Mois : avril 2021

  • Sahara occidental: des pressions migratoires sur l’Espagne depuis le Maroc

    MADRID – Le Maroc mène des pressions migratoires sur l’Espagne pour tenter de la forcer à reconnaitre sa prétendue souveraineté sur le Sahara occidental, a écrit le journaliste espagnol, Ignacio Cembrero, dans un article publié par le journal numérique « El confidencial ».

    Le journaliste a souligné dans son article sur les pressions migratoires sur l’Espagne, notamment depuis le Maroc, que « cette année sera pire que l’année 2020 qui était une mauvaise année, en terme d’immigration irrégulière, pour l’Espagne, et notamment pour les îles Canaries, avec 23023 arrivées. A l’origine de ces inquiétudes, « les données incomplètes pour le premier trimestre, rapportées par le ministère de l’Intérieur espagnol, qui indiquent que durant cette période, 6122 sans papiers ont débarqué en Espagne, dont plus de la moitié (3436) dans l’archipel des Canaries, soit 117% de plus qu’en 2020 ».

    « La plupart des immigrés qui ont posé le pied sur les îles, en plus des Marocains, sont des subsahariens, qui sont partis principalement des côtes du Sahara occidental » occupé par le Maroc, selon des rapports de renseignement échangés par la police européenne.

    Par ailleurs, Francisco Monux, ministre conseiller près de l’ambassade d’Espagne à Rabat, a souligné en mars dernier, que « si les autorités espagnoles ont réussi, fin novembre dernier, à ce que le Maroc accepte le retour hebdomadaire de 80 immigrés marocains irréguliers, chacun accompagné de deux policiers espagnols, tous munis d’un test PCR négatif réalisé dans les îles Canaries avant leur départ, les consulats marocains sont également très réticents à documenter les Marocains qui manquent de papiers pour pouvoir rentrer ».

    Lorsqu’ils reçoivent, enfin, un « sauf-conduit », les « sans papiers marocains ne peuvent être livrés qu’à l’aéroport d’El Ayoune, la capitale du Sahara occidental occupé, une exigence avec laquelle Rabat tente de forcer l’Espagne à reconnaitre sa prétendue souveraineté sur ce territoire non autonome ».

    Dans le même sillage, le journaliste a affirmé que les autorités marocaines « sont allées encore plus loin en faisant rapatrier des centaines d’illégaux Marocains3 qui avaient débarqué en Andalousie, vers l’aéroport d’El Ayoune occupée, en « exigeant leur transfert préalable des les îles Canaries ».

    Le journaliste espagnol estime qu’à ce rythme de rapatriement -avant la pandémie de Covid-19, ils étaient « plus nombreux à travers les frontières terrestres de Ceuta et Mellila- il faudrait trois ans à l’Espagne pour envoyer les Marocains arrivés irrégulièrement en 2020 ».

    Le journaliste espagnol, Ignacio Cembrero, avait précédemment publié un article bien documenté sur le même thème sur le site « ORIENT XXI » en date du 2 février 2021 sous le titre: « Sahara occidental. Chantage marocain à l’immigration pour faire plier l’Espagne ».

    Agences, 9 avr 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, migration, Sahara Occidental, Iles Canaries,

  • L’Espagne demande un ajustement des règles d’importation pour les tomates du Maroc

    L’appel de l’Espagne à réglementer l’importation croissante des produits marocains est bien connu. Aussi en politique. L’eurodéputée espagnole Clara Aguilera, porte-parole socialiste de la commission de l’agriculture au Parlement européen, a récemment demandé à la Commission européenne de corriger le système de prix à l’importation des tomates marocaines, écrit agrodigital.com .

    « Le prix à l’importation est la seule protection du secteur européen contre les importations qui faussent les échanges. En théorie, le système empêche ces importations d’entrer sur le marché communautaire à des prix inférieurs à un seuil », note Aguilera.

    Modifications

    Le prix d’accès des tomates importées du Maroc a été fixé en 1995 et l’ajustement du calcul en 2014 a été revu à la baisse par la Commission européenne à la demande du gouvernement marocain. C’est pourquoi le système de prix à l’importation des tomates du Maroc ne répond pas à l’objectif déclaré. « Après tout, il est impossible que le prix descende en dessous du prix de référence fixé il y a 25 ans pour la tomate ronde, sans faire de distinction entre les différents types de tomates », indique la lettre à la Commission.

    Aguilera demande à la Commission européenne quand elle envisage de modifier le système de calcul de la valeur forfaitaire globale des importations afin que le système de prix d’entrée devienne efficace et assure la stabilité du marché de la tomate dans l’UE.

    Le député européen souligne que la culture maraîchère à Grenade, Almería et Murcie perd de sa rentabilité en raison de l’accord d’association entre l’UE et le Maroc, dans la mesure où la superficie de certains produits, comme les tomates, diminue d’année en année, proportionnellement à la augmentation non réglementaire des quantités de tomates marocaines entrant dans l’UE.

    Source: agrodigital.com via Groenten Niews, 9 avr 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, tomates,

  • Notre Russie de tous les jours…

    Matei VIȘNIEC

    Etrange est l’illusion des Français qu’ils pourraient avoir une influence sur la Russie! Je suis cette saga diplomatique et culturelle avec un grand intérêt depuis de nombreuses années . Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuelle de l’Académie française et spécialiste de l’histoire de la Russie, affirme que «le couple franco-russe a toujours été passionné». De nombreux événements historiques peuvent fournir des arguments à l’appui de cette thèse, comme le fait que les Russes n’étaient pas irrémédiablement en colère contre les Français après que Napoléon les a envahis en 1812 et incendié leur capitale. Au contraire, la France offrait alors une occasion inattendue aux officiers russes de se venger à leur manière, en brillant dans les salons parisiens, et à l’armée russe, qui campait aux côtés de Paris, de prouver qu’elle était plus «civilisée» que les Français…

    Depuis une vingtaine d’années, les relations de Vladimir Poutine avec les présidents français sont parfois «passionnées». Depuis 2000, date à laquelle il a été élu président de la Fédération de Russie, Poutine a eu l’occasion de bien connaître Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron. Les meilleures relations de Poutine étaient avec Chirac. Ils auraient même atteint une certaine relation d’amitié, de confiance mutuelle, disent ceux qui ont eu accès aux coulisses de ces rencontres et discussions. En 2003, par exemple, Poutine a grandement apprécié le fait que la France ne soit pas d’accord avec l’intervention militaire américaine en Irak.

    Avec Nicolas Sarkozy, la «relation passionnée» a été plus dure au début, Sarkozy a semblé un peu trop impétueux dans son premier dialogue avec Poutine, et Poutine n’aurait pas hésité à le menacer simplement. Du point de vue de Poutine, le président Sarkozy était «l’homme des Américains» car il a décidé de renvoyer la France dans l’Alliance atlantique. Et pourtant, plus tard, un petit miracle s’est produit, les deux hommes ont commencé à s’apprécier, Nicolas Sarkozy a même accepté pour la France de construire deux navires de guerre Mistral pour les Russes. Et en 2008, au milieu d’une crise entre la Russie et la Géorgie, Sarkozy a réussi (du moins c’est la version française) à calmer Poutine.

    Les choses ont commencé à prendre une tournure plus dramatique dans les années où François Hollande était président. Et il n’y a probablement jamais eu de courant positif entre Hollande et Poutine. François Hollande a profondément irrité Poutine en arrêtant la livraison des navires Mistral à la Russie, compte tenu du conflit en Ukraine et de l’annexion de la Crimée. Cependant, il n’est pas difficile de voir que tant que la Russie était dans une période de «convalescence» économique et militaire, après la période Eltsine, les Français s’entendaient mieux avec Poutine. Et après que Poutine a restauré la Russie à son statut de puissance majeure dans la tradition impériale, les relations avec Paris se sont affaiblies.

    Emmanuel Macron avait également l’ambition de montrer qu’il peut être un interlocuteur privilégié du président russe. Symboliquement, au début de son mandat, il a offert à Poutine l’honneur d’être le premier chef d’État étranger à être reçu au château de Versailles, en grande pompe. Cependant, le contexte international, surtout depuis le déclenchement de la guerre en Syrie en 2011, est devenu si compliqué que les efforts de Macron pour créer de nouveaux ponts entre Européens et Russes ont eu pour effet de déferler des vagues. Poutine, quant à lui, a changé, devenant un véritable tsar, et l’Union européenne a perdu de son prestige et de sa force à la suite du Brexit. Et la guerre froide entre la Chine et les États-Unis, qui, selon de nombreux experts, marquera les prochaines décennies, place la Russie dans une position favorable en tant qu’allié potentiel de chaque camp.

    Alors que la situation s’est à nouveau aggravée dans l’est de l’Ukraine depuis le début de l’année et que le nouveau président américain Joe Biden semble avoir pris une ligne dure à l’égard de Poutine, la presse française renoue avec l’idée que Macron pourrait jouer un rôle, qu’il pourrait jouer un rôle de médiateur. la reprise du dialogue entre Occidentaux et Russes. Sleepy Joe, comme les républicains appelaient Joe Biden parce qu’il semblait un peu endormi au moment de la campagne électorale, est devenu, écrit la presse anglo-saxonne, une sorte de Sniper Joe . Il a décrit Xi Jinping comme un homme totalement insoluble dans l’idée de démocratie, et en Poutine il voit un «tueur».

    Mais les mots ne sont pas très importants dans les guerres diplomatiques, et les dirigeants internationaux se serrent souvent la main après s’être embrouillés. L’important maintenant est que chacun se comprenne sans que l’Ukraine devienne un espace de confrontation entre les États-Unis et la Russie.

    La Russie et la Chine «testent» actuellement Biden respectivement en Ukraine et à Taiwan, selon des experts géopolitiques. La crédibilité de la nouvelle politique de Washington, qui cherche à fédérer les démocraties mondiales et à mettre davantage l’accent sur les droits de l’homme, dépend de la capacité des Américains à aider les Ukrainiens et à protéger l’indépendance de Taiwan – une idée de plus en plus exprimée dans la presse française. Pour «tester» les Américains, Poutine a décidé de programmer des manœuvres militaires près de la frontière avec l’Ukraine, en guise de démonstration de force, et Xi Jinping a envoyé des avions militaires survoler l’île rebelle dans le même esprit.

    Voici, en une phrase, la stratégie du président français Emmanuel Macron vis-à-vis de la Russie: «Si nous maintenons le dialogue en permanence, nous pouvons obtenir des résultats, ou du moins nous pouvons éviter de graves divergences. Cela prendra des années, voire des décennies, mais nous devons le faire au nom de la paix et de la stabilité en Europe.  » Cette logique cache beaucoup de sagesse. Les Russes ont l’espace et le temps de leur côté. Ils ne sont pas pressés, Poutine peut s’attendre à ce que de nouveaux présidents ou chefs de gouvernement viennent dans tous les pays occidentaux avec lesquels il a des différends pour trouver des accords plus favorables aux intérêts de la Russie. En Europe, il n’apprécie qu’Angela Merkel puisqu’elle est au pouvoir depuis 2005. Et elle n’appréciera Macron que si elle remporte à nouveau l’élection présidentielle, en mai de l’année prochaine.

    Matei Vişniec est écrivain, dramaturge et journaliste.

    Dilema Veche, 8 avr 2021

    Etiquettes : Russie, Eurpe, Vladimir Poutine, France, Emmanuel Macron,

  • Chronique: La tourmente ukrainienne reflète l’histoire de l’Europe

    Une fois de plus, l’Ukraine est en train de devenir un foyer de tension entre la Russie et les États-Unis, ainsi que l’Europe. Un cessez-le-feu toujours incertain a été rompu et des mouvements de troupes russes très importants dans la région accompagnent désormais des combats sporadiques.

    En outre, Moscou déclare – tout en signalant autrement – que les relations diplomatiques avec l’Occident en général, et les États-Unis en particulier, se détériorent gravement, peut-être de manière inquiétante. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que les relations avec Washington avaient «touché le fond».

    Moscou n’a pas l’intention immédiate de renvoyer l’ambassadeur aux États-Unis Anatoly Antonov en position. Antonov est rentré chez lui après que le président Joe Biden ait déclaré publiquement que le président russe Vladimir Poutine «est un tueur».

    Les chasseurs à réaction de l’OTAN ont brouillé à plusieurs reprises à la fin du mois de mars. Ils ont suivi un nombre exceptionnellement élevé d’avions militaires russes apparaissant au-dessus de la mer Baltique, de la mer Noire, de la mer du Nord et de l’océan Atlantique Nord.

    Le 2 avril, le président Biden s’est entretenu avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Le secrétaire d’État Antony Blinken et le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan sont en bon contact avec leurs homologues ukrainiens. Le président du conseil des chefs d’état-major, le général Mark Milley, s’est entretenu au téléphone avec ses homologues russes et ukrainiens.

    L’Ukraine lutte contre les forces séparatistes dans les régions de l’est de Donetsk et de Louhansk depuis 2014, lorsque la Russie a brusquement annexé la Crimée. L’Union européenne a négocié une trêve, qui a apporté un certain calme agité, en particulier dans la capitale, Kiev.

    Depuis l’annexion, des centaines de Criméens ont été emprisonnés, accusés d’espionnage au nom de l’Ukraine. Cela comprend au moins une femme dans la soixantaine, identifiée uniquement par une initiale et non par son nom.

    La violence persistante en Ukraine reflète un bras de fer plus large pour l’alliance et l’influence entre la Russie et l’Occident. Moscou a d’abord bénéficié d’une forte influence, mais depuis 2014, l’Ukraine a évolué dans la direction opposée.

    L’adhésion à l’UE se profile à l’horizon et la coopération avec l’OTAN se développe. En juin 2020, l’Ukraine a rejoint un programme de partenariat de l’OTAN, et le gouvernement fait pression pour l’adhésion à part entière cette année.

    Les dirigeants occidentaux devraient condamner les violations des droits de l’homme, tandis qu’une politique efficace exige une appréciation du contexte historique général. La guerre à mort avec l’Allemagne nazie a eu un impact profond et continu sur la Russie, y compris la génération actuelle. Le totalitarisme a nourri les angoisses traditionnelles concernant le territoire et la sécurité nationale.

    Les responsables tenaces de l’administration George W. Bush ont fait pression sur l’expansion orientale de l’OTAN, y compris l’adhésion de la Géorgie et de l’Ukraine. Sans surprise, la Russie est devenue alarmée.

    Pendant cette période, la Géorgie a lancé une attaque militaire contre l’Ossétie du Sud séparatiste. En réaction, l’armée russe a envahi en 2008. Le président français Nicolas Sarkozy a négocié le cessez-le-feu. L’administration Obama a sagement mis fin à l’accent mis par l’administration Bush sur l’expansion de l’alliance vers l’est.

    Historiquement, l’Ukraine et la Géorgie sont enchevêtrées avec la Russie, de manière complexe. Le début de la révolution russe en 1917 a déclenché des mouvements d’indépendance. Après des années de lutte, l’Ukraine a finalement été absorbée par la nouvelle Union soviétique.

    Moscou a forcé la collectivisation des fermes, entraînant une grande dislocation de la population. L’Ukraine a également été la cible de vastes purges staliniennes et d’une famine massive forcée. Les autorités russes suppriment toujours les informations sur cette période.

    Le Conseil atlantique est aujourd’hui l’une des sources les plus impressionnantes d’analyse politique sur un large éventail de sujets, y compris les développements actuels en Ukraine. Accédez à leur rapport sur l’administration Biden et l’Ukraine:

    Biden et l’Ukraine: une stratégie pour la nouvelle administration

    Walgreens permettant aux personnes en attente de deuxième dose de vaccin Pfizer de reporter leurs rendez-vous

    Les États-Unis et leurs alliés doivent rester conscients de l’histoire, tout en démontrant par des actions militaires ainsi que des déclarations d’engagement clair en faveur de la défense de l’Ukraine.

    Arthur I. Cyr est professeur distingué Clausen au Carthage College et auteur de «After the Cold War».

    Chicago tribune, 7 avr 2021

    Etiquettes : Ukraine, Russie, Etats-Unis, Joe Biden, Europe, Union Européenne,

  • Enquête pour « association de malfaiteurs terroriste » à Béziers : la suspecte mise en examen et écrouée

    La jeune femme de 18 ans avait été interpellée durant le week-end de Pâques à la suite de renseignements faisant état d’une menace d’attentat contre une église.

    Après plusieurs jours de garde à vue, et une perquisition à son domicile ayant permis de mettre au jour des éléments de radicalisation, la jeune femme de 18 ans arrêtée le 3 avril Béziers, dans le cadre d’une enquête pour « association de malfaiteurs terroriste », a été mise en examen et incarcérée jeudi 8 avril.

    Présentée jeudi à un juge antiterroriste parisien, elle a été mise en examen pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle » et « détention de produits incendiaires ou explosifs » en relation avec une entreprise terroriste, selon une source judiciaire. Elle a été placée en détention provisoire, conformément aux réquisitions du Parquet national antiterroriste (PNAT).

    La jeune femme, « déscolarisée depuis deux ans » et « jamais condamnée », était pourtant inconnue des services, jusqu’à un renseignement très récent « faisant état d’une menace d’attentat contre une église » à l’occasion du week-end de Pâques, selon un communiqué du PNAT.

    Une photographie de la décapitation de Samuel Paty

    A la suite de ce renseignement, une perquisition avait été réalisée au domicile de la jeune femme, à Béziers, dans la nuit du 3 au 4 avril, par Ies fonctionnaires de la direction générale de la sécurité intérieure, assistés du RAID. Sur place, les enquêteurs n’ont trouvé aucun engin explosif constitué, mais ils ont découvert plusieurs éléments suspects.

    Dans sa chambre se trouvaient « plusieurs bouteilles de produits susceptibles d’entrer dans la composition d’explosifs : acétone, acide sulfurique, eau oxygénée (…) deux dispositifs susceptibles de constituer des engins explosifs improvisés en cours d’assemblage (…) une photographie imprimée de la décapitation de Samuel Paty », ainsi que d’autres photos « représentant des djihadistes armés ».

    « Elle voulait s’en prendre à des églises, dont une près de son domicile, et a parlé d’autres cibles, notamment un collège », affirme une source proche du dossier, tandis que le renseignement initial évoquait des églises de Montpellier. Selon le PNAT, un schéma d’une église de son quartier a été saisi chez elle.

    La jeune femme, issue d’un « milieu très précaire, désocialisé » est « très déprimée, suicidaire, mais en même temps dans une volonté de haine, de vengeance contre la République et ses institutions », ajoute la source proche du dossier. « Elle parle beaucoup de l’Etat d’Israël et des églises. »

    Une recette de fabrication d’explosifs

    Les enquêteurs se sont aussi intéressés à un carnet à spirale contenant « une recette de fabrication d’explosifs », des « notes manuscrites évoquant divers projets d’action violente » ou faisant référence a l’Etat islamique et au nazisme. Des images de propagande djihadiste ont également été trouvées dans son téléphone.

    Le 3 avril, la mère et les trois sœurs de la jeune femme, dont une mineure, avaient également été interpellées, mais leur garde à vue a été levée mercredi sans poursuite, aucun élément de radicalisation n’ayant été découvert à leur encontre, selon le PNAT.

    Les services marocains ont revendiqué mardi la paternité de l’information de départ, expliquant dans un communiqué avoir transmis le 1er avril à leurs homologues français « des informations précises sur une citoyenne française d’origine marocaine qui planifiait une opération terroriste imminente visant une église en France », « en coordination avec des éléments de Daech », l’organisation Etat islamique.

    Sans confirmer cette information, une source proche de l’enquête a rappelé à l’Agence France-Presse la « coopération particulièrement dense et très confiante » avec le Maroc, « particulièrement réactif dès qu’une information est susceptible de concerner la sécurité du territoire français ».

    Le Monde, 8 avr 2021

    Etiquettes : Béziers, menace d’attentat contre une église, terrorisme,

  • Les crises cachées des droits humains menacent la sécurité mondiale de l’après-Covid – Amnesty

    Kate Hodal

    Les crises des droits humains négligées dans le monde entier risquent de compromettre la sécurité mondiale, déjà précaire, car les gouvernements continuent d’utiliser la Covid comme couverture pour promouvoir des programmes autoritaires, a déclaré Amnesty International.

    L’organisation a déclaré que le fait d’ignorer l’escalade des points chauds pour les violations des droits humains et de permettre aux États de commettre des abus en toute impunité pourrait compromettre les efforts de reconstruction après la pandémie.

    Nous avons assisté à l’élaboration de nouveaux outils juridiques destinés à soi-disant « combattre les fausses nouvelles » mais qui, en réalité, répriment la liberté d’expression, à des attaques contre les défenseurs des droits humains – en particulier les défenseurs de l’environnement – dans le monde entier, et à une répression accrue des populations [minoritaires] qui n’étaient plus du tout à l’ordre du jour », a déclaré Agnès Callamard, nouvelle secrétaire générale d’Amnesty.

    « Les voix et les expériences de toutes ces personnes doivent être au cœur de notre relance post-Covid-19. Si elles ne le sont pas, les crises se multiplieront et le système [actuel] se perpétuera. »

    Un certain nombre de crises sous-déclarées se déroulent à travers le monde et méritent une attention immédiate, a déclaré Mme Callamard.

    Le rapport mondial d’Amnesty pour 2020-2021, publié mercredi, a révélé que les lois sur les « fake news » dans le Golfe, en Hongrie et à Singapour étaient utilisées pour faire taire les critiques à l’égard des gouvernements et des réponses à la pandémie.

    Les autorités singapouriennes ont utilisé la loi sur la protection contre les fausses informations et les manipulations en ligne, qui oblige les plateformes de médias en ligne à apporter des corrections ou à supprimer les contenus que le gouvernement considère comme faux – sous peine de sanctions pouvant aller jusqu’à 10 ans d’emprisonnement ou d’amendes pouvant atteindre 1 million de dollars singapouriens (540 000 livres sterling), tout au long de l’année 2020 contre les critiques du gouvernement et les opposants politiques.

    Selon le rapport, les militants du Sahara occidental, engagé depuis des décennies dans une lutte pour l’indépendance vis-à-vis du Maroc, ont été soumis à un certain nombre d’interrogatoires et d’accusations forgées de toutes pièces pour leur action en faveur des droits humains.

    « Le Sahara occidental vit sous l’oppression depuis de nombreuses décennies, mais [la décision de Donald Trump] de reconnaître la souveraineté du Maroc n’a fait qu’aggraver la répression », a déclaré le militant sahraoui Mohamed Elbaikam. « Les militants voient leurs salaires coupés ou gelés ; ils sont suivis et visés par des accusations forgées de toutes pièces, les membres de leur famille sont menacés, leurs téléphones et leurs connexions Internet sont piratés, et certains sont torturés et envoyés en prison sans procès. »

    La situation des droits humains aux Philippines, déjà ténue, s’est dramatiquement aggravée en 2020. En juillet 2020, les Philippines ont adopté une loi antiterroriste et sa définition large et vague du terrorisme a depuis été utilisée pour cibler les défenseurs des droits. La nation insulaire est déjà le deuxième pays le plus meurtrier derrière la Colombie pour les militants des droits humains, selon le groupe de défense Front Line Defenders. La grande majorité des personnes tuées en 2020 travaillaient sur les droits environnementaux, fonciers et indigènes, selon cette organisation.

    Voir aussi : Pour les reporters sri-lankais, les fantômes de la violence et de l’intimidation refont surface.

    Le rapport d’Amnesty a dressé un tableau sombre de la situation des droits de l’homme dans le monde, et Mme Callamard a déclaré que le Covid-19 avait « exposé et amplifié tout ce qui ne va pas dans notre société ».

    Les dirigeants ont fait de la pandémie une arme en l’utilisant pour intensifier les attaques contre les droits de l’homme ; des personnes vulnérables et âgées sont mortes par milliers dans des maisons de retraite ; la violence sexiste et domestique a augmenté dans toutes les régions du monde ; et des organismes mondiaux tels que la Cour pénale internationale et l’ONU n’ont pas réussi à relever les défis en matière de droits de l’homme omniprésents en 2020, a-t-elle déclaré.

    Un certain nombre de gouvernements dans le monde ont également eu recours à une violence excessive pour contrôler la pandémie – notamment aux Philippines, au Nigeria et au Brésil, où 17 personnes en moyenne ont été tuées chaque jour par la police au cours du premier semestre de l’année, selon le rapport d’Amnesty.

    Un certain nombre de pays ont continué à réprimer la liberté d’expression en 2020. Dans près d’un tiers de l’ensemble des pays suivis par Amnesty, les autorités ont harcelé ou intimidé des professionnels de la santé ou d’autres travailleurs clés, nombre d’entre eux risquant des représailles, notamment des arrestations et des licenciements, pour avoir fait part de leurs préoccupations concernant la sécurité ou les conditions de travail pendant la pandémie.

    Le rapport, qui couvre les tendances mondiales en matière de droits de l’homme ainsi que celles de 149 pays individuels, a également mis en évidence une augmentation marquée de la violence sexiste et domestique dans le monde, de nombreuses femmes et personnes LGBTQ+ étant confrontées à des obstacles à la protection et au soutien en raison des restrictions à la liberté de mouvement et de l’absence de mécanismes de signalement confidentiels.

    Mme Callamard a déclaré que la pandémie avait mis en évidence « l’incapacité du monde à coopérer efficacement en cas de besoin mondial urgent ».

    « La coopération internationale est le seul moyen de sortir de cette impasse », a-t-elle déclaré.

    Selon le rapport, les personnes les plus marginalisées du monde, notamment les femmes et les réfugiés, ont été les plus touchées par la pandémie. La mort, la discrimination, le chômage et l’inégalité sont des thèmes mondiaux : Le Covid-19 a tué au moins 1,8 million de personnes dans le monde en 2020, tandis que 270 millions de personnes se sont retrouvées confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, dont beaucoup dans des camps sordides.

    Le rapport a également souligné le nombre de personnes qui ont été inspirées pour rejoindre les protestations contre les politiques régressives, par exemple les manifestations Black Lives Matter aux États-Unis, les manifestations #EndSARS au Nigeria et les grèves virtuelles pour le climat.

    Tha Guardian via MSN.com, 8 avr 2021

    Etiquettes : droits de l’homme, sécurité mondiale post-Covid, Amnesty International, foyers de tension, fake news, Golfe, Hongrie, Singapour, Sahara occidental, Maroc, Donald Trump, Israël, normalisation, Philippines, LGBTQ +, répression, Black Lives Matter,

  • CMPAGC: déclaration du président suite à la réunion de la commission mixte

    La Commission mixte du Plan d’action global conjoint (CMPAGC) a repris ses travaux à Vienne dans un format physique ce vendredi. La Commission mixte est chargée de superviser la mise en œuvre de la CMPAGC.

    La Commission mixte était présidée, au nom du haut représentant de l’UE, Josep Borrell, par le directeur politique du SEAE Enrique Mora et a réuni des représentants de la Chine, de la France, de l’Allemagne, de la Russie, du Royaume-Uni et de l’Iran.

    Les participants ont fait le point sur les discussions tenues à différents niveaux depuis la dernière Commission mixte en vue d’un éventuel retour des États-Unis à la CMPAGC et ont débattu des modalités pour assurer le retour à sa mise en œuvre pleine et effective. La Commission mixte a été informée des travaux des deux groupes d’experts sur la levée des sanctions et les mesures d’application du nucléaire et les participants ont pris note des échanges constructifs et axés sur les résultats.

    À la lumière de la déclaration ministérielle conjointe du 21 décembre, les participants ont souligné leur détermination à poursuivre l’effort diplomatique conjoint en cours. Le coordinateur poursuivra ses contacts séparés avec tous les participants de la CMPAGC et les États-Unis.

    La Commission mixte a chargé les groupes d’experts de poursuivre leurs travaux et a décidé de se réunir à nouveau à Vienne au cours de la semaine prochaine.

    EEAS, 9 avr 2021

    Etiquettes : Union Européenne, Commission mixte du Plan d’action global conjoint, CMPAGC, Chine, France, Allemagne, Russie, Royaume-Uni, Iran,

  • L’Espagnol Sánchez tente de contenir l’immigration par une visite en Afrique

    MADRID (AP) – Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez effectue une mini-tournée dans deux pays d’Afrique qui jouent un rôle clé dans le nouvel effort du pays européen pour renforcer les liens avec le continent voisin et atténuer les flux migratoires que beaucoup craignent de voir augmenter en raison de la pandémie de coronavirus.

    Le président angolais Joao Lourenço a accueilli M. Sánchez lors de son passage à Luanda jeudi, déclarant qu’il souhaitait que l’Espagne soit un « partenaire clé » dans la diversification de l’économie de son pays. Le dirigeant européen, qui voyage avec des représentants d’une douzaine d’entreprises espagnoles, doit s’entretenir vendredi à Dakar avec le président sénégalais Macky Sall.

    M. Sánchez doit également rendre visite à la police espagnole qui travaille avec ses homologues sénégalais pour lutter contre le trafic d’êtres humains sur la côte ouest-africaine. Le contingent comprend 57 membres de la Garde civile et de la Police nationale espagnoles, deux patrouilleurs et un hélicoptère basés dans le port de Dakar.

    L’Afrique a proportionnellement signalé moins de cas de coronavirus et de décès que l’Europe. Mais les responsables à Madrid craignent que les conséquences des fermetures d’emplois et les ondes de choc de l’effondrement économique mondial n’envoient encore plus d’Africains dans le voyage périlleux vers les côtes européennes, dont beaucoup via l’Espagne.

    Plus de 41 000 personnes originaires du Maroc et d’Afrique de l’Ouest ont traversé vers l’Espagne en 2020, et plus de la moitié d’entre elles l’ont fait en embarquant sur des bateaux précaires à destination des îles Canaries, l’archipel espagnol de l’océan Atlantique, au large de la côte nord-ouest de l’Afrique.

    Les autorités espagnoles détiennent des milliers de migrants, y compris des demandeurs d’asile potentiels, dans des camps installés sur les îles, dans l’espoir de renvoyer le plus grand nombre d’entre eux dans leur pays d’origine, soit volontairement, soit par le biais d’accords avec les gouvernements africains. Une partie de cette solution consiste à reprendre les vols de retours forcés vers le Sénégal, un programme qui a été interrompu depuis 2018.

    Une autre étape consiste à augmenter les investissements et les échanges commerciaux limités de l’Espagne avec le continent voisin, afin de relever les économies africaines et de dissuader les migrants potentiels. Près d’un cinquième des exportations de l’Espagne en 2019 sont allées à l’Afrique, pour un montant de 19 milliards d’euros (22 milliards de dollars). Les importations espagnoles en provenance du continent ont représenté 27 milliards d’euros sur la même période.

    Mais M. Sánchez, un socialiste à la tête d’une coalition de gauche, a déclaré qu’il voulait faire de la période 2020-2030 la « décennie de l’Espagne en Afrique », avec l’Angola et le Sénégal parmi les pays prioritaires de sa politique triennale « Focus on Africa ».

    Lors d’une rencontre avec des journalistes avant la tournée de M. Sánchez, des responsables ont déclaré que les deux pays africains avaient été choisis en raison de leurs perspectives de croissance et de leur influence sur le continent. L’Angola est également considéré comme un acteur majeur dans la lutte contre les tensions régionales et comme un garant de la sécurité maritime dans le golfe de Guinée, où l’Espagne s’est engagée à envoyer un navire de guerre pour combattre la piraterie.

    Dans une déclaration télévisée faite jeudi après sa rencontre avec M. Sánchez, M. Lourenço a déclaré qu’il existait des possibilités d’investissements espagnols dans des domaines tels que l’agriculture, la pêche, l’industrie manufacturière, le textile et le secteur pharmaceutique. Il a noté que la production de biens en Angola donnerait aux entreprises espagnoles un avantage concurrentiel pour exporter vers le reste de l’Afrique.

    Il a également exhorté l’Espagne à envisager des investissements du secteur public angolais dans les infrastructures, l’énergie, la santé et l’éducation.

    L’économie de l’Angola, membre de l’OPEP, dépend fortement de la production de pétrole, mais la pandémie de COVID-19 a fait chuter les prix sur le marché mondial. Avec un taux de chômage supérieur à 30 %, le pays d’Afrique du Sud-Ouest devrait enregistrer une cinquième année consécutive de récession en 2021.

    Le gouvernement angolais s’apprête à privatiser environ 200 entreprises.

    M. Sánchez doit également se rendre au Maroc, voisin du sud et partenaire clé pour contenir les flux de migrants qui tentent de rejoindre les côtes européennes par des moyens irréguliers. Mais la dernière tentative de rencontre entre les deux dirigeants, en décembre, a été annulée, les responsables invoquant la pandémie de coronavirus comme principale raison. Aucune nouvelle date n’a été fixée pour la visite.

    M. Sánchez terminera sa tournée au Sénégal vendredi en visitant une base militaire pour les forces espagnoles et internationales qui luttent contre l’extrémisme dans la région du Sahel et le centre de Dakar qui accueillera le premier Institut Cervantes en Afrique subsaharienne pour l’étude de la langue et de la culture espagnoles.

    Spectrum News, 8 avr 2021

    Etiquettes : Espagne, migration, Afrique de l’Ouest,

  • Projet d’attentat contre une église : la suspecte de Béziers présentée à la justice

    Cinq mois après l’attentat jihadiste contre la basilique de Nice, l’antiterrorisme affirme avoir déjoué un projet d’action contre une église dans l’Hérault : la suspecte, une jeune femme de 18 ans de Béziers, est présentée jeudi à la justice en vue de sa mise en examen et de son incarcération. L. B. était en garde à vue depuis son arrestation dans la nuit de samedi à dimanche, en plein week-end de Pâques, après une perquisition au domicile familial, dans un quartier populaire de Béziers.

    Le Maroc revendique la paternité du tuyau

    La jeune femme, « déscolarisée depuis deux ans » et « jamais condamnée », était pourtant inconnue des services, jusqu’à un renseignement très récent « faisant état d’une menace d’attentat contre une église », selon un communiqué jeudi du parquet national antiterroriste (Pnat). Les services marocains ont revendiqué mardi la paternité du tuyau, indiquant dans un communiqué avoir transmis le 1er avril à leurs homologues français « des informations précises sur une citoyenne française d’origine marocaine qui planifiait une opération terroriste imminente visant une église en France », « en coordination avec des éléments de Daech », le groupe Etat islamique.

    Sans confirmer cette information, une source proche de l’enquête a souligné la « coopération particulièrement dense et très confiante » avec le Maroc, « particulièrement réactif dès qu’une information est susceptible de concerner la sécurité du territoire français ». Une enquête a été ouverte le 3 avril, permettant la perquisition le soir-même au domicile de la jeune femme.

    Une photo de la décapitation de Samuel Paty retrouvée chez la suspecte

    Chez elle, les enquêteurs ont alors retrouvé des produits permettant de fabriquer des explosifs (acétone, acide sulfurique, eau oxygénée), deux potentiels « engins explosifs improvisés en cours d’assemblage », ainsi que « des notes manuscrites évoquant divers projets d’action violente » et de la documentation jihadiste, « faisant référence » notamment au groupe Etat islamique, selon le Pnat. Les enquêteurs ont également mis la main sur « une photographie imprimée de la décapitation de Samuel Paty », le professeur d’un collège des Yvelines assassiné le 16 octobre pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet, « ainsi que des photographies représentant des djihadistes armés ».

    « Elle voulait s’en prendre à des églises, dont une près de son domicile, et a parlé d’autres cibles, notamment un collège », affirme une source proche du dossier, tandis que le renseignement initial évoquait des églises de Montpellier. Selon le Pnat, un schéma d’une église de son quartier a été saisi chez elle. La jeune femme, issue d’un « milieu très précaire, désocialisé » est « très déprimée, suicidaire, mais en même temps dans une volonté de haine, de vengeance contre la République et ses institutions », ajoute la source proche du dossier. « Elle parle beaucoup de l’Etat d’Israël et des églises ».

    Sa mère et ses trois soeurs, interpellées avec elle, ont été remises en liberté entre lundi et mercredi. « Aucun élément n’est venu impliquer » cet entourage familial et « aucun élément de radicalisation n’a par ailleurs été relevé les concernant », détaille le communiqué du Pnat.

    Le parquet entend requérir son placement en détention provisoire

    La jeune femme, elle, a été amenée dans la nuit de mercredi à jeudi au tribunal de Paris. Elle doit être présentée à un juge d’instruction antiterroriste, chargé de poursuivre les investigations ouvertes pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle » et « détention de produits incendiaires ou explosifs » en relation avec une entreprise terroriste. Le parquet entend requérir son placement en détention provisoire.

    « Les lieux de culte sont des cibles récurrentes de la propagande jihadiste », souligne la source proche du dossier, rappelant l’attentat perpétré par Brahim Aouissaoui qui a fait 3 morts le 29 octobre à Nice, ou l’assassinat du père Hamel en juillet 2016 à Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen. « On peut penser que la jeune femme a été influencée par les nombreuses vidéos qu’elle avait en sa possession », ajoute cette source.

    Depuis la republication des caricatures de Mahomet en septembre, à l’occasion du procès des attaques de janvier 2015, trois attentats ont été perpétrés en France : outre l’assassinat de Samuel Paty et l’attaque de la basilique de Nice, un jeune Pakistanais avait grièvement blessé deux personnes avec une feuille de boucher devant les anciens locaux de Charlie Hebdo à Paris, le 25 septembre. La vague d’attentats islamistes qui frappe la France depuis ceux de janvier 2015 a fait plus de 250 morts.

    Europe1, 8 avr 2021

    Etiquettes : Béziers, attentat, terrorisme, Maroc,

  • L’apocalypse c’est de croire que l’on peut sauver le monde, sans le changer

    Un phénomène troublant peut être constaté dans les pays musulmans, l’extraordinaire résurgence au cours des dernières décennies de la croyance que la fin du monde des Hommes est proche et avec elle l’avènement de la » Grande Bataille « , prophétisée par la tradition eschatologique des religions du livre, notamment celle musulmane, l’Islam. Dans l’essor de la spéculation millénariste, est à souligner la facilité avec laquelle les événements du monde ont pu être incorporés dans l’univers intellectuel des propagandistes apocalyptiques.

    Les visions chrétiennes et juives du Jugement dernier ont stimulé une réaction alarmiste en terres d’Islam, la crainte répandue de la domination judéo-chrétienne comme une impulsion stigmatique au djihad. Bien que l’écrasante majorité des musulmans du monde reste sceptique sur ce point, la conviction,par une minorité agissante,de l’imminence de l’apocalypse est une affaire à prendre au sérieux, surtout pour ceux qui s’y préparent assidûment et veulent s’acheter un ticket pour le Paradis. Une organisation apocalyptique s’est développée ces dernières décennies dans le monde musulman, avec importation massive, par des prêcheurs sans formation religieuse, de thématiques évangélistes, de théories de la conspiration mystique ou de bricolage eschatologique pour embrigader les plus vulnérables.

    La dimension du phénomène est à associer à une crise existentielle de l’Etat et à une défaillance de celui-ci dans le processus de transmission des normes religieuses et de la légitimité islamique.Profitant de cette brèche, Daesh, del’acronyme arabe de « l’État islamique », a connu une progression fulgurante de sa popularité, ces dernières années ;cela lui a permis de contrôler sur la frontière syro-irakienne, un territoire d’une superficie comparable à celle de la Jordanie et d’y asseoir un califat terroriste. Cette organisation assassine offre à ses adeptes un imaginaire apocalyptique, où des chevaliers héroïques se dirigent vers le‘’combat de la fin des temps’’. Il semble d’ailleurs que ce scénario agisse comme un puissant levier de recrutement etde mobilisation de tous les désespérés de la terre pour le djihad et le suicide symbolique.

    Daesh est ainsi devenu l’organisation terroriste la plus crainte, la mieux équipée en effectifs humains et en matériel et la plus riche de l’histoire de l’humanité. On sous-estime trop l’impact de sa propagande apocalyptique dans l’embrigadement de ses milliers de combattants permanents, dont au moins 4 000 jihadistes de nationalité Tunisienne et autant européenne. Ceux-ci sont en effet particulièrement motivés par la conviction de mener, sous l’étendard noir de Daesh, rien moins que la bataille de la fin des temps.Son nom « État islamique », affiche ainsi la volonté de ceux à sa tête d’établir une base territoriale conforme à leur lecture de la prophétie, puis de l’étendre coûte quecoûte, sur la based’une tradition (hadith) prophétique, dont ils prétendent la réalisation comme imminente. L’interprétation apocalyptique du hadithservant de référent, s’est accentuée en s’inspirant des évangiles apocalyptiques de Marc, Luc et Jean le Baptiste, apôtres du Christ. Ainsi, la force de la propagande de Daesh est de mêler savamment des données géographiques et/ou politiques à épopées historiques et des prophéties apocalyptiques de combat duBien et le Mal, afin de convaincre ses fidèles de leur appartenance à l’avant-garde des élus divins.Cette certitude d’avoir raison, contre l’ensemble de tous les autres musulmans,permet de consolider la pratique totalitaire de Daesh, dont les principales victimes sont lesmusulmans eux-mêmes, généralement arabes et sunnites, tombés sous sa domination et séduits par son chant des sirènes.

    Au chapitre six du livre de l’Apocalypse, dans le Nouveau Testament, il est fait mention de quatre créatures célestes, venues pour signifier la fin du monde des hommes.

    « Le pouvoir leur fut donné sur le quart de la terre, pour faire périr les hommes par le glaive, par la famine, par la mortalité, et par les bêtes sauvages de la terre. »

    « [1] Alors je vis que l’Agneau avait ouvert un des sceaux, et j’entendis l’un des quatre animaux qui disait d’une voix de tonnerre : Viens et vois.

    [2] Je regardai donc, et je vis un cheval blanc, et celui qui était monté dessus avait un arc, et on lui donna une couronne, et il partit en vainqueur, pour remporter la victoire.

    [3] Et lorsque l’Agneau eut ouvert le second sceau, j’entendis le second animal qui disait : Viens, et vois.

    [4] Et il sortit un autre cheval qui était roux ; et celui qui le montait reçut le pouvoir de bannir la paix de la terre, et de faire que les hommes se tuassent les uns les autres ; et on lui donna une grande épée.

    [5] Et quand l’Agneau eut ouvert le troisième sceau, j’entendis le troisième animal, qui disait : Viens et vois. Et je regardai, et il parut un cheval noir, et celui qui était monté dessus avait une balance à la main.

    [6] Et j’entendis une voix qui venait du milieu des quatre animaux, et qui disait : La mesure de froment vaudra un denier, et les trois mesures d’orge vaudront un denier ; mais ne gâte point ni l’huile ni le vin.

    [7] Et quand l’Agneau eut ouvert le quatrième sceau, j’entendis la voix du quatrième animal, qui disait : Viens, et vois.

    [8] Et je regardai, et je vis paraître un cheval de couleur pâle ; et celui qui était monté dessus se nommait la Mort, et l’Enfer le suivait ; et le pouvoir leur fut donné sur la quatrième partie de la terre, pour faire mourir les hommes par l’épée, par la famine, par la mortalité, et par les bêtes sauvages de la terre. »

    Nouveau Testament, Apocalypse chapitre 6, 1-8

    Dans la même lignée, c’est du recueil d’Abou al-Hussein Muslim (817-875), qu’est tiré le hadith suivant, très populaire, bien au-delà des cercles djihadistes. « L’heure dernière n’arrivera pas avant que les Byzantins attaquent A’amaq ou Dabiq. Une armée musulmane regroupant des hommes parmi les meilleurs sur terre à cette époque sera dépêchée de Médine pour les contrecarrer. Une fois les deux armées face à face, les Byzantins s’écrieront : “Laissez-nous combattre nos semblables convertis à l’islam.” Les musulmans répondront : “Par Allah, nous n’abandonnerons jamais nos frères.” Puis la bataille s’engagera. Un tiers s’avouera vaincu ; plus jamais Allah ne leur pardonnera. Un tiers mourra ; ils seront les meilleurs martyrs aux yeux d’Allah. Et un tiers vaincra ; ils ne seront plus jamais éprouvés et ils conquerront Constantinople. ».

    Ce n’est pas la première fois qu’un discours apocalyptique accompagne une insurrection armée dans le Monde musulman sunnite. Rappelons qu’en 1979, un commando millénariste avait proclamé la fin des temps dans l’enceinte même du sanctuaire de La Mecque. Il faut dire aussi que l’Irak est depuis toujours associé, dans les différents recueils prophétiques, à la chronologie évoquée de la fin des temps.Mais c’est aussi le cas, en miroir, des militants chiites, qui levèrent l’armée du Mahdi (l’imam « bien-dirigé » de la fin des temps) et accusèrent al-Zarqaoui auto-proclamé calife de l’Etat Islamique d’être l’ennemijuré de ce Mahdi, soit l’Antéchrist (le Dajjal, littéralement le Faux-Prophète).

    Un des cavaliers de l’Apocalypse à Sidi Bouzid, en Tunisie ?

    La vague révolutionnaire qui continue de traverser le Monde arabo-musulman a cependant remis à jour le réel djihadiste au cours des mobilisations populaires de contestation. Les insurgés, qui accusaient initialement leur dictateur d’être le « Dajjal » (le Menteur), mettaient en cause les « mensonges » de la propagande officielle, mais ils ont vite abandonné cet argument polémique, même si certains ont cru, en janvier 2011, voir un des cavaliers de l’Apocalypse à Sidi Bouz id, en Tunisie.

    Certains des partisans d’Ennahdha relaient avec énergie les prédictions catastrophistes des évangélistesen rapport au Mahdi El Montadhar. Les mordus de la fin des temps se rejoignent aussi dans un antisémitisme militant, puisque le seul point commun de leurs funestes scénarios est la disparition du peuple juif, par extermination ou par conversion.Il faut dire que l’islam tunisien est sous influence del’Union internationale des savants musulmans qui n’est que l’antenne des frères musulmans d’Egypte, organisation réputée terroriste et funeste. L’abandon de la révolution tunisienne a ainsi abouti à livrer le pays aux imprécateurs bellicistes et fanatiques sunnites et chiites d’une apocalypse moderne.

    Le naufrage irréversible du navire Tunisie

    Gardons-nous donc des illusions d’optique de cette Apocalypse en miroirs, où les fanatiques des deux camps renforcent leur propagande mortifère.Pour certains, le Covid-19, et les pandémies plus largement, signaleraient le passage du cavalier sur le cheval pâle, identifié comme la mort et la Pestilence ; il marque de son passage un tournant dans ledevenir des civilisations, un effondrement des modes de vie et du Monde tel que nous le connaissons. Le monde entier cherche par tous les moyens possibles, des solutions à une pandémie affectant toutes les structures de la société. Mais les pandémies surviennent depuis des millénaires et souvent les textes sacrés s’en emparaient pour relire les événements dans une autre perspective que celle terrestre.

    La Tunisie est otage de l’ombre ;ombre passive, indolente, victime de sa passion comme la Présidence de la République. Kaïs Saïed, le Capitaine Achab tunisien, est ligoté à son gouvernail et contraint d’assister depuis les premières loges au naufrage irréversible de son navire. Il mène seul une quête de la vérité, dont le caractère allégorique se comprend au mieux en regard de la relation ambiguë qu’entretient K. Saïed avec l’idéalisme et l’islamisme.La Constitution c’est le Moby Dick de ses obsessions ; elle apparait comme une allégorie, une figure rhétorique, permettant, par l’articulation cohérente d’un ensemble de symboles et de métaphores, de marteler une idée générale, que ce soit dans l’action politique ou dans le texte. Il faut souligner à cet égard l’importance du contexte socio-politique dans cette figure rhétorique,tout comme le contexte culturel permettant son efficacité. Plus précisément, l’allégorie apparaît en temps de crise du sens, lorsque les ressources d’une tradition culturelle donnée deviennent « illisibles », et invisibles, ce qui demande d’outrepasser le sens reçu que l’on ne comprend plus. Le travail de l’allégorie apparaît en tension avec les modes historiquement convenus de compréhension dans une tentative de préserver une vérité ou de transmettre le sens.Ombres actives pour le pire, les partis de la société politique. Dans cette obscurité, il y a le ministère de la santé, avec à sa proue une tête brulée qui pêche par son incompétence et par son inconséquence et qui navigue à l’aveugle, victime des courants ; aussi le comité scientifique, comité d’experts en ignorance, qui fait n’importe quoi ou presque pour ne pas avouer qu’ils n’y comprennent rien. L’intox du Comité Supérieur de Lutte Contre le Coronavirus lors des conférences de presse hebdomadaires sur l’évaluation de la situation épidémiologique.La directrice de l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes qui nourrit ses propres ambitions politique et qui se sert de la crise sanitaire comme tremplin pour son ascension, comme ont pu le faire d’autres avant elle. Le ministre du tourisme qui envisage de livrer notre pays en pâture à une nouvelle invasion étrangère, comme ce fut le cas en été 2020 pour une saison dont les résultats ont été plus que médiocres. Même le Mufti de la République est de la partie à cette curée morbide. Ce sinistre individu, payé le plus souvent à ne rien faire, a lancé une fatoua opportuniste par laquelle il prétend que la vaccination est un devoir religieux et national, croyant pouvoir justifier son salaire en concluant un marché avec Dieu. Qui est-il pour ajouter un sixième pilier à l’Islam de sa propre création, l’obligation de la vaccination. Entre la pandémie et le réchauffement climatique, avec une engeance macabre à sa gouverne, l’espèce humaine est en train de tomber de charybde en scylla et risque pour son avenir et sa pérennité.

    La situation sanitaire est catastrophique avec plus de 40 nouvelles souches et variants du coronavirus, enregistrés. Des vaccins à l’efficacité relative pour ne pas dire douteuse, dont font leurs choux gras les laboratoires pharmaceutiques. Le dangerprovient aussi du variant britannique qui se manifeste au niveau de la virulence et de la rapidité de sa propagation et aussi du fait qu’il touche les plus jeunes et les enfants. Nous sommes à la veille des excès que nous connaissons de la période du mois de ramadhan, lequel mois est aussi celui du non-respect du protocole sanitaire comme l’a montré le ramadhan de 2020. Le chef du gouvernement a mobilisé toutes les potentialités du gouvernement et de l’Etat pour les préparatifs du mois de Ramadanalors que les gens sont en train de tomber comme des mouches du fait de la pandémie. Encore une inconséquence criminelle dont il devra répondre devant ses juges.

    C’est un véritable scénario de fin du monde, un Armageddon programmé, le résultat du déversement du contenu de la sixième et de la septième coupe, les dernières plaies, qui doivent mener le monde à son terme, selon les termes de Jean. A l’inverse de l’adage connu, perdre cette bataille, c’est sans doute perdre la guerre.L’Europe et l’Asie font déjà face à une troisième vague épidémique, qui se présente déjà en hécatombe.Même en Tunisie, la nouvelle vague est là, pestilence frappe à l’huis attendant qui lui ouvrira le premier. Les infections se multiplient comme en témoignent les chiffres qui grimpent à toute vitesse aux compteurs. Les hôpitaux sont saturés, voire dépassés, une nouvelle fois, par la rapidité de progression de ce nouvel assaut de la maladie. A ce rythme, le pays risque de bientôt voir l’effondrement total de son pauvre système national de santé. La vaccination risque de devenir inutile, voire mutilante, avec les multiples mutations du virus qui pourraientl’immuniser contre les vaccins utilisés.

    Comparer ce qu’est devenue la Tunisie à ce qu’elle aurait dû être

    Je ne peux m’empêcher de comparer ce qu’est devenu la Tunisie à ce qu’elle aurait dû être. Au lieu d’aller de l’avant, elle n’a fait que reculer. Dans ces conditions, comment ne pas se remémorer les temps pas si anciens. Il y a dix ans, il y avait certes des problèmes, comme l’absence de libertés politiques, que l’on doit condamner sans réserve, mais c’était un pays en plein développement, une société en cours de modernisation, dont le niveau de vie s’élevait et dans lequel la vie était possible matériellement parlant. Aujourd’hui, plus de la moitié de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté ; la fuite des cerveaux a produit une hémorragie irréparable au potentiel réparateur du pays. Seuls sont restés quelques bras cassés sans scrupule qui dépouillent le pays de tout ce qu’ils peuvent ; les tensions religieuses et culturelles divisent une société au bord de la guerre civile ; les minorités sont chahutées par des bandits racistes à la solde des mafias gouvernantes, et la drogue, la prostitution, la corruption ne cessent de se répandre comme une gangrène dans le tissu social. Les prix des denrées de première nécessité sont en hausse irrépressible à la veille même de ramadhan pour rendre les choses encore plus difficiles pour le peuple. Sans parler d’une répression tacite touchant toute la société, comme une chape de plomb pesant de to ut son poids. La Tunisie aurait pu être le phare de l’Afrique et le leader du Maghreb arabe;elle est devenue un Etat failli, le spectre d’elle-même. Le plus dramatique, c’est que dans la foulée, deux générations ont été sacrifiées. A quelle fin ? Sans être amer, il faut envisager la rébellion de 2011 comme une expérience supplémentaire dans un pays qui est déjà passé par des phases historiques extrêmement difficiles, un passage expiatoire. Ce n’est pas la première fois que la Tunisie est à l’épreuve. Nous avons été maintes fois envahis, agressés, occupés, bafoués et nous nous sommes relevés. Certes, la crise est désormais intérieure et le remède plus difficile à envisager. Mais, si l’on ose une comparaison avec l’Europe, il y a eu, il y a quelques siècles une période où la religion étouffait la société. Cela a précédé l’avènement des Lumières et l’éclosion des droits de l’Homme

    Le facteur religieux… Un frein durable au développement?

    Souvent l’Occident se demande si le facteur religieux propre aux sociétés islamiques n’est pas en soi un frein durable au développement et à l’épanouissement. Il y a 10 ans, l’une des raisons pour lesquelles les Tunisiens ont accepté si facilement Ennahdha, c’était que la religion apparaissait irréfutable. Le facteur religieux offrait sans doute pour le peuple une apparence de stabilité et de crédibilité, dans une période d’agitation et de bouleversements extrêmes.Aujourd’hui, des acquis de la révolte ne persiste que quelques fragments de la liberté d’expression ;nous pouvonscertes assister à des discussions incroyablement animées, y compris sur la question de la laïcité, mais sans solutions à la clé. Mais certains commencent à vouloir la museler et la censure commence à pointer son nez. Il existe néanmoins de nombreuses voix qui s’interrogent sur la séparation de la religion et de l’Etat, malgré les menaces dont ils sont victimes. La question n’est pas taboue en soi et quand bien même elle l’aurait été, ils n’en ont que faire.

    La Tunisie perd peu à peu sa neutralité et sa rationalité sensée qui forçait le respect du monde

    Bourguiba, Ben Ali, Kaïs Saïed, la croyance en un homme providentiel est une constante. Il est vrai que, tout au long de notre histoire, nous avons cherché l’homme providentiel. Cela reste encore vrai aujourd’hui ; malheureusement une nouvelle culture politique se développe parmi les jeunes générations, où l’idée de la responsabilité individuelle a de l’importance.Les islamistes croient vraiment enune perspective eschatologique et, autour d’eux, gravite un cercle de dangereux illuminés qui partagent cette conviction de la fin des temps avec la venue du ‘’Mahdi’’ pour établir ‘’le seul règne juste’’. Ce n’est pas du tout un positionnement médiatique, et c’est bien ce qui est inquiétant. Il est terrifiant d’imaginer ce qui pourrait arriver si un jour de tels individus avaient accès à l’arme atomique. Le régime tunisien a suffisamment montré qu’il n’offrait plus aucune garantie internationale et ne respectait pas ses engagements internationaux. Jusqu’alors, du point de vue de ses dirigeants, la politique étrangère de la Tunisie était perçue comme un succès en termes d’extension tentaculaire de l’influence médiatrice.

    L’Etat était présent sur la scène internationale et avait son mot à dire. Il était entendu et surtout écouté par les grands de ce monde. Son point de vue comptait. On sait ce qu’il est advenu de sa parole après 2011. Les choix diplomatiques du Président tunisien actuel ne vont plus dans le sens de l’intérêt de l’Etat et des tunisiens. On en veut pour preuve la position tunisiennedans le dossier Libyenqui est, le moins que l’on puisse dire, catastrophique et témoigne d’une immaturité politique.En exemple l’invitation du président turc et la conclusion d’on ne sait quels accords, ensuite, au niveau du dossier libyen, s’aligner du côté d’une des parties au conflit. Le chef de l’Etat est entouré de conseillers diplomatiques manifestement incompétents, à commencer par la Cheffe du cabinet de la présidence. Le Président enfermé dans sa tour d’ivoire, a une vision de la scène internationale étriquée,ce qui entraine le pays dans une spirale d’isolement international et de choix stratégiques contraires, non seulement à ses intérêts, mais aussi à toute logique diplomatique.Des décennies d’acquis, en matière de relations internationales et de ranking sur la scène mondiale sont réduits à néant.La Tunisie perd peu à peusa neutralité et la rationalité sensée qui forçait le respect du monde. Il n’y a qu’incompréhension de la politique internationale et des méandres de la géostratégie qui gouvernent la politique mondiale, alors que la Tunisie dispose de nombreux experts qui pourraient se charger de conseiller les décideurs de l‘Etat en la matière.

    Des intérêts sous-tendus par des relations économiques et commerciales, ainsi que politiques et sécuritaires, avec les instances internationales et les régions du monde à même d’aider la Tunisie sont en jeu. Sur ces différents points, la Tunisie n’a enchaîné que des mauvaises options. Les choix et les positions de la diplomatie tunisienne ont été doublement erronés. Ils prouvent une irresponsabilité majeure, la Tunisie s’étant miseà dos la quasi-totalité de la communauté internationale et ne s’étant préservé aucun allié.Il faut dire aussi que la diplomatie tunisienne est depuis quelque temps, en partie, confisquée par certains tenants de la classe politique, notamment le président du parti islamiste Ennahdha. La chancellerie tunisienne ne semble pas saisir le sens des faits et des événements internationaux et se soumet aux choix dictés par les représentants islamistes de Tunis.

    On imagine mal plus d’impairs de la part de ceux qui parlentau nom et pour le compte du peuple, sur la scène internationale.La diplomatie tunisienne a été portée absente à diverses manifestations internationales importantes, comme le sommet de Berlinsur la Libye auquel elle a pourtant été invitée. Absence tunisienne notamment au forum économique Russie-Afrique tenu le 24 octobre 2019 à Sotchi, au forum de Paris sur la paix, organisé le 12 novembre 2019. Absences incompréhensibles de kaïs saied au sommet de Davos en janvier 2021, et à celui de l’Union africaine en février 2021, tous deux pourtant en virtuel (visio-conférences). Le 23 décembre 2020, la Tunisie a manqué l’occasion de siéger à la Cour Pénale Internationale. Le candidat tunisien ainsi que le poste de magistrat à la CPI n’ont apparemment suscité l’intérêt ni de la présidence, ni du Chef du gouvernement, ni même celui du ministère des affaires étrangères.

    Il en a été de même pour le poste de Commissaire de l’UA pour l’éducation, la science, la technologie et l’innovation. La présidence et le ministère des Affaires étrangères, jusqu’au dernier moment n’ont présenté aucun candidat, risquant de faire perdre à la région du Maghreb l’opportunité d’occuper ce poste, sans l’intervention de l’Algérie. Ajoutons dix mois de vacance inédite à la tête de l’ambassade de Tunisie à Paris. Autant d’actes qui donnent l’impression que les autorités tunisiennes agissent de manière brouillonne, qui agrandissent et approfondissent le fossé en train de se creuser entre la Tunisie et tous ses partenaires internationaux et qui aggravent l’isolement du pays, du fait des attitudes incompréhensibles de sa diplomatie et de sa politique étrangère.Les chancelleries occidentales,comme les Organisations internationales, sont décontenancées.

    Le président voyage peu, est en guerre contre une partie du ministère des Affaires étrangères et rechigne à recevoir les ambassadeurs étrangers à Carthage au point que pour le Quai d’Orsay, Tunis ne répond, parfois, plus.Il faut dire que la rareté de surface de contact en politique é trangère ne rassure pas les partenaires, comme l’analyse la diplomatie française, qui reconnaît que de prime abord se dégage l’impression d’une diplomatie tunisienne qui navigue à vue par excès de défiance.Il est manifeste qu’un gouvernement schizophrène et paranoïaque crée des crises un peu partout pour tenter de regagner la légitimité qu’il a perdue à l’intérieur. Les dérives diplomatiques des clans au pouvoir ne se limitent pas au soutien à la Libye, ou à la cause palestinienne, elles vont jusqu’à l’Amérique. Quoiqu’il en soit, il ne s’agit en rien d’une vision permettant de défendre nos intérêts nationaux. Durant plus de six décennies,la Tunisie s’est imposée comme modèle dans le monde, et il a la chance de pouvoir capitaliser sur le legs de ceux qui se sont succédés à sa tête, pour donner à la diplomatie tunisienne l’envergure souhaitable, défendre les causes justes avec l’humanisme qui a toujours été le sien et agir à l’international conformément à la neutralité positive du pays. Cela nécessite de désigner des porte-voix inspirants et compétents et de développerun dispositif diplomatique performant et complet.

    Mettre en échec l’Islamisme fondamentaliste extrémiste qui pollue notre image et dégrade nos acquis si durement gagnés

    Dans tous les cas de figure, si le régime veut survivre, il doit absolument mettre en échec l’Islamisme fondamentaliste extrémiste qui pollue notre image et dégrade nos acquis si durement gagnés ; il faut combattre ces idées noires qui n’apportent que malheur et désolation. La République Tunisienne ne peut pas perdurer dans un monde où l’on parle des droits de l’Homme ou de la démocratie, sous la menace d’un basculement vers un régime théocratiquerétrograde et obscurantiste. Tous ces principes démocratiques et libertaires sont du cyanure pour les islamistes.Dans les mois à venir, un jeu politique et diplomatique peut s’engager, mais, au final, il ne faut pas se faire d’illusion. On ne peut entrevoir aucune raison pour laquelle les islamistes accepteraient un changement de comportement pour faire leurs ces principes qu’ils exècrent. Cela provoquerait, de manière certaine, leur chute. Ils ne peuvent plus revenir en arrière. Dans ces conditions, la diplomatie ne pourra que tourner en rond une nouvelle fois. Comment voulez-vous que les vassaux de Al-Qaradawi et de cette « Piovra » qu’est l’Union internationale des savants musulmans, dont le but reste l’exportation de l’Islamisme obscurantiste, puissent s’asseoir un jour à la même table que le président d’une démocratie ou d’un Etat Laïque ? Même si la concorde revenait au pouvoir, le comportement du régime resterait identique, car le vrai décideur c’est le parlement et celui-ci est un fief des frères musulmans, de cette ‘’Internationale terroriste’’. J’ai bien peur qu’une nouvelle fois la course à la terreur ne continue pendant ces temps à venir.

    Tracer une ligne rouge définitive sur la question de la religion

    Si l’on veut avoir une chance de réussir, il faut d’abord tracer une ligne rouge définitive sur la question de la religion, car, jusqu’ici, cette ligne floue n’a cessé de bouger. Ensuite, il faut accepter l’idée que, si le régime doit changer un jour, ce devra être le fait du peuple lui-même conscient, informé et éduqué sur le fait politique et non par une intervention extérieure ou la violence aveugle. La majorité de nos concitoyens n’en peuvent plus de ce système, ils sont excédés par le ridicule politique qui tue leur conscience citoyenne ; toutes les informations qui parviennent à filtrer prouvent qu’il existe un profond désir de démocratie laïque. Si on veut forcer le régime à changer d’attitude, ce n’est pas par la pression extérieure que l’on y arrivera, mais par la revendication sociale intérieure et le jeu de la saine société civile. Celle-ci doit accepter son rôle car elle a un devoir moral d’assurer sa fonction réelle de contre-pouvoir et d’inspirante. Or, depuis trente ans, nous n’avons presque pas vu de vrai dialogue libre entre le monde politique, le peuple et la société civile. Il n’y a eu presque aucun échange avec les forces d’opinion démocratiques. Tout ce que nous avons pu avoir, c’est cet ersatz de dialogue qu’ils appellent ‘’dialogue national’’ ; une instance aseptisée où peuvent se rencontrer les parrains qui tiennent l’Etat à la gorge. Il n’en ressort que des ententes personnelles servant les intérêts des plus influents, des demies teintes, des demies mesures et des compromis scabreux et le peuple sera toujours le perdant de l’histoire.

    J’ai beaucoup réfléchi aux campagnes de désobéissance civile en Afrique du Sud ou à l’exemple des dissidents dans l’ancien bloc de l’Est. Je veux m’inscrire dans un scénario de changement en proposant une voie qui soit légitime et la moins coûteuse pour la société tunisienne. On ne bâtira pas notre avenir sur un règlement de comptes. La mission de ma réflexion est de fédérer les véritables forces démocratiques de ce pays, où qu’elles se trouvent, afin d’instaurer une démocratie laïque réelle, réaliste, fondée sur de vraies valeurs et d’assurer la réconciliation nationale sur la base de la seule qualité d’être Tunisien.

    Monji Ben Raies
    Universitaire, juriste et politiste
    Enseignant en droit public et sciences politiques
    Université de Tunis El Manar
    Faculté de Droit et des Sciences Politiques de Tunis

    Leaders, 6 avr 2021