Le ministre français des Affaires étrangères a menacé d’accroître la pression sur les politiciens libanais qu’il a accusés de commettre un « suicide collectif » en ne parvenant pas à sortir le pays de son marasme économique.
En visite à Beyrouth, Jean-Yves Le Drian a déclaré à la presse vendredi que la France, qui a dirigé les efforts d’aide étrangère au Liban, se devait d’agir face à l’impasse politique dans laquelle se trouvent les discussions ministérielles depuis plusieurs mois.
Si elle persiste, a-t-il dit, il y aura des mesures punitives strictes, au niveau de la France et potentiellement de l’Union européenne, contre les responsables libanais qui bloquent les progrès. Il n’a pas répondu aux questions sur qui serait affecté et quand.
« Ce que je peux vous dire, c’est que pour nous, la période de test de responsabilité est terminée. Nous avons donc décidé de renforcer la pression », a déclaré M. Le Drian. « Nous avons commencé à engager des mesures restrictives. Ceux qui sont visés le sauront ».
La France, l’ancien dirigeant colonial du Liban, a été frustrée après l’échec des tentatives de rallier les dirigeants en conflit du pays pour convenir d’un nouveau cabinet ou lancer des réformes pour débloquer l’aide étrangère dont le pays a tant besoin.
La monnaie s’est effondrée depuis 2019, le secteur bancaire est paralysé et une grande partie de la population est désormais pauvre.
Le mois dernier, Paris a déclaré qu’il prenait des mesures pour restreindre l’entrée de certains responsables libanais pour avoir bloqué les efforts visant à lutter contre la crise sans précédent, qui est enracinée dans des décennies de corruption et d’endettement.
Il n’y a pas eu d’annonce officielle sur les mesures prises par la France, ou contre qui, et l’impact potentiel reste flou, car plusieurs politiciens libanais ont la double nationalité.
Le voyage de M. Le Drian comprenait des rencontres avec des militants ainsi que la visite d’écoles et du port de Beyrouth, où une explosion massive a fait 200 morts en août dernier. Le gouvernement intérimaire a démissionné à la suite de cette explosion dévastatrice.
L’impasse sur la composition du gouvernement entre le président Michel Aoun et le triple premier ministre Saad al-Hariri, qui a été désigné pour former un gouvernement en octobre, s’est aggravée depuis.
Le Drian a déclaré qu’il avait dit à M. Aoun, à M. Hariri et à M. Nabih Berri, président de longue date du Parlement, lors de réunions mercredi, qu’il était là pour soutenir le peuple libanais et que l’impasse devait cesser. « Je suis là pour éviter ce suicide collectif orchestré par certains », a-t-il dit.
Reuters, 07 mai 2021
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