par Abdou BENABBOU
Ainsi une grande partie des élèves se sont vus enjoints à élargir leurs vacances à cause des grèves répétées décrétées par leurs enseignants après la longue mise en indolence imposée par la pandémie. Il est certain qu’une autre année scolaire s’est évaporée et l’école algérienne continue de cultiver un flop que personne ne peut nier.
Cependant, moins visibles que les turbulences et le mécontentement du corps enseignant, les signes d’une mue profonde s’installent au cœur de ce monde très particulier et ce sont les enfants algériens qui devront en payer le prix. Le bras de fer opposant les syndicats de l’éducation et le gouvernement n’est probablement que l’onde de choc depuis un certain temps renouvelée illustrant l’état des lieux d’un corps névralgique de la société algérienne. Les retouches et les réformettes initiées jusque-là se sont avérées inopérantes pour une importante institution qui réclamait une véritable révolution.
Il n’est pas concevable que ce soit l’élève qui achète la craie pour sa maitresse aux frais de ses parents, comme il est criminel pour un enseignant de survoler ses cours en classe et demander aux disciples qui n’ont pas compris de se plier à ses cours payants.
Entre autorités politiques à quelque niveau qu’elles soient et enseignants, les torts sont partagés. La prise en charge d’une classe de plus de 50 élèves par un éducateur relève de l’idiotie et celui-ci peut avoir les raisons objectives de s’investir en épouvantail dans une garderie. Il ressemblera à des égards préconçus aux maîtres des lieux des vieilles écoles coraniques.
Tant que le rôle de l’école n’est pas sérieusement et franchement défini, l’éducation nationale continuera à se nourrir de spasmes et de quiproquos à l’infini pour alimenter les politiques désaxées.
La question essentielle est de savoir si l’école a pour rôle d’endoctriner et de former l’enfant pour en faire un outil et un militant docile d’avant-garde pour le futur ou de lui enseigner un savoir-faire et une compétence pour qu’il puisse affronter avec bonheur la vie de demain ? Cette question une fois réglée avec l’intelligence et le positivisme nécessaires clarifiera le reste. De sa résolution dépendent les histoires de salaires et de conditions de travail car l’exigence de la performance de l’enseignant sera mise en avant.
A défaut, on s’orientera irrémédiablement vers deux écoles. Une privée et une publique. Une pour les riches et une pour les pauvres. Les enjeux de l’heure sont probablement à ce niveau.
Le Quotidien d’Oran, 11 mai 2021
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