Ce schéma d’économie basée sur le cannabis devient sérieusement problématique pour la sécurité internationale. Les liens entre le trafic de drogue et les groupes terroristes transnationaux qui prospèrent grâce au kif marocain sont un secret de Polichinelle.
«Maroc: le cannabis pour doper l’économie?», s’interroge offusqué, le prestigieux hebdomadaire français, Le Point dans un article paru hier, consacré au projet de loi dépénalisant la culture du cannabis à «des fins médicales et industrielles» qui devrait être adopté sous peu par le Parlement marocain. Sans limites, sans barrières et ne rien s’interdire, quitte à froisser les croyances et piétiner la morale, le roi est prêt à tout, absolument tout. En l’espace de 4 mois, il s’est frotté par trois fois à l’impensable. En novembre dernier, l’armée marocaine brave la communauté internationale quand elle a lancé une opération militaire dans la zone-tampon d’el Guerguerat qui a conduit à rompre un cessez-le-feu en vigueur depuis 29 ans.
Un mois plus tard, en décembre 2020, le Maroc usant d’une insolence déconcertante, normalise ses relations diplomatiques avec l’entité sioniste. Un rapprochement qui figurait dans les termes du deal que le royaume a passé avec l’administration de l’ancien président américain, Trump, pour que ce dernier reconnaisse la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Entre-temps, la Covid-19 est passée par là. Le royaume est à terre. Une économie terrassée par des mois de confinement et de frontières fermées, des avions cloués au sol et un secteur touristique anéanti, le Makhzen croit tenir le bon filon pour contenir dans une volute de kif un mécontentement populaire grandissant aggravé par les retombées de la crise sanitaire. Tout comme Israël qui a autorisé le cannabis à des fins thérapeutiques depuis 2006, le Makhzen inscrit à l’agenda un projet législatif pour rendre légal l’usage de la drogue. Et voilà le Maroc qui s’octroie officiellement le titre narco-royaume.
Selon le magazine Le Point, citant un rapport de l’institut Amadeus, une pareille mesure permettra de créer «800000» postes d’emploi et qui «pourrait par ailleurs abonder huit milliards de dollars». Rien que ça! Justifiant son projet, le ministre marocain de l’Intérieur, artisan de ce projet, a soutenu que l’usage légal du cannabis permettrait de «cadrer et légaliser ce secteur», de régulariser le statut des quelque 140000 familles vivant de la culture du cannabis». Une exploitation industrielle du haschich, quoi de plus naturel pour le Maroc leader mondial en la matière.
Une étude de l’ «Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée» (un réseau indépendant) publiée en 2020 rapporte que la production marocaine annuelle de cannabis est à plus de 700 tonnes et estime sa valeur à 23 milliards de dollars. L’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc), a souligné dans son dernier rapport, intitulé «2020 World Drug Report», que le Maroc continue d’être le premier producteur de cannabis dans le monde. Le document onusien souligne également que la majeure partie de la drogue marocaine destinée à l’Europe est expédiées vers l’Espagne avant d’atteindre les autres membres de l’Union européenne.
Cette situation d’économie basée sur la drogue devient sérieusement problématique non seulement pour la sécurité régionale, mais internationale. Les liens entre le trafic de drogue et les groupes terroristes transnationaux qui prospèrent grâce au cannabis marocain sont un secret de Polichinelle. Mais curieusement, l’annonce de la légalisation de la drogue au Royaume chérifien n’a pas alarmé, outre mesure les décideurs de ce monde prompts à mobiliser leurs arsenaux militaires pour beaucoup moins que ça. Le rôle du Panama dans le trafic international de drogue, la violation de la neutralité du canal de Panama ont été des prétextes suffisants pour les Américains d’envahir ce pays et d’enlever le puissant dirigeant militaire Manuel Noriega.
Ou encore l’énorme pression américaine qui a conduit à la reddition aux autorités comoriennes de Pablo Escobar, le plus grand des trafiquants de cocaïne du monde.
L’Expression, 3 mai 2021
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