Fermeture des frontières
Un double coup porté à la diaspora et à l’économie
La fermeture des frontières a empêché des millions d’émigrés algériens de rentrer au pays et a privé, par ailleurs, le trésor public d’importantes sommes en devises fortes.
Smaïl ROUHA
Soulagement. Après quinze mois, la mort dans l’âme, le vent semble tourner pour des millions d’Algériens bloqués à l’étranger. Le gouvernement a annoncé l’ouverture partielle des frontières à partir du 1er juin. Cette ouverture se fera de façon progressive. Une lueur d’espoir. Coincés à l’étranger depuis mars 2020 à cause de la crise sanitaire, les ressortissants algériens voient s’approcher un peu plus la perspective de rentrer chez eux.
La fermeture des frontières n’a guère plu à la communauté nationale à l’étranger qui s’est toujours insurgée contre cette situation. Le mal du «bled» se fait terriblement ressentir au même titre que les conséquences de la fermeture des frontières. Or, la réouverture des frontières, même partiellement, permettra un sursaut socio-économique énorme. Le «blocus» a eu de lourdes répercussions, en dépit de la sonnette d’alarme tirée par les professionnels quant à l’impact économique de la fermeture des frontières.. D’innombrables secteurs ont été victimes (compagnies aériennes, les commerces, restaurants, hôtels…) qui vivent du tourisme. La fermeture de la frontière a entraîné la «mort théorique» de centaines d’entreprises.
Lors d’une conférence organisée, en mars dernier, Hamid Afra, délégué national aux risques majeurs auprès du ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, a dévoilé qu’un million d’emplois ont été perdus en Algérie suite à la crise sanitaire, dont 500000 postes de travail directs.
Ce sont les familles à revenus modestes, qui ont été les plus touchées par cette grande perte. Or, selon une enquête menée par l’Office national des statistiques (ONS), il s’est avéré que plus de 35% de la population active ont un statut précaire. Tandis que le confinement a obligé l’industrie du voyage à, notamment renoncer pour l’essentiel, le long-courrier, même si, à l’heure actuelle, aucun pays ne peut s’aventurer à prédire une reprise prochaine des voyages internationaux, qu’il faudra probablement repenser de fond en comble.
Les vols annulés par la compagnie nationale aérienne Air Algérie ne se comptent plus tant ils sont nmbreux. Ainsi, l’impossibilité pour la diaspora algérienne de venir passer ses vacances en Algérie, a privé le pays de recettes substantielles en devises étrangères. Selon des estimations non-officielles, près de 7 millions d’Algériens résidant à l’étranger, dont 5 millions en France seulement, quelque 150 000 en Espagne et 60 000 au Royaume-Uni. Le compte est bon, mais pas pour Air Algérie qui aurait subi des pertes, en raison de la fermeture des frontières depuis mars 2020, à hauteur de plus de 450 millions de dollars, soit l’équivalent de 60 milliards de dinars algériens. Pareil pour le secteur du tourisme, pris dans le tourbillon de la crise sanitaire. En mars dernier, le directeur général du tourisme, au ministère du Tourisme, Moussa Bentamer, a révélé que le déficit budgétaire de son département s’élevait à 300 millions de dinars mensuellement.
Parallèlement aux incidences économiques, les conséquences ont été sociales, du moment que des milliers de membres de la diaspora ont été empêchés d’assister à des fêtes ou à des funérailles en Algérie. Autant de conséquences que devra corriger la réouverture, même limitée, des frontières.
L’Expression, 26 mai 2021
Etiquettes : Algérie, Maroc, Tunisie, voyages, covid 19, vols, frontières,
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