Mois : avril 2021

  • Pascal Perrineau : « Sciences Po vit des heures sombres »

    Depuis la démission d’Olivier Duhamel, les départs se succèdent à la tête de Sciences Po Paris et le processus de désignation d’un nouveau directeur s’enlise, signe d’un profond malaise au sein de la prestigieuse institution de la rue Saint-Guillaume.
    La crise succède à la crise. Les pétitions aux tribunes et contre pétitions. « Sciences Po vit des heures sombres », analyse Pascal Perrineau, une des « figures enseignantes » de la rue Saint-Guillaume. Depuis la démission en janvier d’Olivier Duhamel de la présidence de la Fédération nationale des sciences politiques (FNSP), après qu’il a été accusé d’inceste, les départs se sont succédé. Celui de Marc Guillaume, l’ancien Secrétaire général du gouvernement, puis de Frédéric Mion, le directeur de l’école, pris en flagrant délit de mensonge. Nommé par intérim, Louis Schweitzer, ancien PDG de Renault, a pour mission de mettre en place une relève à la hauteur.

    Mais le processus improvisé pour auditionner les candidats ne fait pas l’unanimité. Convocations en urgence du jour pour le lendemain, cooptation confuse, règles non dites… Un profond malaise s’installe. Pascal Perrineau, 70 ans, enseigne à Sciences Po depuis 40 ans. Professeur émérite des universités, président de Sciences Po Alumni, l’association des anciens élèves, il a logiquement posé sa candidature à la succession d’Olivier Duhamel. « J’ai tenté de proposer un projet », confie-t-il. En vain. « Profondément déçu » par ce qui se trame aujourd’hui en coulisses, Pascal Perrineau se confie à Marianne. Un récit alarmant sur les coulisses d’une institution qui se veut pourtant exemplaire.

    Marianne : La colère gronde à Sciences Po. Une pétition circule même pour demander la démission de Louis Schweitzer, actuel président par intérim. Allez-vous la signer ?

    Pascal Perrineau : Je ne signe que très peu de pétitions, même si celle-ci exprime les inquiétudes et la colère de nombre d’enseignants, d’étudiants et d’anciens élèves. Je connais cette maison Sciences Po depuis longtemps. Je suis sorti diplômé en 1974 et j’y enseigne depuis plus de quarante ans. Je n’ai jamais connu de situation aussi confuse et aussi trouble. Toutes les inquiétudes d’aujourd’hui sont légitimes, tant sur l’avenir de notre institution que sur les procédures actuelles de désignation d’une nouvelle équipe. Sciences Po vit des heures sombres.

    Personne n’y comprend rien, avec d’un côté la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), dont Olivier Duhamel était président et de l’autre l’IEP (Institut d’études politiques) dirigé par Frédéric Mion, qui lui aussi a démissionné. Quel est le rôle du comité de recherche mis en place par Louis Schweitzer, le président par intérim de la FNSP ?

    On ne comprend plus très bien. Au départ, l’idée était de former un comité, composé à parité de cinq membres du collège des fondateurs et de cinq enseignants, qui avait pour but de trouver des candidats susceptibles de venir rejoindre le conseil d’administration de la FNSP, où il faut remplacer six membres du conseil d’administration. Dans les statuts, c’est le conseil d’administration de la FNSP, aux deux tiers, qui élit le président sur proposition du collège des fondateurs. Il s’agit donc d’une élection par cooptation. Mais le comité de recherche, sautant d’une certaine façon une étape, a cherché un candidat unique à la présidence de la FNSP susceptible de recueillir les deux tiers des suffrages, et qui serait présenté sans concurrence au conseil d’administration.

    Mais ce comité, qui ne figure dans aucun statut, peut-il à lui seul choisir et coopter le futur président ?

    Effectivement, tout ce processus apparaît un peu opaque. Le comité a été totalement improvisé. On aurait pu imaginer, ce qui eut été plus naturel et finalement logique, que les candidats se présentent directement devant le conseil d’administration, qui les auditionne et vote ensuite sur leur projet. Il est difficile de comprendre pourquoi cela ne s’est pas passé pas comme cela, pourquoi ce comité s’est inventé la mission de présenter un candidat officiel et unique.

    Vous êtes candidat à la présidence de la FNSP. Comment s’est déroulée votre audition devant le comité de recherche ?

    J’ai présenté mon projet en dix minutes, comme ils me l’ont demandé, puis s’en est suivie une discussion d’une demi-heure. On m’a ensuite fait savoir par mail que ma candidature n’était pas retenue. Sans aucun motif argumenté sur le fond de nos projets. Romain Rancière était dans le même cas que moi. De son côté, on lui a donné trois raisons pour rejeter sa candidature : qu’il était un homme, qu’il était trop jeune (il a 50 ans) et qu’il ne connaissait pas suffisamment la maison ! Cette dernière raison est valable, mais les deux autres sont discriminatoires ! Moi, on m’a dit par téléphone que je ferais un très bon président, mais que je n’étais pas une femme ! Là aussi, c’est discriminatoire. À l’un comme à l’autre cela ne nous est pas apparu comme étant conforme aux standards de recrutement qui existent dans les grandes universités internationales. Une institution telle que Sciences Po devrait être exemplaire.

    Serez-vous quand même candidat devant le conseil d’administration ?

    Dans un premier temps, on m’a prévenu que le feu rouge du comité de recherche me l’empêchait. Puis une heure après, on m’a écrit par mail que je pouvais quand même me présenter. Finalement, le comité s’est réuni en urgence ce mercredi 7 avril, et a décidé que Romain Rancière et moi, dont les dix avaient repoussé la candidature, nous ne pouvions pas nous présenter. Si j’ai bien compris, le comité devrait désormais déposer devant le conseil les candidatures de Laurence Bertrand-Dorléac et de Bertrand Badie, qui n’ont pas été encore entendus. Laurence Bertrand-Dorléac, historienne de l’art, vient de démissionner du comité de recherche pour être candidate devant le même comité. Il peut paraître surprenant d’un point de vue juridique et déontologique, de constater que la candidate à l’évidence favorite, puisqu’il « faut » une femme », ait fait partie auparavant du comité qui a écarté les trois candidatures initiales.

    Vous semblez amer…

    Non pas amer, je ne suis pas un mauvais perdant. Par contre, je suis profondément déçu, à titre personnel, de ces pratiques, de ces méthodes, et de cette ambiance. Je ne m’y attendais pas. C’est très violent. Mais je ne vais pas m’acharner et j’ai trop de respect pour cette institution qui ne va vraiment pas bien. Mais surtout, ce qui me désole le plus, est de ne pas avoir pu participer à un débat que j’estime absolument nécessaire. Sciences Po traverse une crise majeure, l’époque est face à des interrogations multiples, nos valeurs démocratiques, notre conception française de la République doivent être plus que jamais défendues, y compris au sein de notre institution et auprès de nos étudiants.

    Certaines attaques graves ont eu lieu sur notre territoire mais aussi sur les campus comme à Sciences Po Grenoble ou encore Sciences Po Bordeaux. Plus que jamais les libertés académiques doivent être défendues. Je vois bien qu’il y a une pénétration idéologique venue de certains campus américains où les questions identitaires acquièrent une prééminence croissante. On écoute de moins en moins ce que vous dîtes, on répond à ce que vous êtes ou supposé être. Alors que le renouvellement des personnes devrait être l’occasion d’un débat sur les valeurs que nous voulons défendre, la place de Sciences Po dans la République, son rôle.

    Quel projet pour Sciences Po avez-vous défendu devant le comité ?

    Au-delà des questio ns de déontologie et de la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, que nous devons renforcer, j’ai posé la question des problèmes de gouvernance. Justement, pour sortir à l’avenir de ces questions de désignation, j’ai proposé une réforme de fond, en s’inspirant de ce que font certaines universités, s’appuyant notamment sur leurs réseaux d’anciens élèves. J’ai aussi proposé une remise à plat de la gouvernance intermédiaire. À mon sens, le système pyramidal qui existe depuis tant d’années à l’intérieur de Sciences Po, avec ses mille et une chapelles, devrait être aujourd’hui refondé. Évidemment, j’ai bien vu que cela ne plaisait pas… Enfin, je pense que Sciences Po est une institution parisienne qui a réussi à s’internationaliser mais qui doit désormais se tourner aussi vers les territoires de la République et je n’oublie pas l’Outre-mer. J’ai proposé une décentralisation vers ses six campus en région et certains IEP non-parisiens qui sont déjà sur ce terrain. Nous avons un rôle à jouer, de formation civique, de formation des cadres territoriaux. Tout le monde ne peut pas venir étudier à Paris. Et Paris gagnerait à renouer avec les territoires.

    Vous dites souvent que pendant longtemps, vos meilleurs étudiants de Sciences Po se lançaient en politique et qu’aujourd’hui ce sont plutôt ceux du bas du tableau… Comment expliquez-vous ce phénomène ?

    Oui, on ne peut que le déplorer. C’est probablement lié à la crise que traverse l’appareil d’État et à l’image dégradée de l’activité politique. Et aussi à la réussite de l’internationalisation des études. En troisième année, tous nos étudiants partent à l’étranger. Ils découvrent d’autres horizons que le service public et l’intérêt général « à la française ».

    Aujourd’hui, ils s’orientent largement vers des filières privées. Nous, enseignants, avons probablement notre part de responsabilité dans ce phénomène. Nous avons laissé en déshérence les fondamentaux historiques de Sciences Po. On enseigne moins les institutions, les évolutions de l’appareil d’État, la vie politique tout ce qui a fait pendant des décennies le coeur de notre enseignement. Nous avons perdu le cap.

    Il faut réhabiliter ces enseignements politiques au meilleur sens du terme ne serait-ce que pour restaurer une part de la confiance politique qui ne cesse de s’éroder. Quand l’École libre des sciences politiques a été fondée, au lendemain de la défaite de 1870 face à la Prusse, son but était de mieux former les cadres de la nation. C’était cela le cap, la mission de Sciences Po : former les cadres du pays… C’est un enjeu politique au meilleur sens du terme.

    Emmanuel Macron supprime l’ENA. Signe d’une faillite identique ?

    J’imagine que l’on va trouver un autre nom d’école, une ENA sans l’ENA. Mais peut-être que la question est la m��me que pour Sciences Po aujourd’hui. Quand on prétend former les élites, il faut régulièrement s’interroger : quelles élites ? Formées à quoi ? À quelles valeurs ? Que voulons-nous défendre ? Sommes-nous compatibles avec le modèle américain ? Quelles spécificités de notre République voulons nous défendre ? Dans la crise que nous traversons, ces questions sont essentielles. Or, à Sciences Po aujourd’hui, je n’ai malheureusement pas l’impression qu’elles sont posées avec la vigueur nécessaire…

    Comment se passera ensuite la désignation du directeur de l’école, celui qui remplacera Frédéric Mion ?

    En observant le comité de recherche, nous sommes nombreux à avoir le sentiment d’assister à une opération obscure. J’ai l’impression que l’objectif plus ou moins avoué est qu’il y ait demain à la tête de Sciences Po, la Fondation et l’IEP, une femme et un homme. Apparemment, même s’il n’y a aujourd’hui aucun candidat déclaré au poste de direction, ils sont nombreux à y prétendre en coulisses. Plusieurs noms circulent. Après tout ce qui s’est passé, je pense que l’urgence aurait été de mettre en place des pratiques transparentes et vertueuses plutôt que se fixer de manière obsessionnelle sur le « genre » des détenteurs de pouvoir.

    Vous en appelez à un arbitrage du ministère de l’Enseignement supérieur ?

    Le ministère de tutelle pourrait peut-être veiller au respect des statuts dans la lettre et dans l’esprit. Il y a urgence à rendre les choses lisibles. À sortir de ce qui apparaît comme des cooptations peu lisibles et peu dicibles. À remettre la maison en ordre de marche, ce que d’ailleurs, Bénédicte Durand, la directrice par intérim, fait très bien de son côté. Sciences Po a besoin de règles neuves et claires, d’une concurrence loyale et saine. C’est quand même tout ce que l’on enseigne aux étudiants depuis des années ! Pourquoi, dans nos propres processus de désignation, s’affranchir de ces règles simples à la base de notre propre enseignement ?

    Avez-vous eu des nouvelles d’Olivier Duhamel et pensez-vous, comme le disent certains, qu’il soit à la manoeuvre lui aussi en coulisses ?

    Je n’en ai aucune idée mais parfois, on peut avoir l’impression que cet épisode sombre de Sciences Po ne parvient pas à faire advenir l’avenir clair dont nous avons besoin.

    Marianne, 9 avr 2021

    Etiquettes : Sciences Po, Pascal Perrineau, Olivier Duhamel, Camille Kouchner, Marc Guillaume,  Frédéric Mion, Louis Schweitzer, 

  • Référendum, météo, nickel et déconfinement : l’actu à la 1 du vendredi 9 avril 2021

    L’essentiel de l’actualité ce vendredi avec les indépendantistes qui ont demandé hier la tenue du troisième référendum d’autodétermination, la dégradation du temps dès aujourd’hui, les discussions autour du nickel et l’annonce de l’évolution des mesures sanitaires en Calédonie.

    L’organisation du troisième référendum est lancée

    Les indépendantistes ont donc déposé hier une demande formelle d’organisation du scrutin sur le bureau du congrès. Un texte signé conjointement par l’UC et l’UNI soit 25 élus, sept de plus que les 18 signatures nécessaires selon la loi organique. Le scrutin devra se tenir avant octobre 2022.

    Les réactions ne se sont pas fait attendre, à commencer par celle de Sébastien Lecornu. Le ministre des Outre-mer a pris acte de cette demande dans un communiqué. « Les préparatifs débuteront prochainement » assure-t-il en précisant que les conséquences du « Oui » et du « Non » doivent être approfondies. C’est dans cette optique, dit-il, qu’une invitation a été lancée aux diverses sensibilités politiques calédoniennes pour une réunion de travail qui aura lieu du 25 mai au 3 juin prochain à Paris.

    Il faudra parler des conséquences du « oui » et du « non » mais aussi de la date du scrutin. Certes l’Etat a 18 mois pour organiser le référendum soit jusqu’en octobre 2022, mais la coalition Les Loyalistes a fait savoir dès hier soir tout comme le mouvement Générations NC, qu’elle souhaitait qu’il ait lieu avant la fin de l’année. Selon eux, les Calédoniens « n’en peuvent plus de vivre dans l’incertitude » pour Générations NC…parce qu’il ne faut pas que la campagne référendaire et la campagne pour la présidentielle 2022 ne se chevauchent pour Les Loyalistes. Ces derniers, très critiques avec les indépendantistes ,qui disent-ils ont « refusé les initiatives destinés à trouver une alternative pacifique » dans une « volonté irresponsable d’opposer les Calédoniens ». L’UNI et l’UC ne sont pas exprimées pour le moment.

    Une dépression tropicale se rapproche de nos côtes

    Après Lucas, Niran, et le déluge du week-end dernier, la Calédonie doit de nouveau se préparer à accueillir ce nouveau phénomène météo. Le temps devrait se dégrader dès aujourd’hui. Une vigilance jaune fortes pluies / orages est d’ailleurs en cours sur l’ensemble de la Grande-Terre, Les Belep, Ouvéa et Lifou.Les cumuls de pluie peuvent atteindre ce soir 50 à 100mm en quelques heures. Attention aux débordements des cours d’eau. Prudence si vous devez vous déplacer, ou si vous êtes proches de points d’eau.

    Discussions autour du nickel

    La première restitution des travaux des différents groupes de travail sur le nickel, initiés par Thierry Santa au travers des « matinées nickel Nc » a eu lieu ce jeudi matin. Objectif : construite un socle de connaissances, partagées par les différents acteurs de la filière.

    Vaccination et enseignement : le point presse de jeudi

    2014 personnes… C’est le nombre de personnes vaccinées dans la journée de mercredi. Et c’est un record depuis le début de la campagne. La barre des 40 000 doses injectées devrait être franchie.Des chiffres annoncés hier matin, lors du point sanitaire du gouvernement, assuré par le porte-parole Christopher Gyges. De son côté, Isabelle Champmoreau membre en charge de l’enseignement a fait le point sur la rentrée scolaire prévue lundi.

    Annonce des nouvelles mesures sanitaires ce vendredi

    Nous saurons à 11h ce matin si la Nouvelle-Calédonie sera totalement déconfinée ou non. Thierry Santa, le président du gouvernement, et Laurent Prevost, le haut-commissaire s’exprimeront sur l’évolution des mesures sanitaires. Des déclarations à suivre donc à 11h, sur nos antennes radio, télé, et web.

    Décès d’un patient wallisien au Médipôle

    Nous l’avons appris hier matin lors du point sanitaire; le décès d’un patient Covid, placé en réanimation au Médipôle. Il s’agit d’un homme âgé de 79 ans, évasané depuis Wallis le 1er avril dernier. Il souffrait de plusieurs pathologies, selon l’Agence de santé de Wallis. A ce jour, l’archipel compte 5 décès liés au Covid-19. Là-bas, le confinement est prolongé de deux semaines, soit jusqu’au 18 avril, à minuit, avec quelques adaptations. La décision a été prise hier par le COMIS, le Comité de suivi du Covid-19.

    La chasse est ouverte

    Avis aux chasseurs de roussettes et de notou. La Province Nord rappelle que la chasse n’est autorisée que pendant les weekends du mois d’avril. La quantité est limitée à 5 animaux par jour, et par chasseur. La collectivité rappelle aussi que la population de roussettes et de notou a été fragilisée par les derniers phénomènes météo et appelle donc à la responsabilité de chacun. Limitez vos prélèvements pour sauvegarder les espèces… C’est le message à retenir de la province Nord.

    NC 1ère, 9 avr 2021

    Etiquette : Nouvelle Calédonie, référendum, indépendance, colonisation, nikel, déconfinement, covid19, Générations NC, loyalistes, Wallis, Futuna, front de libération nationale kanak et socialiste, FLNKS,

  • Après Facebook, WhatsApp victime d’une vaste opération de piratage

    Quatre jours après la fuite de données de 533 millions d’utilisateurs de Facebook, l’application de messagerie instantanée est, elle aussi, touchée par une campagne d’arnaques. La mairie de Nouméa interpelle les utilisateurs face aux tentatives d’escroqueries sur les réseaux sociaux.

    « Désolé, je t’ai envoyé un SMS à six chiffres par erreur, tu peux me l’envoyer ? » Attention, si vous recevez ce message sur WhatsApp, ne répondez pas. La messagerie instantanée est victime une opération mondiale de piratage, qui vise à prendre la main sur les comptes des utilisateurs, grâce à l’envoi d’un message frauduleux. Cette arnaque, qui a débuté à la fin du mois de mars, a été repérée par le magazine britannique Which ? (en anglais), spécialisé dans la défense des consommateurs.

    Mettre en place la « Vérification en deux étapes »
    L’opération de piratage est bien rodée. Elle débute avec la réception d’un code de connexion pour une authentification à deux facteurs. Si vous le recevez sans l’avoir réclamé, il ne faut surtout pas répondre, ni cliquer sur le lien inséré dans le message.

    À la suite de ce premier SMS, un second est envoyé cette fois-ci, par un contact présent dans la liste du téléphone que les pirates tentent de hacker. Voici le message : « Désolé, je t’ai envoyé un code à 6 chiffres par SMS par erreur, peux-tu me le transférer s’il te plaît ? C’est urgent ».

    Un SMS auquel il ne faut surtout pas répondre, car son envoi signifie que le contact a été hacké et que votre compte le sera aussi. Il faut plutôt penser à activer l’authentification à deux facteurs sur WhatsApp. Pour ce faire, il faut se rendre dans les réglages de l’application, puis dans « Compte » et cliquer sur « Vérification en deux étapes ». Il ne reste plus qu’à l’activer en créant un code PIN puis en ajoutant une adresse mail.

    533 millions d’utilisateurs de Facebook touchés début avril
    Cette vaste campagne de piratage intervient quelques jours seulement après une large fuite de données de 533 millions d’utilisateurs de Facebook à travers le monde, révélée samedi 3 avril. Elle concernait près de 20 millions de Français. Des informations rendues publiques, qui contiennent notamment des numéros de téléphone et des adresses email.

    Pour être informé sur les utilisateurs dont les données ont été révélées, rendez-vous sur le site HaveIBeenPwned. Il suffit d’entrer dans la barre de recherche du site, son numéro de téléphone au format international avec l’indicatif « +33 » à la place du zéro initial. L’opération est également possible en saisissant son adresse mail.

    La mairie de Nouméa alerte sur des piratages
    La Ville de Nouméa précise d’ailleurs que de faux profils aux noms de personnalités publiques, incitent leurs interlocuteurs sur les réseaux sociaux, à s’inscrire pour l’obtention d’une bourse subventionnée par un établissement dénommé « BNI financement ». Une opération pour laquelle des documents falsifiés sont envoyés. Ils « utilisent la signature du maire, le logo de l’État et de la ville », précisent les services de la mairie.

    Les Calédoniens sont appelés à faire preuve de vigilance, à ne pas communiquer d’informations personnelles et à bloquer ou signaler tout compte frauduleux à la police nationale.

    NC ère, 8 avr 2021

    Etiquettes : Facebook, Whatsapp, piratage, hacking, réseaux sociaux, données,

  • Nouvelle-Calédonie : vers un troisième référendum sur l’indépendance en septembre 2022

    Sans surprise, le parti indépendantiste FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste) a demandé jeudi à l’État français d’organiser un troisième et dernier référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Prévue par l’accord de Nouméa, cette consultation devrait se tenir en septembre 2022.

    Les indépendantistes du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) ont demandé à l’État, jeudi 8 avril, l’organisation du troisième et dernier référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie prévu par l’accord de Nouméa (1998), qui organise la décolonisation progressive du « Caillou ».

    Le Bureau politique de la coalition indépendantiste a acté jeudi « une démarche unitaire » consistant en l’envoi au haut-commissaire de la République d’un seul courrier, signé des deux groupes FLNKS au Congrès, l’Union nationale pour l’indépendance (UNI) et l’Union calédonienne (UC), a indiqué à l’AFP Victor Tutugoro, membre de ce bureau.

    Ceux-ci, auxquels s’est jointe une élue d’un parti séparatiste minoritaire, représentent 26 élus sur 54.

    Depuis la date du 4 avril, soit six mois après le précédent scrutin du 4 octobre 2020, un minimum d’un tiers des élus du Congrès peut demander la tenue du troisième et dernier référendum inscrit dans l’accord de Nouméa.

    Consensus pour septembre 2022

    Alors que des divergences opposaient l’UNI et l’UC sur la date du troisième référendum, un consensus a par ailleurs été trouvé pour qu’il ait lieu en fin de période « en septembre 2022 », a-t-on indiqué de même source.

    Redoutant une victoire de Marine Le Pen à l’élection présidentielle de 2022, l’UNI préconisait une organisation du scrutin dès 2021, mais les contextes politique et sanitaire ont remis en cause cette option.

    L’État dispose d’un délai de 18 mois pour organiser la consultation, qui interviendra après celle du 4 novembre 2018 remportée avec 56,7 % des voix par les partisans du maintien dans la France et celle du 4 octobre 2020, que ces derniers ont également gagnée mais avec un score plus étroit de 53,3 %.

    L’accord de Nouméa prévoit la même question que lors des deux précédents scrutins : « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? », ce qui suscite des réticences côté loyaliste.

    « Nous ne souhaitons pas une troisième consultation qui divise, mais une solution d’avenir pour les Calédoniens », a déclaré à la télévision Caledonia Virginie Ruffenach, cheffe du groupe Avenir en confiance (AEC) au Congrès.

    L’élue a en outre souhaité que ce référendum « imposé » par les indépendantistes « se passe le plus rapidement possible ».

    Session de travail à Paris fin mai

    Le Premier ministre, Jean Castex, a invité les dirigeants calédoniens à Paris du 25 mai au 3 juin prochains « pour une session d’échanges et de travail » afin de préparer l’après-accord de Nouméa.

    « On se doit d’envisager le oui et le non. (…) Les Calédoniennes et les Calédoniens ont le droit de savoir pour quoi ils votent », a déclaré jeudi Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, dans une interview conjointe au Monde et au quotidien local, Les Nouvelles-Calédoniennes.

    « Nous avons fait travailler les services de l’État sur les implications en matière monétaire, bancaire, sur le nickel, sur le lien avec la République, les questions de citoyenneté, les questions régaliennes… Tous ces documents seront communiqués et pourront être consultés par les différents acteurs », a ajouté Sébastien Lecornu.

    Depuis le 17 février, les membres du gouvernement collégial de Nouvelle-Calédonie tentent d’élire un président, sans succès en raison de dissensions entre les indépendantistes, qui disposent de la majorité au sein de l’exécutif pour la première fois depuis le début de l’accord de Nouméa.

    Le scrutin voit s’opposer les deux courants du FLNKS : l’Union calédonienne a présenté Samuel Hnépeune, jusqu’alors président du Medef, et l’Union nationale pour l’indépendance a proposé Louis Mapou, actuel chef du groupe UNI-FLNKS au Congrès.

    Avec AFP

    France24, 8 avr 2021

    Etiquettes : Nouvelle Calédonie, référendum, Indpéndance, autodétermination, Nouméa, Front de libération nationale kanak et socialiste, FLNKS, Union calédonienne, UC, Victor Tutugoro, 

  • Migration : Sauvetage de deux bateaux partis du Maroc vers les Îles Canaries

    Encore une fois deux bateaux pneumatiques avec un total de 124 Africains sauvés de Fuerteventura

    Les conditions météorologiques favorables avec peu de vent et des mers calmes en conséquence garantissent actuellement apparemment que de plus en plus de migrants d’Afrique empruntent la route dangereuse à travers l’Atlantique vers les îles Canaries. Avec une distance de seulement 100 kilomètres, Fuerteventura est la plus proche du continent africain de toutes les Canaries.

    Le soir du 7 mars et au petit matin du 8 mars 2021, deux canots pneumatiques avec respectivement 65 et 59 migrants d’Afrique ont été découverts dans les eaux au large de Fuerteventura.

    Le premier bateau se trouvait à environ 53 kilomètres à l’est de Fuerteventura lorsqu’il a été découvert. Selon les premières informations, il y avait 65 personnes à bord, dont 10 femmes et 1 bébé. Il a été découvert vers 17 heures par un avion SAR de sauvetage en mer.

    La recherche du canot pneumatique avait déjà duré toute la journée après que les autorités de sauvetage en mer ont reçu un appel indiquant qu’un canot pneumatique avait décollé du port de Tarfaya au Maroc pour les îles Canaries.

    Les migrants, qui seraient tous originaires d’Afrique subsaharienne, ont été embarqués sur l’embarcation de sauvetage Salvamar Mizar et emmenés au port de Puerto del Rosario.

    Les migrants semblaient en bonne santé lorsqu’ils sont arrivés à Fuerteventura. Toutes les personnes sont testées pour corona au moyen de PCR à l’arrivée et doivent être mises en quarantaine pendant au moins 10 jours.

    Deuxième bateau à environ 45 kilomètres au sud de Morro Jable

    Un autre canot pneumatique a été trouvé à environ 45 kilomètres au sud de Morro Jable. Il aurait quitté le cap Bojador au Sahara occidental mardi vers 22 heures.

    59 Africains y participaient, dont 41 hommes, 17 femmes et un enfant.

    Étant donné que l’embarcation de sauvetage stationnée à Gran Tarajal sur Fuerteventura avec les occupants du premier canot pneumatique était déjà en route pour Puerto del Rosario, un canot de sauvetage de Gran Canaria a dû venir à la rescousse du deuxième bateau de réfugiés. Il a fallu environ 4 heures à Guardamar Talía pour se rendre au canot pneumatique depuis son port d’origine d’Arguineguín.

    Après avoir embarqué les migrants et remorqué le bateau, le Guardmar Talía est retourné à Gran Canaria.

    Fuerteventura Zeitung, 9 avr 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Iles Canaries, migration, subsahariens, africains,

  • Un ministre français sous Sarkozy admet avoir mangé dans un restaurant illégal pendant la pandémie

    Hortefeux a déclaré qu’une connaissance lui a conseillé de se rendre à une adresse dans le 8e arrondissement de Paris, qu’il pensait être son propre domicile ou celui d’amis.

    EFE

    L’ancien ministre français Brice Hortefeux a reconnu avoir mangé dans un appartement de luxe à Paris transformé en restaurant par un chef réputé, alors que ces établissements sont interdits en France par les restrictions du covid.

    M. Hortefeux, aujourd’hui député européen du parti Les Républicains et ancien ministre de l’Intérieur sous la présidence de Nicolas Sarkozy, avec lequel il a entretenu une grande proximité, a affirmé samedi dans sa défense auprès de plusieurs médias qu’il avait agi de bonne foi et ne pensait pas commettre d’illégalité.

    Selon l’eurodéputé conservateur, le repas controversé a eu lieu le 30 mars et était une réunion professionnelle avec le journaliste vétéran Alain Duhamel et une troisième personne dont l’identité n’a pas été révélée.

    S’adressant au site d’information Médiapart, Hortefeux a raconté qu’une connaissance lui avait indiqué une adresse dans le 8e arrondissement de Paris, qu’il pensait être son propre domicile ou celui d’amis.

    Lorsqu’il est arrivé, les trois personnes qui avaient été convoquées ont été placées dans une petite pièce. La facture a été payée par carte de crédit. « Tout semblait légal », a souligné l’ancien ministre.

    Le fait est que les restaurants en France sont fermés par décision administrative pour éviter la propagation du coronavirus depuis la fin du mois d’octobre, ainsi que tous les autres établissements sociaux tels que les bars, les cafés, les cinémas, les théâtres, les salles de spectacle, les musées et les salles de sport, entre autres.

    Aucun signe des membres du gouvernement

    Duhamel, quant à lui, a dit se sentir un peu trompé de se rendre dans cet appartement de luxe tenu par le chef Christophe Leroy, qui a été ce vendredi en garde à vue quelques heures pour être interrogé.

    Son avocat, Thierry Fradet, a déclaré qu’il avait présenté une série de documents détaillant les services qu’il fournissait, qui, selon lui, étaient conformes aux règles en vigueur.

    Le bureau du procureur a fait savoir que pour l’instant il n’y a pas d’élément permettant d’établir que des membres du gouvernement étaient impliqués.

    Une précision qui explique que les révélations sur la présence d’Hortefeux dans un prétendu restaurant clandestin interviennent dans une semaine où l’on n’a cessé de spéculer en France sur la présence de ministres à des fêtes illégales alors que le pays tout entier est en régime de semi-confinement.

    Tout a commencé par la diffusion d’un reportage sur la chaîne M6 le 3 avec des images de ces soirées enregistrées en caméra cachée et surtout avec les propos d’un homme qui apparaissait comme l’organisateur et qui affirmait avoir participé à des repas avec des ministres.

    Lorsqu’il fut connu que l’auteur de cette accusation était Pierre-Jean Chalençon, personnage flamboyant, collectionneur de pièces liées à Napoléon et propriétaire d’un palais de réception au cœur de Paris, il répondit lui-même que ce qu’il avait dit sur la présence des ministres était une plaisanterie.

    Son démenti n’a cependant pas pu arrêter la vague de rumeurs et de commentaires sur les réseaux sociaux, avant laquelle plusieurs membres du gouvernement ont dû se manifester pour affirmer qu’ils n’avaient pas participé à ces célébrations désormais proscrites.

    Publico.es, 10 avr 2021

    Etiquettes : France, Brice Hortefeux, Nicolas Sarkozy, Les Républicains, restaurant illégal, restaurant clandestin,

  • Tentative de révolution de palais en Jordanie: l’ombre de l’Arabie saoudite et d’Israël?

    Putsch au sein de la famille royale jordanienne? Le prince Hamza aurait fomenté une sédition contre le roi Abdallah II à l’aide de puissances étrangères.

    Malgré une réconciliation de façade, l’affaire a dévoilé la corruption interne et l’hostilité des voisins de la Jordanie, estime Karim Sader, politologue, consultant spécialiste du Moyen Orient.

    Contre toute attente, le prince Hamza Ben Hussein et le roi de Jordanie Abdallah II se sont finalement réconciliés. Le temps d’un week-end, la famille hachémite a été au bord de la rupture.

    D’habitude soucieux de se tenir à l’écart des tensions régionales et connu pour sa relative stabilité, ce partenaire clé des Etats-Unis au Moyen-Orient a été sur le point de sombrer dans un scandale d’Etat. Le samedi 3 avril, le pouvoir central avait en effet ordonné l’arrestation du prince Hamza, ainsi que de plusieurs personnalités politiques de haut rang. Le prince Hamza Ben Hussein, demi-frère du roi Abdallah II, a été accusé d’avoir fomenté un coup d’Etat et placé en résidence surveillée.

    Le ministre des Affaires étrangères jordanien, Ayman Safadi, a déclaré le 3 avril lors d’une conférence de presse que « les services de sécurité » avaient suivi « durant une longue période les activités et les mouvements du prince Hamza ben Hussein, de Cherif Hassan ben Zaid et de Bassem Awadallah et d’autres personnes visant la sécurité et la stabilité de la patrie. »

    Dans une vidéo postée sur son compte Twitter dans la nuit du dimanche 4 avril, le prince Hamza avait répondu négativement aux injonctions du roi Abdallah II lui demandant « d’obéir aux ordres ». Le divorce semblait ainsi consommé entre les deux hommes.

    Le Maghreb,10 avr 2021

    Etiquettes : Jordanie, Roi Abdallah, Hamza Bin Hussein,

  • Algérie – France: Une visite reportée et des spéculations

    par R.N.


    Le cabinet du Premier ministère français a confirmé jeudi officiellement le report de la visite à Alger de Jean Castex et sa délégation prévue pour demain, dimanche 11 avril.

    Des rumeurs et supputations algériennes à une déclaration officielle française, Jean Castex ne viendra pas demain à Alger. Sa visite est reportée à «une date ultérieure ». Contactée par nos soins à ce sujet, l’ambassade de France nous a transmis le communiqué de l’hôtel de Matignon (siège du bureau et cabinet du Premier ministre) qui le confirme. « D’un commun accord et compte tenu du contexte sanitaire, les autorités algériennes et françaises ont décidé de reporter la 5e Session du Comité intergouvernemental de haut niveau franco-algérien (CIHN) qui devait avoir lieu le 11 avril », écrivent les services du Premier ministre français. Ils expliquent alors que, « à chaque session du CIHN, les délégations ministérielles, algériennes comme françaises, se réunissent afin d’échanger sur les sujets de coopération entre nos deux pays. L’épidémie de Covid-19 ne permettant pas à ces délégations de se retrouver dans des conditions pleinement satisfaisantes, le CIHN est donc reporté à une date ultérieure, lorsque le contexte sanitaire sera plus favorable ». Voilà qui semble clair du côté français, bien qu’une visite certainement préparée et programmée depuis plusieurs mois ne peut être reportée à peine à 72 heures de la date qui lui a été fixée. De surcroît lorsque la raison évoquée pour le justifier est une situation de crise sanitaire qui malmène les gouvernements depuis plus d’une année. Le communiqué de Matignon ne dit pas tout de ce que cache ce report inattendu d’une visite déjà renvoyée « à une date ultérieure » une première fois en janvier dernier alors que deux mois avant, Alger a reçu la visite de deux ministres régaliens, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian (15-16 octobre) et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin (8-9 novembre) qui semblaient venus la préparer avec leurs homologues algériens.

    Le silence étonnant d’Alger

    Ceci, sans compter les nombreux entretiens téléphoniques entre les deux présidents Tebboune et Macron, ce qui laisse à penser que les deux hommes se concertent régulièrement sur les grandes questions bilatérales et régionales. Le côté algérien, lui, ne dit rien sur ce report. Jusqu’à hier, aucune déclaration officielle n’a été faite.

    Des médias audiovisuels et électroniques ont rapporté des propos de sources anonymes pour l’annoncer. Certains ont même évoqué une source française qui reprend une autre algérienne qui fait savoir que le report de la visite française a été décidé par Alger « à cause du format de la délégation française (qui) n’est pas à la hauteur (de l’événement), la visite a été réduite à une journée et la délégation à 4 ministres ». « C’est un sous-format alors qu’il y avait beaucoup de dossiers bilatéraux à étudier », avancent des agences de presse reprenant des sources algériennes.

    Il était prévu selon ces sources que les deux parties fassent le point sur les questions politiques, sécuritaires, économiques, de l’éducation et de la culture en plus de la signature d’accords dans des domaines de coopération ».

    Des diplomates algériens nous font savoir que « de 10 ministres, la délégation française a été réduite à seulement 2 ou 3 ». Nos sources font remarquer en outre que « le Premier ministre français allait ramener avec lui une armada de journalistes qui pouvaient mettre à profit sa visite pour focaliser sur les militants du hirak ». Ces thèses ont été reprises par de nombreux médias français qui ont tous rappelé « un contexte algérien marqué par un mouvement de contestation populaire ».

    Au-delà, les diplomates algériens relèvent les propos tenus jeudi dernier devant le Conseil de la Nation par le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale.

    Les couacs de plus

    « Personne ne s’est attendu à ce que El Hachemi Djaâboub écorche la France alors qu’il devait expliquait les raisons du déficit des caisses de sécurité sociale en tête celle des retraites », disent-ils. En soulignant que toutes les caisses de retraite dans le monde souffrent de déficits, le ministre a lâché, « la France, notre ennemi traditionnel et éternel, a un déficit de 44,4 milliards d’euros dans sa caisse de retraite, nous, on en est pas là Alhamdoullillah »… Propos qu’ils qualifient de « couac politique à la veille d’une visite officielle française importante ». Nos diplomates nuancent par contre les effets de la décision du parti du président français LREM (La République en marche) d’ouvrir un bureau à Dakhla, ville sahraouie occupée. « Bien qu’elle frise la provocation, cette décision ne peut en rien peser sur la visite parce que sur la question du Sahara Occidental, les Français n’ont jamais caché leur soutien à nos voisins marocains et cette question n’a jamais été un élément décisif dans les relations entre nos deux pays, qu’un parti, fût-il celui du président, décide d’ouvrir un bureau à Dakhla alors qu’ils nous mènent la vie dure aux Nations Unies, ce serait exagéré de penser que c’est ça qui a provoqué le courroux de nos autorités», affirment-ils.

    Ce qui étonne le plus les diplomates algériens, c’est, nous disent-ils « ce couac diplomatique qui dure, Mohamed-Antar Daoud nommé ambassadeur d’Algérie en France n’a pas encore présenté ses lettres de créances au président Macron alors qu’il se trouve à Paris depuis 8 mois ». Pour eux, « en langage diplomatique, la France ne veut pas de lui, alors que son ambassadeur François Gouyette, les a présentées en juillet dernier au président Tebboune ».

    Alger et Paris pourraient croiser le fer une nouvelle fois et ce malgré la multiplication des signes d’apaisement de Macron concernant notamment la mémoire et l’histoire coloniale.

    Quand le militaire prend le pas sur le politique

    Il semble cependant que le militaire a décidé de prendre le pas sur le politique puisque ce même jeudi de l’annonce du report de la visite de Castex, le chef d’état-major algérien recevait son homologue français au siège du ministère de la Défense nationale. Comme indiqué par un communiqué du MDN, le général de corps d’armée Saïd Chanegriha, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), a en effet reçu jeudi au siège de l’état-major de l’ANP, le général d’armée, François Lecointre, chef d’état-major des armées françaises. «L’Algérie considère que la stabilité et la sécurité de son voisinage sont directement liées à sa sécurité. Pour cela, d’énormes efforts sont consentis par mon pays à travers l’adaptation des dispositifs militaires tout au long des frontières, en vue de concrétiser la stabilité dans les pays de l’espace méditerranéen», a affirmé le général de corps d’armée Saïd Chanegriha.» A cet effet, consciente de l’ampleur du danger que représente le terrorisme sur la paix et la stabilité régionales, l’Algérie n’a pas lésiné sur les initiatives et le soutien en direction de ses voisins pour coordonner les efforts sur la base d’une vision commune, à travers le mécanisme du Comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC)», a-t-il souligné. A cette occasion, note le communiqué, le général de corps d’armée a évoqué «la problématique liée à la réhabilitation des deux anciens sites d’essais nucléaires français, à Reggane et In-Ikker».

    Chanegriha a déclaré à cet effet que «je tiens à évoquer la problématique des négociations, au sein du groupe algéro-français, au sujet des anciens sites d’essais nucléaires et des autres essais au Sahara algérien, où nous attendons votre soutien, lors de la 17ème session du groupe mixte algéro-français, prévue en mai 2021, pour la prise en charge définitive des opérations de réhabilitation des sites de Reggane et In-Ikker, ainsi que votre assistance pour nous fournir les cartes topographiques permettant la localisation des zones d’enfouissement, non découvertes à ce jour, des déchets contaminés, radioactifs ou chimiques ». Contrastant avec les ambiguïtés diplomatiques ambiantes, le message militaire est d’une grande clarté, qui plus est concerne des questions d’une sensibilité et d’une importance cruciales pour l’Algérie.

    Le Quotidien d’Oran, 10 avr 2021

    Etiquettes : Algérie, France, Jean Castex, Sahara Occidental, Maroc,

  • Jean-Pierre Verdy : ma guerre contre les tricheurs

    Ces jours-ci rebondit partout la nouvelle d’un ex-fonctionnaire français qui accuse Lance Armstrong d’avoir utilisé un cyclomoteur caché dans le vélo aux beaux jours de ses victoires.

    L’ancien fonctionnaire a un nom, Jean-Pierre Verdy, et ces accusations sont rassemblées dans un livre qu’il vient de publier : Dopage : Ma guerre contre les tricheurs.

    M. Verdy a été le directeur et le créateur du département des contrôles de l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) de 2006 à 2015, et à ce titre, il a mis en place des « cellules de type commando », comme il les appelle, qui sont des unités mixtes composées de fonctionnaires de différents organismes, tels que le fisc, les douanes, la police, la gendarmerie et les inspecteurs pharmaceutiques, travaillant ensemble. Avant de prendre cette fonction, Verdy a été pentathlète puis entraîneur de pentathlon à l’INSEP, le centre d’excellence de l’État français pour les activités sportives, qui regroupe et forme les « nationaux » de tous les sports, et qui est situé aux portes de Paris.

    Les accusations de Verdy, mûries donc au cours de ses trente années de fréquentation du milieu, vont au-delà de la prétendue mobylette d’Armstrong, mais frappent au cœur du « système » antidopage, que Verdy appelle, en citant un conseiller scientifique de l’AFLD, le système du « faire croire ». C’est-à-dire la gestion subtile de la lutte contre le dopage, mais sans trop freiner les ambitions de résultats des ministères, des fédérations et des sponsors. Un système dans lequel d’énormes investissements sont réalisés pour les contrôles, mais sans que ceux-ci ne nuisent au produit des victoires, ne les entravent. Un effet néfaste qui se répercute ensuite sur les mêmes contrôleurs dont le financement est coupé. Un équilibre fin, très fin, où les sports qui comptent le plus financièrement sont davantage couverts à tous les niveaux.

    Verdy parle de l’environnement extrêmement fermé et omertoso du football, ou du « crime de lèse-majesté » que représentait ( ?) le contrôle d’un Rafael Nadal. « Une seule fois », raconte Verdy, « nous avons été autorisés à le contrôler. »

    Verdy ne manque évidemment pas de mentionner le cyclisme, qui a toujours été étroitement lié au dopage. Il mentionne les amitiés influentes d’Armstrong, comme l’ancien président français Nicolas Sarkozy. Verdy raconte comment, en mars 2009, il a organisé une vaste opération de contrôle dans la résidence française d’Armstrong à Saint-Jean-Cap-Ferrat, sur la Côte d’Azur, mais que l’Américain lui a simplement claqué la porte au nez. Ce qui aurait dû entraîner une disqualification automatique, mais rien ne s’est produit ; au contraire, M. Sarkozy est allé lui rendre personnellement visite au Tour de France peu après. Quelque chose que Verdy qualifie d’ »hallucinant » étant donné que tout le monde savait depuis au moins 2005 qu’il était dopé. En effet, à la fin du Tour, Lance a été accueilli en grande pompe à l’Elysée, le palais présidentiel français, pour la présentation du Tour 2010.

    Lors du même Tour, juste avant la visite de Sarkozy à Armstrong, le bus Astana a été arrêté à la douane à la frontière franco-suisse, mais a été laissé partir sur « ordre supérieur » sans fouille, les Suisses étant « furieux » parce qu’avant d’être laissé partir, ils avaient trouvé à bord des bouteilles d’huile portant le nom de chaque coureur. Suite à cet épisode, le président de l’AFLD, Pierre Bordy, a démissionné. Armstrong n’a pas manqué l’occasion d’un de ses tests habituels d’arrogance qui l’ont rendu si aimé de tous :

    Sur Armstrong ensuite le soupçon de la mobylette cachée, qui aurait été avalisé par le réseau d’informateurs de Verdy à l’époque, ainsi que la conviction de certains conseillers scientifiques de l’AFLD que certaines des performances d’Armstrong n’auraient pas été possibles même avec l’utilisation d’EPO (Verdy ajoute : « d’autant plus qu’on savait qu’avant la maladie l’Américain ne restait pas avec les premiers même sur un viaduc »).

    Preuve : aucune. Mais Verdy affirme que « je n’ai pas la preuve, mais un jour peut-être, on la trouvera ». Je le crois. »

    Outre Armstrong, on trouve également des références à d’autres cyclistes, comme « le père de deux coureurs luxembourgeois » observé à minuit en train de monter dans les chambres de l’hôtel où leurs enfants séjournaient pendant le Tour, dans une intrusion extra-française avec une glacière, qui ne pouvait pas être fouillée car la seule compétence était celle des douaniers, qui n’étaient pas disponibles à ce moment-là.

    En bref, rien de nouveau, ou peut-être que si. Le tableau de l’histoire du dopage est défini de manière de plus en plus détaillée au fil du temps. Mais en même temps, elle se confond aussi avec le brouillard de la mémoire, notamment de ceux qui ne veulent pas savoir.

    BDC-MAG.COM, 10 avr 2021

    Etiquettes : Jean-Pierre Verdy, Lance Armstrong, Dopage: Ma guerre contre les tricheurs, Agence française de lutte contre le dopage, Nicolas Sarkozy, dopage, sport,

  • Comment Sarkozy et Berlusconi ont échappé à la prison malgré leur condamnation

    Les acquittements, les amnisties, les délais de prescription et l’âge ont permis à l’ancien Premier ministre italien d’éviter la prison, tandis que l’ancien président français a été blanchi dans une affaire et est jugé dans une autre liée au financement illicite de ses campagnes électorales, tout en faisant appel d’une condamnation pour corruption active.

    José Sócrates n’est pas le seul homme politique d’un pays de l’UE à être confronté à des procès qui traînent depuis des années dans les couloirs de la justice. L’ancien président français Nicolas Sarkozy et l’ancien premier ministre italien Silvio Berlusconi sont encore plus « expérimentés » en la matière : non seulement ils se sont assis sur le banc des accusés, mais ils ont tous deux été condamnés à de véritables peines de prison, bien qu’aucun d’entre eux n’ait encore purgé sa peine.

    Début mars dernier, Nicolas Sarkozy est devenu le deuxième chef d’État français, après Jacques Chirac, à être condamné par la justice à une peine de prison effective après avoir quitté ses fonctions. L’ancien président (2007 à 2012) a été condamné en première instance à trois ans de prison pour corruption et trafic d’influence, ayant déjà annoncé, par l’intermédiaire de son avocat, l’intention de faire appel de la décision. La procédure peut prendre des années avant de passer en force de chose jugée, c’est-à-dire jusqu’à la décision finale de la justice sans possibilité d’appel devant une juridiction supérieure.

    La juge Christine Mée d’un tribunal de Paris a estimé que Sarkozy, par l’intermédiaire de son avocat et ami Thierry Herzog, avait proposé un poste au Conseil d’État de Monaco à Gilbert Azibert, alors juge à la Cour suprême. En retour, l’ancien président français lui a demandé des informations confidentielles sur l’enquête concernant l’affaire Bettencourt, dans laquelle il était soupçonné d’avoir reçu des fonds illégaux pendant la campagne présidentielle de 2007 de la part de Liliana Bettencourt, héritière de l’empire L’Oréal et alors femme la plus riche du pays. M. Sarkozy a été blanchi dans cette affaire, mais il devra se battre devant les tribunaux pour se débarrasser de sa condamnation à trois ans de prison pour avoir voulu en savoir plus qu’il ne pouvait sur l’évolution de l’affaire.

    À 66 ans, M. Sarkozy est également accusé d’avoir reçu des millions d’euros du dictateur libyen Mouammar Kadhafi dans le cadre de la même campagne électorale, tandis qu’il est également jugé pour avoir dépassé le plafond de financement dans la course à la réélection présidentielle de 2012, dont il sortira vaincu par François Hollande.

    En Italie, Silvio Berlusconi est déjà un habitué de la chose. En 2009, selon ses propres dires, il avait déjà effectué 2 500 comparutions dans plus d’une centaine de tribunaux. Ses premières peines de prison, dans les années 1990, ont eu le même résultat que les plus récentes. Entre les acquittements, les amnisties, les prescriptions, les condamnations avec sursis et les appels fructueux, le jour n’est pas encore venu où l’ancien Premier ministre italien, qui a effectué trois mandats (1994-1995, 2001-2006 et 2008-2011), purgera effectivement une peine de prison.

    Ces dernières années, il a été condamné à sept ans de prison pour abus de pouvoir et paiement à un mineur en échange de services sexuels (l’affaire Ruby), mais il a gagné ses appels ; il a été puni de trois ans de prison pour corruption d’un sénateur, mais comme l’affaire arrivait bientôt à échéance, sans possibilité d’appel, la sentence est « morte à la naissance » ; et la seule peine de quatre ans d’emprisonnement pour fraude fiscale devenue définitive et contraignante a été réduite à un an par une amnistie nationale, puis transformée en assignation à résidence en raison de l’âge du condamné (77 ans), avant d’être finalement remplacée par un travail d’intérêt général (un jour par semaine pendant quatre heures), qui n’a finalement duré que dix mois et demi au lieu d’un an, à la suite d’une nouvelle décision de justice.

    Aujourd’hui âgé de 84 ans, M. Berlusconi est accusé de subornation de témoins et de faux témoignage dans un autre volet de l’affaire Ruby, qui le poursuit depuis près de dix ans. Le politicien et homme d’affaires est accusé d’avoir acheté le silence de plusieurs personnes qui ont assisté à ses fameuses parties de jambes en l’air, dont Ruby elle-même, une Marocaine nommée Karima El Mahroug. Selon l’accusation, les dépenses à cette fin auront atteint une valeur d’environ 12 millions d’euros, qui comprennent des maisons et des voitures.

    Visao, 10 avr 2021

    Etiquettes : Portugal, France, Italie, Justice, Nicolas Sakozy Silvio Berlusconi,