Mois : janvier 2021

  • Les complexités de l’affaire Duhamel-Camille Kouchner

    Entre emprise incestueuse et discours libertaire, entre désir de littérature et campagne médiatique, entre culture de Cour et quête d’émancipation, le scandale provoqué par la sortie de « La Familia grande » révèle les contradictions d’un monde de pouvoir où l’endogamie est la règle.

    Un nouveau genre littéraire exclusivement français est-il en train de s’installer ? Un an exactement après Le Consentement de Vanessa Springora, et le livre de Virginie Linhart L’Elément maternel, quelques mois après la sortie de celui de Raphaël Enthoven Le Temps gagné, voici que paraît La Familia grande de Camille Kouchner, fille de Bernard Kouchner. Un nouveau livre écrit par des enfants de ce que l’on appelle Saint-Germain-des-Prés dénonçant des relations d’emprise plus ou moins graves.

    Dans le registre des plus graves, à l’abus sexuel et l’emprise intellectuelle d’un écrivain sur une adolescente décrit par Springora, succède cette fois une affaire d’inceste commis vers la fin des années 80 sur un adolescent par son beau-père, un intellectuel de gauche et homme de pouvoir. Une fois de plus, le milieu intellectuel et l’héritage de Mai 68 sont mis au banc des accusés par un livre qui se situe à mi-chemin entre le roman autofictionnel et le document.

    Tout comme Vanessa Springora laissait la presse donner le nom de son prédateur désigné par une initiale, ce sont en effet les médias, Le Monde et Le Nouvel Observateur qui, avant même la sortie du livre, ont jeté à l’opinion, alors que les faits sont prescrits, le beau-père en question, le nom d’Olivier Duhamel, qui n’est pas nommé dans le livre, et dont le commun des mortels a appris à cette occasion qu’en plus de co-animer chaque semaine sur Europe 1 l’émission « Mediapolis » et de commenter l’actualité politique sur LCI, il régnait, entre autres, sur la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), qui finance Sciences Po, et sur le cercle de réflexion Le Siècle, deux hauts lieux du pouvoir intellectuel français… La presse people s’est aussitôt emparée de l’affaire pour taper sur toutes les figures publiques reconnaissables dans le livre et dénoncer « l’omerta » dont bénéficieraient les anciens soixante-huitards pour se livrer à leurs turpitudes.

    Plus encore que Le Consentement, donc, la sortie de La Familia grande met à jour les questions contradictoires posées par un livre traitant d’un monde où l’endogamie a longtemps été la règle et qui est en train d’exploser.

    « La Familia grande » entre témoignage et récit littéraire
    Raphaëlle Bacqué évoque le travail d’enquête mené par Ariane Chemin pour le journal Le Monde -publié dans un article en amont de la sortie du livre de Camille Kouchner-.

    Je le vis dans ma chair d’avocate, le traumatisme que représente l’inceste. D’autre part, il y a également cette nécessité de sauvegarder cette prescription. […] En 48 heures, tous les registres -littéraire, médiatique, juridique- sont mêlés. C’est en réalité l’imprescriptibilité qui va finir par protéger la présomption d’innocence et le secret de l’enquête ! Parce que le lynchage est tel qu’il y a impossibilité de se défendre d’une accusation qui, de toute façon, est prescrite sur le plan judiciaire. […] Se greffe à tout cela, des combats judiciaires qui devraient plutôt être menés dans un autre temps et dans une autre sagesse. Marie Dosé

    Ceux que vous évoquez Marie Dosé c’est-à-dire ceux qui ne peuvent pas dire publiquement ce qui leur est arrivé – ceux qui n’ont pas cette force, ce talent ou l’entregent nécessaire- sont, à mon sens, satisfaits qu’un livre de cette nature existe. Ce livre qui met à jour ce qui, sans cela, resterait dans le secret des familles. […] Une famille n’est pas seulement un lieu d’amour et de solidarité, c’est aussi un mécanisme dont la fonction est de taire les infamies qu’on y commet ou de « silencer ». Dans cette histoire, il s’agit de faire entendre quelque chose qui a déjà été dit. Raphaël Enthoven

    Le sondage Ipsos de novembre 2020 énonce que 10% de la population française a été confrontée à l’inceste. En ce sens, l’histoire que raconte Camille Kouchner touche à l’universel et n’appartient pas seulement ni à un milieu, ni à une culture politique. Pourtant il y a une spécificité de cette histoire dans cette famille et son rapport au droit ainsi qu’au langage.

    Le secret des familles

    La famille est vraiment un lieu clos, propice au pire ! C’est le lieu de la domination. En tant qu’avocate pénaliste, nous savons à quel point ce silence de la mère est presque majoritaire. Et une fois que les choses sont dites d’ailleurs, soit l’enfant n’est pas cru, soit l’autre partie est choisie. Marie Dosé

    Cela participe à l’incrédulité du milieu ! Ce sont à la fois des professeurs de droit, des adeptes de la psychanalyse, des militants de l’émancipation des femmes. L’entourage, lorsqu’il apprend l’inceste est dans une forme d’incrédulité et ça participe aussi au maintien du silence. C’est un milieu ultra-initié qui prône un discours qui est en contradiction totale avec cet acte. Raphaëlle Bacqué

    C’est là que la rhétorique est vraiment neutre ; c’est l’utilisateur qui en décide. Le discours libertaire a été mis au service de cet acte. Raphaël Enthoven.

    Source : France Culture

    Tags : Olivier Duhamel, Camille Kouchner, pédophilie, pédocriminalité,

  • Sahara Occidental : Un ancien militaire marocain dénonce la désinformation du Makhzen

    L’accord de normalisation fait délier les langues au Maroc. Un ancien militaire, Mustapha Adib, pointe les mensonges des médias du Makhzen qui induisent en erreur les Marocains quant à leur perception de « la guerre illégitime et inhumaine » menée contre le peuple sahraoui.

    Un ex-militaire marocain, Mustapha Adib, a réaffirmé que la désinformation est “le pilier de la politique de propagande” du régime marocain dans sa “guerre illégitime et inhumaine” envers le peuple du Sahara occidental.
    “Le régime installé au Maroc n’est pas transparent avec le peuple marocain et a recours souvent à la désinformation qui est le pilier de la politique de propagande que déploie le Makhzen dans sa guerre illégitime, illégale et inhumaine envers le peuple sahraoui”, a déclaré Mustapha Adib, invité de l’émission “Visions” diffusée jeudi sur Canal Algérie.
    “Comme toute propagande, elle vise à remonter le moral des troupes marocaines, déjà démoralisées et aussi à garder le peuple marocain uni autour de l’unificateur du Royaume qu’est le roi Mohamed VI”, a-t-il ajouté.
    Il a souligné que cette politique du Makhzen “rentre dans une sorte de jeu où il va falloir désinformer la population pour que ce régime puisse perdurer et puisse espérer gagner des guerres où au moins dissimuler les pertes et se maintenir en vie le plus longtemps possible”.
    Mêmes les militaires sont victimes de désinformation
    Donc, a-t-il poursuivi dans le même contexte, “il y a eu beaucoup de sites et de pages crées qui désinforment le peuple marocain, il y a une sorte d’omerta sur l’information, même les militaires dans les bases ne sont pas informés de ce qui se passe” le long du mur de sable (mur de la honte) où l’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) continue ses attaques contre les positions des soldats de l’occupation marocaine.
    “Tout le monde se retrouve dans une sorte d’obscurité”, a encore relevé l’ancien officier marocain, soulignant encore que “cette crise est mal gérée car, amplifiée par l’omerta et la désinformation que mène le régime marocain”, faisant référence à un “dispositif” mis en place par le Makhzen pour mener une “véritable guerre de l’information en investissant les réseaux sociaux et les sites spécialisés dans la question”.
    Revenant longuement sur les pertes essuyées par l’armée d’occupation dans les combats avec l’armée sahraouie, déclenchés à la suite de l’agression marocaine contre les civils sahraouis, le 13 novembre à El-Guerguuerat (sud-ouest du Sahara occidental), Mustapha Adib, ancien officier de l’armée de l’air marocaine, a réaffirmé que Rabat “cache ses pertes pour remonter le moral des troupes qui est déjà en dessous de zéro”.
    “Le royaume est un habitué de la tergiversation et de l’improvisation”, qui a “toujours utilisé cette méthode de cacher la réalité des choses”, car le régime marocain, a-t-il expliqué, “recourt à des méthodes illégales et interdites que ce soit moralement ou par les textes des lois internationales pour faire taire aussi bien les Sahraouis qui veulent leur indépendance que les Marocains qui soutiennent les Sahraouis pour s’autodéterminer”.
    Mustapha Adib a expliqué ensuite les raisons des pertes cumulées par l’armée marocaine dans la guerre contre les Sahraouis, en disant que l’armée sahraouie “a pu se développer et a pu acquérir de nouvelles armes, de nouveaux outils d’artillerie, de nouvelles techniques d’approche et d’intrusion alors que la seule chose où le Maroc a progressé c’est dans l’omerta c’est de faire taire et cacher la réalité” de ce qui se passe dans les territoires sahraouis occupés.
    L’autre raison de ces “défaites” dans les rangs de l’armée marocaine c’est que “le régime marocain n’a jamais eu de plan précis ou de stratégie précise, de plan à long terme”, a tenu à signaler l’ancien officier marocain.
    De plus, a-t-il expliqué, il y’a eu de jeunes militaires “sans aucune expérience” déployés dans la région. Pour M. Adib, “ces militaires là ne savent pas gérer la guerre parce qu’ils ne sont pas entrainés à mener ce genre de combats et de guerre aussi bien aux plans offensif que défensif c’est des jeunes qui, à la première crise, vont lâcher”.
    Algérie Actu, 16 jan 2021
    Tags : Sahara Occidental, Maroc,
  • Pédocriminalité : les faits doivent-ils être imprescriptibles ?

    L’affaire Duhamel a remis au cœur du débat public la question de la prescription des faits de pédocriminalité. Réclamée depuis des années par les associations de victimes, la prescription des crimes sexuels sur mineur.es est pourtant défendue par nombre de spécialistes du droit pénal.

    La familia grande, le livre de Camille Kouchner sur l’inceste et l’affaire Olivier Duhamel qu’elle révèle à cette occasion posent à nouveau la question des crimes sexuels sur les enfants et plus spécifiquement celui de l’inceste.

    Dans ce livre douloureux, elle traite à la fois de la volonté de la victime, son frère, de ne rien dire, de son propre silence à elle mais aussi celui de l’entourage et avant tout de celui de sa propre mère.

    Elle y décrit ce mécanisme de mutisme qui a détruit cette famille et qu’elle brise par cet acte d’écriture.

    Un silence de plusieurs dizaines d’années qui invite certains à se redemander si la prescription de ce type de crimes ne devrait pas être levée pour les rendre désormais imprescriptibles.



    Source : France Culture, 12 jan 2021

    Tags : Olivier Duhamel, Camille Kouchner, Inceste, pédocriminalité, pédophilie, abus, viol,

  • JE SAVAIS QUE C’ÉTAIT TRÈS GRAVE…

    Bonjour les amis.

    J’ai lu cette semaine LA FAMILIA GRANDE de Camille Kouchner, le livre dont tout le monde parle et, une fois n’est pas coutume, c’est à juste titre.

    Avant de poursuivre plus avant je vous invite à lire sur le lien ci-dessous la critique pertinente et assez complète d’un lecteur dont le pseudonyme est BLOK.

    Alors, ce livre de Camille Kouchner a le grand mérite de nous faire comprendre comment la gauche intello à partir des années 60/70 a commencé à perdre un peu ses repères en prônant un idéal de liberté pour tous, mais en oubliant au passage son obligation morale de protéger le temps de l’enfance et de ne pas permettre tout et n’importe quoi, en oubliant qu’il y a une grande dissymétrie entre le monde des adultes et celui des enfants.

    Une légéreté qui apparaît réellement sidérante dans le livre quand, par exemple, la mère de Camille accuse ses enfants de lui « avoir piqué son mec ». Là, on touche le fond de la misère morale.

    Lors de son passage à LA GRANDE LIBRAIRIE Camille a eu des mots très justes et très douloureux.

    Par exemple quand, à l’âge de 13 ans, son frère jumeau appelle à l’aide et lui raconte les incursions nocturnes du beau-père dans sa chambre, Camille dit:

     » Je ne comprenais rien de ce qu’il me racontait mais je savais que c’était très grave ».

    Elle explique bien à quel point c’est perturbant pour une enfant qui a un beau-père adorable, brillant, intelligent, fin, très cultivé, ayant le sens de l’humour, de mettre en parallèle une relation personnelle qu’elle qualifie de « solaire » avec des comportements qui sont ignobles, inexplicables pour une enfant.

    On imagine bien le profond désarroi d’une ado et comment ces faits vont avoir une incidence toxique majeure dans sa vie ultérieure.

    Aujourd’hui les ados réclament des comptes à leurs parents, et ce n’est que justice.

    Alain Finkielkraut a eu la très mauvaise idée d’essayer de trouver des circonstances atténuantes au beau-père en parlant de consentement. Quelle bourde ! Surtout quand on sait qu’il y a moins d’un an Vanessa Springora avait écrit un livre intitulé justement LE CONSENTEMENT dans lequel elle démontrait que ce faux-argument est celui qui est brandi par tous les prédateurs sexuels pédophiles. Le consentement c’est le piège dans lequel sont enfermées les victimes, rendues et devenues coupables.C’est d’une perversité monstrueuse!

    Rappelons enfin qu’en ce qui concerne l’affaire des enfants Kouchner, le beau-père est justement professseur de droit constitutionnel. Il pouvait donc mesurer mieux que quiconque la gravité des faits qui lui sont reprochés aujourd’hui.

    Enfin, et en parallèle, il y a dans ce livre un portrait au vitriol de l’intelligentsia parisienne, terriblement égoiste, terriblement carriériste, à tel point qu’elle en oublie parfois le bien-être affectif de ses propres enfants.

    Source : Le blog de alez jacta est


    LE CONSENTEMENT…OU QUAND UN ÉCRIVAIN PÉDOPHILE NOTOIRE EST ENFIN PUBLIQUEMENT DÉNONCÉ

    Bonjour les amis,

    Je viens de terminer le livre de Vanessa Springora intitulé LE CONSENTEMENT, et la première chose qui frappe l’esprit c’est qu’il ait fallu attendre 40 ans pour que ce livre nécessaire soit édité.

    Springora y raconte comment elle a été victime de G.M. écrivain et prédateur sexuel qui bénéficiait de la complaisance du Tout Paris et du monde des Arts et des Lettres. Un prédateur qui se payait des voyages à Manille pour se taper des mineurs et qui se vantait ensuite de ses exploits lors de ses passages sur les plateaux télé de la capitale. Un prédateur qui avait fait l’apologie de la pédophilie dans son essai « Les moins de 16 ans ».

    Le CONSENTEMENT c’est l’histoire d’un piège qui se referme sur une jeune victime. Le livre de Springora nous explique très bien la dissymétrie profondément immorale qui existe entre une ado de 14 ans et un pédophile de 50 qui se fait passer pour un séducteur, c’est à dire à peu près la même dissymétrie qu’il peut y avoir entre le Loup et l’Agneau.

    L’ado est à cet âge en pleine découverte de soi, de ses premiers émois et sentiments amoureux, de sa sensualité sous l’influence des signaux très forts que lui envoie son corps. L’ado ne peut envisager une relation avec une autre personne que sur la base d’un état amoureux très sincère alors que le pédophile lui n’est attiré que par la chair fraîche. Et pour s’en approprier, il embobinera sa victime dans un discours amoureux aussi faux que pervers. Bien évidemment l’ado n’a pas les moyens à cet âge-là de détecter l’imposture criminelle dont elle va être victime…

    Le livre explique bien la stratégie particulièrement perverse, odieuse et préméditée avec laquelle G.M. amènera Vanessa dans son lit. Il la harcèlera de lettres, puis lui proposera un premier rendez-vous innocent en tout bien tout honneur : le piège tendu fonctionnera à la perfection. C’est tout simplement à vomir….et c’est d’ autant plus à vomir qu’on a tous en tête le passage de G.M. à Apostrophes où il se vantait du « consentement » de ses victimes, où si c’est de justesse s’il ne se faisait pas passer pour un bienfaiteur de l’humanité. 

    Bernard Pivot d’ailleurs vient de faire lui-aussi son mea culpa, et reconnaît ne pas avoir eu les mots adéquats durant son émission. Seule la canadienne Denise Bombardier avait réagi de manière indignée sur le plateau d’Apostrophes et avait fermement recadré G. M. en lui rappelant que dans son pays il serait en prison pour abus sexuels commis sur des enfants.

    Le livre de Vanessa Springora permet de prendre conscience des séquelles et des conséquences définitives  du crime qui a été commis, comment Vanessa a été dépossédée de sa jeunesse, comment cette relation va perturber sa vie de femme et le rapport qu’elle aura ensuite avec les autres hommes de sa vie.

    Enfin le livre nous parle aussi de l’incroyable complaisance coupable de l’entourage, à commencer par celle de la maman qui vivait séparée du père au moment des faits (…encore une fois les prédateurs savent bien profiter des pères absents…). Une maman qui, bluffée par G.M. auréolé de son image de « grand écrivain », n’a pas voulu voir l’ignoble piège dans lequel était tombée sa fille.

    Mais on apprendra aussi que G.M. échappera à la brigade des mineurs qui n’enquêtera jamais sérieusement sur son cas, malgré des dénonciations anonymes. C’est tout simplement effarant.

    Aujourd’hui les faits sont prescrits, et le livre de Springora est sa seule manière de dénoncer publiquement la véritable nature monstrueuse de G.M….C’en  est fini de sa postérité. Il restera dans notre mémoire pour ce qu’il a été : un affreux sagouin au sourire lubrique et concupiscent qui voulait se faire passer pour un esthète raffiné.

    Le CONSENTEMENT c’est aussi une manière définitive de tordre le cou à tous ceux qui disent qu’il faut séparer l’homme de son Art. Aucun artiste n’ est au dessus des lois…Aucun Art ne justifie le moindre crime, le moindre abus sexuel.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=M5vh4aTl8XE&w=560&h=315]


    Le blog de alea jacta est

    Tags: Olivier Duhamel, Camille Kouchner, inceste, viol, pédocriminalité, pédophilie,

  • TRUMP-FINKIELKRAUT MÊME COMBAT ?

    par Michel Durant

    Difficile à croire. En effet, en 2016, lors de l’élection surprise de Donald Trump face à Hillary Clinton, Alain Finkielkraut avait déclaré : « Trump est un gros con qui ne paie pas ses impôts et dont les tours défigurent les villes américaines. » Mais l’actualité a ceci d’étrange qu’elle rapproche parfois ceux qui se tenaient à des distances intersidérales quelques années auparavant. Ainsi, Finkielkraut se voit-il privé d’antenne sur LCI tout comme Trump de tribune sur Twitter, Facebook et Instagram. Et cela déclenche des polémiques.

    On a vu des voix aussi diverses que celles de Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, Bruno le Maire, Angela Merkel et tout un paquet de journalistes français s’indigner du fait que le Président des USA se voit couper le sifflet par le patron de Twitter au mépris de la fonction présidentielle et du mandat que Trump exerce jusqu’au 20 janvier. Mais ils sont moins nombreux (j’en cherche encore et n’ai trouvé que le magistrat Philippe Bilger) à protester contre l’éviction par TF1 de sa rubrique du lundi sur LCI. Pourtant, Finkielkraut a fait moins de mal au monde que Trump.

    Cela étant dit, à ma connaissance, c’est bien TF1 qui est allée chercher Finkielkraut pour qu’il descende de sa tour d’ivoire. Et pourquoi donc ? Sûrement pas pour faire la promotion de la philosophie mais pour booster son audience grâce au philosophe polémiste. Et selon l’adage « qui sème le vent récolte la tempête », après moult dérapages de l’ex-maoïste sur le voile, le viol, le foot féminin, l’écologie, celui sur l’inceste (l’ultime tabou de nos sociétés qui les suppriment l’un après l’autre) a fait déborder le vase. Et Twitter qui a laissé passer pendant quatre ans des milliers de messages haineux, mensongers, racistes, vulgaires de Trump finit par trouver que le vase de cochonneries déborde et coupe la parole au Président quand celui-ci perd le pouvoir.

    Académicien, Alain Finkielkraut dut faire l’éloge de son prédécesseur Félicien Marceau, condamné pour faits de collaboration avec les nazis et dont l’entrée à l’Académie Française avait provoqué la démission de Pierre Emmanuel, ancien résistant.

    Personnellement (mais mon avis ne compte guère), je ne m’indigne ni de la censure qui frappe Trump ni de l’éviction de Finkielkraut de LCI et je suis curieux de savoir ce que pense Finkielkraut de « l’atteinte à la liberté d’expression de Trump ». Il y a longtemps que Twitter, Facebook et Instagram auraient dû frapper Trump d’impeachment afin de préserver le peuple américain de son poison verbal. Et il y a longtemps aussi que LCI aurait pu se séparer du philosophe médiatique sachant que ses indignations sélectives, le plus souvent imprécatoires, alternaient avec des bafouillements insupportables et des digressions incompréhensibles.

    La semaine dernière, Trump a clairement invité ses partisans à marcher sur le Capitole pour montrer leur colère et à se battre pour rejeter les résultats des urnes. Il y a eu 5 morts et, forcément, un jour ou l’autre, il devra répondre devant la justice de ses responsabilités dans cette affaire. Lundi dernier, Finkielkraut, après avoir déclaré que l’inceste est un crime abominable et que les faits reprochés à Duhamel sont très graves, s’est lancé dans une de ses analyses alambiquées avec des interrogations sur l’âge de la victime et sur son consentement éventuel. Il serait d’ailleurs amusant si la situation n’était pas aussi dramatique de comparer ces déclarations sur l’âge du garçon abusé (14 ans) avec celui de Greta Thumberg (16 ans). Dans le premier cas, Finkielkraut dit que c’est un ado, pas un enfant et, dans le second, pour déconsidérer Greta Thumberg dans son combat pour l’écologie, il dit exactement le contraire : « les paroles puériles d’une enfant de 16 ans ». Mais Finkielkraut a l’intention de recourir à la justice pour contester son éviction de LCI. On verra bien.

    « Trump est un gros con » selon Finkielkraut. Que pourrait donc dire Trump de Finkielkraut s’il n’avait pas d’autres préoccupations en ce moment ? Olivier Duhamel se tait mais il a démissionné de toutes ses fonctions, notamment de la Présidence du Siècle, cercle de 500 membres influents de la société française où l’on trouve notamment Nicole Notat, Alain Minc, Thierry Breton, Arlette Chabot, Anne Sinclair, François Bayrou, Luc Ferry, Manuel Valls, Bernard Kouchner, Laurent Fabius, Rachida Dati… Il serait bien étonnant que Finkielkraut démissionne de l’Académie Française et que Donald Trump démissionne de la Présidence des USA. Quoique.

    Le blog de Michel, 14 jan 2021

  • Olivier Duhamel et le scandaleux secret de famille de Camille Kouchner

    « Pour un enfant intelligent, rien ne doit être surprenant. La liberté implique de vivre comme les grands. » (Camille Kouchner, janvier 2021).

    Il a fallu vingt ans pour qu’éclate au grand jour un scandale qui n’en était pas un, de l’existence de Mazarine, la fille cachée de François Mitterrand. Ce n’était pas un scandale dans la mesure où les mœurs n’ont fait que prendre de l’avance sur leurs temps. Il aura fallu en revanche plus de trente et un ans pour qu’un vrai scandale soit mis à jour. Annoncée dès ce lundi 4 janvier 2021, la sortie du livre de la juriste Camille Kouchner, fille de l’ancien ministre, « La Familia grande » prévue le jeudi 7 janvier 2021 (aux éditions du Seuil) a fait l’effet d’une véritable bombe dans le milieu politico-médiatique. En cause, le politologue Olivier Duhamel.

    Disons-le très nettement : je n’appréciais pas beaucoup Olivier Duhamel. Il intervenait encore récemment sur les plateaux de télévision comme « éditorialiste » et je dois bien dire que je ne voyais pas vraiment sa valeur ajoutée, si ce n’est sa notoriété qui, peut-être (j’en doute) aurait pu apporter un peu d’audience. Par ailleurs, je trouvais que le mélange des genres n’était pas très opportun entre l’analyse politique qui demande du recul et sa double élection, de juillet 1997 à juin 2004, au Parlement Européen sur la liste socialiste d’abord de Michel Rocard en juin 1994 (il a fait partie des remplaçants de Pierre Moscovici et Bernard Kouchner nommés au gouvernement de Lionel Jospin) et sur celle de François Hollande (en position éligible) en juin 1999.

    Néanmoins, il n’est pas ici l’objet de faire du lynchage sur un homme qui mérite autant que tout justiciable à être entendu. Pour l’heure, c’est vrai qu’il a voulu rester silencieux si ce n’est ce message sur Twitter le 4 janvier 2021 : « Étant l’objet d’attaques personnelles, et désireux de préserver les institutions dans lesquelles je travaille, j’y mets fin à mes fonctions. ». En particulier, il présidait depuis le 10 mai 2016 la prestigieuse Fondation nationale des sciences politiques, succédant à des politologues très renommés : Jean-Claude Casanova, René Rémond, François Goguel, Pierre Renouvin et André Siegfried. Olivier Duhamel a aussi démissionné de la présidence du club Le Siècle, qu’il assumait depuis le 1er janvier 2020 et qui montrait qu’il était parmi les élites les mieux implantées de France.

    J’essaie surtout de comprendre car si l’un est manifestement en faute, mais je ne suis pas juge, la situation est complexe car les histoires de familles recomposées sont toujours complexes, surtout si ses membres sont des personnalités connues à fort caractère. Cependant, je ne crois pas qu’il faille résumer des accusations d’une telle gravité, à savoir de viol sur mineur et d’inceste comme de simples « attaques personnelles ». L’expression elle-même paraît être une insulte à la victime. C’est parce qu’il y a un mélange explosif de personnalités très réputées que le silence a pu durer si longtemps.

    Précisons d’ailleurs qu’Olivier Duhamel n’a rien à avoir avec les frères Alain Duhamel et Patrice Duhamel. Il est en revanche le fils d’un grand homme politique démocrate-chrétienne, Jacques Duhamel (1924-1977), député-maire de Dole, et ministre sous Georges Pompidou, à l’Agriculture puis à la culture. Il est le deuxième d’une fratrie de quatre fils, parmi lesquels un énarque (décédé très jeune), un ancien directeur général de la radio RTL et ancien président-directeur général du groupe « La Provence », et enfin, un inspecteur général des affaires sociales.

    Olivier Duhamel a eu 70 ans le 2 mai dernier. Il est professeur émérite des universités à l’IEP Paris. Spécialiste en droit constitutionnel, il intervenait régulièrement dans les médias, soit par tribune dans la presse écrite, soit par interview à la radio ou à la télévision, comme je l’ai indiqué plus haut. J’ai toujours trouvé ses points de vue constitutionnels peu pertinents même si dotés d’une grande créativité, car probablement il n’a pas l’esprit politique qui consiste avant tout à assurer le réalisable pour tendre au mieux vers le souhaitable.

    Que lui reproche-t-on et qui le lui reproche ? La réponse aux deux questions est particulièrement éloquente. Rien de moins que le viol de son « beau-fils » alors que ce dernier était adolescent. Et c’est sa « belle-fille » qui l’accuse. On a de nombreux ingrédients de scandale : inceste (même si ce n’est pas le père biologique), pédophilie (ou pas, selon qu’on la définit selon l’âge de la victime), viol ou abus sexuel et aussi homosexualité (le beau-père marié à une femme a préféré « initier » le beau-fils et pas sa sœur jumelle). Sans compter le silence, l’étouffement, une mère incompréhensive ou trop libertaire, dans un milieu politique souvent connu pour donner des leçons de morale !

    Cela fait plus de trente ans que Camille Kouchner rumine ce secret de famille et j’imagine qu’il lui a fallu un courage fou pour écrire puis publier son livre. D’autant plus qu’elle a acquis personnellement une petite notoriété dans le droit social et que sa démarche risque de remettre en cause toute sa vie, et pas seulement professionnelle. Donc, la première chose, c’est de dire : chapeau madame, bravo pour votre courage ! Elle ne s’en prend pas à un « membre » de l’élite, a priori « indéboulonnable », elle s’en prend à un individu particulier, aurait-il été un révolutionnaire, un rebelle, un inconnu des médias que la démarche aurait été la même. Elle a sans doute aussi une visée thérapeutique.

    Cela faisait longtemps que la rumeur circulait : on disait que la victime avait un patronyme connu et que l’auteur présumé des faits était une personnalité très connue, mais jusqu’à maintenant, aucun nom n’avait été jeté en pâture dans l’espace public. Même le livre lui-même de Camille Kouchner a été imprimé dans le plus grand secret.

    Il est donc hélas nécessaire d’évoquer la vie privée de quelques personnalités pour bien comprendre la situation. Du côté d’Olivier Duhamel, il est d’abord l’époux, entre 1974 et 1981, de Leïla Murat, une cousine de la première épouse de l’ancien ministre gaulliste récemment disparu Albin Chalandon. Il fut ensuite l’époux d’Évelyne Pisier à partir de 1984 (et jusqu’à la mort de cette dernière en 2017). Eux deux ont adopté deux enfants chiliens, une fille en 1987 et un garçon en 1989. Neuf ans les ont séparés dans ce dernier mariage.

    Car parlons maintenant d’Évelyne Pisier (1941-2017), probablement une personne centrale dans le drame familial. Elle fut une politologue et a publié quelques romans. Elle a eu une vie assez exceptionnelle. Fille de Georges Pisier (1910-1986), un haut fonctionnaire maurrassien favorable à Pétain, elle est née à Hanoi pendant la guerre, a été interné dans un camp japonais après l’invasion japonaise de l’Indochine puis a vécu à Nouméa et enfin à Nice. Elle a un petit frère mathématicien, spécialiste de l’analyse fonctionnelle et membre de l’Académie des sciences, et une petite sœur très connue puisqu’il s’agit de l’actrice Marie-France Pisier (1944-2011).

    Les relations sont nombreuses dans cette famille puisque Marie-France Pisier a été l’épouse, entre 1973 et 1979, de l’avocat et futur ministre Georges Kiejman, puis, partir de 2009 (compagne à partir de 1984), d’un homme d’affaires important, filleul de Jean-Luc Lagardère. Bien qu’ayant déjà tourné dans plusieurs films, Marie-France Pisier étudiait encore les sciences politiques (comme sa sœur Évelyne) en mai 1968 et a aidé Daniel Cohn-Bendit à quitter la France avant d’être expulsé (et elle aurait eu une liaison avec lui). La mort de Marie-France Pisier il y a près de dix ans reste encore un mystère, elle est probablement tombée dans sa piscine après une crise cardiaque (mais certains ont parlé de suicide car elle se savait malade).

    Évelyne Pisier a eu une vie très romanesque. Militante féministe, elle s’est rendue à Cuba (où elle rencontra Bernard Kouchner) en 1964 pendant quatre ans et a eu une liaison avec Fidel Castro. En 1968, elle est rentrée en France et elle a passé sa thèse de doctorat en droit public à Assas en 1970 (son directeur de thèse était Georges Lavau). Elle fut agrégée de droit public et de sciences politiques (parmi les premières femmes ainsi) et enseignait à l’IEP Paris. Elle a été l’épouse du médecin très célèbre et futur ministre Bernard Kouchner de 1970 à 1984, enfin d’Olivier Duhamel de 1987 à sa disparition, comme écrit plus haut. Proche des milieux socialistes, elle fut nommée par Jack Lang, alors Ministre de la Culture, directrice du Livre et de la Lecture à son ministère, de 1989 à 1993. Ensuite, elle fut nommée professeur émérite à la Sorbonne.

    Les parents d’Évelyne Pisier, qui se sont mariés et ont divorcé deux fois, ont eu tous les deux une fin douloureuse : le père Georges s’est suicidé en 1986 et la mère Paula s’est suicidée en 1988, probablement effondrée par sa maladie. Ces dates sont évidemment importantes, voir plus loin.

    Terminons rapidement les présentations par le dernier morceau du puzzle, Bernard Kouchner. Militant communiste dans les années 1960 (quand il avait dans les 20 ans), il est gastro-entérologue, a cofondé Médecins sans frontières et Médecins du monde, puis s’est rapproché du parti socialiste et a initié beaucoup d’actions humanitaires (on l’appelle « sac de riz »). Onze années ministre (pas loin d’un record), et très grande popularité (sans traduction électorale).

    D’abord grâce aux socialistes puis comme ministre d’ouverture, Bernard Kouchner a été membre de nombreux gouvernements : à l’Insertion sociale du 23 mai 1988 au 28 juin 1988 (gouvernement de Michel Rocard), à l’Action humanitaire du 28 juin 1988 au 4 avril 1992 (gouvernements de Michel Rocard et Édith Cresson), à la Santé et à l’Action humanitaire du 4 avril 1992 au 30 mars 1993 (gouvernement de Pierre Bérégovoy), puis à la Santé du 4 juin 1997 au 7 juillet 1999 et du 6 février 2001 au 6 mai 2002 (gouvernement de Lionel Jospin), enfin, le bâton de maréchal, accordé par Nicolas Sarkozy, Ministre des Affaires étrangères et européennes du 18 mai 2007 au 13 novembre 2010 (gouvernements de François Fillon). Il fut aussi élu député européen sur la liste de Michel Rocard entre juin 1994 et juin 1997 (où il est devenu ministre) et il fut par ailleurs nommé Haut représentant spécial de l’ONU au Kosovo du 15 juillet 1999 au 15 janvier 2001. Précisons enfin qu’il a toujours échoué, dans les années 1980 et 1990, dans ses tentatives de se faire élire député sur son propre nom dans une circonscription.

    Sur le plan personnel, Bernard Kouchner a été le compagnon d’Évelyne Pisier comme dit plus haut, puis, à partir du début des années 1980, de la très célèbre journaliste Christine Ockrent (par ailleurs ancienne directrice générale de l’Audiovisuel extérieur de la France, devenu France Médias Monde), fille du directeur de cabinet du Premier Ministre belge Paul-Henri Spaak, l’un des Pères de l’Europe. La rupture entre Bernard Kouchner et Évelyne Pisier est intervenue à la fin des années 1970, Évelyne ayant eu marre des missions humanitaires de son mari : « Je venais de passer quelques années avec un héros, Fidel Castro, et j’en avais marre des héros. ». Ils ont eu néanmoins dans les années 1970 trois enfants, un garçon, puis deux (faux) jumeaux, une fille et un garçon. Je n’indiquerai qu’un seul prénom pour respecter l’intimité de la vie privée des deux autres. La fille s’appelle Camille et est celle qui a révélé le scandale. Pour terminer les présentations, Bernard Kouchner et Christine Ockrent ont eu également un garçon dans les années 1980 (qui est journaliste).

    Après des études au lycée Henri-IV et au lycée Fénelon, Camille Kouchner (45 ans) a soutenu sa thèse de doctorat en droit privé en 2004 (le directeur de thèse était Antoine Lyon-Caen). Elle est maintenant universitaire d’abord à Amiens puis à Paris et avocate.en droit social. Olivier Duhamel, son beau-père, fut son principal « père » fonctionnel, car son vrai père, Bernard Kouchner, était trop occupé par ses fonctions ministérielles. Pour Camille Kouchner, Olivier Duhamel était le « beau-père idéal » : « Il m’encourageait pour tout. Il me portait, me rassurait, me donnait confiance. ».

    En 1988, Camille Kouchner et son frère jumeau avaient 13 ans. Cette date est cruciale puisqu’elle survient quelques semaines et deux ans après le suicide de leurs grands-parents et que c’est la date où elle a appris la liaison qu’avait Olivier Duhamel avec son frère jumeau.

    Sur France Inter le 5 janvier 2021, la journaliste Ilana Moryoussef, ancienne correspondante à Moscou, a tenté de décrire l’ambiance familiale de l’époque : « Il y a toute une société d’esprits brillants et libres, l’élite de la gauche intellectuelle, qui se pressent tous les étés autour de la piscine, dans la vaste propriété d’Olivier Duhamel, à Sanary, dans le Var. C’est la famille élargie, celle qu’on se choisit. Un milieu où tout peut se dire, à condition d’argumenter. Où les enfants sont considérés à l’égal des adultes. Où tout tourne autour de la figure solaire de la mère, Évelyne Pisier, professeure de droit respectée et icône féministe. ».

    Ce fut le frère de Camille Kouchner qui l’informa en 1988 que leur beau-père venait le voir régulièrement la nuit en cachette. Cette liaison secrète est devenue un secret de famille. Le silence est devenu une chape de plomb et surtout de culpabilité. À la question du frère : « C’est mal, tu crois ? », la réponse de la sœur adolescente fut rapide : « Ben non, il nous apprend, c’est tout. On n’est pas coincés ! ». Promesse de silence. Dans leur esprit, tout ce que faisait Olivier Duhamel était forcément pour leur bien.

    Le secret a préservé la mère, Évelyne, qui, touchée par le suicide de ses parents, a eu des penchants pour l’alcool. Ce ne fut que plus tard, adulte, que le frère abusé a parlé à sa mère, pour éviter une répétition avec les plus jeunes de la demi-fratrie. La mère a alors défendu son mari en assurant ses regrets ou en dédramatisant les faits (« Ton frère n’a jamais été forcé. », etc.).

    Dans cette histoire, au-delà des faits eux-mêmes, les deux pires choses furent : d’une part, la loi du silence et surtout le sentiment de culpabilité de Camille Kouchner qui s’en veut de ne pas avoir arrêté ces abus et même de les avoir encouragés en pensant que c’était bien ; d‘autre part, l’immense silence, encore aujourd’hui, de tous les amis de la famille qui ont fini par le savoir et qui n’ont jamais rien dit, et qui doivent être nombreux puisque la propriété varoise d’Olivier Duhamel était leur point de ralliement. Seule Marie-France Pisier, la tante, a été choquée et a demandé à sa sœur de quitter Olivier Duhamel. Elle est morte brouillée avec Évelyne qui refusait la séparation. Le livre de Camille Kouchner est ainsi dédié à sa tante.

    Probablement qu’une action judiciaire aurait peu de chance d’aboutir à une condamnation, puisque le frère abusé a eu 18 ans en 1993, c’est-à-dire il y a plus de 27 ans, et il me semble que dans les deux cas (si les actes étaient qualifiés de viol ou seulement d’abus sexuel), il y aurait prescription.

    En effet, il semblerait qu’il y ait prescription dans les deux cas de figure, viol ou abus sexuel, tous les deux « commis par un ascendant légitime naturel ou adoptif ou toute personne ayant autorité sur la victime ». Viol : aujourd’hui prescrit au bout de trente ans après la majorité (loi n°2018-703 du 3 août 2018), mais pour les victimes nées avant le 3 août 1980, c’est la loi n°2004-204 du 9 mars 2004 (article 72) qui s’applique avec une prescription de seulement de vingt ans après la majorité (par la non rétroactivité des lois). Abus sexuel commis sur moins de 15 ans : aujourd’hui prescrit au bout de vingt ans après la majorité (loi n°98-468 du 17 juin 1998), mais pour les victimes nées avant le 17 juin 1977, c’est la loi n°95-116 du 4 février 1995 qui s’applique, prescription de seulement trois ans après la majorité.

    Ce scandale, comme on le voit, n’éclate pas dans une simple famille recomposée ordinaire, elle éclate dans un milieu très branché politiquement qui risque d’éclabousser de très nombreuses personnes, plutôt à gauche. D’un point de vue politique, cela n’aura probablement pas beaucoup de conséquence puisque la gauche a déjà explosé depuis 2016, mais d’un point de vue sociétale, ce sera certainement un nouveau point de référence pour en finir avec tous les crimes et délits sexuels passés sous le silence des alcôves familiales. Il y aura un avant et un après les révélations de Camille Kouchner. Et cela, il faut s’en réjouir et remercier la parole de Camille Kouchner. Au nom de toutes les victimes.

    Source : Le blog de Sylvain Rakotoarison (05 janvier 2021)

    Tags : Olivier Dyhamel, Camille Kouchner, Evelyne Pisier, Bernard Kouchner,

  • Pourquoi l’affaire Duhamel plonge-t-elle Sciences Po dans la tourmente ?

    Pourquoi l’affaire Duhamel, suite aux révélations de Camille Kouchner, dans son livre « La Familia grande » paru au Seuil, plonge-t-elle Science Po, cet établissement prestigieux, dans la tourmente ?

    Depuis les révélations du livre de Camille Kouchner, « La Familia grande », paru au Seuil, le 5 janvier 2021, Sciences Po Paris, l’une des plus prestigieuses grandes écoles françaises, est dans la tourmente. Le livre accuse d’inceste le politologue et constitutionnalise Olivier Duhamel, qui y occupait depuis plusieurs décennies une place centrale, en étant notamment président de la Fondation nationale des sciences politiques. Pourquoi et comment l’affaire Duhamel interroge-t-elle le fonctionnement et la gouvernance de cet établissement de renom ?

    Guillaume Erner reçoit Jérôme Lefilliâtre, grand reporter au quotidien Libération, il enquête sur l’affaire Duhamel.

    Vous pouvez écouter l’interview en intégralité en cliquant sur le player en haut à gauche de cette page.

    Source : France Culture, 12 jan 2021

    Tags : Olivier Duhamel, Bernard Kouchner, Camille Kouchner, Evelyne Pisier,

  • Etats-Unis: Biden nomme Samantha Power à la tête de l’Agence pour le développement international

    Le président américain élu, Joe Biden, a nommé l’ardente partisane de l’élargissement du mandat de la mission de l’ONU au Sahara occidental (Minurso) aux droits de l’Homme, Samantha Power, au poste de directrice de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID), avec un rôle renforcé par rapport à ses prédécesseurs. 

    Si le Sénat confirme sa nomination comme administratrice de l’Agence USAID, Samantha Power, ex-ambassadrice à l’ONU (2013-2017) et militante de la diplomatie humanitaire, siègera au sein du Conseil de sécurité nationale – signe de l’importance inédite que le démocrate Biden veut donner à ce dossier. Et elle sera la personnalité la plus connue jamais désignée pour ce rôle. 
    « Samantha Power est une voix de la conscience et de la clarté morale mondialement connue, qui stimule et rassemble la communauté internationale pour défendre la dignité et l’humanité de tout le monde », a déclaré Joe Biden dans un communiqué. « En tant qu’administratrice de l’USAID, l’ambassadrice Power sera une force puissante en faveur des vulnérables, favorisant une nouvelle ère de progrès humain et de développement tout en faisant la promotion des intérêts américains », a-t-il ajouté. Selon des sources diplomatiques citées par le Elportal diplomatico, « la nomination de Power est un signe que la politique américaine envers le Sahara occidental adoptée par Trump a pris fin ». 
    Aussi, selon les sources, la confiance accordée par Biden en les fonctionnaires faisant partie de l’administration Obama, pour occuper des postes clés, est une indication claire du changement de la politique étrangère américaine envers la question du Sahara Occidental ». L’un des aspects les plus connus de la ligne politique défendue par Power durant son passage à l’ONU, en ce qui concerne le Sahara occidental, est sa défense de l’extension du mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental (Minurso) aux droits de l’Homme dans les zones occupées par Maroc. 
    Après son enfance en Irlande, cette immigrée devient journaliste de guerre et remporte le prestigieux Prix Pulitzer pour son livre de 2002 « A Problem from Hell », dans lequel elle critique la timidité américaine face aux génocides dans le monde. Elle soutient ensuite Barack Obama, qui la nomme ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies lors de son second mandat. 
    En 2019, elle publie un nouveau livre publié en 2019, intitulé « The Education of an Idealist » (L’éducation d’une idéaliste). Samantha Power, 50 ans, doit succéder à l’administrateur par intérim de l’USAID John Barsa.
    Reporters DZ, 16 jan 2021
    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, Joe Biden, Samantha Power, USAID, Barack Obama,
  • Sahara Occidental : L'APLS poursuit ses attaques ciblant les retranchements des forces de l'occupation marocaine

    L’APLS poursuit ses attaques ciblant les retranchements des forces de l’occupation marocaine

    BIR LEHLOU – L’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) a poursuivi ses attaques contre les positions et les retranchements des forces d’occupation marocaine, derrière le mur de sable marocain, pour le 65e jour consécutif, a indiqué un communiqué du ministère sahraoui de la Défense.
    Selon le communiqué numéro 65 rapporté, samedi, par l’Agence de presse sahraouie (SPS), « des unités de l’Armée sahraouie ont lancé de nouvelles attaques ciblant les positions de l’armée d’occupation marocaine dans les secteurs de Kelta, El Fersia, Haouza, Tichla et Mehbes ».
    Le communiqué militaire a également fait état d’un bombardement intense mené vendredi par les forces de l’Armée sahraouie contre les positions de l’occupant marocain dans deux autres régions du secteur de Kelta.
    L’APLS a en outre bombardé « les positions des forces d’occupation marocaine dans les régions Hedjour et Elfaaiin (secteur d’El Farsia) et Ras Fedret Laktitra (secteur de Haouza) ».
    Samedi, deux autres attaques ont ciblé une zone dans le secteur de Tichla et deux autres dans le secteur de Mehbes.
    Les attaques de l’APLS se poursuivent, ciblant les positions et les retranchements des forces d’occupation marocaine qui ont été infligées de lourdes pertes humaines et matérielles, le long du mur de la honte.
    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, 
  • L'occupant marocain fait la promotion de victoires fictives au Sahara occidental

    BIR LAHLOU (Territoires sahraouis libérés) – L’occupant marocain fait la promotion de victoires fictives au Sahara occidental pour absorber la colère du peuple marocain qui rejette la normalisation avec l’entité sioniste, et couvrir les lourdes pertes subies par son armée, a affirmé samedi le ministre de l’Information, porte-parole du gouvernement sahraoui, Hamada Salma Daf. 

    Dans une déclaration à l’APS, M. Hamada Salma a précisé que le régime marocain « est au bord du gouffre en raison du rejet du peuple marocain de l’accord de normalisation avec l’entité sioniste, ce qui a amené le Makhzen à faire la promotion d’acquis fictifs en usant de la désinformation ».
    Dans cette optique, le responsable sahraoui s’est interrogé « si la violation marocaine de l’accord de cessez-le-feu, le 13 novembre dernier, dans la région d’El Guerguerat et la construction d’un mur de sable, ceinturé de mines, était vraiment une victoire militaire, tel qu’avancé par
    le Maroc, et si l’attaque contre des civils sahraouis sans défense, en faisant fi de la légitimité internationale était une victoire ou un nouveau crime à inscrire dans le registre des violations continues des droits du peuple sahraoui ».
    « Faire la promotion de l’ouverture de consulats dans les villes sahraouies occupées comme étant une victoire diplomatique est une grande supercherie à laquelle les médias du Makhzen et certains porte-voix médiatiques français veulent donner une importance exagérée », a mis en exergue le responsable sahraoui, indiquant que « l’ouverture des représentations diplomatiques dans les villes sahraouies occupées, ou la reconnaissance de la prétendue souveraineté du Maroc sur les territoires sahraouis ne changera pas la nature juridique du conflit dans la région ».
    Et de poursuivre que « toutes les résolutions onusiennes soulignent la nécessité de respecter le droit des peuples à l’autodétermination et que la souveraineté d’un pays sur les territoires qu’il a occupés par la force ne peut être établie », rappelant la résolution N37/34 de l’Assemblée générale de l’ONU en 1979, qui a reconnu que le Maroc est une puissance d’occupation, et partant « aucun pays n’a le pouvoir légal d’accorder le Sahara occidental au Maroc ».
    Le même responsable a fait savoir que le Maroc tente de corrompre des pays pour ouvrir des consulats dans les villes occupées, et ce en dépit du fait que ces pays ne comptent aucune communauté dans les territoires sahraouis, rappelant les déclarations de la secrétaire générale de l’Association française d’amitié et de solidarité avec les peuples d’Afrique (AFSPA), Michèle Decaster qui a relevé que « le Maroc a payé pour l’ouverture de consulats à Dakhla et à Laâyoune alors qu’aucune communauté appartenant aux pays (ayant ouvert ces consulats) ne vit dans ces zones ».
    Evoquant la déclaration du président américain sortant, Donald Trump, concernant la reconnaissance de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, le responsable sahraoui a déclaré : »d’aucuns ignorent que l’annonce de Trump intervient dans le cadre d’un deal prévoyant une normalisation des relations, ôtant ainsi toute légitimité à cette reconnaissance car étant une transaction commerciale ».
    « Les américains étaient les premiers à dénoncer ce deal, par la voix de plusieurs personnalités connues, à l’instar de John Bolton, car portant atteinte à la place des Etats-Unis au sein de la communauté internationale, étant un membre au Conseil de sécurité se devant de respecter la légalité internationale », a-t-il poursuivi dans ce sens.
    Misant sur l’UA pour le règlement de la question sahraouie, M. Salma Daf a formé le vœux de voir l’UA s’acquitter de son rôle et a dit attendre la réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’UA avant la tenue du Sommet africain en février prochain notamment après la récente décision du 14e Sommet extraordinaire de l’UA. « L’Afrique est capable de résoudre ses problèmes toute seule », a-t-il affirmé.
    « Nous pouvons réaliser au niveau du Conseil de paix et de sécurité de l’UA ce que nous n’avons pas réussi à atteindre au niveau du Conseil de sécurité onusien, en raison des entraves dressées par certains de ses membres », a-t-il dit, soulignant que « certaines grandes puissance sont attirées par les richesses africaines au lieu des intérêts de ses peuples ».
    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario,