Mois : janvier 2021

  • Les réactions s’enchaînent en Algérie et en France sur le rapport de Benjamin Stora

    Le rapport de l’historien français spécialiste de l’histoire de l’Algérie, Benjamin Stora, sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie, remis mercredi dernier au Président français Emmanuel Macron, continue de susciter des réactions en Algérie et en France.
    Karim Aimeur – Alger (Le Soir) – Le président du parti islamiste MSP, Abderrezak Makri, a dénoncé le contenu de ce document, en soutenant qu’il donne l’impression qu’il ne s’agit pas d’une question de colonisation. « Dans ce rapport remis par Benjamin Stora à son Président, on a l’impression qu’il parle de l’histoire de deux groupes de personnes qui se sont battus dans un terrain commun, disant à celui-ci que tu as fauté ici et à l’autre, tu as fauté là. Il dit à l’un voici ton droit et à l’autre voilà le tien. Il demande aux deux parties de se réconcilier et met fin à la question », a écrit le leader islamiste.
    Pour Makri, ce rapport donne aussi l’impression qu’il ne s’agit pas «d’une histoire de colonisation, la pire que l’humanité ait connue, d’un pays étranger violant un autre pays, d’une terre qui n’est pas la sienne, et d’une armée barbare qui a commis les plus terribles crimes contre le peuple algérien durant près d’un siècle et demi». La veille, c’est l’ancien ministre de la Communication et ancien diplomate, Abdelaziz Rahabi , qui avait affirmé que le rapport de Benjamin Stora n’a pas pris en compte la principale demande historique des Algériens, à savoir «la reconnaissance par la France des crimes commis par la colonisation». 
    Pour Rahabi, il ne s’agit ni de repentance, notion étrangère aux relations entre Etats, ni de fonder une mémoire commune, car, a-t-il appuyé, «les deux pays étant héritiers de deux mémoires antagoniques sur cette question». Il a ajouté que chaque pays doit assumer son passé, et il appartient aux deux Etats de mettre en place les conditions d’une relation apaisée et tournée vers l’avenir. Des historiens ont également réagi à ce rapport. Hier, le chercheur en histoire, Gilles Manceron, a affirmé que la réaction officielle de la France qui refuse de présenter des excuses à l’Algérie est «inquiétante». 
    Dans un entretien accordé à l’APS, l’historien spécialiste du colonialisme français a expliqué que l’important, ce n’est pas le rapport, mais les conclusions que le Président (Macron) va en tirer. Il a rappelé que le thème du «refus de la repentance a été utilisé en France, notamment par Nicolas Sarkozy et ceux qui soutenaient sa présidence, comme un moyen de refuser la reconnaissance des crimes de la colonisation et de dire la vérité à leur sujet». «La presque-totalité des historiens, en France comme en Algérie, demandent une reconnaissance et un discours de vérité», a-t-il dit. 
    «En ce qui concerne l’idée d’excuses au nom des institutions de la France pour ce qu’elles ont commis dans le passé, cela me semble différent. Il faudra, à mon avis, que la France officielle vienne à un moment à formuler des excuses, mais l’important aujourd’hui est de faire avancer dans l’opinion l’idée qu’il faut une reconnaissance et un travail de vérité», a-t-il poursuivi. 
    L’historien Mohamed El Korso estime, pour sa part, que le rapport doit interpeller la classe politique française. «Avant d’être une feuille de route pour des négociations sur des sujets sensibles entre l’Algérie et la France dans la perspective d’une future réconciliation pas seulement mémorielle, mais aussi politique, stratégique, scientifique, économique, culturelle…, il interpelle d’abord l’ensemble de la classe politique française pour se réconcilier avec sa propre mémoire», a-t-il soutenu. 
    Rendu public mercredi dernier, le rapport de Benjamin Stora a fait plusieurs recommandations, dont la mise en place d’une commission «Mémoire et vérité» chargée d’impulser des initiatives mémorielles communes entre les deux pays.
    #Algérie #France #BenjaminStora #Mémoire #Colonisation #GuerredAlgerie
  • L’Ambassadeur US au Maroc rappelé

    Énième coup de théâtre sur la scène internationale ! L’ambassadeur américain au Maroc ayant mené le processus de normalisation entre le Maroc et l’entité sioniste, en contrepartie de la reconnaissance de la prétendue marocanité du Sahara occidental par les Etats-Unis, a été rappelé.

    Selon des sources diplomatiques, le nouveau président américain et son administration sont en train de se rétracter à propos de ladite reconnaissance sans fondement. La décision avait été prise par le président sortant, Donald Trump, qui a laissé des dossiers très mal gérés à son successeur.
    En réaction, Biden qui entend couper court avec les pratiques de Trump, va plus loin encore. Il a décidé de l’ouverture d’un consulat américain à El Qods Echarquia.
    Dans le même ordre d’idée, M. Cyril Ramaphosa, président de la République sud-africaine et président en exercice de l’Union africaine (UA), a appelé hier «les Etats-Unis à annuler rapidement la reconnaissance illégale imposant la souveraineté marocaine (prétendue) sur le Sahara occidental ».
    Il a également souligné avoir apprécié «l’engagement positif pris par le président américain, Joe Biden, pour renouveler le mode de collaboration de son pays avec le reste du monde».
    Selon l’APS, il a affirmé l’engagement de son pays et réitéré sa volonté d’intensification de «ses efforts au sein de l’Union africaine» afin de pouvoir garantir au peuple sahraoui son droit fondamental à l’autodétermination.
    Avec cette nouvelle donne, d’autres pays pourraient suivre l’exemple de l’oncle Sam et mettre le Maroc et l’entité sioniste dans l’embarras quant à leurs alliances sur la base d’un deal honteux.
    S. Chaoui
    Source : Crésus, 26 jan 2021
    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Donald Trump, Joe Biden, David Fischer, 
  • Sahara Occidental : Le Front Polisario attend la réponse de Biden

    Par Arezki Louni

    Le nouveau Président des États-Unis, Joe Biden, va-t-il annuler la décision de son prédécesseur, Donald Trump, de reconnaître la prétendue «marocanité» du Sahara Occidental ? 
    Une éventualité à ne pas écarter au vu des pressions internes et internationales que va subir la nouvelle administration. Pas plus tard que dimanche dernier, le Président sud-africain, président en exercice de l’Union africaine (UA), Cyril Ramaphosa, a appelé le Président Biden à annuler la « reconnaissance illégale » de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Cyril Ramaphosa a appelé « les Etats-Unis à annuler rapidement la reconnaissance illégale imposant la souveraineté marocaine (prétendue) sur le Sahara occidental », tout en disant accueillir favorablement « l’engagement positif pris par le Président américain, Joe Biden, pour renouveler le mode de collaboration de son pays avec le reste du monde ». 
    Ramaphosa a également exprimé son « inquiétude » quant au « manque de progrès dans (le processus de) résolution du conflit au Sahara occidental (dans le sens) de la reconnaissance du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance ». Il a assuré que son pays allait « intensifier ses efforts au sein de l’Union africaine » pour garantir au peuple sahraoui son droit à l’autodétermination. Pour sa part, le représentant du Front Polisario en France, Mohamed Sidati, a dit attendre de la nouvelle administration américaine qu’elle revoit et reconsidère la décision de l’ex-Président Donald Trump ayant reconnu la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, et a appelé Washington à œuvrer au Conseil de sécurité de l’ONU avec les autres membres de l’organe afin de redresser la situation. 
    « Le legs de Trump est lourd mais nous ne perdons pas espoir puisque la nouvelle administration Biden a exprimé sa volonté de revoir et reconsidérer tout ce qui a été fait par son prédécesseur », a déclaré M. Sidati à la Chaîne France 24. « A cet effet, nous formulons le souhait et l’espoir que l’administration puisse réparer cette injustice lorsqu’il s’agit du Sahara occidental et surtout user de leur position en tant que membre du Conseil de sécurité et s’investir aux côtés d’autres membres de l’organe afin de redresser la situation », a-t-il ajouté. 
    À noter que le Front Polisario a menacé le Maroc d’une escalade militaire après avoir bombardé le poste frontalier de Guerguerat sous contrôle marocain dans le territoire occupé du Sahara occidental. Le Polisario se dit « en état de guerre de légitime défense » depuis que le Maroc a envoyé, le 13 novembre 2020, des troupes à l’extrême sud du Sahara occidental. Le front Polisario conteste la légalité de cet axe, qualifié de « brèche illégale », contraire, selon eux, à l’accord de cessez-le-feu de 1991 signé sous l’égide de l’ONU. 
    Au moment où les Sahraouis attendent la réponse du nouveau Président américain, le Maroc continue de faire fi de la légalité internationale, allant jusqu’à refuser d’appliquer ses propres engagements, à commencer par l’organisation d’un référendum d’autodétermination du Sahara occidental. 
    Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, Joe Biden, Donald Trump, 
  • Le Parti communiste Réunionnais exprime son soutien au droit du peuple sahraoui à l'autodétermination

    Dans une dépêche paru sur son site « Témoignages », le Parti Communiste Réunionnais a renouvelé son soutien au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. 

    « Au vu de la situation dramatique dans la région, nous ne pouvons que renouveler la position que nous avons toujours tenu, à savoir la paix et le droit à l’autodétermination pour les Sahraouis comme pour tous les peuples opprimés », a indiqué le PCR.
    Après avoir rappelé que la route de Guerguerat est illégale au regard des traités internationaux a pour but de relier le Maroc et la Mauritanie », le PCR a indiqué que la RASD « a annoncé être « en état de guerre de légitime défense » depuis l’intervention de l’armée marocaine du 13 novembre dernier, et ce dans l’indifférence voire la complaisance de la MINURSO, force des Nations Unies censée assurer la paix dans la région ».
    « S’il y avait depuis eu des accrochages mais pas d’affrontement ouvert, le Front Polisario a annoncé que « l’armée sahraouie a lancé quatre missiles en direction de la brèche illégale de Guerguerat et ses environs ». Il y aurait également eu des attaques au niveau du « Mur de sable » édifié par le Maroc avec l’aide d’experts israéliens à la suite de l’invasion, qui est constitué de palissades, champs de mines et de bunkers », a-t-il ajouté.
    Les communistes réunionnais ont dénoncé le manque de réaction de la MINURSO qui « semble au regard de la RASD prendre le parti du Maroc ».
    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, MINURSO, Parti Communiste Réunionnais,
  • Afrique du sud: Biden appelé à annuler la décision de Trump sur le Sahara occidental

    Le président sud-africain, président en exercice de l’Union africaine (UA), Cyril Ramaphosa, a appelé dimanche le président américain, Joe Biden, à annuler la « reconnaissance illégale » de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, proclamée le mois dernier par son prédécesseur, Donald Trump.

    Cyril Ramaphosa a appelé « les Etats-Unis à annuler rapidement la reconnaissance illégale imposant la souveraineté marocaine (prétendue) sur le Sahara occidental », tout en disant accueillir favorablement « l’engagement positif pris par le président américain, Joe Biden pour renouveler le mode de collaboration de son pays avec le reste du monde ».
    Le président sud-africain, président en exercice de l’UA, a exprimé son « inquiétude » quant au « manque de progrès dans (le processus de) résolution du conflit au Sahara occidental (dans le sens) de la reconnaissance du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance ».
    Il a assuré que son pays allait « intensifier ses efforts au sein de l’Union africaine » pour garantir au peuple sahraoui son droit à l’autodétermination.
    Akhbar El Watan, 26 jan 2021
    #SaharaOccidental #WesternSahara #Maroc #Polisario 
  • « Accord entre le Maroc et Israël : un déni du droit »

    International. « La reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en échange de l’engagement du royaume à normaliser ses relations avec Israël, est une totale ingérence. »

    Michel Bernard (Loire-Atlantique) :
    Dans le « Point de vue » de Dominique Moïsi (O.-F. du 23 décembre), plusieurs éléments me choquent.
    D’abord, il titre son article « Maroc Israël, un pas décisif » sans jamais préciser que l’accord entre les deux puissances occupantes est un déni du droit international. Pour Trump, à l’origine de cet accord, c’est effectivement du « donnant-donnant ». Il reconnaît unilatéralement la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental (de quel droit ?) en contrepartie de l’engagement du royaume à normaliser ses relations avec Israël.
    Cela est une totale ingérence qui favorise les deux puissances occupantes au détriment des deux peuples colonisés.
    M. Moïsi indique par ailleurs que la solution à deux États (Israël et Palestine) semble abandonnée de tous, y compris des Palestiniens eux-mêmes. Il ajoute : « Ne commencent-ils pas à se résigner, par un mélange de désespoir, de fatigue, etc. » Il suppose qu’ils pourraient peut-être accepter un seul État, à condition de bénéficier des mêmes droits que les Israéliens.
    Comment peut-on imaginer que les Palestiniens puissent bénéficier des mêmes droits dans un seul État, alors qu’actuellement, chacun peut constater sur place qu’ils sont traités avec des droits hyperlimités.
    La solution à deux États qui auraient pu travailler ensemble et en paix a été sabotée de toutes parts car Israël n’en a jamais voulu, alors que c’était celle qui figurait dans les résolutions de l’Onu. Les Occidentaux, États-Unis en tête, ont toujours ménagé Israël. Ils n’ont rien fait pour pousser ce pays à appliquer le droit international.
    Ensuite, les dirigeants palestiniens ont leur part de fautes. Le Hamas à Gaza sous blocus, et le Fatah de Mahmoud Abbas en Cisjordanie occupée et colonisée, ont surtout pensé à leurs intérêts immédiats et n’ont pas pu s’entendre sur une stratégie commune.
    […] De son côté, le Maroc s’est attribué unilatéralement le Sahara occidental à la suite de la colonisation espagnole et refuse l’autodétermination aux Sahraouis, en violation, là aussi, du droit international. Non, M. Moïsi, il ne s’agit pas « d’un pas décisif » ou du moins, pas dans le bon sens. Et votre conclusion qui indique que « pour une fois, l’action de Trump n’est pas exclusivement négative » ne me semble vraiment pas appropriée si l’on se place du côté du droit international sur lequel Trump s’assoit allégrement.
    Ouest France, 26 jan 2021
    #SaharaOccidental #WesternSahara #Maroc #Polisario #Normalization
  • Le Sahara occidental déclaré zone de crise

    Une organisation internationale qui gère les risques de sécurité partout dans le monde a mis en garde contre le risque imminent de se rendre au Sahara occidental après la récente escalade de la violence au niveau du passage frontalier d’El Guerguerat entre l’armée sahraouie d’un côté et les forces de l’occupant marocain d’un autre.

    L’organisation Crisis 24 a indiqué lundi avoir élevé ses estimations de la gravité de la situation qui prévaut au Sahara occidental jusqu’au 31 janvier prochain.
    Par ailleurs, elle a déconseillé de voyager au Sahara occidental compte tenu des tensions qui y ont repris depuis plus de deux mois.
    En outre, l’organisation internationale a conseillé aux travailleurs qui exercent au Sahara occidental de faire preuve davantage de vigilance et de s’éloigner des localités proches de la région d’El Guerguerat.
    Crisis 24 met l’accent sur la nécessité d’éviter l’ensemble des infrastructures militaires et les convois des forces de l’occupant marocain sous peine d’être pris pour cible par l’armée sahraouie.
    Les avertissements de l’organisation ne se limitent pas à ce niveau. D’ailleurs, elle a préconisé d’éviter d’éventuelles contestations qui pourraient se produire n’importe où au Sahara occidental.
    Ces avertissements interviennent sur fond d’absence totale de la Minurso (La Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) censée pourtant maintenir la paix et vérifier la violation par le Maroc de l’accord de cessez-le-feu signé en 1991 avec le Front Polisario sous les auspices de l’ONU.
    L’armée sahraouie a mené, samedi, une offensive contre les forces de l’occupant marocain déployées à El Guerguerat. Une première depuis la rupture du cessez-le-feu qui s’annonce comme une nouvelle escalade, dont certaines sources parlent d’un arrêt de la circulation audit passage.
    Echourouk, 26 jan 2021
    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, Guerguerat,
  • La fin de la diplomatie libérale

    22 janv.2021
    SHLOMO BEN-AMI

    Alors que Joe Biden a raison de rejeter de nombreux aspects de la présidence toxique de Donald Trump, il devrait éviter de jeter le bébé avec l’eau du bain. Ce n’est qu’en reconnaissant les faiblesses des normes diplomatiques libérales que l’administration Biden peut faire progresser la diplomatie innovante et efficace dont le monde a désespérément besoin.

    TEL AVIV – Le 11 décembre, le président de l’époque, Donald Trump, a proclamé que les États-Unis reconnaîtraient la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental contesté, une récompense apparente pour la décision du pays d’établir des relations diplomatiques avec Israël. Cette décision a été rapidement condamnée comme une violation flagrante des normes diplomatiques. Mais, avec son approche facile des conflits prolongés, Trump a par inadvertance fait valoir un point important: l’empereur – l’approche diplomatique dominante – n’a pas de vêtements.

    Certes, Trump s’est lui-même tenu nu sur la scène mondiale, comme lorsqu’il a affirmé avoir atteint une percée avec la Corée du Nord ou vanté la « proposition de paix » invraisemblable de son administration au Moyen-Orient . Mais aucun de ses prédécesseurs – aux États-Unis ou ailleurs – n’a résolu ces conflits non plus, malgré le respect de normes diplomatiques vénérées.

    Ces normes sont inextricablement liées à l’ordre mondial libéral qui a émergé après la Seconde Guerre mondiale. La doctrine de la «responsabilité de protéger» (R2P) – l’engagement du monde, adopté à l’unanimité par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2005, à protéger les populations contre le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité – illustre cette diplomatie libérale.

    Mais, au cours des deux dernières décennies, tout a été en baisse pour cette vision. En Libye – le premier cas où le Conseil de sécurité de l’ONU a autorisé une intervention militaire basée sur la R2P – les envoyés de l’ONU vont et viennent, mais l’avenir du pays est décidé par des puissances étrangères agissant unilatéralement. Et, avec le Conseil de sécurité dans l’impasse, la R2P n’a pas été invoquée pour justifier une intervention militaire depuis, malgré plusieurs atrocités de masse notables perpétrées par les propres gouvernements du peuple.

    L’échec répété du système de sécurité collective de l’ONU peut être en partie attribué au déclin de l’ordre mondial libéral lui-même. Bien avant Trump, l’Amérique était devenue de plus en plus réticente à agir en tant que garant de l’ordre (en Libye, le président Barack Obama avait juré que les États-Unis «dirigeraient par derrière»). Ajoutez à cela le révisionnisme agressif de la Russie, l’abandon par la Chine de son «ascension pacifique» et la préoccupation de l’Union européenne pour sa propre survie.

    Mais bon nombre des plus grands défis diplomatiques du monde – du conflit israélo-palestinien au différend sur le Sahara occidental – sont antérieurs à ces facteurs. Même à son apogée, la diplomatie libérale ne pouvait pas les résoudre, notamment parce qu’elle traitait trop souvent la politique comme un art expressif, détaché d’une réalité en constante évolution.

    Prenons la lutte pour le Sahara occidental – le plus long différend territorial en Afrique. En 1975, alors que l’Espagne était sur le point de céder le contrôle du territoire, la Cour internationale de justice a rejeté la demande du Maroc à son égard et a statué que la population locale, les Sahraouis, avait droit à l’autodétermination. Mais le Maroc a rapidement envahi et annexé le territoire.

    Depuis, la situation a radicalement changé. Le Sahara occidental est l’un des territoires les moins peuplés du monde, avec seulement environ 70 000 habitants en 1975, et peut-être 550 000 aujourd’hui, vivant dans une région deux fois plus petite que l’Espagne. Les deux tiers de la population sont des Marocains, beaucoup y ont déménagé après l’annexion.

    Dans ce contexte, les arguments en faveur de l’autodétermination du Sahara occidental sont douteux. Une approche plus appropriée, qui reflète la réalité sur le terrain, consiste à accorder l’autonomie du Sahara occidental au sein du Royaume du Maroc – exactement le plan approuvé par Trump. (En 2013, Obama a soutenu la même approche dans une déclaration conjointe avec le roi du Maroc Muhammed VI.)

    Assurer le contrôle politique d’un territoire occupé en modifiant sa démographie n’est pas nouveau. Quelque 600 000 Israéliens vivent actuellement en Cisjordanie, aux côtés de 2 750 000 Palestiniens. L’Iran a repeuplé de vastes régions de Syrie avec des musulmans chiites. Près de 46 ans après que la Turquie a envahi le nord de Chypre, les colons de Turquie continentale représentent environ la moitié de la population du territoire.

    Un tel comportement ne devrait jamais être approuvé. Mais prétendre que cela ne se produit pas n’aidera pas non plus. Lorsque les acteurs sont dans un état prolongé de limbes diplomatiques, le non-respect de l’équilibre réel des pouvoirs ou de la durée du conflit perpétue un fait accompli en faveur du côté le plus fort. Cela est aussi vrai du différend Maroc-Sahara occidental que du conflit israélo-palestinien, où l’engouement pour le paradigme trompeur des deux États a rendu la paix pratiquement impossible.

    En fait, lorsque les États arabes ont rejeté les accords avec Israël, ils se sont généralement retrouvés avec moins. Les Palestiniens l’ont fait au moins à deux reprises. De même, la Syrie est dans une pire situation pour avoir rejeté l’offre d’Israël en 2000 de restituer le plateau du Golan: en 2019, l’administration Trump a officiellement reconnu la souveraineté israélienne.

    Alors que la décision de Trump était injustifiable au regard du droit international (même si l’on pense qu’Israël était justifié dans son recours à la force pendant la guerre des Six jours en 1967), il est indéniable que l’échec prolongé de la diplomatie libérale l’a rendu possible. Et cela fait partie d’un schéma plus large d’annexions unilatérales.

    Par exemple, la récente éruption du conflit vieux de plusieurs décennies entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan au sujet de l’enclave du Haut-Karabakh s’est terminée par un accord négocié par la Russie qui a légitimé l’annexion par l’Azerbaïdjan d’une grande partie du territoire. Les forces de maintien de la paix russes ont été dépêchées pour faire appliquer l’accord. L’ONU était introuvable.

    Trump a beaucoup à répondre, diplomatiquement et autrement. Mais le fait est que les normes diplomatiques dont il n’a pas tenu compte ne produisaient pas de résultats dans nombre des conflits les plus anciens du monde. Et, aussi imprudentes que ses actions aient souvent été, elles pourraient bien faire progresser des conflits apparemment insolubles – notamment le conflit israélo-arabe vieux d’un siècle.

    Après tout, à cause de Trump, le Maroc, Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Soudan ont rejoint l’Égypte et la Jordanie pour normaliser leurs relations avec Israël. (Trump a offert à l’ Indonésie des milliards de dollars d’aide pour faire de même, mais le pays a rejeté l’accord.) Trump a également négocié la paix entre ses rivaux arabes dans le Golfe cherchant à contrer l’approfondissement des relations du Qatar avec l’Iran et la Turquie.

    Alors que le président Joe Biden a raison de rejeter de nombreux aspects de la présidence toxique de Trump, il ferait bien de sauvegarder ses quelques réalisations. Mais pour relancer la diplomatie libérale, une alliance transatlantique revigorée – avec une UE beaucoup plus cohésive acquérant le hard power qui lui fait maintenant défaut – est d’une importance vitale.

    Shlomo Ben-Ami, ancien ministre des Affaires étrangères israélien, est vice-président du Toledo International Center for Peace. Il est l’auteur de Scars of War, Wounds of Peace: The Israel-Arab Tragedy .

    Project Syndicate, 22 jan 2021

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Etats-Unis, Donald Trump, Joe Biden, Palestine, Syrie, Proche Orient,

  • Sahara occidental: 45 académiciens et juristes de différents pays appellent Biden à annuler la décision de Trump

    Une motion a été adressée au nouveau Président américain, Joe Biden, par 45 académiciens et juristes l’exhortant à annuler la décision de son prédécesseur, Donald Trump, sur le Sahara occidental, en affirmant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

    Les signataires de la motion ont exhorté le Président Joe Biden à annuler, «dans les plus brefs délais, l’annonce faite par Trump sur la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental», précisant : «Vous savez pertinemment que le Sahara occidental est reconnu en tant qu’Etat par l’ONU, la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), et conformément à un large consensus de juristes internationaux, il s’agit d’un territoire non autonome».
    Dans ce contexte, ils ont fait valoir le droit du peuple sahraoui à disposer de son avenir, préconisant de permettre «au peuple de cette nation d’exercer son droit à l’autodétermination et à l’indépendance, à travers l’organisation d’un référendum libre et transparent, tel que stipulé dans les décisions de l’ONU».
    «Le Sahara occidental, connu officiellement sous l’appellation de République arabe sahraouie démocratique (RASD) et reconnu par des dizaines de pays, est membre fondateur de l’Union africaine (UA) dont la charte consacre l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation», ajoute la même source, expliquant que Trump avait fait des Etats-Unis une partie qui soutient la colonisation d’un Etat africain reconnu comme tel.
    Les signataires ont souligné que «les Etas-Unis n’avaient pas le droit de disposer du destin du peuple sahraoui par une simple annonce», estimant que «le statu quo porte atteinte à la réputation des Etats-Unis dans le continent».
    APS
    Tags : Sahara Occidental, Maroc, 
  • Après le sud du Maroc : L’Armée sahraouie cible à nouveau El-Guerguerat

    L’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) ne laisse aucun répit aux forces armées marocaines. Après avoir porté des attaques dans le sud marocain dans la région de l’Ouarkziz, les unités combattantes sahraouies ont mené de nouvelles opérations militaires dans la région d’El-Guerguerat. C’est ainsi que l’armée sahraouie a lancé quatre missiles en direction de la brèche illégale d’El-Guérguerat et ses environs, dont deux ont touché la région de Laâouina, alors qu’un autre pilonnage a atteint le nord de la brèche illégale, selon le ministère sahraoui de la défense.

    Auparavant, L’APLS avait mené des opérations militaires dans la région de Ouarkziz qu ont visé Labâadj, Taraf Bouhanda et Lamsamir dans le secteur de Twizki dans le cadre de l’expansion du cercle de la guerre pour inclure tous les secteurs et défenses marocains, a expliqué le Secrétaire général du ministère sahraoui de la Sécurité et de la Documentation, M. Sidi Oukal.
    Au 72e jour consécutif de la guerre , les attaques se sont poursuivies , selon le communiqué N 72 cité par l’Agence de presse sahraouie (SPS). « les forces de l’armée sahraouie ont bombardé, vendredi, plusieurs positions des forces d’occupation marocaines dans les régions d’Amekli Dachra (secteur Amkala), Akouira Ould Ablal (secteur Mehbes) et Fedra Tamat (secteur Houza) ».
    Les unités de l’armée sahraouie ont également attaqué des détachements avancés des forces marocaines, dans la région d’Aâdim Oum Adjloud au niveau du secteur d’Ousserd et la région de Abirat Tnouchad au secteur de Mahbes ». Le communiqué militaire fait état de la destruction d’une base de commandement marocaine dans la région de Lakâad dans le secteur de Mahbes. Les attaques à El-Guerguerat au sud du Maroc et en d’autres points de la ceinture de défense, montre que l’APLS a élargi le cercle de la guerre contre l’occupation marocaine pour atteindre plusieurs secteurs sur le territoire marocain, déstabilisant les forces armées marocaines. Plus de deux mois après la reprise de la guerre après la rupture du cessez-le- feu par le Maroc, les combattants sahraouis ont mené plus de 510 opérations militaires.
    M. Bendib
    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Guerguerat,