Il sera appliqué avec effet rétroactif à compter du 1er juin 2020.
Très attendue par les travailleurs aux bas salaires (national), l’augmentation du Salaire minimum garanti à 20.000 DA vient enfin d’entrer officiellement en vigueur, après la publication du décret exécutif inhérent au Journal officiel n°28. Le décret présidentiel portant révision du Snmg a été publié le 7 avril dernier, soit une année après son annonce par le chef de l’Etat. À titre de rappel, le chef de l’Etat a annoncé cette révision au début du mois de mai dernier, à la suite d’une réunion en Conseil des ministres. La publication de ce décret intervient à la veille du 1er Mai et dans un contexte où le front social bouillonne. Il convient de souligner que l’effet escompté par cette mesure, sur le pouvoir d’achat, ne sera probablement pas atteint.
L’inflation, qui reste non négligeable, risque d’atténuer les effets d’une telle mesure. De même, la dégringolade continue du dinar effacera, à coup sûr, les effets de l’augmentation du Snmg et la suppression de l’IRG pour les revenus inférieurs à 30.000 dinars. Sur un autre plan, en règle générale, le texte juridique entre en vigueur à partir de la date de sa publication au Journal officiel; cependant, le nouveau texte précise que le décret présidentiel entre en vigueur, avec effet rétroactif, à compter du 1er juin 2020. Par conséquent, le calcul, par exemple, du montant des indemnités journalières versées lors d’un accident de la circulation survenu à partir du 1er juin 2020, doit être calculé en se référant au nouveau Snmg (20 .00 DA). Cela peut amener ceux qui ont été indemnisés sur la base de l’ancien Snmg de demander la différence d’indemnisation en s’appuyant sur le nouveau salaire minimum. Le texte précise que le Salaire national minimum garanti correspondant à une durée légale hebdomadaire de travail de 40 heures, équivalent à 173,33 heures par mois, est fixé à 20.000 dinars par mois, soit un taux horaire de 115,38 dinars.
Selon le décret, «toutes les dispositions contraires au présent décret sont abrogées, notamment le décret présidentiel n° 11-407 du 29 novembre 2011 fixant le Salaire national minimum garanti». D’après des experts, le salaire minimum a ses limites dans des pays à l’économie dominée par le commerce l’informel comme l’Algérie, où l’emploi informel représente une part importante de l’emploi total. Cela d’une part, de l’autre, l’augmentation profite généralement aux salaires élevés, qui sont indexés sur le Snmg.
De l’avis unanime des syndicats, une augmentation de 2 000 dinars du Snmg est une revalorisation «insignifiante» qui profitera non pas aux bas salaires, mais beaucoup plus aux salaires des cadres. Tous sont unanimes à dire que ceux qui profiteront de cette revalorisation ne sont autres que les cadres des entreprises, à l’image des directeurs généraux(DG) et présidents-directeurs généraux (P-DG), les hauts fonctionnaires, les parlementaires, les ministres, les secrétaires généraux des ministères, les directeurs centraux, dont les salaires sont indexés sur le Snmg.
En fait, seuls les fonctionnaires qui ont leur salaire indexé sur le Snmg, vont bénéficier réellement de cette augmentation, car la nouvelle réglementation a établi que le Snmg est composé du salaire de base plus les primes. L’actuelle hausse du Snmg représente 11% soit 2.000 dinars de plus, passant de 18.000 dinars à 20.000 dinars.
À titre d’exemple, si un cadre supérieur dont le revenu est égal à 20 fois le Snmg, avait un salaire de 300.000 DA, avec cette revalorisation de 11,11%, il atteindra les 336 000 DA. Certains observateurs estiment qu’une augmentation de 2.000 dinars est très loin de l’ indispensable revalorisation des salaires, en raison d’abord de l’érosion du pouvoir d’achat qui a chuté de plus de 60%. De manière générale, la majorité des salaires ne seraient pas concernés.
L’Expression, 29 avr 2021
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