Zouhir MEBARKI
Grande inconnue. Maintenant que le dépôt des dossiers est clos, on sait que le nombre des listes des indépendants est supérieur à celui des partis politiques. Les «repêchages» par les recours en cours d’examens n’inverseront pas cette supériorité tant l’écart est conséquent. Un tel constat permet-il de prévoir, avec précision, la configuration de la prochaine APN? Pas forcément! Cependant, des indices donnent une meilleure visibilité de l’après-12 juin. Comme le fait que même les listes de certains partis politiques comprennent des indépendants. C’est-à-dire des candidats qui ne sont pas militants du parti sur la liste duquel ils figurent. Y a-t-il des risques de «nomadisme politique» des élus? Dans son article 120, la constitution souffle le chaud et le froid.
L’article commence par déchoir le député «nomade» à l’exception du «député qui aura démissionné de son parti ou en aura été exclu». Sans préjuger sur cet aspect et tenant seulement compte que la majorité des listes est constituée de celles des indépendants, mécaniquement le nombre des élus sous l’étiquette «indépendant» sera majoritaire. Cela ne suffit, cependant, pas pour trancher la configuration réelle de la future APN. Personne ne sait aujourd’hui quels seront les partis politiques et les indépendants qui soutiendront le programme politique du président de la République. Ces soutiens pourraient obtenir la majorité à la chambre basse. L’inverse est aussi vrai. Ces deux cas de figure ont été prévus par la Constitution. Dans le cas où le programme présidentiel bénéficie de la majorité à l’APN, le président de la République nomme un Premier ministre.
Dans le cas contraire, c’est-à-dire si c’est l’opposition qui a la majorité, il nomme un chef de gouvernement (art.110) et «le charge de former son gouvernement et d’élaborer le programme de la majorité parlementaire». Deux cas de figure dont la différence se ressentira dans l’exercice du pouvoir exécutif.
Pour la première fois de son histoire, l’Algérie est exposée à une direction «bicéphale» au plus haut niveau de l’Etat. Un chef du gouvernement qui applique son programme qui n’est pas celui du président de la République. Pour la première fois de son histoire, l’Algérie a introduit dans son fonctionnement le système de «cohabitation». Le chef de l’Etat conserve ses pouvoirs régaliens, mais pas son projet de société. C’est dire la haute valeur démocratique des élections du 12 juin prochain!
L’Expression, 12 mai 2021
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