Mois : avril 2021

  • Ramadan: pourquoi le début du jeûne diffère d’un pays à l’autre?

    Les musulmans entament le mois béni du ramadan mardi et mercredi un peu partout à travers le monde. Cet important précepte islamique est basé sur le mois lunaire plutôt que sur le calendrier grégorien. Comment son démarrage est-il déterminé ? La science, notamment le calcul astronomique peut-elle apporter un début de solution ? Qu’en pensent les théologiens musulmans Afrique ?

    D’une année à l’autre, le ramadan est décalé de onze jours car il a toujours lieu durant le neuvième mois du calendrier islamique, un calendrier lunaire. Appelé aussi calendrier hégirien (en référence à l’hégire du prophète Mouhamed de la Mecque vers Médine), il est basé sur les cycles de la lune et compte environ 354 ou 355 jours au lieu de 365 jours comme dans le calendrier grégorien. De ce fait son démarrage ne se fait pas de façon unanime à travers le monde et même dans un même pays.

    Imam Mouhamadou Makhtar Kanté, un théologien sénégalais, explique que la détermination des mois lunaires est une obligation en islam car c’est associé au culte. Il a écrit un livre sur la question.

    « Le pèlerinage, le ramadan, les fêtes comme la tabaski, la korité, l’Achoura sont liés au mois lunaire. Les heures de prières quotidiennes sont déterminées par la trajectoire du Soleil », dit-il à la BBC.

    Comment la science peut-elle aider ?

    Maram Kairé, président de l’Association sénégalaise d’astronomie, œuvre depuis plusieurs années pour que le processus d’observation de la lune s’appuie sur la science. En collaboration avec diverses communautés religieuses du Sénégal, il a organisé une séance d’observation à Dakar lundi soir.

    « L’astronomie est une science très profondément ancrée dans la tradition arabe musulmane. La science peut apporter des informations fiables expliquées de façon simple. Il y a des musulmans qui considère que l’observation doit se faire partout où se trouve un musulman et d’autres pensent qu’il faut observer dans le territoire. Il y en a aussi qui considère que le calcul astronomique est la solution. Et ce, en donnant des informations par rapport à l’heure de conjonction pour écarter les erreurs. L’heure de coucher de la lune aussi doit être un indicateur qui permet d’éviter des erreurs », explique-t-il à la BBC.

    A l’en croire, il y a des divergences entre les différentes commissions quant à l’utilisation des outils d’optiques pour observer la lune.

    Mais, ajoute-t-il, au plan mondial , l’usage des télescopes est devenu une tendance.

    « Il n’y avait pas de télescope du temps du prophète »

    Imam Mouhamadou Makhtar Kanté, prêcheur sénégalais, estime que les premières communautés musulmanes ne maîtrisaient pas le calcul astronomique.

    A en croire l’Imam, la controverse sur comment déterminer le mois lunaire s’explique par deux questions : faut-il le faire par observation oculaire ou faut-il user du calcul astronomique ?

    « Certains observent à l’œil nu car ils suivent un hadith du prophète. Mais de plus en plus, les oulémas se disent que cette pratique est dû au contexte de non-maîtrise du calcul astronomique à l’époque du prophète. Depuis les années 1978, des rencontres de la ligue islamique mondiale ont estimé que le Coran parle du calcul astronomique et qu’il faut exclure les erreurs en s’aidant de ce calcul. Cela permet de connaître le moment exact où la conjonction a lieu ».

    Observation à l’œil nu ou calcul astronomique

    Au Sénégal par exemple, il est de coutume que les différents groupes musulmans démarrent en ordre dispersé. Cette année, la coordination des musulmans du Sénégal débute mardi alors que la Commission d’Observation du croissant lunaire choisit de démarrer le mercredi. L’Association sénégalaise d’astronomie s’est associée à plusieurs communautés musulmanes du pays pour observer le croissant lunaire depuis le point le plus à l’ouest du continent africain, situé à Dakar.

    La BBC était sur place et la lune n’a pas été vue à l’œil nu ou avec les télescopes. Toutefois certains musulmans du pays décident de démarrer leur jeûne en se basant soit sur le calcul astronomique, soit sur la visibilité de la lune dans d’autres parties du monde.

    Au Congo, face à la difficultés d’observer le croissant lunaire à l’œil nu en raison de conditions météorologiques, la Communauté islamique du pays décide de suivre des pays comme l’Arabie saoudite ou le Qatar.

    « Il y a toujours une commission à chaque début du mois de ramadan. Mais avec la pollution, nous avons du mal à voir la lune car ce n’est pas clair. Nous nous referrons à la décision de pays ayant plus de moyen comme l’Arabie Saoudite et le Qatar. Nous suivons les dates fixées par ces pays pour débuter le jeûne ou y mettre fin », indique Djuma Twara, secrétaire général de la Communauté islamique du Congo.

    En France, le Conseil français du culte musulman et la Grande mosquée de Paris, se basent sur le calcul astronomique pour déterminer le début du jeûne. Depuis le 1er avril, les musulmans de France savent que le ramadan commence le 13 avril 2021. Dans ce pays, le science est mise en avant pour calculer le début et la fin du mois le plus sacré de l’Islam.

    Au Maroc, l’observation à l’œil nu est de rigueur. Ainsi, le ministère des Habous et des Affaires islamiques annonce le début du jeûne pour le mercredi 14 avril, 2021 . Et ce, après que la lune n’a pas été vue après le coucher du Soleil par une commission d’observation officielle.

    BBC, 14 avr 2021

    Etiquettes : Ramadan, Islam, début du jeûne, astronomie, télescope, Observation à l’œil nu,



  • «Mon corps m’appartient», un rapport de l’ONU bienvenu pour le féminisme en Afrique

    Le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP) a publié, mercredi 14 avril, son rapport annuel sous l’intitulé « Mon corps m’appartient : revendiquer le droit à l’autonomie et à l’autodétermination ». Un rapport sur lequel plusieurs ONG et des activistes comptent s’appuyer dans leur lutte pour le droit des femmes dans le monde, en particulier sur le continent africain.

    Une iconographie moderne et parlante, un titre « osé », venant d’un organisme onusien… Pas de doute, le Fonds des Nations Unies pour la Population veut toucher le plus de monde en publiant son rapport 2021 : « Mon corps m’appartient : revendiquer le droit à l’autonomie et à l’autodétermination ».

    C’est un positionnement autant qu’une évolution sur la question de la part de l’ONU, qui révèle via un communiqué : « C’est la première fois qu’un rapport des Nations Unies est consacré à l’autonomie corporelle, c’est-à-dire au pouvoir et à la liberté des femmes de faire des choix concernant leur corps, sans avoir à craindre des violences et sans que des tiers décident à leur place ».

    « Mali, Sénégal et Niger, de  »mauvais élèves » »

    Ce rapport de 164 pages, basé sur une enquête réalisée dans 57 pays en développement, dont 35 pays africains, révèle entre autres que « seuls 55% des femmes sont pleinement en mesure de faire des choix en matière de santé et de contraception, et d’accepter ou de refuser d’avoir un rapport sexuel. » Il pointe du doigt également qu’au-delà des préjudices qu’il fait subir aux femmes et aux filles concernées, « le manque d’autonomie corporelle peut faire baisser la productivité économique, mettre à mal la mobilisation des compétences et engendrer des coûts supplémentaires pour les systèmes judiciaires et de santé ».

    Car la question féministe n’est pas celle qui occupe le plus l’agenda de beaucoup d’États dans le monde en particulier en Afrique. Dans l’Ouest de ce continent, par exemple, beaucoup de pays sont en retard sur cette question. Le constat est implacable: il y a trois pays de cette zone, le Mali, le Sénégal et le Niger, aux trois dernières places du classement quand on cumule les trois indicateurs d’une partie de l’étude : la capacité de décision en matière de santé, de contraception, et de relations sexuelles.

    « Une question de volonté des décideurs »

    L’activiste béninoise Irmine Fleury Ayihounton, membre du Réseau des Jeunes Féministes d’Afrique de l’Ouest, n’est pas surprise par ce classement. « L’Afrique de l’Ouest est la région du monde qui connaît le plus grand taux de mortalité dues aux avortements non sécurisés. Pourtant, tous ces pays participent aux grandes réunions, aux instances de décisions et sont engagés normalement dans la promotion de l’égalité. »

    Et même si les pays ouest-africains sont étiquetés « en voie de développement », dans le rapport, il est démontré que « l’existence de lois et de réglementations propices à la santé sexuelle et reproductive ne dépend pas du niveau de revenu d’un pays ». Intégrer la question de l’autonomie et de l’autodétermination des femmes est lié à « une volonté politique, aux priorités d’un gouvernement, estime Irmine Fleury Ayihounton. Si le gouvernement a pour priorité d’améliorer les conditions de vie des femmes, et il trouvera les moyens. Dans les pays d’Afrique de l’Ouest, il y a une question de volonté des décideurs. »

    Une certitude, du côté de l’ONU, la problèmatique est mieux prise en compte. Lucie Daniel, experte plaidoyer et membre de l’ONG Equipop (Equilibres & Populations) confirme ainsi le tournant pris par l’instance onusienne sur la façon dont elle appréhende ces questions de la liberté des femmes avec leur corps. « Pendant longtemps, les questions liées à la santé sexuelle et reproductive ont été appréhendées surtout à travers la problématique de la santé maternelle avec une visée un peu démographique dans les années 90. Avec l’idée aussi qu’il fallait agir sur les taux de fécondité et les dynamiques démographiques, analyse l’experte. Avec ce rapport, on entérine le fait qu’on est passé sur une approche beaucoup plus basée sur les droits. La liberté à disposer de son corps est un droit notamment pour les femmes et les adolescentes ».

    L’obstacle ‘’Hshouma’’ au Maroc

    En Afrique du Nord, au Maroc plus précisément, Zainab Fasaki, Bdéiste et activiste féministe ne nie pas les progrès de la part du royaume chérifien même si le chemin est encore long. « J’ai travaillé sur un projet qui concernait l’immigration de femmes africaines victimes de mutilations génitales et qui étaient reçues au Maroc. Quand, je vois le gouvernement de mon pays accueillir, aider ces femmes-là et montrer son opposition à ces crimes-là, c’est un énorme espoir envoyé aux femmes marocaines ».

    Pour autant, l’autonomie et de l’autodétermination des femmes à disposer de leur corps ne sont encore acquises au Maroc, tellement les obstacles sont légion. « On n’a toujours pas le droit à l’IVG (interruption volontaire de grossesse), il y a des lois qui pénalisent la sexualité hors mariage, ou les orientations sexuelles. Et au-delà de l’aspect juridique, la culture du ‘’Hshouma’’ (honte en dialecte marocain) ne contribue pas à la libération de la femme, explique l’artiste. Déjà, la femme est ‘’Hshouma’’ au Maroc, de par son corps, sa sexualité, etc. A cela s’ajoute également le poids de la religion qui joue un rôle dans le contrôle des femmes ».

    (Re)voir : Zainab Fasiki, la dessinatrice des tabous

    Zainab Fasaki, qui se réclame issue de la troisième vague de féministes radicales, garde tout de même espoir que le rapport qui émane de l’ONU soit un accélérateur ou un « moyen de pression » pour faire changer les choses dans son pays.

    Pour l’activiste marocaine et pour les associations féministes ce rapport est donc en quelque sorte le bienvenu. « Ce rapport du FNUAP est une traduction un peu plus institutionnelle, normative de combats féministes qui sont menés depuis toujours par les associations, reconnait Lucie Daniel. Nous avons l’espoir que cela va pousser les États à aller de plus en plus vers des approches féministes. »

    TV5 Monde, 17 avr 2021

    Etiquettes : Afrique, femme, Maroc, Zainab Fasaki, autonomie, féminisme,

  • Rapport de l’ONU : De nombreuses femmes dans les pays pauvres ne peuvent pas dire « Pas de sexe ».

    Par EDITH M. LEDERER Associated Press

    NATIONS UNIES – Moins de la moitié des femmes de 57 pays en développement n’ont pas le droit de dire « non » aux relations sexuelles avec leur partenaire, de décider d’utiliser des moyens de contraception ou de demander des soins de santé, selon un rapport des Nations Unies publié mercredi.

    Le rapport du Fonds des Nations unies pour la population précise que les données ne couvrent qu’environ un quart des pays du monde, dont plus de la moitié en Afrique. Mais les résultats « dressent un tableau alarmant de l’état de l’autonomie corporelle de millions de femmes et de filles » qui n’ont pas le pouvoir de faire des choix concernant leur corps et leur avenir sans crainte ni violence, indique le rapport.

    Selon le Fonds, 55 % seulement des filles et des femmes de ces 57 pays sont en mesure de décider d’avoir ou non des relations sexuelles, d’utiliser ou non des moyens de contraception et de choisir le moment où elles souhaitent bénéficier de soins de santé tels que des services de santé sexuelle et génésique.

    « Le déni de l’autonomie corporelle est une violation des droits humains fondamentaux des femmes et des filles qui renforce les inégalités et perpétue la violence découlant de la discrimination de genre », a déclaré la directrice exécutive du fonds, le Dr Natalia Kanem. « Le fait que près de la moitié des femmes ne puissent toujours pas décider elles-mêmes d’avoir ou non des relations sexuelles, d’utiliser des moyens de contraception ou de se faire soigner devrait tous nous indigner. »

    Selon le rapport intitulé « Mon corps m’appartient », les pourcentages varient selon les régions.

    Alors que 76 % des adolescentes et des femmes d’Asie de l’Est et du Sud-Est et d’Amérique latine et des Caraïbes peuvent prendre des décisions concernant les rapports sexuels, la contraception et les soins de santé, moins de 50 % le peuvent en Afrique subsaharienne et en Asie centrale et du Sud, indique le rapport.

    Il existe également des différences au sein des régions. Citant un exemple, le rapport indique que dans trois pays d’Afrique subsaharienne – le Mali, le Niger et le Sénégal – moins de 10 % des adolescentes et des femmes contrôlent ces trois décisions.

    Les différences régionales entre les pays sur ces trois décisions sont moins prononcées ailleurs mais varient encore beaucoup, allant de 33% à 77% en Asie centrale et du Sud, de 40% à 81% en Asie de l’Est et du Sud-Est, et de 59% à 87% en Amérique latine et dans les Caraïbes, selon le rapport.

    Le fonds, qui s’appelle désormais l’agence des Nations unies pour la santé sexuelle et reproductive, a également cité des incohérences au sein des pays.

    Au Mali, par exemple, 77 % des femmes prennent des décisions indépendantes ou conjointes en matière de contraception, mais seules 22 % d’entre elles sont en mesure de faire de même en matière de soins de santé, indique le rapport. En Éthiopie, seules 53 % des femmes peuvent dire « non » aux relations sexuelles, alors que 94 % d’entre elles peuvent prendre des décisions indépendantes ou conjointes en matière de contraception.

    Le Kanem a déclaré dans l’avant-propos du rapport que de nombreuses femmes se voient également refuser le droit de choisir la personne qu’elles épousent, ou le bon moment pour avoir un enfant « en raison de leur race, de leur sexe, de leur orientation sexuelle, de leur âge ou de leurs capacités ».

    « Les progrès réels et durables dépendent en grande partie du déracinement de l’inégalité entre les sexes et de toutes les formes de discrimination, et de la transformation des structures sociales et économiques qui les maintiennent », a-t-elle déclaré. « En cela, les hommes doivent devenir des alliés ».

    Star Tribune 14 avr 2021

    Etiquettes : Femmes, contraception, sexe, planification familiale,

  • Ukraine : un marocain pourrait écoper 5 ans de prison pour trafic d’être humains

    Selon la presse ukrainienne, un étudiant originaire du Maroc, âgé de 21 ans, risque 5 ans prison suite à une tentative de transporter illégalement trois ressortissants libanais d’Ukraine vers la Pologne.

    Le jeune ainsi que ses trois passagers ont été contrôlés et arrêtés par les services de sécurité à la frontière de l’Union Européenne.

    L’accusé avait reçu le montant de 1200 dollars pour les faire traverser la frontière en direction de la Pologne.

    Etiquettes : Migration, Ukraine, Maroc,

  • Pays Bas : Les soeurs Sofia et Najoua ne seront pas expulsées vers le Maroc

    Les sœurs Sofia et Najoua d’Amsterdam ne seront finalement pas expulsées vers le Maroc.

    Les sœurs Sofia (24 ans) et Najoua (21 ans) d’Amsterdam sont autorisées à rester aux Pays-Bas. Elles étaient menacées d’être expulsés vers le Maroc, mais le service d’immigration et de naturalisation (IND) a annulé la décision l’affaire .

    L’avocat des sœurs l’a confirmé aujourd’hui à NH Nieuws et AT5. Les deux sœurs sont régulièrement apparues dans les médias pour attirer l’attention sur leur cas et des questions ont été posées au Parlement.

    Pas de permis de séjour

    Les sœurs vivent à Amsterdam depuis dix-sept ans, mais elles y vivaient illégalement. Leur mère n’avait jamais demandé de permis de séjour pour elles. Le juge a décidé en février que Sofia et Najoua étaient autorisées à rester aux Pays-Bas, mais l’IND a fait appel de cette décision.

    On ne sait pas pourquoi l’IND a retiré l’appel. NH News et AT5 ont demandé au service de l’immigration de réagir, mais ils disent qu’ils ne commentent jamais les cas individuels.

    La semaine dernière, plusieurs partis de la Chambre basse ont posé des questions sur la situation des sœurs. Les parties estiment que les sœurs d’Amsterdam ne peuvent être tenues pour responsables, et encore moins punies, des actes de leurs parents.

    NOS, 16 avr 2021

    Etiquettes : Pays Bas, Amsterdam, Maroc, Sofia, Najoua,

  • Strasbourg : expulsion vers l’Algérie du livreur Deliveroo qui ne voulait pas « livrer des juifs »

    Le livreur de 19 ans a purgé sa peine de prison, puis il été expulsé vers l’Algérie comme le prévoyait une obligation de quitter le territoire français antérieur à cette affaire. En janvier 2021, il avait refusé à deux restaurateurs des livraisons au motif qu’il « ne livrait pas les juifs ».

    Tout a été très rapide dans cette histoire. Jeudi 7 janvier 2021, à Strasbourg, deux restaurateurs se voient annuler deux commandes par le même livreur travaillant pour la plateforme Deliveroo, au motif « qu’il ne livre pas les juifs ». Quelques jours plus tard, les restaurateurs, le consistoire israélite du Bas-Rhin et le bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA) portent plainte. Une enquête de police et des relevés GPS de téléphone identifient un seul livreur, qui travaillait grâce au compte prêté par un autre livreur Deliveroo, une pratique courante.


    C’est une sanction sévère mais la rapidité dans cette affaire est une bonne chose : cet individu ne nuira plus, et puis il est très important de montrer que la discrimination antisémite est interdite en France. (Maître Nisand, le 14 janvier 2021, à l’issue de la décision du tribunal de Strasbourg)


    Le livreur est jugé une semaine plus tard, le 14 janvier, en comparution immédiate par le tribunal de grande instance de Strasbourg. Il a été confondu par des relevés GPS de son téléphone et reconnu par l’un des restaurateurs. Condamné à quatre mois de prison ferme avec mandat de dépôt, il est reparti en détention immédiatement après l’audience. Le tribunal a suivi exactement les réquisitions du parquet.

    Sous le coup d’une expulsion

    Trois mois plus tard, le jeune homme de 19 ans a été expulsé. C’est dans un tweet que Gérald Darmanin l’annonce samedi 17 avril : « Comme je m’y étais engagé, le « livreur » de repas à domicile qui avait déclaré ne pas vouloir servir des clients juifs a été expulsé aujourd’hui du territoire national, après avoir purgé sa peine de prison. La haine antisémite n’a pas sa place en France. »

    De nationalité algérienne, le jeune homme était déjà avant sa condamnation sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).

    « C’est un agréable surprise », a commenté maître Raphaël Nisand, avocat des deux restaurateurs et du bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA), joint par téléphone samedi 17 avril. L’avocat explique que les OQTF sont très rarement appliquées : « il faut pour cela que les autorités françaises soient sûres que, au moment où la personne expulsée arrive dans son pays d’origine, elle sera acceptée par les autorités de son pays, ce qui est loin d’être le cas dans la plupart des affaires d’expulsion. C’est généralement cet accord qui fait défaut dans les autres cas. Là il y a donc eu une coopération internationale sur le cas de ce jeune homme, entre la France et l’Algérie ».

    Trois mois de prison ferme

    Si le livreur n’a purgé que trois mois de prison, alors qu’il a été condamné à quatre mois ferme, c’est une habitude de la justice : « pour un mois de prison, chaque détenu peut avoir une semaine de remise de peine. Cela permet à l’administration pénitentiaire d’obtenir la coopération des détenus, et cela s’applique à tous. En cas de mauvais comportement, le peine intégrale peut être appliquée », rappelle encore maître Nisand.

    Ces réductions de peine automatiques pourraient être supprimées dans la « loi pour la confiance dans l’institution judiciaire » que prépare le ministre de la justice, Eric Dupond-Moretti.

    Franceinfo, 17 avr 2021

    Etiquettes : France, Algérie, livreur,

  • Le Maroc va acquérir prochainement des drones turcs

    En pleine guerre contre le peuple sahraoui , le Maroc va acquérir prochainement des drones turcs, dont les Forces armées royales recevront une douzaine de drones armés de type Bayraktar TB2 fabriqués par l’entreprise turque Baykar, dirigé par Selçuk Bayraktar, qui n’est aute que le mari de Soumaya, la plus jeune fille du président Recep Tayyip Erdoğan. Selon des sources médiatiques, il s’agit également d’acquérir quatre stations de contrôle au sol pour piloter les opérations.

    Les avions Bayraktar TB2 sont des drones qui volent à une altitude moyenne avec une capacité de voler plus de 24 heures. « Drone Al- Bayraktar» est un drone moins cher, de petite taille et efficace dans sa mission d’attaque, fabriquée par la Turquie en assemblant ses pièces fabriquées au Canada, en Autriche et aux États-Unis. Ce drone entrera en service au Maroc en tant qu’un drone offensif moins couteux en même temps que des plusieurs autres drones de haute technologie pour la surveillance, et la guerre électronique offensive afin d’atteindre des objectifs de grande importance.
    Rabah Karali
    Crésus, 17 avr 2021
    Etiquettes : Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, Drones, Bayraktar,
  • Turquie : Erdogan aux prises avec la quadrature du cercle

    Mohamed Habili

    Dans le monde d’aujourd’hui, un pays isolé est un pays bientôt attaqué. Le meilleur exemple reste la Libye de Kadhafi, qui n’a trouvé personne en 2011 pour prendre place à ses côtés lorsque l’agression franco-britannique allait s’abattre sur elle. Son isolement au plan international l’avait condamnée. Même les pays les plus puissants militairement et économiquement, de ce fait capables de se défendre, n’ont quand même rien à gagner, rien que des coups, à se trouver isolés, c’est-à-dire sans alliés.

    Un pays, quel qu’il soit, a un besoin vital d’alliés sûrs, en premier lieu dans son environnement immédiat, dont ses agresseurs potentiels sauraient par avance qu’ils s’interposeraient. C’est parce que la Turquie sous Erdogan a réussi à n’avoir que des ennemis à l’est de la Méditerranée qu’elle s’est résolue finalement à se tourner vers l’Egypte, le pays avec lequel elle s’entend le moins dans la région, mais duquel elle se sent suffisamment proche à bien des égards pour faire taire ses préventions à son endroit. Pour le président turc, et sans doute aussi pour une bonne partie de l’opinion turque, il vaut toujours mieux se réconcilier avec un pays musulman, de surcroit un temps sujet de l’empire ottoman, que se retrouver entourés d’Etats qui ne pensent qu’à leur nuire.

    Ce dont la Turquie se sent aujourd’hui menacée, certes ce n’est pas d’une agression militaire comme ce fut le cas il y a maintenant une décennie pour la Libye, mais d’un partage des ressources énergétiques en mer qui se ferait à ses dépens. Cette menace est d’autant plus réelle qu’elle s’est déjà aliénée les Européens, et en premier lieu la France, avec laquelle les relations ne sont pas loin de se rompre. Entre elles deux, on peut dire que c’est déjà l’animosité déclarée. Il suffirait de pas grand-chose pour que leurs rapports s’aigrissent tout à fait, ce qui du reste avait failli se produire en Méditerranée entre deux de leurs navires de guerre, il y a de cela quelques mois.

    La France n’est pas à l’est de la Méditerranée, mais elle y compte des amis, comme il se doit hostiles à la Turquie. De là le désir de la Turquie de réconciliation avec l’Egypte, d’autant plus grand qu’elle ne voit chez cette dernière aucune envie de la déposséder de ce qui lui revient de droit en Méditerranée. Donald Trump a dit de Recep Tayyip Erdogan qu’il était un joueur d’échec de niveau mondial. Si le compliment est mérité ou objectif, c’est le moment pour Erdogan d’avancer ses pièces de façon à consolider ses positions sur tous les points de tension en Méditerranée. Il lui faut tout à la fois renouer avec l’Egypte, conserver son influence en Libye, et maintenir son leadership sur l’ensemble des courants islamistes dans le monde arabe et musulman, le tout bien sûr sans devoir rien perdre de sa part d’hydrocarbures en Méditerranée.

    Cela semble la quadrature du cercle. Mais un manœuvrier de niveau mondial comme lui devrait pouvoir tirer son épingle dans chacune de ces directions. Sur invitation de l’Egypte à ce qu’il semble, une délégation turque se rendra au Caire au début du mois prochain pour faire avancer le dossier de la normalisation. Cette délégation ne sera pas conduite par le ministre turc des Affaires étrangères. Le rapprochement n’en est pas encore à ce point en effet. N’empêche, les Turcs ont annoncé la nouvelle comme si c’était lui en personne qui avait été mandé par le Caire. D’ailleurs, c’est lui qui le premier en a parlé.

    Le Jour d’Algérie, 16 avr 2021

    Etiquettes : Turquie, Tayyip Erdogan, OTAN, France, Méditerranée,

  • Dubaï, capitale du tourisme…sexuel

    Dubaï. Il suffit d’évoquer ce nom pour songer directement au shopping de luxe, à son architecture ultramoderne et sa vie nocturne animée.

    La Burj Khalifa, tour de 830 mètres de haut, domine le paysage urbain parsemé de gratte-ciel. À son pied, la fontaine de Dubaï présente des jets et des lumières synchronisées avec de la musique.

    Dans une ville où même les forces de police patrouillent en Lamborghini, il n’est pas rare de croiser les voitures les plus rutilantes jamais conçue jusque là. Le tout a offert à Dubaï, un cachet particulier. La normalisation des Emirats arabes unis de ses relations avec l’entité sioniste également.

    En effet, Dubaï, est contrairement à l’image paisible qu’elle offre à ses visiteurs, une capitale d’un autre genre : Le tourisme sexuel. Les Emirats arabes Unis, surclassent ainsi le Royaume du Maroc, où, selon les associations et les ONG sur place, le tourisme sexuel se serait considérablement développé dans le royaume chérifien ces dernières années.

    « L’émirat de Dubaï est devenu, avec des dizaines de milliers de prostituées, la principale destination de tourisme sexuel dans le Golfe », écrit à cet effet le journal français, le Monde dans sa livraison de ce 21 mars.

    Il a, dans le même contexte, relevé que le traité de paix signé entre Israël et les Emirats arabes unis, en septembre dernier, s’est très vite accompagné de l’ouverture de liaisons aériennes directes entre les deux pays.

    Plus de cent mille touristes israéliens ont d’ores et déjà visité Dubaï, où l’hospitalité démonstrative à leur égard contraste avec la « paix froide » réservée jusque-là aux visiteurs israéliens en Jordanie et en Egypte. Mais la presse israélienne a aussi consacré plusieurs reportages à scandale à des formes de tourisme sexuel.

    Le quotidien « Yedioth Aharonoth » a ainsi décrit de véritables catalogues de prostituées, avec les transactions qui peuvent en découler autour de la piscine d’un grand hôtel.

    Le site en ligne « Mako » s’est pour sa part intéressé à la reconversion de mafieux israéliens dans des « agences d’escorte » à Dubaï, tout en reproduisant, en captures d’écran, des échanges relevant du proxénétisme.

    Le quotidien « Haaretz » a même publié une tribune intitulée « Visiter Dubaï équivaut à se tenir au bord d’un viol collectif ».

    Les défenseurs de la normalisation israélo-émiratie ont protesté contre de telles outrances et relativisé l’importance des témoignages rapportés, sans représentativité à leurs yeux.

    Le pari de Dubaï sur son insertion spectaculaire dans la mondialisation a été particulièrement réussi, même après la crise financière de 2008 qui a contraint l’émirat à développer ses activités de service, au premier rang desquels le tourisme », lit-on en effet sur les colonnes du tabloïd.

    Aussi, à Dubaï, la consommation d’alcool est autorisée dans les hôtels, les bars, les restaurants et les night-clubs disposant d’une licence spécifique, même si elle reste interdite dans l’espace public.

    C’est généralement dans de tels lieux que des travailleuses sexuelles racolent le client potentiel, s’accordant avec lui sur le montant, la durée et la nature de la prestation. Il est ainsi possible de s’attacher le service d’une escort-girl durant tout ou partie de son séjour dans l’émirat.

    En chiffres, Le Monde fait état de quelque 45 000 prostituées actives à Dubaï, où le tourisme sexuel est, de manière générale, appelé à se développer encore à Dubaï.

    Cela fait plusieurs années que le rapport annuel du Département d’Etat américain sur les trafics d’êtres humains considère, malgré des remarques encourageantes, que « le gouvernement des Emirats arabes unis ne respecte pas pleinement les standards minimaux pour l’élimination des trafics ».

    La pandémie de coronavirus ne devrait pas affecter cette réalité, bien au contraire. En effet, la campagne menée de manière volontariste aux Emirats a déjà permis de vacciner plus d’un tiers de la population contre le Covid-19.

    Un argument supplémentaire pour les sites spécialisés qui vantent sur Internet les « sales petits secrets » de Dubaï et les charmes des « vacances sexuelles » dans cet émirat…

    La Patrie News, 21 mars 2021

    Tags : Dubaï, Maroc, Prostitution, tourisme sexuel,

  • L’organe politique le plus puissant de l’ONU reste paralysé face à une nouvelle guerre froide

    Par Thalif Deen

    NATIONS UNIES, 14 avr 2021 (IPS) – Une nouvelle guerre froide – cette fois, entre les Etats-Unis et la Chine – menace de paralyser l’organe le plus puissant de l’ONU, alors même que les conflits militaires et les guerres civiles balaient le monde, principalement en Afrique, au Moyen-Orient et en Amérique latine.

    Les critiques de plus en plus nombreuses à l’encontre du Conseil de sécurité visent principalement son incapacité collective à résoudre les conflits et les crises politiques en cours dans plusieurs points chauds, notamment en Syrie, au Yémen, en Afghanistan, en Irak, au Myanmar, en Somalie, au Sud-Soudan, en Ukraine et en Libye, ainsi que son échec de longue date concernant la Palestine.

    Les fortes divisions entre la Chine et la Russie, d’une part, et les puissances occidentales, d’autre part, devraient se poursuivre, ce qui soulève la question : Le Conseil de sécurité a-t-il dépassé son utilité ou a-t-il perdu sa crédibilité politique ?

    Les cinq grandes puissances tendent de plus en plus leur bras protecteur autour de leurs alliés, malgré les accusations croissantes de crimes de guerre, de génocide et de violations des droits de l’homme portées contre ces pays.

    La semaine dernière, Yasmine Ahmed, directrice pour le Royaume-Uni de Human Rights Watch, a appelé la Grande-Bretagne à « s’imposer comme porte-plume sur le Myanmar et à commencer à négocier un projet de résolution du Conseil de sécurité sur un embargo sur les armes et des sanctions ciblées contre l’armée ».
    http://www.ipsnews.net/2021/02/china-russia-throw-protective-arms-around-myanmar/

    Plus de 580 personnes, dont des enfants, ont été tuées depuis le coup d’État du 1er février : « il est temps que le Conseil de sécurité ne se contente pas de faire des déclarations et commence à travailler à une action de fond », a-t-elle averti.

    Mais dans la plupart de ces conflits, y compris au Myanmar, les embargos sur les armes sont très peu probables car les principaux fournisseurs d’armes aux parties belligérantes sont les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, à savoir les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Russie et la Chine.
    http://www.ipsnews.net/2021/03/worlds-worst-humanitarian-disaster-triggered-deadly-weapons-us-uk/

    Le président américain Joe Biden a décrit la nouvelle confrontation croissante comme une bataille entre démocraties et autocraties.

    Dans un récent article analytique, le New York Times a déclaré que l’alignement le plus frappant de la Chine est avec la Russie, les deux pays se rapprochant après l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014. Les deux pays ont également annoncé qu’ils allaient construire conjointement une station de recherche sur la lune, préparant le terrain pour concurrencer les programmes spatiaux américains.

    « La menace d’une coalition dirigée par les États-Unis qui conteste les politiques autoritaires de la Chine n’a fait que renforcer l’ambition de Pékin d’être un leader mondial des nations qui s’opposent à Washington et à ses alliés », a déclaré le Times.

    Ian Williams, président de l’Association de la presse étrangère basée à New York et auteur de « UNtold : The Real Story of the United Nations in Peace and War’, a déclaré à IPS que dans les premières années, avec une majorité sûre à l’Assemblée générale (AG), les Etats-Unis pouvaient prétendre à la vertu et éviter d’utiliser le veto. Les Soviétiques en difficulté y ont eu recours à maintes reprises.

    « Mais, comme pour beaucoup d’éléments du droit international et des Nations unies, l’exception israélienne a permis aux États-Unis de rattraper le temps perdu. Maintenant, les Russes ont rattrapé leur retard avec des vetos pour la Serbie et la Syrie ».

    La Chine, a-t-il souligné, évite d’utiliser le veto à moins que Taïwan ou le Tibet ne soient mentionnés. Autrefois, il y avait un soupçon d’élément idéologique – tiers-monde et socialisme contre impérialisme.

    « Mais aujourd’hui, c’est entièrement transactionnel, les détenteurs du droit de veto s’occupant de leurs clients et alliés, et personne ne devrait se faire d’illusions sur le fait que la Chine et la Russie agissent de manière progressive et constructive. Mais les Etats-Unis ne sont pas en position de montrer du doigt la Syrie alors qu’ils protègent l’Arabie Saoudite et Israël ».

    « Nous pouvons espérer que la majorité des membres s’indigneront suffisamment pour essayer de provoquer l’indignation. Mais malheureusement, l’expérience historique suggère que de nombreux gouvernements ont une tolérance presque illimitée pour les meurtres de masse dans des pays lointains dont ils ne savent pas grand-chose », a-t-il noté, notamment au Darfour, dans les Balkans, au Rwanda et maintenant au Myanmar.

    La percée serait que les États-Unis disent « mettez fin à l’occupation » et invitent ensuite les autres pays à se joindre à eux pour réaffirmer la Charte.

    « Mais comme je ne crois pas vraiment à la petite souris, je devrais me contenter d’une coalition des conscients de l’AG unis pour la paix – et pour l’ordre public international », a déclaré M. Williams, un analyste chevronné qui a écrit pour des journaux et des magazines du monde entier, notamment l’Australian, The Independent, le New York Observer, le Financial Times et le Guardian.

    Interrogé sur les meurtres au Myanmar et sur l’inaction du Conseil de sécurité des Nations unies, le secrétaire général Antonio Guterres a déclaré aux journalistes le 29 mars : « Nous avons besoin de plus d’unité dans la communauté internationale. Nous avons besoin de plus d’engagement de la part de la communauté internationale pour faire pression afin de s’assurer que la situation s’inverse. Je suis très inquiet. Je vois, avec beaucoup d’inquiétude, le fait que, apparemment, beaucoup de ces tendances semblent irréversibles, mais l’espoir est la dernière chose à laquelle nous pouvons renoncer. »

    Vijay Prashad, directeur exécutif de Tricontinental : Institute for Social Research, qui a beaucoup écrit sur la politique internationale, a déclaré à l’IPS que les Nations Unies sont une institution essentielle, un processus, à bien des égards, plutôt qu’une institution entièrement achevée.

    Les agences de l’ONU – y compris l’OMS, l’UNICEF, le HCR, a-t-il dit, fournissent un service vital aux peuples du monde ; « et nous devons rendre ces institutions plus robustes, et nous devons nous assurer qu’elles conduisent un agenda public qui fait avancer les principaux objectifs de la Charte de l’ONU (à savoir maintenir la paix, mettre fin à la faim et à l’analphabétisme, fournir la base d’une vie riche, en somme) ».

    Le Conseil de sécurité est victime des batailles politiques dans le monde, a-t-il fait valoir.

    Il n’y a aucun moyen de construire un meilleur cadre pour gérer les grandes différences de pouvoir », a déclaré Prashad, auteur de 30 livres, dont le plus récent « Washington Bullets » (LeftWord, Monthly Review),

    « Il serait de loin préférable de donner du pouvoir à l’Assemblée générale des Nations unies, qui est plus démocratique, mais depuis les années 1970, nous avons vu comment les États-Unis – en particulier – ont sapé l’AGNU pour confier la prise de décision presque exclusivement au CSNU ».

    Depuis la chute de l’URSS, a-t-il ajouté, le Secrétaire général des Nations unies est devenu inféodé au gouvernement américain (« nous l’avons vu de manière choquante avec le traitement réservé à l’ancien Secrétaire général Boutros Boutros-Ghali »).

    Le nouveau « Groupe d’amis pour la défense de la Charte des Nations unies », qui comprend la Chine et la Russie, est une évolution positive, a déclaré M. Prashad.

    L’ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield a déclaré aux journalistes le 31 mars : « Et puis, en ce qui concerne la collaboration avec mes homologues du Conseil de sécurité, je sais qu’il y a des domaines – et c’est une discussion que j’ai eue – avec mes collègues russes et chinois – nous savons qu’il y a des lignes rouges ».

    « Il y a des domaines où nous avons de sérieuses préoccupations, et nous avons été ouverts et francs à propos de ces préoccupations. En Chine, ce qui se passe avec les Ouïghours, par exemple. Avec la Russie, en Syrie, et il y en a beaucoup d’autres. Nous savons quelles sont les lignes rouges », a-t-elle ajouté.

    « Nous avons essayé de combler ces écarts, mais nous essayons aussi de trouver les domaines où nous avons un terrain d’entente. Nous avons été en mesure de trouver un terrain d’entente sur la Birmanie (Myanmar). Avec les Chinois, nous travaillons sur le changement climatique d’une manière, je pense, très positive. Nous ne sommes pas exactement au même endroit, mais c’est un domaine dans lequel nous pouvons avoir des conversations les uns avec les autres. »

    « Donc, en tant que principale diplomate américaine à New York, il est de ma responsabilité de trouver un terrain d’entente afin que nous puissions atteindre des objectifs communs, mais pas de donner un laissez-passer à l’un ou l’autre pays lorsqu’ils enfreignent les valeurs des droits de l’homme ou poussent dans des directions que nous trouvons inacceptables », a-t-elle déclaré.

    Entre-temps, pour revenir à une époque révolue, au plus fort de la guerre froide entre les États-Unis et l’Union soviétique dans les années 1960, les Nations unies étaient le champ de bataille idéologique où les Américains et les Soviétiques s’affrontaient, que ce soit dans la salle de l’Assemblée générale ou à la table en fer à cheval du Conseil de sécurité de l’ONU.

    L’une des guerres de mots les plus mémorables a peut-être eu lieu en octobre 1962, lorsque l’ambassadeur américain Adlai Stevenson (1961-1965), politiquement très engagé et deux fois candidat démocrate à la présidence des États-Unis, a défié l’envoyé soviétique Valerian Zorin au sujet d’allégations selon lesquelles l’URSS, peut-être sous le couvert de l’obscurité, avait déplacé des missiles nucléaires vers Cuba, à une distance annihilante des États-Unis.

    S’exprimant lors d’une réunion tendue du Conseil de sécurité, Stevenson admonesta Zorin : « Je vous rappelle que vous n’avez pas nié l’existence de ces armes. Au contraire, nous avons entendu dire qu’elles étaient soudainement devenues des armes défensives. Mais aujourd’hui – encore une fois, si je vous ai bien entendu – vous dites maintenant qu’elles n’existent pas, ou que nous n’avons pas prouvé leur existence, avec un autre beau déluge de mépris rhétorique. »

    « Très bien monsieur », dit Stevenson, « laissez-moi vous poser une question simple. Niez-vous, ambassadeur Zorin, que l’URSS a placé et place encore des missiles et des sites de portée moyenne et intermédiaire à Cuba ? » « Oui ou non ? N’attendez pas la traduction : Oui ou Non ? », insiste Stevenson sur un ton d’arrogance implicite.

    S’exprimant en russe par l’intermédiaire d’un traducteur de l’ONU (qui a fidèlement traduit en anglais les sentiments de l’envoyé américain), Zorin a répliqué : « Je ne suis pas dans un tribunal américain, monsieur, et je ne souhaite donc pas répondre à une question qui m’est posée à la manière d’un procureur. En temps voulu, monsieur, vous aurez votre réponse. Ne vous inquiétez pas. »

    Ne voulant pas se laisser distancer, Stevenson a hurlé en retour : « Vous êtes dans le tribunal de l’opinion mondiale en ce moment, et vous pouvez répondre oui ou non. Vous avez nié leur existence. Je veux savoir si … je vous ai bien compris. »

    Lorsque Zorin a dit qu’il fournirait la réponse en « temps voulu », Stevenson a déclaré : « Je suis prêt à attendre ma réponse jusqu’à ce que l’enfer gèle. »

    *Thalif Deen est l’auteur d’un nouveau livre sur les Nations Unies intitulé « No Comment – and Don’t Quote Me on That ». Ce livre de 220 pages est rempli de nombreuses anecdotes – des plus sérieuses aux plus hilarantes – et est disponible sur Amazon dans le monde entier et à la librairie Vijitha Yapa au Sri Lanka. Les liens sont les suivants :

    Roderic Grigson

    Vijitha Yapa

    IPS, 14 avr 2021

    Etiquettes : ONU, Conseil de Sécurité, Guerre Froide, Chine, Etats-Unis, Russie,