Mois : janvier 2021

  • Brexit: Le Royaume-Uni ouvre une nouvelle page de son histoire

    Après avoir parachevé sa rupture avec l’Union européenne, le Royaume-Uni a ouvert vendredi dernier une nouvelle page de son histoire pleine d’inconnues pour un pays profondément divisé et durement touché par la pandémie de coronavirus.

    A 23H00 locales et GMT jeudi (minuit à Bruxelles), sans la moindre effusion au sein d’une population massivement confinée, le pays a cessé d’appliquer les règles de l’UE, quittant le marché unique et l’union douanière. Après 47 ans d’orageuse intégration européenne et après quatre ans et demi de rebondissements suivant le référendum de 2016, c’est l’aboutissement du Brexit, officiel depuis le 31 janvier, mais aux effets repoussés par une période transitoire destinée à amortir le choc.

    Dans un éditorial publié dans le Daily Telegraph, le Premier ministre, Boris Johnson, grand artisan du Brexit, assure que 2021 sera «une année de changement et d’espoir», vantant l’accord de libre échange conclu avant Noël avec Bruxelles. «Pour nous, cela signifie la fin des querelles rancunières sur l’Europe qui ont empoisonné notre politique depuis si longtemps», plaide-t-il. «Pour nos amis, cela ne veut certainement pas dire qu’ils nous ont perdu, et encore moins notre appétit pour leurs Maseratis ou leur Gewurtztraminer».

    L’accord de libre échange, sans quota ni droit de douane, conclu in extremis avec Bruxelles, évite une rupture trop abrupte, dévastatrice économiquement. Toutefois le bouleversement est réel: la libre circulation permettant aux marchandises comme aux personnes de passer sans entrave la frontière a pris fin – sauf entre l’Espagne et l’enclave britannique de Gibraltar, ainsi qu’entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande. Il faut désormais remplir des déclarations de douanes et subir des inspections sanitaires pour exporter à travers la Manche, un titre de séjour pour s’installer de l’autre côté, et un certificat sanitaire pour les chiens et chats britanniques voyageant vers l’UE. Par contre, les ambitions mondiales du Royaume-Uni risquent de se heurter au départ de Donald Trump, Brexiter convaincu contrairement à son successeur à la Maison- Blanche, Joe Biden.

    Dans son pays, Boris Johnson doit tourner la page d’une saga qui l’a emmené au plus haut de l’échelle politique, mais a profondément divisé les Britanniques. L’unité du Royaume est fissurée, en particulier du côté de l’Ecosse, qui a voté à une large majorité pour rester dans l’UE. «L’Ecosse sera bientôt de retour, Europe», a tweeté la Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, déterminée à organiser un nouveau référendum sur l’indépendance. A court terme, des perturbations sont redoutées dans le sud de l’Angleterre sur les routes menant vers les ports transmanches, si les nouvelles formalités ralentissent la circulation et allongent les files de camions, surtout la semaine prochaine.

    Contrairement à l’UE, le gouvernement britannique a décidé de mettre en œuvre graduellement les contrôles douaniers, qui ne concerneront pas toutes les marchandises qu’à partir de juillet. Dans un accord de 1.246 pages, l’UE offre au Royaume-Uni un accès sans droits de douane ni quotas à son marché de 450 millions de consommateurs, mais il prévoit, pour éviter toute concurrence déloyale, des sanctions et des mesures compensatoires en cas de non respect de ses règles en matière d’aides d’Etat, d’environnement, de droit du travail et de fiscalité. Les entreprises de la finance, secteur majeur à Londres, perdront, elles, leur droit automatique d’offrir leurs services dans l’UE, tandis que les pêcheurs britanniques sont déçus de devoir encore partager une grande partie de leurs eaux avec les Européens.

    Sud Horizons, 1 jan 2021

    Tags : Brexit, Royaume Uni, Union Européenne, UE, UK,

  • Le Maroc sous la poudrière

    Qui sème le vent recolte la tempête. « La colère du peuple Marocain en plus de la misère peut exploser d’un jour à l’autre. Depuis la normalisation des relations avec le sionisme d’Israël, les jours du Makhzen sont comptés. Le silence ne veut pas dire accepter la réalité. Tout se vit et se fait à contre coeur révèle notre source bien informé de la situation Marocaine.

    Deuxième pays exportateur de drogue dans le monde, le Makhzen du roi mohamed Vl du Maroc, s’en prend à l’algerie, pays voisin qui défend la justesse de la cause du peuple Sahraoui qui lutte pour son indépendance depuis 1975. Soumise aux ordres dans sa majorité, la presse Marocaine officielle et officieuse et plus de 417 sites électroniques et réseaux sociaux, financés par l’argent de la drogue,s’en prend à l’algerie pour faire croire au monde que l’algerie fait fausse route alors que c’est tout a fait le contraire. » 
    Avec tout le respect que l’on doit au peuple Marocain, le makhzen se distingue par sa politique de fuite en avant et mensongère pour tenir l’image et l’action diplomatique de l’Algerie dans le monde, afin de maintenir sa colonisation du peuple Sahraoui, reconnue pourtant dans la charte de l’ONU depuis » souligné Abderrahmane Tim. Pis encore, très faible dans position, le makhzen, n’a pas trouvé mieux pour s’en sortir d’une crise politique et économique chronique qui risque de renverser son régime qui remonte au moyen moyen-âge, que de produire un film long métrage de trop à cout de milliards de dollars et qui sera diffusé prochainement dans plus de 120 pays, comme énièmes compagne d’informations et de désinformation au même temps, rien que pour faire la promotion du tourisme Marocain. 
    Ceci d’un côté, et d’un autre côté, semer la zizanie et l’amalgame contre son voisin l’algerie, paix de valeurs universellement reconnue à travers son principe et sa politique d’indépendance des peuples et de non-ingérence dans les affaires internes des pays, le makhzen, fait semblant de convaincre les autres démocraties et chancellerie, alors qu’il est entrain braver le droit international et par-delà, provoquer d’autres déstabilisations régionales et internationale qui vont se retourner tôt ou tard contre la propagation du mal qui suit son statut de deuxième pays exportateur de la drogue. Quand on dit » pays exportateur de drogue, cela veut dire tuer l’intelligence humaine, exploiter la faiblesse et la pauvreté des jeunes pour les enrôler dans des guerres malsaines et vaines ». 
    Vivant sous la poudrière depuis, le Maroc pense isoler l’algerie du monde, mais ce n’est pas le cas. L’Algerie est pays de paix et de valeurs humaines universelles.
    Algérie62, 1 jan 2021
    #Maroc #SaharaOccidental #WesternSahara #Morocco #Marruecos #Polisario #Israël #DonaldTrump #Normalisation
  • Maroc Leaks : Conseils de C&I au sujet de l’expulsion d’Aminatou Haidar

    Aminatou Haidar, la militante sahraouie la plus récompensée à l’échelon international, a été arrêtée par des fonctionnaires de la sécurité marocains à son arrivée à l’aéroport de Laâyoune (la capitale du Sahara occidental) le 13 novembre 2009. Mme Haidar revenait d’un voyage aux États-Unis, où elle s’est vu remettre le Civil Courage Prize 2009. Elle a été interrogée et son passeport lui a été confisqué parce qu’elle n’aurait pas rempli les formalités administratives afin de pouvoir entrer dans le pays. Elle serait libérée si elle reconnaissait la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, ce qu’elle a refusé de faire. Après quoi, elle a été mise contre son gré sur un avion à destination de Lanzarote (îles Canaries). Selon la version marocaine, elle aurait «nié sa nationalité marocaine et confirmé son appui aux idées séparatistes». À son arrivée à Lanzarote, elle a entamé une grève de la faim pour protester contre le traitement dont elle a fait l’objet et contre son expulsion.

    Pour la gestion de cette affaire, les autorités marocaines se sont payé les services du cabinet Communication&Institutions. Ci-après, les documents élaborés par ce cabinet à ce sujet :


    Lundi 14 décembre 2009

    ELEMENTS D’INFORMATION
    SUR L’ACTION ENGAGEE
    PAR MME AMINATOU HAIDAR


    I- MME AMINATOU HAIDAR, UNE MILITANTE AU SERVICE DE L’ALGERIE ET DU FRONT POLISARIO

    II- LES FONDEMENTS DE LA DECISION DES AUTORITES MAROCAINES

    A- Au regard du droit marocain

    B- Au regard du droit international

    Précisions sur l’action médiatique engagée par Aminatou Haidar
    à l’aéroport d’Arrecife (Canaries)

    Le vendredi 13 novembre 2009, lors de son arrivée à l’aéroport de Laâyoune au Maroc, Madame Aminatou Haidar, militante marocaine au service du Polisario, a refusé de remplir les formalités de police et de mentionner sa nationalité sur sa fiche de débarquement, comme l’exige pourtant la réglementation internationale en vigueur. Elle a également renié, par écrit, devant le Procureur du Roi et témoins, sa nationalité marocaine. Cet incident était prémédité : Mme Aminatou Haidar était accompagnée de deux journalistes espagnols appartenant à une compagnie de communication privée rémunérée.

    Son interpellation s’est effectuée dans le respect de la loi, en présence de membres de sa famille, sans préjudice moral ni physique, à l’heure où plusieurs médias, préparés à l’avance, annonçaient de prétendues « arrestation », « enlèvement » et « disparition ». En réalité, Mme Aminatou Haidar n’a pas été autorisée à entrer sur le territoire marocain, en application du règlement de l’Organisation de l’aviation civile internationale, puisqu’elle refusait de remplir les formalités d’usage.

    1. Aminatou Haidar : une militante au service de l’Algérie et du Front Polisario

    Mme Aminatou Haidar se présente volontiers comme une « militante des droits de l’Homme », contribuant à déplacer le débat sur un terrain inapproprié, compte-tenu des enjeux diplomatiques.

    Depuis quelques années, en effet, son activité se résume à troubler l’ordre public au service de la cause indépendantiste sahraouie ; en décembre 2005, elle a été condamnée à 7 mois de prison pour avoir encadré une manifestation violente à Laâyounne, avant de bénéficier d’une grâce royale en janvier 2006..

    Depuis, elle s’est mise au service d’une stratégie algérienne visant à torpiller, par tous les moyens, l’Initiative marocaine d’autonomie du Sahara, pourtant très favorablement accueillie par la Communauté internationale. Elle a utilisé ses fréquents déplacements à l’étranger pour servir de caisse de résonnance au discours du séparatisme et véhiculer toutes sortes d’allégations sur la situation des droits de l’Homme au sud du Royaume. Sous prétexte de défendre les droits de l’Homme, Mme Aminatou Haidar a toujours entretenu des contacts étroits et réguliers avec les services algériens, ses donneurs d’ordre et pourvoyeurs de fonds. Dans tous ses déplacements, elle a bénéficié de l’appui logistique, de l’encadrement diplomatique et du soutien politique des Ambassades d’Algérie. Elle s’est toujours identifiée au Polisario et s’est intégrée dans ses activités à l’étranger (cf. documents annexes joints).

    Durant ces années, Mme Aminatou Haidar, qui profitait de l’espace de liberté et d’ouverture démocratique du Royaume, n’a pas agi en tant que défenseur des droits de l’Homme, mais en tant qu’activiste politique qui travaille ouvertement pour les intérêts d’un gouvernement étranger. Sa grève de la faim doit être perçu comme un « coup » médiatique visant à répondre, par l’émotionnel, au désarroi d’une organisation militaire en plein déclin – le Polisario -, incapable de la moindre ouverture dans le cadre des négociations actuelles parrainées par l’ONU.

    . Les fondements de la décision des autorités marocaines : une réponse proportionnée

    Au regard du droit marocain, Mme Haidar n’a fait l’objet d’aucune mesure d’expulsion, ni de refoulement ou de bannissement. En affirmant aux services douaniers qu’elle renonçait à sa nationalité marocaine, elle s’est délibérément placée en dehors du code marocain de la nationalité et des protections qui en découlent. Ne souhaitant pas accomplir les formalités d’accès au territoire, pourtant reconnues et exigées dans tous les aéroports du monde, elle a choisi librement de ne pas y accéder. A noter à ce propos que la transgression de ces règles est passible de sanctions dans certaines législations, ou de mesures rigoureuses comme aux Etats-Unis.

    Au regard du droit international, le Maroc a refusé à Mme Aminatou Haidar d’accéder à son territoire en application du règlement de l’Organisation de l’aviation civile internationale.

    Plus généralement, sa conduite est incompatible avec l’article 12 du Pacte des droits civils et politiques des Nations Unies, sur les obligations de préservation de l’ordre public. De même, elle est en contradiction avec les termes de la résolution de l’Assemblée générale 53/144 du 9 décembre 1998 sur les « droits et obligations des défenseurs des droits de l’Homme », qui impose le respect de la loi pour satisfaire aux exigences de la morale, de l’ordre public et du bien-être général dans une société démocratique ; l’article 19 de cette même résolution énonce, par ailleurs, qu’aucune de ses dispositions ne peut être interprétée comme un droit de se livrer à une activité ou d’accomplir un acte visant à détruire les libertés visées dans la résolution. Enfin, la 4ème Convention de Genève de 1949 n’est pas applicable car, depuis le cessez-le-feu de 1991, la question du Sahara est entrée dans une phase de recherche d’une solution politique par la négociation.

    Le Maroc est donc légalement et légitimement fondé à prendre les mesures de maintien de l’ordre public, de la sécurité des biens et des personnes, et de la tranquillité des citoyens.

    La situation de Mme Aminatou Haidar a été immédiatement exploitée par l’Algérie et le Polisario comme élément de surenchère et de chantage pour reporter la reprise des négociations. Sa grève de la faim, entamée le 13 novembre 2009 à l’aéroport d’Arrecife de l’archipel espagnol des Canaries, si douloureuse qu’elle puisse être pour cette militante et sa famille, ne contribue aucunement à améliorer le processus de dialogue engagé avec le Polisario sous l’égide des Nations-Unies.

    * * *

    ANNEXE 1

    Encadrement de Mme AMINATOU HAIDAR par l’Algérie et les responsables du Polisario

    Encadrement par des responsables du Polisario

    Belgique :

    Le 2 juin 2006, entrevue d’Aminatou Haidar avec l’ambassadeur algérien dans la capitale belge, Halim Ben Attalah, en présence de Mohamed Sidati, « Ministre Conseiller, Délégué de la Rasd en Europe ».

    Le 13 octobre 2007, le prix « Silver Rose 2007 » lui est décerné à Bruxelles, en présence de Mahfoud Ali Beiba.

    Italie :

    Le 14 juin 2006, participation d’Aminatou Haidar à une conférence de presse à Rome, en présence de Omar Mih, représentant du Polisario en Europe, dans la capitale italienne.

    France :

    Visite, le 31 mai 2006, d’Aminatou haudar au Parlement Européen à Strasbourg en compagnie de Mohamed Sidati.
    Le 8 octobre suivant, elle est accueillie à Mantes-La-Jolie par le représentant du polisario à Paris, Sadafa Ahmed Bahia.

    USA :

    Le 2 janvier 2007, Aminatou Haidar est accueillie à New York par Ahmed Boukhari en vue de prendre part à des groupes de travaux sur la condition féminine.
    Le 1er février, elle participe, à Washington, en compagnie de Ahmed Boukhari et de Mouloud Said, représentant dans la capitale américaine, à l’évènement religieux « Breakfeast Prayers ».

    Royaume-Uni :

    Le 7 octobre 2007, Aminatou Haidar a été reçue, ainsi que Khadija Hamdi, par la section locale d’Amnesty International.

    Autriche :

    Aminatou Haidar assiste, le 18 octobre 2008, en compagnie de Mahfoud Ali Beiba, à une conférence-débat de l’Institut Renner.

    Nigeria :

    En octobre 2008, Aminatou Haidar a participé à Abuja, en compagnie de « l’Ambassadeur » Ubbi Bouchraya Bachir, à une semaine de solidarité avec le FP.

    A. Haidar avec Abdellah Baâli ambassadeur d’Algérie auprès des Etats-Unis d’Amérique à la résidence d’Algérie à Washington

    A. Haidar avec Halim Benatallah, ambassadeur d’Algérie en Belgique et Mohamed Sidati, représentant du polisario en Europe (à l’Ambassade d’Algérie à Bruxelles)
    A. Haidar avec Halim Benatallah, Ambassadeur d’Algérie en Belgique
    A. Haidar avec Mahfoud Ali Beiba, « président du parlement de la rasd » et chef de la délégation du polisario pour le processus de négociation et Khalil Sid Ahmed « ministre des territoires occupés » (chargé de la subversion)
    A. Haidar avec Mouloud Said représentant du polisario aux USA

    Mouloud Said représentant du polisario à Washington assurant la logistique pour les activités d’A. Haidar aux Etats-Unis

    Aminatou Haidar arborant le drapeau de la « rasd »

    ANNEXE 2

    Analyse détaillée des fondements de la décision marocaine

    ANALYSE DETAILLEE DES FONDEMENTS DE LA DECISION MAROCAINE

    A- Au regard du droit marocain :

    1- Passeport, une pièce d’identité marocaine :

    a. Au Maroc, comme dans le reste des pays du monde, la Carte d’identité nationale et le passeport sont délivrés à la demande, selon une procédure et sur la base d’un dossier comportant un certain nombre de pièces administratives ;
    b. Madame Haidar a fait le libre choix de demander, suivant la procédure en cours, un passeport marocain et l’a obtenu ;
    c. C’est en tant que Marocaine, détentrice d’un passeport marocain, qu’elle a pu obtenir des visas et se rendre dans de nombreux pays.

    2- Refus d’accomplir les formalités juridiquement exigées d’accès au territoire :

    a. Mme Haidar a refusé de remplir, comme il se doit, la fiche de déparquement.

    b. Les mesures appliquées au Maroc, notamment les formalités d’entrée au territoire, sont universellement établies et exigées. Leur transgression est même passible de sanctions dans certaines législations, ou de mesures rigoureuses, comme c’est le cas aux Etats-Unis d’Amérique notamment.

    3- Négation de la nationalité marocaine :

    a. Mme Haidar est née Marocaine, en 1966, à Akka, province de Tata (Anti-Atlas), en dehors de la zone connue sous le nom de « Sahara occidental » ;

    b. L’intéressée a affirmé aux services douaniers et au personnel de sécurité qu’elle n’est pas marocaine. Sur ce, elle a affirmé vouloir renoncer à sa nationalité, rendant ainsi caducs ses pièces d’identité nationale ;

    c. C’est donc délibérément que Mme Haidar s’est placée en dehors du code marocain de la nationalité, et partant des protections et garanties qui en découlent.

    d. Face à l’entêtement de Mme Haidar, les autorités marocaines se sont trouvées contraintes d’appliquer la loi. Préférant ne pas accomplir les formalités exigées, l’intéressée a, ainsi, choisi, elle-même, de ne pas accéder au territoire.

    e. La marge entre liberté d’expression et devoir de citoyenneté a été ostentatoirement violée.

    f. Au regard du droit marocain, Mme Haidar n’a fait l’objet d’aucune mesure d’expulsion, ni de refoulement ou de bannissement.

    B- Au regard du droit international :

    1- Que l’individu soit marocain ou étranger, il doit respecter les formalités exigées aux postes frontières. L’intéressée n’a qu’à respecter le droit. Elle ne l’a pas fait. Le Maroc lui a refusé l’accès à son territoire en application du règlement de l’OACI.

    2- La gestion de cette question ne comporte aucune violation du Pacte des droits civils et politiques à l’encontre de Mme Haidar en tant que citoyenne marocaine. Il est à souligner que le Pacte impose des obligations que Mme Haidar a sciemment refusé de respecter, notamment celles relatives à la préservation de l’ordre public (cf. article 12).

    3- Les actes, les déclarations, les objectifs poursuivis par A. Haidar sont en complète contradiction avec les termes de la résolution de l’Assemblée générale 53/144 du 9 décembre 1998, relative aux « droits et obligations des défenseurs des droits de l’Homme ». En effet, l’article 17 de cette résolution impose à chacun, agissant individuellement ou en association avec d’autres, l’obligation du respect de la loi afin de satisfaire aux exigences de la morale, de l’ordre public et du bien-être général dans une société démocratique. L’article 19 de la même résolution énonce, par ailleurs, qu’aucune de ses dispositions ne peut être interprétées comme un droit de se livrer à une activité ou d’accomplir un acte visant à détruire les libertés visées dans la résolution.

    4- La 4ème Convention de Genève de 1949 n’est pas applicable dans le cas de Mme Haidar. Nous ne sommes ni dans une situation d’hostilités ouverte, ni dans une situation d’occupation ou de violence interne. En effet, depuis la proclamation du cessez-le-feu en 1991, la question du Sahara est entrée dans une phase de recherche d’une solution politique par la négociation.

    5- Le Maroc est légalement et légitimement fondé à prendre les mesures de maintien de l’ordre public, de la sécurité des biens et des personnes, et de la tranquillité des citoyens.

    Liste de diffusion pour la note de synthèse sur l’affaire Haidar.

    Journalistes

    Le Monde
    Jean-Jacques Bozonnet, correspondant à Madrid
    bozonnet@lemonde.fr
    Florence Beaugé
    beauge@lemonde.fr

    Libération / RFI ,…
    Léa-Lisa Westerhoff
    lea_westerhoff@yahoo.fr

    Le Figaro
    Thierry Oberlé
    toberle@lefigaro.fr
    Diane Cambon, correspondante à Madrid
    dianecambon@yahoo.fr

    La Tribune
    Thierry Maliniak, correspondant à Madrid
    maliniak@telefonica.net

    Les Echos
    Richard Hiault, chef du service International
    rhiault@lesechos.fr

    Le Point
    Mireille Duteil
    mduteil@lepoint.fr

    L’Express
    Dominique Lagarde
    dlagarde@lexpress.fr

    AFP Bureau de Madrid
    00 34 91 575 53 80 (fax)
    afp.madrid@afp.com

    Parlementaires

    Assemblée Nationale
    126, rue de l’Université
    75355 Paris 07 SP

    M. Axel Poniatowski
    Président de la Commission des affaires étrangères
    aponiatowski@assemblee-nationale.fr
    (fax) 01 40 63 42 94

    Mme Martine Aurillac
    Vice-président de la Commission des affaires étrangères
    maurillac@assemblee-nationale.fr
    (fax) 01 40 63 51 29

    M. Michel Destot
    Vice-président de la Commission des affaires étrangères
    mdestot@assemblee-nationale.fr
    (fax) 01 40 63 95 84

    M. Renaud Muselier
    Vice-président de la Commission des affaires étrangères
    rmuselier@assemblee-nationale.fr
    (fax) 01 40 63 54 71

    M. François Rochebloine
    Vice-président de la Commission des affaires étrangères
    frochebloine@assemblee-nationale.fr
    (fax) 01 40 63 33 89

    M. Guy Teissier
    Président de la commission de la défense nationale et des forces armées
    gteissier@assemblee-nationale.fr
    (fax) 01 40 63 41 92

    M. Jack Lang
    Membre de la commission de la défense nationale et des forces armées
    jlang@assemblee-nationale.fr
    (fax) 01 40 63 03 85

    M. Hervé de Charette
    Membre de la commission des affaires étrangères
    Ancien ministre des Affaires étrangères
    hdecharette@assemblee-nationale.fr
    (fax) 01 40 63 78 78

    M. Jean Roatta
    Président du groupe d’amitié France-Maroc
    jroatta@assemblee-nationale.fr
    (fax) 01 40 63 79 29

    Sénat
    Palais du Luxembourg
    15 rue de Vaugirard
    75006 Paris

    M. Josselin de Rohan
    Président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées
    j.de-rohan@senat.fr
    (fax) 01 42 34 46 50

    M. Christian Cambon
    Président du groupe d’amitié France-Maroc
    Membre de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées
    c.cambon@senat.fr
    (fax) 01 42 34 47 03

    Conseillers de cabinet

    Présidence de la République
    Palais de l’Élysée
    55 rue du faubourg Saint-Honoré
    75008 Paris

    M. Jean-David Levitte
    Conseiller diplomatique et sherpa

    Matignon
    Hôtel Matignon
    57 rue de Varenne
    75007 Paris

    M. Charles Fries
    Conseiller diplomatique

    Ministère des Affaires étrangères
    37 quai d’Orsay
    75700 Paris

    M. Fabrice Mauries
    Conseiller Afrique du Nord, Proche et Moyen Orient, Union pour la Méditerranée

    Mme Hélène Dantoine
    Conseiller Nations unies, Affaires globales, Affaires économiques internationales, Droits de l’Homme et affaires humanitaires

    Proposition de courrier d’accompagnement

    « Civilité »,

    Depuis le 13 novembre 2009, Madame Aminatou Haidar, militante au service du Polisario, effectue une grève de la faim à l’aéroport d’Arrecife de l’archipel espagnol des Canaries.

    Elle conteste la décision des autorités marocaines de ne pas l’accepter sur le territoire marocain, après la provocation préparée à laquelle elle s’est livrée à son arrivée à l’aéroport de Laâyoune : refus de remplir les formalités de police et négation de sa nationalité marocaine.

    Compte-tenu des proportions médiatiques que prend cette affaire et des messages mensongers parfois véhiculés, je me permets de vous faire parvenir une courte note apportant des précisions essentielles à la bonne compréhension des enjeux diplomatiques.

    En effet et fort malheureusement, l’action engagée par Mme Aminatou Haidar ne contribue aucunement à améliorer le processus de dialogue engagé par le Royaume du Maroc avec le Polisario, sous l’égide des Nations-Unies.

    Me tenant à votre disposition pour tout éclairage complémentaire, je vous prie d’agréer, « Civilité », l’expression de ma considération distinguée.


    Objet : Première note de débriefing sur l’affaire Aminatou Haidar

    A : Faïçal Laraichi
    De : Olivier Le Picard / Gaëtan de Royer
    Le : 18 décembre 2009

    1. Couverture en France

    Genèse de l’affaire : 13 novembre 2009 (passeport confisqué)
    1.2. la couverture en France de l’affaire Haidar a connu trois phases bien distinctes :

    la première, du 13 novembre au 4 décembre est relativement calme, c’est-à-dire limitée aux médias français à vocation internationale, à faible impact en France ; elle est alimentée par la MAP et par les correspondants espagnols de l’AFP ;
    la deuxième commence le soir du 4 décembre, à la suite du retour avorté de Mme Haidar, qui souligne de manière « spectaculaire » le différent entre l’Espagne et le Maroc ; c’est à partir de cet instant que les premières retombées significatives sont enregistrées (presse écrite généraliste ; quelques télévisions nationales) ;
    la troisième est la plus courte mais la plus intense ; elle est engendrée par les complications médicales du 17 décembre puis le dénouement de l’affaire.
    1.3. Cette dernière phase devrait logiquement se prolonger ce week-end, avant de retomber à l’approche de Noël.

    Pour l’heure, on observe surtout des retombées sur les radios et télévisions françaises à vocation internationale : TV5 Monde, France 24, RFI, Euronews (faible impact). Les grandes radios et télévisions généralistes sont très discrètes. La presse qui a déjà évoqué le sujet (Figaro, Libération, La Croix,…) devrait y revenir demain, pour clore le sujet.

    Depuis la visite en France de M. Taïeb Fassi-Fihri, la position du Maroc est relayée de manière plutôt satisfaisante ; le message consistant à souligner que Mme Haidar n’est pas une militante des droits de l’homme mais une proche du Polisario est bien passé ; plusieurs commentateurs relèvent enfin que le Parlement européen s’est abstenu de condamner l’affaire.

    2. Enseignements

    Il nous semble nécessaire de travailler dès maintenant sur des scénarios de crise et sur les interactions entre les médias marocains, français et internationaux.

    Compte tenu du dénouement de cette affaire, il semble probable que les activistes vont essayer d’entretenir le niveau d’intérêt des médias et générer d’autres affaires semblables.

    Nous pensons que la cellule de crise communication peut parer ces coups médiatiques et les gérer au mieux, à condition :

    d’anticiper les scénarios prévisibles (nouvelles provocations impliquant d’instruire les fonctionnaires sur la manière d’agir,…) ;
    de créer les conditions d’une réactivité immédiate, proportionnée et efficace en termes de communication ;
    de réactiver le plan de contact institutionnel et médiatique en France, autour de M. Laraichi et de M. l’Ambassadeur, pour booster l’efficacité du système de communication en cas de crise.
    La visite en France de M. Taïeb Fassi-Fihri et le travail argumentaire qui a été mené en parallèle, par l’intermédiaire d’une note de synthèse notamment, a permis de mieux faire comprendre la position du Maroc. D’où l’intérêt, à l’avenir, d’anticiper ce type de réponse et d’intervenir, si besoin, très en amont.

    DRAFT

    En-tête Ambassade

    Paris, le 18 décembre 2009

    Dénouement de l’affaire Aminatou Haidar : la loi nationale s’applique sur tout le territoire marocain

    Le Maroc se félicite de l’écoute et de la compréhension manifestées par ses amis et partenaires sur la question du Sahara marocain. Tous ont reconnu que, dans l’attente d’une solution politique définitive, la législation nationale s’applique sur l’ensemble du territoire marocain.

    Le fait que les formalités d’usage aient été accomplies à l’entrée sur le territoire du Royaume est de nature à satisfaire l’ensemble des Marocains attachés au respect total de la loi nationale, par tous, sans exception et sur l’intégralité du territoire marocain. Dans ces conditions, conformément à la tradition de générosité et d’ouverture du Peuple Marocain, le passeport marocain qu’elle réclamait, a pu lui être rendu.

    Cette affaire a permis de démontrer que les agissements de cette activiste n’étaient pas liés à la promotion des droits de l’Homme mais qu’elle avait bel et bien agi pour le compte du Polisario, qui demeure un mouvement totalitaire, héritier de la Guerre froide. Ce mouvement est soutenu, abrité et financé par l’Algérie qui, par la rigidité de sa position, constitue le principal point de blocage à la résolution de ce conflit artificiel.

    Le Maroc, comme l’ensemble de ses partenaires, rappelle l’importance et la centralité du processus politique de négociation, sur la base du réalisme et de l’esprit de compromis, processus engagé à la faveur de l’initiative marocaine d’autonomie. La négociation est la seule stratégie raisonnable pour parvenir à une solution politique définitive au profit d’un Maghreb uni, stable et prospère.

    Contact : M. Redouane Adghoughi, Ministre Conseiller auprès de S.E. M. El Mostapha Sahel, Ambassadeur du Royaume du Maroc en France, 01.45.20.91.48.

    Tags : #SaharaOccidental #Polisario #Maroc #Communication&Institution #Lobbying #AminatouHaidar

  • Introduction à l’histoire du Chiisme (1)

    Le chiisme a vu le jour au cours du premier siècle de l’Hégire et plus exactement suite à « La Grande Discorde » qui opposa les musulmans du Cham (la Syrie aujourd’hui) partisans de Mouaouia aux musulmans de Basra et de Koufa (en Irak) partisans du 4ème Calife ‘‘bien guidé’’ Ali (cousin et gendre du Prophète).

    L’origine de ce mouvement fut politique et sa transformation en un mouvement politico-religieux ne s’effectuera que plus tardivement comme nous le verrons dans le cadre de cette introduction à l’histoire du Chiisme et des Chiites.

    J’attire votre attention dès maintenant sur le fait que le travail que vous allez lire n’est pas l’œuvre d’un historien et qu’il ne prétend pas dire la Vérité absolue sur ce mouvement d’autant plus que les sources écrites qui existent aujourd’hui et qui on servit à élaborer l’histoire du chiisme n’ont vus le jour qu’au 2ème siècle de l’Hégire, c’est à dire après plus de cent ans de l’existence effective de ce mouvement.

    Je ne rentrerai pas dans plus de détails quant aux conditions historiques de l’élaboration de l’histoire des Chiites mais j’ai simplement voulu attiré votre attention sur la relativité de certaines informations que vous pouvez lire dans cette introduction et ce malgré le fait que j’ai essayé de ne prendre en considération que les éléments les plus vraisemblables en érigeant la neutralité comme ma première référence.

    Après la mort de Uthman en 35 de l’Hégire (656), Ali prendra sa place en tend que Calife des musulmans. Seulement, son règne ne durera pas longtemps car il sera très vite contesté par Mouaouia contre lequel il mènera la bataille de Ciffin en 37 de l’Hégire.

    En l’an 40 de l’Hégire, Ali est assassiné par un Kharijite du nom d’Ibn Moljem et ce parce que les Kharijites considèrent que les deux parties qui ont provoqués la grande discorde des musulmans (Ali et Mouaouia) ainsi que leur partisans sont tous dans l’erreur, qu’ils étaient de grands pécheurs et qu’ils méritaient la mort et l’enfer.

    La constitution du chiisme en tant que mouvement politique réclamant le Califat pour Ali ne s’arrêtera pas pour autant avec la mort de ce dernier. Très vite, les Chiites prêteront allégeance à l’aîné de ses fils, Al Hassan pour succéder à son père. Et de la réclamation du Califat pour Ali, nous passerons à la réclamation du Califat pour Ahl Al Bayt (La famille du Prophète).

    Les historiens, relèvent qu’a part ces revendications, il n’y avait, à ce moment, entre les Chiites et le reste des musulmans aucune divergence doctrinal.

    Al Hassan qui estimait ne pas avoir les moyens pour combattre Mouaouia préféra lui prêter, en compagnie de ses partisans, allégeance, puis se réfugie, accompagné de son frère Al Hussein et de son demi frère Ibn al Hanafya, à Médine.

    Damas, ou le nouveau Calife compte le plus de partisans est devenue la capitale du Califat et les deux villes saintes de l’islam : La Mecque et Médine, céderont leur rôle politique à la nouvelle capitale et ne garderont qu’un rôle religieux.

    Suite à la victoire incontestée de Mouaouia -et même auparavant- une très grave pratique a vue le jour dans les mosquées : l’injure de Ali dans les prêches du vendredi. Une pratique qui renforcera davantage la haine que porte désormais les Chiites pour les Omeyyades (partisans de Mouaouia).

    En plus, l’allégeance de Al Hassan et de ses partisans ainsi que son ‘‘isolement’’ à

    Médine n’ont, semble-il, pas suffit à tranquilliser Mouaouia sur le sort du fils de son rival. Il donnera alors ses ordres pour la mise à mort du petit fils du Prophète.

    C’est ainsi que les agents de Mouaouia s’approchèrent de la femme d’Al Hassan et lui demandèrent de l’empoisonner en contre partie d’une très grande somme d’argent et du mariage avec le fils de Mouaouia Yazid.

    En homme de parole, et suite à l’empoisonnement d’Al Hassan par sa femme en 49 de l’Hégire, Mouaouia lui donnera ce qu’il lui avait promis en argent mais pas… son fils. Il avait très peur que son fils épouse une empoisonneuse !

    Avec la mort d’Al Hassan, c’est au tour d’Al Hussein de réclamer ‘‘l’héritage’’ de son Grand-père (le Prophète) et de son père (Ali).Mais il ne le fera pas aussitôt.

    D’abord, parce qu’à Médine ou il ne comptait que peu de partisans, Al Hussein ne pouvait pas déclarer les hostilités à Mouaouia.

    Ensuite, parce que, comme sot frère, il a jugé que les chiites n’avaient pas assez de moyens pour renverser les Omeyyades.


    Il fallait donc attendre le moment propice…

    C’est ce qui adviendra avec la mort de Mouaouia en l’an 60 de l’Hégire. Seulement, ce dernier avait préparé depuis quelques années son fils Yazid pour lui succéder. Mais ce Yazid passe auprès de beaucoup de musulmans pour un buveur de vin… et on lui impute tous les vices de la terre. C’est ce qui expliquera le fait que la majorité des fils des compagnons du Prophète refuseront de lui prêter allégeance.

    Seulement, si Yazid ne pouvait craindre l’ensemble des fils des compagnons du Prophète, tel ne pouvait être le cas du fils du rival de son père et qui dispose d’un nombre très important de partisans à Basra et à Koufa. C’est pour cette raison que le gouverneur de Médine, sous l’ordre de Yazid, pressa Al Hussein de prêter allégeance au nouveau Calife.

    Sans tempérer, ce dernier qui avait déjà reçu secrètement plusieurs missives lui demandant de rejoindre ses partisans (80.000 hommes armés) à Koufa et réclamer l’héritage de son père, rassura le gouverneur sur ses intentions et lui demanda qu’il le fasse le lendemain publiquement.

    Mais avant l’aube, Al Hussein quitta Médine avec ses femmes, ses enfants et certains de ses partisans pour rejoindre Koufa …à 1300 Km de Médine.

    Signalons ici que le demi frère d’Al Hussein, Ibn Al Hanafya, ainsi que son entourage à Médine, était opposé au ralliement d’Al Hussein aux opposants Chiites en avançant comme argument le fait que si vraiment insurrection il y avait, pourquoi les Chiites ne s’étaient pas révoltés contre le gouverneur de Koufa ?

    Que dire alors d’une révolte contre l’ensemble du royaume Omeyyade !

    Cette analyse pertinente ne sera pas entendue par Al Hussein.

    Alerté du départ de Al Hussein de Médine, Ibn Zied qui fut entre temps nommé par Yazid gouverneur de Koufa et chargé de mater l’insurrection, se prépara pour recevoir Al Hussein et ses quelques combattants après avoir tué le chef Koufi des Chiites Hani Ibn Arwa (jeté du haut du palais de Ibn Zied).

    L’insurrection était matée, les combattants chiites tués ou emprisonnés et la situation avait déjà tournée au profit des Omeyyades avant même l’arrivé de Al Hussein !

    Ibn Zied envoya à la rencontre de Al Hussein 4000 hommes afin de lui barrer la route de Koufa. Les informations dont nous disposons sont unanimes pour dire que le but n’était pas de tuer le petit fils du Prophète mais de lui faire prêter allégeance à Yazid. Pour cette raison les hommes de Ibn Zied laisseront Al Hussein et ses combattants se diriger vers Kerbala (50 km de Koufa).

    Seulement, après avoir refuser de prêter allégeance, et suite à l’ordre du Calife Yazid, les guerriers de Ibn Zied massacrèrent les combattants d’Al Hussein : tous les mâles, y compris les petits garçons, furent tués et décapités. Quant à Al Hussein, le petit fils du Prophète, en lui trancha la tête et en l’envoya en signe de victoire au Calife Yazid.

    Un seul miraculé a échappé à ce carnage : un jeune enfant d’Al Hussein, Ali, sauvé par sa tente.

    La vengeance des chiites

    Avec la mort d’Al Hussein, fils de Ali et petit-fils du Prophète, en 61 de l’Hégire, le Chiisme en tant que mouvement politico-religieux prendra naissance. Les Chiites ne veulent plus seulement remettre le Califat aux mains de Ahl Al Bayt mais ils incluent dans leur dogme la vengeance d’Al Hussein.

    Mais avec cet événement, le Chiisme connaîtra aussi des difficultés (Absence d’un chef charismatique d’une part et divergence sur le quatrième Imam d’autre part) ainsi que des transformations.

    En effet, pour ce qui est des difficultés, après la mort d’Al Hussein il n’y avait plus qu’un seul mâle dans la famille de Ali et de Fatima (fille du Prophète) susceptible de prétendre à l’Imamat : Ali Zine Al Abidine, qui fut le seul rescapé mâle de la bataille de Kerbala.

    Seulement, à la mort de son père, Ali n’était qu’un petit garçon incapable de conduire la révolte et la vengeance des Chiites. En plus, il n’était pas l’unique mâle dans la (grande) famille du Prophète. Il y avait aussi, Ibn Al Hanfya, qui est le fils de Ali -mais pas de Fatima- et qui prendra la direction spirituelle du mouvement.

    Et là réside l’un des premiers problèmes du Chiisme : en effet, alors que la définition de Ahl Al Bayt, devrait englober toute la famille du Prophète (cousins, oncles, tantes…) les Chiites ne considèrent membres de cette famille -et donc prétendants à l’Imamat- que les descendants mâles de Ali et Fatima.

    Nous verrons plus loin l’explication politique de l’exclusion du reste des membres de la famille (et notamment de Ibn Hanfya) qui ne verra le jour que suite à l’échec d’Ibn Hanfya à reconquérir l’Imamat.

    Car au temps de Ibn Hanafya, les Chiites le considéraient bien comme leur quatrième Imam.

    La preuve : après la mort d’Al Hussein, une délégation de Chiites est envoyée à Ibn Hanfya pour l’informer des préparatifs des Chiites et prendre son avis à propos de Al Mokhtar (duquel nous parlerons plus loin).

    Autrement dit, à cette époque, les Chiites considéraient que tant que Ibn Hanfya, le troisième fils de Ali était en vie, Ali Zine Al Abidine n’avait aucun droit à l’Imamat… une position qui changera par la suite.

    Pour ce qui est des nouveautés dans le Chiisme de cette époque on notera la nouvelle distinction faite entre le chef spirituel et le chef politique -ou guerrier- des Chiites :

    Ibn Hanfya et tous les Imams qui lui succéderont seront des chefs spirituels loin de la politique contrairement à Ali, Al Hassan et Al Hussein.

    ***

    Très vite -dès 62 de l’Hégire- les Chiites s’organisèrent sous l’égide de Soliman fils de Sourad et commencèrent à recruter de nouveaux partisans pour venger Al Hussein.

    En quelques années ils réussirent à rassembler plus de 15.000 combattants.

    Profitant de la mort accidentel du Calife Yazid en l’an 65 de l’Hégire, Ibn Sourad entra en guerre contre l’armée Omeyyade conduite par le gouverneur de Koufa, le sanguinaire, Ibn Zied. Mais des 15.000 combattants, il ne pourra compter que sur 3000 cavaliers. La mission de Ibn Zied fut donc facile et il n’aura pas beaucoup de peine à écraser la rébellion Chiite en tuant son chef politique Ibn Sourad.

    A ce moment précis, une étoile montante du chiisme, Al Mokhtar, prendra sa place dans la direction politique du mouvement. Il ferra allégeance au troisième fils de Ali, Ibn Al Hanfya, et se chargera de venger Al Hussein.

    Les historiens parlent à son propos d’un homme très intelligent ; rusé et opportuniste alors que les chiites l’élèvent au rang d’un saint à partir du moment ou il a réussit ou tous les autres faillirent : il a vengé Al Hussien.

    Après la mort de Ibn Sourad, en 65 de l’Hégire, Al Mokhtar réussit à réunir autour de lui plus de 24.000 soldats pour combattre Ibn Zied. Ce dernier sera en effet capturé par l’armée de Al Mokhtar, son armée vaincue et lui torturé puis décapité.

    Les narrations de la torture de l’ancien gouverneur de Koufa, Ibn Zied, sont insupportables : on lui enlevait des tranches de chair de sa cuisse qu’on l’obligeait à avaler après les avoir grillait !

    On en fit de même pour tous les responsables de la mort d’Al Hussein qui s’étaient réfugiaient dans l’armée de Ibn Zied.

    La tête d’Ibn Zied ainsi que les têtes de la majorité de ses soldats furent tranchées et envoyées en trophées de guerres à Koufa pour Al Mokhtar.

    Bilan : les sources Chiites parlent de quelques vingt mille têtes !

    Ainsi les Chiites vengèrent la mort d’Al Hussein.

    La consolidation du dogme

    Nous avons déjà vu, comment le Chiisme a commencé à se constituer en tant que mouvement politico-religieux dès l’an 61 de l’Hégire (date de l’assassinat d’Al Hussein) et ce en instaurant comme premiers éléments du dogme chiite : la vengeance d’Al Hussein et la revendication du Califat (devenu Imamat) pour Ahl Al Bayet.

    Avec Ibn Hanafya et Al Mokhtar, la construction se poursuivra et ces deux personnages auront beaucoup d’influence sur l’évolution postérieure du Chiisme.

    ***

    Nous sommes en 67 de l’Hégire lorsque l’armée d’Al Mokhtar livre bataille à celle de Abd Allah Ibn Zoubayr (le Calife du Hijaz qui avait profité de la faiblesse de la dynastie Omeyyade pour proclamer en 60 de l’H. son Califat et qui fut à cette époque militairement plus fort que les Omeyyades) conduite par son frère Mosab.

    Ibn Zoubayr avait peur de la nouvelle ‘‘puissance militaire’’ qui était entrain de se constituer entre les mains des Chiites.

    Seulement, les armées zoubayrites n’ont pas eu beaucoup de mal à écraser Al Mokhtar et son armée.

    ***

    Voila pour les événements politiques de cette époque. Voyant maintenant la situation sur le plan dogmatique.

    Ce qui est perceptible dans la constitution du Chiisme -et vous allez le remarquer- et que chaque fois que les Chiites perdent un Imam ou un dirigeant, leur dogme se radicalise de plus en plus…

    Cela va se vérifier encore après la défaite de Al Mokhtar :

    D’abord, Al Mokhtar qui est considéré par les Sunnites comme un charlatan, est pour les Chiites un saint serviteur du quatrième Imam.

    A coté du rôle politico-militaire qu’il joua (en tant que lieutenant de Ibn Hanafya), cet homme prétendait être capable d’illumination divine.

    Le grand historien Tabari nous raconte même que plusieurs de ses prédictions se révélèrent justes.

    Al Mokhtar sera ainsi derrière la naissance de l’un des principes du Chiisme : le Bida selon lequel Dieu aurait changé le cours des choses initialement prévues parce qu’il il a eu de nouvelles choses qui lui sont apparues.

    Pour les Sunnites, ce genre d’analyse est inadmissible : la science de Dieu ne saurait connaître d’altération ou de changement… et toute personne qui croit à la Bida est hérétique.

    Pour les Chiites par contre, la Bida (le changement) n’a pas lieu dans les sciences divines mais dans l’ordre des choses…

    Ensuite, quelques décennies après la mort d’Al Mokhtar, le Chiisme se radicalisera de plus en plus : les Chiites ne revendiquent plus seulement la vengeance d’Al Hussein et le retour du Califat aux mains de Ahl Al Bayt mais ils élargiront le cercle de leur ennemis : ce ne sont plus les Omeyyades seulement mais aussi et surtout les deux premiers Calife de l’Islam : Abou Bakr et Omar.

    Le pourquoi de cette évolution ?

    A cette époque, le Chiisme développa l’un de ses plus important principes : l’Imamat n’est pas un simple pouvoir politique, mais c’est aussi et surtout une continuation de la Prophétie.

    Sans Imamat, la Prophétie sera incomplète et le dessein de Dieu sur la terre inachevé : L’imamat est une pierre angulaire de l’islam.

    Pour son importance, l’Imamat ne peut pas être hérité et l’imam ne peut être choisi par les croyants. Il doit recevoir explicitement la mission de l’ancien Imam et doit être de la descendance de Ali et de Fatima.

    Poursuivant leur analyse, les Chiites considèrent que le Prophète aurait donc désigné l’Imam qui lui succéderait : Ali.

    Dans ce cas, Abou Bakr et Omar qui n’auraient pas donnés suites aux injonctions du Prophète, auraient commis un péché capital.

    Ainsi, nous remarquons que les premières divergences de taille entre les Sunnites et les Chiites remontent à cette époque (fin du premier siècle de l’Hégire – début du deuxième).

    A suivre…

    Tags : Religion, Islam, Sunnite, chiite, Maroc, Algérie, Tunisie, Arabie Saoudite, Irak, Iran,