Maroc Confidentiel

Maroc : Une hémorragie contraint Omar Radi à suspendre sa grève de la faim

Après 21 jours de grève de la faim, le journaliste Omar Radi a dû mettre fin à son mouvement à cause d’une grave hémorragie rectale qu’il a eu vendredi (30 avril 2021), a-t-on appris de sources concordantes.

Omar Radi « a décidé de suspendre temporairement sa grève de la faim, à cause de la détérioration significative de sa santé au cours des deux derniers jours », a annoncé Driss Radi, vendredi via Facebook sans donner plus de détails sur cette détérioration ni sur les véritables « raisons de santé » ayant motivé la décision de son fils.

Cette annonce porteuse de soulagement pour les soutiens du journaliste, en détention préventive depuis neuf mois, n’a pas manqué de susciter moult interrogations.

Pourquoi une suspension temporaire? Que s’est-il passé avec Omar pour qu’il prenne une telle décision?

Autant d’interrogations auxquelles va nous répondre Khouloud Mokhtari, l’épouse de l’autre journaliste en détention provisoire Soulaimane Raissouni et en grève de la faim depuis 23 jours.

Mokhtari: « Il faut appeler les choses par leur nom »
« Dans son annonce, M. Driss Radi n’a pas évoqué les véritables raisons pour respecter le souhait de Omar de ne pas effrayer sa mère », nous a-t-elle précisé.

Mais, affirme-t-elle, « il ne faut pas cacher ce qui se passe à l’opinion publique ».

« Omar a eu une hémorragie rectale (une rectorragie), il a des exsudations anales et autres… Il a des saignements rectaux causés par le fait qu’il prend des antibiotiques dans le cadre du traitement de sa maladie chronique qui touche son intestin (Omar Radi est atteint de la maladie de Crohn NDLR) sans manger », a-t-elle confié à Femina News.

« Il a des saignements rectaux qui ne s’arrêtent pas depuis mardi. Je sais que c’est grave, mais ce n’est plus le moment d’avoir peur de heurter quelqu’un. Il faut appeler les choses par leur nom », a-t-elle soutenu.

« Les séquelles de la grève de la faim conjuguées à sa maladie chronique ont commencé à apparaître. Ce jeune est dans un état on ne peut plus grave et l’opinion publique doit être au courant de la gravité de son état », nous a déclaré, vendredi soir, l’épouse du détenu politique Soulaimane Raissouni.

Driss Radi confirme timidement

Face à des propos d’une telle gravité, Femina News a attendu la confirmation de la part de M. Driss Radi.

Joint dans les premières heures de ce samedi premier mai, ce dernier a confirmé à demi-mot : « Oui, effectivement il saigne ».

« La maladie de Crohn (une maladie inflammatoire chronique du système digestif qui touche le gros intestin NDLR) dont souffre Omar a évolué à cause d’un ensemble de facteurs, particulièrement alimentaires et hygiéniques », a-t-il ajouté.

Interrogé par Femina News sur le suivi médical et la prise en charge dont devrait bénéficier Omar Radi comme tout autre gréviste de la faim, M. Radi nous a précisé que son fils a reçu il y a quelques jours quatre membres du CNDH (Conseil national des droits de l’Homme) accompagné d’un médecin.

« Normalement, il doit revoir son médecin au CHU (Ibn Rochd) pour être examiné après ce qui s’est passé avec lui hier. A ce moment, on va se prononcer sur son état », a-t-il poursuivi.

Il est à noter que peu importe l’origine des saignements annaux dont souffre Omar Radi, que ce soit une hémorragie digestive ou une aggravation des symptômes de sa maladie chronique, ce genre d’hémorragie nécessite un traitement d’urgence et de préférence dans un milieu hospitalier.

Le journaliste Aboubakr Jamai, fondateur du « Le Journal hebdomadaire », a considéré que l’Etat marocain traite les deux journalistes d’une manière « vindicative voire rancunière ».

Par ailleurs, le prestigieux quotidien américains Washington Post a appelé l’administration Biden à conditionner l’appui de la position du Maroc sur la question du Sahara par le respect des droits de l’homme et la libération des deux journalistes.

Femina, 01 mai 2021

Etiquettes : Maroc, presse, journalistes, répression, Omar Radi, Souleymane Raïssouni, Taoufik Bouchrine,

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