Dans deux pays occidentaux, et non des moindres, une crise politique est en cours, qui peut très bien éclater à la surface dans les mois qui viennent. Ces pays ce sont les Etats-Unis et la France, et la crise qui les menace est celle dans laquelle ils plongeraient si leur extrême droite soit accédait au pouvoir soit le retrouvait, du moins en partie, après l’avoir perdu dans un premier temps.
C’est la France qui est dans le premier cas, et les Etats-Unis dans le second. Encore que pour ces derniers il ne s’agisse pas à vrai dire d’une prise de pouvoir, mais seulement d’un retour en force de l’extrême droite à travers une victoire aux élections de mi-mandat de l’année prochaine. Une atmosphère de guerre civile règne aux Etats-Unis depuis l’élection de Donald Trump en 2016, qui a culminé dans l’envahissement du Capitole le 6 janvier dernier par un groupe de ses partisans, qui s’est faussement calmée ensuite, mais qui probablement n’attend que l’occasion propice pour reprendre de plus belle. Tout dépend à cet égard des élections de mi-mandat prévues pour la fin de 2022.
Si les démocrates conservent à cette occasion leur avance à la chambre des représentants, ou mieux encore renforcent leur contrôle sur elle, tout en se maintenant au Sénat, la crise s’en trouvera sinon complètement dépassée du moins notablement atténuée. Elle serait complètement écartée si le parti du président remportait largement ces élections. Elle redoublerait d’intensité dans l’hypothèse contraire. Il ne serait même pas besoin dans ce cas d’attendre la prochaine élection présidentielle pour savoir qui a le plus de chance de l’emporter. Le risque serait alors grand que le pays soit parcouru de convulsions dès ce moment. Ce serait en effet comme si le mandat de Joe Biden au lieu de durer deux autres années prenait fin à partir de ce changement de majorité survenu dans le pouvoir législatif.
Le fait est que les démocrates ne pourraient pas d’un côté perdre le contrôle du Congrès et de l’autre conserver néanmoins la Maison-Blanche deux années plus tard. Ce n’aurait été pourtant que le jeu ordinaire de l’alternance si le parti républicain n’était pas devenu sous la coupe de Donald Trump, qui en est maintenant le chef véritable, un parti d’extrême droite. S’il était resté le parti conservateur qu’il a toujours été jusqu’à récemment. En France aussi le risque se précise d’une victoire de l’extrême droite dès la présidentielle de mai prochain. Mais contrairement aux Etats-Unis, où une victoire démocrate aux élections à venir couperait court à la crise politique, une réélection d’Emmanuel Macron, a fortiori si celle-ci est obtenue difficilement, ne signifiera pas que tout danger représenté par l’extrême droite est conjuré. Une amélioration du score de Marine Le Pen par rapport à 2017 aurait plutôt pour effet de la relancer. Cela voudra dire en effet qu’elle pourra réussir la prochaine fois, que le procès de fascisation se poursuivra. La France plongerait dans la crise si seulement il s’avérait qu’elle était à même de remporter l’élection. Pas besoin pour cela qu’elle la remporte réellement. La simple possibilité qu’elle le puisse suffira sans doute à faire éclater la crise. Car alors se posera la question de savoir s’il faudra ou non organiser cette élection. Un scénario à l’algérienne s’imposera alors à tous les esprits.
Le Jour d’Algérie, 15 mai 2021
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