LES AUTORITÉS AVAIENT OPTÉ POUR 3 VILLES FRANÇAISES, MADRID Ou BARCELONE EN PLUS D’ISTANBUL
par A. Maktour
C’est le branle-bas de combat ! L’annonce de la réouverture des frontières, comme on pouvait s’y attendre, a donné le signal pour la mise en branle de toute une machine qui doit s’astreindre à mettre au point, au plus tôt, une stratégie et un plan devant permettre le retour au pays de milliers de compatriotes qui, après tant et tant de tourments, vont enfin refouler le sol du pays.
Ce n’est sans doute pas une sinécure. À l’annonce de la réouverture des frontières, à l’issue de la réunion du Conseil des ministres de dimanche dernier, a succédé la mise sur pied d’une espèce de délégation composée de l’Agence nationale de l’aviation civile, du Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie, et de la compagnie nationale Air Algérie pour arrêter la stratégie à mettre en œuvre. Selon nos sources, la composante de ladite délégation planche depuis l’officialisation sur l’épineux dossier et, selon les derniers échos, il est à s’attendre que les cinq vols quotidiens à destination des trois aéroports algériens retenus partiront en principe de trois villes françaises, Paris, Lyon et Marseille, et de deux autres métropoles parmi les plus fréquentées par les Algériens, Istanbul et une des deux villes espagnoles Madrid ou Barcelone.
Parmi les questions les plus «incommodantes» qui se posent est celle de trancher sur le ou les critères qui seront retenus pour déterminer l’ordre de priorité afin de «départager» les milliers de candidats qui vont se bousculer pour le retour au pays. Les malades ? Les étudiants ? Les personnes du troisième âge ? Sur le sujet, il semble que la compagnie nationale a un avis tranché, et il se comprend aisément. Pour Air Algérie, il va sans dire qu’il s’agira de convaincre que, dans pareille situation, les critères se valent tous et, en conséquence, le plus indiqué serait d’aller vers des vols purement commerciaux. Ceci d’autant plus que la compagnie a sur les bras pas moins d’un demi-million de billets non consommés.
À ce titre, selon les toutes dernières informations, des milliers de détenteurs de billets d’avion qu’ils n’ont pas pu utiliser, notamment ceux localisés en France, ont saisi une des principales associations de consommateurs de l’Hexagone qui a pris en charge les requêtes des voyageurs ayant accepté les avoirs proposés par les compagnies aériennes avec une limitation dans le temps, c’est-à-dire valables de douze ou dix-huit mois. De quoi faire frissonner Air Algérie, d’autant qu’une enquête a été ouverte par la Commission européenne sur une vingtaine de compagnies qui desservent le Vieux Continent, la France notamment. L’on comprend, dès lors, que la compagnie algérienne a de quoi espérer que les 500 000 billets en attente de consommation soient utilisés à partir du 1er juin, et dès lors plaider pour que la commission ouvre les cinq vols quotidiens aux détenteurs de billets sans le moindre critère de priorité.
D’autres grandes interrogations se posent. Sur la question sanitaire, entre autres. L’obligation de produire un test PCR datant de moins de 36 heures avant le voyage à destination de l’Algérie risque de donner lieu à quelques «filouteries» sur l’authenticité de ces tests. Idem pour l’astreinte au confinement pour les voyageurs qui tricheraient sur leur aptitude à se prendre en charge dans un hôtel en cas de dépistage positif. En effet, se déclarer en capacité de se prendre en charge pour un confinement dans un hôtel pendant dix jours et en être réellement capable c’est une tout autre histoire. Et puis, il y a la question de la réciprocité. Effectivement, il ne faudrait pas s’étonner si les pays d’où décolleront les avions d’Air Algérie à destination d’Alger exigent l’autorisation que leurs compagnies aient, elles également, le droit de desservir les aéroports algériens. La réouverture partielle des frontières se révèle, ainsi, telle une équation à plusieurs inconnues, pas très simple à résoudre.
Azedine Maktour
Le Soir d’Algérie, 19 mai 2021
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