Mali : la MINUSMA alerte sur la hausse des exactions contre les civils au centre du pays

Plus de 421 cas de meurtres, exécutions sommaires, enlèvements, viols, atteintes à l’intégrité physique, intimidations et menaces ont été documentés au Mali, entre le 1er janvier et le 31 mars 2021, alors que 106 personnes dont cinq enfants et six femmes, ont été tuées, selon le rapport trimestriel de la mission de paix de l’ONU dans le pays publié mercredi.


La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) note que les violences ont conduit à une augmentation de plus de 11% des violations et abus des droits humains par rapport au trimestre précédent, lorsqu’elle en avait enregistré 378 ayant causé la mort de 96 civils.

Sur ces 421 violations des droits humains, la Division des droits de l’homme et de la protection (DDHP) de la MINUSMA fait état de 106 meurtres et exécutions sommaires ou extrajudiciaires, 94 atteintes à l’intégrité physique, 181 cas d’enlèvement et de disparition forcée ou involontaire, ainsi que 24 cas d’arrestations arbitraires.

Les groupes tels que Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI) et autres groupes « djihadistes » similaires ont été responsables de 182 abus de droits de l’homme. Ce qui représente une hausse de 7% par rapport au trimestre précédent au cours duquel ils ont commis 170 abus.

Plusieurs signataires de l’Accord de paix, dont les ex-rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et des groupes armés pro-gouvernementaux (Gatia et MAA-Plateforme), sont quant à eux responsables de 37 abus de droits de l’homme. Il s’agit d’une baisse de presque 12% par rapport aux 42 abus qui leur ont été imputés au trimestre précédent.

Les Forces de défense maliennes et les groupes djihadistes épinglés
Quant aux milices et autres groupes armés communautaires, ils ont perpétré 117 abus de droits de l’homme les 124 enregistrés au dernier trimestre de l’année 2020, soit une baisse de 5 %.

« Dans le centre du pays, les violences sur fond de tensions intercommunautaires continuent également de faire de nombreuses victimes », a fait valoir la MINUSMA, relevant que ces violences sont « de plus en plus exploitées par les groupes tels que AQMI ».

Plus largement, la mission onusienne signale que la situation sécuritaire est demeurée « préoccupante » au cours du premier trimestre de 2021. La période a été marquée par des atteintes aux droits humains et aux libertés fondamentales impliquant les milices et groupes armés communautaires et les groupes tels que Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI), Ansar Eddine, la Katiba Macina, Jama’at nusrat al-Islam wal Muslimin (JNIM), l’Etat Islamique dans le Grand Sahara (EIGS), Al Mourabitoune et autres groupes similaires dans les régions du nord et du centre ainsi que dans le Sud du pays.

Par ailleurs, les Forces de défense et de sécurité maliennes (FDSM) sont accusées de multiples violations de droits de l’homme, dans le cadre des opérations militaires et de lutte contre le terrorisme dans les régions du centre et du nord. Selon le document de la MINUSMA, elles ont été responsables de 58 violations de droits de l’homme, soit une une augmentation de 38% en comparaison au trimestre précédent quand 42 violations leur avaient été imputables.

La plupart des exactions ont eu lieu à Bandiagara, Douentza et Mopti
Quant aux forces internationales, la Force Barkhane a été responsable de 27 violations de droits de l’homme dans le cadre de l’incident de Bounty « même si la France considère que la frappe de Bounty a ciblé des membres d’un groupe armé terroriste (GAT) ».

La plupart de ces abus ont eu lieu dans le centre du pays, notamment dans les cercles de Bandiagara, Douentza et Mopti, des régions minées par le djihadisme. Avec 242 violations, ces trois régions représentent plus de la moitié des abus (57%). Suivent les régions de Ségou (43 abus, soit 10%), Gao (39 violations, soit 9%), Kidal (26 abus, soit 6%), Tombouctou (32 violations, soit 7%), Ménaka (24 abus, soit 5%) ainsi qu’à Sikasso et Koutiala (15 violations, soit 3%).

Sur un autre plan, 16 cas de violences sexuelles en lien avec le conflit ont également été enregistrés au cours de la période sous examen dans les régions de Gao, cercle d’Ansongo (14 cas) et Tombouctou (deux cas).

« Ces incidents s’inscrivent dans une série de cas de violences sexuelles liées au conflit imputés aux groupes armés opérant dans ces deux régions et dont les victimes refusent de témoigner », a conclu la mission onusienne au Mali.

ONU Info, 5 mai 2021

Etiquettes : Sahel, violence, Mali, Burkina Faso, Niger, Nigeria, Biko Haram, EIGS, JNIM, Al Qaïda, Tchad,

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