Dans son dossier bien ficelé, la commission d’enquête parlementaire de l’assemblée nationale a fini d’accabler la gestion de l’ancien président Mohamed Ould Abdel accusé d’avoir délesté de l’Etat mauritanien plus de 29 milliards d’Ouguiya.
C’est pour l’instant ce que les enquêtes ont permis de découvrir. Elles se poursuivent encore. En attendant la fin des investigations, le président Aziz est inculpé avec 12 de ses anciens premiers ministres, ministres et proches.
Mais de la manière dont les choses se sont cristallisées autour de l’ancien président, on a comme l’impression qu’Ould Abdel Aziz a régné seul, sans collaborateurs, sans peuple, ou seulement avec des indignes, des froussards et des voleurs.
Sinon comment Ould Abdel Aziz a-t-il pu accumuler seul tous ces biens sans qu’aucun ministre ou premier des ministres, aucun dirigeant d’institution, aucun haut responsable, aucun patriote n’a osé lever le petit doigt ? Comment il a pu rouler tout ce beau monde ? Ne sont-ils tous pas des complices ? La position de l’Islam est claire par rapport à cette posture. Apparemment, en Mauritanie, tant qu’on vous permet de vous remplir les poches, vous oubliez votre devoir de patriote. Vous vous taisez et vous amassez.
Les fortunes qui poussent, chaque jour que Dieu fait, comme des champignons dans le pays, la mutation profonde de Tevragh-Zeina, en moins de dix ans, avec des palais, la prolifération des banques, hôtels, établissements de commerce, des entreprises, de petites industries, des bourses de voitures de luxes, de grosses cylindrées qui ne circulent que dans les pays du golfe, d’industrie de poissons, du cheptel ne doivent pas laisser indifférents et insensibles sur ce qui se passe véritablement dans notre pays.
Durant tout son règne, Ould Abdel Aziz a eu des équipes gouvernementales, des directeurs d’établissements publics, des chefs d’état-majors des corps habillés, des ambassadeurs, des autorités administratives etc. Allez fouillez dans leur train de vie pour vous rendre compte de l’ampleur du désastre de la corruption et des détournements de deniers publics. Toute tribu, région, ethnie oubliées crie à la marginalisation pour avoir été zappé de la mangeoire nationale.
Certes l’ancien président est le premier de ces responsables, mais pour autant ces gens doivent répondre de leur acte. Notre pays est miné par la corruption, le blanchiment d’argent, la prévarication qui mouillent presque toutes nos institutions. Il faut certes régler le cas de l’ancien président et de ses collaborateurs, mais il faut aller au-delà.
Le pays qui a souffert des dix ans d’Aziz en termes de gabegie et de pillage des deniers publics a besoin de tourner la page et marquer définitivement la rupture. Le président Ghazwani, qui a joui de la sympathie voire de la confiance des mauritaniens quand il a été élu à la tête du pays, a une grande chance de pouvoir opérer les changements que les mauritaniens attendent de lui. Il ne doit pas rater cette occasion historique. Le fait de vouloir faire de l’omelette sans casser d’œufs est impossible.
Passer bientôt deux ans à la tête du pays en recyclant les anciens des régimes précédents ne peut pas prospérer, sauf dans la déception ; ce faisant, il donne l’occasion à ses détracteurs ce sentiment d’incapacité au sommet, ce sur quoi, l’ancien président est en train de vouloir surfer. Il faut oser s’attaquer à la mauvaise gouvernance, à tous les niveaux : politique, économique et sociale. C’est une pieuvre redoutable !
Le Calame, 9 mai 2021
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