Commémoration des massacres du 8 mai 1945
L’Algérie a commémoré, hier le 76eme anniversaire des massacres du 8 mai 1945. Un génocide resté jusque-là impuni. En dépit de la reconnaissance par le président Emmanuel Macron des crimes coloniaux, qu’il avait qualifiés de crimes contre l’humanité, le rapatriement de crânes de résistants algériens et l’ouverture partielle des archives de l’ère coloniale, la France officielle continue d’ignorer un pan entier de son passé colonial.
Les relations entre Alger et Paris qui sont de tout temps, basées sur le dossier de la mémoire, continuent d’évoluer sous les pesanteurs du passé. D’ailleurs dans un message à l’occasion de ce triste anniversaire, le chef de l’Etat M Abdelmadjid Tebboune a affirmé que « la qualité de notre relation avec la France est inséparable du dossier de la mémoire». Il a tenu à expliquer que «la qualité de nos relations avec la France ne peut se faire au détriment du dossier mémoriel qui est non négociable» ajoutant à ce propos que plusieurs chantiers restent ouverts, tels celui de la récupération du reste des crânes des résistants, les archives, le dossier des disparus et l’indemnisation des victimes des essais nucléaires dans le Sud.
Dans son message le président Tebboune a ajouté que « le 08 mai 1945 est une date éternelle qui symbolise la martyr du peuple algérien et constitue également un tournant décisif qui montre le véritable visage de la colonisation ». Pour sa part, le Premier ministre Abdelaziz Djerad a indiqué que la journée nationale de la Mémoire, décrétée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, garde les massacres du 8 mai 1945 « gravés dans notre mémoire » et « enracinés dans la conscience des Algériens ». « Ces massacres sont une commémoration lors de laquelle nous nous recueillons à la mémoire des chouhada et nous incitons les jeunes à s’inspirer des fondements de la personnalité nationale et à s’armer de volonté pour gagner la bataille d’édification des institutions afin de prémunir la patrie et préserver sa souveraineté », a-t-il indiqué sur son compte tweeter.
S’exprimant à l’occasion de l’anniversaire des massacres du 8 mai 1945, l’historien Mohamed El Korso a qualifié ce sanglant épisode de « génocide ». « Ce génocide, qui ne dit pas sans nom et tel que perçu par les Algériens, ne trouve même pas sa place dans les fameuses +préconisations+ de Benjamin Stora dans son rapport sur la Guerre d’Algérie. Des impasses y ont été faites sur nombre de questions dont celle du 8 mai 1945 », a déclaré M. El-Korso à l’APS, à l’occasion de la commémoration du 76ème anniversaire de ces tragiques événements. Il relève, à ce propos, une « approche sélective quant aux méfaits de la colonisation », déplorant également que le document « privilégie, entre autre questions, celles du déplacement des harkis et de leurs enfants entre la France et l’Algérie, des enlèvements et assassinats d’Européens en 1962 à Oran, ou encore la préservation des cimetières européens et juifs en Algérie ».
Pour l’historien, le « rapporteur Stora et le président Macron sont dans leur rôle », rappelant que « même le président François Mitterrand a eu recours aux amnisties des généraux factieux alors que ses successeurs se sont distingués par la pratique politique du silence, des dérobades, des esquives et des demies-vérités. Le tout, au nom de la sacro-sainte +raison d’Etat ». ElKorso est allé jusqu’à comparer les massacres du 8 mai 1945 aux crimes nazis lors de la seconde guerre mondiale. « Au-delà des chiffres, il y a lieu d’évoquer la reconduction par la France coloniale des pratiques barbares auxquelles le nazisme a soumis les Français », renchérit l’historien.
Par Arezki Louni
Le Chiffre d’Affaires, 08 mai 2021
Etiquettes : Algérie, France, colonisation, mémoire, crimes coloniaux,
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