par Kamal Guerroua
Quelle est l’utilité d’un diplôme universitaire en Algérie ? Une formation à la fac permet-elle des débouchés sérieux pour les jeunes «instruits» en quête d’emploi ? Ou est-ce quasiment le contraire ? Selon une enquête réalisée, entre novembre 2018 et mars 2019, par l’ONG «Education For Employment», dans le cadre du projet «Building Algerian Youth’s Future», à laquelle ont participé près de 2.160 personnes, la perspective de l’emploi reste minime, voire dure pour les jeunes Algériens. Cette étude du marché ayant ciblé des villes du Sud, telles que Aïn Salah, Béchar, Ghardaïa, Illizi, Ouargla, Tamanrasset ainsi que deux villes du Nord, Bou Arréridj et Oran, a consisté en des entretiens individuels avec les parties représentatives du secteur privé, institutionnel et académique, avec la distribution d’enquêtes quantitatives auprès de 1.475 demandeurs d’emploi.
En effet, le recours à l’intelligence artificielle a permis de recueillir et d’analyser plus de 30.000 offres d’emploi dont 4.824 dans les wilayas ciblées par l’étude, en termes de répartition géographique, métiers, professions, compétences demandées et niveau d’éducation requis. Ainsi, apprend-on de l’enquête, que pas moins de 75% des chômeurs de sexe masculin recourent au marché informel pour trouver du travail ! Chiffre qui donne froid dans le dos. Puis, dans une ville stratégique (deuxième du pays), comme Oran par exemple, 61% des jeunes chômeurs cherchent à faire des formations de court cycle dans l’enseignement supérieur pour bénéficier davantage d’opportunités professionnelles.
Sachant que ces formations-là ne permettent pas «vraiment» à ces derniers d’espérer un avenir meilleur puisque le métier qui leur échoit généralement dans le marché n’est autre que «vendeur dans un magasin» ou «serveur dans un restaurant» ! La même source indique, de surcroît, que pas moins de 69% des chômeurs de sexe féminin recourent aux parents, amis ou au «piston» comme on dit, pour espérer trouver du boulot. Pareil constat a été, aussi, dressé dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj, où, environ 46% des chômeurs cherchent une formation de cycle court à l’université. Mais, curieusement, il paraît également que le métier qui permet facilement des débouchés à ces derniers, n’est autre que celui du «manutentionnaire» !
En gros, les débouchés pour les jeunes chômeurs diplômés de la région sont rares, pour ne pas dire presque introuvables. Aussi, l’enquête précise que, comme à Oran, les chômeurs de B. B. Arréridj préfèrent le secteur informel, plus accessible et moins bureaucratisé à celui du privé ou de l’Etat. D’ailleurs, pas moins de 59% de chômeurs de sexe masculin y recourent alors que 93% des chômeurs de l’autre sexe comptent sur les connaissances personnelles, parents ou amis dans leur recherche d’emploi.
Cela dit, les critères «compétence» «qualification» et «diplôme» ne sont plus pris en compte, du moins dans ces deux wilayas, pour décrocher un poste d’emploi. Au demeurant, ces amers résultats dressés à Oran et à Bordj Bou Arréridj ne diffèrent pas énormément, d’après l’ONG chargée de cette enquête, de celui du reste du pays.
Le Quotidien d’Oran, 06 mai 2021
Etiquettes : Algérie, diplômes, chômage, jeunesse, formation professionnelle, université, compétence,
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