Mois : avril 2021

  • France : l’ONU condamne les actes de haine antimusulmane à Nantes et à Rennes

    Le Haut Représentant de l’Alliance des civilisations des Nations Unies, Miguel Ángel Moratinos, a fermement condamné les actes de haine antimusulmane qui ont eu lieu ces derniers jours dans les villes de Nantes et de Rennes, dans l’ouest de la France.

    Vendredi, la mosquée Arrahma à Nantes, préfecture de la région Pays de la Loire, a été endommagée par un incendie criminel. Dans la nuit de samedi à dimanche, les murs du centre culturel musulman Avicenne à Rennes, préfecture de la région Bretagne, ont été recouvert d’insultes racistes et islamophobes.

    Deux enquêtes judiciaires ont été ouvertes pour déterminer l’origine de ces deux actes de haine antimusulmane perpétrés avant le début du Ramadan.

    Le Haut Représentant a dénoncé des « actes méprisables ». Ils « sont un affront aux lois internationales relatives aux droits de l’homme et que les valeurs et principes des Nations Unies défendent, en particulier la liberté de religion ou de conviction », a déclaré M. Moratinos dans une déclaration de presse publiée par sa porte-parole lundi soir.

    « Maintenant plus que jamais, l’unité et la solidarité devraient guider nos actions alors que nous nous opposons fermement à la montée de la haine antimusulmane, de la stigmatisation, de l’ethno-nationalisme ainsi que des discours de haine ciblant les populations vulnérables en raison de leur religion ou de leurs convictions », a ajouté le haut responsable de l’ONU.

    Plan d’action de l’ONU pour la protection des sites religieux

    L’Alliance des civilisations des Nations Unies (UNAOC) a développé un Plan d’action de l’ONU pour la protection des sites religieux. A ce titre, le Haut Représentant encourage les gouvernements et les parties prenantes concernées à soutenir la mise en œuvre des recommandations de ce Plan « qui soulignent l’universalité des sites religieux en tant que symboles de notre humanité, histoire et traditions communes ».

    Selon M. Moratinos, « le respect mutuel, l’harmonie interconfessionnelle et la coexistence pacifique sont possibles lorsqu’il y a un large espace pour que chacun puisse pratiquer librement et en toute sécurité les rituels de ses religions ou croyances ».

    Le chef de l’UNAOC a exprimé sa solidarité avec la communauté musulmane en France et au-delà et lui a souhaité un bon et paisible Ramadan.

    ONU Info, 14 avr 2021

    Etiquettes : France, nantes, Rennes, musulmans, islamophobie, mosquée,

  • Alexandre Benalla renvoyé en correctionnelle pour des violences commises le 1er mai 2018 sur des manifestants

    Trois autres personnes doivent également être jugées, dans cette affaire des violences du 1er mai 2018 place de la Contrescarpe à Paris.

    Alexandre Benalla et trois autres personnes sont renvoyés devant le tribunal correctionnel, dans l’affaire des violences du 1er mai 2018 place de la Contrescarpe à Paris, a appris franceinfo de source proche du dossier, confirmant une information de l’AFP. L’audience de procédure est prévue le 4 mai 2021 au tribunal correctionnel de Paris.

    Alexandre Benalla, ancien collaborateur d’Emmanuel Macron, et Vincent Crase, ex-salarié de La République en marche, devront notamment répondre de « violences volontaires en réunion » sur plusieurs personnes, « port d’arme de catégorie B » et « port public et sans droit d’un insigne réglementé par l’autorité publique ». Ils sont en effet soupçonnés d’avoir porté le brassard de la police nationale, sans en avoir le droit.

    Alexandre Benalla est également mis en cause pour avoir « sciemment recélé un CD-ROM contenant des images issues de la vidéo-protection » et pour l’utilisation de ces images « à d’autres fins que celles pour lesquelles elles sont autorisées ». Sur ces images issues de la vidéosurveillance, on pouvait voir Alexandre Benalla intervenir violemment contre un couple.

    Les autres personnes renvoyées sont Laurent Simonin, chef d’état-major adjoint de la Direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) de la préfecture de police, et Maxence Creusat, commissaire de police de cette même DOPC. Ils sont poursuivis pour avoir « fait accéder des personnes non habilitées aux images d’une vidéo-protection et utilisé des images de vidéo-protection à d’autres fins que celles pour lesquelles elles sont autorisées ».

    Franceinfo, 13 avr 2021

    Etiquettes : Alexandre Benalla, violences, Emmanuel Macron, et Vincent Crase, La République en marche, LREM, Laurent Simonin, Maxence Creusat,


  • « Si vous ne nourrissez pas les gens, vous nourrissez les conflits », déclare le chef de l’ONU au Conseil de sécurité

    Les conflits entraînent la faim et la famine, et inversement, la faim et la famine conduisent à des conflits, a déclaré jeudi le Secrétaire général de l’ONU au Conseil de sécurité, ajoutant que « si vous ne nourrissez pas les gens, vous alimentez les conflits ».

    « Les conflits et la faim, lorsqu’ils frappent un pays ou une région, se renforcent mutuellement et ne peuvent être éliminés séparément. La faim et la pauvreté, associés aux inégalités, aux chocs climatiques, aux tensions confessionnelles et ethniques et aux griefs concernant les terres et les ressources, déclenchent des conflits », a expliqué le chef de l’ONU devant les membres du Conseil.

    « Dans le même temps, les conflits amènent des personnes à quitter leur foyer, leur terre et leur emploi, bouleversent les activités agricoles et les échanges commerciaux et limitent l’accès aux ressources vitales telles que l’eau et l’électricité et entraîne la faim », a-t-il ajouté.

    Selon M. Guterres, le Comité Nobel a reconnu cette corrélation lorsqu’il a décerné le prix Nobel de la paix au Programme alimentaire mondial (PAM).

    Le Secrétaire général a rappelé que ces dernières décennies, l’amélioration de la productivité et le recul de la pauvreté dans le monde ont permis de faire d’énormes progrès en matière de lutte contre la faim.

    « La famine et la faim ne sont plus une question de manque de nourriture. Elles sont aujourd’hui en grande partie produites par l’homme », a-t-il souligné. « Elles frappent surtout des pays touchés par des conflits prolongés et de grande envergure ».

    Fin 2020, 88 millions de personnes souffraient de la faim en raison des conflits et de l’instabilité
    Et la situation empire, selon lui. Fin 2020, plus de 88 millions de personnes souffraient de la faim en raison des conflits et de l’instabilité – ce chiffre a augmenté de 20% en l’espace d’un an. D’après les prévisions pour 2021, cette situation devrait perdurer.

    Les chocs climatiques et la pandémie de Covid-19 attisent le feu. En l’absence de mesures immédiates, des millions de personnes risquent de basculer dans la faim extrême et de perdre la vie.

    D’après les estimations, les crises alimentaires s’accentuent et se propagent dans l’ensemble du Sahel et de la Corne de l’Afrique, et s’installent de plus en plus rapidement au Soudan du Sud, au Yémen et en Afghanistan. Plus de 30 millions de personnes dans plus d’une trentaine de pays sont au bord de la famine.

    Face à cette situation, le chef de l’ONU a appelé à « agir maintenant ». A ce titre, il a décidé de créer un groupe spécial de haut niveau sur la prévention de la famine, qui sera dirigé par le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, Mark Lowcock.

    Ce groupe sera composé de représentants du Programme alimentaire mondiale (PAM) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Il contribuera à ce que la question de la prévention de la famine soit examinée de manière concertée à un haut niveau et à ce qu’une aide soit fournie aux pays les plus touchés.

    « J’invite instamment tous les membres du Conseil à soutenir par tous les moyens ce groupe spécial et à mettre tout en œuvre pour prendre des mesures urgentes de prévention de la famine », a dit M. Guterres.

    Selon lui, il faut avant tout se préoccuper de cette population de plus de 34 millions de personnes déjà aux prises avec une insécurité alimentaire qui a atteint un niveau critique.

    Le PAM et la FAO ont lancé un appel à la mobilisation urgente de 5,5 milliards de dollars de ressources extraordinaires afin que ces 34 millions de personnes échappent à une catastrophe.

    « Ces ressources sont nécessaires à un ensemble de mesures visant à fournir une aide vitale, qui comprend la distribution de nourriture, d’argent en espèces et de bons d’alimentation, l’aide adaptée à l’agriculture et les soins médicaux à ceux qui souffrent déjà de malnutrition aigüe », a dit le Secrétaire général.

    Il a rappelé que la manifestation de haut niveau pour les annonces de contributions relatives à la crise humanitaire au Yémen n’a pas répondu aux attentes et qu’ il ne faudrait pas que cela se reproduise. « Je demande à tous les pays de réfléchir à nouveau aux responsabilités et aux capacités qui sont les leurs », a-t-il dit.

    Cri d’alarme du chef du PAM
    Le chef du PAM, David Beasley, a également lancé un cri d’alarme devant les membres du Conseil.

    « Les conflits et l’instabilité alimentent une nouvelle vague de famine destructrice qui menace de balayer le monde », a-t-il déclaré.

    Comme le Secrétaire général, M. Beasley a noté que les crises imminentes de famine sont principalement motivées par les conflits. « Les conflits d’origine humaine sont le véritable coupable », a-t-il soutenu, ajoutant qu’ils sont « entièrement évitables ».

    Le chef du PAM a pris en exemple les situations au Yémen, en Syrie, en République démocratique du Congo (RDC), et au Soudan du Sud, où « des enfants sont nourris de boue ».

    S’agissant de l’appel pour un montant de 5,5 milliards de dollars, M. Beasely a exhorté les membres du Conseil à ouvrir leur « cœur, à faire preuve de compassion et à donner généreusement ».

    Au-delà de la crise immédiate, il a souligné la nécessité d’investir dans la prévention des conflits. « S’il vous plaît, ne nous demandez pas de choisir quel enfant affamé vit et lequel meurt. Nourrissons-les tous ».

    ONU Info, 11 avr 2021

    Etiquettes : ONU, nourriture, famine, pauvreté, conflits,

  • Une société israélienne de logiciels espions demande au neuvième circuit l’immunité contre le procès contre WhatsApp

    L’affaire permet de déterminer si l’immunité souveraine peut être étendue aux entreprises de cybersurveillance travaillant pour des gouvernements étrangers.

    SAN FRANCISCO (CN) – Trois juges du neuvième circuit ont signalé lundi qu’il était peu probable qu’ils bouleversent des siècles de précédents juridiques en accordant l’immunité souveraine à une société israélienne de logiciels dont l’outil de cybersurveillance a été utilisé par des gouvernements étrangers pour espionner quelque 1 400 journalistes et activistes.

    NSO Group Technologies est probablement mieux connu pour Pegasus, un logiciel espion qui peut pirater un appareil mobile sans être détecté. Il envahit l’appareil par le biais d’un code malveillant dissimulé dans les messages texte envoyés via WhatsApp, Telegram ou d’autres services de messagerie. Une fois implanté sur l’appareil, Pegasus peut contrôler les microphones et les caméras d’un téléphone tout en extrayant les données personnelles et de localisation de son propriétaire – par exemple en grattant l’historique du navigateur et les contacts, en saisissant des captures d’écran et en infiltrant les communications.

    En octobre 2019, WhatsApp et son propriétaire Facebook ont poursuivi NSO, affirmant qu’elle avait infiltré la plateforme de messagerie pour espionner les appareils utilisés par des avocats, des militants des droits de l’homme, des journalistes et des diplomates. WhatsApp affirme que NSO y est parvenu en utilisant les serveurs de WhatsApp pour lancer des appels qui pouvaient infecter les appareils avec des logiciels malveillants une fois l’appel terminé – même si la cible visée ne décrochait jamais le téléphone.

    En juillet 2020, le juge de district américain Phyllis Hamilton a refusé de rejeter l’affaire de WhatsApp, estimant que NSO n’est pas protégé par l’immunité souveraine en tant que société privée, même si elle agit en tant qu’agent de ses clients souverains étrangers.

    Lors de la plaidoirie lundi, l’avocat de NSO, Jeffrey Bucholtz, a eu du mal à convaincre les juges du circuit américain Mary Murguia, nommée par Barack Obama, et Ryan Nelson Dani Hunsaker, nommé par Donald Trump, d’annuler la décision de Hamilton.

    Murguia a demandé à Bucholtz si NSO avait demandé une suggestion d’immunité au Département d’État, ce qui fait partie de la procédure en deux étapes permettant à un tribunal de déterminer si un État étranger a droit à l’immunité souveraine étrangère de sa juridiction.

    « Comment pouvons-nous accorder l’immunité que vous demandez alors qu’il n’y a pas d’exemple apparent de l’exécutif suggérant l’immunité pour une société étrangère privée », a-t-elle demandé.

    Bucholtz a déclaré que le juge Hamilton n’avait pas demandé l’avis du Département d’Etat sur la reconnaissance de l’immunité de NSO, ajoutant que la nouveauté de l’affaire WhatsApp pourrait expliquer pourquoi il n’y a pas d’exemples antérieurs de la branche exécutive pesant sur des poursuites contre des sociétés étrangères privées agissant en tant qu’agents de souverains étrangers.

    « Ils savent qu’ils ne peuvent pas poursuivre les clients étatiques étrangers de NSO », a-t-il dit. « Ils poursuivent donc la société qui fournit le support informatique aux États étrangers. C’est comme si les États-Unis menaient une opération militaire dans un autre pays et que quelqu’un n’aimait pas la façon dont les États-Unis menaient l’opération et poursuivait la société qui a vendu les missiles ou les balles et cherchait à contourner l’immunité des États-Unis de cette façon. »

    Hunsaker a repoussé. « Je trouve l’argument que vos clients avancent ici remarquable », a-t-elle dit à Bucholtz. « Dans les plus de 200 ans d’histoire de notre pays, nous n’avons aucun exemple d’immunité souveraine étrangère accordée à une entreprise privée. »

    Bucholtz a comparé l’affaire à la décision du quatrième circuit Butters v. Vance International, où une société privée engagée pour assurer la sécurité de l’épouse du roi d’Arabie saoudite s’est vu accorder l’immunité contre le procès pour discrimination sexuelle d’un employé.

    « Il n’est pas tout à fait juste de dire qu’il n’y a pas d’exemple », a déclaré Bucholtz. « Mais il est tout aussi remarquable qu’il n’y ait pas un seul exemple d’un tribunal ou de l’exécutif disant que les entités ne sont pas admissibles à l’immunité fondée sur le comportement. »

    Hunsaker a répondu : « L’une des raisons pour lesquelles cela ne s’est pas produit est que tout le monde savait ou supposait que lorsque vous parlez d’immunité souveraine, vous parlez d’un souverain, pas d’un acteur privé. »

    Bucholtz a exhorté le panel à considérer Doğan v. Barak, dans lequel le neuvième circuit a jugé que les fonctionnaires étrangers ont droit à l’immunité lorsqu’ils agissent en leur qualité officielle ratifiée par un gouvernement souverain.

    « Dans l’affaire Doğan, le gouvernement avait fait une déclaration concernant une suggestion d’immunité, ce qui semble assez significatif pour distinguer cette affaire de Doğan », a déclaré Murguia.

    Le NSO ne décide pas quels États étrangers utilisent ses outils ou comment ils choisissent leurs cibles, a déclaré Bucholtz, mais se contente d’installer le logiciel, de former les gouvernements sur la façon de l’utiliser et de fournir un support informatique – ce qui atténue encore sa responsabilité. « Si quelqu’un est responsable, ce sont les États étrangers », a-t-il déclaré.

    Ces dernières années ont été marquées par une vague de procès contre la société de cyberarmement, notamment par Amnesty International et un dissident saoudien qui affirme que le piratage de son téléphone par Pegasus a conduit au meurtre de son ami, le journaliste saoudien Jamal Khashoggi.

    L’année dernière, le Citizen Lab de l’Université de Toronto a signalé que le logiciel espion Pegasus avait été implanté sur les téléphones personnels de 36 journalistes, producteurs, présentateurs et cadres d’Al-Jazeera.

    Un grand nombre d’entreprises technologiques et de groupes de défense ont déposé des mémoires d’amicus curiae dans l’affaire WhatsApp, avertissant que les outils de cybersurveillance comme Pegasus « augmentent considérablement le risque systémique de cybersécurité » et représentent un danger pour les défenseurs des droits de l’homme.

    « Les outils de cybersurveillance comme Pegasus de NSO sont puissants et dangereux. Ces outils dépendent des vulnérabilités du code qui permettent à une personne d’accéder au dispositif, au réseau ou au système d’une autre personne. Si ces outils sont mal utilisés, les résultats peuvent être désastreux », a écrit l’avocat Mark Farris au nom du groupe qui comprend Microsoft, Cisco, LinkedIn et GitHub.

    L’Electronic Frontier Foundation a souligné que la liste des clients étrangers de NSO « reste secrète » et que pour « promouvoir la transparence dans les affaires internationales, la doctrine de l’immunité ne devrait protéger que les actions entreprises par un État, ses organes ou ses entreprises – et non les actions blanchies par une entité privée comme NSO ».

    Représentant WhatsApp, l’ancien Solicitor General adjoint Michael Dreeben a attaqué la stratégie de NSO consistant à chercher à obtenir une forme nouvelle et sans précédent d’immunité pour ses actions, qui n’est habituellement accordée qu’aux individus qui représentent des États étrangers.

    « NSO cherche à étendre ce concept dans une direction radicalement nouvelle qui couvrirait les entreprises contractantes. Cette forme d’immunité n’a jamais été soutenue par la common law dans l’histoire des États-Unis », a-t-il déclaré.

    M. Dreeben a noté que les États étrangers se manifestent généralement pour protéger leurs opérations en demandant une suggestion d’immunité au Département d’État.

    « Ici, nous n’avons rien de tel. NSO n’a même pas identifié les multiples clients étrangers pour lesquels elle prétend travailler. C’est totalement opaque », a-t-il déclaré, ajoutant que NSO ne sert pas d’agent d’un État étranger, mais « opère comme une entreprise commerciale privée dont la principale préoccupation est de réaliser des bénéfices pour son propre actionnaire. Et dans ce contexte, elle ne sert d’agent de personne, c’est une société ».

    Bucholtz a déclaré qu’un jugement en faveur de WhatsApp pourrait laisser plus d’entreprises technologiques ouvertes à des poursuites devant des tribunaux étrangers si elles contractent avec les États-Unis dans leurs enquêtes de sécurité nationale à l’étranger. « La chaussure pourrait facilement être sur l’autre pied », a-t-il déclaré.

    Le panel a pris l’affaire en délibéré.

    Courthouse News Service, 12 avr 2021

    Etiquettes : Israël, NSO, Pegasus, espionnage, Facebook, Whatsapp, logiciel espion, spyware,


  • Normalisations entre le monde arabe et Israël : Biden reprend le flambeau de Trump

    Tamara Nassar, 8 avril 2021

    Ce mardi, le cabinet soudanais a voté l’abolition d’une loi qui interdisait les relations diplomatiques et commerciales avec Israël, inversant ainsi une politique longue de six décennies.

    Le bureau du Premier ministre soudanais Abdalla Hamdok a annoncé la décision sur Twitter, affirmant dans le même souffle

    « la position ferme du Soudan quant à l’instauration d’un État palestinien dans le cadre de la solution à deux États ».

    Déclarer son soutien à la solution moribonde à deux États est une échappatoire habituelle utilisée par les gouvernements arabes et européens pour faire oublier leur complicité et leur inaction alors qu’Israël continue à coloniser la terre palestinienne par la violence.

    Cette décision doit encore être approuvée par le Conseil souverain du Soudan – sa législature intérimaire – avant de pouvoir entrer en application.

    La veille du jour où le cabinet soudanais a accepté d’abroger la loi sur le boycott, Hamdok et le secrétaire d’État américain Antony Blinken ont eu un entretien téléphonique.

    Blinken a assuré Hamdok de « l’importance du rôle du Soudan dans la création de la stabilité dans la région », a déclaré le bureau de Hamdok.

    Le porte-parole du département d’État, Ned Price, a expliqué que les deux hommes avaient discuté du soutien américain aux « efforts du gouvernement de transition en vue de faire progresser le processus de paix » – sans toutefois spécifier à quoi cela faisait référence.

    Aucun briefing concernant l’échange téléphonique n’a fait état d’Israël.

    Au cours de ses audiences de confirmation, en janvier, Blinken a multiplié les éloges à l’adresse des efforts de l’administration Trump en vue d’assurer les accords de normalisation entre Israël et divers États arabes, malgré le rejet obstiné par Israël des droits palestiniens.

    « J’applaudis le travail qui a été accompli pour faire aller de l’avant la normalisation avec Israël », a déclaré Blinken aux sénateurs.

    « Cela rend Israël et la région plus sûrs. C’est une bonne chose et, oui, j’espère que nous pourrons construire sur cela aussi. »

    « De lourdes pressions »

    Le gouvernement de transition du Soudan a accepté d’instaurer des relations diplomatiques entières avec Israël en octobre dernier, dans le cadre d’un accord plus large visant à installer le pays fermement dans le giron des États-Unis.

    On s’attend à des traités officiels une fois que le Soudan formera un gouvernement permanent, mais les hauts responsables israéliens ont déjà effectué plusieurs visites à Khartoum au cours des derniers mois.

    À l’époque de l’accord, le président américain Donald Trump avait annoncé qu’il retirerait le Soudan de la liste américaine des nations soutenant le terrorisme en échange de 335 millions de USD de compensations pour les victimes américaines des attentats d’al-Qaïda.

    Le 31 mars, Blinken a confirmé la réception des fonds en provenance du Soudan.

    Blinken a qualifié le paiement d’entame d’un « nouveau chapitre » entre les deux pays.

    Alors que la déclaration de Blinken ne fait aucunement état d’Israël, le fait que le Soudan a accepté d’effectuer le paiement en échange de sa radiation de la liste a été perçu comme une première motivation de la normalisation des relations avec Israël.

    L’an dernier, un porte-parole du gouvernement soudanais avait révélé que le pays subissait de « lourdes pressions » de la part des États-Unis en vue de normaliser ses liens avec Israël en échange de sa radiation de la liste américaine du terrorisme.

    « Il a été dit clairement que c’était lié », a expliqué le ministre soudanais de l’Information, Faisal Mohamed Salih, au correspondant de presse de la TV iranienne, Ahmed Kaballo.

    « ‘Si vous voulez que le Soudan soit retiré [de la liste américaine des nations qui soutiennent le terrorisme], vous devez normaliser vos relations avec Israël.’ C’était une situation très difficile », a-t-il ajouté.

    Il y a peu de signes que l’important apport d’armes américains au Soudan ait changé sous Biden.

    Intimidations et encouragements

    Le Soudan était l’un des quatre États arabes à accepter de normaliser leurs relations avec Israël au cours de la dernière année de Trump à la présidence.

    Les trois autres étaient les Émirats arabes unis (EAU), Bahreïn et le Maroc.

    L’administration Trump a utilisé un mélange d’intimidations et d’encouragements afin de concrétiser certains de ces accords.

    L’administration Biden semble reprendre le même flambeau.

    Le journaliste israélien Barak Ravid a rapporté que la Mauritanie était elle aussi sur le point de normaliser ses relations avec Israël et qu’elle « espérait obtenir des encouragements économiques en retour », mais Trump avait quitté son mandat avant qu’un accord eût été dégagé.

    Ravid a expliqué que l’administration Biden espérait mettre sur pied des accords de normalisation similaires « tout en assurant ses propres réalisations via de nouveaux accords ».

    « Plusieurs des relations nouvelles instaurées entre Israël et les quatre pays des accords d’Abraham s’accélèrent dans leur propre cadre », a expliqué à Ravid un haut responsable américain qui n’a pas été nommé.

    « Les États-Unis continueront à encourager cette dynamique. »

    Plus tôt, dans les années 1990, la Mauritanie avait instauré des relations diplomatiques avec Israël, mais les avait interrompues en 2010 afin de protester contre les agressions israéliennes sur les Palestiniens de Gaza.

    En février, les médias israéliens ont rapporté que la Mauritanie était l’un des pays censés recevoir des doses de vaccin COVID-19 en provenance d’Israël dans le cadre d’un effort du Premier ministre Benjamin Netanyahou en vue de rentrer dans les bonnes grâces des gouvernements du monde entier.

    Alors que ces plans ont été suspendus en raison d’une opposition juridique, des millions de Palestiniens vivant sous l’occupation militaire israélienne se voient toujours refuser le vaccin.

    Charleroi pour la Palestine, 8 avril 2021

    Etiquettes : Etats-Unis, Israël, normalisation, pays arabes, Maroc, Mauritanie, Palestine, Donald Trump, Joe Biden,

  • Les musulmans s’apprêtent à vivre un deuxième ramadan sous la pandémie

    Nombre de pays musulmans entrent mardi dans la période du ramadan, assombri pour la deuxième année consécutive par la pandémie. Elle a déjà fait un million de morts en Europe.

    Le mois saint de la religion musulmane se déroulera, à partir de mardi ou de mercredi selon les pays, entre restrictions sanitaires et craintes de nouvelles contaminations, notamment sous l’effet de ses traditionnels repas festifs à la fin de la journée de jeûne.

    Le jeûne du ramadan est l’un des cinq piliers de l’islam. Durant ce mois, les musulmans doivent notamment s’abstenir de manger et de boire du lever au coucher du soleil.

    Dans le pays le plus peuplé du monde arabe, l’Égypte (plus de 100 millions d’habitants), le ramadan débute ce mardi et, négligeant souvent le port du masque ou la distanciation physique, les Cairotes s’affairaient en nombre lundi à leurs derniers achats.

    “Ni rassemblements familiaux, ni prières”
    En Tunisie, où le dernier ramadan s’est déroulé en plein confinement général, le gouvernement a dû cette année faire marche arrière sur l’allongement du couvre-feu à 19h et revenir ce week-end à un couvre-feu à 22h, face à une levée de boucliers.

    Au Maroc, des mesures de restriction pour la période (extension du couvre-feu, interdiction de fêtes et de rassemblements etc…) ont été promulguées récemment.

    En Syrie, où le conflit est entré en mars dans sa dixième année, le ramadan s’annonce morose, dans un pays en plein effondrement économique et en proie à une inflation galopante. Le gouvernement n’a pas annoncé de nouvelles mesures ni de couvre-feu

    “Ce ramadan n’est pas comme les autres. Il n’y a ni rassemblements familiaux, ni prière à la mosquée après l’iftar (le repas quotidien de rupture du jeûne, ndlr.), ni tentes, ni tables où est disposée la nourriture pour les pauvres comme le veut la tradition”, assure Rima Qabalan, une mère de famille de la capitale jordanienne Amman.

    Les autorités saoudiennes ont annoncé début avril que seules les personnes vaccinées contre la Covid-19 seraient autorisées à effectuer la omra, le petit pèlerinage à La Mecque, à partir du début du ramadan.

    Un million de morts de la Covid-19 en Europe

    L’Europe a franchi lundi la barre du million de morts de la Covid-19, selon un comptage réalisé lundi par l’AFP à partir de bilans fournis par les autorités de santé.

    Les 52 pays et territoires de la région (qui va à l’est jusqu’à l’Azerbaïdjan et la Russie) totalisent au moins 1.000.288 décès (pour 46.496.560 cas), devant l’Amérique latine et les Caraïbes (832.577 décès), les États-Unis/Canada (585.428 décès) et l’Asie (285.824 décès).

    7sur7.be, 13 avr 2021

    Etiquettes : Ramadan, Islam, religion, Maroc, pandémie, coronavirus, covid 19, Egypte, Maroc, Syrie, vouvre-feu,

  • Ramadan : quelles sont les restrictions en Arabie saoudite, au Maroc et en Indonésie en pleine pandémie ?

    Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd’hui, le ramadan en temps de coronavirus en Arabie saoudite, au Maroc et en Indonésie.

    Le ramadan commence mardi en France en pleine crise sanitaire. En raison de l’épidémie de Covid-19, certaines prières sont annulées et le repas quotidien de rupture du jeûne devra se faire parfois seul chez soi. Mais la France n’est pas un cas insolé. On vous emmène en Arabie saoudite, au Maroc et en Indonésie pour voir comment va se dérouler ce mois de jeûne, de prières et de partage.

    En Arabie saoudite, le pèlerinage à la Mecque ouvert aux fidèles « immunisés »

    Le ramadan est l’occasion pour de nombreux croyants de faire le pèlerinage de la Mecque, en Arabie saoudite. Les autorités saoudiennes l’avait suspendu l’année dernière à cause de la pandémie. Cette année, elle l’autorise mais seulement pour les fidèles « immunisés ». Pour les autorités saoudiennes, « immunisé », cela veut dire avoir été vacciné avec deux injections, ou bien avoir été vacciné avec une injection mais depuis au moins 14 jours, ou bien avoir contracté le Covid-19 et bien sûr en avoir guéri. Il faut prouver tout ça avec des documents médicaux, et on obtient une autorisation de pèlerinage, qui ne suffit pas pour se rendre à l’intérieur des lieux saints de La Mecque. Là où s’effectuent les rituels et les prières. Il faut encore s’enregistrer via une application des autorités religieuses, qui délivre un autre permis, avec cette fois une date, un créneau horaire et un QR code qui pourra être vérifié sur place. Pour ceux qui ne jouent pas le jeu, la sanction est sévère : 2 500 euros d’amende pour un pèlerin contrôlé sans permis dans un lieu saint.

    Avec ce système, le pouvoir saoudien veut réguler le nombre de fidèles pour faire respecter les mesures barrières. Après avoir été totalement suspendu, les pèlerinages à la Mecque ont repris doucement depuis octobre. Et pour ce ramadan, le quota a été fixé à 50 000 pèlerins par jour maximum, répartis sur toute la journée avec des créneaux horaires, port du masque, distanciation et itinéraires bien définis, car à côté du pèlerinage, il y a aussi des milliers de fidèles saoudiens qui viennent prier à la Mecque à l’occasion du ramadan. Eux aussi sont soumis à un système de quotas et de permis. Et les autorités ont prévenus : beaucoup de contrôles et des mesures sanitaires strictes. Les sites sont stérilisés et désinfectés tout au long de la journée par 5 000 petites mains, jusqu’à dix fois par jour pour la Grande Mosquée de La Mecque.

    Au Maroc, un couvre-feu nocturne préoccupe les commerçants

    Au Maroc, le ramadan débutera mercredi 14 avril. Le royaume a suspendu ses vols de et vers 39 pays dont la France au moins jusqu’au 21 mai. Mais ce qui préoccupe les Marocains, c’est le couvre-feu nocturne, instauré pendant toute la durée du ramadan. En temps normal, ce sont des soirées vivantes, des soirées ou les plus pieux vont à la mosquée, et durant lesquelles on se retrouve en famille et entre amis au café. Ce sera donc interdit : pas de circulation entre 20 heures et 6 heures du matin. Une situation qui handicape particulièrement les cafés et restaurants. « Moi je ne comprends pas cet obstacle de 20 heures que notre gouvernement a instauré et qui nous fait un très rand préjudice », affirme Naima Risse, vice-présidente de l’association nationale des cafés et restaurants du Maroc. Et la réponse du Premier ministre Saadeedine El Othmani depuis le Parlement a été claire : « Le virus circule jour et nuit, mais on le bloque la nuit au moins. »

    Le gouvernement dit avoir pris ces décisions pour de bonnes raisons. La situation se dégrade : les chiffres montrent une augmentation de 20% des cas de Covid-19 sur la première semaine d’avril. Les médecins parlent d’ores et déjà de troisième vague. Cela malgré une campagne de vaccination de grande ampleur qui avait démarré sur les chapeaux de roues, mais qui se heurte à des livraisons de vaccins qui arrivent au compte-goutte. La vaccination continue cependant, à un rythme ralenti, grâce à 300 000 doses livrées dans le cadre du programme international Covax.

    En Indonésie, des traditions qui inquiètent les autorités

    En Indonésie, le pays qui compte le plus de musulmans au monde et le plus touché par le coronavirus en Asie du sud-est, le ramadan débute aussi avec de nouvelles règles. Trois traditions en particulier inquiètent les autorités. La première, celle de la prière du soir et de l’iftar, le repas pour rompre le jeûne. Dans les zones vertes et jaunes, c’est-à-dire où le virus circulerait pas ou peu, les restaurants et les mosquées peuvent ouvrir à condition de se limiter à un taux de 50% d’occupation. Deuxième tradition très populaire, et cette fois interdite à Jakarta : le sahur di jalan. Cette coutume très populaire chez les jeunes consiste à se retrouver avant l’aube dans les rues pour manger, mais aussi souvent jouer ou écouter de la musique, parader en moto… soit autant d’attroupements qui ne sont pas les bienvenus par les temps qui courent.

    Le quatrième pays le plus peuplé au monde se prépare déjà aussi à la fin du ramadan, où une troisième tradition, le mudik, inquiète beaucoup les autorités. Chaque année, d’immenses mouvements de migrations intérieures ont lieu pendant les jours fériés de l’Aïd. Pour les empêcher, les vols et ferries seront suspendus, et les routes barrées mais selon des sondages, 10% des Indonésiens, soit 28 millions de personnes, comptent toujours voyager malgré les interdictions.

    En Malaisie voisine, l’État n’a pas encore pris de décision sur cette tradition du retour au village, et comme c’est le cas depuis un an, légiférer sur la religion en temps de pandémie embarrasse les autorités. Pourtant, les deux sont intimement liés depuis une première vague de contamination qui s’est propagée dans tout le pays après un rassemblement dans une mosquée en mars dernier. Depuis, les prises de parole des autorités font régulièrement polémiques quand il est question du culte musulman dans ce pays qui compte aussi des chrétiens, des hindous et des bouddhistes. Dernier exemple en date : cette proposition faite de considérer les pèlerins voulant se rendre à la Mecque sur la liste des personnes prioritaires à vacciner.

    Franceinfo, 13 avr 2021

    Etiquettes : Ramadan, Arabie Saoudite, Maroc, Indonésie, pays musulmans, Islam, pandémie, coroanvirus, covid 19,

  • La droite française cherche sa place à l’Elysée entre Macron et Le Pen

    Les Républicains risquent de ne plus être pertinents lors des élections présidentielles de 2022.

    La droite traditionnelle française, qui a donné cinq des huit chefs d’État de la Cinquième République, affronte la présidentielle de 2022 sans leader ni programme. La situation est critique. Les Républicains (LR), dernière marque de la formation qui, sous Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, rassemblait centristes et conservateurs, sont pris entre deux forces qui n’ont cessé de le laminer ces dernières années. D’un côté, le président Emmanuel Macron, qui a conquis son électorat plus modéré. De l’autre, l’extrême droite de Marine Le Pen, qui aspire à conquérir les voix de l’aile droite des LR.

    « Il n’est pas exagéré de dire que la droite, pour la première fois de son histoire, est en danger de mort », écrivait il y a deux ans Guillaume Tabard, éditorialiste du quotidien conservateur Le Figaro, dans le livre La malédiction de la droite, une histoire de 60 ans de querelles personnelles et idéologiques dans un camp idéologique et partisan marqué par la figure du général de Gaulle. Le danger, depuis lors, n’a fait qu’empirer.

    « La prochaine élection présidentielle sera l’épreuve de vérité », déclare M. Tabard par téléphone. L’attrition de Macron au pouvoir et la difficulté de Le Pen à apparaître comme une alternative crédible pour une majorité de Français pourraient permettre à LR de « recréer un espace » qui, avec un candidat adéquat, lui redonnerait le rôle central qu’elle a joué dans le pays depuis l’après-Seconde Guerre mondiale.

    « Mais le contraire pourrait également se produire », prévient M. Tabard. C’est-à-dire que les Républicains seraient étouffés par une double tenaille. A droite, par une Le Pen qui tente d’aplanir les aspects les plus déplaisants de son personnage et de présenter une image de modération, et « dont la victoire n’est plus impensable comme il y a cinq ans ». Et sur le flanc centriste, par un Macron qui, bien qu’ayant été ministre dans un gouvernement socialiste, s’est entouré dès le premier moment de ministres issus des rangs conservateurs, a gouverné avec des politiques de centre-droit et, depuis son arrivée au pouvoir en 2017, a capté pour son projet une bonne partie des électeurs conservateurs.

    Entre Macron et Le Pen, les Républicains ont un couloir de plus en plus étroit. Comment se démarquer du président de la République qui, jusqu’au déclenchement de la pandémie en 2020, a promu des réformes économiques que la droite avait toujours promises ? Comment rivaliser avec le discours musclé sur la sécurité, l’immigration et l’islamisme du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, ancien militant LR ? Et, s’ils regardent à droite, comment rivaliser sur le populisme ou l’euroscepticisme avec Le Pen si LR est un parti bourgeois et institutionnel ?

    Une consolation pour le parti est que l’autre grand parti des dernières décennies en France, le parti socialiste, est encore plus mal en point, et que les divisions de la gauche sont plus profondes que celles de la droite, qui, malgré tout, conserve la majorité au Sénat et est le deuxième groupe avec le plus de députés à l’Assemblée nationale.

    Le paradoxe est que « jamais la société française n’a été aussi droitière, et jamais la droite politique n’a été aussi hors jeu », selon Tabard, qui cite une phrase attribuée au socialiste François Mitterrand : « La France est un pays de droite où la gauche ne peut gagner que par accident ». La droite expliquerait pourquoi, en pleine pandémie, c’est l’insécurité publique et l’islam qui ont souvent monopolisé le débat politique. Mais les Républicains ne font pas de progrès.

    Une autre difficulté est de trouver un leader. La dernière élection présidentielle que la droite a remportée était avec Sarkozy en 2007. Avec la défaite de Sarkozy contre le socialiste François Hollande en 2012, a commencé ce que Tabard appelle dans son livre la « descente aux enfers ». Ces quelques années ont été marquées non pas tant par des discussions doctrinales que par des luttes d’égos et des scandales de corruption. Et ils ont conduit à la débâcle de l’élection présidentielle de 2017, où le candidat LR ne s’est même pas qualifié pour le second tour. La candidature de l’ancien Premier ministre François Fillon a explosé en plein vol lorsqu’il a été révélé que, pendant des décennies, le challenger avait payé sa femme avec de l’argent public pour un emploi fictif.

    Fillon a été condamné en 2020 à cinq ans de prison. En mars dernier, Sarkozy a été condamné à trois ans de prison pour une autre affaire. Tous deux ont fait appel de ces condamnations. Mais la situation judiciaire des derniers conservateurs à gouverner la France, et la fuite vers le macronisme de leaders porteurs d’avenir -Darmanin, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire ou l’ancien Premier ministre populaire Édouard Philippe- montrent l’ampleur du problème. Autre signe de la confusion : le seul candidat de droite ayant une chance est, selon les sondages, le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand, qui a quitté LR en 2017. Bertrand fait cavalier seul et refuse de participer à un processus de primaires s’il devait y en avoir.

    Plusieurs candidats dans les pools, mais peu d’options

    Xavier Bertrand, ancien agent d’assurance, ministre sous Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy et actuel président de la région Hauts-de-France, a été le premier homme politique de droite à se porter candidat à l’élection présidentielle d’avril et mai 2022. Bertrand est un candidat atypique. Il n’est plus membre des Républicains (LR) et jusqu’à présent, ses positions modérées le rapprochaient de la ligne du président Emmanuel Macron.

    Si le premier tour de l’élection présidentielle avait lieu aujourd’hui, Bertrand serait en troisième position derrière la leader de l’extrême droite, Marine Le Pen, et le président Macron. Tous les sondages sont d’accord. Il ne serait donc pas qualifié pour le second tour, qui serait disputé entre Le Pen et Macron.

    Non pas que les Républicains aient beaucoup d’alternatives, même si la liste de ceux qui rêvent de l’Élysée est longue et qu’il est encore temps de courir. Dans les pools, on retrouve Valérie Pécresse, la présidente d’Île-de-France – la région parisienne – à un autre baron régional et ancien patron de LR, le président d’Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez.

    Un candidat fort, et qui sera sans doute aimé, pourrait être Michel Barnier, un eurocrate vétéran et négociateur du Brexit à Bruxelles. Il bénéficie de l’image d’un homme d’État expérimenté, mais en même temps, il est difficile de voir comment il pourrait gagner les électeurs de droite qui sont tentés de voter pour l’eurosceptique Le Pen. De plus, Barnier appartient à une droite modérée qui pourrait bien être intégrée dans le gouvernement de Macron.

    Un candidat à options serait l’homme politique actif le plus populaire de France, selon certains sondages, mais il a déjà laissé entendre qu’il ne sera candidat que si l’actuel président de la République démissionne, un postulat qui n’entre pas dans les prévisions. Il s’agit d’Édouard Philippe, ancien membre des Républicains et Premier ministre avec Macron entre 2017 et 2020, lorsque le président l’a relevé par Jean Castex.

    L’idée d’une candidature de Philippe, aujourd’hui maire de la ville portuaire du Havre, rend certains macronistes nerveux. Philippe, qui vient de publier le livre Impressions et lignes claires, a déclaré : « Que personne ne doute de ma loyauté, ni de ma liberté ».

    El Pais, 12 avr 2021

    Etiquettes : France, partis politiques, droite, gauche, extrême droite, Les Républicains, LR La Republique en Marche, LREM, Emmanuel Macron, Rassemblement National, RN, Marine Le Pen, Edouard Philippe, Xavier Bertrand,


  • Luzerner Zeitung : Le philosophe vedette Michel Foucault a-t-il abusé des garçons?

    Michel Foucault, icône de la philosophie française et de la liberté sexuelle, est accusé de méfaits pédophiles avec 50 ans de retard. Il n’y a pas de preuve. Seules des indications dans l’œuvre de la vie.

    Stefan Brändle

    La vérité sur l’auteur de Sexuality and Truth, décédé en 1984, est-elle en train de se révéler? Selon un témoin oculaire, Michel Foucault a ordonné à des enfants de huit à dix ans de se rendre la nuit au cimetière local pendant les vacances de Pâques en 1969 à son domicile de la ville tunisienne de Sidi Bou Saïd et les a agressés sur les tombes. Lors de la visite des journalistes, les enfants couraient après le philosophe homosexuel et criaient: «Et moi? Prends-moi, prends-moi!  » Foucault leur a alors jeté de l’argent.

    Le témoin oculaire n’est pas n’importe qui, mais Guy Sorman, un essayiste libéral – également au sens économique – bien connu à Paris. Lors d’entretiens, il a déclaré que, bien entendu, il n’avait pas vu lui-même les scènes du cimetière; mais lors du voyage des journalistes en question, il apprit lui-même comment Foucault s’était arrangé pour rencontrer les garçons «à 22 heures à l’endroit habituel».

    Pourquoi Sorman ne fait que rendre publiques ses observations à Sidi Bou Saïd, explique-t-il avec le mouvement MeToo, qui supprime les «doubles standards» qui prévalent à Paris. Un certain nombre d’intellectuels parisiens vedettes ont récemment été démasqués – le politologue Olivier Duhamel, par exemple, pour l’inceste ou l’écrivain Gabriel Matzneff pour les relations sexuelles avec des mineurs.

    Et maintenant Michel Foucault, le philosophe hardcore, le plus grand des siens? Ce qu’il a réalisé en Tunisie « il n’aurait jamais osé le faire en France », dit Sorman. L’essayiste de 77 ans n’a aucune preuve pour étayer ses graves allégations. Deux voix parlent pour elle: La journaliste Chantal Charpentier, apparemment une ancienne compagne de vie de Sormans, a rapporté qu’à Sidi Bou Saïd elle avait négligé un Tunisien de 18 ans qui lui offrait des amants philosophe et lui payait des services sexuels avant que d’autres disgraciés comme une « pute ». Le biographe de Foucault le plus précis, David Macey, décédé aujourd’hui, a décrit comment le philosophe a été surpris tôt un matin à Sidi Bou Saïd avec des enfants.

    Le magazine «Jeune Afrique» a posé des questions dans le village des artistes au nord de Tunis, autrefois très apprécié des Parisiens. Elle n’a trouvé aucune preuve ni aucune victime; Les résidents ont seulement souligné la préférence de Foucault pour «Éphèbe de 17 ans». Sorman a alors précisé qu’il ne pouvait pas donner l’âge – plutôt crucial – des boursiers maltraités. Ses données ne sont pas non plus hors de tout doute. Le spécialiste de Foucault Philippe Chevallier affirme que le philosophe a quitté Sidi Bou Saïd dès 1968, même s’il ne peut être exclu qu’il soit retourné à son ancien lieu de résidence pour de brèves périodes en 1969.

    À Paris, les allégations font moins de bruit qu’on ne pourrait l’imaginer. Le journal pionnier Le Monde n’est pas le seul à garder le silence sur l’interrogation du «roi philosophe», comme l’appelle Sorman. Le portail médiatique «Arrêt sur images», par ailleurs inexorable en matière de pédophilie, rejette l’affaire Foucault comme «excitant les médias de droite et étrangers». Les recherches les plus approfondies, quoique improductives, proviennent du «Zeit» allemand.

    Vivez l’impérialisme des blancs
    Les médias anglo-saxons rapportent avec une certaine gêne depuis la première étincelle du «Sunday Times»: Foucault, ancien membre de la maoïste «Gauche prolétarienne», est un pionnier de la pensée «décoloniale», notamment pour le «Woke» mouvement aux USA. Sorman lui-même met l’accent sur l’aspect politique de ses affirmations: Foucault, le critique de toute structure de pouvoir, le combattant des exclus de Palestine aux colonies françaises – il a lui-même vécu «l’impérialisme des blancs» en achetant des corps de garçons tunisiens.

    Si les affirmations sont correctes. Une seule chose est incontestable: Foucault et d’autres intellectuels ont fait campagne en 1977 dans une pétition pour trois pédophiles poursuivis et pour des relations sexuelles impunies avec des jeunes de moins de 15 ans consentants. La pétition, qui n’est plus concevable aujourd’hui et qui permet aux enfants de s’entendre, avait quelque chose de très ambivalent: les signataires incluaient des noms libres comme Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir ou Jacques Derrida, mais aussi, par exemple, le futur ministre de la Culture, Jack Lang, qui participait déjà à diverses orgies sexuelles avec des mineurs au Maroc, ont eu lieu. L’auteur de la pétition était Matzneff, qui a décrit en détail dans ses livres les relations sexuelles avec des enfants aux Philippines. Le plus frappant: personne à Paris n’a rien trouvé dans ces romans parfois primés.

    Le fait que Foucault ait signé la pétition sur la sexualité des enfants n’était pas une puce unique contre l’ordre établi: il s’inscrivait dans un certain sens avec le concept de sa tétralogie «Sexualité et vérité». La deuxième partie, intitulée «L’utilisation des convoitises» (en allemand par Suhrkamp) décrit la sexualité dans la Grèce antique et est également consacrée à la «relation avec les garçons».

    Déduire la pédophilie de Foucault à partir de ces seuls indices serait une démarche audacieuse. Parce que les allégations de pédophilie et de tourisme sexuel de Sorman pèsent lourdement et ont ce qu’il faut pour éclipser toute l’exégèse de Foucault. Cela devient particulièrement clair lorsqu’on le compare à d’autres auteurs francophones qui ont été influencés par la Méditerranée. Albert Camus, lauréat du prix Nobel de littérature algérien, a célébré l’esthétique grecque et le corps bronzé du garçon tout en jouant dans la mer scintillante de la côte nord-africaine dans « Wedding of Light ». C’était pourtant une expression sensuelle de liberté et de joie de vivre, non de domination pédérastique ou même pédophile du généreux Blanc de Paris. La postérité apprend avec consternation qu’il en a peut-être été de même pour Foucault.

    Luzerner Zeitung, 13 avr 2021

    Etiquettes : France; Michel Foucault, philosophe, pédophilie, Tunisie,



  • Italie : rappeur originaire du Maroc déclenché une guérilla avec la police pour une de ses vidéos à San Siro

    Neima Ezza, c’est le rappeur qui a déclenché une guérilla avec la police pour une de ses vidéos à San Siro.

    Le quartier, le désir de vengeance, cette sorte d’indépendance culturelle vis-à-vis des garçons du centre ville, font de Neima Ezza une figure à suivre dans sa forte authenticité et dans le développement d’un rap rugueux et dérangeant

    Son équipe bouillonnante a fait intervenir la police avec des gaz lacrymogènes. Neima Ezza, le rappeur de 20 ans né au Maroc mais élevé entre San Siro et Baggio à Milan, avait probablement cette idée en tête. Lorsque samedi dernier, dans la première zone située à l’extérieur du cercle des Bastions, au nord-ouest du centre de Milan, 300 jeunes âgés de 16 à 20 ans s’étaient rassemblés pour assister au tournage d’une des vidéos de Neima Ezza, la police a dû intervenir d’abord pour effectuer des contrôles anti-Covid et ensuite pour faire descendre des dizaines et des dizaines de jeunes du toit des voitures garées pour chanter et danser au rythme des paroles de leur rappeur de quartier.

    Le pouvoir de la musique. Les soi-disant rassemblements se sont terminés par des jets de pierres et de bâtons sur la police, des cris (« partez », « hors de nos zones ») et finalement la dispersion de la foule, comme le raconte Milano Today, avec le lancement de gaz lacrymogènes. Amine Ezzarroui a grandi dans les maisons ouvrières de San Siro et a fait ses débuts très jeune en 2018 avec le titre Essere Ricchi puis s’est immédiatement retrouvé dans l’orbite du Yalla Movement de Jake La Furia et a continué avec les EP Ferite, Notre Dame, Zlatan. Neima Ezza a surtout un pouvoir de communication impressionnant, de gros chiffres en tant que grand nom du divertissement en ligne, et ses vidéos téléchargées sur Youtube ont, en moyenne, plus d’un million de vues.

    Le quartier, le désir de revanche, cette sorte d’indépendance culturelle vis-à-vis des garçons du centre ville, font de Neima Ezza une figure à suivre dans sa forte authenticité et dans le développement d’un rap brut et désorientant. Si vous voulez en savoir plus sur la vie du rappeur milanais, il existe un documentaire vidéo de 16 minutes intitulé Perif, tourné par un dieu.

    Il Fatto Qoutidiano, 12 avr 2021

    Etiquettes : Maroc, Neima Ezza, rap, rappeur, Italie San Siro, Baggio, Amine Ezzarroui, Being Rich, Yalla Movement, Jake La Furia, musique,