Pour la première fois depuis le début de la campagne de vaccination en Algérie, le ministre de la Santé est allé loin lorsqu’il a expliqué la lenteur de l’opération, en raison de l’insuffisance des quantités de vaccins reçus. « Il y a une tension dans le monde, il y a même eu des situations conflictuelles », a-t-il révélé. « L’acquisition du vaccin n’est plus du ressort du ministère de la Santé, qui demeure tout de même habilité a en identifier la nature, s’il est qualifié et enregistré ; mais aussi par rapport aux recommandations du comité scientifique et la corporation médicale, mais elle dépend beaucoup plus des efforts diplomatiques », a notamment indiqué Abderrahmane Benbouzid. Et si les commandes n’aboutissent pas comme c’est toujours le cas, l’Algérie est obligée d’actionner sa diplomatie.
« Si la commande ne parvient pas, on fait intervenir la partie diplomatique, bien entendu, le ministère des Affaires étrangères, le Premier ministre et pourquoi pas le président de la République pour mettre le poids de la dimension politique vis-à-vis de certains pays avec lesquels nous avons d’ailleurs des relations stratégiques, j’entends par là, la Chine ou la Russie », a-t-il souligné. Abordant le cas de Pfizer, il a déclaré que le géant pharmaceutique, a imposé à l’Algérie des conditions préalables à la fourniture de vaccins ».
Ces conditions ont été jugées inacceptables par l’Algérie. Selon l’hebdomadaire parisien, Jeune Afrique, la filiale française de Pfizer a indiqué qu’elle n’est pas concernée par les propos de Benbouzid. « En novembre 2020, nous avons convenu d’un accord avec Pfizer, mais il nous a mis dans une situation que nous ne pouvions pas accepter, dans la mesure où il nous a demandé d’acheter un certain nombre de vaccins, de payer d’avance et d’exonérer totalement Pfizer de toutes poursuites dans le cas où le vaccin aurait des travers. Nous ne l’avons pas accepté, nous ne l’accepterons toujours pas », a-t-il soutenu.
Devant cette situation, l’Algérie va certainement compter sur les Chinois et les Russes, pour s’approvisionner en vaccins. Elle a déjà reçu plus de 600 000 doses (Sinopharm, AstraZeneca et Sputnik V), en attendant l’entrée en production de l’usine Saidal de Constantine. D’ici là, l’Algérie continue d’enregistrer de nouveaux cas confirmés de coronavirus. 377 nouvelles contaminations et 10 décès ont été enregistrés durant les dernières 48 heures, portant le nombre total des cas confirmés depuis l’apparition de l’épidémie dans le pays à 125 060 et celui des décès à 3 360.
Selon le bilan fourni hier par le porte-parole du comité scientifique, concernant les dernières 24 heures, 23 patients sont actuellement en soins intensifs, alors que 19 wilayas n’ont recensé aucun cas durant les dernières heures, 21 autres ont enregistré de 1 à 9 cas, alors que 8 wilayas ont recensé plus de 10 cas. Le ministère de la Santé rappelle, par la même occasion, que la situation épidémiologique actuelle exige de tout citoyen vigilance et respect des règles d’hygiène et de distanciation physique, tout en insistant sur le respect du confinement et du port du masque.
Mohamed Mebarki
L’Est Républicain, 16 mai 2021
Etiquettes : Algérie, Pfizer, coronavirus, covid 19, pandémie, vaccination,
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