En pleine crise diplomatique, l’Allemagne demande des explications au Maroc qui a décidé de rappeler son ambassadrice à Berlin.
Dans un communiqué publié ce jeudi 6 mai, Rabat dénonce des « actes hostiles » de Berlin, notamment sur le dossier du Sahara occidental. Le gouvernement allemand dit de son côté « ne pas comprendre les accusations » et assure faire le nécessaire pour tenter de résoudre la crise entre les deux pays.
C’est « un nouveau tour de crispation diplomatique », selon l’expression du site d’information marocain TelQuel, qui relaie en Une aujourd’hui « l’incompréhension » et « l’étonnement » affiché par le gouvernement allemand après cette convocation de Lalla Zohour Alaoui, l’ambassadrice du Maroc à Berlin.
« Actes hostiles »
Rabat avait décidé début mars de geler les relations diplomatiques et de ne plus coopérer avec les autorités et les fondations en Allemagne. Le nouveau communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères reprend, tout en restant vague, les mêmes accusations pour justifier cette nouvelle escalade.
Il y est question d’ »actes hostiles » de l’Allemagne et d’ »actions « attentatoires » à l’égard des intérêts supérieurs » du Maroc.
Le texte dénonce l’ »activiste antagonique » de Berlin pour avoir ouvertement critiqué la décision des Etats-Unis de Donald Trump de reconnaître la souveraineté de Rabat sur le territoire disputé du Sahara occidental. Sur ce point, le Maroc dit ne toujours pas avoir reçu d’explications.
Autre point que le Maroc continue à déplorer : ne pas avoir été invité à Berlin pour participer à la conférence sur la Libye l’an dernier. Là, le communiqué accuse l’Allemagne de vouloir saper « le rôle régional » du pays.
« Le comportement du Maroc est avant tout un coup de semonce à l’adresse de l’Allemagne », assure Kressen Thyen, un expert de la région et chercheur à l’université de Brême. Il estime que les intérêts mutuels des deux pays ne devraient pas en être affecté. « L’Allemagne est un partenaire important en matière de commerce, d’argent et d’aide au développement, alors que le Maroc est pour l’Allemagne un partenaire majeur sur la question de la migration par la Méditerranée », rappelle le chercheur.
Le cas Mohamed Hajib
Enfin, Rabat accuse Berlin de « complicité à l’égard d’un ex-condamné pour des actes terroristes ». Sans citer son nom, il fait peu de doute qu’il s’agit de Mohamed Hajib, un germano-marocain originaire de Tétouan, ancien prisonnier accusé de terrorisme au Maroc, qui vit désormais à Duisburg dans l’ouest de l’Allemagne et qui est devenu une voix critique du Maroc et de la monarchie sur les réseaux sociaux.
« Le gouvernement marocain considère les vidéos de Hajib comme une menace majeure puisqu’il est en mesure de faire passer son message à une large audience, ce qui pourrait éventuellement conduire à des mobilisations », explique Maria Josua, chercheuse au German Institute for Global and Area Studies (GIGA) de Hambourg.
Quelque 36.000 personnes sont abonnées à sa chaîne YouTube où il arbore des portraits du Che Guevara et de MalcomX. Chaque vidéo est vue des milliers de fois. Un « YouTuber qui alimente la crise entre le Maroc et l’Allemagne », a titré hier soir Der Spiegel.
Le magazine allemand explique par ailleurs que cette brouille diplomatique handicape la collaboration entre les agences de renseignements des deux pays, tout comme la préparation des expulsions de Marocains, actuellement gelées à cause de la pandémie.
Deutsche Welle, 07 mai 2021
Etiquettes : Maroc, Alllemagne, Sahara Occidental,
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