Demain (18 mai), les membres du Conseil de sécurité tiendront une séance d’information par vidéoconférence (VTC), suivie de consultations VTC, sur le Groupe des cinq pour la Force conjointe pour le Sahel (FC-G5S), qui comprend des forces du Burkina Faso, du Tchad, Mali, Mauritanie et Niger. Les briefers attendus sont le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix Jean-Pierre Lacroix; Le ministre tchadien des Affaires étrangères Chérif Mahamat Zene, au nom du Groupe des Cinq pour le Sahel (G5 Sahel); Commandant de la force du FC-G5S, le général Oumarou Namata Gazama du Niger; et Président de la Commission de consolidation de la paix (PBC), l’Ambassadeur Mohamed Fathi Ahmed Edrees (Égypte). Le Secrétaire général adjoint à l’appui opérationnel, Atul Khare, devrait faire un exposé lors des consultations privées.
Lacroix présentera le dernier rapport du Secrétaire généralsur le FC-G5S, en date du 10 mai. La situation sécuritaire au Sahel continue de se détériorer. La région des trois frontières du Burkina Faso, du Mali et du Niger reste un point chaud pour les attaques terroristes, malgré la pression des opérations de contre-terrorisme dans la région et au milieu des combats entre la Jama’a Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin (JNIM) affiliée à Al-Qaida et l’État islamique dans le Grand Sahara (ISGS). La région ouest du Niger en particulier a connu une vague d’attaques contre des civils, trois attaques majeures depuis janvier tuant plus de 300 personnes. Une récente recrudescence de la violence au Burkina Faso, où existe une menace de famine liée à l’insécurité, a tué 45 personnes et déplacé 17 500 personnes sur une période de dix mois depuis fin avril 2021, selon le HCR.
Lacroix est susceptible de noter que le FC-G5S continue de croître en force et devient de plus en plus opérationnel. Cependant, comme le note le rapport du Secrétaire général, le FC-G5S est confronté à «des défis majeurs au niveau de ses capacités opérationnelles et logistiques», tandis que «les pénuries d’équipements restaient une préoccupation quotidienne». Le briefing du général Namata Gazama sera la première fois que le commandant de la force FC-G5S participera à l’un des briefings semestriels du Conseil sur la force, qui offrira aux membres du Conseil l’occasion d’en savoir plus sur ces opérations.
La réunion de demain intervient alors que les membres du Conseil ont relancé les discussions sur l’autorisation d’un bureau dédié aux Nations Unies pour soutenir le FC-G5S, ce que le Secrétaire général avait recommandé pour la première fois en 2017 afin de faciliter un financement plus prévisible de ses opérations. Lors de la réunion d’information du Conseil du 6 avril sur le Mali, le Niger a annoncé au nom des «A3 plus un» (Kenya, Niger, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines) qu’il proposerait un projet de résolution en juin pour créer un bureau des Nations Unies pour soutenir la FC-G5S. C’est une idée qui a longtemps divisé les membres du Conseil, le Royaume-Uni et les États-Unis s’opposant à l’utilisation des contributions fixées par l’ONU pour soutenir des missions non onusiennes. En raison de cette dynamique, les membres n’ont pas pu se mettre d’accord récemment sur l’envoi d’une lettre au Secrétaire général qui aurait demandé plus d’informations sur les modalités et les besoins de création d’un bureau d’appui.
Khare devrait noter dans son exposé au cours des consultations qu’un bureau d’appui est viable sur le plan logistique et que le Secrétaire général est prêt à fournir plus de détails dans un rapport écrit ou dans une note. Le Département de l’appui opérationnel des Nations Unies dirige depuis plus d’une décennie un bureau qui fournit un soutien logistique à la Mission de l’UA en Somalie (AMISOM).
À l’heure actuelle, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) fournit un soutien opérationnel et logistique au FC-G5S, pour lequel il est remboursé par l’UE. Le soutien opérationnel consiste à fournir des consommables vitaux tels que des rations et du carburant au FC-G5S, et un soutien logistique comprenant des capacités d’ingénierie, d’évacuation médicale et d’évacuation des blessés (MEDEVAC / CASEVAC) pour les unités FC-G5S au Mali.
Le rapport du Secrétaire général sur le FC-G5S contient une évaluation de ce modèle de soutien, y compris de la capacité de diligence raisonnable en matière de droits de l’homme et des perspectives de renforcement de la capacité de passation des marchés du G5 Sahel. Selon le FC-G5S, qui a été consulté lors de l’évaluation, le soutien logistique devrait être étendu aux autres pays du G5 Sahel, compte tenu notamment du niveau élevé d’attaques dans la zone des trois frontières, que le G5 Sahel considère ne un bureau d’appui des Nations Unies. Lors de la réunion de demain, certains membres du Conseil pourraient exposer leurs positions quant à leur soutien à la création d’un bureau d’appui des Nations Unies pour le FC-G5S. Certains membres peuvent en outre noter la nécessité de maintenir le rôle de la MINUSMA en tant que meilleure option pour soutenir le FC-G5S jusqu’à ce que le Conseil puisse convenir d’un bureau de soutien distinct des Nations Unies.
À la session de demain, les membres du Conseil devraient souligner la nécessité de compléter les mesures de sécurité par une approche holistique qui aborde les questions de sous-développement, de gouvernance et de changement climatique (ce dernier que le rapport du Secrétaire général souligne comme alimentant la violence intercommunautaire et le déplacement de personnes dans la région. ). À cet égard, Edrees devrait parler du travail du PBC, qui depuis 2017 participe au soutien de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel (UNISS) qui a été élaborée pour la première fois en 2013 pour s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité dans la région. Les Membres peuvent encourager de plus grands progrès dans la mise en œuvre de l’UNISS, parmi diverses initiatives, et se féliciter de la nomination au début de cette année d’Abdoulaye Mar Dieye du Sénégal en tant que Coordonnateur spécial pour le développement au Sahel afin de stimuler la mise en œuvre de l’UNISS.
Les membres du Conseil sont également susceptibles de soulever des inquiétudes concernant les violations des droits de l’homme signalées par le FC-G5S. Certains membres, cependant, peuvent également noter des signes encourageants de la part du FC-G5S pour répondre à ces problèmes, tels que la réponse rapide de la force conjointe et des autorités tchadiennes promettant des enquêtes et des poursuites sur des allégations de viol par des soldats du bataillon tchadien qui s’est déployé au Tchad. Le Niger en mars.
La réunion de demain intervient également au milieu de l’évolution de la situation au Tchad. Les combats avec les rebelles venus de Libye ont entraîné la mort du président Idriss Déby le 19 avril. La création d’un conseil militaire dirigé par le fils de Déby, le général Mahamat Idriss Déby, pour gouverner pendant une période de transition de 18 mois jusqu’à la tenue d’élections, a conduit les partis d’opposition à réclamer un coup d’État. Au moins six personnes ont été tuées par les forces de sécurité et plus de 700 arrêtées lors de manifestations contre le conseil militaire le 27 avril. Plus tôt ce mois-ci, Déby a nommé un gouvernement civil de transition de 40 membres. L’UA suit de près la situation, ce qui a suscité des inquiétudes quant à la manière dont ces développements pourraient affecter les engagements militaires du Tchad dans la région et la sécurité au Sahel. Le Tchad a joué un rôle clé en contribuant aux forces du FC-G5S,
Le Représentant permanent du Tchad auprès de l’ONU a informé les membres du Conseil de la situation lors d’un dialogue interactif informel du 29 avril sur les combattants étrangers et les mercenaires en Libye. Mahamat Zene pourrait évoquer ces développements lors du briefing de demain.
Pour en savoir plus sur la force conjointe G5-Sahel, voir le mémoire de ce mois dans les prévisions de mai du rapport du Conseil de sécurité.
Security Council Report, 17 mai 2021
Etiquettes : Conseil de Sécurité, G5, Sahel, Mali, Barkhane, Tchad, Niger, Burkina Faso,
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