Mois : avril 2021

  • Jordanie : Vers un nouveau conflit de légitimité entre Hachémites et Wahhabites

    L’Arabie saoudite a sollicité l’aide des États Unis pour intercéder auprès d’Israël en vue de se substituer à la Jordanie dans la gestion de la Mosquée Al Aqsa, dans le secteur arabe de Jérusalem, en vue d’apporter sa caution de «Gardiens des lieux saints de l’Islam» à la transaction du siècle, concocté par le gendre présidentiel américain Jared Kushner avec le premier ministre israélien Benyamin Nethanyahu.

    Cent ans après l’expulsion du Chérif Hussein de la Mecque, le conflit de légitimité entre Hachémites et Wahhabites a brutalement rebondi à l’occasion de la transaction du siècle. Le triple sommet de La Mecque, organisé par le Roi Salmane d’Arabie, le 30 Mai 2019, le dernier vendredi du mois du jeûne du Ramadan, a été le théâtre de cette passe d’armes. Le triple sommet était destiné à faire cautionner par ses pairs arabes et musulmans le bradage de la Palestine selon un schéma mis au point par les pétromonarchies du Golfe, avec la complicité des Israéliens et des Américains.

    Au pouvoir depuis 20 ans, Abdallah II a vu son royaume déclassé dans l’ordre stratégique régional au profit de l’Arabie saoudite depuis l’accession de Donald Trump à la présidence américaine et le partenariat noué entre le prince héritier saoudien Mohamad Ben Salmane, et Jared Kushner, membre actif du lobby juif américain.

    Opération commando du Roi Abdallah de Jordanie à La Mecque.
    Dans ce qui s’apparente à une opération commando, le Roi Abdallah II de Jordanie a débarqué de son avion privé à l’aéroport de La Mecque, le 30 Mai 2019, revêtu de la tenue blanche de pèlerin, en compagnie de sa garde rapprochée, se rendant directement sur les lieux saint pour y effectuer «le petit pèlerinage» (Manassek Al Omra), avant de se pointer au siège du sommet de La Mecque.

    Par ce coup d’éclat, Abdallah II de Jordanie a voulu brûler la politesse à son hôte saoudien, comme pour lui signifier dans l’ordre subliminal que le maître des céans à La Mecque, était, lui, l’arrière petit-fils du Chérif Hussein, et non l’usurpateur wahhabite.

    Le Chérif Hussein de La Mecque a été renversé en 1925 par les Wahhabites, victime de la duplicité des Anglais…«A la chute de l’Empire ottoman, Hussein devint roi du Hedjaz indépendant avec l’accord tacite du Foreign Office. Les Britanniques continuaient néanmoins à entretenir un autre allié, Ibn Saoud le wahhabite, ennemi de Hussein le hachémite, qui se lança à la conquête de la péninsule. En 1925, Ibn Saoud prit La Mecque, mettant fin à presque un millénaire de chérifat hachémite».

    Sur le Chérif Hussein de La Mecque, cf ces liens:

    https://www.madaniya.info/2017/03/06/cherif-hussein-de-la-mecque-fondateur-de-la-dynastie-hachemite-2-3/
    https://www.madaniya.info/2017/03/11/cherif-hussein-ben-ali-schizophrene-menteur-insignifiant-tetu-cupide-pretentieux-3-3/

    Le prophète arabe et hachémite «Al Nabiyyou Al Arabi Al Hachémi».

    Le message se devait être sans ambiguïté. Prenant la parole à l’ouverture du sommet de La Mecque, le monarque jordanien récidivera comme pour enfoncer le clou. Pour La première fois dans une enceinte internationale, prenant à témoin ses pairs musulmans et arabes, le Roi de Jordanie, chef de la dynastie hachémite, a évoqué «le prophète arabe et hachémite -Nabiyyou Al Arabi Al Hachémi», qualifiant dans la foulée le Roi du Maroc, chef de la dynastie alaouite, de «Cousin Germain-Ibn Ammi».

    Pour le lectorat arabophone, le prophète qualifié au sommet de La Mecque « Al Nabiyyou Al Arabi Al Hachemi », sur ce lien

    Une déclaration qui a laissé sans voix les Saoudiens, peu habitués à de tels écarts de langage de la part de nombreux dirigeants arabes et musulmans, la plupart, bénéficiaires de leurs subsides.

    Le Roi de Jordanie est le «gardien des lieux saint de l’Islam de Jérusalem» notamment la Mosquée Al Aqsa, le socle de sa légitimité, et le Roi du Maroc, le président du comité «Al Qods».

    Longtemps alliés souterrains d’Israël, le jordanien au Machreq, le marocain au Maghreb, paraissent pâtir de leur déclassement dans la stratégie atlantiste, dessaisis au profit de l’Arabie saoudite et des Émirats Arabes Unis de leur rôle traditionnel de tremplin des menées atlantistes à destination du Monde arabe.

    Pour aller plus loin sur ce sujet : https://www.renenaba.com/la-jordanie-et-le-maroc-deux-voltigeurs-de-pointe-de-la-diplomatie-occidentale/

    Le Roi du Maroc, un «cousin germain»

    Fait inhabituel, le Roi Abdallah de Jordanie a qualifié le Roi Mohamad VI du Maroc de «cousin germain» devant une assemblée de notables de Jérusalem. Jamais auparavant le monarque hachémite avait fait état d’un tel lien de parenté avec le chef de la dynastie alaouite. Le faisant ainsi devant des représentants d’une cité dont le destin est en jeu, Abdallah II a voulu suggérer l’appartenance commune des deux rois à la même lignée religieuse et donc leur solidarité dans la défense des lieux saints de l’Islam.

    La décision du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et d’y transférer l’ambassade américaine de Tel Aviv s’est accompagnée de la reconnaissance de la responsabilité du gouvernement israélien dans la gestion des Lieux Saints, et, par voie de conséquence, la suppression implicite de la tutelle jordanienne sur Les Lieux Saints Musulmans.

    Cette mesure a été ressentie comme un camouflet majeur pour Abdallah II qui se considère comme le garant du 3me Lieu Saint de l’Islam, Jérusalem, exerçant ses prérogatives non en tant que Roi de Jordanie, mais en tant que chef de la dynastie Hachémite, descendant de la famille du prophète.

    A l’arrière plan d’un chantage financer permanent de l’Arabie saoudite, la Jordanie, sans ressources énergétiques, ployant de surcroît sous le fardeau du poids des réfugiés syriens, -de l’ordre de 2 millions de personnes dans le Royaume,- est au bord de l’apoplexie financière.

    Se superposant à une pression constante des États Unis en vue de brider la normalisation de ses relations avec la Syrie, ce fait a privé du coup le Royaume de substantiels revenus résultant du transit des marchandises vers l’hinterland arabe.

    Le chantage saoudien sur le nucléaire jordanien, -dont le prince héritier Mohamad Ben Salmane réclame une participation à son exploitation sur le territoire saoudien en contrepartie du feu vert américain-, de même que la privation de la tutelle jordanienne sur les Lieux Saints Musulmans de Jérusalem témoignent de la grande solitude de la monarchie hachémite et du mépris de ses alliés traditionnels à son égard. Elle a conduit le monarque à chercher à briser son isolement en faisant alliance avec son cousin du Maghreb, le Roi du Maroc, «Commandeur des croyants» et nouveau allié officiel d’Israël.

    En Février 2021, le prince héritier jordanien Hussein a dû renoncer à se rendre à la Mosquée de Jérusalem pour y marquer l’attachement du trône hachémite à ce lieu saint musulman, sous l’effet des conditions contraignantes par Israël à sa venue.

    En rétorsion, la Jordanie a interdit le survol de son espace aérien à l’avion qui devait transporter le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu vers Abou Dhabi pour sa première visite officielle depuis la normalisation entre les Émirats Arabes Unis et l’État hébreu, à l’automne 2020.

    Le chantage saoudien sur le nucléaire jordanien :

    https://www.madaniya.info/2020/10/08/nucleaire-monde-arabe-2-4-le-chantage-saoudien/
    https://www.renenaba.com/grande-solitude-de-dynastie-hachemite-13/
    https://www.madaniya.info/2017/03/06/cherif-hussein-de-la-mecque-fondateur-de-la-dynastie-hachemite-2-3/
    https://www.madaniya.info/2017/03/11/cherif-hussein-ben-ali-schizophrene-menteur-insignifiant-tetu-cupide-pretentieux-3-3/
    Sur les raisons de la guerre larvée entre l’Arabie saoudite et le Maroc :

    https://www.madaniya.info/2019/06/18/abou-dhabi-leaks-1-2-arabie-saoudite-emirats-arabes-unis-le-prurit-belligene-des-deux-princes-heritiers-du-golfe
    Toutefois, au terme d’une brouille de près d’un an, l’Arabie saoudite, sous le double effet corrosif du bombardement des installations du géant pétrolier saoudien ARAMCO et du retentissant revers de Najrane, marqué par l’occupation d’une large portion de la province et la capture d’un bataillon complet saoudien, en septembre 2019, a été contrainte à un rétropédalage envers le Maroc. Un communiqué du syndicat des pétromonarchies du Golfe, paru en octobre 2019, a réaffirmé leur plein soutien à la souveraineté du Maroc et sa politique visant à assurer son autogestion sur le Sahara occidental.

    Mais, si la tension entre l’Arabie saoudite et le Maroc a baissé d’un cran elle demeure néanmoins vive entre Rabat et Abou Dhabi au point que l’association «Croyants sans frontières» a dû fermer ses bureaux au Maroc afin d’échapper à la colère que cette organisation caritative à l’activisme intempestif suscitait au sein de la population.

    Les objectifs sous-jacents du triple sommet de la Mecque
    En organisant le dernier vendredi du mois du Ramadan 2019 un triple sommet à La Mecque, premier des Hauts Lieux Saints de l’Islam, le Roi Salmane voulait acter, à la face au Monde, la centralité de la dynastie wahhabite sur la sphère musulmane. Et forcer ses diverses composantes à souscrire au nouveau partenariat judéo-sunnite, -l’alliance des pétromonarchies du Golfe et d’Israël face à l’Iran-, au prix d’une relégation de la Palestine de l’agenda international.

    Pour ce faire, l’Arabie a criminalisé toutes les formations islamistes -les Frères Musulmans et ses déclinaisons dégénératives (Al Qaida, l’État Islamique)-, quand bien elle aura été leur incubatrice absolue, ainsi que le Hezbollah libanais, le Hamas palestinien et les Houthistes yéménites de crainte qu’elles ne lui portent un jour ombrage.

    Illustration pathologique de la déconnexion mentale des pétromonarchies arabes, le volumineux communiqué final du triple sommet a été largement consacré à la dénonciation de l’Iran, pourtant un membre fondateur de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI), passant complètement sous silence la guerre d’agression des roitelets du pétrole contre le Yémen, pourtant un pays arabe et musulman parmi les plus pauvres au Monde, ne réservant qu’un mince paragraphe incantatoire sur la Palestine.

    Le Tomahawk dévastateur sur le wahhabisme de la Conférence de Grozny (3-5 septembre 2016).
    La contestation du leadership spirituel de la monarchie saoudienne s’était déjà manifestée cinq ans plus tôt avec la conférence de Grozny, en septembre 2016, qui a fait l’effet d’un tomahawk sur le wahhabisme.

    L’Arabie saoudite, l’un des grands financiers de la planète, le pays qui abrite les Lieux Saints de l’Islam (La Mecque et Médine), dont il s’est érigé en gardien pour s’en servir comme tremplin dynastique, en butte à de vives critiques dans son propre camp, a été quasiment mis à l’index, alors qu’il est engagé dans un redoutable conflit de puissance avec son rival chiite iranien.

    Symbole de l’exacerbation croissante que suscite le bellicisme omnidirectionnel du wahhabisme saoudien de même que sa rigidité dogmatique, la secte wahhabite salafiste a été purement et simplement exclue de la famille sunnite lors du congrès de Grozny (Tchétchénie) qui s’est tenu du 3 au 5 septembre 2016. Une décision qui donne la mesure du degré de virulence du conflit pour le leadership du Monde musulman.

    Fait sans précédent, cette décision aux effets dévastateurs sur le plan théologique et diplomatique sur le primat saoudien dans la sphère musulmane a été prise lors d’un congrès qui a rassemblé près de 200 dignitaires religieux, oulémas et penseurs islamiques d’Égypte, de Syrie, de Jordanie, d’Algérie, du Maroc, du Soudan et d’Europe.

    Bravant les foudres saoudiennes, la conférence de Grozny a non seulement exclu le wahhabisme salafiste de la définition du sunnisme, voire du cadre de la communauté sunnite, mais elle a en outre clairement condamné les institutions religieuses saoudiennes, en particulier l’Université islamique de Médine.
    Inaugurée par le Cheikh d’Al-Azhar, Ahmed al-Tayeb, le congrès a été marqué par une forte participation égyptienne -le Grand Mufti d’Égypte, Che ikh Chawki Allam, le conseiller du président égyptien et l’ancien grand Mufti d’Égypte, Cheikh Ali Jomaa, ainsi que par la présence du grand Mufti de Damas, Cheikh Abdel Fattah al-Bezm, du prédicateur yéménite Ali Al-Jiffri et du penseur islamique Adnan Ibrahim.

    Dans le communiqué, les participants sont convenus que «les gens du sunnisme et ceux qui appartiennent à la communauté sunnite sont les Asharites et les Maturidites, au niveau de la doctrine; les quatre écoles de jurisprudence sunnite (Chaféite, Hanbalite, Hannafite et Malekite), au niveau de la pratique; et les soufis, au niveau de la gnose, de la morale et de l’éthique».

    Pour aller plus loin sur ce thème, : https://www.madaniya.info/2017/02/05/l-islam-face-a-la-redoutable-epreuve-de-l-aggiornamento-1-3/


    Épilogue : 1973 Faysal et l’arme du pétrole

    Sous l’égide du Roi Faysal, (1953-1975), l’usage de l’arme du pétrole en soutien à l’offensive combinée syro-égyptienne pour la destruction de la Ligne Barlev, et la récupération du Sinai égyptien, ainsi que le plateau syrien du Golan, lors de la guerre d’octobre 1973, a propulsé l’Arabie saoudite au firmament de la popularité, plongeant la quasi totalité du monde musulman en état de prosternation devant la dynastie wahhabite.

    Quarante six ans plus tard, l’édifice paraît lézardé et le visage strié de stigmates de tant de félonie et de turpitudes.

    Le plus ancien servant du Royaume Uni de l’époque coloniale a bénéficié pour prime de sa servitude -servilité ?- de la gratification de trois royaumes (Le Hedjaz, l’Irak et la Jordanie), dont il n’en subsiste cent ans après, qu’un et unique royaume, la Jordanie, réduit d’ailleurs à sa portion congrue – la Transjordanie- menacée de servir de «Patrie de substitution» aux Palestiniens. Une perspective que le Roi Abdallah II vit comme un cauchemar.

    Le plus ancien allié clandestin d’Israël dans le Monde arabe a puissamment contribué à affaiblir son propre camp, en dépit de l’assassinat du Roi Abdallah I dans l’enceinte même de la Mosquée Al Aqsa de Jérusalem (1948), que cela soit par le massacre collectif de Palestiniens lors du «Septembre Noir» jordanien (1970), ou les fuites du Roi Hussein en direction de l’état major israélien sur les préparatifs de la guerre d’Octobre 1973, sans la moindre contrepartie que la survie de son trône.
    L’allié majeur d’Israël dans le Monde arabe, son paratonnerre face aux menées anti israéliennes dans la zone, le plus fervent soutien des équipées américaines en terre arabe, comme l’illustre le rôle tremplin de la Jordanie à l’invasion américaine de l’Irak (2003), et sa fonction déstabilisatrice sur le front sud de la Syrie, en 2012-2016, se retrouve ainsi à l’occasion du centenaire des accords Sykes-Picot et de la promesse Balfour, à la recherche d’un nouveau rôle d’appoint, d’une nouvelle légitimité.

    Absorption du reliquat de la Palestine par le trône hachémite ou subversion du Royaume par la majorité palestinienne de la population jordanienne? Dans le sillage de la stratégie israélo-américaine pour sa survie? Dans le sillage de l’Arabie saoudite, au risque de s’engager dans une zone de forte turbulence ? Avec en perspective son lot habituel d’opération de déstabilisation, de guerre psychologique, de manœuvres d’intoxication et de désinformation, pour ramener au bercail occidental la brebis égarée, qui sera un temps -le temps de sa rédemption-, une brebis galeuse ?
    L’initiateur de la «Grande Révolution Arabe» se révèle un siècle plus tard l’artisan de la plus «grande mystification arabe», préludant au bradage de la Palestine.

    La Jordanie s’est employée, dans la foulée de la normalisation collective arabe avec Israël, à l’automne 2020, à établir une alliance verticale entre l’Irak, la Jordanie et l’Égypte, dans une forme de barrage symbolique visant à prévenir une trop grande promiscuité entre les pétromonarchies et l’État Hébreu.

    Querelle dynastique inter hachémite

    Alors que la Jordanie s’apprête à célébrer le 18 avril 2021, le premier centenaire de la proclamation du Royaume, la dynastique hachémite est en proie à une violente épreuve de force entre le Roi et son ancien prince héritier, le Prince Hamza. Hamza, fils de la Reine Nour, née Liza Al Halaby, fille de l’ancien directeur de la PanAm et dernière épouse du Roi Hussein, a été placé en résidence surveillée, sous l’accusation de complot contre la sûreté de l’état. L’enjeu est de taille en ce qu’une éviction du pouvoir du Roi Abdallah II priverait du coup son fils d’accéder au trône, et, par la même occasion la possibilité qu’un palestinien soit le Roi de Jordanie, du fait que le prince héritier Hussein est le fils de la reine Rania, d’origine palestinienne.

    Quid des Hachémites ou des Wahhabites triomphera de ce conflit de légitimité? Rendez vous au siècle prochain pour connaître la réponse, alors que se pose de manière lancinante la question de la validité des garanties américaines et israéliennes dans une zone où le tandem est en reflux de puissance.

    Additif
    Restauration du primat hachémite
    Dès son arrivée en Arabie saoudite Abdallah II s’est rendu directement à la Mecque pour y effectuer le petit pèlerinage en compagnie de ses gardes de corps.
    Abdallah de Jordanie: Roi du Maroc, Ibn Ami (mon cousin germain)

    Le prophète qualifié au sommet de La Mecque « Al Nabi al Arabi al Hachemi ».

    René Naba

    Source : Madaniya, 12 avr 2021

    Etiquettes : Jordanie, Arabie Saoudite, Mosquée Al Aqsa, Hachémites, wahabites, Israël,

  • La France affirme que la Turquie a snobé le président de la Commission européenne

    Le ministre français de l’Europe, Clément Beaune, a déclaré dimanche que la Turquie avait tendu un “piège” à la chef de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en la forçant à s’asseoir à côté lors d’une visite à Ankara, dans un faux pas d’une séance photo rapide surnommé «sofagate». .

    L’échec de la présidence turque à placer une chaise pour von der Leyen aux côtés du président Recep Tayyip Erdogan et du chef du Conseil de l’UE, Charles Michel, était “une insulte de la Turquie”, a déclaré Beaune à la télévision RTL.

    “La Turquie s’est mal conduite”, a-t-il ajouté, le qualifiant de “problème turc délibérément posé à notre égard … nous ne devrions pas blâmer les Européens”.

    Le détournement de Von der Leyen a provoqué des récriminations des capitales européennes dinde, mais aussi à Bruxelles.

    Pour sa part, Ankara insiste sur le fait que l’incident était dû à des câbles emmêlés entre le Conseil et la Commission, des institutions européennes distinctes.

    Le personnel de Michel a affirmé n’avoir pas eu accès à la salle de réunion avant l’événement de mardi, mais a également souligné que le chef du Conseil comparaît devant le président de la Commission dans le cadre d’un protocole international strict.

    Manque de respect

    “C’était une sorte de piège … entre celui qui l’a posé et celui qui s’y est mis, je préfère blâmer celui qui l’a posé”, a déclaré Beaune de France.

    Faisant écho au Premier ministre italien Mario Draghi, qui a qualifié Erdogan de “dictateur” en réponse à l’incident du canapé, Beaune a accusé qu’il y avait “un réel problème avec un manque de respect pour la démocratie et une dérive autocratique en Turquie” qui devrait inciter les Européens à être «très ferme avec les Turcs».

    Cependant, “à l’avenir, ce serait bien s’il y avait une seule présidence de l’exécutif européen”, a reconnu Beaune.

    “Nous avons besoin d’institutions européennes plus fortes.”

    (avec l’AFP)

    Cosmosonic, 12 avr 2021

    Etiquettes : Turquie, France, Tayyip Erdogan, Europe, Union Européenne, UE, Charles Michel, Ursula von der Leyen,

  • Condamnation unanime après des tags racistes sur un centre culturel musulman à Rennes

    Rennes (AFP) – « Les croisades reprendront », « Charles Martel sauve nous »: des tags anti-musulmans découverts dimanche matin sur les murs extérieurs du centre culturel islamique Avicenne de Rennes ont provoqué un concert de condamnations, certains dénonçant même un « climat antimusulman ».

    « A deux jours du mois de Ramadan, les fidèles retrouvent leur mosquée taguée avec des phrases obscènes », a déploré auprès de l’AFP Mohammed Zaidouni, le président du conseil régional du culte musulman. « Nous sommes les enfants de la République et nous nous retrouvons avec la haine la violence et la barbarie », a-t-il ajouté.

    Le gardien puis les fidèles ont découvert ces tags dimanche vers 06H00, lors de la prière du matin. « Non à l’islamisation », « Vive le Roy », « Mahomet prophète pédophile », « les croisades reprendront », « Charles Martel sauve nous », « France éternelle », « catholicisme religion d’Etat », « Allah faux dieu » ou « EELV=Traîtres », pouvait-on lire sur des photos transmises par le parquet.

    Des croix chrétiennes, le chrisme ou une fleur de lys ont été également tagués sur les murs du centre Avicenne.

    Une enquête pour « dégradations à raison de l’appartenance à une religion » a été ouverte par le parquet de Rennes et confiée à la sûreté départementale de Rennes. La peine encourue est de 4 ans de prison et 30.000 euros d’amende.

    « Le parquet de Rennes (…) portera une attention toute particulière à l’enquête tendant à identifier et sanctionner le ou les auteurs de ces faits », a assuré le procureur de Rennes Philippe Astruc dans un communiqué, évoquant des faits « qui portent une atteinte symbolique grave » et « viennent troubler l’exercice paisible du culte ».

    « Les fidèles étaient choqués par de telles obscénités. C’était violent. Notre communauté musulmane est vraiment triste », a raconté M. Zaidouni, tout en appelant à « rester unis ».

    « Il y a certains qui cherchent à semer la zizanie en France et nous sommes dans le devoir de préserver le pays. On va s’unir tout à l’heure pour que Dieu préserve notre pays, la France, car il n’y a pas pire que la discorde au sein d’un pays », a-t-il ajouté.

    « Les nombreuses inscriptions anti-musulmanes sur les murs de la mosquée Avicennes de Rennes sont inacceptables. Toute ma solidarité avec les musulmans de notre pays », a réagi sur Twitter le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui doit se rendre sur place à 18H00.

    « Ces actes n’ont pas leur place en France, ils n’ont pas leur place à Rennes. Tout mon soutien aux Rennais et particulièrement aux fidèles choqués par ces actes indignes », a twitté la maire PS de Rennes Nathalie Appéré.

    « Faire le lit des haines ne produit que plus de haine », a dénoncé Sandra Régol, numéro deux d’EELV.

    La sénatrice LR Valérie Boyer a parlé de « honte » aux responsables de ces actes tandis que le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand a dénoncé un « inacceptable vandalisme sectaire ».

    Le député de La France Insoumise Alexis Corbière a lui estimé que ces faits étaient « le résultat d’une ambiance détestable produite par certains ».

    « L’histoire récente nous apprend que les débats enflammés autour de l’islam ont souvent été accompagnés d’une recrudescence d’actes antimusulmans », a aussi pointé Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman (CFCM) dans un communiqué. « Force est de constater que certains débats autour du projet de loi de lutte contre +les séparatismes+ ont malheureusement servi de tribunes pour des haineux de tous bords », a-t-il ajouté.

    « Il y a actuellement un climat anti-musulman en France que nous dénonçons avec force. Malheureusement, les déclarations de certains hommes politiques ne font qu’attiser ce climat », a déclaré à l’AFP Abdallah Zekri, président de l’Observatoire national de lutte contre l’islamophobie.

    A Nantes, la porte d’une mosquée a été détruite par un incendie dans la nuit de jeudi à vendredi, tandis qu’un homme de 24 ans revendiquant des idées néo-nazies a été mis en examen vendredi pour avoir menacé de s’en prendre à la mosquée du Mans.

    L’Obs, 11 avr 2021

    Etiquettes : France, Rennes, tags anti-musulmans, centre culturel islamique Avicenne de Rennes, Ramadan,

  • Covid-19 et «le nationalisme vaccinal»

    Zouhir MEBARKI

    Vagues. La pandémie ne donne aucun signe encourageant. Les statistiques publiées, hier, avancent le chiffre de 2.929.563 décès dans le monde dus au coronavirus (Covid-19 et ses variants). Par vagues successives, les contaminations se répandent toujours plus vite. Toujours aussi mortelles. À chaque étape, le virus mute, «lâchant» de plus en plus de variants toujours plus agressifs que la souche mère. Il y a le variant anglais, sud-africain, brésilien, nigérian, belge, et d’autres en cours d’identification. L’Europe frôle le million de morts. En deuxième position viennent l’Amérique latine et les Caraïbes avec plus de 800.000 morts. Les Etats-Unis et le Canada près de 600.000 décès. L’Asie, le Moyen-Orient, l’Afrique, aucune région du monde n’est épargnée.

    Depuis le début de la pandémie en décembre 2019, les pays avancent en rangs dispersés dans leur stratégie de lutte. Ce qui a valu aux pays qui ont fait preuve de mauvaises appréciations de cette catastrophe naturelle de connaître plusieurs vagues de contaminations. C’est le cas, notamment en Europe qui n’en finit pas avec ses multiples déconfinements-reconfinements. Et si aujourd’hui, la vaccination se veut l’antidote efficace contre le virus, cette option n’est pas sans conséquences sur le respect des gestes barrières, qui reste la prévention par excellence contre la propagation.

    Il faut dire que les hésitations et les directives contradictoires des pouvoirs publics de beaucoup de pays ont fini par lasser les populations qui n’en peuvent plus de ce va-et-vient des restrictions. D’où précisément les relâchements des gestes barrières. Ce qui donne, à chaque fois, une nouvelle vitalité au virus. Au point que des signes de panique sont constatés chez certains dirigeants des pays, comme l’absence de solidarité internationale.

    Que ce soit pour les masques qui étaient dérobés sur le tarmac des aéroports au début de la pandémie ou aujourd’hui pour les vaccins que les pays producteurs ne livrent qu’une fois leurs besoins nationaux satisfaits, le «chacun pour soi» ne se cache plus. Au point où l’OMS a dénoncé que «sur les 42 pays qui vaccinent, 36 sont des pays à revenu élevé et six, dont l’Algérie, sont des pays à revenu intermédiaire.

    Quant aux pays pauvres, ils demandent l’aide de l’OMS qui ne peut pas grand-chose pour eux face à ce qui est appelé «le nationalisme vaccinal». Cette pandémie aura démontré le triste sort que les riches réservent aux faibles!

    L’Expression, 12 avr 2021

    Etiquettes : Coronavirus, covid 19, pandémie, vaccin, vaccination, OMS, pays riches, pays pauvres,

  • Sofagate : un « piège » de la Turquie, selon Paris

    Le secrétaire français aux Affaires européennes Clément Beaune a martelé dimanche que « l’affront » fait à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen lors d’une visite à Ankara était un acte « délibéré », un « piège » de la Turquie.

    « C’est un affront de la part de la Turquie », a-t-il déclaré dans l’émission « Le Grand Jury » des médias RTL/Le Figaro/LCI, écartant la thèse d’une erreur de protocole européen.

    « Il faut remettre l’église au milieu du village. Le problème dans cette affaire ce n’est pas l’Europe, c’est la Turquie », a asséné le responsable français.

    « La Turquie s’est mal comportée », a-t-il ajouté, en pointant « une forme d’agressivité générale et de posture de la Turquie à l’égard de l’Europe ».

    « C’est un problème turc qui a été fait, délibérément je crois, à notre égard (…) Il ne faut pas qu’en plus on batte notre coulpe d’Européens », a-t-il insisté.

    von der Leyen sur le divan

    Ursula von der Leyen a été placée mardi par le protocole en retrait sur un divan lors d’une réunion avec le chef d’Etat turc Recep Tayyip Erdogan et le président du Conseil européen Charles Michel, ce qui a provoqué beaucoup de ressentimment mais aussi des frictions à Bruxelles.

    La Turquie s’est défendue de tout affront en imputant cet incident à un problème de protocole entre institutions de l’UE.

    Les services de Charles Michel ont répliqué n’avoir pas eu accès au préalable à la salle où devait se tenir la réunion. Mais le Conseil européen a aussi fait savoir que son président avait la préséance sur la Commission pour le protocole international.

    « Il y a eu une forme de piège »

    « Il y a eu une forme de piège (..) Entre celui qui a tendu le piège et celui qui est tombé dans le piège, je préfère qu’on mette la culpabilité sur celui qui a tendu le piège », a déclaré Clément Beaune.

    Il a aussi estimé qu’il y avait « un vrai problème de non respect de la démocratie et de dérive autocratique en Turquie » et que les Européens se devaient d’être « très fermes avec les Turcs ».

    Plus largement, il a aussi plaidé pour une « seule incarnation » de l’UE à l’international plutôt qu’un exécutif bicéphale.

    « Il serait bien dans les années qui viennent (..) qu’il y ait une seule présidence de l’exécutif européen. Il faut qu’on ait des institutions européennes plus fortes, mieux incarnées », a-t-il dit.

    L’OBS via MSN.COM, 11 avr 2021

    Etiquettes : Turquie, Tayyip Erdogan, Charles Michel, Ursula von der Leyen, UE, Europe,

  • Petit « guide » du Ramadan 2021 en Turquie

    Ce mardi 13 avril commence le mois du jeûne, le mois du Ramadan. Voici les informations pratiques et utiles à connaître pour mieux appréhender le Ramadan 2021 en Turquie.

    Le ramadan (Ramazan en turc) est le quatrième des cinq piliers de l’Islam (la profession de foi – la Shahada ou Kelime-i şehâdet en turc -, l’aumône, le pèlerinage à la Mecque, le jeûne, et la prière cinq fois par jour), sa pratique revêt donc une importance capitale dans la vie de nombreux musulmans de Turquie ou d’ailleurs dans le monde.

    Quelques informations générales sur le ramadan en Turquie
    À l’origine, le mois de Ramadan est le neuvième mois du calendrier lunaire, pendant lequel le Coran a été révélé au Prophète Mohammed durant la « Nuit du Destin » (Laylat ul Qadr – Kadir gecesi en turc). Dans le livre sacré, Allah proclame que le jeûne (oruç) doit être suivi par les musulmans.

    Si le ramadan ne correspond jamais à la même période de notre calendrier, c’est parce qu’à la différence du calendrier solaire, le calendrier lunaire musulman compte onze ou douze jours de moins, et décale donc la période de jeûne (environ de 10 jours) en l’avançant d’une année sur l’autre.

    Pendant le mois du Ramadan, les musulmans (dès la puberté) se lèvent avant l’aube pour prendre leur premier repas qui s’appelle sahur, et qu’ils doivent terminer avant l’appel à la prière (imsak) du matin. Le soir, au coucher du soleil, avec la prière du soir, ils rompent le jeûne, avec le repas nommé iftar. Entre le lever et le coucher du soleil, les personnes qui jeûnent doivent s’abstenir de boire, manger, fumer et avoir des rapports sexuels.

    En cas de rupture malencontreuse du jeûne (kaza orucu), la personne doit se rattraper en jeûnant un jour de plus par jour de jeûne non respecté (cela, avant le ramadan suivant).

    Certaines personnes peuvent être totalement exemptées de jeûne, comme les personnes très âgées, les personnes malades, les enfants, les femmes enceintes ou en période de menstruation.

    De manière générale, pendant le jeûne, les musulmans doivent respecter les principes de modération, humilité et solidarité. Le mois du ramadan met à l’honneur la générosité, l’hospitalité, la patience et la ténacité.

    Un peu de vocabulaire pour s’y retrouver avec le ramadan en Turquie
    Oruç : le jeûne

    Oruç tutmak : jeûner (Oruç tutuyorum : je jeûne / Oruç tutuyor musun-uz? : tu/vous jeûnez ?)

    Sahur : repas du matin, avant la première prière (imsak) et le lever du soleil

    Iftar : repas de rupture du jeûne le soir, au coucher du soleil

    « Allah kabul etsin » : « Que Dieu accepte », ce sont les mots que l’on prononce au moment de la rupture du jeûne

    Imsak : nom de la première prière du matin, et donc le moment où la personne qui jeûne doit cesser de manger (cette prière a lieu environ 1h30 avant le lever du soleil)

    Namaz : la prière (Imsak namazı : première prière de la journée ; öğle namazı : la prière du midi ; ikindi namazı : la prière de l’après-midi, akşam namazı : la prière du soir, yatsı namazı : la dernière prière de la journée, avant de se coucher).

    Teravih namazı : c’est une prière spéciale qui se fait uniquement pendant le mois du Ramadan, (elle suit de la dernière prière du soir, yatsı namazı). En temps « normal », les musulmans se retrouvent à la mosquée, et puis socialisent à l’issue de cette prière ; souvent les hommes vont dans les kahvehane ou kıraathane.

    Fidye : c’est un don (en nourriture ou argent) fait par une personne qui n’observe pas le jeûne (en raison de sa maladie, vieillesse etc.).

    Le ramadan à l’heure de la pandémie de Covid-19 en Turquie
    Comme en 2020, le Ramadan sera un peu différent cette année en Turquie.

    Tous les cafés et restaurants seront fermés pendant le mois du jeûne (ils pourront toutefois effectuer des livraisons à domicile), et un couvre-feu national sera observé pendant tous les week-ends de ce « mois sacré ». D’autres restrictions pourraient être annoncées dans les prochains jours.

    En raison du contexte sanitaire, les iftar, traditionnellement organisés par les mairies ne pourront pas se tenir. En revanche, les mairies iront à la rencontre des personnes qui jeûnent avec des repas préparés, notamment à proximité de grandes places, ou d’hôpitaux par exemple.

    La Kadir gecesi, la 27ème nuit du Ramadan, est très importante pour les musulmans ; elle aura lieu cette année dans la nuit du 8 au 9 mai. En fonction des provinces et traditions, certaines festivités sont en principe organisées durant cette nuit-là.

    En ce qui concerne les horaires de jeûne, ils changent en Turquie d’une région à l’autre (car soumis aux horaires de lever et coucher du soleil). Par exemple, à Istanbul ce mardi 13 avril, le jeûne commencera à 4h50 avec la prière du matin (imsak), et se terminera à 19h48 avec la prière du soir. Les Stambouliotes qui observent le Ramadan devront donc jeûner près de 15 heures. Plus on avance dans le mois du Ramadan, plus la période de jeûne sera longue…

    Si vous ne pratiquez pas le ramadan, il est recommandé d’éviter de manger, boire, ou fumer devant des personnes qui jeûnent, cela est mal vu.

    Le ramadan se clôturera avec des vacances nationales, le Şeker Bayramı (« Fête du sucre »), une fête de 3 jours, qui durera du 13 au 15 mai. Environ 70 jours après la fin du Ramadan (du 20 au 23 juillet 2021) les musulmans célèbreront le Kurban Bayramı (plus communément appelé l’Eid), donnant également lieu à des vacances nationales en Turquie.

    À nos lecteurs musulmans : Hayırlı Ramazanlar!

    Le Petit Journal, 12 avr 2021

    Etiquettes : Turquie, Ramadan, Islam, guide,

  • «Danger pour la France», «guerre d’influence»: Jordan Bardella dézingue la Turquie d’Erdogan

    Par Florent Zephir

    Jordan Bardella a tiré à boulets rouges sur le Président turc et son pouvoir sur BFM TV, l’accusant d’humilier l’Europe et de s’ingérer dans les affaires françaises. L’eurodéputé RN a notamment demandé des sanctions.

    Dénonçant l’attitude de Recep Tayyip Erdogan vis-à-vis de Charles Michel et surtout d’Ursula von der Leyen, Jordan Bardella est revenu sur l’épisode du Sofagate sur BFM TV. L’eurodéputé (RN) a rappelé que certains «codes de courtoisie» existaient en Europe, où un homme n’est pas censé s’asseoir avant qu’une femme ne se soit elle-même installée.

    Des codes que «ne partage pas» le chef d’État turc selon Jordan Bardella, puisqu’il a laissé patienter Ursula von der Leyen debout quelques instants avant de la reléguer sur un canapé, à bonne distance des débats.

    Le vice-président du RN voit dans l’accueil réservé aux représentants européens une «forme d’humiliation» qui participe plus largement à une «guerre d’influence».

    «Erdogan prend l’Europe depuis des mois, voire des années, comme un paillasson […]. Il reçoit des dirigeants européens comme on reçoit des vaincus en temps de guerre. On voit qu’Erdogan, par une stratégie extrêmement fine et précise, mène une guerre d’influence», estime l’élu RN.

    Le député européen a précisé que ces humiliations étaient rendues possibles par la «mansuétude» dont bénéficie Erdogan de la part de dirigeants français et européens.

    Sanctions et fermeté

    Au-delà de cet incident protocolaire, M.Bardella a souligné que le pouvoir turc représentait une «menace pour l’Europe» sur un plan géopolitique. Il a en particulier fustigé le «chantage aux migrants» d’Ankara et son «jeu trouble avec Daech*».

    La Turquie bénéficie en effet de fonds européens alloués à la gestion des migrants depuis le pacte migratoire avec l’UE signé en 2016. Une manne financière strictement contrôlée par Bruxelles via une structure de cogérance, mais qu’Erdogan souhaiterait désormais voir arriver «directement dans les caisses de l’État turc», comme l’explique à Sputnik Constantin Pikramenos, expert en intelligence économique.

    Pour faire cesser le «jeu ambigu» d’Ankara, Jordan Bardella demande «des sanctions et de la fermeté», suggérant notamment de taper au portefeuille, la Turquie ayant reçu «47 milliards d’euros, à la fois de prêts et de subventions européennes» sur ces 25 dernières années.

    «Pas un euro d’argent public pour la Turquie tant qu’elle aura un jeu ambigu à notre égard, mais aussi à l’égard des islamistes et de Daech*!», clame-t-il sur BFM TV.

    Ingérence en France

    Enfin, Jordan Bardella a fait allusion à la politique d’ingérence de la Turquie sur le sol français, critiquant en particulier l’association Millî Görüş, soupçonnée de radicalisme. L’organisme a récemment défrayé la chronique suite aux subventions accordées par la mairie de Strasbourg à la future grande mosquée de la ville. Il lui est entre autres reproché de ne pas avoir signé la Charte des principes pour l’islam de France.

    Pour mettre un terme à cette guerre d’influence sur le territoire national, Jordan Bardella demande des «mesures de rétorsion». Il a ainsi proposé de «renvoyer chez eux» les imams étrangers détachés en France par la Turquie. Une idée déjà évoquée en février 2020 par Emmanuel Macron et Christophe Castaner. Ce dernier avait d’ailleurs assuré sur France Inter qu’il travaillait «sur la fin des imams détachés en 2024».

    *Organisation terroriste interdite en Russie

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    Sputnik, 11 avr 2021

    Etiquettes : UE, Turquie, France, Tayyip Erdogan, Emmanuel Macron, Jordan Bardella, Europe, Charles Michel, Ursula von der Leyen,

  • Dîners clandestins : qui est Christophe Leroy, le chef au coeur du scandale ?

    Libération consacre un long portrait à Christophe Leroy, le chef par qui le scandale des restaurants clandestins est arrivé. On sait depuis samedi et grâce à Médiapart que l’ex ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux et l’éditorialiste Alain Duhamel ont déjeuner dans l’un de ces restaurants clandestins, qu’ils assurent avoir pris pour un club privé.

    Christophe Leroy a cuisiné pour le 3ème mariage de Johnny Hallyday

    Cette défense rappelle un peu celle de Richard Virenque et le dopage à l’insu de son plein gré mais surtout voilà qui braque les projecteurs sur le chef qui aurait également cuisiné pour les visiteurs du Palais Vivienne chez l’antiquaire Pierre-Jean Chalençon. Libération tire le portrait de celui qui s’est fait connaitre à Saint-Tropez en tenant les fourneaux à l’occasion du 3e mariage de Johnny Hallyday. Il n’en faut pas plus pour lancer la carrière de Christophe Leroy avec son carnet d’adresses où l’on trouvera Ivana Trump, Emmanuelle Béart, des stars vieillissantes de la variété ou de la télé-réalité jusqu’à plus récemment Pamela Anderson avec laquelle il a lancé un éphémère restaurant vegan. Saint-Tropez mais également Avoriaz, Marrakech : ce fils d’agriculteur normand formé chez Ducasse et Maximin est aussi entreprenant qu’il a du mal à régler ses factures.

    Après une tentative de suicide en août 2017, Leroy se fait discret et cuisine sous un faux nom à Grimaud, l‘antichambre de Saint-Tropez

    Une quinzaine d’adresses et 400 employés au Maroc, deux restaurants dans le Var, en 2017, l’empire Leroy s’effondre après quelques années de cavalerie qui voient les fournisseurs toquer à sa porte pour réclamer leur dû. Libération parle de banqueroute, usage de faux, travail dissimulé, pratique commerciale trompeuse. Après une tentative de suicide en août 2017, Leroy se fait discret et cuisine sous un faux nom à Grimaud, l‘antichambre de Saint-Tropez raconte toujours Libération. Et puis survient le confinement, on retrouve Leroy au piano dans un club dont l’adresse est tenue secrète monté avec sa compagne, derrière l’hôtel George V, dans le 8e arrondissement. L’activité et les odeurs ne tardent pas à éveiller les soupçons des voisins. Un lieu décrit par Gilles Pudlowski critique gastronomique non pas comme un resto mais comme une grande pièce aérée c’est pas beau moralement mais c’est bon. Pour Marc Veyrat, cette histoire avec Leroy et Chalençon « salit le monde de la gastronomie alors que l’immense majorité de la profession suit les instructions du gouvernement et des médecins ». En attendant, l’affaire Chalençon Leroy oscille entre la farce et l’affaire d’Etat.

    David Abiker

    Radio Classique, 12 avr 2021

    Etiquettes : France, dîners clandestins, restaurants clandestins,



  • Algérie.- Ahmed Ben Bella, une figure arabe des luttes de libération nationale

    Par Youssef Girard

    Ahmed Ben Bella est né officiellement le 25 décembre 1916 à Maghnia dans une famille marocaine originaire de la région de Marrakech. Parallèlement à ses études, il adhéra au Parti du peuple algérien (PPA) à Tlemcen et pratiqua le football ce qui le conduisit à signer à l’Olympique de Marseille pour la saison 1939-1940.

    Ahmed Ben Bella, une figure arabe des luttes de libération nationale

    En 1944, Ahmed Ben Bella participa à la bataille de Monte Cassino au sein du corps expéditionnaire français en Italie puis à la libération de la France et à la campagne d’Allemagne en 1945. Promu adjudant, il est cité quatre fois dont deux fois à l’ordre de l’Armée et décoré de la Médaille militaire par le général de Gaulle en avril 1944 en Italie.

    Militant du PPA, il devint membre de l’Organisation spéciale (OS), l’organisation paramilitaire du Parti qui devait préparer le déclenchement de l’insurrection. Arrêté en mai 1950 dans le cadre du démantèlement de l’OS dont il avait pris le commandement, il fut condamné à sept ans de prison. En 1952, il s’évada de la prison de Blida en compagnie d’Ahmed Mahsas et se réfugia au Caire où se trouvaient déjà Hocine Aït Ahmed et Mohamed Khider.

    Avec ces deux derniers, il forma la délégation extérieure du Front de Libération Nationale (FLN) au moment du déclenchement de la Révolution algérienne, le 1ier novembre 1954. Il fut le principal artisan du soutien de l’Égypte de Gamal Abdel-Nasser à la Révolution algérienne.

    Il fut arrêté une deuxième fois le 22 octobre 1956, en compagnie de Mohamed Boudiaf, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Khider et Mostefa Lacheraf, lors du détournement par l’armée française de l’avion qui les transportait du Maroc vers la Tunisie. Au même moment, Ahmed Ben Bella s’opposa aux décisions du Congrès de la Soummam auquel la délégation extérieure qu’il dirigeait, n’avait pas participé. Écarté avec Mohamed Boudiaf de la direction exécutive, il contesta la validité du Congrès et de ses décisions. Dans une lettre destinée aux cadres du FLN, Ahmed Ben Bella dénonçait la « gravité de certaines de ces décisions escamotant soit intentionnellement, soit par omission certains points doctrinaux contenus dans la charte rendue publique le 1er novembre 1954 ». Il condamnait notamment des décisions qui remettaient « en cause des points doctrinaux aussi fondamentaux que celui du caractère islamique de nos futures institutions politiques » (1).

    Panarabiste convaincu, Ahmed Ben Bella condamnait également la volonté de rompre l’axe stratégique reliant l’Égypte nassérienne et la Révolution algérienne qui avait été formulée dans la Plateforme de la Soummam. Cet axe donnait à la Révolution algérienne une profondeur stratégique indispensable pour vaincre la puissance coloniale. La participation française à l’agression tripartite, aux côtés du Royaume-Uni et d’Israël, contre l’Égypte nassérienne après la nationalisation du canal de Suez en 1956 confirmait totalement l’analyse d’Ahmed Ben Bella. En effet, la France avait participé à cette agression principalement dans le but d’affaiblir l’Égypte et de couper le FLN de son principal soutien.

    Libéré en mars 1962, après six ans d’emprisonnement et de résidence surveillée en France, Ahmed Ben Bella désapprouva publiquement les accords d’Évian et critiqua en effet la légitimité du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) dirigé par Benyoucef Ben Khedda. Du 27 mai au 7 juin 1962, il participa au Congrès de Tripoli du FLN où il s’opposa aux orientations du GPRA. Après des affrontements durant l’été 1962, Ahmed Ben Bella, soutenu par l’armée des frontières, prit le pouvoir en septembre de la même année dans une Algérie qui venait de se libérer de 132 ans de colonisation française.

    Élu président de la République algérienne un an plus tard, en septembre 1963, Ahmed Ben Bella avait pour objectif de mettre en place un socialisme spécifique à la culture arabo-musulmane en organisant notamment la révolution agraire.

    Panarabiste et proche de Gamal Abdel-Nasser, Ahmed Ben Bella organisa une aide concrète aux révolutionnaires anticolonialistes africains ou palestiniens. L’Algérie fournit ainsi ses premières armes au Fatah de Yasser Arafat.

    Il fut finalement renversé par le coup d’État de Houari Boumédiène le 19 juin 1965 à Alger, emprisonné jusqu’en juillet 1979, puis assigné à résidence jusqu’à sa libération en octobre 1980. Gracié par Chadli Bendjedid, il s’exila en Suisse à partir de l’année 1981. En exil, il créa le Mouvement pour la démocratie en Algérie (MDA). Légalisé après l’ouverture au multipartisme en 1988, le MDA fut finalement dissous par le tribunal d’Alger en juin 1997 pour refus de se conformer à la loi interdisant aux partis de faire référence à l’Islam.

    Après son retour à Alger le 27 septembre 1990, Ahmed Ben Bella se retira de la vie politique et se consacra à des dossiers internationaux tels que la Palestine, l’Irak ou la lutte des Amérindiens. Il se rapprocha également des mouvements altermondialistes pour lutter contre « la mondialisation capitaliste ».

    En Algérie, durant la décennie noire, Ahmed Ben Bella défendit l’idée d’une réconciliation nationale et d’une sortie de crise par une négociation politique.

    Finalement, Ahmed Ben Bella s’est éteint le 11 avril 2012 à Alger après une vie consacrée à combattre la colonisation et à lutter pour l’Algérie, la nation arabe et l’ensemble des peuples opprimés par l’Occident impérialiste.


    (1) Mohammed Harbi, Les Archives de la révolution algérienne, Paris, Ed. Jeune Afrique, 1981, page 168

    The International Solidarity Movement, 11 avr 2021

    Etiquettes : Algérie, Ahmed Ben Bella, FLN, guerre de libération, Mouvement pour la démocratie en Algérie, MDA,

  • Liban : Un ministre libanais étend sa revendication sur la zone maritime contestée avec Israël

    BEYROUTH (Reuters) – Le ministre intérimaire des travaux publics et des transports du Liban a déclaré lundi qu’il avait signé un document élargissant les revendications du Liban dans le cadre de son conflit frontalier maritime avec Israël.

    L’amendement ajouterait environ 1 400 kilomètres carrés à la zone économique exclusive revendiquée par le Liban dans sa soumission initiale aux Nations Unies.

    Le document doit maintenant être signé par le premier ministre intérimaire, le ministre de la défense et le président libanais avant d’être soumis aux Nations unies pour une revendication officielle visant à enregistrer les nouvelles coordonnées de la zone.

    « Je m’attends à ce qu’il soit signé car tout le monde, le ministre de la défense, le premier ministre et le président, est concerné par cette question », a déclaré le ministre Michel Najjar lors d’une conférence de presse.

    Des négociations entre les vieux ennemis que sont le Liban et Israël ont été lancées en octobre pour tenter de résoudre le différend concernant leur frontière maritime, qui a bloqué l’exploration des hydrocarbures dans cette zone potentiellement riche en gaz.

    Ces pourparlers, qui sont l’aboutissement de trois années de diplomatie de la part de Washington, sont depuis lors au point mort.

    Israël pompe déjà du gaz à partir d’énormes gisements offshore, mais le Liban n’a pas encore trouvé de réserves commerciales de gaz dans ses propres eaux.

    Le Liban, en proie à un profond effondrement financier qui menace sa stabilité, a désespérément besoin de liquidités alors qu’il est confronté à la pire crise économique depuis la guerre civile de 1975-1990.

    « Nous ne céderons pas un pouce de notre patrie, ni une goutte de ses eaux, ni un pouce de sa dignité », a déclaré M. Najjar.

    Reuters, 12 avr 2021

    Etiquettes : Liban, Israël, zone économique exclusive, Michel Najjar,