par Abdou BENABBOU
Au vu de la situation financière du pays, il semble que la planche à billets sera appelée encore une fois à mettre un peu de mou dans la rigidité des obstacles économiques et sociaux. La loi de finances complémentaire en fin d’ébauche, en tenant compte du déficit budgétaire et des lourds soucis annonçant de dangereuses perturbations sociales ne pourra que se plier à un procédé déjà utilisé par la Banque centrale.
Dans la logique du gouvernement, le recours au FMI est à écarter car il ne peut être question de se plier aux conditions draconiennes du fonds financier international dont la première et la principale sera de se départir sans rechigner de la politique du soutien des prix et en définitive faire table rase de la politique sociale suivie actuellement par le gouvernement. A fortiori quand il est constaté que malgré une évidente générosité financière gouvernementale en matière de politique des prix, discutable et discutée en permanence, des indicateurs démontrent chaque jour que le lourd malaise social n’est pas maîtrisé. Malgré une magnanimité gouvernementale visible à l’œil nu, des milliers de ménages ne paient plus leurs factures d’eau, de gaz et d’électricité et le chômage et le sous-emploi cruellement palliatif envahissent les rues.
Les retraites sont péniblement honorées. Les salaires de la fonction publique n’ont pas une odeur de sainteté et la boucle est bouclée par les banques qui se dessaisissent de plus en plus de leurs réserves qui ne sont plus des chasses gardées. Cerise sur le gâteau, les réclamations salariales à cors et à cris se multiplient sans que l’on tienne compte de leurs répercussions classiques toujours occultées et qui souvent ne sont pas synonymes d’amélioration du niveau de vie.
On voit mal le gouvernement se faire harakiri en adoptant des mesures somme toute objectives et sensées, et constituant le fondement élémentaire d’une saine économie, et nouer avec la vérité des prix. Les autorités politiques sont conscientes qu’à emprunter cette voie, c’est l’explosion sociale assurée et garantie. Pour elles, la multiplicité des fronts à affronter ne permet pas la latitude de se conformer à une normalité économique et qu’importent les moyens pour que la stabilité sociale soit préservée.
Le Quotidien d’Oran, 10 mai 2021
Etiquettes : Algérie, situation financière, économie, loi de finances complémentaire, déficit budgétaire, FMI, politique du soutien des prix, politique social, subventions, chômage,
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