Maroc Confidentiel

Algérie/ Retour de manivelle

Seize (16) partis politiques avaient rencontré dimanche Mohamed Charfi. Le conclave tenu à huis clos a été suivi d’une conférence de presse animée durant laquelle le président de l’ANIE s’est longuement étalé sur les listes de candidats rejetées pour lien avec le milieu des affaires et de l’argent sale, mais sans entrer dans le détail en ce qui concerne les cas interpellant le RND et le FLN. Mais la question qui a suscité la curiosité c’est le retrait visible de ces deux formations, qui ont brillé par leur absence.

Le RND et le FLN n’auraient jamais pu rater une telle réunion, si on ne les a pas instruits de demeurer à l’écart. Les deux formations représentent dans l’imaginaire populaire, mais un peu dans la réalité, l’Etat et l’administration. Ce n’est certainement pas leur soutien déclaré à Bouteflika qui les a menées là où elles sont aujourd’hui, d’autres partis et d’autres personnalités avaient soutenu Bouteflika et n’ont pas été inquiétés !

Les deux piliers du régime Bouteflika semblent se trouver aujourd’hui dans une posture qu’aucun algérien n’aurait imaginé, si le clan présidentiel et ses réseaux avaient réussi à faire passer le projet du 5ème mandat. Les deux formations politiques donnent l’impression d’être sanctionnées ; particulièrement le FLN, dont le secrétaire général avait subi la pire des humiliations.

La candidature de Baâdji aux élections législatives du 12 juin a été rejetée, parce que le patron de l’ancien parti unique, qui a servi aveuglément Bouteflika, était en situation irrégulière vis-à-vis du service national ! L’opinion publique ne connait certes pas les raisons, qui ont empêché le SG du FLN d’accomplir son devoir. Mais elle s’interroge sur le cas de celui, qui disait en juin 2020 : « nous resterons la première puissance en Algérie ».

Disqualifié de cette manière qui suscite la honte, ce n’est pas seulement le SG du FLN qui est trainé dans la boue, mais c’est tout le parti vidé de ce qu’il lui restait de sens, qui est pris dans les rets des représailles. L’administration aurait pu le ménager, en l’informant discrètement qu’il sera plus commode pour tout le monde, de se retirer, et de sauver les apparences, en « jouant » l’illusion que le retrait était volontaire ! Rien de cela n’est arrivé.

Aujourd’hui, il est clair que le temps du recyclage à bien commencé ; et que ce soit le RND ou le FLN sont condamnés à trouver d’autres moyens pour exister encore. D’anciens députés FLN de la dernière mandature se sont présentés sur des listes indépendantes, un certain nombre d’entre eux ont été retoqués. Pareil pour le RND, qui est toutefois resté assez discret par rapport au FLN, qui n’est pas encore entré au musée. Est-ce un retour de manivelle ?

Mohamed Mebarki

L’Est Républicain, 13 mai 2021

Etiquettes : Algérie, élections législatives, partis politiques, candidatures,

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