Mois : avril 2021

  • La Grèce accuse la Turquie de vouloir la provoquer avec des bateaux de migrants

    ATHENES (Reuters) – La Grèce a accusé vendredi la Turquie de vouloir la provoquer en tentant de pousser des bateaux transportant des migrants dans les eaux grecques, ce qu’Ankara a fermement rejeté.

    La Grèce et la Turquie sont en désaccord sur une série de questions, notamment les ressources énergétiques en Méditerranée, et les tensions entre les alliés de l’OTAN se sont accrues l’an dernier lorsque des milliers de demandeurs d’asile en Turquie ont tenté de prendre d’assaut la frontière terrestre grecque.

    Le ministre des migrations Notis Mitarachi a déclaré que les garde-côtes grecs avaient signalé vendredi de multiples incidents au cours desquels les garde-côtes et la marine turcs ont accompagné des bateaux de migrants « jusqu’à la frontière de l’Europe, dans le but de provoquer une escalade » avec la Grèce.

    « Il ne fait aucun doute que ces migrants ont quitté les côtes turques, et compte tenu du fait qu’ils étaient soutenus par la Turquie, ils ne couraient aucun risque », a déclaré Mitarachi dans une déclaration enregistrée.

    « Nous appelons la Turquie à se retirer et à mettre fin à cette provocation injustifiée ».

    Le vice-ministre turc de l’Intérieur, Ismail Catakli, a répondu à Mitarachi sur Twitter, affirmant qu’il déformait les événements et racontait des mensonges.

    Catakli a accusé la Grèce d’avoir repoussé 231 migrants lors de sept incidents qui ont eu lieu vendredi, ajoutant que la Turquie les a secourus.

    « C’est un crime contre l’humanité que de calomnier les garde-côtes turcs qui sauvent des gens que vous avez laissés à la mort. C’est typique de vous ! », a écrit Catakli.

    Les garde-côtes grecs ont déclaré que dans un incident, un bateau transportant des migrants a tenté de pénétrer dans les eaux territoriales grecques vendredi, accompagné d’un navire des garde-côtes turcs. Dans un autre cas, deux navires turcs ont tenté de pousser un canot pneumatique transportant des migrants dans les eaux grecques.

    Dans un troisième incident, au large de l’île de Lesbos, un navire des garde-côtes turcs a pénétré dans les eaux territoriales grecques et a harcelé un patrouilleur grec, a indiqué le ministère.

    Près d’un million de demandeurs d’asile, principalement des Syriens, des Irakiens et des Afghans, ont traversé vers la Grèce depuis la Turquie sur des bateaux en 2015, au début de la crise migratoire en Europe. Un an plus tard, l’UE a conclu un accord avec Ankara pour endiguer le flux et les chiffres ont chuté de façon spectaculaire.

    Mitarachi a appelé la Turquie à « respecter » ses engagements dans le cadre de cet accord.

    Reuters, 2 avr 2021

    Etiquettes : Grèce, Turquie, migration, Ankara, Méditerranée, OTAN, Notis Mitarachi, UE, Lesbos, Union Européenne,

  • Luxe : le français Parfums de Marly accélère en Afrique avec le Maroc et l’Afrique du Sud

    Le marché africain du luxe et plus particulièrement, celui de la parfumerie séduit à l’international, malgré la crise. Parfums de Marly se lance au Maroc et en Afrique du Sud. Deux grands pas en avant sur le continent africain pour le parfumeur français déjà présent au Nigeria et en Egypte.

    C’est au sein d’un luxueux palace de Marrakech que Parfums de Marly a officiellement lancé sa marque au Maroc le 28 mars. Le parfumeur français qui voit en ce marché nord-africain un « potentiel énorme » vise une couverture importante, mais ciblée, avec des points de vente opérationnels depuis peu à Casablanca et Rabat sous la coupole de son partenaire marocain B&SPA. « A Marrakech, nous nous positionnerons essentiellement dans les hôtels de luxe et préparons notre lancement à Tanger », indique Thibaut Desbazeille qui a présidé la cérémonie, précisant que le distributeur assure la livraison dans le tout le royaume.

    Au cours de ce mois d’avril, Parfums de Marly met le cap sur l’Afrique du Sud où l’hollandais Skins Cosmetics -nouveau leader du retail sur ce marché- se chargera de la distribution.

    « Le Maroc et l’Afrique du Sud sont tous deux des leaders d’opinions sur leurs zones respectives du continent africain, c’est pourquoi ces lancements nous tiennent tant à cœur. Cela fait des années que nous recevions de nombreuses requêtes de clients marocains et sud-africains. Nous sommes ravis de pouvoir enfin servir une clientèle en demande des Parfums de Marly et plus généralement en clin a une parfumerie d’auteur, plus signée que celle actuellement disponible sur le continent », déclare à LTA Julian Musette, responsable Moyen Orient & Afrique pour Parfums de Marly. Il souligne toutefois que l’événement de Marrakech fait également office de lancement officiel de la marque bien qu’elle soit déjà présente dans d’autres pays. « La crise sanitaire nous a largement guidée car l’Afrique du Sud ne pouvait pas en ce moment accueillir un tel évènement. Nous sommes ravis du résultat », ajoute le manager.

    Les marchés africains, dynamiques avant la crise …
    Le marché du luxe en général affiche une certaine dynamique en Afrique ces dernières années, en raison notamment de la montée des ultra-riches recensés au nombre de 2 570 personnes disposant une fortune nette supérieure à 30 millions de dollars en 2019, selon un rapport du cabinet singapourien Wealth-X. Dans le domaine de la parfumerie, cette catégorie de riche, mais aussi la classe moyenne supérieure en constante évolution sont des cibles qui attisent l’appétit des grands groupes internationaux. Fin 2019, le parfumeur français Guerlain, filiale du groupe de luxe LVMH, se faisait remarquer à Abidjan (Côte d’Ivoire) avec un événement dédié à une clientèle haut de gamme. Un intérêt pour le continent également nourrit par d’autres marques de prestige telles que Dior ou Louis Vuitton.

    Fondé en 2009 par Julien Sprecher, Parfums de Marly est une maison française de haute parfumerie distribuée dans 80 pays à travers le monde avec des boutiques emblématiques dans les principales capitales occidentales : Paris, Londres, New York, Dubaï … En Afrique, la firme a posé le pied en 2019, date de lancement de son premier canal de distribution au Nigeria où la marque connait « une croissance exceptionnelle malgré la situation », d’après Julian Musette. Une croissance qui tire sa source bien avant la crise pandémique dans les déplacements internationaux de consommateurs. « Cela fait bien longtemps que les voyageurs en provenance de l’Afrique aiment et achètent Marly. Nous avons pu le constater notamment au Duty Free de Dubaï où nous avons une forte présence », explique-t-il.

    … dynamiques malgré la crise
    La pandémie de Covid-19 qui a paralysé l’industrie du voyage pendant plusieurs mois, a cependant changé les habitudes de consommations, devenues plus locales. « Depuis le confinement et la suspension des vols internationaux, les clients fidèles à la marque ne pouvant plus s’approvisionner se sont manifestés auprès des parfumeries locales en plébiscitant Marly et en favorisant largement la consommation de nos parfums directement sur le continent », se souvient Julian Musette. Après le pays d’Aliko Dangote, Parfums de Marly a déposé ses valises en Egypte où la marque est en cours d’enregistrement. Plus tard au cours de l’année, le parfumeur français se lancera également au Ghana.

    « L’engouement autour de la parfumerie de niche est très fort en Afrique et nous considérons désormais ce marché comme l’un des plus prometteurs, aussi bien pour les hommes que pour les femmes », prévoit Julien Musette.

    Prochaines destinations : Kenya et Angola
    Parfums de Marly ne compte pas s’arrêter là. La firme prévoit de mettre le cap sur le Kenya et l’Angola durant la période 2021-2022. Selon le management, les hommes d’affaires angolais sont de grands consommateurs de la marque, notamment ceux qui se rendent régulièrement au Portugal. Le Kenya quant à lui connu pour être en 2018 le quatrième pays au monde et premier africain à la croissance la plus rapide de la population ultra-riche. D’autres marchés comme la Côte d’Ivoire et le Sénégal sont également dans le viseur du parfumeur français.

    La Tribune Afrique, 2 avr 2021

    Etiquettes : Parfums de Marly, Maroc, Afrique du Sud,

  • Un homme tente de s’introduire dans l’Elysée avec une bouteille enflammée

    Selon une source policière a LCI, un homme, accompagné de deux individus, a tenté d’escalader ce jeudi les barrières de protection du périmètre de sécurité de l’Elysée. Tous trois ont été immédiatement interpellés.

    Une tentative d’intrusion dans le périmètre de sécurité de l’Élysée a été déjouée ce jeudi. Selon une source policière a LCI, vers 15h30, un homme porteur de ce qui ressemble a un cocktail Molotov a tenté d’escalader les barrières de protection du palais présidentiel.

    Celui-ci était accompagné de deux individus. Tous trois ont immédiatement été interpellés. Après analyse, il s’avère que la bouteille enflammée ne contenait pas de substances dangereuses, selon cette même source.

    Sans que l’on connaisse ses motivations a ce stade, le porteur de la bouteille a tenté d’enjamber les barrières disposées devant l’entrée de cet ancien hôtel particulier, situé au 55 rue du Faubourg-Saint-Honoré, dans le 8e arrondissement parisien.

    Au début du quinquennat, Emmanuel Macron et son épouse, Brigitte Macron, avaient choisi de faire du Palais de l Elysée leur lieu de résidence.

    Echourok Online, 2 avr 2021

    Etiquettes : France, Elysée, intrus, présidence,

  • Le Vietnam assume la présidence du Conseil de sécurité de l’ONU

    Le Vietnam a commencé les activités officielles en tant que président du Conseil de sécurité de l’ONU en avril 2021. C’est la deuxième et la dernière fois que le pays, membre non permanent dudit Conseil, occupe ce poste pendant son mandat 2020-2021.

    Jeudi matin (heure américaine) 1er avril, le Conseil de sécurité de l’ONU a approuvé l’agenda mensuel en avril proposé par le Vietnam dont 15 réunions publiques et 10 à huis clos discutant des questions relatives à la paix, à la sécurité internationale telles que la situation au Moyen-Orient, la Syrie, le Yémen, le Soudan, le Soudan du Sud, le Mali, la région des Grands Lacs, le Sahara occidental, la Colombie et le Kosovo.

    En outre, le Conseil a adopté quatre débats ouverts présidés par le Vietnam, sur le règlement des conséquences des mines (8 avril), la violence sexuelle dans les conflits armés (14 avril), la coopération entre les Nations unies et les institutions dans différentes régions et sous-régions (19 avril) et la protection des infrastructures essentielles (27 avril).

    Les représentants des pays ont salué les sujets de discussion proposés par le Vietnam, déclarant qu’ils témoignaient des efforts de Hanoï pour trouver des solutions aux conflits pour une paix durable.

    Ils ont également exprimé le souhait que le Vietnam continue de jouer un rôle actif au cours du mois en tant que président tournant du Conseil de sécurité.

    Le même jour, l’ambassadeur Dang Dinh Quy, chef de la Mission du Vietnam auprès des Nations unies, a présidé la conférence de presse virtuelle en tant que président de cet organe de l’ONU.

    Le Courrier du Vietnam, 2 avr 2021

    Etiquettes : Vietnam, ONU, Conseil de Sécurité,

  • Voici les questions auxquelles Siemens ne répondra pas

    Lors de son assemblée générale annuelle, Siemens Gamesa s’est montré plus évasif que jamais en ce qui concerne les questions fondamentales sur l’implication de l’entreprise dans le Sahara Occidental occupé.

    Ci-dessus: Khalil Dambar a perdu son frère Saïd en 2010 à coups de fusil d’un policier marocain. Khalil et le reste du peuple sahraoui s’opposent aux projets de Siemens Gamesa au Sahara Occidental occupé. Photo par Equipe Media.
    Depuis une décennie maintenant, différentes succursales de Siemens – en particulier Siemens Gamesa Renewable Energy (SGRE) – fournissent, installent et entretiennent des éoliennes au Sahara Occidental occupé. Lors de son AGA du 17 mars 2021, la société a de nouveau évité de répondre aux questions liées à ses opérations controversées.
    Les accords en question sont dans le portefeuille de Nareva, la société d’énergie éolienne qui appartient au roi du Maroc, qui porte une responsabilité personnelle pour l’occupation continue de la dernière colonie en Afrique. Les deux parcs éoliens opérationnels, Foum el Oued et Aftissat, desservent des utilisateurs finaux industriels, comme la filiale de la société publique marocaine OCP, Phosboucraa, qui exploite illégalement les réserves de phosphate du territoire non autonome. En septembre 2020, SGRE a publié un communiqué sur l’obtention du contrat du parc éolien de 300 MW de Boujdour, le localisant «au sud du Maroc» . Boujdour est une ville située à mi-côte, au Sahara Occidental.
    À ce jour, Siemens doit encore clarifier si elle a ou non jamais obtenu le consentement explicite du peuple du Sahara occidental pour ses activités. Depuis 2016, des arrêts consécutifs de la Cour de justice de l’UE ont statué que le Sahara occidental est un territoire «séparé et distinct» de tout pays du monde, y compris le Maroc, et que son peuple a droit à l’autodétermination – comme l’a déjà conclu par la Cour internationale de Justice en 1975 et répétée dans plus de 100 résolutions des Nations Unies. En tant que tel, a statué la CJUE, le peuple du Sahara occidental a le droit de consentir pour que toute activité commerciale affecte légalement ses terres. La même position a également été exprimée par les organes de traités des Nations Unies lors de l’examen de la liste du Maroc au regard du droit international. Le plus grand gestionnaire d’actifs privés de Norvège, Storebrand, a récemment radié la listeà la fois Siemens Energy et SGRE pour leur contribution aux violations du droit international sur le territoire.
    En plus de 10 ans, l’évaluation de Siemens sur son implication au Sahara Occidental n’a pas évolué, malgré les critiques croissantes des organisations de la société civile et des personnes détenant les droits souverains sur la terre: les Sahraouis. Le peuple sahraoui ont du temps et de nouveau fait part de leur opposition contre les activités de Siemens au Sahara Occidental. Des manifestants sahraouis se tenaient à l’extérieur de l’AGA de SGRE, appelant l’entreprise à sortir de son pays occupé. Un réfugié sahraoui a confronté SGRE à des questions directement lors de l’AGA. Quelques jours avant l’événement, la société civile sahraouie en Europe avait mené une campagne sur les réseaux sociaux sous le slogan #SiemensGamesaGetOut.
    En collaboration avec Dachverband der Kritischen Aktionärinnen und Aktionäre, Western Sahara Resource Watch (WSRW) avait – à nouveau – soumis des questions relatives aux fondements juridiques des opérations de SGRE au Sahara occidental. Trouvez-les ci-dessous. La réponse de SGRE – encore une fois ne répondant à aucune des questions – figure sous les questions.
    Il est à noter que WSRW avait soulevé ces mêmes questions par écrit avec Siemens Energy , qui détient 67% de Siemens Gamesa, le 18 février 2021. Siemens Energy a répondu le 23 mars dans une lettre signée par son service juridique, qu’il est à Siemens Gamesa de répondre à ces questions «car ces activités commerciales au Sahara Occidental relèvent de la responsabilité et de la responsabilité de SGRE». Jusqu’à présent, SGRE n’a pas réussi à le faire, y compris lors de sa dernière AGM.
    QUESTIONS SOUMISES PAR WSRW ET DACHVERBAND KRITISCHEN AKTIONÄRINNEN UND AKTIONÄRE À L’AGA DE SGRE DU 17 MARS 2021
    << 1. Dans quatre arrêts consécutifs, la Cour européenne de justice (CJCE) a souligné que le Sahara occidental et le Maroc sont deux territoires «distincts et séparés» et que la condition légale des activités économiques au Sahara occidental est le consentement explicite du peuple sahraoui. .
    a) Le SGRE est-il d’accord avec la CJE, l’ONU et la Cour internationale de justice sur le fait que le Sahara occidental est un territoire non autonome et non une région d’un autre pays?
    b) Sur quelle base juridique SGRE a-t-elle conclu que le parc éolien de Boujdour devait être situé dans «le sud du Maroc», un avis exprimé dans son communiqué de presse de septembre 2020?
    c) La localisation de Boujdour au Maroc est une reconnaissance tacite du Sahara Occidental comme faisant partie du territoire marocain. Pourquoi la SGRE prend-elle une telle position sur le droit public international?
    c) La SGRE estime-t-elle nécessaire d’obtenir le consentement du peuple sahraoui pour ses activités au Sahara Occidental?
    d) La SGRE considère-t-elle la tenue de discussions avec les institutions gouvernementales marocaines comme un moyen valable d’obtenir le consentement du peuple sahraoui?
    e) «SGRE s’est engagé avec des représentants sahraouis présents dans la région», a déclaré votre société mère Siemens Energy lors de son AGA du 10 février 2021. Avec quels représentants sahraouis du territoire SGRE a-t-il collaboré? La SGRE s’est-elle engagée avec un seul sahraoui qui milite pour le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination? Si oui, qui? Qu’a dit cette personne à propos de votre opération en terre sahraouie?
    2. Siemens Energy a déclaré que SGRE «poursuivra et suivra les développements dans le domaine des droits de l’homme» au Sahara Occidental.
    a) Sur quelles sources, indépendantes du gouvernement marocain, la SGRE s’appuiera-t-elle pour le faire?
    b) Comment SGRE évalue-t-il la crédibilité des institutions officielles marocaines au regard de la situation dans le territoire que le Maroc détient sous occupation militaire illégale?
    3. Siemens Energy a fait référence à un avis juridique réalisé par SGRE, qui aurait «réaffirmé (…) la conformité des activités au Sahara occidental avec le droit applicable».
    a) SGRE rendra-t-elle cet avis juridique accessible au public, y compris en le partageant avec le peuple du Sahara occidental? Sinon, pourquoi?
    b) SGRE peut-il expliquer quel cadre juridique il faut entendre par «loi applicable»?
    c) Qui a rédigé cet avis juridique externe?
    3. Le contrat du parc éolien de Boujdour a été signé avec la société Narvea, propriété du roi marocain. De cette manière, SGRE garantit que le roi, qui est politiquement responsable de l’occupation du Sahara Occidental, puisse personnellement profiter de l’occupation. Cet ancrage de l’occupation, qui est contraire au droit international, est-il éthiquement justifiable de votre point de vue?
    4. En novembre 2020, un groupe de membres du Parlement européen a mis en garde Siemens contre « de graves risques juridiques et moraux » en faisant des affaires au Sahara occidental. Pourquoi SGRE a-t-il ignoré cet avertissement et pourquoi continue-t-elle de poursuivre ces accords?
    5. Les premières conséquences de cette décision se font déjà sentir: en janvier 2021, le plus grand gestionnaire d’actifs privés de Norvège, Storebrand, a exclu Siemens Gamesa de son portefeuille en raison de préoccupations concernant le droit international des affaires au Sahara Occidental occupé par le Maroc. Dans quelle mesure SGRE évalue-t-il le risque que d’autres sociétés d’investissement suivent l’exemple de Storebrand?
    6. Le 18 novembre 2020, le représentant du peuple sahraoui reconnu par l’ONU, le Front Polisario, a déclaré tout le Sahara occidental zone de guerre et a appelé toutes les entreprises étrangères à cesser immédiatement de faire des affaires dans les territoires occupés. SGRE entendra-t-il cet appel du peuple du Sahara occidental?
    7. Suite au retrait du gestionnaire d’actifs norvégien Storebrand, allez-vous revoir vos activités et projets au Sahara Occidental?
    8. Comment assurez-vous la sécurité de vos employés susceptibles d’être touchés par le conflit? « 
    RÉPONSE DE SGRE À L’AGA DU 17 MARS 2021
    « Veuillez noter, en tant que déclaration générale, que Siemens Gamesa Renewable Energy, SA (ci-après« SGRE ») s’abstient, par principe, de prendre position ou de porter des jugements sur des questions de droit international ainsi que sur des questions position.
    En vertu de cette prémisse, nous sommes heureux de vous fournir la position de notre société sur les questions que vous abordez dans la lettre:
    1. Tout d’abord, et à partir du dernier point de la Lettre, soyez assurés que la santé et la sécurité de nos employés sont d’une importance vitale pour SGRE. Après avoir installé nos éoliennes dans plus de 90 pays sur les cinq continents, et dans le cadre de nos protocoles stricts de Sécurité et Santé et Sécurité, nous suivons en permanence les progrès et le développement dans toutes les régions où nous opérons, en étroite collaboration avec nos clients et nos principales parties prenantes , pour garantir que nos employés travaillent dans des environnements sûrs.
    Dans toutes les régions où nous opérons, nos protocoles de sécurité interne incluent les activités récurrentes suivantes:
    • Les risques de sécurité sont évalués et mis à jour périodiquement.
    • Les incidents de sécurité sont surveillés et évalués dans le cadre d’un mécanisme d’alerte précoce.
    • Des mesures de sécurité adéquates et proportionnées sont mises en œuvre en fonction des risques existants.
    • Des briefings et instructions de sécurité sont donnés à nos employés.
    2. Nous sommes conscients que la région du Sahara occidental est contestée et que l’ONU la considère comme un «territoire non autonome» depuis 1963. Chez SGRE, nous n’avons ni le mandat ni la capacité de plaider de manière indépendante sur de telles questions ou pour délivrer des reconnaissances en vertu du droit international ou pour affirmer un statut territorial. Ces questions relèvent entièrement de la responsabilité des gouvernements et des institutions, qui possèdent la capacité politique adéquate, et d’autres organisations internationales. Nous soutenons la position de la communauté internationale et de l’ONU, qui n’a cessé d’appeler les parties concernées à parvenir à une solution politique mutuellement acceptable.
    3. En ce qui concerne la décision de la Cour européenne de justice, nous soutenons pleinement la déclaration faite en novembre 2020 par le Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, M. Josep Borrell, soulignant son espoir d’un «rapide- retour »aux pourparlers supervisés par l’ONU, qui avaient été suspendus depuis mars 2019, et la nécessité de nommer un nouvel envoyé de l’ONU pour le Sahara occidental; le poste d’envoyé reste vacant depuis mai 2019, après que l’ancien envoyé M. Horst Köhler, nommé en août 2017, ait dû démissionner pour des raisons de santé.
    4. Nous respectons pleinement la décision adoptée par Storebrand – le plus grand gestionnaire d’actifs privés de Norvège -, qui s’appuie non seulement sur le droit international, mais également sur les recommandations des autorités norvégiennes qui suggèrent au secteur privé de s’abstenir de tout accord – y compris les investissements – en Sahara occidental.
    5. L’implication de SGRE dans les projets est limitée à la livraison, l’installation, la mise en service et le service des éoliennes, étant donné que les obligations légales liées au développement de projets relèvent des responsabilités de nos clients, qui possèdent et exploitent les parcs éoliens conformément aux dispositions applicables. lois. De plus, bien que les traités relatifs aux droits humains ne lient pas SGRE en tant qu’entreprise privée, SGRE s’est engagée volontairement à respecter les droits humains fondamentaux dans le cadre du Pacte mondial des Nations Unies.
    6. En outre, conformément à notre attachement aux Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme et aux Principes directeurs de l’OCDE, l’évaluation juridique externe mise à jour en février 2020 a confirmé, à nouveau, la position de SGRE sur la conformité de ses activités au Sahara occidental avec lois applicables. Forts de notre espoir d’une résolution amiable des controverses, nous suivons en permanence les progrès et le développement de la région en étroite collaboration avec nos clients et nos principales parties prenantes.
    7. En ce qui concerne le droit à l’autodétermination des personnes, l’installation et l’entretien d’un parc éolien dans le cadre des travaux de SGRE n’empêchent pas la population locale de ce droit, car le projet ne les empêche pas d’accéder aux services de base. ou des institutions, ne détruit ni n’érode les infrastructures existantes et n’entraîne pas un épuisement des ressources naturelles. La capture et l’utilisation de l’énergie éolienne par les équipements fournis par SGRE ne sont pas contraires aux intérêts de la population locale.
    8. Au contraire, la population locale bénéficiera de l’accès à l’électricité grâce à la contribution de SGRE aux technologies vertes, compte tenu des vastes sources d’énergies renouvelables dont la région est dotée. La région et ses habitants ont une formidable opportunité de se développer en favorisant les investissements dans les énergies renouvelables, et SGRE apporte et partage l’expertise acquise à l’échelle mondiale au fil des ans. SGRE poursuit sa politique de l’emploi pour recruter en priorité la main-d’œuvre locale, chaque fois que possible, pour ses projets. Il ne s’agit pas seulement d’un emploi à temps partiel ou secondaire, il s’agit aussi à la fois de sous-traitance ou d’embauche interne de travailleurs locaux à plein temps. Par exemple, lors de la construction du parc éolien de Tarfaya (situé juste au-dessus de la région du Sahara occidental), 30% de la main-d’œuvre sahraouie a été embauchée, et pour la construction du parc éolien d’Aftissat, même 40% de l’effectif total employé était sahraoui. Récemment, en partenariat avec l’ONG High Atlas Foundation (HAF) et Santé Sud, SGRE a développé des programmes locaux axés sur les systèmes d’accès à l’eau, la santé locale et les projets éducatifs. Pour le projet d’accès à l’eau, un canal, des tours d’eau potable et des pompes ont été construits pour fournir la principale alimentation en eau de la population nomade de la région de Boujdour, éclairée par des panneaux solaires. SGRE et HAF ont également mené une campagne environnementale auprès de 17 écoles situées à Boujdour, axée sur des ateliers impliquant 1 000 élèves sur les activités de sensibilisation à l’environnement, de gestion des déchets et de plantation d’arbres. Toutes les initiatives concernent l’ODD 3 (Bonne santé et bien-être), l’ODD 4 (éducation de qualité), l’ODD 6 (Eau propre et assainissement) et l’ODD 7 (Énergie propre et abordable).
    9. Comme il est d’usage dans son périmètre de travail, SGRE s’engage avec les organisations de la société civile locale, c’est-à-dire les représentants du peuple sahraoui présents dans la région dans ce cas, afin de maximiser le résultat socio-économique positif des activités menées.
    Alors que nous restons proches des principales parties prenantes institutionnelles mondiales pour favoriser une résolution amiable rapide des controverses, SGRE reste engagée dans le développement de la région et de ses habitants, sur la base des vastes ressources renouvelables dont la terre est dotée.
    WSRW, 2 avr 2021
  • TUNISIE : l’aménagement de la lagune de Sijoumi divise

    En Tunisie, deux camps s’affrontent autour du projet d’aménagement de la lagune de Sijoumi, située dans le grand Tunis. Les autorités tunisiennes souhaitent approfondir l’étendue d’eau afin de résoudre les problèmes liés à la pollution et à l’urbanisme anarchique ; tandis que les défenseurs de l’environnement craignent que le projet ne fasse disparaître les flamants roses.

    La voix des écologistes sera-t-elle finalement entendue au sujet de l’aménagement de la lagune de Sijoumi en Tunisie ? Pour l’instant, rien n’est moins sûr. Le gouvernement tunisien est au contraire déterminé à mettre en œuvre son projet de réhabilitation du lac tel quel. Le projet mis en œuvre par le ministère tunisien de l’Équipement et de l’Aménagement durable prévoit l’approfondissement du tiers de la lagune, d’environ un mètre. Les travaux devraient coûter 130 millions d’euros.

    La lagune située dans le grand Tunis est menacée par la pollution et l’urbanisme anarchique. À en croire les autorités tunisiennes, plus de 1,8 million de m3 de déchets solides y ont été déversés depuis 2009, ainsi que des eaux usées industrielles. À ce jour, la lagune de Sijoumi, quatrième zone humide d’Afrique du Nord et autrefois dotée d’une biodiversité unique n’est plus que l’ombre d’elle-même. « Nous voulons éviter sa disparition. Cela passera par des gestes forts pour préserver la ressource (l’eau, les poissons, etc.) », affirme Nadia Gouider, la directrice de projet de la lagune de Sijoumi.

    Une zone classée Ramsar depuis 2007

    Sauf que pour les défenseurs de l’environnement, ce projet réalisé sur la lagune de Sijoumi ne fera pas que l’embellir. L’initiative privera aussi les 100 000 oiseaux de nourriture. « Beaucoup d’oiseaux ne peuvent pas plonger avec une grande profondeur », explique Hichem Azafzaf, le coordonnateur scientifique de l’association Les Amis des oiseaux en Tunisie. Face à l’inquiétude des environnementalistes, le ministère tunisien de l’Équipement et de l’Aménagement durable assure qu’un espace sera disponible pour les flamants roses. Un argument qui ne pourra être vérifié qu’à la fin des travaux d’aménagement de la lagune de Sijoumi.

    WWF Tunisie, la branche du Fonds mondial pour la nature (WWF) explore actuellement des solutions pour stopper l’assèchement des eaux de la lagune Sijoumi, dans le cadre du projet GEMWET « Conservation et développement durable des zones humides côtières à haute valeur écologique ». Selon WWF, le bassin salé, classé zone Ramsar depuis 2007 s’assèche rapidement, avec pour conséquences une montée de la salinité de l’eau et l’altération de l’irrigation automatique des plantes qui finissent par mourir.

    Inès Magoum

    Afrik21, 2 avr 2021

    Etiquettes : Tunisie, lagune de Sijoumi, flamants roses,

  • Le Conseil de sécurité se réunira le 21 avril sur la situation au Sahara Occidental

    Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira le 21 avril prochain pour discuter du conflit au Sahara occidental, au moment où les Nations unies poursuivaient leurs efforts pour nommer un nouvel émissaire en vue de relancer le processus politique à l’arrêt, selon le programme mensuel de l’organe onusien rendu public jeudi à New York.

    Au menu de la réunion du Conseil qui sera présidé par le Vietnam, qui assure la présidence tournante pour le mois d’avril, un exposé de Collin Stewart, le chef de la mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental (MINURSO). La question clé pour le Conseil de sécurité est de savoir comment redynamiser le processus politique en vue de résoudre le conflit.
    A cet égard, et à la lumière des tensions persistantes, la question de trouver un nouvel envoyé personnel du Secrétaire général est devenu « plus pressante », selon des observateurs. Le poste est vacant depuis mai 2019, suite à la démission, pour des raisons de santé, de l’ancien président allemand Horst Kohler, après vingt mois d’intense médiation qui l’ont vu insuffler une nouvelle dynamique au processus de paix de l’ONU.
    Avec le départ de M. Kohler, le Sahara occidental aura consommé quatre médiateurs après les deux américains James Baker et Christopher Ross et le hollandais Peter Van Walssun. Au demeurant, l’ancien président allemand n’a pas échappé aux obstacles imposés à son prédécesseur, Christopher Ross, qui l’ont empêché d’accomplir sa mission de médiation.
    Entravé dans sa liberté de mouvement, Ross s’était vu refusé l’accès aux interlocuteurs sahraouis dans les territoires illégalement occupés par le Maroc.
    Le Maroc a eu déjà à saborder les efforts d’un autre émissaire américain en 2004, en l’occurrence James Baker, dont il a rejeté le plan de paix. Celui-ci maintenait le principe d’autodétermination en exigeant la tenue d’un référendum au terme de cinq années de sa mise en œuvre.
    Les Nations-Unies qui poursuivent leurs efforts pour nommer un nouvel émissaire pour le Sahara occidental, rencontrent des « difficultés » à trouver le bon profil pour occuper ce poste, a avoué mercredi, le porte-parole du SG de l’ONU, Stéphane Dujarric.
    « Nous continuons nos recherches pour autant que je sache, mais il s’agit d’un poste compliqué pour lequel il a toujours été un peu difficile de trouver les bonnes personnes ou la bonne personne pour ce poste », a déclaré Dujarric.
    Lundi, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a souligné le soutien des Etats-Unis aux négociations politiques « en vue de résoudre le conflit au Sahara occidental », exhortant Guterres à accélérer la nomination d’un envoyé personnel pour ce territoire non autonome.
    En septembre dernier, le président de la République sahraouie, Brahim Ghali, avait exhorté l’organe onusien à « renouveler son engagement en faveur du processus politique et de la reprise des négociations directes et cruciales entre les deux parties en vue de parvenir à un solution pacifique et durable qui respecte pleinement le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance ».
    Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (CPS) a pris une décision, le 9 mars dernier, dans laquelle il a remis la question sahraouie dans son véritable contexte de décolonisation.
    L’organe décisionnel de l’organisation africaine, avait prévu une série de mesures pour la réactivation du rôle de l’UA, notamment à travers la mobilisation du CPS, la réouverture du Bureau de l’UA à Laâyoune occupée, l’organisation d’une visite sur le terrain, le mandat octroyé à l’Envoyé de l’UA qui est appelé à reprendre d’urgence son engagement auprès des parties en conflit.
    Le CPS rappelle, en outre, aux Nations unies l’impératif d’expédier le processus de désignation d’un envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU et de remettre sur les rails le processus de règlement sur des bases crédibles.
  • Le moment #MeToo en France

    Deux mémoires d’abus commis dans l’enfance ont suscité une prise de conscience au sein de l’élite du pays.

    « Pour combattre le patriarcat, la première chose à faire est de rentrer dans les maisons », dit la romancière franco-marocaine Leïla Slimani. « Pendant très longtemps, il y avait cette idée que derrière les portes closes des maisons, personne ne peut parler, personne ne peut dire ce qui arrive aux femmes, aux enfants. Il y avait cette idée que, d’accord, on pouvait s’en prendre à quelqu’un au travail [qui] avait cette attitude à votre égard, ou à quelqu’un qui, en dehors de la maison, avait commis un crime. Mais l’idée de s’en prendre à un père ou à un mari était encore taboue…. Maintenant, nous ouvrons la boîte de Pandore : ce qui se passe à l’intérieur de notre propre maison. »

    Le mouvement mondial #MeToo qui a éclaté en 2017 aurait initialement zappé la France. Les Français appréciaient soi-disant trop le délicieux jeu entre hommes et femmes pour le policer. Mais maintenant, #MeToo à la française est en train de faire sauter le toit de la maison française. Les mémoires à succès sur la pédophilie et l’inceste de Vanessa Springora et Camille Kouchner ont détruit des réputations et des carrières parmi l’élite parisienne. Slimani elle-même a utilisé la portée de la littérature française pour attaquer les mœurs hypocrites de son Maroc natal. Voici une nouvelle révolution sexuelle française, et il s’agit de faire le point sur la précédente : 1968.

    La France a été célébrée pendant des siècles comme la patrie de l’amour romantique. Cependant, au début de l’année 1968, elle était encore une nation catholique étonnamment restrictive sur le plan sexuel. C’est l’époque où Yvonne de Gaulle, l’épouse du président, fait pression sur son mari pour que les divorcés et les adultères n’entrent pas au gouvernement. La pilule contraceptive vient d’être légalisée, mais peu de jeunes femmes célibataires peuvent se la procurer. L’avortement reste interdit, et de nombreuses femmes meurent en le pratiquant illégalement. Et sur les campus universitaires remplis de baby-boomers, les hommes et les femmes ne sont pas autorisés à entrer dans les résidences des uns et des autres.

    Le 8 janvier 1968, le ministre de la Jeunesse et des Sports, François Missoffe, se rend sur le nouveau campus universitaire de Nanterre, en région parisienne, pour inspecter la piscine récemment installée. Un étudiant franco-allemand du nom de Daniel Cohn-Bendit s’est approché de lui pour prendre du feu et, en fumant, s’est plaint de la frustration sexuelle chez les jeunes. Missoffe lui a recommandé de faire un plongeon rafraîchissant dans la piscine.

    En mai de cette année-là, Cohn-Bendit, « Danny le Rouge », était à la tête de la révolution étudiante parisienne, avec ses slogans ludiques comme « Il est interdit d’interdire » et « Jouir sans entrave ». Ce printemps-là, des corps nus s’étalent dans les parcs parisiens. Les femmes commencent à revendiquer leur droit au plaisir sexuel.

    De nombreux soixante-huitards sortent de leur révolution en pensant que même les enfants ont ce droit. En 1975, Cohn-Bendit a écrit sur des rencontres érotiques avec des enfants dans le « jardin d’enfants anti-autoritaire » qu’il dirigeait à Francfort. (Il a déclaré plus tard qu’il avait écrit cela uniquement pour « choquer la bourgeoisie » et a nié avoir jamais touché un enfant. Les parents du jardin d’enfants l’ont soutenu).

    Gabriel Matzneff est l’un des nombreux écrivains français des années 1970 à faire l’apologie de la pédophilie. En 1977, sa pétition défendant les relations sexuelles entre adultes et enfants paraît dans les journaux Le Monde et Libération, signée par des personnalités du monde de la culture telles que Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, Roland Barthes et Bernard Kouchner.

    Un an plus tard, la France accueille le cinéaste Roman Polanski, qui a fui les États-Unis après avoir plaidé coupable de relations sexuelles illégales avec une jeune fille de 13 ans. En 2005 encore, Frédéric Mitterrand pouvait écrire dans son livre primé sur le tourisme sexuel qu’il avait « pris l’habitude » de payer des « garçons » pour des relations sexuelles. Il a déclaré plus tard qu’il condamnait la pédophilie et ne l’avait jamais pratiquée. En tout cas, le livre ne l’a pas empêché d’être ministre de la culture de 2009 à 2012. En 2013, Matzneff a reçu le prix Renaudot.

    Pendant des décennies, une grande partie de l’élite littéraire parisienne d’après 1968 a cautionné la pédophilie. Cela avait du poids. « Je pense que la France est assez exceptionnelle dans son rapport à la littérature », m’a dit Slimani. « Vous allez dans un petit village et 300 personnes viennent vous écouter parler de littérature. Cela fait partie de l’âme française, cette relation avec les écrivains. »

    Aujourd’hui, le pouvoir littéraire français se confronte à la pédophilie. En janvier dernier, Camille Kouchner a publié son livre La familia grande (pas encore paru en anglais). Elle est née en 1975 de l’éminente soixante-huitarde Évelyne Pisier et de Bernard Kouchner, le cofondateur de Médecins sans frontières.

    Le mantra parental de Pisier était « Il est interdit d’interdire ». Après avoir divorcé de Kouchner, elle épouse un autre professeur de droit, Olivier Duhamel. Il avait été étudiant à Nanterre en 1968. La famille vivait près du Jardin du Luxembourg sur la rive gauche, épicentre de mai 1968, et passait les étés avec des amis partageant les mêmes idées – « la familia grande » du titre de Kouchner – dans la résidence palatiale de Duhamel près de Toulon. Enfants et adultes traînaient ensemble, nus, au bord de la piscine. « Certains parents et enfants s’embrassent sur la bouche », se souvient Camille Kouchner. « Des jeunes hommes sont offerts à des femmes plus âgées ». Le dortoir des enfants y était couvert d’affiches de 1968. Camille s’endormait chaque soir sous le slogan ironique « Sois jeune et tais-toi ».

    Certains parents de ce milieu croyaient à l’initiation sexuelle de leurs enfants. Selon le récit de Kouchner, Pisier a fait en sorte que la virginité de son fils adolescent soit prise par un ami adulte de la famille et a incité Camille, 11 ans, à commencer à avoir des relations sexuelles. C’est dans cette atmosphère que le frère jumeau de Camille lui a dit, à l’âge de 14 ans environ, que leur beau-père Duhamel avait commencé à l’abuser sexuellement. Aucun des deux enfants n’était sûr que c’était mal. Ils ne voulaient pas bouleverser leur mère en en parlant. Et le frère craignait que, puisqu’il n’avait pas résisté à Duhamel, il était peut-être consentant.

    À cette époque, à quelques rues de là, Vanessa Springora, 14 ans, sortait avec l’écrivain pédophile Matzneff, alors âgé de 50 ans. Les amis proches de sa mère étaient au courant. Même la police a été mise au courant par des lettres anonymes (peut-être envoyées, de façon perverse, par Matzneff lui-même). Cependant, ils étaient trop respectueux d’un auteur célèbre pour l’inquiéter outre mesure.

    Dans ses mémoires intitulées Consentement, Springora tente d’expliquer pourquoi sa mère a autorisé cette relation : « Ma mère m’a confié que pendant son adolescence, le corps et ses désirs étaient encore tabous et que ses parents ne lui parlaient jamais de sexualité. Elle venait d’avoir dix-huit ans en 68… « . ’Il est interdit d’interdire’ est sans doute resté un mantra pour elle. « 

    L’inceste et la pédophilie existent dans tous les milieux, mais en France ils sont protégés par les soixante-huitards qui composent l’élite politico-culturelle. Plusieurs membres et accompagnateurs de la « familia grande » ont prospéré au sein du gouvernement socialiste de François Mitterrand de 1981 à 1995, écrit Camille Kouchner.

    Mais la génération littéraire suivante a riposté à 1968. Le premier roman de Slimani, Dans le jardin de l’ogre (2014, traduit ensuite en anglais sous le titre Adèle) raconte l’interminable série de rencontres sexuelles sans joie d’une femme. Il peut être lu comme une réplique à La vie sexuelle de Catherine M. (2002), de la critique d’art soixante-huitarde Catherine Millet, qui raconte l’interminable série de rencontres joyeuses d’une femme.

    « En tant que femme, pour être très honnête, la découverte de la sexualité a été pour moi une véritable déception », explique Slimani. « Je pense que la sexualité est très souvent triste ou mélancolique. Quand j’étais adolescente, en regardant des films ou en lisant des livres, on vous donne une vision très glamour du sexe, comme si tout était beau et qu’il ne s’agissait que d’amour et de pouvoir. Mais la vérité est que, très souvent, cela peut être sombre. C’est juste deux corps nus qui font du bruit, vous voyez ? Je voulais donc écrire sur ce sujet. »

    Un autre grand romancier français contemporain, Michel Houellebecq, a un point de vue tout aussi sans illusion sur le sexe. Son personnage principal standard est un Français impie vivant sans racines dans une modernité hideuse où le sexe et tout le reste ont été réduits à un marché libre consumériste. Houellebecq m’a dit qu’il était l’homme atomisé que ses romans décrient : « Je m’insurge contre moi-même ».

    Slimani remarque :  » Même si ses personnages sont obsédés par le sexe, je n’ai pas l’impression que le sexe dans les livres de Houellebecq soit très joyeux. Très souvent, les personnages sont déçus, ou bien ils essaient d’imiter la pornographie et ce genre d’attitude, mais ils ne ressentent rien et ils n’ont pas vraiment le sentiment d’être des hommes puissants. C’est un grand écrivain sur la masculinité ».

    Comment les romans de Houellebecq et le sien s’inscrivent-ils dans les stéréotypes sur la sexualité française ? Elle répond : « Je pense que beaucoup de gens en ont assez de cette idée qu’ici, en France, tout est question de romantisme et d’érotisme, et que nous en savons tellement sur le sexe. »

    Après l’éruption de #MeToo aux États-Unis, de nombreuses jeunes femmes françaises se sont rendues sur les médias sociaux pour signaler leurs expériences de violence sexuelle, en utilisant le hashtag « #balancetonporc » (« Couine sur ton porc »). Mais Millet et l’actrice Catherine Deneuve faisaient partie des 100 femmes françaises, pour la plupart plus âgées, qui ont signé une pétition contre #MeToo. Elles ont comparé le nouveau « puritanisme » au « bon vieux temps de la sorcellerie », ajoutant que la liberté des hommes de pester était « essentielle à la liberté sexuelle ». Slimani commente : « Ces femmes acceptaient beaucoup de choses de la part des hommes. Donc ‘je vais toucher ton cul, je vais toucher ton sein, mais ce n’est pas du harcèlement. C’est de la galanterie à la française.’ » Deneuve a rapidement présenté ses excuses aux victimes d’agressions sexuelles.

    Le rejet soixante-huitard de #MeToo était aussi un rejet des États-Unis. Le public français est un consommateur assidu de la culture américaine. Peut-être pour cette raison, l’élite artistique parisienne s’est longtemps définie par contraste avec son rival transatlantique. Springora se souvient que Matzneff, dans les années 1980, fulminait contre les Américains « sexuellement frustrés » qui avaient persécuté « le pauvre Polanski ». Maintenant, si les puritains américains poussaient #MeToo, alors #MeToo doit être mauvais.

    Mais près de quatre ans plus tard, les livres de Springora et Kouchner ont lancé une version française de #MeToo. Les deux femmes ont passé des décennies rongées par le sentiment de culpabilité d’avoir consenti aux abus – une expérience courante chez les enfants victimes. Lorsque le frère de Mme Kouchner a finalement osé en parler à leur mère, celle-ci l’a accusé de vouloir lui voler son homme.

    Springora et Kouchner se sont libérés par l’écriture. Springora a réduit Matzneff à un personnage dans son livre, comme il l’avait fait pour elle. Kouchner parle d’enfermer Duhamel dans ses pages. Les deux femmes refusent à leurs agresseurs l’honneur de les nommer : Matzneff est « G. » tout au long du Consentement, tandis que Kouchner ne parle que de « mon beau-père ».

    Les horreurs que Kouchner décrit se révèlent être d’une banalité choquante. Son livre a suscité un déferlement national de témoignages déchirants sur les médias sociaux, sous le hashtag #MeTooInceste : « J’avais 15 ans, mon frère… », « C’était l’oncle cool de la famille », « J’avais cinq ans. En un soir, le frère de ma mère a détruit mon innocence… « . En une seconde, j’ai eu cent ans. » Dans un sondage réalisé par Ipsos en novembre dernier, un Français sur 10 a brisé le plus grand tabou pour dire qu’il avait été victime d’inceste. Soixante-dix-huit pour cent des victimes étaient des femmes.

    Une fois de plus, les écrivains ont changé le climat sexuel français. Les éditeurs de Matzneff (aujourd’hui âgé de 84 ans) ont retiré ses livres, y compris ses journaux pédophiles en cinq volumes. Et des figures bien plus puissantes tombent. Duhamel, le beau-père de Camille Kouchner, a démissionné de son poste de président du Siècle, le principal club de restauration de l’élite française. Son seul commentaire sur le livre était qu’il était la cible d’ »attaques personnelles ». Son ami Marc Guillaume a démissionné du Siècle, mais reste préfet de la région parisienne. Il affirme qu’il n’était pas au courant de l’inceste. Interrogé par le journal Le Monde pour savoir s’il en avait été informé en 2018, avant de proposer Duhamel à la présidence du Siècle, il a refusé de répondre.

    L’associée de Duhamel, Élisabeth Guigou, a démissionné de la présidence de la Commission française sur l’inceste. Elle insiste sur le fait qu’elle n’a appris ses crimes que par le livre, bien que Camille Kouchner ait écrit que toute la « grande famille » était au courant depuis une décennie.

    Frédéric Mion, directeur de l’université de Duhamel, Sciences Po, autre repère de la rive gauche, a démissionné lorsqu’il est apparu qu’il n’avait pas agi contre Duhamel après avoir entendu parler de l’inceste. Duhamel et Matzneff éviteront vraisemblablement la prison, car la prescription de leurs crimes a expiré. Mais en mars, le Parlement français a renforcé la loi sur les relations sexuelles avec des mineurs, en précisant que les enfants de moins de 15 ans ne peuvent légalement y consentir.

    Les écrivains parisiens touchent tous les pays de la « Francophonie », le monde francophone. Le récent livre de Slimani, Sex and Lies, consacré au Maroc, a contribué à une attaque artistique contre une culture où les hommes contrôlent le corps des femmes et où l’homosexualité reste taboue. Son collègue Abdellah Taïa, originaire du Maroc et basé à Paris, est devenu le premier écrivain autobiographique ouvertement gay publié au Maroc.

    Cette révolution sexuelle fait également l’objet d’une projection. Le documentaire Room 2806 : The Accusation, réalisé l’année dernière, revient sur l’arrestation en mai 2011 du directeur français du FMI, Dominique Strauss-Kahn, soupçonné d’avoir agressé une femme de chambre à New York. Il a ensuite été libéré sans charges. Par ailleurs, la journaliste française Tristane Banon a déclaré qu’il l’avait agressée en 2003. La mère de Banon – une ancienne amante de Strauss-Kahn et une responsable de son parti socialiste – l’a dissuadée de porter plainte à l’époque. Cette situation correspond au modèle de femmes de la génération des soixante-huitards – y compris les mères de Camille Kouchner et de Springora – qui protègent les agresseurs masculins. Après tout, il était interdit d’interdire.

    Banon note la « consanguinité » et le caractère club de ces milieux d’élite. Strauss-Kahn et Duhamel sont nés dans la banlieue cossue de Neuilly-sur-Seine en 1949 et 1950, et Guillaume en 1964. L’ami de Duhamel, Guigou, apparaît à nouveau comme une voix de soutien dans le documentaire sur Strauss-Kahn. Une gén ération entière de l’élite culturelle était complice de Strauss-Kahn : Jack Lang, ancien ministre de la culture et signataire de la pétition pro-pédophilie de 1977, remarquait après l’agression présumée à New York que personne n’était mort, tandis que l’écrivain Bernard-Henri Lévy (élevé à Neuilly) se plaignait que la justice américaine traitait son ami de haut rang « comme une personne comme les autres ». L’écrivain Bernard-Henri Lévy (élevé à Neuilly) se plaint que la justice américaine traite son ami de prestige « comme une personne comme les autres ».

    Jusqu’à l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn, de nombreux hommes de pouvoir le soutenaient pour qu’il devienne le candidat socialiste aux élections présidentielles de 2012, même si ses penchants étaient un secret de polichinelle dans leurs milieux. Dès 2007, Jean Quatremer, correspondant de Libération à Bruxelles, avait écrit sur les problèmes de Strauss-Kahn avec les femmes : « Trop autoritaire, il frise souvent le harcèlement. Un travers connu des médias mais dont personne ne parle (nous sommes en France). »

    Les choses ont changé. Les féminicides – historiquement glamourisés dans les médias français comme des « crimes passionnels » – sont désormais dénoncés par des graffitis dans tout Paris. Les institutions et les hommes puissants de France ont perdu leur impunité : l’Église catholique va créer un fonds pour indemniser les victimes d’abus commis par le clergé ; l’acteur Gérard Depardieu a été accusé de viol ; dix femmes ont accusé l’ancien présentateur du journal télévisé Patrick Poivre d’Arvor de crimes sexuels ; Jean-Luc Brunel, ancien directeur d’une agence de mannequins et associé du défunt délinquant sexuel Jeffrey Epstein, est mis en examen pour « viol sur mineur de plus de 15 ans et harcèlement sexuel ». Les trois hommes nient ces accusations. Ce qui se passe en France s’inscrit évidemment dans un contexte international : voir par exemple le site britannique Everyone’s Invited, sur lequel des milliers de jeunes ont écrit des témoignages anonymes d’abus, de harcèlement et d’agressions sexuels dans les écoles.

    « Nous appartenons au genre de la peur », écrivait la romancière française Virginie Despentes. « Il est insupportable que nous ayons peur en permanence », déclare Slimani. « Mes amis écrivains [masculins] me disent : « Quand je veux écrire, j’ai besoin de marcher dehors, alors je marche et je ne pense à rien », mais en tant que femme, c’est impossible. Je ne peux pas marcher en ne pensant à rien et ne pas regarder derrière mon épaule pour voir si quelqu’un me suit. Nous devons faire quelque chose pour nos filles et pour que la prochaine génération ne vive pas dans cette peur. Cela devrait être terminé. »

    Certains soixante-huitards, vieillis dans leurs appartements de plus en plus chers autour du Jardin du Luxembourg, mais toujours puissants dans la vie culturelle, râlent discrètement contre « un nouveau puritanisme ». C’est une erreur. L’acquis central de leur révolution – la liberté sexuelle entre adultes consentants – reste debout. Mais la nouvelle génération s’interroge sur ce qu’est le consentement : un mineur peut-il jamais l’accorder ? Ou une femme dans un rôle subalterne au travail ?

    Dans tout le monde occidental, le nouvel idéal romantique est la relation égalitaire. C’est pourquoi la France a légalisé en 2013 la relation égalitaire ultime – le mariage gay – et s’attaque enfin à la relation la plus inégalitaire, la pédophilie. Il y a une constante : Les écrivains français montrent la voie.

    Financial Times, 2 avr 2021

    Etiquettes : Pédophilie, #Metoo, #Metooinceste, inceste, Olivier Duhamel, Camille Kouchner,






  • Russie-Etats-Unis : Les tensions sont à leur paroxysme

    Les tensions entre Moscou et Washington s’approfondissent, reconnaît le ministre russe des Affaires étrangères.

    Dans un entretien avec la télévision russe, Sergueï Lavrov a déclaré, jeudi 1er avril, que le bras de fer opposant la Russie aux États-Unis était devenu « très profond ».

    « Les responsables de Moscou continuent d’espérer que le bon sens prévaudra à Washington et qu’ils comprendront le danger d’une escalade des tensions entre les deux pays », a déclaré le chef de la diplomatie russe.

    Ce dernier a ajouté : « certains de nos homologues occidentaux évoquent le terme « guerre » dans leurs discours diplomatiques et parlent d’une « guerre hybride déclenchée par la Russie » ».

    M. Lavrov a souligné que la politique de pressions et de sanctions des États-Unis à l’encontre de la Russie n’avait aucune chance de réussir. « La situation actuelle met en évidence l’échec d’une telle politique », a-t-il indiqué à ce titre.

    « Les propos outrageux de Joe Biden à propos de Vladimir Poutine relèvent d’un comportement irrespectueux sans précédent mais cela fait longtemps que les États-Unis tentent de détruire leurs relations avec la Russie. Pour nous, ce n’est pas une nouveauté ! Joe Biden a pris ses fonctions et les sanctions et le discours antirusse ont été intensifiés. C’est ainsi depuis des années ; c’est quelque chose qui a commencé à l’époque de Barack Obama ».

    Les USA ne lésinent sur rien pour garantir leur domination sur le monde

    Ailleurs dans son entretien, Sergueï Lavrov a déclaré que les États-Unis tentaient d’assurer leur domination et leur suprématie à l’échelle internationale en propageant leurs principes partout dans le monde.

    « Lors des négociations à haut niveau qui se déroulaient entre les États-Unis et la Chine, Jake Sullivan – conseiller à la sécurité nationale – et Antony Blinken – secrétaire d’État – se vantaient des droits de l’Homme, des droits des minorités et des principes de la démocratie pour les responsables chinois mais Antony Blinken a entre autres reconnu que les États-Unis avaient, eux-mêmes, des faiblesses là-dessus et qu’ils allaient les traiter [ces faiblesses]».

    Le chef de la diplomatie russe a déclaré que « le fait que les Américains ne cessent de parler de la démocratie et des droits de l’Homme lors des négociations au niveau international découle de ce qu’ils entendent imposer ainsi leurs lois et leurs principes aux autres pays afin de dominer ainsi le monde ».

    Press TV, 2 avr 2021

    Etiquettes : Russie, Etats-Unis, USA,

  • Sarkozy passe à l’offensive après sa condamnation pour corruption

    L’ancien président français de droite, Nicolas Sarkozy, a lancé mercredi une offensive pour laver son nom après avoir été condamné à trois ans de prison pour corruption, en dénonçant le verdict et en envisageant de saisir la plus haute cour européenne des droits de l’homme.

    M. Sarkozy, 66 ans, a accordé une interview en première page du journal Le Figaro et devait donner une interview en prime-time au journal télévisé de TF1.

    Avec trois autres affaires judiciaires en cours contre lui, les commentateurs ont déclaré que la condamnation de lundi devrait porter un coup fatal à tout espoir de retour politique de Sarkozy.

    Mais fidèle à sa réputation combative, l’homme qui a dirigé la France de 2007 à 2012 en tant qu’ »hyper-président » autoproclamé a indiqué qu’il ne partirait pas tranquillement.

    « Je ne peux pas accepter d’être condamné pour quelque chose que je n’ai pas fait », a déclaré Sarkozy au Figaro.

    M. Sarkozy, qui fera appel, ne devrait pas aller derrière les barreaux : la peine comprend deux ans avec sursis et l’année restante serait purgée à domicile avec un bracelet électronique.

    Le jugement est « truffé d’incohérences », a déclaré M. Sarkozy au Figaro. Il « n’apporte aucune preuve, mais juste un faisceau d’indices circonstanciels », a-t-il ajouté.

    – Douloureux pour moi ».

    Le tribunal a estimé que Nicolas Sarkozy avait conclu un « pacte de corruption » avec son ancien avocat et ami Thierry Herzog pour convaincre un juge, Gilbert Azibert, d’obtenir et de partager des informations sur une enquête judiciaire.

    Le crime était « particulièrement grave ayant été commis par un ancien président qui était le garant de l’indépendance de la justice », a déclaré le jugement de lundi.

    « Peut-être sera-t-il nécessaire de porter cette bataille devant la Cour européenne des droits de l’homme (basée à Strasbourg) », a déclaré M. Sarkozy.

    « Ce serait douloureux pour moi de voir mon propre pays condamné, mais je suis prêt car ce serait le prix de la démocratie. »

    Le jugement est également loin de marquer la fin des malheurs juridiques de Sarkozy et le 17 mars, l’ex-président doit faire face à un deuxième procès sur des accusations de dépenses excessives frauduleuses lors de sa candidature ratée à la réélection de 2012.

    Dans un éditorial au ton ferme, le journal Le Monde a exhorté Sarkozy à mettre un terme à sa confrontation avec le système judiciaire français et à cesser de fouetter la colère de ses partisans envers les juges.

    « Il récolte aujourd’hui ce qu’il a semé et doit s’interroger sur l’opportunité de poursuivre cet excès populiste, qui est devenu non seulement un piège pour lui mais un risque pour le pays », a-t-il déclaré.

    Signe de la polarisation dont Sarkozy fait l’objet, le personnel du journal Le Parisien a publié une déclaration par l’intermédiaire de ses syndicats dans laquelle il prend ses distances par rapport à un éditorial de son directeur Jean-Michel Salvator soutenant Sarkozy.

    Cet éditorial fustigeait les décisions de justice prises à l’encontre de Sarkozy, qui ont fait preuve d’une « sévérité accrue ou d’une intransigeance implacable ».

    – Faire de la politique

    Les alliés de droite de Sarkozy se sont également précipités à sa défense, le dépeignant comme la victime d’une chasse aux sorcières de la part du parquet national financier français.

    « Quand certains juges commencent à faire de la politique, le rôle du législateur est de le dénoncer fermement », a déclaré Guillaume Peltier, chef adjoint du parti d’opposition de droite Les Républicains, à la télévision LCI.

    Avant sa condamnation, il s’était murmuré que M. Sarkozy pourrait être le candidat idéal pour représenter la droite face au président Emmanuel Macron lors des élections de 2022, étant donné l’absence d’autres candidats appropriés.

    Malgré ses déboires judiciaires, M. Sarkozy conserve un soutien considérable à droite et son dernier livre a figuré en tête des listes de best-sellers pendant plusieurs semaines l’été dernier.

    Interrogé par Le Figaro sur son avenir politique, Sarkozy a insisté : « J’ai dit que je ne serai pas candidat et je m’y tiens. »

    Outre le procès du 17 mars, Sarkozy a également été inculpé pour avoir reçu des millions d’euros du défunt dictateur libyen Moamer Kadhafi pour sa campagne électorale de 2007.

    En janvier, les procureurs ont ouvert une autre enquête sur le trafic d’influence présumé de M. Sarkozy concernant ses activités de conseiller en Russie.

    France24, 3 mars 2021

    Etiquettes : France, Nicolas Sarkozy, justice, trafic d’influence, financement illicite, campagne électorale,