Mois : janvier 2021

  • Communiqué de presse de l’EUCOCO concernant la nouvelle position de l’administration Biden sur le conflit au Sahara occidental

    La Task Force de la Coordination des Comités européens de soutien au peuple sahraoui (EUCOCO) se réjouit de la décision du nouveau Président des Etats-Unis J. Biden de geler la décision prise par son prédécesseur de reconnaitre la souveraineté du Royaume du Maroc sur le Sahara Occidental.

    Pour mémoire, le 10 décembre 2020, Donald Trump a annoncé que les États-Unis reconnaissent la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental, en affirmantqu’ « un Etat sahraoui indépendant n’est pas une option réaliste pour résoudre le conflit ». Cette position du gouvernement états-unien constitue une flagrante violation du droit international car le Sahara Occidental est inscrit sur la liste des territoires non autonomes, établie par les Nations Unies, et son peuple doit bénéficier du droit à l’autodétermination, comme l’ont reconnu de nombreuses résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies (notamment la résolution 2229 du 20 décembre 1966), ainsi qu’un avis de la Cour Internationale de Justice rendu en 1975. En violation de ces principes, la majeure partie du territoire du Sahara Occidental a été envahie militairement par le Maroc en 1975. Cette présence marocaine a été qualifiée d’« occupation » par l’Assemblée générale de l’ONU (résolution 34/37 du 21 novembre 1979).
    Aujourd’hui, nous actons la « marche arrière » de la nouvelle administration états-unienne et espérons qu’il s’agit là d’un témoignage de son retour vers le respect de la légalité internationale et des droits fondamentaux du peuple sahraoui.
    Le large mouvement international de solidarité avec le peuple sahraoui appelle le Président Biden à annuler définitivement la décision prise par l’ancien président D. Trump, et à concourir à la mise en œuvre du droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination. 
    Fait à Bruxelles, le 21 janvier 2021
    Tags : Sahara Occidental, Etats-Unis, Donald Trump, Joe Biden, Western Sahara, Israël, Normalisation,
  • SAHARA OCCIDENTAL : La Russie et la Norvège préoccupées par la situation

    La Russie et la Norvège ont exprimé leur inquiétude quant à la situation qui prévaut au Sahara occidental, évoquant « une escalade » et « une situation tendue » dans ce territoire occupé par le Maroc.

    «Malheureusement, la situation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord reste compliquée, notamment en raison du manque de régulation des crises graves souvent provoquées par des interférences extérieures », a indiqué le représentant permanent de la Russie à l’ONU, Vassily Nebenzia, lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la coopération entre l’ONU et la Ligue arabe, estimant que « les conflits en Syrie, en Libye et au Yémen sont dans la phase aigüe », et que « des efforts sont nécessaires pour promouvoir la stabilité en Irak ». 
    Evoquant la situation au Sahara occidental, le diplomate russe a déclaré que, « nous assistons à une escalade », réaffirmant ainsi la position de la Russie qui rejette la décision unilatérale du président américain sortant,Donald Trump de reconnaitre la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Le vice-ministre des Affaires étrangères russe, Mikhail Bogdanov avait déclaré que la décision « unilatérale » de Trump sort complètement du cadre du droit international. « La décision ne respecte pas non plus les décisions de la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies avec lesquelles les Américains eux-mêmes étaient d’accord », avait ajouté le responsable russe.
    De son côté, la représentante permanente de la Norvège à l’ONU, Mona Yol, estime que « la situation au Sahara occidental est plus tendue maintenant qu’elle ne l’a été depuis longtemps », assurant que « la situation politique et sécuritaire dans la région MENA (Afrique du nord et Moyen-Orient) reste profondément complexe et instable, dans plusieurs pays ». Les déclarations de la Russie membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU et de la Norvège, un pays connu pour le respect des droits de l’Homme constituent un désaveu pour le Maroc qui continue de nier l’existence d’un conflit armé l’opposant au Front Polisario.
    Le 13 novembre dernier, le Maroc a lancé une attaque militaire dans la zone tampon d’El-Guerguerat contre des civils sahraouis qui manifestaient pacifiquement pour exiger le fermeture définitive de cette brèche illégale, mettant fin au cessez-le-feu signé en 1991 entre le Maroc et le Front Polisario. Depuis, l’armée sahraouie qui se retrouve en état de légitime défense, mène des opérations militaires quotidiennes contre des positions militaires marocaines en plusieurs points de la ceinture de défense marocaine.
    M. Bendib
    POUR LE FRONT POLISARIO
    La négociation dépend de la situation militaire
    Le représentant du Front Polisario aux Nations unies, Sidi Mohamed Amar, a affirmé que la cause sahraouie avait pris un nouveau tournant depuis le 13 novembre avec la reprise de la lutte armée. Il a indiqué que l’adhésion des sahraouis et du Front Polisario à toute négociation était tributaire des développements sur le terrain militaire et du sérieux du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale onusienne. Lors d’une conférence de presse, organisée sous la présidence de la RASD, sur l’actualité de la cause sahraouie suite à la reprise de la lutte armée, M. Sidi Amar a indiqué, mardi, que « le peuple sahraoui mise sur sa résistance armée et sa volonté politique pour arracher ses droits à part entière », ajoutant que la « cause sahraouie a entamé une nouvelle phase après le 13 novembre suite à la violation par le Maroc, de l’accord du cessez-le-feu et la poursuite de la lutte armée ». 
    « Toute adhésion à n’importe quelle opération de négociation reste tributaire des développements sur le terrain et du sérieux du Conseil de sécurité et de l’AG de l’ONU », souligne-t-il. « La seule solution du conflit sahraoui consiste en la garantie, à notre peuple à son droit intangible à la liberté et à l’indépendance », insiste le diplomate sahraoui, affirmant qu’il « n’y a actuellement aucune opération de négociation ».
    Par ailleurs, il a imputé le retard accusé dans la nomination d’un nouvel envoyé du SG de l’ONU au Sahara occidental, à la position de l’occupant marocain. M. Sidi Omar a réitéré, par cette occasion, le droit du Front Polisario à se défendre par tous les moyens légitimes dont la lutte armée, ajoutant que le Front reste ouvert à toute éventuelle solution pacifique assurant le respect ferme du droit du peuple sahraoui à l’indépendance ». Au sujet de la situation des droits de l’Homme induite par la violation constante de ces droits par le Maroc dans les villes occupées, le même responsable sahraoui a déclaré « c’est la France qui entrave la mise en place d’un mécanisme onusien pour les surveiller ».
    M. B.
  • Sahara Occidental : La RASD attend de Biden redresser « le tort de Trump »

    LA RASD ATTEND CECI DE BIDEN : Redresser « le tort de Trump »

    Le représentant du Front Polisario aux Nations unies (ONU), Sidi Mohamed Amar, a affirmé que la cause sahraouie avait pris un nouveau tournant depuis le 13 novembre en poursuivant la lutte armée, ajoutant que l’adhésion à toute opération de négociation était tributaire des développements sur le terrain et du sérieux du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale (AG) de l’ONU.
    Pour sa part l’ambassadeur sahraoui au Botswana, Malainine Lakhal, a affirmé que « la guerre au Saraha occidental est ouverte à toutes les possibilités », à la suite de la violation de l’accord de cessez-le-feu, qui date de 30 ans, par le Maroc après l’agression militaire contre les civils sahraouis au niveau de la brèche illégale d’El-Guerguerat. Mettant en avant la détermination du peuple sahraoui à poursuivre la résistance jusqu’au « dernier souffle », pour l’indépendance, le diplomate a déclaré : « Celui qui connaît le peuple sahraoui saura sûrement qu’il tient toujours parole. Le Maroc doit se tenir prêt car nous sommes prêt à léguer la résistance à nos enfants et petits-enfants ». « La lutte armée se poursuivra avec tous les moyens légaux jusqu’à la libération de tous les territoires sahraouis », a-t-il poursuivi.
    Concernant la tentative du Maroc d’imposer « un gouvernement autonome » en vue du règlement du conflit entre lui et le Front Polisario, unique représentant légitime du peuple sahraoui, le même intervenant a estimé que cela « ne signifie rien pour les Sahraouis. Le régime marocain semble avoir oublié qu’il n’est pas en mesure d’octroyer l’autonomie à un pays dont il ne dispose d’aucune souveraineté », a-t-il dit.
    Pour ce qui est de la prétendue reconnaissance par le président américain sortant, Donald Trump, de la présumée souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en contrepartie de la normalisation par le Maroc avec l’entité sioniste, M. Malainine a pointé les similitudes entre le Makhzen et l’entité sioniste. «Nous attendons de l’Administration du président américain élu Joe Biden de redresser ce tort juridique et diplomatique…le deal honteux entre le Maroc, Donald Trump et l’entité sioniste est une violation du droit international et du droit des peuples à l’autodétermination», a-t-il dit.
    M. B.
    Tags : #SaharaOccidental #WesternSahara #Maroc #Morocco #Espagne #JoeBiden #USA 
  • Sahara occidental : vers un réexamen du dossier par le Pentagone

    Par Mohamed Kouini

    Le futur ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a promis devant le Sénat de réexaminer la question du Sahara occidental. ” C’est une question que je voudrais certainement examiner de plus près, Monsieur le président, avant que je vous donne une réponse détaillée “, a déclaré le futur chef du Pentagone lors de son audition au Sénat.
    Lloyd Austin a été interrogé par le Sénateur, James Inhofe, président de la commission défense du Sénat américain sur sa position concernant l’organisation d’un référendum d’autodétermination dans ce territoire occupé par le Maroc depuis 1975.
    Dans son intervention mardi au Sénat, James Inhofe, fervent défenseur de la cause sahraouie, a rappelé l’avis de la Cour international de justice rendu en 1975 qui a confirmé l’absence de souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental et appuyé la nécessité pour le peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination.
    Le Sénateur a relevé que les Etats-Unis, l’ONU et l’Union africaine ont tous soutenu le droit des Sahraouis à s’autodéterminer et à accéder à l’indépendance.
    Le sénateur d’Oklahoma a émis le souhait que la nouvelle administration américaine préserve la cohérence observée depuis trois décennies sur ce dossier.
    “L’annonce de la Maison Blanche d’aujourd’hui alléguant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental est choquante et profondément décevante. Je suis attristé que les droits du peuple du Sahara occidental aient été troqués”, avait, alors, regretté l’influent sénateur républicain.
    Inscrit depuis 1966 à la liste des territoires non autonomes, et donc éligible à l’application de la résolution 1514 de l’Assemblée générale de l’ONU portant déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux, le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique, occupé depuis 1975 par le Maroc, soutenu par la France.
    Sur le terrain militaire, le Polisario fait état, comme premier bilan, de l’exécution de 510 opérations militaires contre les positions de l’armée marocaine, en 67 jours de combat, soit huit opérations par jour. Des opérations diverses dominées par des bombardements et des attaques, faisant subir aux FAR des pertes considérables dans ses rangs et des dégâts matériels, selon des sources sahraouies.
    On explique la raison de la discrétion du Maroc à l’égard des batailles en cours sur le terrain par le fait que la reconnaissance de l’existence d’une guerre signifie la reconnaissance de l’autre partie et les implications juridiques et économiques qui en résultent”.
    Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, Espagne,  Western Sahara, Lloyd Austin, USA, Joe Biden, 
  • Algérie : La France et sa colonisation civilisatrice

    Benjamin Stora, historien et spécialiste reconnu de l’histoire contemporaine de l’Algérie, a remis aujourd’hiu à 17h, à l’Élysée, le rapport dont l’a chargé en juillet 2020 Emmanuel Macron et qui devait « dresser un état des lieux juste et précis sur le chemin accompli en France sur la colonisation et la guerre d’Algérie ».

    Mais chose assez curieuse, l’Elysée réagit avant que le rapport n’atterrisse chez le président français. « Des actes symboliques sont prévus, mais il n’y aura ni repentance ni excuses », a indiqué l’Elysée ! Curieuse dichotomie que cette sortie qui devance l’événement.
    C’est une démarche de reconnaissance qui exclut repentance et excuses, précise l’Elysée en s’appuyant sur l’avis de Benjamin Stora, qui cite en exemple le précédent des excuses présentées par le Japon à la Corée du Sud et à la Chine, sur la Seconde Guerre mondiale et qui n’ont pas permis de réconcilier ces pays.
    Quel smash sur la tronche de la réalité historique ! Le Corée et la Chine, à ce que l’on sache, n’ont jamais été des colonies japonaises. Et l’amalgame se fracasse sur l’histoire hideuse de la colonisation française en Algérie.
    Et nous voilà de retour dans le Yo-yo du « je t’aime moi non plus» en vigueur depuis 60 ans.
    Ah la relation avec la France ! Supercherie à répétition ou escroquerie du siècle ? Ou quand la Gaule accuse l’histoire d’avoir provoqué un désordre vertigineux dans sa colonisation civilisatrice. Ah le désordre colonial inoubliable…où tout chevauche tout : la guerre, la torture, les accords d’Evian, l’indépendance, la question mémorielle, le pardon, l’entêtement, la mauvaise foi, les Nostalgériques, les bidonvilles de Nanterre, les ratonnades, le métro Charonne, Giscard , Mitterrand, Chirac, Sarkozy , Hollande, Ben Bella, Boumediene, Chadli, Bouteflika, relation cannibale mangeuse de sincérité, gorgone diplomatique et nids d’espions démodés.
    Un peu plus de nous, les emmurés de Bugeaud, les enfumés de Polignac, colonie de peuplement qui vire à colonie d’extermination. Abdelkader, El Mokrani, les cerises d’Icheriden, la politique de la terre brûlée et tutti quanti.
    132 ans d’occupation…qui accouchent de 60 ans de tergiversations gauloises : relations stratégiques d’exception, d’égal à égal, dit la Gaule moderne !
    Et puis vint Macron, sorte d’Edmund Hilary de la politique qui pointa la colo comme crime contre l’humanité.
    Et puis plus rien. Pause et (re) pause dans les relations. Macron, l’alpiniste, s’emmêle les piolets entre Frison Roche et les harkis.
    Les Algériens, premiers de cordées des massacres de la colonisation, sont toujours les premières victimes de l’humeur Hexagonale.
    L’Élysée déclarant à la criée qu’il n’y aura ni repentance, ni excuses…La France a décidément toujours un torticolis, quand il s’agit, pour elle, de se pencher sur son affreux passé colonial.
    Madjid Khellassi
    La Nation, 20 jan 2021
    Tags : Algérie, France, colonisation, mémoire, guerre d’Algérie, Benjamin Stora,
  • Robert Malley, ex-conseiller diplomatique d’Obama : « Pour Joe Biden, il sera difficile de remonter la pente »

    Entretien |À l’heure de l’investiture de Joe Biden, de grandes voix dressent leur bilan des quatre années écoulées. Pour Robert Malley, démocrate, président de l’International Crisis Group, « parfois, les questions [que Trump] a posées étaient bonnes, mais il a apporté de mauvaises réponses ». Et à quel prix !

    Robert Malley est aujourd’hui président de l’International Crisis Group. Il a été conseiller diplomatique pour Barack Obama et Bill Clinton, pour le Moyen-Orient et l’Afrique. Ancien membre du Conseil National de Sécurité américain, il a aussi participé aux négociations sur l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien. Avocat, politologue et spécialiste du conflit israélo-palestinien, il tire le bilan des années Trump, un président qui a mené « une politique qui a fait fi de toutes les valeurs ». À ses yeux, les États-Unis ont perdu une partie de leur crédibilité. Un défi pour la diplomatie de Joe Biden.

    Le président Trump a profondément bouleversé la vie politique américaine ces quatre dernières années. Il restera à jamais le premier président à avoir été mis en accusation à deux reprises en raison des violences survenues au Capitole le 6 janvier 2021. Va-t-il laisser une trace indélébile dans l’histoire des États-Unis ?

    Même avant les événements au Capitole, il était difficile d’imaginer qu’on puisse effacer facilement son empreinte. Trump aura été un président très peu orthodoxe et dangereux à beaucoup d’égards.

    Mais il est vrai qu’une procédure de destitution à quelques jours d’une fin de mandat, c’est extraordinaire. On peut supposer que l’idée des démocrates, c’est non seulement de faire en sorte que l’on décourage des pratiques pareilles à l’avenir, qu’on mette un point final à cette présidence, mais aussi de lui interdire de se présenter à nouveau à une élection. On sait qu’il pourrait se porter candidat en 2024. Or, s’il est condamné, une sanction pourrait être qu’il ne puisse plus être éligible.

    La vie politique américaine doit-elle se débarrasser de Donald Trump ?

    Je ne sais pas, je suis partagé et je sais qu’en France, c’est un débat également de savoir si le fait de le priver de Twitter, de Facebook est une bonne idée, tout comme de le fait de l’interdire de se présenter à nouveau à une élection.

    Évidemment, il a fait tellement de mal et ses paroles ont été tellement toxiques que cela peut sembler pertinent. Mais c’est aussi le candidat à la présidentielle qui a reçu le plus grand nombre de voix dans l’histoire après Joe Biden. Aucun autre candidat démocrate ou républicain jusqu’en 2020 n’avait rassemblé autant de suffrages. Donc il a une popularité. Peut-être a-t-elle été érodée par les événements récents du Capitole, mais on sait qu’il y a un socle important de gens qui croient toujours en lui et qui estiment qu’ils n’ont jamais été écoutés avant Trump.

    Si ces gens constatent qu’un président ou un ancien président ne peut pas s’exprimer en toute liberté sur les réseaux sociaux, et si en prime cet homme ne peut plus se présenter à une élection présidentielle, j’ai peur des effets que cela peut produire sur cette partie importante de la population qui s’estimait punie, marginalisée. Donc je comprends l’instinct, je comprends ce qui est derrière cet effort de faire en sorte qu’il ne puisse plus faire de mal, mais parfois je crains que le remède ne soit pire que le mal.

    En dehors de ces événements au Capitole, que retenez-vous des années Trump ? Si on vous demande de choisir un moment, que ce soit en politique intérieure ou en politique internationale, à quoi pensez-vous ?

    Je pense que le président Trump restera d’abord dans les livres d’histoire pour ses performances aux États-Unis. En politique internationale, il y a eu beaucoup de choses extrêmement nocives, extrêmement dangereuses. Il a chambardé toutes les alliances traditionnelles de la politique américaine.

    Parfois, les questions qu’il a posées étaient bonnes, mais il a apporté de mauvaises réponses. En résumé, son bilan en politique extérieure est négatif, mais il n’est pas comparable à son bilan en politique intérieure.

    Ce que l’on retiendra avant tout, ce sont ses discours, après certains événements graves, notamment des événements à relents racistes. Souvent, il a exprimé de la sympathie pour la mouvance extrémiste ou raciste.

    On retiendra aussi sa gestion désastreuse de l’épidémie de Covid-19.

    Mais je pense que l’image qui restera, à tort ou à raison, c’est son discours du 6 janvier 2021, où il appelle ses partisans à avancer sur le Capitole. On peut débattre du fait qu’il les a incités ou non à la violence, mais cette image-là restera en raison du lien plus ou moins direct entre ses paroles et ce qui s’est passé après. Est-ce vraiment ce qu’il a fait de plus scandaleux ? On a malheureusement l’embarras du choix, mais je pense que les historiens qui regarderont l’époque et l’épopée Trump retiendront ce point d’exclamation final, ce discours, son appel à ses partisans et, évidemment, les évènements qui ont suivi.

    En matière de politique internationale, on retient aussi des années Trump le slogan « America First », proclamé le jour même de l’investiture en 2017, qui a abouti notamment au retrait des États-Unis de nombreuses institutions internationales…

    « America First », je ne sais pas très bien ce que cela veut dire parce que dans chaque pays, chaque dirigeant pense d’abord à ses concitoyens. Au final, cela aura consisté en une politique transactionnelle, une politique unilatéraliste, une politique qui a fait fi de toutes les valeurs.

    Je suis très critique de la politique étrangère américaine, y compris celle conduite par les administrations auxquelles j’ai pu participer. Par exemple, dire que les États-Unis ont été un défenseur cohérent des droits de l’homme ou de la démocratie à travers le monde, c’est évidemment faux. Mais le président Trump s’est distingué par sa politique du troc, une sorte de marchandage permanent où les transactions sont faites non pas sur le plan des valeurs mais sur le plan des intérêts matériels.

    Il a donc pu faire énormément de mal simplement parce qu’il a privilégié ce qui est à son bénéfice personnel, au bénéfice de tous ceux qui l’entourent, au mépris de toutes les valeurs, des normes, des alliances internationales des États-Unis, de la stabilité à travers le monde.

    On peut lui savoir gré d’avoir évité de s’empêtrer dans une nouvelle guerre. C’est vrai que le président Trump, à son actif, n’a pas déclenché de guerre. Il a réussi à rompre le tabou du dialogue avec les talibans en Afghanistan, le tabou des négociations directes avec le dirigeant nord-coréen. Ce sont des choses qui resteront et dont, peut-être, le président Biden pourra se servir. Mais l’image des États-Unis en a pâti. En termes de résolution des conflits, en termes de respect des normes internationales, que ce soit sur le dossier israélo-palestinien, sur le fait qu’il a rompu l’accord de Paris sur le climat ou l’accord sur le nucléaire iranien, sa politique n’a pas été au service d’une vision positive, elle a servi une vision transactionnelle ou une vision hyper idéologique, notamment au Moyen-Orient.

    On retiendra donc de cette époque que les États-Unis ont vu leur réputation, leur influence, leur capacité de mobiliser la communauté internationale s’effriter et se dissoudre. Maintenant, espérons que le président Biden pourra renverser la vapeur et apprendre les leçons des échecs des administrations américaines qui ont précédé Trump et qui ont, d’une certaine manière, facilité son ascension au pouvoir.

    Quel bilan tirez-vous en particulier de la politique menée par Donald Trump au Moyen-Orient avec deux dossiers majeurs que vous avez mentionnés : l’Iran et le retrait des États-Unis de l’accord de Vienne sur le nucléaire, et le conflit israélo-palestinien où les avancées ont été minimes ?

    C’est un bilan globalement négatif parce qu’il a contribué à exacerber, à renforcer la polarisation dans la région. D’abord, il a pris part au dossier israélo-palestinien en étant à 100 % du côté israélien.

    Il a tout de même réussi, il faut le reconnaître, à obtenir des accords de normalisation entre quatre pays arabes et Israël. Il l’a fait en payant des prix qui, à notre sens, ont été parfois excessifs.

    Par exemple la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en échange d’une normalisation entre le Maroc et Israël, cela n’a pas de sens et ça a un impact négatif sur ce dossier du Sahara occidental.

    Au Proche-Orient, sa politique pro-israélienne à outrance a rompu non seulement avec le consensus international mais aussi avec le consensus américain bipartisan en vigueur depuis pas mal de temps. Il a essayé de bouger les lignes, mais il l’a fait dans un sens qui ne peut pas fonctionner parce que les Palestiniens ne s’y résoudront pas. Il a compliqué, évidemment, dans ce dossier, la recherche de la paix. Ses prédécesseurs n’y étaient pas parvenus non plus mais il a aggravé les choses.

    Et puis dans le reste de la région, Donald Trump a fait une fixation sur le dossier iranien. Ces derniers jours, l’administration Trump a même mis en avant un axe Al-Qaïda-Iran qu’aucun spécialiste du renseignement ne confirme. Et elle a en effet retiré le pays de l’accord sur le nucléaire, ce qui a conduit à imposer à nouveau des sanctions qui ont fait énormément souffrir les citoyens iraniens.

    Cette politique a été risquée. Elle aurait pu provoquer une guerre catastrophique entre d’un côté les États-Unis et ses alliés dans la région, et de l’autre l’Iran. Tout cela a entraîné une grande polarisation au Moyen-Orient. Les États-Unis se sont rapprochés d’Israël et de certains pays sunnites arabes, l’Arabie saoudite en tête. On peut comprendre ces alliances, ces partenariats. Des prédécesseurs de Trump ont adopté la même stratégie.

    Mais suivre une voie à sens unique, sans équilibre, sans essayer de jouer le rôle de médiateur, a causé beaucoup de tort et a porté atteinte à l’image de la diplomatie américaine.

    Projetons-nous sur les années Biden. Avez-vous le sentiment que les décisions les plus significatives des années Trump sont réversibles ?

    La proximité avec certains alliés, avec certaines valeurs, est également réversible. Des décisions du président pourront être remises en question, comme la sortie de l’accord de Paris sur le climat. Je pense que le président Biden pourra très vite changer de politique et renouer avec cet accord. La sortie de l’accord sur le nucléaire iranien est aussi réversible, même si ce sera difficile. Le fait de s’identifier avec certains alliés, avec certaines valeurs, est également réversible.

    Dans d’autres dossiers, ce sera difficile de remonter la pente parce qu’il y a un héritage qu’il va falloir surmonter.

    L’image des États-Unis dans le monde s’est dégradée. On a vu un pays, un gouvernement, incapables de gérer la question de la Covid-19, incapables de gérer la question des tensions raciales. Et maintenant nous sommes confrontés à une crise politique avec une partie de l’électorat qui, à cause de Trump, ne reconnaît pas la légitimité du président élu.

    Pour toutes ces raisons, le monde extérieur porte un regard différent sur les États-Unis. Le président Biden ne pourra pas totalement effacer cet héritage.

    Et puis il y a un autre héritage. Désormais, les pays qui vont traiter avec les États-Unis vont toujours se poser cette question : les engagements américains, les engagements du président des États-Unis, durent-ils plus d’un ou deux mandats ?

    Est-on entré dans une ère où les États-Unis vous disent une chose, à l’instar des engagements pris vis-à-vis de l’Iran, et quatre ans plus tard, un nouveau président entre en fonction et ces engagements ne valent rien du tout ? La perte de la réputation de fiabilité des États-Unis coûte cher. Et je ne sais pas si le président Biden pourra y remédier parce que personne ne sait si, dans quatre ans ou huit ans, on n’aura pas un président Trump bis, que ce soit lui-même ou un de ses successeurs, pratiquant la même politique.

    Franck Mathevon

    Source : France Culture, 20 jan 2021

    Tags : Donald Trump, Joe Biden, Sahara Occidental, Maroc, Proche Orient, Israël, Palestine, Normalisation, Franck Mathevon, International Crisis Group,

  • Des Britanniques d’origine juive s’opposent à l’occupation du Sahara occidental par le Maroc

    L’association britannique, « Jewish Voice for Labour » affiliés au Parti travailliste et composée essentiellement de militants et d’universitaires d’origine juive a rendu publique une pétition dans laquelle elle dénonce l’occupation du Sahara occidental par le Maroc.

    « S’opposer à l’occupation du Sahara occidental par le Maroc » est l’intitulé de la pétition lancée, sur le web, le 15 janvier courant, par des universitaires britanniques et nord-américains, dont l’académicienne américaine Alice Wilson. Le texte rappelle le statut juridique des territoires sahraouis sous occupation marocaine, et condamne fermement la reconnaissance par le président américain sortant, Donald Trump, de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
    Les signataires de la pétition appelle, en outre, à l’annulation de ce qu’ils ont qualifié « d’acte sans précédent de soutien au colonialisme ».
    Ils comparent, d’un autre côté, l’occupation israélienne des territoires palestiniens à celle du Maroc au Sahara occidental, dénonçant l’attitude de Trump qui a « échangé sa reconnaissance de la souveraineté marocaine sur un territoire à décoloniser en contrepartie de la normalisation des relations entre le Maroc et Israël ».
    Les membres de l’association ont évoqué, par ailleurs, la vente de drones au Maroc, « perpétuant ainsi un modèle de soutien militaire américain de longue date aux régimes déstabilisateurs et colonisateurs de la région ».
    Affichant leur soutien au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, les signataires de la pétition ont dénoncé la violation du cessez-le-feu par le Maroc, le 13 novembre dernier.
    La Nation Arabe, 20 jan 2021
    Tags : #SaharaOccidental #WesternSahara #Maroc #Morocco #JoeBiden #USA 
  • La France et la colonisation en Algérie : "Ni repentance ni excuses"

    « Ni excuses ni repentance ». Ce sont les termes utilisés par la présidence de la République française à propos de cettelancinante question qui a tant influé sur le cours des relations entre les deux pays.

    Tout espoir de voir la France d’Emmanuel Macron s’excuser pourles crimes commis contre le peuple algérien durant la longue nuit coloniale s’est évaporé. Définitivement. En effet, la France vient de trancher de manière limpide qui ne souffre d’aucune équivoque : « Ni excuses ni repentance ». Ce sont les termes utilisés par la présidence de la République française à propos de cette lancinante question qui a tant influé sur le cours des relations entre les deux pays. Les Algériens, qui nourrissaient le secret espoir de voir la France d’Emmanuel Macron franchir le pas et demander le pardon du peuple algérien savent désormais àquoi s’en tenir. Cette position de la présidence de la République française a été exprimée hier à l’occasion de la remise du rapport sur la question mémorielle entre l’Algérie et la France. Un rapport remis à Emmanauel Macron par l’historien Bendjamin Stora. Cet éminent historien à remis son rapport sur « Les mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie » avec des propositions pour parvenir à une « nécessaire réconciliation » franco-algérienne, près de 60 ans après la fin de la Révolution algérienne.
    Ainsi, selon le communiqué de l’Elysée, la France dit envisager des « actes symboliques », mais annonce qu’il n’y aura « ni repentance ni excuses ». La présidence française précise en outre que « le chef de l’État participera à trois journées de commémoration dans le cadre du 60e anniversaire de la fin de la Guerre d’Algérie en 1962 : la Journée nationale des harkis le 25 septembre, la Répression d’une manifestation d’Algériens le 17 octobre 1961 et les Accords d’Evian du 19mars 1962 ». Cette position n’est pourtant guère surprenante, eu égard à ce qui se passe en France où les forces d’extrême droite et les nostalgiques de « l’Algérie française » ont le vent en poupe et constituentune grande force électorale. Autant dire que dans le paysage politique interne français cela représente une importante équation, d’où les craintes que nourrissent certains politiques de s’attirer l’animosité de cet importante frange du peuple francais. Mais qu’à cela ne tienne certains considèrent donc que le Président français a été à l’écoute de cette frange de la population etn’a pu donc franchir le pas, lui qui a pourtant eu par le passé des positions jugées « courageuses » par rapport à la question de la colonisation.
    Reppelons- nous la fameuse interview accordée à la chaîne de television Echourouk en 2017 ou Macron n’était pas encore président de la République française, mais seulement candidat à la présidence. Macron avait alors qualifié la colonisation « de crime contre l’humanité ». Une déclaration qui a soulevé, comme attendu, un tollé général en France.Depuis, et par petites touches successives, Macron, devenu Président de la République, a opéré un changement.En tout cas cette position ne fera que renforcer l’exigence du peuple algérien qui, lui, s’en tient mordicus à la revendication de la présentation par la France de ses excuses pour les crimes commis durant la colonisation. Certains, en Algerie, considèrent que la « repentance » de la France est la condition sine qua non pour booster les relations entre les deux pays. Cela dit, du côté algérien on attend le rapport de Abdelmadjid Chikhi, le conseiller chargé des archives et de la mémoire auprès de la présidence, chargé par le Président Tebboune de travailler sur la question mémorielle.
    Par : KAMAL HAMED
    Le Mide Libre, 21 jan 2021
    Tags : France, Algérie, Colonialisme, Colonisation, mémoire, crimes, Guerre d’Algérie,
  • Algérie / Armées les plus puissantes: Voici le classement de l’ANP

    Le classement 2021 des armées les plus puissantes de la planète vient d’être dévoilé. Les États-Unis conservent la tête et la France confirme son statut de puissance majeure en Europe.

    Après avoir passé au scanner près de 50 indicateurs, le Global Fire Power a rendu son verdict et dévoile son classement des plus grandes puissances militaires en 2021.
    La nouvelle Edition de Global Fire Power a vu l’Algérie occuper la 27e place mondiale et le deuxième africaine après l’Égypte (13ème place) et première africaine.
    Au plan africain l’Afrique du Sud a décroché la 32ème place, le Nigeria (35ème place), le Maroc (53ème place), l’Éthiopie (60ème place), l’Angola (66ème place), la République démocratique du Congo (81ème place), la Libye (70ème place), la Tunisie (73ème place), le Soudan (77ème place), le Kenya (83ème place), la Zambie (87ème place) et l’Ouganda (89ème place). Le Tchad se classe donc à la 14ème place sur le continent africain.
    Pas moins de 50 indicateurs différents (budget consacré à la défense, effectif des armées, diversité des armements) sont analysés pour établir une hiérarchie. À la septième place, la France conserve son rang par rapport à l’année dernière.
    Echourouk, 19 jan 2021
    Tags : Algérie, armée, ANP, classement,
  • Sahara Occidental : Annonce d’un prochain examen du dossier au Pentagone

    Le nouveau ministre américain à la Défense, Lloyd Austin, a indiqué, avant-hier mardi, qu’il allait examiner de près la question du Sahara Occidental, territoire proclamé «marocain» par le président sortant, Donald Trump, en violation du droit international. Selon une information rapportée par l’APS, le désormais chef du Pentagone a déclaré, lors de son audition au sénat, que «c’est une question que je voudrais certainement examiner de plus près, Monsieur le président, avant que je vous donne une réponse détaillée».

    Lloyd Austin a été interrogé par le sénateur James Inhofe, président de la commission défense du Sénat américain, sur sa position concernant l’organisation d’un référendum d’autodétermination dans ce territoire occupé par le Maroc depuis 1975. Il a affirmé que le dossier du Sahara Occidental sera «l’une des questions qu’il allait examiner», juste après sa confirmation au poste de secrétaire à la défense des Etats-Unis. James Inhofe, considéré comme un fervent défenseur de la cause sahraouie, a rappelé l’avis de la Cour internationale de justice rendu en 1975, qui a confirmé l’absence de souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental et appuyé la nécessité pour le peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination.
    Le sénateur a émis le souhait que la nouvelle administration américaine préserve la cohérence observée depuis trois décennies sur ce dossier. James Inhofe, qui avait dénoncé dans les termes les plus forts la proclamation de Trump sur le Sahara Occidental, avait indiqué en décembre que le président sortant a été «mal conseillé par son équipe», soutenant que l’accord de normalisation israélo-marocain pouvait être conclu sans hypothéquer les droits d’«un peuple sans voix».
    James Inhofe a été jusqu’à récemment un proche conseiller du président sortant, Donald Trump, avant de s’en séparer après une brouille au sujet d’amendements à apporter au budget américain de la Défense.
    ReportersDZ, 21 jan 2021
    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, Espagne,  Western Sahara, Lloyd Austin, USA, Joe Biden,