain. Ce qui a mené d’ailleurs les autorités algériennes à défendre une stratégie commune dans la lutte antiterroriste notamment au lendemain du « printemps arabe » qui a soufflé la flamme de l’idéologie de la « guerre sainte ». 
    La « révolution » libyenne n’est pas elle aussi innocente. En effet, le conflit libyen, qui dure encore, a permis aux terroristes activant dans la région, de s’approvisionner en armes, après une longue agonie. 
    Un Mali faible et une Libye désengagée. Disons-le encore. Cet attentat, distingué et par le lieu et par les signataires, marque probablement un tournant dans le parcours du terrorisme au sahel. La lutte y afférente devrait, elle aussi faire objet de réajustement, ce qu’Alger, forte de son expérience en la matière, n’a de cesse de plaider. Mais peut-on créer une stratégie basée sur la coopération avec un Mali, considéré comme le maillon faible dans la lutte antiterroriste, et une Libye complètement désengagée ? 
    Pas si facile ! En effet, pourchassée par le monde entier, l’Aqmi trouve, au grand dam des Etats et des citoyens, refuge au Mali, un pays qu’on taxe d’ailleurs de « mauvaise foi ». A cela 
    s’ajoute, le CNT qui, très mal dans son propre pays et souffrant d’un manque de légitimité flagrant, menace de couper jusqu’ aux relations diplomatiques avec Alger ! Mais le terrorisme l’a largement prouvé : il ne connaît pas frontières.
    Les Débats, 4/3/2012
  • Pambazuka : Edition spéciale Elections Sénégal 2012

    Pambazuka, le journal électronique qui est une plateforme de la justice sociale en Afrique, nous offre cette semaine une édition spéciale sur les élections du Sénégal. Une série d’analyses présentées en cinq billets :
    par Tidiane Kassé
    Pendant quatre semaines le Sénégal a semblé aller vers un chaos politique porteurs de tous les dangers. . Après un violent soulèvement contre la candidature d’Abdoulaye Wade pour un troisième mandat, réprimé dans le sang avec une dizaine de morts, l’expression citoyenne des Sénégalais a pris une autre dimension. Le 26 février, ils sont allés voter pour contraindre Wade à un second tour. L’expérience démocratique sénégalaise fait ainsi face à un nouveau tournant décisif. Un moment de rupture dont Pambazuka News va aider ses lecteurs à saisir les enjeux. A partir d’aujourd’hui, une édition française consacrée vous parviendra les mardis et les jeudis, en plus du bulletin traditionnel du lundi, avec des informations factuelles, des analyses, des interviews d’acteurs porteurs d’idées de changement.
    Pour la deuxième fois après la présidentielle de 2000 qui avait porté Abdoulaye Wade au pouvoir, le Sénégal va connaître une élection à deux tours. Si les manifestations populaires n’ont pu empêcher sa candidature, jugée anticonstitutionnelle par l’opposition, les urnes lui ont signifié son niveau d’impopularité.
    Entre Abdoulaye Wade et Macky Sall, le choix des Sénégalais pour le second tour de la présidentielle n’offre pas une profonde rupture. Le challenger a grandi dans le parti du père qu’il va défier. Ministère, puis Premier ministre et président de l’Assemblée nationale, leur rupture ne remonte qu’à 2008, à la suite d’une crise interne au sein de l’institution parlementaire. Les Sénégalais devront choisir en tenant compte de facteurs subjectifs entre deux hommes qui ont plus partagé qu’ils n’ont été antagonistes.
    Dans l’attente du face à face décisif du second tour, Abdoulaye Wade et Macky Sall se sont déjà lancés dans la recherche des alliances qui seront décisives. Dans une déclaration faite le 27 mars, au lendemain du premier tour, Abdoulaye Wade n’avait pas perdu du temps pour s’inscrire dans cette hypothèse d’un second et ouvrir des perspectives d’alliances.
    La configuration politique sortie du premier tour de la présidentielle qui se dessine dans ce second tour offre des enseignements dans les stratégies politiques par rapport aux masses. Les candidats qui ont mené les luttes populaires et violentes, dans le cadre du M23, pour s’opposer à la candidature de Wade, délaissant par conséquent la campagne électorale, ont vu Macky Sall tirer profit d’une démarche différente qui l’a vu aller au contact des populations pour porter son discours à travers le Sénégal.
  • Surprise : Le ministère des transports rend publique la liste des bénéficiaires des agréments

    Rabat.- Le Maroc est un immense agrément. Depuis un certain temps le ministre des transports, Abdelaziz Rabbah, annonçait la publication du cadastre du transport public, c’est-à-dire la liste de ceux qui bénéficient d’un agrément de transport qui concerne surtout les autocars qui sillonnent le royaume.
    Dans un communiqué du ministère, il avait annoncé : « Dans l’objectif de la concrétisation de la Constitution, et du programme du gouvernement, et suite à l’engagement du ministère à renforcer son système de gouvernance et à développer la transparence et amener l’administration à bien servir le citoyen et l’appuyer dans son droit à l’accès à l’information, le ministère publiera sur son site internet, dans les jours qui suivent, les listes des bénéficiaires de toutes les autorisations de transport (licences et agréments) concernant le ministère de l’équipement et des transports ».
    Depuis aujourd’hui, c’est chose faite. Demain a pu consulter la très longue liste des bénéficiaires de ces agréments de transport. Mais, comme il y a 400 pages et une infinité de noms, nous n’allons pas pouvoir, dans un premier temps, offrir à nos lecteurs une liste exhaustive.
    Il faut savoir qu’à côté des transporteurs professionnels, dont le métier est de transporter les voyageurs, il y a une infinité de personnalités du monde de la politique, de la culture et du sport qui n’ont rien à faire sur cette liste.Il y a aussi quelques surprises.
    Pourquoi le père de Fouad Ali El Himma, Ahmed Ali El Himma est sur la liste des bénéficiaires alors que l’on sait que le défunt père du fondateur du Parti authenticité et modernité (PAM) et actuel conseiller royal était un retraité de l’Education nationale ?
    Pourquoi des politiciens comme Abdelbari Zemzemi Bensedik, Mohamed El Ouafa, le syndicaliste (en France) Akka Ghazi et d’autres ont-ils eu droit à cet agrément ?
    Pourquoi les Sahraouis Brahim Hakim, Guejmoula Ben Abbi et quasiment toute la famille de Khatri Joumani ont-ils une licence de transport alors qu’ils ne sont pas dans le besoin ?
    Car, que des descendants du martyr Zerktouni et de l’émir Mohamed ben Abdelkrim El Khattabi, bénéficient de l’aide de l’Etat, c’est parfaitement compréhensible, mais que les familles des Maâti Bouabid, Fal Ould Omeir, Haddou Echiguer, Balafrej, Mezouari El Glaoui, Basri, Amahzoune et d’autres soient traités de la même manière, cela n’est pas concevable.
    Comme n’est pas concevable le fait que des ex-polisariens comme Brahim Hakim et Guejmoula Ben Ebbi, etc. soient bénéficiaires de ces agréments. Ext-ce que cela veut dire que le Maroc a acheté leur défection du Polisario et leur fidélité au régime alaouite ?
    Mais le plus scandaleux dans cette liste c’est l’octroi d’un agrément de transport à Miloud Tounzi, l’un des kidnappeurs de Mehdi Ben Barka, un personnage trouble qui est recherché par la justice française. Si Tounzi a été récompensé de la sorte, cela explique beaucoup de choses…
    Et puis ne parlons pas de ces sportifs, et de ces actrices (Naïma Lamcharki, Mouna Fettou, etc…) qui, les pauvres, sont tellement dans le besoin qu’ils ont demandé et obtenu une « grima ».
    Il faut signaler que des noms de personnalités écrites d’une manière différente nous échappent, des agréments inscrits aux noms des épouses ou des parents des bénéficiaires sont difficiles à débusquer, ainsi que ceux qui ont mis l’agrément au nom d’une entreprise familiale.
    Voici une liste non exhaustive.
    La politique :
    Abdelbari Zemzemi Bensedik
    Akka Ghazi
    Mohamed El Ouafa
    Famille Fall Sidi Ould Omeir
    Famille Dey Ould Sidi Baba
    Héritiers de feu Ahmed Ali El Himma
    Héritiers de Driss Basri
    Famille Abdelkrim El Khattabi, à savoir : Fatima, Rkia, Mouna, filles de Mohamed ben Abdelkrim El Khattabi ; Yamina bent Abdeslam El Khattabi, Fattouma bent Mohamed ben Ali M’rabet (epouse fe Mohamed Abdelkrim El Khattabi et Khadija bent Abdeslam El Khattabi.
    Héritiers de feu Maati Bouabid
    Famille du martyr Zerktouni
    Héritiers de Mohamed Haddou Echiguer
    Famille Balafrej
    Famille Meziane-Bellefkih
    Famille Fassi
    Le monde du sport :
    Mohamed Aziz Daouda
    Khalid Rahilou
    Nourredine Naybet
    Salah Eddine Bassir
    Youssef Chippo
    Abdelhaq Blinda
    Hassan Akesbi
    Abdelmajid Dolmi
    Abdelaziz Bouderbala
    Zaki Badou
    Ahmed Faras
    Mohamed Timoumi
    Tahar El Khalej
    Khalid El Bied
    Lahcen Abrami
    Noureddine Bouyahiaoui
    Mustapha Madih
    M. Tarik El Jarmoun
    Zakaria Aboub
    Abdellati Jrindou
    Hasna Ben Hassi
    Le monde de la culture :
    Naïma Samih
    Mouna Fettou
    Naïma Lamcharki
    Les Sahraouis :
    Brahim Hakim
    Gajmoula ben Ebbi
    La très nombreuse famille Joumani
    Divers :
    Karima Benaïch (ambassadrice)
    Joumala El Alaoui (Ambassadrice)
    Miloud Tounzi (l’un des kidnappeurs et probablement assassins de Mehdi Ben Barka)
    Abdelkader Saka (Impliqué dans la disparition de Mehdi Ben Barka)
    Georgette Archane
    Hadda Boumghouz, veuve de feu Moulay Driss Amehzoun
    Héritiers de Hajja Izza bent Larbi
    Demain, 1/3/2012