Mois : avril 2021

  • Dix ans après l’interdiction de la burqa, la France continue de se battre sur le port du voile

    Les femmes musulmanes de France pourraient bientôt se voir interdire le port du foulard à la piscine ou lors de sorties scolaires. Du moins, c’est ce que veut le Sénat. Le voile intégral est déjà interdit dans le pays depuis 2010. Les débats sur le voile font toujours rage.

    Dix ans après l’interdiction du port du voile intégral dans l’espace public français, les femmes musulmanes du pays pourraient bientôt être confrontées à de nouvelles restrictions. Le Sénat, la chambre haute du parlement français, a récemment voté l’interdiction du port du foulard pour les mineurs et les accompagnateurs lors des voyages scolaires. En outre, le voile sous forme de burkinis doit être interdit dans les piscines. Toutefois, ce règlement n’est pas encore définitif.

    La France se considère comme un pays laïque avec une stricte séparation de l’État et de la religion. Selon les estimations, entre 3,5 et 6 millions de musulmans vivent dans ce pays de 67 millions d’habitants. L’interdiction du port du voile intégral en public est entrée en vigueur le 11 avril 2010. Il s’agit de la première ordonnance de ce type dans un pays occidental.

    Les nouvelles mesures prises par le Sénat à tendance conservatrice pour interdire le foulard sont des amendements à la loi dite « Strengthening Republican Principles Act ». Avec cette loi, le gouvernement du président Emmanuel Macron veut agir contre l’islamisme sur fond d’attentats terroristes. Il s’agit, par exemple, de la lutte contre la haine sur Internet. Le Premier ministre Jean Castex ne cesse de souligner que le projet n’est pas dirigé contre la religion. Amnesty International craint néanmoins une application discriminatoire au vu des débats stigmatisants sur les musulmans et l’islam.

    Mais les amendements du Sénat ne sont pas encore définitifs. Pour qu’elles aient force de loi, l’Assemblée nationale doit également donner son feu vert. Il n’est pas encore certain que cela se produise ou que le projet échoue à la chambre basse du Parlement, qui dispose d’une majorité libérale plus forte. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est prononcé contre ces interdictions.

    Néanmoins, les restrictions prévues par le Sénat ont déjà suscité l’indignation – y compris au niveau international. Sous le hashtag #HandsOffMyHijab (« Bas les pattes de mon hijab »), de nombreuses personnes ont remis en question le plan sur les médias sociaux. La vidéo d’une jeune musulmane française de 17 ans sur la plateforme TikTok, dans laquelle elle raconte le vote et remplace son hijab par une casquette de baseball et une capuche, a été vue par plus de trois millions de personnes. L’interdiction de la burqa a également suscité des critiques. Une Française en nikab, Kenza Drider, a même voulu se présenter à l’élection présidentielle de 2012 en signe de protestation. Cependant, sa candidature n’a pas été autorisée.

    La controverse sur le port du foulard en France a commencé bien avant l’interdiction de la burqa en 2010. Dès 1994, une loi est entrée en vigueur qui n’autorisait que les signes religieux discrets – mais non ostensibles – dans les écoles. Dix ans plus tard, le foulard a été complètement interdit dans les écoles, mais pas la kippa ni la croix. Il y a dix ans, l’interdiction du port du voile intégral en public a suivi. Initialement prévu comme une interdiction partielle, le gouvernement alors conservateur du président Nicolas Sarkozy a durci le ton après une défaite électorale aux élections régionales et une augmentation des votes du Front national (aujourd’hui : Rassemblement national), un parti d’extrême droite.

    Les violations de l’interdiction du port du voile intégral sont sanctionnées par des amendes. En cas de violations multiples, il y a également la menace de devoir suivre un cours de citoyenneté. Il est difficile de savoir combien de femmes sont réellement concernées par le règlement. Selon les chercheurs, seule une fraction des femmes musulmanes en France porte une forme quelconque de voile. Le foulard a plutôt pris une plus grande signification symbolique.

    Blue News, 10 avr 2021

    Etiquettes : France, Burqa, nikab, Islam, islamophobie,

  • Opération Marquês. Le grand condamné est la justice portugaise, dit Boaventura de Sousa Santos.

    Le sociologue et juriste affirme que la justice portugaise est la grande condamnée de l’instruction de l’opération Marquis : « Voilà ce qui est vraiment condamné ».

    L’enquête sur l’opération Marquis a été « une grande condamnation de la justice portugaise », en particulier des procédures du ministère public dans les cas de crimes de grande complexité, a déclaré le sociologue et juriste Boaventura de Sousa Santos.

    « C’est une grande condamnation de la justice portugaise. C’est cela qui est vraiment condamné et très particulièrement les procédures du ministère public dans cette affaire », a-t-il déclaré à l’agence de presse Lusa, également professeur à l’université de Coimbra, soulignant qu’il y a « longtemps », il a dénoncé « l’erreur consistant à essayer de rassembler tous les crimes, toutes les indications de comportement criminel dans des méga-processus qui ne se terminent jamais parce qu’ils ont trop de cas et d’accusés ». Pour Boaventura de Sousa Santos, la décision d’ouvrir une enquête était « prévisible ».

    Le résumé le plus cruel est : La montagne a donné naissance à une souris. Parmi les crimes faisant l’objet d’une enquête, nous avons vu que ceux qui pourraient être politiquement plus dommageables et plus graves, à savoir les crimes de corruption, ne s’appliquent pas à José Sócrates. La vérité dans le processus judiciaire est toujours beaucoup plus forte que celle qui est simplement anecdotique, ou celle qui est rapportée dans les médias », a-t-il déclaré.

    Il a également déclaré que cette affaire montre les faiblesses de la justice dans les crimes très complexes, notamment la stratégie du ministère public.

    C’est une caricature cruelle de la justice portugaise dans cette situation. Heureusement, ce n’est pas un portrait de toute la justice portugaise et en fait, le juge Ivo Rosa a donné une image de la crédibilité de la justice portugaise en ce qu’il a strictement suivi les principes que nous tous, juristes, avons appris dans le processus pénal », a-t-il souligné.

    Selon le sociologue, il faut « des changements législatifs et procéduraux ». Boaventura de Sousa Santos a rappelé le cas de l’ancien président français, Nicolas Sarkozy, où « deux ans ont suffi pour être jugé ».

    « C’est la même culture juridique, c’est la même base des codes, mais il y a une stratégie pénale différente en France et au Portugal. En France, le procureur de la République se concentre sur les crimes pour lesquels il dispose de preuves solides », a-t-il souligné.

    Parmi les 28 accusés de l’opération Marquês (19 personnes et neuf sociétés), l’ancien Premier ministre José Sócrates et l’homme d’affaires Carlos Santos Silva, tous deux prononcés pour trois délits de blanchiment d’argent et trois délits de falsification de documents.

    Selon la décision lue par le juge Ivo Rosa, dans le Campus de Justice, à Lisbonne, ont été également prononcés l’ancien ministre et ancien directeur de Caixa Geral de Depósitos Armando Vara, pour un crime de blanchiment d’argent, et l’ancien président du Groupe Espirito Santo Ricardo Salgado, pour trois crimes d’abus de confiance.

    João Perna, ancien chauffeur de José Sócrates, sera jugé pour un délit de possession d’une arme prohibée. Dans le cadre de ce processus, 189 crimes économico-financiers étaient en cause. José Sócrates a été arrêté en novembre 2014. L’acte d’accusation de l’ancien Premier ministre et de 27 autres accusés était connu en octobre 2017.

    Observador, 9 avr 2021

    Etiquettes : Portugal, justice, détournement, corruption, malversation, Armando Vara, Ricardo Salgado, João Perna, Nicolas Sarkozy,

  • Des lois contre les burqas et les nikabs sont en vigueur en Europe depuis dix ans maintenant.


    Des lois contre les voiles faciaux comme les burqas et les nikabs sont en vigueur en Europe depuis dix ans. La France a fait le premier pas, de nombreux autres pays ont suivi. Une vue d’ensemble :

    FRANCE : Il y a dix ans, la France est devenue le premier pays d’Europe à interdire le port public de la burqa et du nikab, le voile facial qui ne laisse apparaître que les yeux. La loi est entrée en vigueur le 11 avril 2011. Depuis lors, les femmes entièrement voilées sont passibles d’une amende de 150 euros. La Cour européenne des droits de l’homme a déclaré la loi légale en 2014.

    Néanmoins, elle est controversée : Dans une étude récente, la sociologue Agnès De Féo, de l’université d’élite EHESS à Paris, a accusé les hommes politiques d’avoir « radicalisé » certaines femmes musulmanes en « stigmatisant » le voile du visage. Le camp politique de droite, quant à lui, défend la loi datant de l’époque du président Nicolas Sarkozy. Les populistes de droite de Marine Le Pen appellent même à une interdiction générale du port du foulard en public.

    SUISSE : Lors d’un référendum organisé début mars, les Suisses ont voté à une courte majorité pour l’interdiction du voile en public. L’initiative était principalement dirigée contre les burqas et les nikabs. Elle a été promue avec le slogan « Stop à l’islam radical !

    BELGIQUE : En Belgique, l’interdiction du port du voile intégral en public est en vigueur depuis juillet 2011. En plus des amendes, elle est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à sept jours de prison. La Cour européenne des droits de l’homme a également approuvé cette interdiction en 2017.

    AUTRICHE : En Autriche, l’interdiction du port du voile intégral en public est en vigueur depuis octobre 2017, les contrevenants s’exposant à des amendes pouvant aller jusqu’à 150 euros.

    BULGARIE : En 2016, le parlement bulgare a voté l’interdiction du voile facial en public. Les contrevenants s’exposent à une amende de l’équivalent de 100 euros, et de 750 euros en cas de récidive.

    DANEMARK : Le voile intégral est également interdit au Danemark. L’amende y est l’équivalent d’environ 130 euros, mais elle peut être décuplée en cas de violations répétées.

    INTERDICTION PARTIELLE
    ALLEMAGNE : En Allemagne, le port du voile en public est autorisé, il est couvert par la liberté de croyance de la Loi fondamentale. Toutefois, les membres des forces armées ou les fonctionnaires ne sont pas autorisés à se voiler le visage. Certains États allemands ont interdit le port du voile intégral dans les écoles publiques.

    PAYS-BAS : Là-bas, le voile intégral est interdit dans les lieux publics tels que les écoles, les hôpitaux et les transports publics depuis 2019. L’amende est de 150 euros. Toutefois, le port de la burqa ou du nikab est autorisé dans la rue.

    ITALIE : Depuis 1975, il est généralement interdit de se couvrir le visage en public en Italie pour « protéger l’ordre public ». Certaines régions interdisent le port du voile dans les hôpitaux et les bâtiments publics.

    NORVEGE : Le voile intégral est interdit dans tous les établissements d’enseignement en Norvège depuis 2018, y compris les universités.

    Nurnberg Blatt, 9 avr 2021

    Etiquettes : Europe, Nikab, burqa, voiles, Islam, islamophobie,

  • Un nouveau départ pour la mosquée de Paris fermée après le meurtre d’un enseignant

    Une mosquée parisienne devenue un point central de la polémique sur la place de l’islam en France a rouvert vendredi après une fermeture de six mois suite à une répression des radicaux islamistes provoquée par la décapitation d’un enseignant en octobre dernier.
    Quelque 200 fidèles sont revenus pour la prière du vendredi à la mosquée d’une capacité de 1300 personnes à Pantin, dans la banlieue nord de Paris, a déclaré un correspondant de l’AFP.

    Samuel Paty, 47 ans, a été agressé alors qu’il rentrait chez lui d’un lycée au nord-ouest de la capitale où il enseignait l’histoire et la géographie, après avoir montré à ses élèves des caricatures du prophète Mahomet.

    La police française a lancé une série de raids contre les réseaux islamistes principalement dans la région parisienne après le meurtre horrible de Paty et a ordonné la fermeture de la mosquée Pantin, qui compte quelque 1500 fidèles.

    La mosquée de la banlieue densément peuplée de Seine-Saint-Denis au nord-est de Paris avait partagé une vidéo sur sa page Facebook, quelques jours avant la mort de Paty, dénonçant le choix du matériel par l’enseignant pour une discussion en classe sur la liberté d’expression.

    Une campagne en ligne féroce contre Paty et l’école a précédé le meurtre, menée par le père d’une écolière qui a accusé l’enseignant de diffuser de la «pornographie» pour avoir montré un dessin animé du prophète nu.

    Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a conditionné la réouverture de la mosquée au départ du directeur et de l’imam.

    L’Imam, formé au Yémen et soupçonné d’être proche d’un mouvement islamiste radical, a rapidement démissionné suite au meurtre de Paty.

    Après avoir initialement refusé de démissionner, le directeur M’hammed Henniche a fini par accepter qu’un projet de construction d’un million d’euros destiné à remplacer la mosquée actuelle puisse aller de l’avant.

    Henniche – un entrepreneur de 50 ans qui a côtoyé des personnalités politiques de premier plan, dont l’ancien président français Nicolas Sarkozy – a qualifié le partage de la vidéo de «gaffe» et s’est excusé.

    Il n’a fait l’objet d’aucune procédure judiciaire.

    «C’est une injustice réparée, il n’y a que de la joie», a déclaré à l’AFP Ismael Touré, volontaire à la mosquée.

    «La fermeture de notre mosquée était juste pour donner un exemple. Sinon, qu’est-ce que la mosquée Pantin avait à voir avec le meurtre de l’enseignant? Il a demandé.

    Le parlement français examine un projet de loi pour lutter contre l’extrémisme islamiste, qui comprend des motifs de plus en plus nombreux pour la fermeture des lieux de culte. Début mars, Darmanin a déclaré que 89 mosquées devaient être inspectées.

    «C’est une bonne chose que la mosquée puisse rouvrir. Le réalisateur a commis une erreur inexcusable en partageant cette vidéo. Mais punir tous les fidèles était injuste », a déclaré le maire socialiste local Bertrand Kern.

    The Local, 9 avr 2021

    Etiquettes : France, Mosquée, Islam, Séparatisme,

  • Ils importaient du cannabis à Lyon en le cachant dans des bus en provenance du Maroc

    Six trafiquants de drogue ont été condamnés mercredi à de la prison ferme par le tribunal correctionnel de Lyon (Rhône). Le cannabis était caché dans des cars de voyage en provenance du Maroc et à destination de la région lyonnaise.

    Six personnes comparaissaient mercredi devant le tribunal correctionnel de Lyon (Rhône). Il leur était reproché d’avoir participé à un trafic de stupéfiants. Le cannabis était acheminé depuis le Maroc jusqu’à la région lyonnaise via des cars de voyage.

    Les investigations avaient été confiées à la brigade des stupéfiants de la DIPJ de Lyon. Grâce à des écoutes téléphoniques et des filatures, les enquêteurs sont parvenus à intercepter un premier bus en juin 2018 à Lançon-de-Provence. 436 kg de cannabis, d’une valeur marchande de 900 000 euros, étaient cachés dans le véhicule. 135 kg de cannabis avaient été découverts dans un autre bus à Tanger, au Maroc, trois mois plus tard.

    Huit ans de prison pour le principal prévenu

    Les cars auraient été affrétés par une société localisée au Portugal. L’homme désigné par la procureure comme « l’organisateur des transports » a été condamné à 8 ans de prison ferme, 80 000 euros d’amende avec confiscation de ses biens et une interdiction définitive du territoire français. Le grossiste, domicilié à Vaulx-en-Velin, a quant à lui écopé de sept ans de prison.

    Deux chauffeurs marocains ont été condamnés à trois ans de prison ferme et ne pourront pas se rendre en France pendant dix ans. Enfin, deux autres personnes ont écopé de trois ans ferme et de 8000 euros d’amende pour avoir été impliquées dans une filière passant par Toulouse (Haute-Garonne)

    Le Dauphiné, 8 avr 2021

    Etiquettes : Maroc, France, Lyon, cannabis, haschich, trafic de drogue,

  • L’affaire Hamzah : Contexte et implications de la crise royale en Jordanie

    par Ghaith al-Omari, Robert Satloff

    La crise immédiate semble avoir pris fin pour le moment, mais la querelle hachémite, qui a fait l’objet d’une publicité étonnante, nous rappelle que la stabilité de la Jordanie doit être préservée et qu’elle ne doit pas être considérée comme acquise par Washington ou les amis régionaux d’Amman.

    Les nouvelles qui émergent d’Amman – l’ancien prince héritier Hamzah bin Hussein a fini par prêter allégeance à son demi-frère le roi Abdullah II après avoir été placé au centre de rumeurs de coup d’État, et d’autres anciens hauts fonctionnaires ont été arrêtés – sont très inhabituelles dans le royaume traditionnellement calme du Moyen-Orient qui approche de son centenaire dans quelques semaines. Bien qu’il soit peu probable que le tableau complet soit dévoilé bientôt, voire jamais, ces développements attirent l’attention sur la situation interne du pays et soulignent la nécessité de renforcer la stabilité d’un allié clé des États-Unis après une période de désintérêt relatif de Washington.

    Épreuve de force royale potentielle au milieu de l’agitation publique
    Les mesures de sécurité visibles prises à l’encontre du prince Hamzah – le privant de sa garde rapprochée et limitant ses déplacements et son accès aux communications – diffèrent fortement des moyens habituellement utilisés par le royaume pour gérer ses affaires internes. Des nouvelles de tensions au sein de la famille royale hachémite font occasionnellement surface, mais elles ont tendance à être résolues rapidement et discrètement, loin des yeux du public.

    Par exemple, en 2017, le roi Abdallah a relevé deux de ses frères et sœurs – le frère complet Faisal et le demi-frère Hashim – de leurs commandements militaires, alimentant ainsi les rumeurs de discorde familiale. Pourtant, les deux princes sont rentrés dans le rang, faisant taire les rumeurs. Une dynamique similaire s’est produite en 1999 lorsque le roi Hussein a remanié la ligne de succession quelques semaines avant sa mort des suites d’un cancer, remplaçant son frère Hassan, qui était prince héritier depuis 1965, par son fils aîné Abdullah, un officier militaire. Malgré le choc et le choc personnel profond, Hassan n’a pas protesté contre ce changement et a toujours exprimé publiquement son soutien à son neveu en tant que roi. En effet, il faut remonter aux jours de tension qui ont suivi l’assassinat, en 1951, du fondateur du royaume, Abdullah Ier, pour trouver un précédent de princes jordaniens rendant publiques leurs querelles – et même à cette époque, il n’était pas question de complot de coup d’État.

    Le prince Hamzah est le demi-frère du monarque actuel et le fils aîné du mariage du roi Hussein avec sa quatrième épouse, la reine Noor. Lorsqu’il est monté sur le trône en 1999, Abdullah a nommé Hamzah prince héritier, conformément aux dernières volontés de leur père ; on dit que Hussein adore Hamzah, qui a une réputation de piété, de modestie et de lien avec les tribus de Jordanie. Cinq ans plus tard, Abdullah a déchu Hamzah de ce titre en faveur de son propre fils aîné, Hussein, ce qui n’est pas inhabituel étant donné que le défunt roi Hussein a nommé trois princes héritiers différents au cours de son règne. Hamzah ne s’est pas publiquement opposé à cette décision à l’époque, mais il s’est ensuite positionné comme une figure sympathique et un avatar de la réforme parmi les Jordaniens mécontents de la situation socio-économique du pays, en particulier les éléments tribaux mécontents.

    Dans un premier temps, les autorités ont cherché à minimiser les dernières actions de Hamzah, qui, de loin, semblaient se situer quelque part dans la zone grise entre la critique ouverte et les manœuvres opérationnelles pour exécuter un coup d’État. Mais cela a changé lorsqu’il a publié deux messages vidéo le 3 avril, l’un en arabe, l’autre en anglais. Les vidéos décrivent les restrictions imposées à ses déplacements et à ses communications par le chef de l’état-major jordanien, puis critiquent la corruption et la mauvaise gouvernance dans le royaume, qui, selon lui, durent depuis « quinze à vingt ans », soit la durée du règne d’Abdullah et la décision de le destituer en tant que prince héritier. À la suite de ces messages, le gouvernement a adopté un ton plus dur à l’égard de Hamzah, le ministre des affaires étrangères Ayman Safadi l’accusant d’ »activités… visant la sécurité et la stabilité du pays » lors d’une conférence de presse le 4 avril. Hamzah est ensuite monté d’un cran en jurant publiquement de « désobéir » aux ordres lui ordonnant de s’abstenir de communiquer avec le monde extérieur.

    Pour éviter un affrontement frontal qui aurait pu ternir la monarchie, le roi a proposé à Hamzah une voie alternative de réconciliation dans la tradition bédouine de la sulha, en confiant à son oncle Hassan, très respecté, le soin de gérer les discussions sensibles. Cela a abouti à une réunion des princes de haut rang au domicile de Hassan, où Hamzah a signé une lettre extraordinaire dans laquelle il jurait fidélité à Abdallah et à l’actuel prince héritier Hussein, déclarant : « À la lumière des développements de ces deux derniers jours, je me remets entre les mains de Sa Majesté le roi. » Cette escalade semble marquer la fin de l’épisode actuel, même s’il est peu probable que ce soit le dernier chapitre du conflit entre les demi-frères. Un éventuel face-à-face n’est pas à exclure, mais même dans ce cas, il est plus probable qu’Hamzah quitte le pays plutôt que d’être emprisonné et transformé en martyr de l’opposition.

    Les responsables ont également annoncé l’arrestation de Bassem Awadallah et de Hassan bin Zaid ainsi que de « seize à dix-huit » autres personnes, principalement des assistants et des membres de la sécurité de Hamzah. Awadallah, ancien ministre et chef de la Cour royale, est une figure controversée que de nombreux Jordaniens identifient à la corruption. Lui et bin Zaid – arrière-petit-fils du premier roi Abdallah et petit-fils d’un ancien Premier ministre – ont des liens régionaux étendus et ont été à plusieurs reprises les envoyés privés du roi actuel en Arabie saoudite. Ces liens, associés à des affirmations officielles répétées concernant des contacts avec des « milieux extérieurs », ont alimenté les rumeurs selon lesquelles d’autres États régionaux pourraient être impliqués dans la crise.

    Ces événements surviennent à un moment tendu pour le royaume sur le plan intérieur. Le COVID-19 y est endémique, avec 633 000 infections et 7 201 décès sur une population totale de 10 millions d’habitants, faisant des premiers succès du gouvernement en matière d’endiguement un lointain souvenir. L’économie, qui souffrait déjà, a été durement touchée par la pandémie, avec un taux de chômage record à la fin de 2020 et un taux de pauvreté qui a augmenté de 39 % au cours de l’année dernière. La confiance dans les institutions publiques – à l’exception notable de la monarchie et du secteur militaire/sécurité – est très faible en raison des perceptions répandues d’inefficacité et de corruption. Ces opinions ont été amplifiées par une série d’accidents tragiques attribuables à des manquements au devoir public au cours des dernières années, notamment après que plusieurs patients du COVID-19 soient décédés dans un nouvel hôpital public le mois dernier en raison de défaillances dans l’approvisionnement en oxygène. Les appels à manifester lancés ces dernières semaines n’ont pas suscité une grande participation – en grande partie à cause des mesures de sécurité préventives – mais ils ont néanmoins suscité des inquiétudes quant au mécontentement public qui couvait. Tout au long de la campagne, Hamzah a été perçu comme un sympathisant de ces préoccupations et un opposant au roi.

    Implications nationales et régionales

    Bien qu’il soit trop tôt pour tirer des conclusions définitives, certains schémas familiers commencent à se dessiner. Traditionnellement, les menaces intérieures graves dans le royaume ont tendance à produire une dynamique de « rassemblement autour du drapeau ». À l’instar des attentats à la bombe perpétrés en 2005 par Al-Qaïda dans un hôtel d’Amman et des attentats plus récents perpétrés par l’État islamique contre des Jordaniens, l’affaire Hamzah est utilisée pour établir un contraste frappant entre deux réalités : les circonstances moins qu’idéales mais stables qui caractérisent actuellement la vie dans le royaume, et le chaos qui règne dans les pays voisins depuis le printemps arabe. Les messages officiels ont également souligné les liens présumés de Hamzah avec des dissidents jordaniens à l’étranger, dont beaucoup sont publiquement discrédités.

    Des preuves anecdotiques indiquent que ces messages trouvent un écho auprès d’un grand nombre de personnes dans le public ; en effet, pratiquement aucune personnalité publique de premier plan ne s’est exprimée en faveur d’Hamzah, à l’exception de sa mère. Et bien qu’elle ait mis à nu une querelle hachémite qui couvait depuis longtemps, la situation pourrait finir par alléger la pression intérieure sur le palais à court terme en détournant l’attention du COVID et d’autres défis socio-économiques.

    Cependant, les sources sous-jacentes de mécontentement que Hamzah a exploitées sont réelles et se manifesteront inévitablement à nouveau à l’avenir si Amman ne les aborde pas. Il s’agit de questions d’urgence comme la pandémie, ainsi que de questions plus structurelles comme une réforme économique, politique et de gouvernance plus large. Comme par le passé, les suites immédiates de l’affaire Hamzah verront probablement un renforcement du secteur de la sécurité au détriment de la réforme, comme le suggère le rôle central joué par le général Yousef al-Huneiti, officier supérieur de l’armée, dans l’isolement du prince. La situation pourrait même inverser l’impact de la lettre très médiatisée que le roi a adressée le 17 février au chef de la Direction des renseignements généraux pour réduire le rôle de cette puissante institution dans certains domaines économiques et politiques. Avant même la crise de ce week-end, le gouvernement avait déjà fermé la populaire plateforme de discussion Clubhouse pour éviter toute critique en ligne malvenue.

    À l’extérieur, les responsables jordaniens se sont souvent plaints d’être pris pour acquis par les États voisins et Washington. Ce sentiment s’est transformé en crainte sous l’administration Trump, qui a maintenu une aide substantielle au royaume mais a été perçue comme se désintéressant des vues d’Amman sur les politiques régionales, notamment en ce qui concerne la question palestinienne. Les événements de ce week-end semblent avoir rappelé à de nombreuses capitales que les développements intérieurs en Jordanie peuvent jouer un rôle central dans la sécurité régionale. L’Arabie saoudite a rapidement exprimé son soutien au roi et son engagement en faveur de la stabilité du royaume, suivie par d’autres États arabes. De même, le porte-parole du département d’État, Ned Price, a décrit le roi Abdallah comme un « partenaire clé » qui bénéficie du « soutien total » de l’administration Biden. Si l’on se fie au passé, ce soutien politique sera le prélude à un soutien financier renouvelé, voire élargi, de la part des amis de la Jordanie, en particulier dans le Golfe – une importante bouée de sauvetage potentielle dans le contexte de la récession induite par le COVID.

    Dans ce contexte, Amman doit faire preuve de délicatesse dans ses accusations, jusqu’à présent infondées, de liens étrangers importants avec la conspiration présumée. Parmi les pays dont les noms ont été cités – l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Israël – aucun n’a intérêt à alimenter l’instabilité en Jordanie ou n’aurait pu croire qu’un complot amateur construit autour d’un prince mécontent et d’une poignée d’acolytes aurait pu renverser l’Abdullah bien établi. Si les allégations spécifiques concernant Awadallah et bin Zaid aboutissent à des preuves irréfutables de la complicité des responsables saoudiens dans ce type de complot, cela pourrait nuire aux relations des États-Unis avec Riyad. Cependant, en l’absence d’une telle preuve, la Jordanie doit éviter de transformer une relation en dents de scie entre les maisons royales saoudienne et hachémite en une véritable explosion diplomatique, notamment en raison du soutien financier et politique crucial de Riyad à son voisin beaucoup plus pauvre.

    Implications politiques pour les États-Unis

    La stabilité de la Jordanie a toujours été un atout précieux pour faire avancer les intérêts régionaux américains, qu’il s’agisse de développer la paix israélo-arabe ou de contrer l’État islamique. Dans l’immédiat, les États-Unis doivent donc continuer à exprimer leur soutien ferme à la Jordanie et à exhorter leurs alliés – États arabes, Israël et autres – à concrétiser ce soutien. Un appel téléphonique entre le président Biden et le roi Abdallah enverrait un message puissant à cette fin. Washington devrait également travailler avec Amman pour déterminer toute dimension étrangère substantielle de la crise, soit en la clarifiant, soit en faisant taire les rumeurs potentiellement dommageables. À cet égard, le directeur de la CIA, William Burns, ancien ambassadeur en Jordanie, pourrait jouer un rôle utile.

    Pour l’instant, la priorité devrait être d’aider Amman à traverser cet épisode de manière à garantir la stabilité. Mais parallèlement à cela – et plus encore une fois que l’anxiété initiale liée à l’affaire Hamzah se sera apaisée – Washington devrait inciter discrètement Amman à accélérer sa poursuite des réformes économiques, politiques et de gouvernance, tout en maintenant les changements substantiels à un rythme progressif et digeste. La secrétaire au Trésor Janet Yellen aurait transmis ce conseil lors d’une conversation avec le ministre des Finances Mohamad Al-Ississ le 1er avril, et d’autres responsables américains devraient faire de même. Ce n’est qu’avec une attention de haut niveau de la part de Washington et un soutien adéquat de la part d’autres amis qu’Amman a une chance d’entreprendre les réformes plus profondes nécessaires pour protéger le royaume des accès récurrents d’instabilité, qui pourraient avoir un impact négatif sur les intérêts américains dans toute la région au fil du temps.

    Ghaith al-Omari est chargé de recherche au Washington Institute et ancien conférencier en droit international en Jordanie. Robert Satloff est le directeur exécutif de l’Institut et l’auteur de deux livres sur la politique et l’histoire de la Jordanie.


    The Washington Institute for Near East Policy, 5 avr 2021

    Etiquettes : Jordanie, roi Abdallah, Hamza Bin Hussein, Moyen-Orient, Faisal, Hashim, Noor, roi Houssein,

  • Propositions franco-allemandes pour la reconstruction du port de Beyrouth : Implications politiques

    par David Schenker

    Quel que soit le fer de lance de l’effort de reconstruction, Washington doit rester à l’écoute pour s’assurer que les conditions préalables internationales de réforme et de contrôle sont appliquées et pour empêcher la Chine d’exploiter les difficultés du Liban.

    Le 8 avril, une délégation d’entreprises allemandes a présenté au gouvernement libanais une initiative visant à financer la reconstruction du port de Beyrouth. La proposition avait été mentionnée quelques jours auparavant par des diplomates allemands, qui ont indiqué qu’elle serait subordonnée à la formation d’un nouveau gouvernement libanais et à la mise en œuvre de réformes. La reconstruction du port est essentielle au redressement de l’État – sa destruction en août dernier a été le coup de grâce pour l’économie libanaise déjà chancelante, déclenchant une dévaluation massive de la monnaie, une hyperinflation et une flambée du chômage. Une pénurie majeure de biens de consommation indispensables a également suivi, puisque le site dévasté était le point d’entrée de 80 % des importations de l’État.

    Bien que l’annonce de l’Allemagne ne risque pas d’inciter les élites politiques libanaises à agir, elle pourrait irriter la France, qui aspire également à reconstruire le port. Lors de sa visite à Beyrouth peu après l’explosion, le président Emmanuel Macron aurait exprimé son intérêt pour cette entreprise. Rodolphe Saade, président de la grande entreprise de transport maritime et de logistique CMA CGM, l’accompagnait dans ce voyage. Saade a ensuite tweeté : « La France et le Liban pourront compter sur le Groupe pour répondre à l’urgence et travailler à la reconstruction de Beyrouth. Notre mobilisation est totale ».

    Il ne fait aucun doute que Paris est intéressé par la mobilisation des entreprises françaises pour obtenir des contrats pour la reconstruction du port – mais seulement si quelqu’un d’autre paie. Le gouvernement français n’a pas indiqué qu’il avait l’intention de financer l’entreprise. Bien qu’elle soit fortement impliquée dans la politique de son ancienne colonie, Paris fournit étonnamment peu d’aide financière au Liban. Par exemple, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la France n’a donné au pays que 45 millions de dollars en financement bilatéral du développement et 17 millions de dollars en aide militaire en 2018. En revanche, l’Allemagne a donné plus d’aide bilatérale cette année-là – 67 millions de dollars – bien qu’elle ne soit pas traditionnellement un acteur au Liban.

    Certes, les deux États apportent également des contributions supplémentaires via les fonds d’aide de l’UE. Et l’Allemagne a proposé de financer le projet – d’un coût de 2,36 à 3,54 milliards de dollars – par l’intermédiaire de la Banque européenne d’investissement, ce qui implique la participation d’autres États de l’UE, dont la France.

    Quel que soit l’organisme qui financera le projet, la bonne nouvelle est que Paris et Berlin ont tous deux clairement indiqué que la mise en œuvre du plan et/ou le soutien à un renflouement plus large de plusieurs milliards de dollars par le FMI nécessiteront que le Liban entreprenne de sérieuses réformes et mette un terme à la corruption endémique. Il s’agit là d’un défi de taille, bien entendu : Le Liban est classé 149e sur 180 pays dans l’indice de perception de la corruption de Transparency International, et ses dirigeants n’ont jamais adhéré aux réformes. En fait, la plupart des élites, en particulier celles qui représentent la milice du Hezbollah soutenue par l’Iran, profitent énormément du système actuel.

    Parallèlement à ces exigences onéreuses imposées à Beyrouth, d’autres acteurs étrangers ayant peut-être plus de poids financier que la France et l’Allemagne ont posé leurs propres conditions préalables. En décembre, la Banque mondiale a énoncé les réformes que Beyrouth devrait mettre en œuvre avant que le port puisse être reconstruit, comme l’établissement d’un nouveau cadre institutionnel pour le secteur portuaire, la promulgation d’une nouvelle législation pertinente, la réorganisation de l’administration douanière, la mise en place d’un processus d’appel d’offres concurrentiel et le recours à des opérateurs de terminaux privés. Les États-Unis ont également leur propre condition sine qua non : que Beyrouth consente à l’avance à un contrôle indépendant du nouveau port afin de s’assurer qu’il ne redevienne pas un atout du Hezbollah pour le trafic de matériel et de personnel militaires. Paris et Berlin n’insisteront peut-être pas sur cette condition préalable de surveillance, mais Washington pourrait avoir plus de poids étant donné ses contributions annuelles plus importantes – en 2018, par exemple, elle a donné à Beyrouth 118 millions de dollars d’aide au développement et 128 millions de dollars d’aide à la sécurité, en plus de contributions importantes au Programme alimentaire mondial de l’ONU et à d’autres institutions qui travaillent au Liban.

    Un autre point positif potentiel est que toute implication franco-allemande dans le projet empêcherait vraisemblablement la Chine – le partenaire de choix du Hezbollah – d’ajouter à son réseau portuaire mondial appelé « collier de perles ». Compte tenu de sa pratique consistant à cibler les États vulnérables pour les pièges de la dette d’investissement, Pékin considère sans doute un Liban compromis comme une option attrayante.

    Pour l’instant, les propositions françaises et allemandes ne sont qu’un accessoire de l’effondrement lent du Liban, mais le fait que les deux gouvernements partagent l’engagement articulé de Washington de conditionner l’aide non humanitaire à la réforme devrait être considéré comme une opportunité politique pour les États-Unis. En fin de compte, il y a beaucoup de place pour une collaboration européenne sur le financement et la reconstruction du port, et Washington devrait travailler étroitement avec chaque pays pour s’assurer que le projet – si et quand il va de l’avant – est coordonné multilatéralement et lié au principe de la réforme avant la reconstruction. En revanche, l’aversion de Pékin pour la transparence et son ambivalence à l’égard du Hezbollah feraient d’un rôle chinois dans la reconstruction la pire des issues pour l’Europe, les États-Unis et le Liban.

    David Schenker est senior fellow au Washington Institute. De 2019 à janvier 2021, il a occupé le poste de secrétaire d’État adjoint pour les affaires du Proche-Orient.

    The Washington Institute for Near East Policy, 9 avr 2021

    Etiquettes : Liban, port de Beirut, Allemagne, France, Chine, Etats-Unis,

  • Maroc, Etats-Unis, Chine… Stratégie à l’international : AXELERA aux avant-postes !

    Communiqué de presse
    Lyon, le 28 septembre 2015

    Maroc, Etats-Unis, Chine…

    Stratégie à l’international : AXELERA aux avant-postes !

    Calendrier chargé, en cette rentrée, pour AXELERA et les sociétés de la filière ChimieEnvironnement adhérentes du pôle. En ligne de mire, de nombreux déplacements d’entreprises à l’étranger, et autant d’occasions de bénéficier d’opportunités uniques de business. Convaincu que lorsqu’elles « chassent en meute » à l’international, les entreprises françaises réussissent à se faire ouvrir des portes et à nouer des contacts qu’elles n’auraient pas autrement, le pôle multiplie les actions entre l’Afrique, l’Asie et l’Amérique. Prochain rendez-vous dans quelques jours au Maroc.

    Office Chérifien des Phosphates et KIMIA AFRIKA : perspectives prometteuses au Maroc ! Début octobre, le pôle de compétitivité Chimie-Environnement Lyon & Rhône-Alpes AXELERA accompagne au Maroc une délégation d’entreprises composée de XX adhérents. Organisé par AXELERA dans le cadre de son Plan de Développement International (PDI), ce voyage de XX jours à vocation à favoriser le rapprochement entre le pôle, ses adhérents et les acteurs locaux à l’occasion de différents rendez-vous.

    Premier temps fort de ce déplacement : une réunion lundi 5 octobre entre le comité stratégique d’AXELERA, dont Jean-Manuel MAS et Pierre BECCAT, respectivement Directeur et Président du pôle, et les représentants de l’Office Chérifien des Phosphates (OCP), l’un des principaux exportateurs mondiaux de phosphate brut, d’acide phosphorique et d’engrais phosphatés. Une rencontre qui vise à faciliter la collaboration entre OCP et les membres fondateurs et adhérents d’AXELERA, tant en matière de R&D que d’industrialisation et de commercialisation.

    Par ailleurs, de mardi 6 au jeudi 8 octobre, le pôle propose aux membres de sa délégation de « networker » directement avec OCP lors de rendez-vous BtoB, dans l’optique d’identifier de potentiels partenaires locaux et de développer de futures collaborations.

    En complément de ces rencontres, les adhérents d’AXELERA prenant part à ce voyage sont invités à une visite du site de Jorf Lasfar, impressionnant complexe industriel de 1 700 hectares qui produit chaque année 2 millions de tonnes P2O5 sous forme d’acide phosphorique.

    Parallèlement, AXELERA profite de sa présence au Maroc pour participer, avec trois de ses adhérents, au salon des Matières Premières et des Technologies de la Chimie, KIMIA AFRIKA, du 6 au 8 octobre à Casablanca. Une opportunité unique pour les sociétés MIXEL, DE DIETRICH et XXX de se positionner comme fournisseurs de procédés et de technologies et de présenter leurs solutions innovantes aux 4 000 acteurs internationaux de la Chimie et Parachimie, rassemblés à l’occasion de ce rendez-vous incontournable du secteur. Jean-Manuel MAS, Directeur d’AXELERA, interviendra par ailleurs sur le thème « Pourquoi l’usine de demain sera-t-elle forcément éco-efficiente ? » sur le plateau TV du salon, mardi 8 octobre de 12h00 à 12h30.

    Opportunités de business made in USA au salon PITTCON

    En 2016, AXELERA met le cap vers les USA en participant, pour la première fois, au salon PITTCON à Atlanta, du 6 au 10 mars prochains. A la fois salon et congrès, cet événement mondial incontournable des sciences de laboratoire intéresse directement plusieurs adhérents du pôle, spécialisés dans l’instrumentation et l’analyse industrielle. Certains d’entre eux y ont d’ailleurs déjà exposé, mais de façon individuelle. Ces derniers, désireux de promouvoir aux Etats-Unis leurs technologies tout en mettant en avant leur identité régionale, voire nationale, ont sollicité le pôle pour l’organisation d’un espace institutionnel et collectif leur permettant d’optimiser leur visibilité en mutualisant leurs espaces de stand. L’appel a été entendu par AXELERA qui, soucieux de répondre aux demandes de ses adhérents, organise pour la première fois en mars prochain, via son PDI, une action collective lors de ce salon. Les 6 PME EIF, IDEEL, APIX, HEMERA, ETHERA et AVENISENSE co-exposeront ainsi sur un stand collectif de 72 m 2 , en tant qu’acteurs rhônalpins innovants de l’analyse industrielle.

    Une bonne nouvelle pour bon nombre d’adhérents de la filière, comme en témoigne Franck BACO ANTONIALI, Responsable du Département Analyse Industrielle chez IDEEL (Institut de Transition Energétique) : « PITTCON est le salon mondial de référence en analyse. Tous les acteurs, aussi bien constructeurs qu’utilisateurs, s’y retrouvent chaque année. En 2016, AXELERA organise un pavillon collectif : c’est une belle opportunité pour IDEEL et les autres adhérents du pôle de présenter nos innovations françaises, sous une bannière commune ! »

    La Chine, toujours en ligne de mire

    Enfin, AXELERA poursuit ses actions en Chine, pour permettre à ses adhérents d’y développer toujours plus leurs activités. Côté salons, le pôle emmène notamment 8 de ses adhérents en mai prochain au salon IE EXPO Shanghai, dédié à l’environnement et au recyclage, puis exposera fin octobre 2016 à EXPO ASIA. Parallèlement, plusieurs missions partenariales avec d’autres pôles sont prévues au 4ème trimestre, avec notamment l’organisation de rencontres B2B et des visites de sites industriels.

    A propos d’AXELERA

    Créer de la valeur en faisant émerger des solutions innovantes et compétitives pour l’industrie à la confluence de la chimie, de l’environnement et de l’énergie, et rayonner au niveau international à partir d’un fort socle rhônalpin, telle est l’ambition d’AXELERA, le pôle de compétitivité chimie-environnement Lyon et Rhône-Alpes, créé en 2005 par ARKEMA, le CNRS, ENGIE, IFP Energies nouvelles, SOLVAY et SUEZ environnement.

    AXELERA rassemble et coordonne les acteurs de l’industrie, de la recherche et de la formation en chimie et en environnement, autour de 5 axes stratégiques : matières premières renouvelables, usine éco-efficiente, matériaux et produits pour les filières industrielles, recyclage et recyclabilité, préservation et restauration des espaces naturels et urbains.

    Classé parmi les pôles très performants par l’Etat, labellisé Gold par l’Union Européenne et fort d’un réseau de plus de 300 adhérents, AXELERA a enclenché une forte dynamique d’innovation, avec 232 projets de R&D labellisés par le pôle et financés pour un montant global de 725 M€.

    www.axelera.org

    Contacts presse

    Agence OXYGEN – Manon Weber et Anne Masson – tel. +33 (0)3 67 10 05 68 – manonw@oxygen-rp.com

    AXELERA – François Brunet – tel. +33 (0)4 72 78 86 47 – francois.brunet@axelera.org

    Axelera, 10 avr 2021

    Etiquettes : Maroc, Axelera, investissement, délocalisation, économie, OCP, phosphates, fertilisants,

  • Victoire

    Fouzia Mahmoudi

    A la suite des élections européennes de 2014 en France, certains, au lendemain de la victoire nette du Front National, avaient déjà annoncé la probable présence de Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle de 2017. Une prédiction qui a effectivement fini par se vérifier. Aujourd’hui, beaucoup en France n’hésitent plus désormais à évoquer ouvertement leur conviction, appuyés par des dizaines de sondages, que Marine Le Pen pourrait cette fois-ci non pas seulement accéder un nouvelle fois au second tour en 2022, mais pourrait aussi remporter le scrutin présidentiel.

    Pourtant, en 2017, beaucoup avaient assuré que la présidente du Front National, depuis devenu le Rassemblement National, avait définitivement perdu toute crédibilité aux yeux des électeurs après sa prestation décriée de toute part, même au sein de son propre camp, lors du débat d’entre-deux tours. Mais depuis les choses ont beaucoup changé et Marine Le Pen a réussi à faire oublier son faux pas de 2017 et à retrouver sa popularité auprès des Français. Tant et si bien qu’Arnaud Montebourg, qui s’était fait très discret ces derniers temps à cause d’un «Covid carabiné» qui lui a valu de se mettre «volontairement en retrait» pendant plusieurs semaines, selon «Le Parisien», sort de son silence.

    Dans une interview accordée au «Financial Times», qui consacre un long article au duel «Macron-Le Pen», l’ancien ministre du Redressement Productif ne mâche pas ses mots à l’égard de celui qui fut son successeur à Bercy. Pour lui, le président de la République «est détesté parce qu’il est arrogant». Il ne constitue donc, selon lui, pas un «rempart» au Rassemblement National : «C’est lui qui mettra au pouvoir Madame Le Pen», juge-t-il même.

    D’après lui, c’est Marine Le Pen qui «gagnera» l’élection présidentielle de 2022. «C’est la même chose que le phénomène Trump ou le Brexit», estime Arnaud Montebourg. Cette victoire de Marine Le Pen surviendra, selon lui, à cause du président de la République qui mène des politiques pour «l’oligarchie», tout en se posant comme «le rempart à l’extrême droite».

    Cette intervention du chantre du «made in France» intervient alors qu’il s’était fait beaucoup moins présent dans les médias depuis plusieurs semaines. Selon «Le Parisien», Arnaud Montebourg serait par ailleurs en train de s’atteler à la rédaction d’un petit manifeste sur le modèle d’«Indignez-vous !» de Stéphane Hessel, afin d’inciter les jeunes à s’intéresser à la politique.

    Montebourg évoque ainsi sans détour l’un des plus grands tabous de la politique française, la possible accession au pouvoir du Rassemblement National. Ce qui change le plus surtout, c’est que depuis quelques années les électeurs ne votent plus pour Marine Le Pen par contestation, mais au contraire par adhésion de plus en plus forte défendue par la dirigeante du RN.

    Reste à voir si Montebourg comme d’autres tenant le même discours, auront été clairvoyants ou si d’ici avril 2022 la situation aura changé au point de rabattre les cartes entre les différents candidats.

    Le Jour d’Algérie, 9 avr 2021

    Etiquettes : France, élections présidentielles, LREM, FN, Emmanuel Macron, Marine Le Pen,



  • Maroc-Algérie : À quoi joue le parti de Macron en ouvrant un bureau de LREM à Dakhla?

    UN BUREAU DE LREM À DAKHLA OCCUPÉE : À quoi joue le parti de Macron ?

    La République en marche, parti de l’actuel président français, a annoncé l’installation d’un bureau dans la ville sahraouie occupée Dakhla, dont le comité en charge de représenter cette antenne partisane, à la tête de laquelle siège un certain Claude Fraissinet, a été déjà désigné pour la tâche. C’est ce qu’a fait savoir la députée, porteparole du groupe parlementaire de LREM à l’Assemblée française, Marie Christine Verdier Jouclas, citée par plusieurs sources médiatiques, précisant que ledit comité « sera inauguré » une fois les conditions sanitaires le permettraient. Et venant d’une responsable de haut rang au sein du parti d’Emmanuel Macron, l’information ne peut qu’être prise au sérieux, d’autant qu’elle a fait les choux gras de la presse du Makhzen.

    L’annonce aurait passé inaperçu si les faits se sont déroulés dans une ville marocaine. Mais là il s’agit d’une ville sahraouie sous occupation marocaine pour ne pas prendre la décision comme une provocation de la part du parti français au pouvoir. Et qui dit parti au pouvoir ceci engage directement la responsabilité de la France sur un terrain qu’aucune autre formation politique de l’hexagone n’a osé jusquelà. Dès lors à s’interroger si cette décision ne serait qu’un prélude à une reconnaissance française de la supposée marocanité du Sahara occidental ?

    Au moment même où la proclamation faite en ce sens par l’ex-président américain Donald Trump a porté gravement préjudice au processus onusien du règlement du dossier. Preuve en est, l’agression opérée par l’armée marocaine, le 13 novembre dernier, contre les civils sahraouis, violant de fait le cessez-le-feu conclu entre le Front Polisario et le Maroc en 1991.

    Si le soutien de la France au régime marocain est un secret de polichinelle, le tout au détriment du peuple sahraoui qui aspire à l’indépendance à travers l’organisation du référendum d’autodétermination sur la base du droit international, qu’un parti politique au pouvoir annonce l’installation en vue d’un bureau dans la ville occupé de Dakhla ne peut s’assimiler qu’à une provocation de la communauté internationale.

    Ceci en partie. Car d’autre part, pour tout ce qu’elle porte comme manœuvre dans la région, l’Algérie ne peut que dénoncer un processus contraire aux résolutions des Nations unies qui reconnaissent le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. C’est d’autant plus que l’annonce du parti de Macron intervient en pleine visite en Algérie, du reste ajournée, du premier ministre français Jean Castex. Deux événements d’ailleurs qui restent pour le moins indissociables, lorsque l’on sait que le déplacement de la délégation du gouvernement français a été annulée à la dernière minute, des semaines après avoir été préparée au plus haut niveau des autorités des deux pays.

    Farid Guellil

    Le Courrier d’Algérie, 10 avr 2021

    Etiquettes : Maroc, Algérie, Sahara Occidental, France, Emmanuel Macron, LREM, Dakhla,