Mois : avril 2021

  • En Europe, la lenteur du déploiement des vaccins prolonge la pandémie, selon l’OMS

    Alors qu’en Europe les variants du coronavirus continuent de se propager et que la pression sur les hôpitaux augmente, accélérer le déploiement de la vaccination contre la Covid-19 est crucial car les nouveaux cas dans cette région du monde augmentent dans tous les groupes d’âge, sauf un, a prévenu l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

    La semaine dernière, la transmission de la Covid-19 a augmenté dans la majorité des pays de la Région européenne de l’OMS, avec 1,6 million de nouveaux cas et près de 24.000 décès, a précisé la branche régionale de l’OMS dans un communiqué de presse

    L’Europe reste la deuxième région au monde la plus touchée par la Covid-19, avec un nombre total de décès approchant rapidement le million et le nombre total de cas sur le point de dépasser 45 millions.

    « Il y a cinq semaines à peine, le nombre hebdomadaire de nouveaux cas en Europe était tombé à moins d’un million, mais la situation de la Région est désormais plus préoccupante qu’elle ne l’a été depuis plusieurs mois. Il existe des risques associés à l’augmentation de la mobilité et des rassemblements pendant les fêtes religieuses. De nombreux pays sont en train d’introduire de nouvelles mesures qui sont nécessaires et chacun devrait les suivre autant qu’il le peut », a déclaré la Dre Dorit Nitzan, Directrice régionale des urgences du Bureau régional de l’OMS pour l’Europe.

    Dans toute la Région, 50 pays ou territoires ont signalé le variant préoccupant B.1.1.7, détecté initialement par le Royaume-Uni et maintenant le variant prédominant dans la Région. Ce variant étant plus transmissible et pouvant augmenter le risque d’hospitalisation, il a un impact de santé publique plus important et des actions supplémentaires sont nécessaires pour la maîtriser.

    Impact précoce de la vaccination
    Au niveau régional européen, les nouveaux cas augmentent dans tous les groupes d’âge, sauf chez les personnes de 80 ans et plus. Ce n’est que dans cette population la plus vulnérable que l’OMS a constaté une baisse régulière des cas et une diminution de la proportion de décès par Covid-19 depuis le début de 2021, reflétant les premiers signes de l’impact de la vaccination.

    De nouvelles données de Public Health England suggèrent que les vaccins contre la Covid-19 ont sauvé, à tout le moins, plus de 6.000 vies parmi les personnes de plus de 70 ans depuis le début de la vaccination en décembre 2020. De même, les données d’Israël montrent que le vaccin Pfizer-BioNTech est d’environ 90% efficace pour prévenir les infections, les maladies graves et l’hospitalisation après la deuxième dose.

    « Les vaccins représentent notre meilleur moyen de sortir de cette pandémie. Non seulement ils fonctionnent, mais ils sont également très efficaces pour prévenir les infections. Cependant, le déploiement de ces vaccins est d’une lenteur inacceptable. Et tant que la couverture reste faible, nous devons appliquer les mêmes mesures de santé publique et sociale que par le passé, pour compenser les retards », a déclaré le Dr Hans Kluge, Directeur régional de l’OMS pour l’Europe. « Soyons clairs : nous devons accélérer le processus en accélérant la fabrication, en réduisant les obstacles à l’administration des vaccins et en utilisant chaque flacon que nous avons en stock, maintenant ».

    Faux sentiment de sécurité
    À ce jour, seulement 10% de la population totale en Europe a reçu 1 dose de vaccin et 4% ont achevé leur vaccination.

    « Le risque que la vaccination continue de donner un faux sentiment de sécurité aux autorités et au public est considérable – et cela comporte un danger », a expliqué le Dr Kluge.

    Tous les pays à revenu élevé de la région vaccinent contre la Covid-19, alors que seulement 80% des pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure et 60% des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et à revenu inférieur le sont. À ce jour, 10 économies à revenu intermédiaire de la région ont reçu des doses par le biais du mécanisme COVAX.

    « Au cours des dernières semaines, nous avons vu à la fois une solidarité remarquable à travers les frontières dans la Région et des pays accumulant des vaccins. Vacciner les agents de santé et les personnes âgées dans tous les pays est la responsabilité morale de tous. Il est essentiel que nous fournissions les avantages de ce bien public mondial aux travailleurs de la santé et des services sociaux. Tout en reconnaissant l’intention des gouvernements de protéger leurs propres populations, avant que les vaccins ne soient étendus à d’autres groupes d’âge, j’exhorte les gouvernements à partager les doses excédentaires de vaccins approuvés par l’OMS avec COVAX ou avec les pays dans le besoin, une fois que les agents de santé et les plus vulnérables ont été vaccinés. Ne pas le faire est voué à l’échec », a déclaré le Directeur régional.

    Limiter la propagation
    Le plus grand nombre de nouveaux cas de Covid-19 se produisant dans des groupes de population qui ne sont pas encore vaccinés, l’OMS continue d’appeler à une action rapide pour mettre en œuvre des mesures de santé publique et sociales sur la base des données épidémiologiques et du système de santé alors que la couverture vaccinale continue de croître.

    Au total, 27 pays de la Région sont en confinement partiel ou complet à l’échelle nationale, avec 21 couvre-feux nocturnes. Au cours des deux dernières semaines, 23 pays ont intensifié les restrictions tandis que 13 ont assoupli les mesures, et 9 autres ont emboîté le pas.

    Bien que les confinements doivent être évités par des interventions de santé publique ciblées et opportunes, ils doivent être utilisés lorsque la maladie dépasse la capacité des services de santé à prendre en charge les patients de manière adéquate et à accélérer la préparation des systèmes de santé publique locaux et nationaux, selon l’OMS.

    « La probabilité d’apparition de nouveaux variants préoccupants augmente avec la vitesse à laquelle le virus se réplique et se propage, il est donc crucial de freiner la transmission grâce à des mesures de base de lutte contre la maladie. Et aujourd’hui, contrairement à il y a un an, nous avons de meilleurs systèmes de test et de traçabilité, un partage d’informations plus rapide et nous en savons beaucoup plus sur la manière de soigner les personnes gravement malades », a déclaré la Dre Nitzan.

    Les tests étendus, l’isolement, la recherche des contacts, la quarantaine et le séquençage génétique sont les outils de santé publique de base qui doivent être utilisés et continuellement renforcés.
    La vaccination, associée à des mesures de santé publique et sociales continues, mettront finalement un terme à la pandémie. Pour que cela se produise, une intensification de la production de vaccins et de la vaccination est nécessaire, ainsi que le respect continu des mesures de santé publique et sociales.

    « Le plus grand déterminant du nombre de personnes infectées et du nombre de personnes qui meurent dans les semaines à venir est ce que vous faites ou ne faites pas en tant qu’individu. Nous l’avons vu maintes et maintes fois : la propagation du virus peut être stoppée. Mon message aux gouvernements de la Région est donc que ce n’est pas le moment d’assouplir les mesures. Nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas tenir compte du danger. Nous avons tous fait des sacrifices, mais nous ne pouvons pas laisser l’épuisement l’emporter. Nous devons continuer à maîtriser le virus », a conclu le Dr Kluge.

    ONU Info, 1 avr 2021

    Etiquettes : Europe, Union Européenne, UE, vaccin, vaccination, covid 19, coronavirus, pandémie,

  • Belgique : Procès pour trafic de cocaïne impliquant le fils d’un ancien président mauritanien

    Malines, Belgique.- Le parquet de Malines a entamé jeudi le procès de six personnes, principalement originaires de Kempenaars, impliquées dans un vaste trafic de cocaïne organisé via la Mauritanie.

    L’enquête sur cette affaire a commencé en 2007. Selon des médias locaux, le fils du président mauritanien feu Ould Haidala est impliqué dans ce trafic.

    Pour rappel, Sidi Mohamed Ould Haidala a été emprisonné en 2016 en Mauritanie pour un acte similaire après avoir purgé une peine de sept ans au Maroc.

    Etiquettes : Belgique, Mauritanie, trafic de cocaïne, Malines, Sidi Mohamed Ould Haidala,

  • Pédophilie déguisée

    Hamza Belloumi

    La justice Yéménite vient de décider l’annulation du contrat de mariage qui a été fait entre un homme de 30 ans et une petite fille de …8 ans.

    Cette décision judiciaire est intervenue suite à la requête présentée par un certain nombre d’organisations de défense des droits de l’homme et des enfants.

    La fille en question « Noujoud » s’est trouvée forcer par sa famille à épouser un homme plus âgé qu’elle de 22 ans alors qu’elle n’est même pas pubère.

    Il s’agissait sans l’ombre d’un doute d’une forme de pédophilie masquée par un contrat de mariage.

    Seulement, malgré le fait que la décision de la justice yéménite est à saluer (il faut dire aussi que les juges n’auraient pas pu rendre une autre décision que l’annulation du contrat), on s’attendait à ce que la justice aille jusqu’au bout en condamnant d’abord « l’époux » pour pédophilie et agressions sexuelles sur mineurs et ensuite le père pour trafic d’êtres humains. Mais le fait d’annuler le contrat de mariage et de laisser l’époux et le père de la petite Noujoud sans aucune sanction, cela me choque beaucoup parce qu’une telle décision ne fera pas renoncer beaucoup d’autres personnes à faire la même chose.

    D’ailleurs, il faut le dire, au Yémen, ce qu’à subit la petite Noujoud est assez fréquent. Beaucoup de familles sont entrain « de vendre » leurs filles par des prétendus contrats de mariage à des pédophiles qui ne reculent devant rien pour satisfaire leur plaisir bestial.

    Mais si j’aborde aujourd’hui le sujet c’est aussi pour une autre raison à savoir les prétendus arguments que les avocats de ce genre de criminels utilisent pour innocenter leurs clients.

    Des arguments tels que : « N’oublions pas que le Prophète s’est marié d’une femme qui avait presque le même age que la petite Noujoud ». Et d’autres d’ajouter même que pour se conformer à la Sunna du Prophète, il serait même préférable de suivre ce qu’il a fait » et donc de se marier avec des jeunes filles !

    Ce raisonnement est parfaitement absurde. D’abord, l’age exact des épouses du Prophète reste à confirmer. Ensuite, leur puberté semble être confirmée. Mais le plus important pour moi c’est qu’aujourd’hui, on connaît scientifiquement l’age exact de la puberté, et à 8 ans, la fille ne l’est pas.

    A partir de ce constat, je ne sais pas pourquoi le Yémen, comme d’autres pays, ne s’est pas doté d’une législation claire, précise et répressive par rapport à ces dépassements inacceptable. Je m’interroge aussi sur le silence complice des hommes de religions et autres Oulémas qui sont là pour allumer leur feux et leurs flammes dès qu’il s’agit d’occidentaux qui « nous attaquent » alors qu’ils ne font absolument rien pour dire que ce genre de pratiques criminelles –à savoir le mariage des mineures- est condamné par l’islam.

    Islamiqua

    Etiquettes : Pédophilie, Yémen, Islam, religion,



  • Chine: Déclaration du porte-parole sur le départ du correspondant de la BBC en Chine et la présence de journalistes étrangers dans le pays

    John Sudworth, correspondant de la BBC en Chine, a quitté le pays, ainsi que sa femme, Yvonne Murray, correspondante de RTE en Chine, et leur famille. Ce départ intervient après une longue période de harcèlement de la part des autorités à l’encontre de M. Sudworth et de ses collègues de la BBC, comprenant la surveillance, les menaces de poursuites judiciaires, l’obstruction, l’intimidation et la mise en ligne par les médias officiels de vidéos le désignant personnellement et utilisant des séquences vidéo de la police.

    Il s’agit du dernier cas en date de correspondants étrangers chassés de Chine en raison du harcèlement et des entraves constants à leur travail, qui s’ajoute à l’expulsion d’au moins 18 correspondants l’année dernière.

    L’UE a fait part à plusieurs reprises aux autorités chinoises de ses préoccupations concernant les restrictions de travail excessives imposées aux journalistes étrangers et le harcèlement dont ils feraient l’objet. Le professionnalisme et l’objectivité des correspondants étrangers sont de plus en plus remis en question.

    Les correspondants étrangers jouent un rôle important dans la transmission d’informations par-delà les frontières et contribuent à renforcer la compréhension mutuelle entre l’UE et la Chine.

    L’Union européenne continuera à défendre le rôle des médias indépendants et fiables dans le monde entier. L’UE est déterminée, dans le respect du droit international des droits de l’homme, à préserver la liberté et le pluralisme des médias, ainsi qu’à protéger le droit à la liberté d’expression en ligne et hors ligne, y compris la liberté d’opinion et la liberté de recevoir et de communiquer des informations sans interférence.

    L’UE demande à la Chine de respecter les obligations qui lui incombent en vertu du droit national et international et de garantir la liberté d’expression et de la presse, telle qu’elle est inscrite dans la constitution de la RPC et dans la déclaration universelle des droits de l’homme.

    EEAS, 2 avr 2021

    Etiquettes : Correspondant de la BBC, Chine,  John Sudworth, presse, harcèlement,

  • Les nouvelles restrictions sur le COVID-19 auront un impact sur la croissance française : ministre

    PARIS (Reuters) – Les nouvelles restrictions liées au COVID-19 en France auront un impact sur la croissance économique cette année, mais il est trop tôt pour dire de combien, a déclaré vendredi le ministre des Finances Bruno Le Maire.

    Le président Emmanuel Macron a ordonné mercredi à la France son troisième verrouillage national et a annoncé la fermeture des écoles pendant trois semaines afin de repousser une troisième vague d’infections au COVID-19 qui menace de submerger les hôpitaux.

    « Ces mesures auront un impact sur la croissance économique en 2021. Nous sommes en train de l’évaluer. Il y aura une nouvelle évaluation dans les prochains jours », a déclaré M. Le Maire à la télévision CNews lorsqu’on lui a demandé s’il s’en tenait à l’objectif de croissance économique du gouvernement pour cette année. Il a prévu une croissance de 6 % pour 2021.

    Le Maire a réaffirmé que les nouvelles mesures de blocage forceraient la fermeture temporaire de 150 000 entreprises, pour un coût de 11 milliards d’euros par mois.

    Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a déclaré jeudi qu’il ne s’attendait pas à ce que les nouvelles restrictions aient un impact sur la prévision de la banque d’une croissance de 5,5 % en 2021, à condition que les restrictions ne durent pas au-delà de début mai.

    La France a signalé jeudi plus de 50 000 nouvelles infections au COVID-19 et 308 décès, tandis que le nombre de personnes dans les services de soins intensifs a augmenté à 5 109.

    M. Le Maire a réitéré ses appels à l’Union européenne pour qu’elle accélère la mise en œuvre de son plan de relance économique.

    « L’Europe doit comprendre que nous devons aller vite et que les fonds de relance promis aux citoyens européens doivent maintenant arriver dans les États membres […]. En 2022 ou 2023, il sera trop tard. Les Chinois et les Américains seront en avance sur nous », a-t-il déclaré.

    Bien que les 27 États membres aient adopté l’été dernier un fonds de relance historique, les gouvernements de l’UE soumettent encore des plans détaillés sur la manière dont ils comptent dépenser l’argent du fonds, que beaucoup doivent encore ratifier.

    Etiquettes : France, mesures de restriction, économie, coronavirus, covid 19, pandémie, croissance,

  • Les nouvelles restrictions sur le COVID-19 auront un impact sur la croissance française : ministre

    PARIS (Reuters) – Les nouvelles restrictions liées au COVID-19 en France auront un impact sur la croissance économique cette année, mais il est trop tôt pour dire de combien, a déclaré vendredi le ministre des Finances Bruno Le Maire.

    Le président Emmanuel Macron a ordonné mercredi à la France son troisième verrouillage national et a annoncé la fermeture des écoles pendant trois semaines afin de repousser une troisième vague d’infections au COVID-19 qui menace de submerger les hôpitaux.

    « Ces mesures auront un impact sur la croissance économique en 2021. Nous sommes en train de l’évaluer. Il y aura une nouvelle évaluation dans les prochains jours », a déclaré M. Le Maire à la télévision CNews lorsqu’on lui a demandé s’il s’en tenait à l’objectif de croissance économique du gouvernement pour cette année. Il a prévu une croissance de 6 % pour 2021.

    Le Maire a réaffirmé que les nouvelles mesures de blocage forceraient la fermeture temporaire de 150 000 entreprises, pour un coût de 11 milliards d’euros par mois.

    Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a déclaré jeudi qu’il ne s’attendait pas à ce que les nouvelles restrictions aient un impact sur la prévision de la banque d’une croissance de 5,5 % en 2021, à condition que les restrictions ne durent pas au-delà de début mai.

    La France a signalé jeudi plus de 50 000 nouvelles infections au COVID-19 et 308 décès, tandis que le nombre de personnes dans les services de soins intensifs a augmenté à 5 109.

    M. Le Maire a réitéré ses appels à l’Union européenne pour qu’elle accélère la mise en œuvre de son plan de relance économique.

    « L’Europe doit comprendre que nous devons aller vite et que les fonds de relance promis aux citoyens européens doivent maintenant arriver dans les États membres […]. En 2022 ou 2023, il sera trop tard. Les Chinois et les Américains seront en avance sur nous », a-t-il déclaré.

    Bien que les 27 États membres aient adopté l’été dernier un fonds de relance historique, les gouvernements de l’UE soumettent encore des plans détaillés sur la manière dont ils comptent dépenser l’argent du fonds, que beaucoup doivent encore ratifier.

  • Belgique. En Flandre, un monument à la gloire des Waffen-SS

    Proposée par le Vlaams Belang et inaugurée en 2018, une sculpture rend hommage à la Légion lettonne, une unité nazie auteure de nombreux crimes de guerre. Depuis, elle n’a guère suscité de réactions de la part de la classe politique et des institutions belges.

    Une étrange ruche de bronze constellée d’abeilles se dresse dans la commune de Zedelghem (Flandre-Occidentale) : la Ruche lettonne pour la liberté. « De jeunes hommes lettons ont été recrutés par l’armée allemande pour se battre contre l’armée soviétique, explique une plaque commémorative. Près de 12 000 d’entre eux ont été prisonniers à Zedelghem de 1945 à 1946. »

    Élu au sein du conseil communal de Zedelghem sous l’étiquette Vlaams Belang, Pol Denys est l’initiateur de ce monument. Passionnée d’histoire, cette figure de l’extrême droite locale s’intéresse aux milliers de soldats qui, après avoir combattu sous l’uniforme de la Wehrmacht ou de la Waffen-SS, ont été détenus dans le camp de prisonniers de sa commune. « Environ 150 000 prisonniers ont séjourné dans le camp de Zedelghem entre février 1945 et septembre 1946, explique-t-il . Parmi eux, 12 700 Lettons. »

    Les anciens SS touchent même une pension

    Ces hommes appartenaient à la Légion lettonne, une unité de la Waffen-SS. Parmi eux, certains étaient des conscrits enrégimentés par l’occupant allemand. Mais beaucoup d’autres étaient des nationalistes lettons engagés volontaires dans la SS, afin de participer aux combats contre l’Union soviétique ainsi qu’aux opérations d’extermination des juifs de Lettonie. Les crimes de guerre des légionnaires lettons sont bien documentés. À lui seul, le Sonderkommando Arajs est responsable de l’assassinat de plus de 100 000 personnes.

    Depuis plus de vingt ans, les politiciens lettons se relaient afin de réhabiliter ces légionnaires, qu’ils présentent comme des « combattants de l’indépendance lettonne ». Non seulement aucun de ces anciens SS n’a jamais été jugé en Lettonie depuis 1991, mais ils touchent même une pension. En 1998, afin de leur rendre hommage, le gouvernement a décidé d’instaurer la Journée de la Légion lettone , le 16 mars.

    Face au tollé international suscité par cette initiative, elle a été abrogée en 2000. Mais les légionnaires lettons continuent d’être honorés ce jour-là, et des monuments leur sont dressés. Le Conseil de l’Europe affirme que ces hommages sont de nature à « renforcer le racisme et l’antisémitisme » et que « toute tentative pour commémorer les personnes qui ont combattu dans la Waffen-SS et collaboré avec les nazis doit être condamnée ».

    Une unité de « résistance » au communisme

    Pour comprendre pourquoi un monument glorifiant une légion SS a été érigé en Belgique, il faut remonter à 2008. Pol Denys signe cette année-là un article dans lequel il écrit que le camp de prisonniers de Zedelghem a été un berceau du nationalisme letton d’après-guerre. À cette époque, l’élu d’extrême droite tient un site Internet qui attire l’attention d’une institution publique basée à Riga : le musée de l’Occupation de la Lettonie.

    Plaçant sur un pied d’égalité nazisme et communisme, ce musée soutient que « l’occupation soviétique de la Lettonie de 1940 à 1941, l’occupation nazie de 1941 à 1944, et l’occupation soviétique de 1944 à 1991 » ne forme qu’une seule et même « occupation ». Dans ce musée où a été reproduit le baraquement d’un goulag, la Légion lettonne est glorifiée comme une unité de « résistance » au communisme, et ses crimes ont été effacés des annales.

    Pol Denys entame une collaboration avec le musée de l’Occupation. Après quoi, il propose à la commune de Zedelghem d’ériger un monument aux légionnaires lettons. La commune accepte. Un sculpteur letton, Kristaps Gulbis, réalise alors une allégorie de la Légion lettone prenant la forme d’une ruche. « Cette colonie d’abeilles est une nation, explique-t-il. Les abeilles sont pacifiques, elle s ne piquent que lorsqu’elles se sentent menacées. Alors elles se défendent, se battent et meurent pour leur ruche. »

    Silence de la classe politique

    Le monument est inauguré le 28 septembre 2018, en présence de vétérans de la SS, de l’ambassadrice de la Lettonie en Belgique, des représentants du musée de l’Occupation, de la bourgmestre de Zedelghem, et de Pol Denys, l’élu du Vlaams Belang. Un an plus tard, le 18 novembre 2019, Egils Levits, le président de la Lettonie, décore Pol Denys de la Croix de la reconnaissance – l’équivalent letton de la Légion d’honneur.

    Au cours de la Seconde Guerre mondiale, des dizaines de milliers de régionalistes flamands se sont engagés dans des partis collaborationnistes ou ont rejoint les rangs de la Légion flamande, une unité de volontaires SS ayant combattu sur le front de l’Est. Aujourd’hui, des élus du Vlaams Belang leur rendent hommage. Le 11 novembre 2020, Carrera Neefs, élue du conseil communal de Wuustwezel (province d’Anvers), a par exemple publié une vidéo d’elle-même en train de fleurir la tombe d’un soldat SS.

    Ces hommages ne sont pas de vulgaires provocations mais le fruit d’une stratégie. Ils constituent des mises à l’épreuve de la classe politique et des institutions belges, qui, pour l’heure, se montrent incapables d’y répondre.

    En décembre 2020, le député fédéral André Flahaut (PS) a adressé une question au ministre de la Justice à propos du monument de Zedelghem. À ce jour, sa question est restée sans réponse. Quant à la commune où se dresse la Ruche, dirigée par des chrétiens-démocrates, elle affirme ne pas comprendre qu’un monument représentant des abeilles puisse susciter la colère et l’indignation des associations juives ou patriotiques belges.

    L’Humanité, 1 avr 2021

    Etiquettes : Belgique, Flandre, Vlams Belang, extrême droits, Waffen SS, monument, fascisme,


  • Le partage de 10 millions de doses du vaccin Pfizer-BioNTech provoque une mini-crise au sein de l’UE

    Dix-neuf Etats membres ont accepté de se montrer solidaires avec cinq pays en difficulté. En revanche, l’Autriche, la Slovénie et la République tchèque ont exigé de recevoir leur prorata de vaccins.

    Un accord a été trouvé, mais il a un goût amer pour certains. Au cœur des discussions : la répartition dans l’Union européenne (UE) de 10 millions de doses du vaccin Pfizer-BioNTech, pour laquelle les Etats membres se sont déchirés.

    Après de longues et ardues négociations, un accord a été finalement trouvé, jeudi 1er avril, en fin de journée « sur une solution ponctuelle » qui « permet une expression significative de la solidarité par la distribution de près de 3 millions de vaccins aux Etats membres qui en ont le plus besoin », a annoncé la présidence portugaise de l’UE.

    Trois pays, l’Autriche, la Slovénie et la République tchèque, ont exigé de recevoir – et vont recevoir – leur prorata des 10 millions de vaccins, précise le communiqué. Dix-neuf pays ont, en revanche, accepté de témoigner leur solidarité avec la Bulgarie, la Croatie, l’Estonie, la Lettonie et la Slovaquie ; ces cinq pays vont recevoir leur prorata des 10 millions de vaccins et vont se partager 2 854 654 doses accordées par leurs partenaires.

    De plus, l’Allemagne, la Belgique, Chypre, le Danemark, l’Espagne, la Finlande, la France, la Grèce, la Hongrie, l’Irlande, l’Italie, la Lituanie, le Luxembourg, Malte, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la Roumanie et la Suède vont se partager 6,66 millions de doses du vaccin.

    L’intransigeance de l’Autriche lui fait gagner 60 000 doses
    La proposition de compromis soumise aux Etats membres par le Portugal prévoyait une répartition au prorata de la population pour 7 millions de doses et de réserver 3 millions de doses à répartir parmi les cinq pays en difficulté.

    Deux jours de négociations entre les ambassadeurs des pays membres n’ont pas permis d’infléchir les positions de l’Autriche, de la Slovénie et de la République tchèque. Prague a refusé le compromis, car il estimait « insuffisant » le geste fait en sa faveur. Sa position lui fait perdre 143 000 doses accordées au titre de la solidarité, a expliqué un diplomate européen.

    Le chancelier autrichien, Sebastian Kurz, s’est félicité d’avoir récupéré, grâce à son intransigeance, 199 000 doses pour son pays au lieu de 139 000, comme le prévoyait le compromis du Portugal, ce qu’a déploré un diplomate européen :

    « Le chancelier Kurz a fait preuve d’un manque de solidarité et a abandonné la Bulgarie, l’Estonie, la Croatie, la Lettonie et la Slovaquie. Il se contente d’écrire des lettres et laisse tomber ses alliés. »

    « Sebastian Kurz s’est montré égoïste dans cette affaire. Il a refusé la solidarité qui était la motivation de son action », a renchéri le représentant d’un autre Etat membre. « Quant au premier ministre slovène, il donne un mauvais signal avant sa présidence de l’UE », a-t-il ajouté. La Slovénie prendra le relais du Portugal le 1er juillet, et le passera à la France le 1er janvier 2022.

    « Mécanisme de correction »

    Les 10 millions de vaccins disputés correspondent à une avance de livraison acceptée par Pfizer-BioNTech au deuxième trimestre. Elles font partie de 100 millions de doses qui ne devaient être initialement disponibles qu’à partir du troisième trimestre.

    La répartition des doses précommandées par l’UE auprès des laboratoires se fait entre les Vingt-Sept au prorata de leur population. Si un Etat décide de renoncer à acheter sa part, les autres pays intéressés peuvent les racheter, a expliqué un négociateur. Or certains n’ont pas commandé assez de doses, ou trop misé sur le vaccin AstraZeneca, en raison de son prix moins élevé. Mais ils sont confrontés aux problèmes de production du groupe.

    A la mi-mars, emmenés par le chancelier autrichien Sebastian Kurz, les dirigeants tchèque, slovène, bulgare, croate et letton avaient demandé la mise en place d’un « mécanisme de correction » pour obtenir des doses supplémentaires, estimant avoir été « lésés » par le système de répartition. Selon l’UE, les pays le plus en difficulté du point de vue vaccinal sont la Bulgarie, la Croatie, la Slovaquie, la Lettonie et l’Estonie.

    Le Monde, 2 avr 2021

    Etiquettes : Coronavirus, covid 19, vaccin, vaccination, Europe, Pfizer-BioNTech, Union européenne, UE,

  • Les raisons de la faillite des sociétés arabes

    Dans un livre aussi dérangeant que stimulant, un journaliste britannique dissèque les profondes contradictions et faiblesses qui traversent les sociétés arabes, freinant d’autant leur évolution.

    Le journaliste britannique Brian Whitaker a écrit un livre provocateur et dérangeant sur le Moyen-Orient*. Cet ouvrage n’est pas tendre avec les sociétés arabes, dont il souligne les profondes contradictions et faiblesses. Il n’en est pas moins urgent de le traduire en arabe afin qu’il soit lu par les élites concernées, de l’Atlantique au Golfe. Le but de cet essai, affirme son auteur, est de stimuler le débat. Si le monde arabe veut combler son retard avec le monde développé, il ferait bien de méditer les conclusions de Whitaker et de tenir compte de ses recommandations.

    Le journaliste, qui a dirigé le service Moyen-Orient du Guardian pendant sept ans (2000-2007), a beaucoup voyagé dans le monde arabe. Il a donc une connaissance intime de la région. Son mérite est de ne pas se cantonner, à la différence de la plupart de ses confrères, à rapporter les points de vue des dirigeants politiques et des milieux officiels. Il a préféré s’extraire de la sphère purement politique pour interroger un grand nombre de penseurs, universitaires, étudiants, faiseurs d’opinion, blogueurs et citoyens lambda dans de nombreux pays de la région. Au-delà des régimes, c’est la société dans son ensemble qu’il a tenté d’embrasser du regard. Là réside l’originalité de son livre.

    « Atmosphère abrutissante »

    En un mot, qu’est-ce qui ne va pas au Moyen-Orient ? Au fil des chapitres, «atmosphère abrutissante, où le changement, l’innovation, la créativité, la pensée critique, le questionnement, la résolution des problèmes… sont tous découragés ». Et ce n’est pas tout. À ce constat s’ajoutent « le déni systématique des droits de millions de personnes, les discriminations fondées sur l’ethnie, la religion, le genre, l’orientation sexuelle ou les antécédents familiaux, l’inégalité des chances, l’opacité de la bureaucratie, l’application arbitraire de la loi et le manque de transparence au sein de l’exécutif ».

    Le premier chapitre traite de la faillite de l’éducation – qui est, selon l’auteur, au cœur des problèmes que connaît la région. Il n’est pas de changement significatif, déclare Whitaker, qui ne commence dans les esprits. Citant le rapport 2004 sur le développement humain dans le monde arabe, l’auteur pointe des méthodes d’enseignement – notamment l’apprentissage par cœur – « qui ne favorisent pas le dialogue libre, l’éveil de la conscience, la démarche exploratoire, et qui, par conséquent, ferment la porte à la liberté de penser et à la critique ». Au contraire, « les programmes enseignés dans les pays arabes semblent encourager la soumission, l’obéissance, la subordination et la complaisance ». Résultat : un déficit de connaissance qui empêche l’émergence d’une population éduquée et qualifiée. « Les pays arabes, recommande Whitaker, doivent réformer leurs systèmes éducatifs et se préparer pour l’avenir. » Mais, ajoute-t-il, avec une note pessimiste, « la grande valeur dont jouit le conformisme au sein des sociétés arabes étouffe dans l’œuf tout changement ». Sa conclusion controversée est que « les pays arabes ne peuvent pas développer une société fondée sur le savoir sans des changements politiques et sociaux radicaux ».

    Autre cible de Whitaker : la ‘asabiyya – la solidarité entre les membres d’une famille, d’un clan ou d’une tribu. Une telle solidarité peut assurer la sécurité et la protection des individus, mais le revers de la médaille est qu’elle « enracine dans les comportements, selon les termes mêmes du rapport sur le développement humain, la soumission, l’existence parasitaire et la complaisance ». Whitaker fait valoir que l’obsession de la parenté sape les principes de la méritocratie et l’égalité des chances. Non seulement le népotisme entrave le développement économique, mais il désavantage les pays arabes dans leurs relations avec les régions du monde où de telles pratiques sont moins répandues. L’auteur conclut que « les Arabes ne pourront faire émerger une nouvelle ère de liberté, de citoyenneté et de bonne gouvernance tant que leurs sociétés continueront d’obéir à des contraintes liées à la parenté, que ce soit au niveau familial ou tribal ». Tel est, affirme-t-il, le défi majeur auquel les Arabes sont confrontés.

    Autoritarisme et autocratie

    Un chapitre tout aussi provocateur aborde les relations entre les citoyens et leurs gouvernements. Le régime arabe typique, écrit Whitaker, est à la foi autoritaire et autocrate – autoritaire parce qu’il exige l’obéissance, autocrate parce qu’il centralise et concentre les pouvoirs au sommet de l’État. L’auteur reconnaît qu’il est beaucoup question de réformes et de modernisation dans les pays arabes pour suivre le rythme des mutations accélérées que connaît le monde, mais il note avec regret que « les réformes effectives sont très limitées. Ce qui passe pour des réformes n’est en réalité qu’un habillage destiné à s’acheter une respectabilité internationale ».

    L’un des chapitres les plus controversés du livre est intitulé « La politique de Dieu ». Whitaker y traite de la vague de ferveur religieuse qui déferle sur le Moyen-Orient depuis trente ou quarante ans. La religion, soutient-il, est l’une des réponses à ce qu’il est convenu d’appeler le « malaise arabe ». Aux millions de croyants, la religion offre des certitudes et de l’espoir dans un monde de doute et de désespoir. L’auteur laisse entendre que cette inclination vers la religion a commencé après la déroute des armées arabes face à Israël lors de la guerre de 1967. Et qu’elle s’est accentuée après que les moudjahidine afghans eurent réussi à chasser les Soviétiques et que le Hezbollah fut parvenu à bouter les Israéliens hors du Liban en 2002 après vingt-deux ans d’occupation. L’idée fait son chemin que les succès militaires sont possibles dès lors que l’on est inspiré par la religion. Cette dernière, note Whitaker, procure un sentiment d’identité, d’appartenance et de solidarité face à des menaces extérieures. Mais, prévient-il, la religion conçue comme un symbole identitaire peut conduire à ne plus en retenir que la manifestation extérieure et matérielle au détriment de la dimension spirituelle et éthique.

    Pire, plus la vague de religiosité balayait le Moyen-Orient, plus les versions extrémistes de l’islam gagnaient du terrain, favorisant la montée de l’intolérance, voire de la violence, comme en 1994, lorsque l’homme de lettres égyptien Naguib Mahfouz, alors âgé de 82 ans, a été poignardé au cou en face de son domicile. Il survécut, mais son bras resta partiellement paralysé. Il ne peut y avoir d’égalité des droits, affirme Whitaker, sans liberté religieuse. C’est là le principal obstacle à tout changement positif dans le monde arabe. Selon l’auteur, la liberté religieuse requiert la neutralité de l’État en la matière. La séparation de la religion et de l’État est la condition sine qua non de tout agenda sérieux de réformes.

    Corruption

    Le livre de Whitaker aborde également la question de la corruption et des commissions illégales dans les sociétés arabes, ainsi que le phénomène de la wasta, c’est-à-dire le recours aux relations, les trafics d’influence et le favoritisme. Il y a aussi un long passage sur les médias arabes qui est beaucoup trop riche pour être résumé en quelques lignes.

    Whitaker souhaite que les Arabes se libèrent d’une culture de la dépendance et de l’impuissance. Et que les Occidentaux, en retour, en finissent avec leurs réflexes coloniaux et interventionnistes. Ainsi les deux parties pourro nt-elles fonder leurs relations sur la base positive d’une interdépendance. Son livre en irritera certains et en ravira d’autres. Mais il restera comme l’une des tentatives les plus ambitieuses, de la part d’un auteur occidental ces dernières années, d’analyser et de mettre au jour les raisons de la faillite du monde arabe.

    Islamiqua

    Etiquettes : Monde arabe, arabe, Islam, corruption, Autoritarisme, autocratie,

  • Le soulèvement des jeunes dans le monde entier : Du Myanmar à la Tunisie

    Nahid Riyasad

    De nombreux commentateurs politiques du monde entier ont déclaré que l’urgence sanitaire a aidé les gouvernements non démocratiques à resserrer leur emprise. Face à un gouvernement répressif, les jeunes du Myanmar, de Tunisie, de Bangkok et de l’Inde voisine sont descendus dans la rue. Nahid Riyasad nous parle du soulèvement de la jeunesse dans le monde.

    La pandémie de COVID-19 a apporté une perturbation indésirable dans le parcours scolaire de plus d’un milliard d’étudiants dans le monde. Cela ne signifie pas pour autant que la jeune génération passe son temps devant l’écran de manière improductive.

    Aux quatre coins du monde, les jeunes descendent inlassablement dans la rue pour protester contre la répression systémique, s’opposer au régime militaire, exiger le rétablissement de la démocratie et combattre les politiques pro-entreprises des gouvernements.

    Bon nombre de ces protestations étaient déjà en cours avant l’apparition du COVID-19 et ce que nous observons aujourd’hui est le résultat des mauvaises décisions politiques et des intentions répressives des États pour faire face à la crise créée par la pandémie.

    MYANMAR

    Après que les militaires du Myanmar ont pris le pouvoir le 1er février 2021, au moins 138 personnes, dont des enfants, ont été tuées lors de manifestations. Plus de 2 100 personnes, dont des journalistes, des militants et des étudiants, ont été arrêtées, selon le groupe de défense Assistance Association for Political Prisoners. Toutefois, des rapports non officiels indiquent que les chiffres sont beaucoup plus élevés.

    L’armée a justifié sa prise de pouvoir en alléguant une fraude électorale généralisée lors des élections générales de novembre 2020, qui ont donné une victoire écrasante au parti de Suu Kyi. Ce n’était que le deuxième vote démocratique depuis que la précédente junte a entamé une série de réformes en 2011.

    Les jeunes générations ont donc vécu dans une atmosphère comparativement plus démocratique que les générations précédentes, ce qui explique la participation massive des jeunes aux manifestations depuis février. En outre, sous forme de désobéissance civile, des milliers de cols bleus et blancs sont dans les rues et perturbent efficacement les services bancaires, les services de santé et l’administration.

    Parmi les manifestants, les groupes de défense des droits des minorités ethniques sont également actifs ; ils se battent depuis longtemps pour une plus grande autonomie de leurs terres et exigent également l’abolition de la constitution de 2008 écrite par les militaires et l’instauration d’une démocratie fédérale.

    La participation massive des jeunes montre qu’ils n’ont pas l’intention de laisser tomber la décennie de réformes politiques, de libéralisation économique et d’avancée vers une démocratie hybride.

    TUNISIE

    C’est le pays qui a lancé le Printemps arabe en 2011 et les jeunes de ce pays d’Afrique du Nord descendent à nouveau dans la rue. Plus d’un tiers de ses jeunes sont au chômage et plus d’un cinquième de sa population vit sous le seuil de pauvreté, selon les registres de l’Institut national des statistiques. Ces facteurs alimentent les protestations des jeunes.

    Les autorités répondent avec force aux protestations afin d’entraver toute chance que 2011 – qui a mis fin au règne de 23 ans de Zine El Abidine Ben Ali – se reproduise. L’armée est déployée dans au moins quatre endroits stratégiques du pays pour étouffer les protestations.

    Les raisons spécifiques de ces protestations généralisées ne sont toujours pas précisées, mais le mécontentement économique des jeunes est au centre de l’affrontement.

    Lors des manifestations qui ont débuté à la fin du mois de janvier, les manifestants ont été vus portant des pancartes avec des mots tels que « L’emploi est un droit, pas une faveur ». Selon les médias locaux, les manifestants sont en colère contre les promesses non tenues du président démocratiquement élu Kaïs Saied et de son gouvernement.

    Les jeunes manifestants utilisent beaucoup les plateformes de médias sociaux pour organiser les protestations. Une tendance similaire chez les jeunes a été observée dans le cas de l’Algérie voisine, où un mouvement de protestation mené par des jeunes a forcé son dirigeant de longue date à quitter le pouvoir en 2019.

    THAILANDE

    Les jeunes THAILANDAIS sont descendus dans la rue pendant la majeure partie de l’année 2020 et ont entamé l’année 2021 avec plus d’intensité. L’aspect le plus unique des récentes manifestations en Thaïlande, auxquelles participent principalement des jeunes et des étudiants, est leur critique publique de la monarchie.

    Les protestations ont été déclenchées par la dissolution du Parti de l’avenir par la Cour constitutionnelle fin février 2020. Ce parti critiquait sérieusement le premier ministre Prayut Chan-o-cha.

    Cette première vague de protestations s’est déroulée exclusivement sur les campus universitaires et a été interrompue par la pandémie de COVID-19. Les protestations ont repris le 18 juillet avec une grande manifestation organisée par l’organisation Free Youth umbrella à Bangkok.

    Les manifestants demandent des réformes de la monarchie, qui est protégée par une série de lois strictes, et dont la violation d’un article peut conduire quelqu’un en prison pour une très longue période. Les jeunes veulent un contrôle du pouvoir et des dépenses financières du roi.

    La demande de mettre fin aux coups d’État militaires – le pays en a connu au moins 20 au cours des dernières décennies – est une préoccupation majeure des manifestants.

    TURQUIE

    Les étudiants de l’université Boğaziçi, l’un des établissements d’enseignement supérieur les plus acclamés de Turquie, ont commencé à protester contre la nomination de leur recteur. Le recteur nommé par l’État, Melih Bulu, est une figure du monde des affaires qui s’est présenté comme candidat parlementaire du parti de la justice et du développement au pouvoir en 2015.

    Cette nomination sert de catalyseur à l’escalade des protestations étudiantes et les jeunes désabusés et sous-employés expriment leurs frustrations à l’égard du gouvernement du président Recep Tayyip Erdoğan.

    La décision de nommer Bulu a été dénoncée comme antidémocratique par les membres de l’université, et largement interprétée comme une tentative du gouvernement d’infiltrer l’une des dernières institutions de gauche du pays. Bulu est le premier recteur choisi en dehors de la communauté universitaire depuis le coup d’État militaire de 1980 en Turquie.

    Des milliers d’étudiants et de jeunes sont descendus dans les rues des grandes villes de Turquie au début du mois de février 2021 pour protester contre cette décision. Les autorités ont arrêté au moins 250 personnes à Istanbul et 69 autres à Ankara, dont la plupart étaient des étudiants, selon les médias locaux.

    Le gouvernement Erdoğan reçoit le soutien des citoyens les plus âgés pour le développement de ses infrastructures, mais les jeunes ont des mentalités différentes. Sans compter qu’après les manifestations, le président a qualifié les manifestants de « terroristes » et de « jeunes LGBT », ce qui n’a fait qu’attiser la colère des manifestants.

    La génération Z de Turquie n’a connu que le gouvernement actuel qui, ces dernières années, a été marqué par l’instabilité politique et les troubles économiques.

    LE MOT DE LA FIN

    Notre pays voisin, l’Inde, a connu l’une des plus grandes manifestations de ces derniers temps – les protestations des agriculteurs. Des millions d’agriculteurs indiens ont commencé à marcher vers la capitale en septembre 2020 contre trois projets de loi récemment adoptés, que les manifestants qualifient de « lois anti-agriculteurs ». Les étudiants et les jeunes militants des droits de l’homme ont soutenu la cause des agricu lteurs et se sont parfois tenus à leurs côtés.

    De vives protestations d’étudiants ont éclaté en février 2021 à Delhi, lorsque les autorités ont arrêté Disha Ravi, une jeune écologiste de Bengaluru, accusée de sédition pour un document en ligne soutenant les protestations des agriculteurs.

    Le gouvernement du Bangladesh observe un programme de 10 jours pour marquer le 50e jour de l’indépendance et le 101e anniversaire du premier président du Bangladesh. Au moins cinq chefs d’État participent à ce programme, dont le premier ministre indien Narendra Modi.

    Les organisations étudiantes de gauche du Bangladesh sont déjà dans les rues pour protester contre les politiques d’extrême droite politique et religieuse de Modi. Sur les médias sociaux, les internautes font valoir que la présence de Modi lors du jubilé d’or de notre indépendance va directement à l’encontre de l’esprit qui nous a poussés à obtenir notre indépendance en 1971.

    En examinant la résistance des jeunes, de l’Afrique à l’Asie du Sud-Est, nous pouvons arriver à un seul point : ils sont contre la répression sanctionnée par l’État. Les jeunes valorisent la liberté par-dessus tout et ne laissent pas le système ou leur État s’emparer d’une partie de leur liberté.

    C’est le seul espoir que les jeunes ont compris la valeur de la liberté et de leur vie et ils sont prêts à tout sacrifier pour protéger leurs droits.

    Nahid Riyasad est membre de l’équipe New Age Youth.

    New Age Youth, 21 mars 2021

    Etiquettes : Jeunesse, démocratie, manifestation, révolution, révolte, dictature, corruption, répression, Tunisie, Algérie, Myanmar,