Mois : avril 2021

  • Histoire de la pétition controversée signée par Foucault pour défendre trois hommes ayant eu des relations sexuelles avec des mineurs

    En 1977, alors que la France débattait du consentement – à partir de quel âge une personne peut-elle décider d’avoir des relations sexuelles ou non – un groupe d’intellectuels, parmi lesquels Barthes, Derrida, Sartre et Simone de Beauvoir, a publié une lettre ouverte qui a suscité une grande controverse. Cet épisode est rappelé ces jours-ci, à partir d’une accusation de pédophilie contre le philosophe portée par Guy Sorman dans son nouveau livre

    Annulations. Les réseaux sociaux semblent permettre une possibilité sans précédent : une multitude d’utilisateurs font pencher la balance vers un regard du présent sur des produits artistiques réalisés dans le passé ou des produits actuels qui sont annulés en raison du comportement de leurs créateurs dans le passé ou dans le présent. Il y a quelques jours à peine, Michel Foucault était sur toutes les lèvres. Il est étrange que le nom de famille d’un philosophe apparaisse comme un sujet tendance sur Twitter. La raison en est malheureuse : Guy Sorman, dans son nouveau livre, Mon putain de dictionnaire, affirme que dans les années 1960, le philosophe a eu des relations sexuelles avec des enfants arabes alors qu’il vivait en Tunisie. « Il y avait beaucoup de témoins, mais personne n’a inventé de telles histoires à l’époque. Foucault est comme un dieu en France », a-t-il déclaré. Cela ouvre des portes, et l’une d’entre elles mène en 1977, presque dix ans après le Mai français.

    Durant la seconde moitié du 20e siècle, la France a été un lieu de bouleversement des idées et des débats. En 1977, alors qu’une réforme du code pénal était discutée au Parlement, une question clé était l’âge du consentement, c’est-à-dire à partir de quel âge une personne peut décider d’avoir des relations sexuelles ou non.

    Ce débat doit être replacé dans un contexte : d’une part, la libération sexuelle d’une société dans laquelle le féminisme commençait à s’imposer et les méthodes contraceptives à se mettre en place, mais, d’autre part, une forte réaction des secteurs les plus conservateurs et homophobes qui cherchaient à imposer leur morale. Et aussi, le contexte juridique : jusqu’en 1945, l’âge légal du consentement était de 21 ans. Dans le cas des relations homosexuelles, il a été abaissé à 18 ans en 1974.

    En 1977, un groupe d’intellectuels adresse une pétition – depuis la Révolution française qui reconnaît le droit de pétition de tout individu – demandant l’abrogation de plusieurs articles de la loi sur l’âge du consentement, que le nouveau Code fixe à 15 ans. Le texte porte les signatures de Michel Foucault, Louis Aragon, Jean-Paul Sartre, Jacques Derrida, Louis Althusser, Roland Barthes, Simone de Beauvoir, Gilles Deleuze, Félix Guattari, Michel Leiris, Alain Robbe-Grillet, Philippe Sollers, Jacques Rancière, Jean-François Lyotard, Francis Ponge et Bernard Besret, entre autres.

    Deux cas en toile de fond

    Deux cas font de ce sujet une discussion importante.

    La première est le suicide en 1969 de Gabrielle Russier, une enseignante qui entretenait une relation avec Christian Rossi, un lycéen qui avait alors 16 ans, soit presque la moitié de son âge. Les parents de l’école ont commencé à la harceler et la justice l’a condamnée à un an de prison pour « enlèvement et détournement de mineur ». En 1971, le musicien Charles Aznavour compose une chanson intitulée « Mourir d’aimer », qui devient très populaire en France, et André Cayatte réalise la même année un film qui est vu au cinéma par plus de 6 millions de personnes.

    La seconde, qui agit comme un déclencheur, est connue sous le nom de cas de Versailles. Trois hommes ont été placés en détention provisoire pendant trois ans pour avoir eu des relations sexuelles avec des garçons et des filles de moins de 15 ans « sans violence » au Camping Club de Meudon.

    Il s’agissait de Bernard Dejager, Jean-Claude Gallien et Jean Burckhardt, qui ont été arrêtés en octobre 1973 et ont été inculpés pour dix ans d’ »attentat à la pudeur sans violence sur mineurs de moins de 15 ans ». En novembre 1976, l’écrivain Gabriel Matzneff – en 2019, Vanessa Sprigora dénonce dans son livre Consentement (publié par Lumen et désormais disponible en Amérique latine) qu’elle a eu des relations avec lui alors qu’elle avait 14 ans et lui 50 ans – publie dans le journal Le Monde son soutien à l’accusé sous le titre L’amour est-il un crime ? et répudie les  » intellectuels qui se taisent « .

    La pétition

    En 1977, c’est également Le Monde qui publie, dans l’édition du 26 janvier, la veille du procès de Versailles, une pétition émanant d’un large groupe d’intellectuels. Parmi les signataires figurent Michel Foucault, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Louis Aragon, André Glucksmann, Gilles Deleuze, Roland Barthes, Francis Ponge, Guy Hocquenghem, les futurs ministres Jack Lang et Bernard Kouchner et quelque 22 médecins de renom.

    Ils ont fait valoir que « trois ans sont suffisants » pour un épisode qu’ils ont défini comme une « simple question morale » dans laquelle « les enfants n’ont pas été victimes de la moindre violence. » « Nous considérons qu’il existe une disproportion manifeste entre la qualification de ‘crime’ qui justifie une telle gravité, et la nature des faits allégués ; d’autre part, entre le caractère obsolète de la loi et la réalité quotidienne d’une société qui tend à reconnaître aux enfants et aux adolescents l’existence d’une vie sexuelle (à quoi bon, alors, qu’une jeune fille de treize ans ait droit à la pilule contraceptive ?) », ajoutent-ils.

     » Le droit français se contredit lorsqu’il reconnaît une capacité de discernement à un mineur de treize ou quatorze ans qu’il peut juger et condamner, alors qu’il lui dénie cette capacité en ce qui concerne sa vie affective et sexuelle « . Trois ans de prison pour avoir fait des câlins et des baisers, c’est suffisant. Nous ne comprendrions pas que le 29 janvier Dejager, Gallien et Burckhardt ne retrouvent pas leur liberté », conclut le communiqué.

    Le lendemain, le procès a lieu et, bien que les victimes affirment avoir donné leur consentement, la justice établit qu’elles sont trop jeunes pour comprendre la manipulation des adultes. Et trois jours plus tard, Le Monde prend ses distances avec la pétition et dénonce la gravité des faits.

    La loi de la modestie

    En avril 1978, la pétition et la condamnation sont discutées dans une émission sur la radio France Culture dans le cadre de l’émission Dialogues, avec la participation de Michel Foucault, qui fut l’un des grands théoriciens des croisements entre sexualité et morale, ainsi que du dramaturge et acteur Jean Danet et du romancier et militant homosexuel Guy Hocquenghem. La transcription publiée par la suite sous le titre La Loi de la pudeur, traduite en anglais par Sexual Morality and the Law, puis rééditée sous le titre The Danger of Child Sexuality, peut être lue en anglais sous le titre La ley del pudor.

    « De toute façon, une barrière d’âge fixée par la loi n’a pas beaucoup de sens. Là encore, on peut faire confiance à l’enfant pour dire s’il a subi ou non des violences. Un juge d’instruction, un libéral, m’a dit un jour, alors que nous discutions de cette question : après tout, il y a des filles de dix-huit ans qui sont pratiquement obligées de faire l’amour à leurs parents ou à leur beau-père ; elles ont peut-être dix-huit ans, mais c’est un système de contrainte intolérable. Et celui, en plus, qui sent que c’est intolérable, si seulement on veut bien l’écouter et le mettre dans des conditions où il puisse dire ce qu’il ressent », dit ensuite Foucault.

    « D’une part, ajoute Hocquenghem, nous n’avons pas mis de limite d’âge dans notre texte. En tout cas, nous ne nous considérons pas comme des législateurs, mais simplement comme un mouvement d’opinion demandant l’abolition de certaines lois. En ce qui concerne cette question du consentement, je préfère les te rmes utilisés par Michel Foucault : écouter ce que dit l’enfant et lui donner une certaine crédibilité. Cette notion de consentement est un piège, en tout cas. Ce qui est certain, c’est que la forme juridique du consentement intersexe est un non-sens. Personne ne signe de contrat avant de faire l’amour.

    C’est là qu’intervient un contrepoint : si Hocquenghem est le seul des trois à prôner la dépénalisation du sexe tant qu’il n’y a pas de violence ou de coercition, tous trois s’accordent à dire que l’objet de la discussion est essentiellement de questionner les catégories de pouvoir et de répression, et non de produire de nouvelles normes ou de défendre la pédophilie en tant que telle. « Nous avons fait très attention à ne pas aborder de quelque manière que ce soit la question du viol, qui est totalement différente », dit Hocquenghem.

    Foucault affirme ici que « ce qui émerge, c’est un nouveau système pénal, un nouveau système législatif, dont la fonction n’est pas tant de punir les infractions à ces lois générales de la décence (…) Bien sûr, il y a les enfants, ils peuvent se trouver à la merci d’une sexualité adulte qui leur est étrangère et qui peut très bien leur être nuisible » ; cependant, précise-t-il, « les enfants ont une sexualité, nous ne pouvons pas revenir à ces vieilles notions selon lesquelles les enfants sont purs ».

    Dans ces législations, Foucault se tourne vers l’avenir : « Nous allons avoir une société de dangers, avec, d’un côté, ceux qui sont en danger et, de l’autre, ceux qui sont dangereux. Et la sexualité ne sera plus un comportement délimité par des interdits précis, mais une sorte de danger errant, une sorte de fantôme omniprésent, un fantôme qui se jouera entre hommes et femmes, enfants et adultes, et éventuellement entre adultes eux-mêmes, et ainsi de suite. La sexualité deviendra une menace dans toutes les relations sociales, dans toutes les relations entre membres de groupes d’âge différents, dans toutes les relations entre individus. »

    Accusations contre Foucault

    Tout ce grand épisode semble revenir au présent et se re-signifier face aux nouvelles accusations portées contre Michel Foucault. Selon Guy Sorman, décrit dans son nouveau livre, My Fucking Dictionary, le philosophe aurait eu des relations sexuelles avec des enfants arabes alors qu’il vivait en Tunisie à la fin des années 1960. « Il y avait beaucoup de témoins, mais personne n’a inventé des histoires comme ça à l’époque. Foucault est comme un dieu en France », a-t-il déclaré dans une interview accordée au journal britannique The Sunday Times.

    Dans un passage de son livre, Sorman raconte qu’il avait rendu visite à Foucault avec un groupe d’amis lors d’un voyage pour les vacances de Pâques dans le village de Sidi Bou Said, près de Tunis, où le philosophe vivait en 1969. Et là, « les petits enfants ont couru après Foucault en disant « Et moi, alors ? Ils avaient huit, neuf, dix ans, il leur jetait de l’argent et leur disait : ‘Rendez-vous à 22 heures à l’endroit habituel’ ».

    Selon sa version, le lieu était le cimetière local : « Là, il a fait l’amour sur les pierres tombales avec les garçons. La question du consentement n’a même pas été soulevée ». L’auteur regrette également de ne pas avoir porté plainte à l’époque, auprès de la police ou de la presse, tout en assurant qu’il n’était pas le seul à avoir connaissance de ce comportement et que le philosophe était protégé par son statut sous un regard colonialiste.

    Cela s’ajoute à une importante série d’accusations qui ont eu lieu en France, comme le cas du politologue Olivier Duhamel. Dans le livre La grande famille, Camille Kouchner le dénonce pour avoir agressé sexuellement son frère jumeau lorsqu’il était adolescent et accuse également son entourage (écrivains et artistes de gauche) de l’avoir couvert. Peu à peu, les épisodes sombres de l’élite intellectuelle apparaissent au grand jour.

    Comme c’est souvent le cas, depuis que Sorman s’est exprimé, Michel Foucault a commencé à être « annulé » sur les réseaux sociaux. Non seulement des milliers de lecteurs ont répudié ces éventuels actes, mais beaucoup ont assuré qu’ils n’achèteraient plus jamais ses livres.

    Infobae, 1 avr 2021 (original en espagnol)

    Etiquettes : Pédophilie, Michel Foucault, Louis Aragon, Jean-Paul Sartre, Jacques Derrida, Louis Althusser, Roland Barthes, Simone de Beauvoir, Gilles Deleuze, Félix Guattari, Michel Leiris, Alain Robbe-Grillet, Philippe Sollers, Jacques Rancière, Jean-François Lyotard, Francis Ponge et Bernard Besret, Gabriel Matzneff, Vanessa Sprigora, Olivier Duhamel, Camille Kouchner, #Metoo, #Metooinceste, inceste,

  • Identités en chantier : Le Sahara Occidental

    Le Sahara Occidental reste le dernier territoire à décoloniser sur le continent africain. Situé entre le Maroc, la Mauritanie, et l’Algérie, cette ancienne colonie espagnole est annexée illégalement par le Maroc en 1975.

    Les Nations-Unies rappellent tous les ans le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Cependant un statu quo règne, laissant l’occupation marocaine s’intensifier chaque jour davantage, au mépris du droit international.
    Dans une tactique du « fait accompli », le Maroc délimite, défend, et occupe l’espace, espérant rendre obsolète le droit du peuple sahraoui au référendum d’autodétermination.
    Militarisation du désert, urbanisme et campagnes de peuplements, ou politiques de déculturation des sahraouis.
    Plantés dans le désert, les constructions matérialisent les enjeux de ce conflit territorial qui s’éternise depuis 1975.
    Avant même le départ des espagnols, l’invasion par le Maroc en 1975 a forcé la population sahraouie hors de son territoire, vers des camps de réfugiés dans le désert algérien. Les sahraouis restés sur le territoire occupé sont minoritaires et subissent la répression exercée par les autorités marocaines.
    L’histoire de cette terre de nomadisme a légué un patrimoine sahraoui quasi immatériel, offrant ainsi l’avantage à l’Espagne puis au Maroc de façonner ce vaste espace désertique, dans un rapport de force inégal.
    Tel un butin, ce territoire riche de ressources
    devient propriété privée, éminemment économique et commercial. L’exploitation des richesses naturelles s’accompagne à la fois d’une migration massive de travailleurs marocains et d’un urbanisme ex-nihilo, rapide et spectaculaire. Par une bataille démographique, il s’agit de gommer l’identité sahraouie dans la masse.
    Ces différents mécanismes d’occupation et de déculturation du peuple sahraoui ambitionnent d’atteindre un point de non-retour :  
    la « marocanité » irréversible du Sahara Occidental.
    Dans ce territoire occupé, reconnaître l’existence du Sahara Occidental en tant qu’entité distincte du Maroc est une infraction passible d’une peine d’emprisonnement pour « atteinte à la sécurité intérieure » du Maroc.
    La surveillance des forces de sécurité marocaine est constante, et l’activisme sahraoui sévèrement réprimé.
    Les autorités refusent l’entrée au Sahara Occidental ou expulsent les étrangers qu’ils soient journalistes, experts des droits de l’homme, juristes, militants, ou membres de l’ONU.
    Décrypter les interventions humaines sur le paysage est un moyen de contourner le manque de liberté dû à l’obstruction policière, pour raconter et traduire ce conflit territorial en image.
    Il s’agit de rendre sensible une zone laissée à la marge de la représentation. Les stratégies politiques se répercutent sur le terrain, et les paysages sont finalement bavards, généreux en témoignages.
    Nichées dans le désert, les constructions deviennent les personnages principaux des images. Ces paysages portent en eux les traces de l’homme et de ses intentions. Hamadas, reg, erg, gueltas. L’être humain ne peut s’empêcher de conquérir et délimiter ces espaces. Même en plein désert, il plante des signes qui témoignent à sa place.
  • Le manque de réformes de la Tunisie déçoit les créanciers internationaux

    Le Premier ministre et ses collaborateurs ne prêtent peut-être pas beaucoup d’attention, mais les programmes d’ajustement successifs du Fonds monétaire international depuis 2011 ont déçu les principaux partenaires économiques internationaux du pays à Washington, Bruxelles et Paris.

    Les indicateurs économiques et financiers clignotent en rouge depuis si longtemps pour ceux qui sont à la tête du gouvernement tunisien dans la Kasbah, l’ancien quartier de la médina de Tunis où se trouvent les bureaux du Premier ministre. Le magnifique palais royal du XVIe siècle d’où le premier ministre Hichem Mechichi accomplit sa tâche ardue offre un rappel ironique de la situation actuelle dans ce pays d’Afrique du Nord; un cadre attractif mais une gestion relativement inefficace et décevante de la crise économique aiguë du pays.

    Le Premier ministre et ses collaborateurs ne prêtent peut-être pas beaucoup d’attention, mais les programmes d’ajustement successifs du Fonds monétaire international depuis 2011 ont déçu les principaux partenaires économiques internationaux du pays à Washington, Bruxelles et Paris. Les diplomates occidentaux qui travaillent à Tunis savent qu’ils ne peuvent pas tenir les gouvernements tunisiens sur parole. Le «bilan des programmes successifs du FMI est globalement décevant» a conclu un rapport confidentiel sur la Tunisie pour le ministère français des Finances l’été dernier.

    «Décevant» signifie, en anglais simple, qu’ils ont échoué. «Un groupe de familles (que le rapport estime à 14) maintient un système de rentier qui fonctionne grâce à une réglementation qui restreint la concurrence.»

    L’OCDE pointe une liste interminable de «licences et autorisations» requises pour investir, obtenir des crédits bancaires… et de «lourdes règles bureaucratiques». Le décret 218-417 a été publié il y a trois ans et, avec 221 pages, est le texte juridique le plus long de l’histoire du pays. Son objectif, qui a totalement et totalement échoué, était d’améliorer l’environnement des affaires. Il répertorie 243 licences et autorisations de ce type, mais seulement six d’entre elles ont été annulées dans les deux ans suivant sa publication.

    «Le contrôle bureaucratique, et le pouvoir de la fonction publique d’accorder des licences, des autorisations, des crédits ou une dérogation douanière constituent autant d’obstacles à l’émergence de nouveaux acteurs et de nouveaux investissements» note le rapport.

    Comme le rapportait la revue de la Banque mondiale intitulée «Politiques résistantes aux privilèges au Moyen-Orient et en Afrique du Nord» en 2018, ces obstacles «privilégient quelques titulaires (souvent improductifs) qui jouissent d’un avantage concurrentiel en raison de leurs relations ou de leur capacité à influencer l’élaboration des politiques et livraison. » La capture, la collusion, l’exclusion, le traitement discrétionnaire et la non-concurrence sur le marché ont lieu dans le processus d’élaboration des politiques, ce qui est, à première vue, paradoxal, si l’on considère que 92% de la création nette d’emplois entre 1996 et 2010 entreprises de moins de cinq ans et de moins de cinq employés. En d’autres termes, la capture par l’État prive les jeunes entrepreneurs qui sont l’avenir du pays d’opportunités. Cela explique pourquoi les jeunes Tunisiens qualifiés quittent le pays en nombre croissant.

    Le secteur public est devenu un vampire aspirant la vie même de l’économie tunisienne. La nature même de l’État créé par Habib Bourguiba après l’indépendance en 1956 doit être réexaminée. Il était et reste très centralisé et pèse lourdement sur toute l’activité économique. Le résultat, comme l’a souligné l’économiste tunisien Hachemi Alaya en 2016, «est que la stratégie de chaque groupe social est de s’assurer qu’ils pénètrent, influencent et, s’ils le peuvent, font prisonnier d’État».

    Le rapport français conclut que le parlement (ARP) est devenu «le point de convergence de tous les réseaux clientélistes». Il poursuit en disant que le principal syndicat du pays (UGTT) «s’est positionné comme une opposition (force) et n’hésite pas à s’opposer ouvertement au FMI». Le poids de l’UGTT est proportionnel au nombre de Tunisiens inscrits sur la masse salariale de l’État – 677 000 fonctionnaires et 350 000 employés par des entreprises publiques dont la plupart sont dans le rouge, si ce n’est comme Tunis Air, en faillite en somme. L’accord annoncé, le 31 mars, par le gouvernement et l’UGTT est un pas dans la bonne direction. Mais le diable est dans le détail, comme on dit.

    Cette crise profonde de l’Etat tunisien explique pourquoi plus des deux tiers des 15 à 24 ans sont au chômage, l’importance croissante de l’économie informelle, où se déroulent de nombreuses transactions louches et qui ne paie pas d’impôts. Cette évaluation du pays est partagée par le président Kais Saied et l’Union européenne.

    Le rapport français conclut que «les défis liés à la transition démocratique ont toujours triomphé des considérations financières stricto sensu ». Dans une région très instable, la priorité des bailleurs de fonds internationaux a été de «consolider» la transition démocratique malgré le fait que toutes les tentatives de réforme du système économique depuis 2011 ont échoué.

    «L’aléa moral est donc devenu une question clé.» Le soutien indéfectible des pays et institutions qui ont prêté à la Tunisie a ainsi créé un cercle non vertueux qui mine plutôt celui de soutenir la transition démocratique.

    La nouvelle constitution qui a été adoptée en 2014 est un texte juridique hybride qui, parce qu’il ne définit pas clairement les pouvoirs respectifs du parlement, du président du gouvernement et du chef de l’Etat, a entraîné une paralysie institutionnelle.

    Agissant comme selon sa vision de lui-même en tant que garant de la légalité institutionnelle, Kais Saied dénonce publiquement mais ne fait rien pour sortir de l’impasse institutionnelle qui paralyse le remaniement gouvernemental depuis des mois. La situation est aggravée par l’absence de cour constitutionnelle. La sélection des 12 juges qui doivent siéger au banc de la Cour est bloquée depuis 2015 par les tactiques de blocage du pouvoir législatif et, en termes pratiques, par Ennahda, le plus grand parti au parlement, qui a soudainement décidé d’accélérer la sélection du pouvoir législatif. les juges du tribunal au milieu des accusations selon lesquelles il a besoin du tribunal pour menacer le président de destitution.

    Saied manque peut-être d’expérience politique mais sa popularité est intacte un an et demi après son élection par les trois quarts de ceux qui ont voté, notamment les jeunes Tunisiens même si ces derniers ne partagent pas tous ses opinions sociales conservatrices. Prépare-t-il le terrain pour une dissolution de l’Assemblée nationale? Va-t-il convoquer un référendum pour discuter d’une nouvelle constitution? Personne n’est certain.

    Rachid Ghannoushi, le président du parlement et leader d’Ennahda a facilement inséré son parti, après 2011, dans la toile des pratiques douteuses qui passent pour la politique à Tunis. Depuis la soi-disant révolution, le soutien des électeurs d’Ennahda s’est atrophié à chaque élection depuis 2011 en raison du rôle calamiteux qu’il a joué dans le gouvernement, en collaboration avec de petits partis essentiellement ineptes.

    «Soi-disant» car une révolution nécessite un projet politique et une stratégie bien pensée. Les manifestations de 2010-11 ont exigé plus de justice sociale, moins de corruption de la part de la famille dirigeante et plus de considération pour les régions les plus pauvres qui envoient en retour les trois quarts de leurs phosphates, gaz de pétrole, eau, blé dur et migrants internes vers la côte et la capitale. pour un niveau de vie qui représente un tiers des régions les plus riches.

    Le deuxième plus grand parti de l’assemblée est Qalb Tunes dont le chef, un baron des médias, Nabil Karoui est en prison pour des soupçons d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent. Le parlement ressemble à un souk bruyant (marché) inondé d’argent plutôt que d’idées et de politiques susceptibles de résoudre les vrais problèmes économiques du pays. Le poisson pourrit de la tête en bas, dit le vieux proverbe arabe. Comme c’est juste.

    Le président aime citer le deuxième calife de l’islam, Umar Ibn al-Khattab, également appelé al-Faruq (celui qui distingue le mal du bien) qui est devenu de son vivant un modèle de vertu dans la tradition sunnite. S’en tenir à une position morale inflexible qui insiste sur le fait que les écuries augées doivent être nettoyées ne peut, à lui seul, résoudre la crise économique et sociale à laquelle la Tunisie est confrontée. Mais en l’absence de véritables pouvoirs exécutifs et compte tenu de ce que Kais Daly, ancien dirigeant respecté de la société d’État des phosphates, appelle la «pensée économique magique» de la part des dirigeants politiques, il n’y a pas grand-chose que Kais Saied puisse faire.

    En tant que garant de la sécurité des frontières de la Tunisie, le président sait qu’il peut compter sur une bonne coopération avec la sécurité algérienne à la frontière ouest de la Tunisie et de celle des États-Unis à la frontière avec la Libye. L’armée tunisienne entretient des relations étroites avec son homologue américain depuis l’indépendance. Beaucoup de ses officiers supérieurs ont été formés aux États-Unis, ce qui a aidé la Tunisie à moderniser sa capacité de lutte contre le terrorisme. Ces garanties ne peuvent être utilisées à bon escient que si les partis politiques sont construits autour d’idéologies et d’intérêts de classe ou économiques cohérents. Ils n’auront aucune crédibilité tant que leur fonctionnement interne et leur financement resteront opaques. Cette vérité est valable pour tous les partis politiques mais plus encore pour ceux qui, comme Ennahda et Qalb Tunes, appartiennent à la majorité au parlement et soutiennent le gouvernement qui dirige le pays.

    Francis Ghiles
    Francis Ghilès est chercheur associé au Centre des affaires internationales de Barcelone. Il contribue régulièrement à The Arab Weekly.

    The Arab Weekly, 1 avr 2021

    Etiquettes : Tunisie, entreprises, réformes structurelles,

  • Nouvelle Calédonie : Les HLM oubliés des DOM ?

    Le 31 Mars 2021, par Philippe Cuif

    Il est toujours étonnant de constater que ceux qui professent le respect de valeurs égalitaires qu’ils ont souvent trop tendance à ne percevoir que « de gauche », se prennent assez régulièrement les pieds dans le tapis de leurs ambitions et petits intérêts personnels pour aboutir à des situations cocasses. Enfin sauf pour ceux qui sont supposés en être les bénéficiaires à savoir les personnes éligibles à l’occupation d’appartements sociaux.

    La petite guéguerre qui s’est déclenchée au sein de l’USH et qui a abouti à une scission et au départ de ses adhérents ultra-marins représentés par l’USHOM est révélatrice de cette réalité qui mêle querelles de gros sous, de représentativité perçue comme un ornement de pouvoir, de rôle politique partisan.

    De ce qui a transpiré de cette querelle au travers de décisions de justice c’est que des bisbilles de préséance, des conventions de mise à disposition de bureaux ou de services non ou mal respectés ont amené le départ physique, mais aussi juridique de l’USHOM de l’USH faisant ainsi perdre à cette dernière une part non négligeable de sa représentativité. Et si Emmanuelle Cosse peut croire renforcer son pouvoir au sein du monde du logement social, en se demandant si elle n’est pas la marionnette de Marie-Noëlle Lienemann (encore elle !) elle a de facto rendu celui-ci plus faible, car divisé.

    Que l’USHOM en ait été réduite à aller déménager et mener de son côté ses propres actions ne trouvant plus au sein de l’organisme national représentatif le soutien attendu est une bonne illustration de la situation et du regard, mêlant condescendance et indifférence, porté sur les territoires ultra-marins.

    Il serait temps que cela change et que cet épiphénomène du traitement de l’USHOM serve aussi de révélateur et fasse comprendre que ces territoires ultramarins sont, pour la France, une chance unique et enviée de maintenir et renforcer son influence internationale.

    Ils offrent au pays la deuxième zone maritime exclusive mondiale permettant d’avoir accès aux ressources et richesses des sous-sols marins.
    Ils permettent de se positionner sur des territoires éloignés qui font de la France le voisin européen du Brésil, un pays géographiquement proche des États-Unis et de l’Afrique, de l’Australie et donc de la Chine, cette dernière s’intéressant à la Nouvelle-Calédonie avec une grande gourmandise.

    Ces territoires sont une chance et non un fardeau et si, dans certains cas comme Mayotte, il convient de réguler les arrivées de population étrangères, ils constituent des leviers de développements régionaux qui ne peuvent se limiter à quelques lois fiscales.
    La Guyane est indispensable à notre industrie spatiale et permet d’être présent sur un continent dont le devenir concernera l’ensemble du monde.

    Saint Pierre et Miquelon est une porte d’entrée en Amérique du Nord qui au lieu d’être délaissée pourrait se transformer en mini Delaware.

    La Nouvelle-Calédonie offre un point d’observation inégalé de la zone géo-écostratégique la plus importante du siècle à venir.

    Chacun de ces territoires pourrait devenir au sens propre des porte-avions de l’influence française préservant nos intérêts économiques et offrant à nos alliés un soutien conséquent face aux menées expansionnistes de la Chine qui, ne nous y trompons pas, semblent éloignées, mais qui sont, de fait, de plus en plus proches.

    Cette vision politique ne s’est pas encore imposée. Elle le devrait pourtant et maintenant, car, bientôt il sera trop tard. Rien ne dit que le troisième référendum calédonien n’amènera pas ce territoire à passer dans une sphère d’influence chinoise, Pékin soutenant les indépendantistes.

    Or si nous voulons l’adhésion de ces territoires et leur maintien dans l’espace national, on ne peut pas se contenter de demi-mesures qui prendraient la forme de subventions et de prébendes qui favorisent plus la corruption et l’enrichissement de quelques élites que le développement du territoire en lui-même.
    Éducation, santé, logement, sécurité forment avec le tissu économique un pentagone incontournable. Cela coûte d’autant plus cher qu’il n’y a pas de réelle politique de développement menée sur le long terme au-delà de l’exploitation de quelques richesses naturelles (nickel, banane, vanille) ou du tourisme.

    Pour toutes ces raisons, les guerres picrocholines entre USH et USHOM ne sont pas à regarder avec amusement, mais comme une des nombreuses manifestations d’un « hexagonalisme » mal placé.

    Il ne s’agit pas pour l’USH d’attendre que l’USHOM rentre dans le rang comme un enfant turbulent, mais plutôt que l’USH prenne conscience que si son rôle est d’être le représentant du monde HLM hexagonal et se contenter de cela elle se trompe d’époque et de vision. Le problème est que la rationalité et la logique économique ont cédé la place à des enjeux politiciens pour ne pas dire idéologiques.

    Or le logement est un élément essentiel du pentagone assurant un équilibre gérable de ces territoires et, compte tenu de leur situation économique, les logements sociaux ne doivent pas être les oubliés à peine d’accélérer des logiques de détachement de la France.

    Ces territoires de par leur position géographique dans un monde globalisé et l’actuelle pandémie ont montré que si l’Europe peut être une chance les balanciers du pouvoir sont plus à chercher à l’Orient et dans la zone Pacifique. Y être présent n’est pas donné à tous les pays et ces territoires méritent d’être considérés comme de vrais territoires nationaux qui constituent peut-être une des clefs de notre futur économique et géopolitique.

    Le Journal de l’économie, 31 mars 2021

    Etiquettes : Nouvelle Calédonie, HLM, colonisation, colonialisme, DOM-TOM,

  • Le droit des Réunionnais à un travail à La Réunion possible dans le cadre du département français ?

    Affaire de la nomination du délégué régional du CNFPT à La Réunion

    Une nouvelle nomination d’une personne extérieure à La Réunion à un poste à responsabilité dans une administration suscite une vague de protestations Mais une telle nomination est parfaitement légale, car La Réunion est un département français. Cette situation peut-elle être corrigée par une loi applicable dans un territoire ayant le statut de département français ?

    Depuis l’annonce de la démission de Ericka Bareigts du Conseil régional d’orientation du CNFPT en raison de la nomination d’une personne extérieure à La Réunion au poste de délégué régional, les réactions se multiplient à La Réunion. Elles vont toutes dans le même sens pour dénoncer cette décision. Dans un communiqué publié hier, le CREFOM Réunion souligne la nouveauté de cette affaire : « Les administrations et organisations nationales ont compris qu’il fallait détourner à leur profit le concept de « présence sur le territoire » en nommant des personnes en poste à La Réunion depuis peu et les hexagonaux ont compris aussi qu’il fallait s’installer d’abord et demander les postes après ». Pour sa part, l’AJFER Nou Lé Kapab rappelle qu’avant d’être délégué régional du CNFPT, cette personne travaille à la DIECCTE Réunion « là où son recrutement peut d’ailleurs déjà susciter des questionnements ». Cette affaire rappelle toutes les difficultés à faire respecter le droit à l’emploi des Réunionnais à La Réunion dans un territoire qui a le statut de département français. Cela découle de la place du Réunionnais à La Réunion dans un régime néo-colonial, où les fonds publics transférés par la France sont convertis en profits privés d’entreprises rapatriés en France.

    Un système bien en place

    Le 19 mars dernier, lors de la commémoration à Saint-Denis du 75e anniversaire de l’abolition du statut colonial à La Réunion, Ericka Bareigts avait souligné tout le potentiel de la jeunesse réunionnaise. Mais ce potentiel est gaspillé, car La Réunion est un des rares pays dans le monde où le système dit à la jeunesse réunionnaise : allez émigrer et surtout ne revenez pas car il n’y a pas de place pour vous à La Réunion, avait-elle dit en substance.

    Cette émigration n’est pas nouvelle, elle a commencé à partir du moment où la France a refusé d’accompagner le développement de La Réunion qui venait de décider de ne plus être une colonie française. Ce fut d’abord Madagascar qui fut choisie comme terre d’émigration, avec la colonisation de la Sakay. Cette affaire se termina en fiasco quand Antananarivo décida de décoloniser définitivement le pays en redonnant la Sakay aux Malgaches.

    Parallèlement sous l’impulsion de Michel Debré dans les années 1960-1970, la jeunesse réunionnaise a été transformée en réservoir de main d’œuvre pour les usines, les hôpitaux et les administrations françaises. Dans le même temps, la départementalisation a créé un marché pour l’exportation des produits français à La Réunion. Pour compenser les surcoûts liés à la vente de ces marchandises à plus de 10.000 kilomètres de leur lieu de production, Paris a utilisé la surémunération d’une part pour créer une classe sociale capable de consommer ces produits et imposer à La Réunion un mode de vie occidental, d’autre part pour faire venir dans notre île des fonctionnaires pour occuper les nouveaux postes créés dans les services publics par la départementalisation. Mais avec l’émergence de générations de Réunionnais formés au-delà du bac, les contradictions s’exacerbent. Car désormais, nombreux sont les Réunionnais formés capables d’occuper de hautes responsabilités dans l’administration.

    La loi comme solution ?

    Or, ces nominations de personnes extérieures à La Réunion sont tout à fait légales. Elles découlent de l’intégration de La Réunion à la France en tant que département français. Par conséquent, les postes relevant des fonctions publiques d’État et hospitalières, ainsi que dans les services déconcentrés comme l’antenne régionale du CNFPT, s’inscrivent dans un « mouvement national » comprenant non seulement la France, mais aussi ses anciennes colonies devenues départements comme La Réunion.

    Dans ces conditions, les Réunionnais sont mis en concurrence avec les candidats potentiels venant d’un pays de plus de 60 millions d’habitants. Dans l’Education nationale, une adaptation permet à des personnes nées à La Réunion d’être créditées de plus de 20 années d’ancienneté lorsqu’elles demandent un poste dans leur île natale. Mais ce dispositif crée une rupture dans l’égalité de traitement au sein de la fonction publique d’État.

    Dans d’autres collectivités de la République n’ayant pas le statut de département, des politiques de l’emploi sont mises en œuvre sous la responsabilité des élus locaux. Ainsi, en Kanaky-Nouvelle Calédonie, une durée minimale de résidence est exigée pour postuler à un emploi local dans le privé. Cette adaptation est permise par le statut d’autonomie. Malgré tout, l’État garde ses prérogatives en matière de recrutement dans ses administrations.

    Le 19 mars 1946, une loi venue de La Réunion et de trois autres colonies a mis fin à l’arbitraire du statut colonial. Nul doute que seule une loi permettra de mieux faire respecter le droit des Réunionnais à un travail à La Réunion, y compris dans les administrations de l’État et sous sa tutelle. Reste à savoir si une telle loi est possible avec le cadre départemental actuel.

    M.M.

    Témoignages, 31 mars 2021

    Etiquettes : Réunion, droit au travail, département français, colonisation, colonialisme,

  • La pédophilie révélée de Michel Foucault, le père de l’idéologie woke et l’universitaire le plus cité de tous les temps

    Matthew Campbell — Sunday Times

    Le philosophe Michel Foucault, modèle phare de l’actuelle idéologie « woke », est devenu la dernière personnalité française de premier plan à devoir répondre d’abus sexuels sur des enfants, de façon rétrospective.

    Un collègue intellectuel, Guy Sorman, a déclenché une tempête parmi les « intellos » parisiens en affirmant que Foucault, décédé en 1984 à l’âge de 57 ans, était un violeur pédophile qui avait des relations sexuelles avec des enfants arabes alors qu’il vivait en Tunisie à la fin des années 1960.

    Sorman, 77 ans, a déclaré qu’il avait rendu visite à Foucault avec un groupe d’amis lors d’un voyage pendant les vacances de Pâques dans le village de Sidi Bou Saïd, près de Tunis, où le philosophe vivait en 1969. Dans une interview accordée au Sunday Times la semaine dernière, il se souvient que
    « De jeunes enfants couraient après Foucault en disant  » Et moi ? prends-moi, prends-moi. »

    « Ils avaient huit, neuf, dix ans, il leur jetait de l’argent et leur disait « retrouvons-nous à 22 heures à l’endroit habituel ». »
    Il s’avère que cet endroit était le cimetière local :
    « Il avait des rapports sexuels ici, sur les tombes, avec de jeunes garçons. La question de leur consentement n’était pas même soulevée. »

    Guy Sorman a affirmé que « Foucault n’aurait jamais osé faire ça en France », le comparant à Paul Gauguin, l’impressionniste dont on dit qu’il avait des relations sexuelles avec les jeunes filles qu’il peignait à Tahiti, et André Gide, le romancier qui s’attaquait aux garçons en Afrique :
    « Il y a une dimension coloniale dans tout cela. Un impérialisme blanc. »

    Guy Sorman dit regretter de ne pas avoir dénoncé Foucault à la police à l’époque ou de ne pas l’avoir dénoncé dans la presse, qualifiant son comportement d’« ignoble » et de « moralement hideux ».

    Mais, ajoute-t-il, les médias français étaient déjà au courant du comportement de Foucault :
    « Des journalistes étaient présents lors de ce voyage, il y avait de nombreux témoins, mais personne ne faisait de telles histoires à l’époque. Foucault était le roi des philosophes. Il est comme notre dieu en France. »

    Avec son col de polo caractéristique, son crâne chauve et ses lunettes, Foucault, fils de chirurgien, a été l’un des premiers intellectuels célèbres du XXe siècle dont on se souvient non seulement pour ses analyses controversées des prisons, de la folie et de la sexualité, mais aussi pour avoir signé une pétition en 1977 pour légaliser les relations sexuelles avec des enfants de 13 ans.

    La biographie la plus connue de Michel Foucault, The Passion of Michel Foucault (1993) de James Miller, décrit son intérêt pour les bains publics gay et sadomasochistes des États-Unis — il a été l’une des premières personnalités de la vie publique ouvertement gay et à mourir du sida — mais l’auteur ne fait aucune mention de ses frasques sexuelles en Tunisie.

    Foucault est le savant le plus cité au monde, souvent associé à la montée des politiques identitaires aux États-Unis, où le rappeur MC Hammer est l’un de ses fans. Daniel Miller écrit dans le magazine The Critic :
    « C’est presque invariablement à Foucault que les départements d’études militantes contemporaines font remonter leurs fondements intellectuels. Au niveau le plus élémentaire, Foucault le célèbre professeur français fournit une signature de sérieux pour des disciplines sans normes ou traditions académiques claires. »

    Miller écrit dans sa biographie que dans les années 1980 des États-Unis, les « foucaldiens », comme on appelle les admirateurs académiques du philosophe, « ont consacré Foucault comme une sorte de saint patron… dont ils invoquaient régulièrement l’autorité afin de légitimer, en termes proprement académiques, leur propre marque de politique progressiste. »
    Guy Sorman, un auteur prolifique, a d’abord diffusé ses affirmations sur Foucault dans Mon dictionnaire du Bullshit, un livre qu’il a publié il y a quelques semaines, et a de nouveau fait référence aux méfaits sexuels du philosophe en Tunisie lors d’un débat télévisé de fin de soirée. L’animateur était stupéfait :
    « Vous parlez de Foucault, selon vous un pédophile, et qu’on ne rappelle pas en général quand on parle de Foucault. »

    Les affirmations de Guy Sorman ont surpris les spécialistes en Grande-Bretagne, où le dernier volume de l’histoire de la sexualité en quatre volumes de Foucault vient d’être publié pour la première fois en anglais. Phil Howell, lecteur en géographie historique à l’université de Cambridge a déclaré :
    « Il est fort possible que cela ait un impact sur lui [Michel Foucault – NdT]. Foucault s’intéressait à la sexualité et a écrit à ce sujet, mais la maltraitance des enfants, c’est une autre histoire. »

    Pour Guy Sorman, le comportement de Foucault était symptomatique d’un malaise nettement français remontant à Voltaire :
    « Il croyait qu’il y avait deux morales, une pour l’élite, qui était immorale, et une pour le peuple, qui devait être restrictive. »

    Il poursuit :
    « La France n’est toujours pas une démocratie, nous avons fait la révolution, proclamé une république mais il y a toujours une aristocratie, c’est l’intelligentsia, et elle a eu un statut particulier. Tout est permis. »
    Il ajoute qu’aujourd’hui, cependant, « le monde change soudainement. »
    Il est loin d’être la seule célébrité française à avoir un sens exacerbé de ce qui est admissible. Ces dernières années, plusieurs témoignages ont donné lieu à des enquêtes criminelles sur des personnalités du monde littéraire et artistique accusées d’avoir abusé sexuellement d’enfants dans la foulée de la révolte étudiante de 1968.

    Le déballage a commencé en 2016, lorsque Flavie Flament, une présentatrice de radio et de télévision, a écrit un livre accusant David Hamilton, le photographe britannique, de l’avoir violée lorsqu’elle avait 13 ans. Elle m’a confié lors d’une interview peu après la parution de son livre :
    « À l’époque, je suçais encore mon pouce. »
    Hamilton s’est suicidé quelques jours plus tard.

    Il y a un peu plus d’un an, Vanessa Springora, 48 ans, éditrice, a décrit dans un livre comment elle avait été préparée, alors qu’elle était une jeune adolescente dans les années 1980, par Gabriel Matzneff, un romancier à la mode âgé d’une cinquantaine d’années à l’époque. Il s’était vanté de sa pédophilie à la télévision et avait remporté des prix littéraires pour les livres qu’il avait inspirés.

    Au moment où cette affaire a fait surface, l’élite parisienne était déjà sous le choc des révélations de Camille Kouchner, 46 ans, fille de Bernard Kouchner, ancien ministre des affaires étrangères, selon lesquelles son beau-père, Olivier Duhamel, 70 ans, intellectuel et expert politique de premier plan, avait abusé sexuellement de son frère jumeau à la fin des années 1980, alors qu’il avait 13 et 14 ans.

    Ni Matzneff ni Duhamel n’ont reconnu les allégations et n’ont été condamnés pour un quelconque délit.

    Les soixante-huitards sont sur la défensive. Luc Ferry, 70 ans, philosophe et ancien ministre de l’éducation, estime que ses contemporains ont beaucoup à se reprocher. Il écrit dans Le Figaro :
    « On avait oublié que la pensée soixante-huitarde favorisait la pédophilie. Chaque adulte avait le droit voire le devoir, affirmaient-ils, de réveiller la sexualité que la bourgeoisie cachait. »

    Ces accusations sont à l’origine d’un nouveau projet de loi en cours d’examen au Parlement, qui criminaliserait toute relation sexuelle avec un mineur de moins de 15 ans — à l’heure actuelle, un enfant victime de viol doit prouver la contrainte.

    La semaine dernière, cependant, un amendement dit « Clause Roméo et Juliette », destiné à protéger les amoureux adolescents, a été discuté. Il ne criminaliserait pas automatiquement les relations sexuelles avec une personne de moins de 15 ans si l’écart d’âge entre les deux « protagonistes » est inférieur à cinq ans.

    Le président Macron s’est fait le champion de cette modification de la loi, qui a suscité des gloussements sur la façon dont Brigitte, sa femme, aurait pu se retrouver dans le pétrin lorsque sa relation avec son futur mari a débuté dans les années 1990 : il avait 15 ans et elle était son professeure, mariée et âgée de 40 ans.

    Quant à Foucault, Guy Sormane pense qu’il ne devrait pas être « censuré » :
    « J’ai une grande admiration pour son travail, je n’invite personne à brûler ses livres, simplement à comprendre la vérité à son sujet, et comment lui et certains philosophes usaient de leurs arguments pour justifier leurs passions et leurs désirs. Il pensait que cela lui permettait de faire tout ce qu’il voulait. »

    Source de l’article initialement publié en anglais le 28 mars 2021 : Sunday Times, UK
    Traduction : Sott.net

    Source : Sott.net

    Etiquettes : Gabriel Matzneff, Olivier Duhamel, pédophilie, inceste, viols, abus, Tunisie, Camille Kouchner,


  • La Russie intensifie la diplomatie vaccinale au Maghreb, en Afrique du Nord

    La Russie étend sa zone d’influence au Maghreb alors que la Tunisie et l’Algérie reçoivent des lots du vaccin russe contre le coronavirus Spoutnik V, soulevant des questions sur les motivations de Moscou.

    Le premier lot de vaccin russe Spoutnik V COVID-19 est arrivé en Tunisie le 9 mars, trois jours après une conversation téléphonique entre le Premier ministre tunisien Hichem Mechichi et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

    L’expédition de 30 000 doses est intervenue près d’un mois après sa livraison prévue et après des retards répétés pour d’autres types de vaccins. Le ministre tunisien de la Santé Faouzi Mahdi avait attribué le 18 février le retard d’approvisionnement des vaccins aux conditions imposées par les fournisseurs.

    Dans un entretien avec Al-Monitor, Mahdi a déclaré que l’une de ces conditions était pour la Tunisie de promulguer une loi relative à l’établissement de dispositions exceptionnelles sur la responsabilité civile résultant de l’utilisation de vaccins contre le COVID-19 et la réparation des dommages causés par celui-ci. Le parlement tunisien a adopté cette loi le 9 février.

    La Russie n’a fixé aucune condition pour la fourniture du vaccin Spoutnik V à la Tunisie. Un communiqué du gouvernement tunisien du 3 mars a déclaré que Mechichi et Lavrov avaient souligné lors de leur appel téléphonique «la nécessité d’intensifier les efforts et une coopération fructueuse dans la lutte contre la propagation du coronavirus».

    Ils ont également convenu d’accélérer les dates de livraison des commandes de la Tunisie pour le vaccin russe, qui sont estimées à 1 million de doses.

    Le 12 février, l’Algérie a annoncé qu’elle recevrait 40 millions de doses du vaccin Spoutnik V; en parallèle, Moscou a accordé aux autorités algériennes une licence pour fabriquer le vaccin sur son sol.

    De nombreux observateurs pensent que la Russie s’engage dans la diplomatie vaccinale pour renforcer son influence au Maghreb.

    « Ce qui compte pour le moment, ce n’est pas la politique, mais contenir l’épidémie en vaccinant le plus grand nombre possible de citoyens, en particulier les groupes vulnérables tels que les malades et les personnes âgées », a déclaré Mahdi.

    Hamza Meddeb, chercheur non-résident au Malcolm H.Kerr Carnegie Middle East Center, a déclaré à Al-Monitor: «La pandémie de coronavirus a révélé la faiblesse de la coordination au niveau mondial et l’intensité de la concurrence entre les grandes puissances pour exploiter la crise sanitaire pour gagner une influence grâce à la soi-disant « diplomatie des masques » (en référence à la livraison de masques faciaux) plus tôt, et actuellement par le biais de vaccins. La Russie a réussi à fournir à l’Algérie des vaccins contre le Spoutnik V, tandis que le Maroc a choisi très tôt de s’appuyer sur les vaccins chinois, tout comme l’ Égypte . La Tunisie, quant à elle, a attendu les vaccins de l’ initiative COVAX supervisée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) »et n’a encore reçu aucun envoi.

    Il a ajouté: «La crise sanitaire mondiale a révélé la faiblesse de l’OMS en tant que cadre de coordination internationale. Cela a poussé la Russie à jouer sa carte diplomatique partout où elle constate un manque à gagner. Moscou se précipite pour répondre aux besoins en vaccins des pays et, ce faisant, en récolte des bénéfices, y compris certains qui ne sont pas nécessairement liés à l’épidémie. »

    Cette diplomatie russe basée sur les vaccins a incité le président français Emmanuel Macron à exprimer sa crainte que l’Europe soit confrontée à un nouveau type de guerre. «Nous examinons en particulier les attaques russes et chinoises et les tentatives pour gagner de l’influence grâce au vaccin», a-t-il déclaré à la suite du sommet virtuel de l’Union européenne qui s’est tenu le 25 mars.

    La déclaration de Macron fait écho aux préoccupations de l’influence russe au Maghreb, qui est historiquement considérée comme une sphère d’influence française traditionnelle pour des raisons historiques liées au passé colonial de Paris.

    Dans une interview accordée à Radio Franceinfo le 26 mars, le ministre français des Affaires étrangères, Jean Yves Le Drian, a accusé la Russie d’utiliser son vaccin Spoutnik V fabriqué localement comme «un moyen de propagande agressive et de diplomatie plutôt que comme un moyen de solidarité et d’aide à la santé».

    Meddeb a déclaré que la Russie avait exploité la division européenne et le retrait des États-Unis à l’époque de Donald Trump. «Les vaccins étaient une occasion en or pour la Russie de poursuivre ses efforts pour consolider une forte présence en Afrique du Nord et sécuriser des zones d’influence dans le bassin méditerranéen», a-t-il déclaré.

    «Moscou avait déjà pris pied militaire en Libye et signé un contrat en 2017 avec l’Égypte pour la construction d’une centrale nucléaire destinée à être utilisée à des fins pacifiques. Désormais, la Russie utilise les vaccins pour se démarquer comme un partenaire sérieux des pays de la région, avec des objectifs non seulement commerciaux et stratégiques, mais aussi humanitaires », a-t-il poursuivi.

    Selon Meddeb, la diplomatie vaccinale permet au gouvernement russe de récolter les gains du soft power et de renforcer ses relations avec des pays qui lui sont historiquement liés, comme l’ Algérie .

    Il a en outre expliqué que cette diplomatie ouvre à Moscou de nouvelles zones d’influence dans des pays comme la Tunisie , qui, depuis son indépendance en 1956, fait partie de la carte de l’influence française – et de l’influence américaine , dans une moindre mesure.

    Le président russe Vladimir Poutine a dénoncé le 22 mars les critiques adressées au vaccin Spoutnik V. Il a souligné que son pays «n’imposait rien à personne», se demandant si les responsables européens protégeaient les intérêts de «certaines sociétés pharmaceutiques ou les intérêts des citoyens des pays européens».

    Il semble que la diplomatie russe des vaccins au Maghreb et en Afrique du Nord a pris un bon départ. Il a réussi à répondre aux besoins des pays de la région. Moscou, cependant, fait toujours face à une concurrence intense et à des questions difficiles de la part des consommateurs sur la question de savoir si la Russie peut tenir ses promesses et si ses affirmations scientifiques sur le vaccin Spoutnik V sont crédibles.

    Ce qui est certain, c’est que la réticence de Washington à intervenir dans ce domaine au cours de l’année écoulée a élargi les marges d’action de la diplomatie vaccinale russe. Si les vaccins occidentaux en provenance des États-Unis et d’Europe étaient plus disponibles, peut-être que les pays de la région, en particulier la Tunisie, auraient été moins intéressés par le vaccin russe.

    Al-Monitor, 1 avr 2021

    Etiquettes : Russie, diplomatie vaccinale, vaccin, Spoutnik V, coronavirus, covid 19, Maghreb, Maroc, Algérie, Tunisie, Mauritanie, Libye,


  • Portugal : Un réseau de trafic de drogue a peut-être amené des immigrants illégaux du Maroc

    Un réseau de trafic de drogue a peut-être amené des immigrants illégaux

    Les autorités enquêtent sur la possibilité que le bateau à moteur semi-rigide qui a amené les trois immigrés clandestins qui ont débarqué lundi sur une plage de Vila Real de Santo António ait également transporté du haschich.

    Les autorités enquêtent sur la possibilité que le bateau à moteur semi-rigide qui a amené les trois immigrés clandestins qui ont débarqué lundi sur une plage de Vila Real de Santo António ait également transporté du haschich .

    Les trois hommes ont été arrêtés et ont déclaré que le groupe avait 16 ans. Cependant, la version ne convainc pas pleinement les autorités. La PJ et le SEF étudient la possibilité que des réseaux de trafic de drogue amènent des immigrants clandestins d’Afrique du Nord vers l’ Europe .

    Et tout indique que l’ Espagne (où les 13 éléments prétendument manquants se trouvent peut-être déjà) et la France sont les destinations finales. Les trois détenus ont déclaré qu’ils étaient marocains , mais les autorités confirmaient toujours cette information.

    Septième débarquement illégal en un an et demi
    A confirmer, il s’agissait du septième débarquement d’immigrants clandestins du Maroc, en Algarve , depuis décembre 2019. L’enquête sur un éventuel trafic de drogue est à la charge de la PJ et de la police maritime, puisque l’embouchure du fleuve Guadiana est un des les endroits les plus utilisés pour les rejets de haschisch du Maroc.

    L’immigration illégale fait l’objet d’une enquête de la SEF. Le navire , de sept mètres et d’une capacité de 22 personnes, a été abandonné sur la plage de Santo António. Les autorités ont été alertées et la PSP a intercepté trois hommes.

    «Ils étaient fatigués et désorientés, le résultat de ne pas savoir où ils se trouvaient. Un seul d’entre eux avait des papiers et, après avoir contacté SEF, nous nous sommes rendu compte qu’ils étaient en situation irrégulière au Portugal », a déclaré Hugo Marado, directeur adjoint de PSP Faro.

    Les autres membres du groupe n’ont pas été retrouvés et les autorités enquêtent pour savoir s’ils existent réellement. Selon le CM, il y a une chance qu’il y ait eu un transbordement au large de la côte de l’Algarve, d’un bateau plus grand au bateau à moteur arrivé à terre, car ce bateau ferait à peine un trajet d’environ 500 kilomètres entre le Maroc et le Portugal.

    Impala, 31 mars 2021

    Etiquettes : Portugal, Maroc, traite humaine, trafic de drogues, migration,


  • Google réorganise le travail à distance en rouvrant ses bureaux

    Google est en train de modifier sa politique de travail à domicile dans le but de faire revenir plus de personnes dans ses bureaux américains.

    L’entreprise de technologie ne permettra aux employés de travailler à domicile que plus de 14 jours par an s’ils en font la demande.

    Google maintiendra ses dispositions actuelles de travail à domicile jusqu’au 1er septembre, mais autorisera les personnes à revenir volontairement à partir du mois prochain.

    Le géant de la technologie a été l’une des premières entreprises à proposer le travail à domicile lorsque la pandémie a frappé l’année dernière.

    « Cela fait maintenant un an que nous sommes nombreux à travailler à domicile, et l’idée de retourner au bureau pourrait inspirer différentes émotions », a écrit mercredi Fiona Cicconi, responsable des opérations humaines chez Google.

    Google se prépare actuellement à une large réouverture en septembre, lorsque les employés seront attendus au bureau pendant au moins trois jours par semaine.

    Jusque-là, la période de retour initiale sera volontaire car les bureaux rouvriront lentement avec une capacité limitée, en fonction de la disponibilité des vaccins et d’une tendance à la baisse des cas de Covid-19.

    Lorsque le personnel doit retourner officiellement dans les bureaux de Google en septembre, il « n’aura pas exactement la même apparence que vous vous en souvenez » mais « comprendra les repas, les collations et les commodités dans la mesure du possible », a déclaré Mme Cicconi.

    « Nous accueillerons même nos Dooglers de nouveau », a-t-elle ajouté, faisant référence au groupe « Amenez votre chien au travail » de Google. Il y a maintenant un parc pour chiens sur son campus de Mountain View appelé The Doogleplex.

    L’entreprise conseille aux travailleurs de se faire vacciner contre Covid-19, mais ne le rend pas obligatoire pour retourner sur le lieu de travail.

    Google affirme que des arrangements de travail à domicile à long terme sont disponibles. Le personnel peut postuler jusqu’à 12 mois dans «les circonstances les plus exceptionnelles.

    Une approche différente
    Google adopte une approche différente de celle de ses concurrents technologiques qui ont permis à la plupart du personnel de continuer indéfiniment le travail à distance. Twitter a déclaré qu’il permettrait à la plupart de ses employés de travailler de chez eux en permanence.

    Un certain nombre de grandes entreprises prévoient de tester des régimes de travail dits hybrides, dans lesquels les employés partagent leur temps entre la maison et le bureau.

    « Aucun de nous n’a tout compris », a déclaré Carolyn Everson, vice-présidente du groupe commercial mondial de Facebook, à propos des accords actuels de travail à domicile.

    « Nous inventons cela à la volée. La réalité est que nous essayons tous de le comprendre ensemble », a déclaré le cadre supérieur de Facebook lors d’un panel organisé par Bloomberg.

    Facebook commencera à rouvrir ses bureaux de la Silicon Valley au début du mois de mai, après plus d’un an de travail à domicile pendant la pandémie mondiale.

    Ses plus grands bureaux n’atteindront pas 50% de leur capacité avant début septembre, a-t-il déclaré.

    BBC, 1 avr 2021

    Etiquettes : Google, covid 19, réouverture des bureaux,

  • Procès de Derek Chauvin: de nouvelles images montrent George Floyd en train de plaider avec des officiers

    Un tribunal de Minneapolis a vu de nouvelles images de la caméra de police de George Floyd implorant des policiers lors de son arrestation, disant: « Je ne suis pas un méchant ».

    La vidéo montre le policier Derek Chauvin avec son genou sur le cou de M. Floyd pendant plus de neuf minutes, et M. Floyd implorant de ne pas être blessé.

    M. Chauvin, 45 ans, qui a depuis été limogé de la police, nie les accusations de meurtre et d’homicide involontaire coupable.

    La mort de M. Floyd en 2020 a déclenché des manifestations mondiales contre la police et le racisme.

    Les avocats de la défense ont indiqué qu’ils soutiendraient que M. Floyd, âgé de 46 ans, était décédé d’une overdose et d’une mauvaise santé, et que la force utilisée était raisonnable.

    Les observateurs du troisième jour du procès ont déclaré que les images montrées des actions de M. Floyd avant et pendant l’arrestation pourraient être une tentative des procureurs de traiter l’allégation selon laquelle la drogue a joué un rôle dans sa mort.

    Que montre le film bodycam?

    Le tribunal a vu des images des caméras corporelles appartenant aux agents Thomas Lane, J Alexander Kueng et Tou Thao. La caméra de M. Chauvin est tombée au sol alors que l’arrestation se déroulait et n’a donc pas donné d’enregistrement visuel de l’événement.

    Dans les images de M. Lane, M. Floyd est vu confronté à la police. Il les supplie: « S’il vous plaît, ne me tirez pas dessus … Je viens de perdre ma mère. »

    M. Floyd est menotté et continue de plaider auprès des agents Lane et Kueng, disant qu’il ne leur résiste pas et « fera tout ce que vous me direz ».

    Une bagarre se produit lorsque la police tente de faire monter M. Floyd dans un véhicule, et il se met à pleurer et à résister en disant qu’il est claustrophobe et anxieux.

    M. Chauvin et son partenaire M. Thao arrivent alors que l’arrestation se poursuit.

    Alors que les policiers le traînent hors de la voiture et le retiennent au sol, on peut entendre M. Floyd appeler sa mère et dire aux membres de sa famille qu’il les aime.

    Les spectateurs commencent à crier sur les agents pour vérifier le pouls de M. Floyd et cesser de le retenir.

    Qu’est-ce que les témoins ont dit mercredi?
    L’employé du magasin, Christopher Martin, 19 ans, a déclaré au tribunal qu’il avait brièvement interagi avec M. Floyd en tant que client à l’intérieur de Cup Foods peu de temps avant son arrestation.

    Il a dit que M. Floyd « avait l’air d’être défoncé » parce qu’il avait du mal à répondre à une question simple, mais qu’il était suffisamment lucide pour pouvoir tenir une conversation. Il a décrit M. Floyd comme « sympathique et accessible ».

    Dans la vidéo de surveillance du magasin, on peut voir M. Floyd rire, parler aux gens et se promener.

    M. Martin a déclaré au jury qu’il avait vendu à M. Floyd un paquet de cigarettes et qu’il avait reçu un faux billet en guise de paiement. M. Martin a expliqué qu’il savait que le projet de loi était faux par sa couleur et sa texture, mais a ajouté que M. Floyd « ne semblait pas savoir qu’il s’agissait d’un faux billet ».

    Il a dit qu’il avait envisagé de laisser le magasin le déduire de son salaire au lieu de confronter M. Floyd, mais a ensuite décidé d’en informer son responsable. Un autre employé a appelé la police.

    M. Martin, qui a été témoin de l’arrestation, a déclaré qu’il se sentait « incrédule et coupable » parce que « si je n’avais tout simplement pas pris la note, cela aurait pu être évité ».

    Charles McMillian, 61 ans, était un autre témoin qui a pris la barre mercredi.

    Sur la base des images de vidéosurveillance, M. McMillian semble avoir été le premier spectateur sur les lieux de l’arrestation de M. Floyd. Il a déclaré au tribunal qu’il avait engagé une conversation avec M. Floyd, le pressant de monter dans la voiture de police.

    M. McMillian a déclaré qu’il se souvenait se sentir « impuissant » en voyant l’incident se dérouler. On peut l’entendre sur vidéo dire à M. Chauvin: « Votre genou sur son cou, c’est faux homme. »

    Alors que le tribunal a vu des images de l’arrestation, M. McMillian a commencé à sangloter et le juge a demandé une brève pause.

    Que s’est-il passé d’autre pendant le procès jusqu’à présent?
    Dans ses déclarations liminaires lundi, le procureur Jerry Blackwell a déclaré au jury que M. Chauvin avait « trahi son insigne » en s’agenouillant sur le cou de M. Floyd et en utilisant « une force excessive et déraisonnable » pour le détenir.

    Dans le même temps, l’avocat de M. Chauvin, Eric Nelson, a déclaré que l’affaire portait sur des preuves et non sur une « cause politique ou sociale ». Il a déclaré que M. Floyd avait ingéré des drogues au moment de son arrestation « dans le but de les cacher à la police », et a suggéré que cela avait contribué à sa mort.

    Quatre jeunes témoins sont venus à la barre mardi. Darnella – l’adolescente dont le film sur la mort de M. Floyd a déclenché des protestations mondiales – a déclaré qu’elle « continue à s’excuser » auprès de lui pour « ne pas faire plus ».

    Elle a déclaré au tribunal qu’elle avait commencé à filmer sur son téléphone parce qu’elle « avait vu un homme terrifié, mendier pour sa vie ».

    «Ce n’était pas bien – il souffrait», dit-elle.

    Un témoin, Donald Williams II, formé aux arts martiaux mixtes, a été interrogé pendant plus d’une heure par l’accusation et la défense lundi et de nouveau mardi. Il a déclaré au tribunal que M. Chauvin avait utilisé une technique dangereuse appelée « étranglement sanguin » et faisait des mouvements de va-et-vient avec son genou pour augmenter la pression sur le dos et le cou de M. Floyd.

    Il a rejeté les suggestions de la défense selon lesquelles lui-même et les interactions d’autres passants avec la police avaient menacé les agents sur place.

    BBC, 1 avr 2021

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