ALGER- La France a fait preuve de « cynisme » après l’assassinat, le 20 avril dernier, du président Idriss Déby Itno en tolérant qu’il soit remplacé par son fils au détriment des valeurs démocratiques qu’elle est supposée soutenir, a affirmé mercredi Loïk Le Floch-Prigent, ancien chef d’entreprise et auteur du livre Carnets de route d’un Africain.
« Je ne pense pas que la politique soit dépourvu de cynisme, mais la politique se fait aussi avec générosité et on ne peut pas être que cynique », a-t-il déclaré lors d’une interview accordée au site Sputniknews.
Il a estimé que l’importance stratégique que revêt le Tchad, ne pouvait justifier que la France en oublie les valeurs démocratiques qu’elle est censée défendre.
Loïk Le Floch-Prigent, ancien patron de Rhône-Poulenc et d’Elf Aquitaine, ancien président de Gaz de France et de la SNCF s’est dit surpris par la position conciliante de la France à l’égard de la transition politique au Tchad où « le fils a remplacé le père », alors que « ce pays n’est pas une monarchie ».
Il a rappelé que la France a toujours dit que « les présidents africains devaient être élus par le peuple » et que « les élections présidentielles devaient opposer plusieurs candidats ». Pour le cas du Tchad, la France a omis de réaffirmer cette position, selon Le Floch-Prigent.
La passivité de la France s’explique, selon lui, par le rôle que l’armée tchadienne joue au Sahel aux côtés des troupes françaises, dans le cadre de l’opération Barkhane déployée depuis 2014 dans le cadre de la lutte contre les groupes terroristes dans la région.
L’invité de Sputnik a également exprimé son étonnement vis-à-vis du peu d’intérêt accordé par les médias français à ce qui se passe au Tchad, notamment en ce qui concerne la succession d’Idriss Déby. Un désintérêt partagé, dira-t-il, par l’opinion publique française.
Il fera remarquer, par ailleurs, que l’Afrique n’est pas qu’un continent en proie aux troubles, c’est aussi une jeunesse en quête de démocratie.
« Occupons-nous des jeunes Africains qui représentent 50% de la population africaine, et montrons-leur ce qu’est une démocratie, ce que c’est que la République. L’Afrique ce sont des jeunes qui viennent sur notre territoire, qui ont un appétit de démocratie dans leur pays. Nous devons leur montrer quelle est la réponse d’une République et d’une démocratie à ce qui s’est passé au Tchad », a-t-il indiqué.
Officiellement, Idriss Déby est mort des suites de blessures reçues alors qu’il commandait son armée contre des rebelles dans le nord du pays. Son décès était survenu le lendemain de son élection, encore une fois, à la tête du pays pour un mandat de six ans, après avoir passé 30 ans au pouvoir
Le jour de l’annonce de son décès, un conseil militaire dirigé par l’un de ses fils, le général et commandant de la garde présidentielle Mahamat Idriss Déby Itno, 37 ans, a été mis en place pour le remplacer.
A partir de 2013, une année avant le lancement de l’opération Barkhane, les troupes tchadiennes se sont engagées aux côtés de l’armée française dans le nord du Mali pour combattre les groupes armés dans ce pays.
Deux ans plus tard, Idriss Déby envoie une partie de son armée au Nigéria pour tenter de neutraliser le groupe terroriste Boko Haram.
En 2017, le Tchad participe à la création de la force relevant de l’organisation régionale G5 Sahel et qui inclut la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso et le Niger, sous la houlette de la France.
APS, 06 mai 2021
Etiquettes : Tchad, France, Sahel, Emmanuel Macron, conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Déby,
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