Le titre retenu pour cet article résume bien la rencontre de ce mardi à Paris, qui abrite un Sommet « économique » qui verra la participation de plusieurs hauts dirigeants africains, des représentants des organisations internationales, et bien entendu la France macronienne.
Même si le thème de cette joute est consacré à l’allégement de la dette africaine, dans le sillage de la crise sanitaire mondiale, il n’en demeure, qu’elle sera marquée par le renouvèlement du diktat politique occidental sur le continent noir, et qui s’inquiète de plus en plus sur la diminution de son influence face à l’arrivée de la Chine, avec son mégaprojet géostratégique de la « Nouvelle Route de la Soie » et à un degré moindre, l’Inde et la Russie.
La dette africaine : un faux problème
Selon les perspectives économiques du FMI, révisées en avril 2021, la dette publique de l’Afrique subsaharienne atteindra seulement 799 milliards $ en 2022, soit 41% du PIB. Alors que, selon le dernier rapport publié sur cette question par l’Institute of International Finance (IIF), la dette publique des USA culmine à 129% du PIB, et celle de la zone euro à 122,6%. Dans la zone euro, les dettes des ménages et des sociétés non-financières atteignent respectivement 63% et 115% du PIB, contre 13% et 15% en Afrique.
A vrai dire, l’argument avancé par la France, ne tient pas la route dans la mesure où le continent africain, à l’opposé de l’Europe, n’a pas bénéficié de plans de relance économique. Les besoins de financement de l’Afrique sont estimés à 400 milliards de dollars, selon le FMI
Intervenant dernièrement, à l’occasion du lancement d’un think tank sur la dette des pays africains, Sandra Ablamba Johnson, Secrétaire générale de la présidence du Togo, a estimé que la région avait juste besoin « d’obtenir les meilleures conditions d’accès aux financements ». « Cela passe notamment par le coût de la dette, c’est l’élément primordial expliquant la situation actuelle dans laquelle nous nous trouvons », a-t-elle ajouté.
La France, de la prédation à la générosité
La France n’arrive pas à se débarrasser de ses fantasmes néocolonialistes. Ainsi, au moment où elle continue de piller les richesses naturelles des pays africains via ses multinationales, et de maintenir en otage les économies des pays africains liés à la monnaie coloniale du CFA, Paris annonce par la voix de son président Emmanuel Macron, qu’elle compte effacer ou alléger les dettes de certains pays africains.
Comment croire un pays qui maintient l’impôt colonial, peut-t-il aider les pays africains au moment où sa dette publique dépasse les 3000 milliards d’euros ?.
En 2015, le média allemand le Deutsche Wirtschafts Nachrichten, avait accusé la France de «piller chaque année 440 milliards d’euros aux Africains à travers le Franc CFA». Un article de 2014 publié par le site d’info Silicon Africa, et supprimé plus tard, abonde dans le même sens au même titre qu’un autre publié le 25 janvier 2019 sur Le Club de Mediapart.
Jacques Chirac confirmait
“J’aime l’Afrique, ses territoires, ses peuples et ses cultures. Je mesure ses besoins, je comprends ses aspirations.” Indiquait l’ancien président français Jacques Chirac devant les représentants de 48 Etats africains réunis au sommet franco-africain de Cannes en février 2007.
Il s’interrogera en outre sur la place de l’Afrique dans la mondialisation. L’Afrique, disait-t-il, “ce sont des crises, des blessures au flanc du monde dont la communauté internationale ne peut détourner les yeux”. Il mettait alors en garde contre l’abandon de ce continent qui pourrait “une nouvelle fois, être mis au pillage, laissé pour compte de la prospérité et isolé dans ses difficultés”.
Dans une interview accordée à la presse après son départ de l’Élysée, Jacques Chirac avait reconnu que les richesses de l’Afrique ont été pillées y compris par son pays. Et il a demandé qu’on rende aux Africains ce qu’on leur a pris : “On oublie seulement une chose. C’est qu’une grande partie de l’argent qui est dans notre porte-monnaie vient précisément de l’exploitation, depuis des siècles, de l’Afrique. Pas uniquement. Mais beaucoup vient de l’exploitation de l’Afrique. Alors, il faut avoir un petit peu de bon sens. Je ne dis pas de générosité. De bon sens, de justice, pour rendre aux Africains, je dirais, ce qu’on leur a pris. D’autant que c’est nécessaire, si on veut éviter les pires convulsions ou difficultés, avec les conséquences politiques que ça comporte dans un proche avenir.”
Algérie54, 18 mai 2021
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