Le Maroc investit dans les sites historiques pour sauver le tourisme

La nouvelle stratégie des autorités marocaines tend à faire découvrir aux touristes nationaux et étrangers les magnifiques sites culturels et historiques situés dans plusieurs villes du Royaume. Pour beaucoup, le tourisme culturel pourrait servir de nouvelle locomotive au tourisme national.

En ces temps difficiles marqués par une pandémie dévastatrice, le tourisme national est plongé depuis plus d’un an dans une profonde crise économique qui risque de réduire considérablement son rôle dans l’économie nationale.

Autrefois considéré comme la deuxième source de devises pour le Royaume, il est aujourd’hui relégué au rang de simple secteur économique qui doit se tourner vers les touristes nationaux pour compenser la perte des touristes étrangers. Or, les Marocains ont toujours été écartés des offres commerciales des opérateurs touristiques.

Une situation foncièrement grotesque étant donné que le Royaume est non seulement doté d’atouts naturels considérables mais regorge également de monuments historiques et culturels fascinants à découvrir par nos concitoyens. La nouvelle stratégie des pouvoirs publics consiste à encourager les Marocains à voyager et à découvrir leur propre pays à travers les sites historiques.

Si tout le monde peut connaître son potentiel balnéaire, généreusement alimenté par deux belles façades maritimes (Atlantique et Méditerranée), un soleil omniprésent tout au long de l’année et un climat continental agréable à vivre, beaucoup ignorent ses nombreux atouts culturels représentés par des sites historiques d’une beauté légendaire, légués dans plusieurs villes par les anciennes civilisations dynastiques qui ont marqué l’histoire riche et époustouflante du pays. Le dernier événement en date à Tanger, portant sur la réhabilitation des arènes, montre comment le tourisme culturel pourrait servir de nouvelle locomotive et même de formidable tremplin au tourisme national. Les arènes de Tanger, historiquement appelées Plaza Toro, sont en effet sur le point d’être entièrement réhabilitées à l’initiative des autorités de la ville, qui voient dans ce projet un pas vers la dynamisation du tourisme culturel.

Le projet de réhabilitation de la Plaza Toro, qui s’appuie sur le capital patrimonial pluriel de la ville de Tanger pour en faire un levier de développement socio-économique et culturel, s’inscrit dans le cadre d’une convention de partenariat signée récemment entre l’Agence pour le développement du Nord, la Wilaya de la région, le Conseil régional et la Mairie de Tanger, avec un budget prévisionnel s’élevant à 50 millions de dirhams. La Plaza Toro est un monument emblématique qui reflète la pluralité du patrimoine de la ville.

Compte tenu de cette importance, une consultation architecturale a été organisée pour impliquer le plus grand nombre d’architectes autour de la réflexion sur le patrimoine de la ville et pour encourager l’approche créative et innovante de l’intégration du patrimoine dans la dynamique économique de Tanger. Ce projet concerne le réaménagement de la Plaza Toro, afin de préserver l’aspect historique et architectural du bâtiment.

L’espace dans sa nouvelle version pourra accueillir de grands événements, tels que des cirques, des pièces de théâtre, des concerts et des concours. La Plaza Toro sera transformée en un espace d’activités économiques, culturelles et artistiques, avec un programme diversifié comprenant une salle de spectacle de 7 000 places pour un large éventail d’arts de la scène, ainsi qu’un espace d’exposition, de restauration et de commerce.

D’autres sites historiques sont certes connus mais malheureusement pas du tout exploités sur le plan touristique alors qu’ils sont parmi les plus anciens de l’histoire du Maroc. C’est le cas de la cité antique de Volubilis, dans la région de Meknès, qui est probablement considérée comme le plus important site archéologique du Maroc.

Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, elle a été fondée au troisième siècle avant J.-C., puis occupée par les Romains en 44 de notre ère. Les bâtiments les mieux préservés sont le temple du Capitole, la basilique et l’arc de triomphe.

Bien que méconnue, Volubilis est le rare témoin d’une période très importante de l’histoire du Maroc. Dans le même registre, Chellah, près de Rabat, vit le même abandon. Mais pas au même niveau que Volubilis, selon les experts. Contrairement à Volubilis, Chellah, également classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, est un site très fréquenté par les visiteurs.

Au sud, Marrakech, bien qu’étant une destination touristique majeure pour les nationaux et les étrangers, ne semble pas avoir bâti sa réputation sur ses sites archéologiques, qui se comptent par dizaines dans une cité impériale parmi les plus anciennes du Royaume. La ville n’est pas connue pour ses vestiges. En revanche, elle abrite quelques-uns des plus beaux monuments de l’époque saadienne.

Au sud de la médina, près du quartier de la Kasbah, se trouvent le palais Badii et les tombeaux saadiens. Bien qu’il soit en ruines, le palais impressionne par son immensité. Quant aux tombes saadiennes, elles sont malheureusement dans un état lamentable, totalement abandonnées, victimes d’une politique de grande négligence et de l’absence d’une stratégie de rénovation audacieuse.

Mais une source autorisée au sein de la mairie de Marrakech précise qu’un programme de réhabilitation des monuments de la ville est en cours d’élaboration. Il verra probablement le jour au début de l’année prochaine avec l’aide d’autres administrations, dont le ministère de la Culture.

En attendant, il semble que le tourisme culturel n’ait pas encore réussi à constituer une force pour tirer le tourisme national vers le haut. Un espoir encore lointain qui nécessite une réelle volonté politique de développer ce type de tourisme dans le pays.

Tourism review, 16 mai 2021

Etiquettes : Maroc, tourisme, coronavirus, covid 19, pandémie, sites historiques,

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