L’Autriche a rejeté mardi l’appel lancé aux autres pays de l’Union européenne pour qu’ils acceptent les migrants en provenance d’Italie, à la suite de l’afflux massif de migrants à Lampedusa, qui risque de mettre en évidence les profondes divisions de l’Union européenne en matière de migration.
Depuis dimanche, plus de 2 000 migrants, pour la plupart africains, ont atteint par bateau la petite île située au large de la côte sud de l’Italie, submergeant son centre d’accueil.
Lundi, la commissaire européenne chargée des affaires intérieures, Ylva Johansson, a appelé les États membres à faire preuve de solidarité avec l’Italie et à soutenir leur relocalisation. L’exécutif européen a déclaré mardi qu’il n’avait encore reçu aucune promesse d’accueil de la part des pays concernés. lire la suite
L’Autriche ne le ferait pas. « L’Autriche suit une ligne de conduite très claire : Une répartition (des migrants de Lampedusa) dans toute l’Europe n’est pas une approche qui apportera une solution », a déclaré à Bruxelles sa ministre des Affaires européennes, Karoline Edtstadler.
L’UE devrait plutôt aider directement les populations africaines, tout en faisant passer le message que tous ceux qui arrivent en Europe ne peuvent pas y rester, a-t-elle ajouté.
Lampedusa est l’un des principaux points de débarquement pour les personnes qui tentent d’entrer en Europe depuis l’Afrique, et les derniers arrivants ont été transférés ailleurs en Italie.
L’UE, qui compte 27 pays, se dispute âprement sur la question des migrations depuis 2015, année où plus d’un million de réfugiés, pour la plupart syriens, irakiens ou afghans, ont atteint ses frontières.
Les arrivées ont considérablement diminué pour atteindre environ 95 000 l’année dernière, selon les données de l’ONU, la plupart en Italie, en Espagne et en Grèce.
En 2019, l’Italie a convenu d’un plan avec d’autres États européens pour redistribuer les migrants après leur arrivée.
Mais ce plan volontaire n’a pas apporté de solution stable, et un pacte transeuropéen visant à régler le problème proposé par la Commission en septembre dernier n’a pas été ratifié, la Hongrie et la Pologne ayant refusé d’y participer.
Le gouvernement italien a démenti mardi une information du journal La Repubblica selon laquelle il demanderait à l’UE de payer la Libye – d’où partent la grande majorité des réfugiés africains voyageant par la mer – pour empêcher les bateaux de migrants de quitter ses côtes.
Le bloc a conclu un accord de ce type avec la Turquie en 2016 pour endiguer les flux de migrants en provenance des Balkans.
« Pour le moment, il n’y a pas d’initiative concernant la création d’un accord similaire » avec la Libye, a déclaré un fonctionnaire du bureau du Premier ministre.
Le fonctionnaire a déclaré que le point de vue du gouvernement était que l’UE doit accorder plus d’attention à la situation dans le sud de la Méditerranée et être prête à offrir une aide financière à tous les pays africains impliqués dans les flux de migrants.
Reuters, 11 mai 2021
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