Mois : octobre 2020

  • Un avenir incertain pour les familles marocaines détenues dans le camp d’al Hol en Syrie.

    Des dizaines de Marocains sont toujours pris au piège à Al-Hol, dans le gouvernorat d’Al-Hasakah, dans un camp de réfugiés conçu pour les familles des combattants de l’Etat islamique.

    Le personnel d’InfoTalQual a contacté Yassin Amghan, chargé de communication de la Coordination nationale des familles de Marocains bloqués et détenus en Syrie et en Irak, pour connaître la situation de dizaines de familles marocaines détenues dans le camp d’Al-Hol. Il y a exactement 73 femmes, 207 enfants qui sont avec leur mère, 17 orphelins et 92 hommes détenus dans les différentes prisons gérées par le « SDF »

    Pour le moment, les familles syriennes et irakiennes détenues prévoient de quitter le camp dans les semaines à venir, mais les étrangers, y compris les Marocains, n’ont pas encore de date. La Coordination nationale des familles tente de résoudre le problème depuis un certain temps, «depuis la fondation, et avec l’aide de militants des droits humains, nous avons travaillé pour trouver des voies et moyens pour résoudre ce dossier épineux. Nous avons rencontré de nombreux responsables et agences responsables pour obtenir le retour de ces familles, en tenant compte de leurs conditions difficiles, et nous avons également essayé de faire passer le mot sur cette tragédie vécue par de nombreuses familles marocaines. « 

    Selon Yassin Amghan au Maroc, les choses commencent à se passer concernant les revendications de la Coordination nationale des familles, «il y a un mouvement qui a commencé récemment, depuis que le parlement a donné son approbation pour former une commission d’enquête sur les conditions dans les lieux de détention dans laquelle se trouvent les Marocains. Une question écrite a été présentée à la Chambre des représentants au ministre en charge des Marocains résidant à l’étranger, lui demandant de revoir le dossier ».

    En ce sens, les propos d’Abdelhak El-Khayyam, directeur de l’Office central marocain des enquêtes judiciaires, ressortent également. Le haut responsable de la sécurité a exprimé sa profonde satisfaction face au retour des détenus marocains et assuré qu’ils ne seraient pas persécutés sur le sol national.

    Les conditions de vie des femmes marocaines détenues et de leurs enfants dans les camps des Forces démocratiques syriennes sont tragiques. Ils vivent dans des tentes qui n’ont pas les besoins les plus élémentaires, souffrent de conditions météorologiques extrêmes en été et en hiver, beaucoup d’entre eux sont également malades.

    Il y a quelque 70 000 réfugiés dans le camp d’Al-Hol, les femmes et les enfants représentant 92%. Il n’y a pas de type de programme éducatif pour les plus petits, la grande majorité est très pauvre et a de graves problèmes de malnutrition.

    Le camp de réfugiés d’Al-Hol a été créé pour abriter les dizaines de milliers de familles qui vivaient dans le califat (État islamique) qui s’étendait sur de vastes zones de Syrie et d’Irak jusqu’à sa défaite territoriale il y a six mois. Il est gardé par quelque 400 miliciens kurdes. Le camp comprend seulement trois cliniques mobiles, six points médicaux fixes et deux ambulances.

    Info Talqual, 12 oct 2020

    Tags : Syrie, terrorisme, Al Hol, familles marocaines, ISIS, Daech, Etat Islamique,

  • La Belgique vue par les algériens

    L’inconsistante Belgique ou l’héroïsme ordinaire

    Par Amine Bouali

    La Belgique est un pays plutôt ennuyeux, elle n’a ni le soleil de l’Italie ni le panache de l’Espagne. Mais c’est aussi un véritable cas d’école : depuis décembre 2018, elle n’a pas de vrai gouvernement mais dans la vie quotidienne, tout fonctionne apparemment normalement, et à côté de sa capitale, la cosmopolite Bruxelles, ses deux régions si dissemblables, la Wallonie et la Flandre, se détestent cordialement, sans se résoudre encore à se déclarer la guerre.

    Le plat pays, à l’inverse de sa voisine du sud, la grandiloquente France, ne se prend pas au sérieux et n’arrête pas de se moquer de lui-même. Ce bout de terre de rien du tout, d’à peine 11 millions d’habitants, est pourtant la patrie de Tintin, du coureur cycliste Eddy Merckx, du peintre René Magritte et de l’immense Jacques Brel.

    Malgré son inconsistance apparente, il est le 24ème plus riche pays de la planète et son PIB a atteint 533 milliards de dollars en 2019. Avec beaucoup moins de ressources naturelles que d’autres pays mais surtout avec beaucoup moins d’esbroufe et de paresse. Le lecteur peut se demander quelle mouche nous a piqués pour faire ce petit éloge insolite de la lointaine Belgique ? D’abord, bien sûr, pour une raison surréaliste, et ensuite parce que ce pays approximatif nous a semblé être l’exemple instructif de l’héroïsme ordinaire et le contraire… de la fanfaronnade !

    Algérie1, 11 oct 2020

    Tags : Belgique, Algérie, Wallonie, Frandre, Tintin, Eddy Merckx, Magritte, Jacques Brel,


  • Belgique : Les tziganes se font passer pour des arabes

    « Salam Alikom », une expression qui fait partie du vocabulaire qu’une tzigane a appris pour profiter de la générosité des arabes et des musulmans. Ceux-ci, par soucis de religion, ne voient pas d’un bon oeil l’indifférence envers un mendiant, un être humain qui se trouve dans le besoin.

    Elles portent un foulard mais sont trahies par la couleur de leurs yeux. Il ne faut pas être un expert en antropologie pour dénicher les caractères propres des Tziganes de l’Europe de l’Est.

    A Bruxelles, elles se trouvent dans les quartiers à fort densité maghrébine et arabe en général. Pour elles, il s’agit d’un juteux marché qu’il faut exploiter à fond. Pour cela, il faut prendre l’identité d’une Fatima ou d’une Halima. Les potentielles victimes de cette arnaque identitaire sont nombreuses.

    La Zakat (l’aumône) constitue l’un des cinq piliers de l’Islam. Les gitanes en sont conscients. Alors on les entend solliciter la générosité des passants en disant « fi sabilillah » qui veut dire « pour la satisfaction de Dieu ». Si vous être tenté par la conversation, vous allez être déçu. Leur connaissance de l’arabe ne va pas au-delà de quelques mots pour demander une pièce. Elles sont voilées juste pour le rôle qu’elles jouent en vue de ramasser quelques pièces.

    Les musulmans, seraient-ils plus généreux que les chrétiens et les laïques européens?

    Tags : Belgique, tziganesm gitans, l’aumône, mendicité, musulmans, générosité,

  • La Ligue arabe en quête de président de session

    Par Mohamed Habili

    En septembre dernier, après la Palestine, qui avait renoncé à son tour de présider l’actuelle session de la Ligue arabe, la 154e du nom, en raison de la non-adoption de sa résolution condamnant la normalisation avec Israël par les Emirats et le Bahreïn, cinq autres membres se sont à leur tour excusés de ne pouvoir assumer ce rôle. Ce sont, par ordre d’intervention si l’on peut dire : le Qatar, les Comores, le Koweït, le Liban et la Libye.

    Si cette liste n’a pas été plus longue, c’est sans doute parce que l’offre d’occuper le siège laissé vacant par le ministre palestinien des Affaires étrangères ne s’est pas poursuivie. On ne sait trop d’ailleurs comment s’expliquer cette cascade de refus, probablement sans précédent dans l’histoire de l’organisation. Est-ce par répugnance à accepter ce à quoi un autre membre a renoncé de son propre chef, ou par solidarité avec lui ?

    Et à ce dernier titre, par conséquent, en manière de condamnation des initiatives des Emirats et du Bahreïn, prises d’ailleurs en contradiction flagrante avec le plan arabe conditionnant la paix avec Israël à l’établissement d’un Etat palestinien. Cela dit, il est bien possible que ce soit pour les deux motifs à la fois : d’une part, pour ne pas avoir à présider une session comportant bien des désagréments, et de l’autre, pour ne pas donner le sentiment d’accabler davantage les Palestiniens.

    Ces derniers ne pouvaient décemment pas continuer à présider la session après que leur motion condamnant les initiatives émiratie et bahreïnie n’a pas été adoptée par la Ligue, n’ayant obtenu sur elle qu’une minorité de voix. Toutefois, même attitude abstentionniste lorsque les Emiratis ont proposé une motion contraire, dans laquelle ils demandaient l’approbation de leurs pairs pour leur initiative.

    En toute logique, on ne peut s’abstenir et dans le premier cas et dans le second. Si on se refuse à condamner une résolution, c’est qu’on est pour elle, sinon totalement du moins dans une bonne mesure. Et si on est contre elle, c’est qu’à l’inverse, on est pour la condamner. Mais ce n’est pas ainsi que l’entend la plupart des membres de la Ligue, qui veulent conserver leurs bonnes relations à la fois avec les Palestiniens et avec les Emirats et le Bahreïn.

    La même incohérence ne peut évidemment pas être imputée à ceux des membres ayant déjà établi des relations avec Israël, c’est-à-dire l’Egypte et la Jordanie. On le peut encore moins s’agissant de la première qui elle s’est empressée de se féliciter de la normalisation en question, à la différence de la Jordanie qui a réservé son opinion.

    L’Egypte pourtant n’est pas sans savoir que ce ne sont pas exactement pour les mêmes raisons que les Emirats et le Bahreïn ont normalisé avec Israël. La géographie lui avait fait obligation, comme d’ailleurs à la Jordanie, d’établir des relations diplomatiques avec Israël. Or, ce n’est pas la recherche de la paix qui justifie l’initiative des Emirats et du Bahreïn. C’est même l’inverse, l’idée que la guerre avec l’Iran est quelque chose d’inévitable à terme, et que dans cette perspective l’alliance avec Israël est la meilleure des garanties de ne pas en faire les frais le moment venu.

    On peut donc facilement imaginer l’Egypte et la Jordanie se démarquant de l’initiative des Emirats et du Bahreïn, ce que bien sûr elles n’ont fait ni l’une ni l’autre.

    Le Jour d’Algérie, 11 oct 2020

    Tags : Ligue Arabe, Palestine, Israël, Proche Orient,

  • Kissinger : Les États-Unis et la Chine doivent se fixer des lignes rouges pour éviter une troisième guerre mondiale

    Sans règles, la situation peut être « similaire à celle qui a précédé la Première Guerre mondiale ». Il répondait indirectement à Pompeo, l’actuel Secrétaire d’État qui a avait dénoncé l’historique ouverture des États-Unis sur la Chine menée par Kissinger sous la présidence de Nixon pour casser le camps communiste et affaiblir l’Union soviétique.

    Par : David Wainer – Bloomberg

    L’ancien secrétaire d’État Henry Kissinger a déclaré que les États-Unis et la Chine devaient se fixer des règles d’engagement dans leur concurrence de plus en plus féroces si ils ne veulent pas risquer de recréer les mêmes conditions chaotiques qui avaient caractérisé la politique mondiale et qui avaient mené à la Première Guerre mondiale.

    « Nos dirigeants et leurs dirigeants doivent discuter des limites au-delà desquelles ils ne pousseront pas les menaces », a déclaré Kissinger, 97 ans, mercredi lors d’un débat via Internet organisé par l’Economic Club de New York. « Et puis ils doivent trouver un moyen de mener une telle politique sur une longue période. »

    « Vous pouvez dire que c’est totalement impossible », a-t-il ajouté. « Et si c’est totalement impossible, nous glisserons vers une situation similaire celle qui avait prévalu à la veille de la Première Guerre mondiale. »

    Kissinger, qui a été l’artisan et le négociateur du rapprochement des États-Unis avec la Chine sous la présidence de Richard Nixon, a déclaré que l’objectif était alors de créer un contrepoids à l’Union soviétique. Il a déclaré qu’il était de plus en plus alarmé par une nouvelle guerre froide qui se développait entre la Chine et les États-Unis, qu’il attribuait aux progrès technologiques qui ont considérablement changé le paysage géopolitique.

    Les États-Unis ont besoin d’une « nouvelle façon de penser » qui comprend que le monde est trop complexe pour qu’un pays « parvienne à une telle supériorité unilatérale à la fois en termes de stratégie et d’économie que personne ne sera en mesure de nous menacer », a-t-il déclaré dans son accent allemand devenu sa marque distinctive.

    Ses avertissements sont survenus alors que l’administration du président Donald Trump annule – et même désavoue – l’ouverture à la Chine qui est l’héritage largement loué de Kissinger, qui était également le conseiller à la sécurité nationale de Nixon et dont le rôle dans la poursuite de la guerre du Vietnam a été, à l’époque, reprouvé.

    S’exprimant à la bibliothèque présidentielle Richard Nixon en juillet, le secrétaire d’État Michael Pompeo a qualifié les dirigeants chinois de tyrans résolus à l’hégémonie mondiale, brossant un sombre portrait de la direction du pays alors que les tensions montent en flèche entre les deux plus grandes économies du monde.

    « Si nous plions le genou maintenant, les enfants de nos enfants pourraient être à la merci du Parti communiste chinois, dont les actions sont aujourd’hui le principal défi pour le monde libre », a déclaré Pompeo. « Le monde libre doit triompher de cette nouvelle tyrannie » avait-il conclu.
    Bloomberg

    Afrique-Asie, 10 oct 2020

    Tags : Etats-Unis, Chine, troisième guerre mondiale, conflits, affrontements, guerre, 

  • Commentaire : Bataille

    Par Fouzia Mahmoudi

    Alors que les sondages sur l’élection présidentielle de 2022 en France se multiplient ces dernières semaines, il apparaît de manière de plus en plus évidente qu’il manque à droite une personnalité capable d’enthousiasmer et de rassembler les électeurs de cette famille politique. Et si certains noms ont plus de succès que d’autres auprès des personnes sondées, aucun ne sort, pour le moment, du lot.

    C’est dans cette conjoncture que l’ancienne ministre sarkozyste Rachida Dati a posé des jalons en vue de la présidentielle de 2022 en affirmant au quotidien britannique «The Times» sa détermination à «gagner» cette élection.

    Interrogée, dans le cadre d’un portrait, sur ses projets pour les deux années à venir, l’ex-candidate LR à la Mairie de Paris a répondu : «Gagner l’élection présidentielle de 2022», selon ses propos publiés en anglais par le journal. «Quand vous faites de la politique et que vous gagnez des batailles électorales et que vous faites en sorte que votre cause avance, que vous défendez vos valeurs et une communauté de destins, nécessairement, il arrive un moment où vous vous dites, surtout quand vous voyez l’état du pays, cette bataille, peut-être que je pourrais la mener», a ajouté l’ancienne ministre de la Justice.

    En juillet déjà, Rachida Dati avait estimé avoir «un rôle à jouer» pour la présidentielle. «Ce sera à ma famille politique de choisir un candidat pour 2022», mais «je participerai à cet engagement majeur», avait-elle alors affirmé au «Parisien» en se disant convaincue qu’il n’y a «pas d’homme ou de femme providentielle».

    Début septembre, elle avait cependant assuré que l’ancien ministre Xavier Bertrand, qui se positionne activement pour 2022 depuis l’été, était «celui qui a le plus faim» à droite. «J’ai envie, mais je veux que ce soit le meilleur et je ne sais pas si je peux être la meilleure», avait alors ajouté Dati sur BFM TV en se plaçant «dans une dynamique collective».

    Les Républicains, anticipant une possible défection de François Baroin pour la présidentielle, ont renvoyé le choix de leur candidat à avril 2021. L’ancienne garde des Sceaux est revenue sous les feux des projecteurs après une campagne combative pour la Mairie de Paris qui l’a placée en deuxième position (34 % des voix au second tour) derrière Anne Hidalgo (49 %), alors même que sa candidature au départ avait été largement moquée.

    Par ailleurs, dans le cadre de l’enquête sur Carlos Ghosn, une information judiciaire a été ouverte par la justice sur des faits d’«abus de biens sociaux» et de «corruption passive» autour de contrats de conseil passés par l’alliance Renault-Nissan avec Rachida Dati et le criminologue Alain Bauer, que l’ancienne eurodéputée a régulièrement dénoncée comme une «manœuvre» et une «instrumentalisation».

    Reste à voir si les électeurs de droite à l’échelle nationale, comme l’on fait les électeurs de droite de Paris, seraient prêts à se ranger derrière l’ex-garde des Sceaux, qui malgré les moqueries qu’elle a eues à subir tout au long de sa carrière, a toujours réussi à sortir du lot et à ne pas tomber dans l’oubli comme ce fut le cas pour tant d’autres personnalités politiques avant elle.

    Tags : France, Macron, Rachida Dati, Nicolas Sarkozy, élections, campagne, Paris,

  • La police belge acquitté de la mort d’un jeune marocain de 17 ans

    La police belge a été acquitté dans le dossier de la mort du jeune marocain de 17 ans, Mehdi. Pour le parquet de Bruxelles, il n’y a pas eu d’infraction.

    Le parquet de Bruxelles a annoncé jeudi les résultats de l’enquête judiciaire qui a été menée à la suite du décès de Mehdi Bouda, 17 ans, décédé sur le coup des suites d’une collision par une Golf GTI de la police locale.

    Le frère de la victime n’hésite pas à comparer le cas de son frère à celui de George Floyd, le black américain tué par asphyxie.  » Dans le cas de George Floyd, c’est un genou qui le tue, dans le cas dans mon frère c’est une voiture de police (…) toute la violence, tout le débat est là, un jeune qui prend la fuite car il se sent en insécurité « , affirme Ayoub Bouda.

    Tags : Belgique, Maroc, marocain, Mehdi Bouda, George Floyd,

  • Laila Lalami bricole habilement l’historiographie et donne ainsi vie à un esclave noir

    Une seule phrase lui a été consacrée en historiographie. Dans son roman La Florida, Laila Lalami donne vie de manière convaincante au premier explorateur noir américain.

    Plus de trente ans après la découverte du continent américain par Christophe Colomb, les Espagnols, dont l’officier espagnol Cabeza de Vaca, réclament la Floride pour la couronne espagnole. En 1527, c’est très simple. Le drapeau est hissé sur la plage de sable blanc et le notaire, lisant son parchemin, déclare que le roi et la reine d’Espagne ont un nouveau territoire d’outre-mer.

    Mais le reste de l’expédition d’exploration se transforme en désastre. Tout d’abord, l’équipage est en proie à la faim, la soif, la fièvre et les attaques des tribus indigènes, puis la flotte est détruite par des erreurs de navigation. Sur les six cents hommes, quatre survivent: l’officier Cabeza de Vaca (« tête de vache ») lui-même, deux Espagnols et un esclave noir.

    Leur célèbre histoire de survie est la suivante: les quatre hommes rejoignent différentes tribus indiennes, d’abord en tant que serviteurs qui sont battus lorsque l’ancien du village n’aime pas quelque chose, puis en tant que médecins auxquels sont attribués des pouvoirs mystiques (y compris la prononciation de l’Ave Maria). Quand, après huit ans, ils rencontrent accidentellement des cavaliers d’une nouvelle mission espagnole, les hommes eux-mêmes sont devenus des demi-Indiens: ils portent des tuniques en peau de daim jusqu’aux genoux, des tresses jusqu’à la poitrine, des boucles d’oreilles turquoise et un bâton de marche rouge avec des plumes d’ara. Le récit de l’officier de ses années avec les peuples amérindiens, adressé et dédié au roi, est d’une grande valeur anthropologique en raison de sa connaissance culturelle détaillée de leurs langues et modes de vie.

    Le quatrième survivant

    Voilà pour l’histoire originale enregistrée dans l’historiographie. Mais l’œil de l’écrivain Laila Lalami (1968, Maroc) attire l’attention de quelque chose qui a toujours été négligé: le quatrième survivant, Estebanico, qui est également protégé de la maladie et de la mer perfide, est « un noir arabe d’Azamor ». Cela fait «El Negro», conclut Lalami, le premier explorateur noir d’Amérique. Et comme on ne sait rien de son parcours – une seule phrase lui est consacrée dans le récit de voyage complet – l’écrivaine, qui est également professeur à l’Université de Californie, lui fait revivre son roman La Florida, un Pulitzer et finaliste. Prix ​​Booker.

    Son personnage principal s’appelle Mustafa ibn Muhammad ibn Abdussalam al-Zamori, mais a été renommé Estebanico par les Espagnols. Son idiome est le silence, et la parole est un penseur, un témoin silencieux; pas un conquérant avec une ruée vers l’or mais un esclave du conquérant, quelqu’un qui devient un explorateur contre sa volonté. Lalami donne à l’esclave noir la liberté que son célèbre compagnon n’a pas obtenue, car il veut avoir un pied blanc avec le roi espagnol: Estebanico décrit les événements réels, y compris les détails pervers que l’officier omet dans son célèbre récit. Que les Espagnols ont épousé des Indiennes et que les Indiens ont été maltraités, torturés et violés, par exemple.

    Dans l’histoire originale, après avoir été sauvé après toutes ces années, l’esclave est vendu au vice-roi espagnol, qui s’est installé sur le continent américain. Dans l’histoire de Lalami, il essaie de sortir de ce sort en se faisant déclarer mort afin de pouvoir retourner dans sa tribu avec sa femme indienne enceinte, heureusement pour toujours, et jusqu’à ce que la mort les sépare.

    Lalami ébranle habilement les fondements du récit de voyage historique et nous rappelle que – selon le narrateur – rumeurs, fantasmes et mensonges sont inclus dans l’historiographie officielle et, surtout, cachés et oubliés. Cela ne devient plus d’actualité.

    Source : De Volkskrant, 9 oct 2020

    Tags : Maroc, Laila Alami, La Florida, esclave noir, Espagne, Amérique,

  • Les Ahmadites, ces musulmans interdits de Mecque

    Par Jean-Claude Buhrer

    Qualifié d’ « hérétique » par l’islam orthodoxe, ce courant non violent, hors la loi au Pakistan, est à l’origine du premier minaret de Suisse

    Dans le cadre du débat sur les minarets et accessoirement de la place de l’islam dans les sociétés européennes, les médias ont évoqué l’exemple de la première mosquée de Suisse, inaugurée officiellement en 1963 dans un quartier résidentiel de Zurich en présence de l’ancien ministre pakistanais des affaires étrangères Zafrulla Khan et du maire de la ville. Depuis lors, le minaret de dix-huit mètres de haut de l’édifice fait bon ménage avec le clocher de l’église réformée voisine sans faire de vagues. Or, il convient de préciser que, si ses fidèles sont plutôt discrets, la mosquée Mahmud a été bâtie par la communauté ahmadite, un courant musulman réformiste et pacifique considéré comme « hérétique » par l’islam orthodoxe et dont les adeptes sont persécutés dans plusieurs pays.

    Aujourd’hui stigmatisé comme secte par ses détracteurs, le mouvement ahmadite (Ahmadiyya Muslim Jamaat), du nom de son fondateur Hazrat Mirza Ghulam Ahmad, vit le jour en 1889 à Qadian, un village du Pendjab, en Inde d’avant la Partition. Estimant que l’islam s’était sclérosé, ce prédicateur musulman prêcha pour un renouveau et se proclama mahdi (messie), alors que pour les orthodoxes Mahomet passe pour le dernier prophète. A sa mort en 1908, un califat fut instauré et à ce jour cinq califes élus à vie lui ont succédé à la tête du mouvement, ce qui a encore alimenté l’hostilité des autres mahométans.

    Avec pour devise Amour pour tous, haine envers personne, les ahmadites prônent l’ouverture et la bonne entente dans la société, rejetant l’interprétation agressive du djihad et toute forme de terrorisme. Au nombre de vingt à trente millions à travers le monde selon les sources, ils sont actifs dans les œuvres sociales et l’humanitaire, notamment en Afrique où vivent d’importantes communautés indo-pakistanaises. Relativement prospères et dynamiques, les communautés d’Amérique du Nord, d’Australie et de Grande-Bretagne se sont signalées par la construction d’imposantes mosquées financées par de généreux donateurs, comme celle de Londres pouvant accueillir dix mille croyants et dotée d’une chaine satellitaire dernier cri.

    Alors qu’ils cohabitaient jusque là avec leurs coreligionnaires et que certains avaient même occupé de hautes fonctions dans leurs pays respectifs, les ahmadites ont été mis au ban de la société depuis qu’en 1973 l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), créée quatre ans plus tôt pour « libérer Jérusalem », les a déclarés « non-musulmans », leur interdisant du même coup de faire le pèlerinage de La Mecque. Ensuite, en 1979, le mouvement ahmadite était exclu de la communauté musulmane par la Ligue islamique mondiale, si bien que la mosquée de Zurich est désormais boycottée par les autres obédiences.

    C’est en République islamique du Pakistan, berceau de leur foi et où ils étaient bien représentés dans l’élite intellectuelle, que la condition des quelques millions d’ahmadites que compte le pays n’a cessé d’empirer. Jugés hérétiques et déclarés « minorité non-musulmane » par un amendement constitutionnel introduit en 1974 pour donner satisfaction aux fondamentalistes, ils en sont réduits à raser les murs et font l’objet de toutes sortes de vexations : leurs lieux de culte sont étroitement surveillés, ils n’ont pas le droit de les appeler mosquée, ni même d’inscrire sur les murs des versets du Coran et encore moins de se déclarer musulman ou d’entrer dans une mosquée reconnue.

    En vertu d’une ordonnance de 1984 sur l’interdiction des activités « anti-islamiques », puis l’année suivante d’une loi prévoyant la peine de mort pour blasphème, la situation s’est encore détériorée pour les ahmadites ainsi que pour les minorités chrétienne et hindouiste, en bute à des raids meurtriers et boucs émissaires tout désignés dès qu’une flambée de mécontentement éclate quelque part. Ainsi, le 1er août, dans un village du Pendjab, une foule en colère a tué six chrétiens et en a blessé une dizaine d’autres quelle accusait d’avoir profané le Coran. Près de Lahore, un chrétien a été battu à mort pour avoir bu du thé dans une tasse réservée aux musulmans, tandis qu’à Islamabad un mur a été construit pour protéger les musulmans des chrétiens d’un bidonville.
    Même les témoins muets du passé préislamique n’échappent pas au vent de folie meurtrière qui souffle sur le « Pays des purs ».

    En 2007, les islamistes avaient dynamité un bouddha de sept mètres de haut dans la vallée de Swat, l’un des derniers vestiges de la civilisation du Gandhara depuis la destruction par les talibans des bouddhas de Bamyan en 2001 en Afghanistan. Dans l’indifférence générale. Ensuite ils ont fait sauter des écoles de filles, parce que pour eux l’éducation n’est pas faite pour les femmes, avant d’imposer la charia et leur régime de terreur qui a fait fuir des centaines de milliers de paisibles civils de la vallée naguère l’un des lieux de villégiature les plus prisés. Le 17 novembre encore, une nouvelle école de filles, la troisième en un mois, était détruite à l’explosif près de Peshawar, alors que dans le reste du pays, y compris dans la capitale, les écoles doivent fermer régulièrement sous les menaces des islamistes. Sans parler des attentats-suicides, presque quotidiens et même contre des mosquées, commis par des musulmans contre d’autres musulmans. Plus sanglants que d’autres conflits surmédiatisés, ces règlements de comptes inter-mahométans n’émeuvent guère l’ONU et encore moins le monde islamique.

    Toujours prompt à faire la leçon aux autres comme porte-parole de l’OCI, le Pakistan ne se prive pas de fouler impunément au pied la liberté religieuse garantie par la Déclaration universelle des droits de l’homme. D’ailleurs, l’Organisation internationale du travail la rappelé à l’ordre pour «recours au travail forcé ou obligatoire en tant que mesure de discrimination religieuse ».

    Aujourd’hui on imagine difficilement une personnalité ahmadite éminente comme naguère Zafrulla Khan accéder aux plus hautes fonctions. Pourtant, ce musulman fervent qui ne pourrait plus s’affirmer comme tel a fait honneur à son pays : premier ministre des affaires étrangères du Pakistan en 1947 et chef de sa délégation à l’ONU, élu juge à la Cour internationale de justice de La Haye en 1954, il fut ensuite appelé en 1962 à présider l’Assemblée générale des Nations unies. A sa mort en 1983, il fut enterré dans la petite ville de Rabwa, centre de la communauté ahmadite et où des islamistes provoquèrent de sanglantes émeutes.

    C’est également à Rabwa que repose le Dr Abdus Sallam, premier musulman honoré en 1979 du Prix Nobel de physique. Comme d’autres ahmadites victimes de persécution religieuse, il avait été amené à s’expatrier en Grande-Bretagne pour faire carrière. Lors de ses obsèques en 1996, les oulémas sunnites décrétèrent que personne ne pouvait prier Allah pour ce « mécréant » ni inscrire un verset du Coran sur son tombeau. L’épitaphe Abdus Sallam, 1er musulman lauréat du Prix Nobel avait été gravée sur la stèle, mais les docteurs de la loi firent supprimer le mot «musulman » et la pierre porte maintenant l’absurde « inscription « Abdus Sallam, 1er lauréat du Prix Nobel ».
    Les ahmadites ne sont pas mieux traités au Bangladesh et dans d’autres pays islamiques. En Indonésie, pourtant réputée plus modérée, le conseil de oulémas les a également qualifiés «d’hérétiques ».

    Depuis que des manifestants survoltés ont mis le feu à une mosquée ahmadite et saccagé son école coranique dans la ville de Sukabumi en avril 2008, d’autres lieux de culte de la communauté on été incendiés et une milice musulmane a commis plusieurs attentats contre des édifices lui appartenant. En réponse à ce déchainement de violence, le gouvernement interdit par décret aux ahmadites de diffuser leur enseignement sous prétexte de préserver l’harmonie religieuse et l’ordre public. A Zurich, la communauté ahmadite peut au moins appeler sa mosquée par son nom et s’enorgueillir d’un minaret, ce qui lui est dénié dans des pays officiellement musulmans. Dans son pays d’origine, sa situation n’est pas sans rappeler celle des Baha’is en Iran eux aussi opprimés sur la terre qui a vu naître leur foi et définis par les lois comme « infidèles dénués de protection ». Au-delà de querelles de minarets, l’ostracisme qui frappe les ahmadites et d’autre minorités en terre d’islam pose le problème de la montée du fondamentalisme, aussi dangereux pour ses cibles que pour les musulmans eux-mêmes.

    Jean-Claude Buhrer

    Source : Malka Markovitch

    Tags : Islam, Ahmadites, Pakistan, Sunnites, La Mecque, Arabie Saoudite, 

  • « Une violente et cruelle histoire d’amour … »

    « El erss khayeb, l’basstela kane’t berda » : « La fête de mariage était nulle, la pastella était froide ».

    Voilà la première phrase qui m’est venue à l’esprit en entamant ce post … Allez savoir pourquoi ?

    Ce que je retiens pour l’heure des tueries dans la rédaction de Charlie Hebdo et du supermarché casher et que ma colère et ma tristesse peuvent commencer à entrevoir, se précise dans ce tourbillon où viennent se mêler passion, affecte et « déraison »… Comme une violente et cruelle histoire d’amour…

    Amour des mots, de la satire, de la liberté et de la folie.

    « Je préfère mourir debout que vivre à genoux »

    Charb

    Le poids des religions, de toutes les religions ça n’existait pas il y a 20 ans.

    On est là pour ça, même si on traite de choses graves, il faut faire rire, c’est notre fonction.

    Cabu

    Un jour je vais faire des dessins sur le sexe, le lendemain je vais faire un dessin su F.Hollande, mais parfois le dessin sur le sexe peut être sur Hollande aussi, il nous a donné des exemples.

    Wolinski

    Waw, c’est maintenant que vous n’êtes plus que je vous découvre.

    Certaines analyses à chaud d’internautes en mal d’inspiration, voient derrière cette tragédie l’occasion de régler des pathos identitaires, si lourdement justifiés, vous ne trouvez pas ?

    Ils crient souvent à l’insoutenable et sempiternel sentiment de justification « imposé », du sentiment d’obligation d’une prise de position « si attendue ».

    Un fraternel message à cette majorité silencieuse indignée, qu’elle descende dans les rues, qu’elle envahisse l’espace public, l’heure est à la condamnation, l’heure est à la symbolique. Si cet espace reste vide, il sera envahi par des porte-voix autoproclamés.

    Avec ceci comme slogan par exemple :

    Au nom d’Allah et de son Prophète on a tué ici, comme on le fait au nom de la démocratie là-bas !

    Ces mots pèseront pour certains comme une attaque au bélier devant la porte du silence !

    D’autres préfèrent jouer avec des notions complexes, plutôt que de condamner sans ambivalence.

    Ceux qui craignent les amalgames peuvent être rassurés, ils existent depuis bien longtemps. Le manque de clarté ne fera que les renforcer.

    Aujourd’hui, moi, je me sens le devoir de me prononcer, mais personne ne m’oblige…

    Le sens des mots dans de pareilles circonstances a une importance capitale.

    De plus, je refuse toutes formes de prise d’otage et de braquage intellectuel, au nom d’un certain appel au consensus dans un camp comme dans l’autre.

    Zmagri, moi le zmagri, parti depuis un petit temps en croisade identitaire, victime d’un racisme occidental comme d’un racisme oriental, je vous la laisse votre terre sacrée que vous choisirez et je vous emmerde tous !

    Laissez-moi pleurer en paix, laissez-moi le droit de pleurer qui je veux en liberté.

    Au-delà des individus qu’était cette bande de potes, je pleure aujourd’hui ce qu’ils représentaient. Une voix discordante à l’ordre établi et à la « bonne conscience ».

    Je n’en étais même pas un lecteur, mais je me retrouve dans la notion de défenseur de la liberté qu’ils insufflaient.

    Aujourd’hui, nos têtes bien pensantes au gré de leurs humeurs distribuent ou confisquent des attestations de liberté d’expression à qui bon leur semble.

    Cela dénote d’un manque de maturité et d’iniquité flagrante !

    Complot or not complot … ?

    Pleurer Charlie, c’est comme souhaiter Joyeux Noël, c’est haram … !

    Hein ????
    Cela va du complexe militaro-industriel aux illuminatis en passant par les sionistes … Les médias nous mentent et sont cadenassés, la carte d’identité retrouvée dans le véhicule, l’employé caché dans un carton à Dammartin-en–Goële, la couleur des rétroviseurs qui mue, l’absence de sang sur le trottoir …

    Le complot fait office de foi, il explique tout, mais ne résout rien, servant de camouflet par moment. Je l’ai pratiqué et en suis revenu depuis.

    Et de lire et entendre aussi :

    Ils l’ont bien mérité, tu as vu ce qu’ils ont fait en Syrie et en Palestine …

    Hein ??
    Les adeptes des théories multifonctions ne font que réconforter leurs préjugés et leurs thèses sont même considérées pour certains, comme des écrits immuables, voire sacrés qu’ils répètent liturgiquement, en se gardant bien le droit de pratiquer toutes formes de remise en question …

    Ces théories sortent souvent de la bouche de ceux qui croient venir à bout des crimes commis par l’Etat d’Israël en arrêtant de manger des kiwis.( je précise LOL)

    Why not … Tout le monde a le droit d’avoir un avis, tout le monde a aussi le droit de dessiner en paix !

    -« Au nom d’Allah on tue aussi sur cette terre, il serait plus que temps de l’avouer … »

    -Moi j’ai juste envie de pleurer des grands rêveurs qui jouent avec des Magic Colors.

    Il y aura un après 7 janvier, souhaitons le plus humain que l’après-11- Septembre.

    -Moi je veux juste les pleurer …

    « Pour énerver les cons aussi on est manifestement utile, donc c’est agréable … ».

    Tignous

    Les manifestations ont été phénoménales avec évidemment des bémols et selon moi la triste palme revient au Maroc.

    Et l’attitude du ministre marocain des Affaires étrangères, Salahedinne Mezouar, qui s’est rendu à Paris, mais n’a pas participé à la marche prétextant qu’il y aurait des caricatures du prophète …

    Hein ??
    Toutefois, il est excusé, qu’attendre de plus d’une classe politique qui est encore selon la théorie freudienne au « stade anal ». Faites déjà bien caca les gars, bientôt vous pourrez vous tenir la bite tout seuls!

    Ensuite cette polémique sur certains représentants : Netanyahu aura fait parler de lui, une telle attitude, ça vous surprend ? cette arrogance est le propre des sans vergogne !

    Ils en auraient fait une superbe couverture satirique les gars de Charlie Hebdo …

    Et que dire des représentants de l’Arabie saoudite présents à Paris, alors qu’ au même moment était fouetté sur la place publique à Jeddah, le blogueur saoudien Raif Badawi …

    Et bien d’autres qui sans scrupule pointèrent leur gueule en front de manifestation, c’est juste dégueulasse… C’est dégueulasse !!!!

    Le clivage entre les « Je suis Charlie » et les « Je ne suis pas Charlie ».

    Il n’est guère étonnant celui-là.

    Pour ce qui est de notre cher royaume surréaliste, il est même logique.

    Nous restons encore en 2015 un pays communautariste, pour le vivre ensemble, on repassera aussi !

    Il pourrait trouver une partie de son explication dans la manière dont a été gérée l’immigration maghrébine et turque en Belgique.

    Dans la manière dont a été géré le culte musulman en Belgique …

    Vous me suivez toujours ?

    Avec dans les premières années, un entrisme édifiant du plus obscur et rétrograde des courants qui soient, made in Arabie saoudite : le wahhabisme.

    -L’argent n’a pas d’odeur… C’est des conneries ça… L’argent a une odeur et dans le cas qui nous préoccupe ici, une vilaine odeur de fuel !!

    Chère Belgique tu as été très gourmande en Afrique et ça ne t’a pas suffit, ton inquiétante naïveté et ta vanité t’ont poussé à faire des choses pas très catholiques !

    Et bien évidemment une connerie ne vient jamais seule. Des années plus tard, ce fut les partis politiques qui voyant un potentiel électoral significatif se sont lavés de tout principe séculier dans certaines de leurs opérations de séduction visant ces électeurs-là !

    Les espaces culturels, déjà maigres, se sont vus très vite dépassés par une multitude de mosquées qui pour certaines ont servi de lieu de propagande de courants tantôt anodins tantôt plus inquiétants.

    Enfin les stratégies de quadrillage des pays d’origine, Ankara et Rabat veulent faire partie du festin.

    Contrôler et cogérer voir gérer complètement l’obédience spirituelle de leur diaspora respective. Et nous savons tous que ces deux pays sont loin d’être des Etats de droit, de liberté d’expression et de libertés individuelles.

    Ils ont tous bossé en toute tranquillité depuis des décennies et aujourd’hui ils récoltent.

    Une politique non réfléchie sur des enjeux cruciaux se paie un jour ou l’autre

    Me voilà donc baisé, et tellement bien que je finis par y prendre plaisir.

    A chacune de mes positions, chacun de mes choix, mes identités me rappellent à l’ordre, l’une me trouvant trop flou m’invitant continuellement à lui présenter des gages de loyauté , l’autre jouant avec mon affect d’un attachement à des racines qu’elle m’octroie par moments et me confisque à d’autres.

    – « Aujourd’hui, il n’y a pas que les travestis prostitués du quartier « Yser » qui se lèvent en ayant mal au cul ! »

    Sauf que moi je ne veux plus de ça moi , je ne l’ai pas choisi ! Je veux être libre, comme le vent, me défaire de tout attachement communautariste et chérir moi-même mes identités , en les façonnant comme bon il me semble .

    « Je suis Charlie » au nom de l’esprit de liberté qu’insufflait cette presse, je le suis ne veut pas dire que j’en étais féru. Je le suis, car c’est nécessaire pour les personnes qui cultivent la liberté de pensée, d’expression et d’écriture.

    Il est nécessaire aussi, car derrière ce canard volontairement provocateur, irrévérencieux à souhait, brisant les limites de la bienséance et des « bonnes consciences », se trouve un refuge pour les bousculeurs… pour les affranchis. Et leur place est indispensable dans nos sociétés.

    Que nos gouvernants agissent en cohérence lorsqu’il s’agit de liberté d’expression.

    LA LIBERTE D’EXPRESSION EST PLEINE ET ACCESSIBLE POUR TOUS !!!!!

    Bordel de merde !!!!!

    Une manifestation à Bruxelles

    Lors de la manifestation à Bruxelles, je suis passé chez ma mère qui depuis le décès de mon père est morte aussi et que la télévision marocaine est en train de tuer une 2e fois.

    Mais dans un sursaut de lucidité, elle m’a dit :

    « Allah y Baadek min oulad el haram »

    -Que Dieu te tienne éloigné des “personnes indignes ».

    De qui parlait-elle ?

    Finalement, c’est ma sœur qui m’accompagna avec ses deux enfants. Près de 20 000 personnes dans les rues de la capitale, une très faible présence de la « communauté musulmane » s’il y a lieu de la nommer ainsi, comme le fait une grande majorité de la presse.

    Une chose est vraie, cette faible affluence est un signal pour la citoyenneté qu’il faudra avoir le courage d’analyser !

    Crispation justifiée ?

    Oui , oui et re-oui !

    C’est l’expression d’un malaise et d’ un mal-être qui ankylosent cette volonté de solidarité

    Il serait temps que ces anthropologues et que cette élite belge se penchent sérieusement là-dessus !

    Oui, les Belges d’origine turque et maghrébine sont mal aimés, ils sont mis au ban de la société, ils sont pointés du doigt quotidiennement !

    Oui, ils sont assignés à vivre l’ émancipation dans quartiers et écoles ghettos !

    Oui, on ne peut pas s’ouvrir aux autres si on ne s’est pas encore révélé à soi-même !

    Oui, ça crie à l’aide depuis des décennies. Personne ne l’entend vraiment !

    Oui, ça a payé, ça paie et paiera probablement encore !

    Oui, ça vit dans l’indifférence de sa différence sans qu’elle ne soit jamais valorisée, comme cet enfant né par accident à qui on a reproché « d’être » toute sa vie et qui réclame juste un peu d’amour …

    Cet amour… De cet amour absent et tant recherché, cette reconnaissance sincère « d’être » qui poussa peut-être deux frères dans cette escalade de la folie .

    Deux frères qui se sont aimés dans un schéma dénué d’humanité.

    Cela pourra en choquer plus d’un ce que j’écris là, j’en suis conscient… Mais tout ça, ça sent juste le manque d’amour.

    Conclusion facile me diront certains, peut-être …

    Non, à dire vrai il n’y a pas de conclusion.

    Et s’il devait y en avoir une pour moi, elle ressemblerait à ça :

    Je pleure ces grands rêveurs qui dessinent avec des Magic colors, je pleure Ahmed et toutes les autres victimes, je pleure pour la liberté, je pleure pour le musulman, je pleure pour le juif, je pleure pour l’athée , je pleure pour le chrétien, je pleure pour l’humanité …

    J’ai déjà moins mal au cul aujourd’hui, mais je mesure avec effroi la profondeur de l’enculade !

    En hommage à Charlie et à tous ceux qui sont tombés.

    Reposez en paix …

    Zmagri

    Source : Zmagri déliquescent, 14 janv 2015

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